Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-02-08
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 08 février 1914 08 février 1914
Description : 1914/02/08 (A34,N11874). 1914/02/08 (A34,N11874).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k172039v
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/12/2020
84» k%m fB Pagesy S ÜMinugr*-» IftTIftTfl 1 BenfHnes (g Pages) émanée 8 février 4811
Administrateur • Délégaé - Gérast
O. RANDOLET
Adresser tout ce qui concerne rAdministration
t a. 0. RANDOLET
85, Rue Fostenelle, 35
Adresse Télégraphique : RANDOLET Havre
âtainistratioa, taprmlHB it kmmi, TÉL. 10.47
Le Petit Havre
^OBGANE RÉPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
RÉDACTION
«—*AAiVU ■»
Adresser tout ce qui ooaeeme la RédacUon
85, Rue Fontanelle. 35
TÉLÉPHONE « IV* T.CO '
ANNONCES
AU HAVRE.,’ilZ BUREAU DU JOURNAL, 112, boutt de Strasoourg.
I L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
A PARIS...—»— ( seule chargée de recevoir les Annonces pour
( le Journal.
Le PETIT-HAVRE est désigne pour tas Annonces Judiciaires et légales
f ABONNEMENTS TROIS Mois Six Mon UN AN
I Lo Havre, la Seine-Inférieure* l’Euro, m go A vr < « a pp
i l’Oise et la Somme.....................
H Autres Départements.. 6 Fr. A4 650 SS »
1! Union Postale; tO » SO Fr. *40 »
S On s'abonne également, SAHS FRAIS, dans feus les Bureaux de Poste de France
filRMlBG lEl'Bl
Paru, trois heures matin
\ DEPECHES COMMERCIALES
NEW-YORK, 7 FÉVRIER
f Cotons i mars, baisse 4 points ; mai,
baisse 3 points ; juillet, baisse 4 points;
octobre, baisse 5 points.
^ Cafés s hausse 2 4 5 points.
' NEW-YORK, 7 FÉVRIER
: (. H nn t. menai
Cuivre Standard disp. — — 14 78
— mars — — 14 75
Amalgamât. 4Joji... 76 »/» 76 »/»
CHICAGO, 7 FÉVRIER
C. |>¥ JOUI C. PREGfcn
Blé sur Mar. #0/4 03 1/4
— Juillet.... 88 7/8 88 7/8
Maïs sur Mai <18 1/8 68 i tî
[ — Juillet.... 68 3 8 63 5/8
Saindoux sur. Mai.. .... U 05 1110
- Juillet.... 1125 1117
EST-CE UN ESPION ?
, NANCY. — Hier, vers dix heures et demie
du matin, sur le plateau de Domfontaiue,
près de ia batterie cuirassée de Trondes, non
loin du fort de Lucey, un gardien de batte-
rie nommé Yaucon, aperçut un individu gui
se dissimulait derrière les replis du terrain.
Ce gardien, avec qui se trouvait un ouvrier
Civil, Jules Migeot, surveilla l'individu qui
examinait les environs avec une longue vue,
prenait des notes et photographiait les lieux.
La surveillance dura assez longtemps. Fi-
nalement, le gardien et M. Migeot s’élancè-
rent vers l'individu qu’ils arrêtèrent et con-
duisirent devant le commandant du fort de
tucy, le capitaine Batailler, qui fit sabir nn
interrogatoire à l’individu.
Celui-ci déclara se nommer Théodore Bur-
gard, âgé de M ans ; il dit être cultivateur
aux environs et être venu en simple tou-
riste.
Conduit devant le commissaire spécial de
Toul, Burgàrd rie put fournir d’explications
plausibles de sa présence dans l’enceinte mi-
litaire. Fouitté, il fut trouvé porteur d’un
billet de chemin de fer, aller et retour, de
Nancy à Topl, d'un appareil photographique,
d’une longue-vue et d'un ■ fragment de carte
du fort de Lucey.
On présume que Burgard se livrait à l’es-
pionnage.
LA DÉFENSE DE RQGHEFOÎT"
Une nota du ministère de la guerre dit
tjuo contrairement aux informations pu-
bliées par nn journal, la défense fixe de
Rochefort n’est pas rétablie.
^ L’ASSASSINAT DE NI. CADIOU
r''BREST. — M. Bidard de Bauce, juge d’ins-
Iructian, a confronté, hier après-midi, l’in-
génieur Pierre avec nne débitante qui habite
prés de l’usine.
Cette temme affirmait avoir vu passer M.
Cadiou le 30 décembre, vers neuf heures du
matin.
L’ingénieur dit n’avoir pas reva son direc-
teur depuis le 29.
Mme veuve Cadiou a été ensuite entendue.
Sa déposition a duré trois heures, mais elle
n’a apporté aucun fait nouveau prouvant la
culpabilité de l’inaSnieur.
mue Cadiou a l’impression que Pierre est
Coupable et qu’il a sgi par haine de son ma-
ri. Elle a confirmé qn’une consultation de la
voyante de Naecy fut prise à son insn par
nne parente, Mme Sempy. Elle apprit au juge
qu’elle avait reçu le 31 décembre une lettre
se Pierre, datée de Landerneau, 30 décem-
bre, adressée à M. Cadiou et réclamant une
somme d’argent que le directeur avait oublié
Se lui remettre avant son départ pour Paris.
Mme Cadion affirme que, par cette lettre,
l’ingénieur a voulu écarter les soupçons, car
on sait qne le crime a été commis dans la
journée au 30.
11 semble encore que l’assassin ait voulu
Taire croire que le vol avait été le mobile du
crime, car ni ie portefeuille ni la montre de
la victime n’ont pn être retrouvés.
Mme Cadiou étant dans un état de nervo-
sité et de faiblesse extrêmes, le juge a re-
noncé à la confronter avec l’ingénieur
Pierre.
L’ingénieur, toujours très calme, a été re-
conduit à la maison d’arrêt.
LA MÉNINGITE CÉRÉBRO-SPINALE
-TOULON. — Un nouveau cas de méningite
Cérébro-spinale a été constaté dans la garni-
son ; le malade appartient cette fois au 4®
colonial. ^
MUTINERIE A BORD D'UN STEAMER
CHERBOURG. — Le steamer turc Altay, ai-
llant d’Angleterre à Constantinople, a relâché
bier à Cherbourg eu raison d’une mutinerie
qui s’est produite dans l’équipage de compo-
sition cosmopolite, à propos de divergences
d’ordre religieux.
Un arabe, un allemand et nn norvégien
ont été débarqués et incarcérés ; ils sont ac-
cusés de s’être livrés à des voies de fait et
d’avoir fait usage de revolvers,
■■ 'O ■
A SAVERNE
SAVERNE. — Le lieutenant Von Forstner
étant revenn hier matin à Saverne, en uni-
forme pour y faire des visites d’adieux et y
f «rendre des effets, a été accompagné dans
es rues de ia ville par une fouie de gamins
qui manifestaient.
L’AFFAIRE GERMAIN
' il. Lagasse, juge d'instruction, vient de re-
Êtor la demande de mise en liberté provisoire
rmulée par le financier Albert Germain.
Ceini-ci a immédiatement fait opposition à
pe rejet. _
LES BANDITS DE PÉGOMAS
NICE.— Pierre Cbiapale a été condamné
jrax travaux forcés à perpétuité. ^
Nos Traditions
ET
Notre Orientation
L’heure approche où, en vue des Sec-
tions, les divers partis vont prendre posi-
tion les uns vis-à-vis des autres et se situer
dans l’arène politique. Ii ne s’agira pas
seulement de programmes, mais (chose
peut-être plus profonde) de tendances et de
frontières. La clarté est, à cet égard, un
devoir impérieux, auquel nous ne tente-
rons pas, quant à nous, de nous soustraire.
Il ne faudrait pas croire que les condi-
tions de l’heure présente soient, dans no-
tre histoire politique, une complète nou-
veauté. Des points de repère sont là dans
le passé pour nous servir d’expérience et
nous désigner, par analogie, le bon che-
min. Remontons à vingt, à trente ans en
arrière, ce sont en effet les mêmes groupes,
plus exactemént les mêmes tempéraments
que nous retrouvons à notre droite et à no-
tre gauche. Quant aux reproches qui nous
sont' faits, de droite et de gauche, nous les
reconnaissons aussi : ce sont les mêmes
qu’ont subis les chefs dont nous nous ré-
clamons, les Gambetta, les Ferry, les Wal-
deck-Rousseau. Maintenons-nous donc fer-
mement dans notre ligne de conduite et
n’en dévions pas. Ne permettons pas non
plus que des polémiques intéressées nous
présentent faussement comme penchant de
tel ou tel côté, alors que nous voulons seu-
lement être et rester nous mêmes.
Il y a, dans la politique française, quatre
groupes fondamentaux, qu’on retrouve à
toute époque semblables à eux -mêmes sous
des noms différents : ce sont les socialistes,
les radicaux avancés, les radicaux de gou-
vernement unis aux républicains modérés,
la Droite enfin. C’est dans le troisième
groupe que nous nous sommes toujours clas-
sés. Voyons quels sont actuellement nos rap-
ports à gauche et à droite.
Avec les socialistes nous avons pu colla-
borer à certaines heures pour une oeuvre
limitée : il s’agissait de la défense républi-
caine, et nous avons pensé que le salut du
régime* dès l’instant qu’il était enjeu, pri-
mait toute autre considération. Mais, dès
qu’un retour à des circonstances normales
s’est produit, cette collaboration est tombée
d’elle-même. L’esprit de désordre social et
d’internationalisme que représente le parti
unifié le rend incapable de toute attitude
gouvernementale prolongée. Nous ne voyons
pas comment un ministère auquel l’appui
socialiste serait indispensable pourrait
maintenir l’ordre et veiller efficacement à
la défense nationale.
Vis-à-vis des radicaux avancés, notre
situation est différente. Nous sommes hos-
tiles à l’esprit de démagogie qui les inspire,
ou du moins qui inspire leurs chefs. Mais,
à regarder les choses de près, nos principes
fondamentaux sont les mêmes que les
leurs, nous nous réclamons des mêmes tra-
ditions et presque du môme programme. La
véritable différence est, selon le mot de M.
Briand, dans la manière. Nous prétendons
que les réformes préconisées par le parti
républicain (car il n’y a en somme qu’un
grand parti républicain) ne peuvent être
réalisées que d’une seule façon, avec la
préoccupation de faire, non pas oeuvre de
surenchère, mais oeuvre de gouvernement.
Nous regrettons donc que l’intransigeance
de certains chefs radicaux-socialistes rende
difficile et parfois impossible cette union
républicaine qui serait en France la meil-
leure condition d’un gouvernement à la fois
stable, réformateur et national. Notre lan-
gage à l’extrême-gauche républicaine sera
donc le suivant : aux éternels mécontents
de la Chapelle radicale-socialiste nous di-
rons que'nous refusons de nous plier à des
exigences insupportables et que nous con-
cevons une façon plus large de gouverner
que leur sectarisme de comité ; et à la
masse du parti radical-socialiste, avec la-
quelle nous avons eu une longue et féconde,
association, nous dirons que rien n’est
changé dans les principes qui nous diri-
gent, mais que nous voulons une politi-
que à large base faisant appel à l’union et
non pas à l’anathème.
L’expérience de quarante années de Ré-
publique nous apprend en effet qn’on ne
peut rien faire de bon avec des ministères
se recrutant exclusivement dans un groupe :
c’est le système de la pyramide renversée.
Il faut une union de républicains n’excluant
vraiment que les hommes incapables de se
plier aux règles du gouvernement : ces in-
capables de sagesse sont assez nombreux
dans les états-majors, mais ils sont beau-
coup plus rares dans l’armée des militants.
Nous entendons bien foire la distinction et
ne repousser que ces politiciens avec les-
quels la cohabitation est impossible.
Restent nos rapports avec la Droite. De ce
côté encore rien de changé. Que devien-
drions-nous,à quelle ombre de parti serions-
nous réduits si nous cessions d’être laï-
ques ? Nous tenons et nous affirmons qu’il
n’y â pas de République, au sens profond
du mot, sans laïcité. Gomme nos amis l’ont
indiqué récemment dans toutes leurs dé-
clarations et dans tous leurs statuts, l’oeu-
vre laïque de Ferry, de Waldeck-Rousseau,
de Combes, de Briand est à nos yeux intan-
gible, soit dans la forme, soit dans son es-
Drit, Nous ne courrions donc aue sous op-
poser & toute proposition tendant à la révi-
ser pour l’atténuer. Disons maintenant que
là auss^il y a la manière : nous voulons la
souveraineté du pouvoir civil, mais les
tracasseries nous révoltent ; nous pensons
que la liberté doit exister effectivement
pour toutes les croyances, et que, les
règlementations nécessaires étant faites,
il font cesser d’ennuyer les gens. Gam-
betta, Ferry ont toujours pensé de la
sorte et nous ne voulons pas rompre avec
leur noble tradition. Nous savons bien que
VAction libérale ne désarme pas, qu’elle
continue de lutter avec énergie et persis-
tance, et nous sommes sur nos gardes. L’a-
paisement qui livre les clefo de la place,
l’apaisement comme le vondrait la Droite
n’est pas dans notre programme. Mais l’a-
paisement ponrrait être un mot magique,
prononcé par des vainqueurs restant sur
leurs gardes, assez forts pour être magna-
nimes en même temps que justes.
Résumons-nous : Certains conseillers In-
téressés voudraient nous foire croire que
pour continuer à mériter le titre de répu-
blicains il faudrait passer sous les fourch es
caudines du comité de la rue de Valois !
Nous nous y refusons. Notre foçon de con-
cevoir la, politique républicaine, la politi-
que de gauche (dans le sens plein de ce
mot) est tout autre, combien plus féconde t
Et elle se réclame de ces grands démocra-
tes qui ont non seulement fait la Républi-
que, mais ont su la faire vivre.
P. H.
L’Union des Gauches
des Six Gantons du Havre
Siège Social : 105, Bue de Parie
La Conférence de SM. Briand, Barthon
et Chéron
Dans le but d’assurer ia distribution ré-
gulière des cartes pour la Conférence du
45 février, le Comité directeur de YUnion
des Gauches des Six Cantons du Havre in-
forme les membres du Comité Central et
ceux du Comité do Défense Républicaine
du 5» Canton qu’ils pourront retirer leurs
cartes au siège de Fünion* 105, rue dé
Paris, lundi 9 février, de 9 heures du matin
à midi et demi et de 2 h. 1/2 à huit heures
du soir.
Les membres du Comité d’Aclion Répu-
blicaine du 6" Canton pourront retirer leurs
cartes aujourd'hui dimanche, 8 février, chez
M. Schmidt, pharmacien, rue d’Etretat, 105.
Les membres des Comités d’Action Ré-
publicaine des 3® et 4® Cantons devront
s’adresser à leur président respectif, MM.
Le Mevel et Leroy.
Les membres de VUnion des Gauches des
six cantons du Havre ne toisant pas partie
d’un Comité cantonal pourront retirer
leurs cartes, au siège de l’Union des Gau-
ehes, 105, rue de Paris, le mardi 40 février,
de 9 heures à midi et demi et de 2 h. 1/2 à
8 heures du soir.
BouvelIe^Politipes
Conseil des Ministres
Les ministres et sons-secrétaires d’Etat se
sont rénnis hier matin à l’Elysée, sons la
présidence de M. Poincaré.
La Politique extérieure
M. Gaston Donmergne a entretenu ses col-
lègues des questions de politique extérieure
en cours.
L’Etat sanitaire de l’Armée
Le Conseil s’est préoccupé de l’état sani-
taire de l’armée.
Le ministre de la guerre a fait connaître
les mesures qu’il comptait prescrire pour
combattre les épidémies qui ont été signa-
lées dans diverses garnisons.
Mouvement administratif
Le ministre de l’intérienr a présenté à la
sigatnre du président de la République nn
mouvement préfectoral qui a pour point de
départ la vacance de la préfecture de la Gi-
ronde :
M. Bascou, préfet de Seine-et-Marne, est
nommé préfet de la Gironde, en remplace-
ment de M. Ourréanlt, appelé, snr sa de-
mande, à d’autres fonctions et nommé pré-
fet honoraire.
M. Dantresma, préfet de Maine-et-Loire,
est nommé préfet de Seine-et-Marne.
M. Lasserre, préfet d’Alger, est nommé pré-
fet de Maine-et-Loire.
M. Lefébare, préfet honoraire, est nommé
préfet d’Alger.
M. Charmeil, conseiller de préfecture de
la Seine, est nommé directeur du personnel
à l’administration centrale du commerce et
de l’industrie, en remplacement de M. Tir-
man, appelé à d’autres fonctions.
M. Leymarie, chef du cabinet du ministre
du commerce et de l’industrie, est nommé
conseiller de préfecture de la Seine, en rem-
placement de M. Charmeil.
Les Retraites des Mineurs
Le ministre dn travail a fait connaître qne
le rapport sur le projet de loi relatif aux re-
traites. des ouvriers mineurs vient d’être dé-
posé an Sénat.
Le gouvernement en demandera la discus-
sion dans le pins bref délai.
ON TROUVE
LE PETIT HAVRE à Paris
i II LIBRAIRIE INTERNATIONALE
ÎOS, vue Satnt-Lazare, 109
(Immeuble te r HOTEL TERHIHUOf
§mmm
DANS L’OFFICINE
moto Têtu Htm
Sous le ciel frissonnant de la saison mau-
vaise, dans tes bises qpi sifflent et meurtris-
sent, le noir cortège vient de passer.
Il y a là des mines blafardes et des yeux
çmbrasés par le feu des fièvres, des nez
•’/oagis qni pleurent et des jambes qui flageo-
lent. C’est le défilé des misères humaines dn
moment : la bronchite renfrognée et per-
verse, emmitouflée dans ses fourrures ; la
toux tenace, à la voix grave ou aiguë, orgue
ou clarinette, gavée de lait de poule et cui-
rassée de teinture d’iode ; le rhumatisme qui
claudique en geignant, dans une atmosphère
de salicylate de soude; le lumbago qui mord
les reins, le coryza qui enfonce sa vrille jus-
que sous le front et transforme l’appendice
en fontaine Wallace ; la grippe à l’air gro-
gnon, las et désemparé, ia grippe qui s'im-
patiente et se désespère, parce que sa vic-
time s'efforce de marcher quand même, de-
Euis huit jours qu’elle le travaille, lui fait
attre le pouls comme marteau sur l’enclu-
me et bourre ses jambes molles de coton.
Tout ce morne cortège boiteux, patraque
et mal parti, où chacun conte sa peine entre
deux quintes et deux frissons, pendant
qu’au-dessus des têtes l’inclémence des
nuées continue de semer des rhumes tout ce
morne cortège se disloqua devant nne porte
d’aspect bourgeois, qu’ornait une plaque de
cuivre : « Docteur-Médecin. Consultations
de 2 à 3 heures. »
Mais le gros de la colonne poursuivit. Il
atteignit le proche carrefour, et là, en désor-
dre, avec la hâte fébrile des espoirs de gué-
rison immédiate, s’engouffra dans l’officine.
Derrière son comptoir, l’homme saluait,
souriant et digne tout à la fois, car il con-
vient de sourire aux misères qni passent
Four leur faire oublier les tristesses de
heure et d’arborer aussi, entre temps,la sé-
rénité de la science pnre pour raffermir les
convictions et galvaniser les confiances.
Le pharmacien les connaît bien, ces jonrs
de grisailles où reviennent, en tapinois, la
toux d’hiver et la douleur articulaire.
Il a pour eux des spécifiques compliqués
dont les prospectus, corsés de mots techni-
ques, sont déjà des amorces de guérison, des
aubes de soulagement.
Admirable pouvoir des mots ! Etrange in-
fluence d’une ligne imprimée sur l’esprit
inquiet ! Petit miracle on phénomène d’auto-
suggestion qui fait que le rhume de cerveau
le plus déchaîné, le rhume de cerveau
qui passe ses journées et ses nuits à
faire du looping dans le cornet des fosses
nasales sort de l’officine un instant dompté,
tout simplement parce que le propriétaire
du pauvre nez en capilotade a dans sa po-
che, dans une petite botte qui est un chef-
d’oeuvre d’empaquetage, une pondre pré-
cieuse aux bienfaits surprenants 1
Bien que par la façon décisive avec la-
quelle le Saint-Vincent-de-Paul du comptoir
a remis le paquet à son client, rien que par
l’assurance avec laquelle il lui a dit : — Une
simple pincée suffira I » le coryza en ré-
volte s’est senti maîtrisé. 11 atteint son porte-
monnaie sans sortir son mouchoir humide.
Il dit encore « Berci bien 1 » mais il ne
conle plus...
Et ce sont là des choses tout à fait char-
mantes. Le pharmacien est nn fin marchand
d’opticisme.
J’ai pour lui une sympathie qui s’exprime
d’autant plus librement qu’il n'a pas eu en-
core, Dieu merci 1 l’occasion cet hiver de me
pourvoir do pâte de Jujube. Je le sais esprit
attentif et sage. Je n’ignore pas le prestige
dont il jouit auprès des petits, de la grande
famille des humbles.
Il est, pour ceux-là, celni qui sait, l’inter-
médiaire entre la misère qni souffre et l’art
qui guérit. Le brave homme — car c’est sou-
vent un brave homme — ne sourit plus
quand l’ignorance en émoi vient lui deman-
der « nn p’tit flacon de peinture idiote » on
« cinq sons de sel des sommes ». Il a la
science accueillante et familière. Il semble
même.avoir mis nne certaine coquetterie à
la rendre pins souriante.
Le modernisme l’a pris, lui aussi ; il a
sacrifié pour le décor pas mal de cou-
tumes et de traditions. L’officine a perdu son
air anstère et mystérieux. Elle a dédaigné —
et les amis An pittoresque l’ont peut-être
regretté — cette mise en scène archaïque qui
rattachait si curieusement à la houtiqne du
pharmacien le laboratoire de l’alchimiste.
Ils-devieunent rares, aux vitrines, ces vé-
nérables flacons de faïence anx flancs épa-
nouis, aux panses imposantes et graves, dont
la rusticité se rehaussait encore d’inscrip-
tions lapines qni les rendaient plus énigma-
tiques pour les uns, plus redoutables pour
les antres, plus respectables pour tous.
L’officine d’aujourd’hui a perdu de son an-
cien cérémonial, docte et privilégié. Le sens
pratiqué et commercial a simplifié ces raffi-
’ Cliché Mil navre
cemenls. Le marchand de pilnjes s'est amé-
ricanisé. Il possède aujourd’hui, sur son
comptoir, une machine resplendissante avec
laquelle il inscrit automatiquement ses ven-
tes, sur un tour de manivelle.
Une pointe de fantaisie s’est même glissée
dans l’officine. La vitrine est devenue une
petite scène où se joue la comédie des spé-
cialités. Il y a des mains en carton-pâte qui
célèbrent, derrière le carreau, la vertu des
pâtes dermophiles. Il y a des bouteilles fleu-
ries de raisins qui apparaissent dans des ni-
ches en papier colorie pour clamer au pas-
sant la gloire des sucs régénérateurs. Il y a
aussi des portraits de jolies femmes dont les
autographes attestent la supériorité d’an
savon oa les merveilles d’une eau de toi-
lette.., . ..
Et tout cela a pris, peu à peu, la place du
classique arbre de Saturne, des ténias cap-
tifs, réduits à l’impuissance, noyés alcoo-
liques, fiasques et anonymes
... les ténias vaincus au fond de leurs bocaux
Que nous voilà donc loin du temps où le
pharmacien normand se plaignait avec amer-
tume de la concurrence des colporteurs en
drogues, où le Parlement de Rouen, en date
dn 21 mars 1755 prenait nn arrêt « qui
fait prohibitions et deffenses à tons colpor-
teurs et autres passe-volants de vendre et
transporter dans la Province aucunes dro-
gues ni compositions officinales et pharma-
ceutiques dé quelque espèce que ce soit ».
Curieuse et pittoresque silhouette dispa-
rue que celle de ces «passe-volants»,mar-
chands droguistes ambulants du XVIII® siè-
cle.
Il y a, à ce propos, parmi les actes de la
Prévôté du comté de Couhert-en-Brie con-
servés anx archives départementales de Me-
lnn, un document bien intéressant que le
hasard m’a fait découvrir.
Il s’agit du «procès-verbal d’apposition
des scel éi après le décès de Pierre René,
marchand droguiste, suivi de l’inventaire
des biens mobiliers laissés par le deffant ».
L’étude de cette pièce fait revivre la physio-
nomie d’un de ces marchands de drogues,
errant de ville en ville, voyageant à pied, à
dos de bête on en carriole, offrant leurs
marchandises aux gens des fermes, aux ha-
bitants des hameaux, des bourgs, et faisant
sans diplôme, la guerre à l’apothicaire.
L’inventaire des drogues laissés par le mort
montré quels médicaments vendaient ces
« passe-volants », sans aucan droit. Il y a de « la
theriaqne, du hasilicon, du miel rozat, de la
confection d’hyacinthe, de l’huille de laurier,
de la térébenthine, dn tartre, de l’huille de
Cade, de l’althoea, dn populeum, du cathoti-
con, de la poiraisine (poix résine), du glocus
melasornm (glaucus melilotus), de la poix
noire, de la poix grasse, de la pierre bleue*
du sel d’Epsom, du vitriol, de la cannelle en
pondre, du séné, da blanc de baleine, de la
rhubarbe, de la poudre cordiaile, dn jalap en
substance, des graines de Jamaïque, du tar-
tre émétique, de la scammonée, du soufre
vif, du sang-dragon, de l’aioès, du sublimé
corrosif, dn hosle d’arsenic, de l’huiüe de
pétrole. »
Ce droguiste ambulant était décédé an
domicile de Louis Desachy, marchand hôte-
lier à Coubert-en-Brie, chez lequel il passait
de temps à autre et logeait depuis nombre
d’années.
Dans la chambre dn défunt, on avait
tronvé « plusieurs sachets de papier gris
remplys de drogues et aossy pfusiers pots
tant de terre que de faillance contenant
aussi plusieurs drogues ». De plus, à l’écu-
rie de l’auberge, il y avait « nne beste asine
de poil gris garnye de sa selle et bride ».
Louis Desachy ne put donner qne peu de
renseignements sur Pierre René. Il savait
seulement que celui-ci était de la province
de Normandie, paroisse de Fleury ; en outre,
qu’avant de venir à Coubert il avait laissé
chez le sieur G hier, hôtelier à Rys, « plu-
sieurs paniers de beste asine et dedans des
marchandises de son commerce ».
La prévôté mit les scellés sur les objets ;
l’âne fut vendu moyennant 18 livres « pour
faire cesser les frais de nourriture » et les
drogues pour quelques sols, à des fermiers
du voisinage.
ta*#
Le droguiste ambulant a disparu, du
moins sous cette forme rustique. Le phar-
macien moderne n’évoqne désormais que
par quelques détails le souvenir du vieil apo-
thécaire.
La sciènce, pins que jamais, s’est installée
dans l’officine et, .(fiieqeiease, patiente, tonte
entière à son étude, s’acharne à découvrir.
Le docteur en pharmacie a vengé M. Purgon
des sarcasmes ; mieux, ii a créé un type
nonvean qui peut se prévaloir d’une auto-
rité scientifique et dresser nn esprit do-
cumenté derrièreT’alignée de ses bocaux. y
C’est parfois, par snreroit, nn élève de
l’Institnt Pasteur qui, derrière la cloison da
magasin où il vend des liniments, des « po-
tions suivant la formule », prolonge ses re-
cherches minutieuses, ses analyses bactério-
logiques.
Ç’est l’un d’eux que j’ai surpris, l’autre
jdaf, jonché sur un cobaye. D'un sûr coup
d’aiguifiê il ’u> faisait ane iaofiansive ponc-
tion an coeur recueillir une goutte de
sang qui devait fôuî’üj? un enseignement,
un réactif décisif pour ütîîî?j»£§p 99 *1
pressentait, qu’il suivait à la jptsi* “ans *e 3
quelques parcelles organiques prélevée» -sar
le sujet suspect.
Graves et sévères travaux que l'intimité da
laboratoire permet seule de connaître et de
commenter! Ils n’empêcherontfpas le phar-
macien, tout à l’heure, de confectionne^
avec tont le soin et tonte Fonction profes-
sionnels on petit chapeau de papier plissât,
paré d’an bouquet de cire rouge, pour la
bouteille encore tiède qui ira porter vers le
ventre rebelle le rameau d olivier de la
Limonade purgative.
ALBERT- HERRENSCHMIDT,
LE PARLEMENT
Impressions de Séance
(PB HOTES CORRESPONDANT PARTICULIER)
Paris, 7 février.
Nos honorables ne sont jamais bien nom-*
breux — ohl non... — pour les séances da
matin, mais l’insouciance qu’ils ont montrée
aujourd’hui dépasse vraiment toutes les
bornes. Lorsque M. Etienne prit place au
fauteuil, la salle était vide, absolument vide,
ne pouvant décemment pas siéger à lui tout
seul, il attendit. m
Au bout d'au qnart- d’heure, sept députés
étaient arrivés. Etait-ce suffisant pour com-
mencer ?
Ce ne fat pas l’avis de ces intrépides et,
sur la proposition de M. Thomson, on dé-
cida de suspendre la séance pendant une
demi-heure. Peut-être, durant cette demi-
henre, verrait-on arriver quelques retarda-
taires. Espoir chimérique. II en vint bien
quelques-uns, mais, quand M. Etienne re-
parut an fauteuil, on n’était pas plus d’uns
douzaine...
C’est devant... cette absence d’auditoire
que M. Lutaud, gouverneur général de l’Al-
gérie, dût poursuivre son discours sur l’in*
digênat. Pendant qu’ii parlait quelques rares
députés firent lenr apparition dans la salle
et a la levée de la séance, on en compta
29 exactement, 29 sur 597...
Décidément, no3 parlementaires ont une
singulière foçon de comprendre — et de
remplir leur devoir! ^ S® s ; «
T. H*
CHAMBRE DES DEPUTES
Séance du 7 février
La séance est ouverte à 9 heures 5 sous la pré-
sidence de H. ÉTIENNE, vice-président.
L’Indigénat
La Chambre reprend la discussion du projet
concernant l’indigénat algérien.
Devant ie petit nombre des assistants, six dé-
putés étant présents, la séance est suspendue.
A la reprise, à 9 h. 40, quinze députés sont pré
sents.
M. LUTAUD, gouverneur général de l’Algérie,
expose les réformes réalisées et celles qu’il pré-
pare.
H insiste tout particulièrement sur ce qui a été
fait pour l’éducation des indigènes, notamment
pour l’agriculture.
La suifs de la discussion est renvoyée à lundi.
ÉTIIAAGIÎR
ALSACE-LORRAINE
[Un Horrible Drame f
Us affreux drame de famille s’est accom-
pli à Giessen. Un nommé Léman* entrepre-
neur, a assassiné sa femme et ses quatre
enfants, âgé de trois à treize ans. Il alla en-
suite se faire écraser par on train. Le meur-
trier ne fut retrouvé que le matin à quatre
heures ; il avait les jambes coupées et respi-
rait encore, mais il mourut pendant son
transport à l’hôpital.
Quand son identité fut établie, la police
se rendit chez lui pour annoncer la nou-
velle.
N’obtenant aucune réponse, les agents en-
foncèrent la porte du logis et trouvèrent
alors les cadavres de la mère et des enfants
étendus dans une mare de sang. L’enquête
judiciaire démontra que les enfants s’étaient
courageusement défendus, leurs petites
mains, leurs poignets et leurs avaut-bras
étant lardés ae coups de couteau. Sur le
plancher gisait le corps de la malheurease
mère. Les deux époux rivaient en mauvaise
intelligence. Les trois derniers enfants étaient
légitimés, et dernièrement, la mère avait
menacé Léman de le dénoncer, car il avait
abusé de l’aînée de ses enfants, nne fillette
de treize ans. Cette menace affola-t-elle le
misérable et fout-il voir là la cause de' l’hor-
rible crime 1
Détail curieux : dans la même maison, en
1897, un drame semblable s’accomplit ; un
nommé Moll tna sa femme et ses qnatri en-
fants, puis se pendit. - >
MEXIQUE
Un Complot avorté contre
te Président Hncrta
Des dépêches parvenues de Mexico appor-
tent la nouvelle de la découverte d’un com-
plot dirigé contre la présidence du général
îluerta. Des mesures rigoureuses ont immé-
diatement été prises pour parer à tonte
éventualité.
Les chefs de la conpiration, arrêtés, ont
été déférés à nne cour martiale aussitôt con-
stituée ; condamnés à mort, ils ont été fusil-
lés sur-le-champ.
On dit qu’un certain nombre d’officiers se
seraient trouvés parmi eux.5
Le village de Santa-Qlara, situé à quelques
kilomètres de Mexico, qui était entre les
mains des rebelles, a été reconquis par les
troupes régulières qui l’occupent. Le brait
ayant couru avec persistance d’an Coup
d Etat à la veille de se produire, toutes les
troupes ont été consignées. Les casernes et
le palais sévèrement gardés. -
D’autre part, une dépêche expédiée à Was-
hington par le Consnt des Etats-Unis à Tam-
pico annonce que les révolutionnaires opè-v'
Administrateur • Délégaé - Gérast
O. RANDOLET
Adresser tout ce qui concerne rAdministration
t a. 0. RANDOLET
85, Rue Fostenelle, 35
Adresse Télégraphique : RANDOLET Havre
âtainistratioa, taprmlHB it kmmi, TÉL. 10.47
Le Petit Havre
^OBGANE RÉPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
RÉDACTION
«—*AAiVU ■»
Adresser tout ce qui ooaeeme la RédacUon
85, Rue Fontanelle. 35
TÉLÉPHONE « IV* T.CO '
ANNONCES
AU HAVRE.,’ilZ BUREAU DU JOURNAL, 112, boutt de Strasoourg.
I L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
A PARIS...—»— ( seule chargée de recevoir les Annonces pour
( le Journal.
Le PETIT-HAVRE est désigne pour tas Annonces Judiciaires et légales
f ABONNEMENTS TROIS Mois Six Mon UN AN
I Lo Havre, la Seine-Inférieure* l’Euro, m go A vr < « a pp
i l’Oise et la Somme.....................
H Autres Départements.. 6 Fr. A4 650 SS »
1! Union Postale; tO » SO Fr. *40 »
S On s'abonne également, SAHS FRAIS, dans feus les Bureaux de Poste de France
filRMlBG lEl'Bl
Paru, trois heures matin
\ DEPECHES COMMERCIALES
NEW-YORK, 7 FÉVRIER
f Cotons i mars, baisse 4 points ; mai,
baisse 3 points ; juillet, baisse 4 points;
octobre, baisse 5 points.
^ Cafés s hausse 2 4 5 points.
' NEW-YORK, 7 FÉVRIER
: (. H nn t. menai
Cuivre Standard disp. — — 14 78
— mars — — 14 75
Amalgamât. 4Joji... 76 »/» 76 »/»
CHICAGO, 7 FÉVRIER
C. |>¥ JOUI C. PREGfcn
Blé sur Mar. #0/4 03 1/4
— Juillet.... 88 7/8 88 7/8
Maïs sur Mai <18 1/8 68 i tî
[ — Juillet.... 68 3 8 63 5/8
Saindoux sur. Mai.. .... U 05 1110
- Juillet.... 1125 1117
EST-CE UN ESPION ?
, NANCY. — Hier, vers dix heures et demie
du matin, sur le plateau de Domfontaiue,
près de ia batterie cuirassée de Trondes, non
loin du fort de Lucey, un gardien de batte-
rie nommé Yaucon, aperçut un individu gui
se dissimulait derrière les replis du terrain.
Ce gardien, avec qui se trouvait un ouvrier
Civil, Jules Migeot, surveilla l'individu qui
examinait les environs avec une longue vue,
prenait des notes et photographiait les lieux.
La surveillance dura assez longtemps. Fi-
nalement, le gardien et M. Migeot s’élancè-
rent vers l'individu qu’ils arrêtèrent et con-
duisirent devant le commandant du fort de
tucy, le capitaine Batailler, qui fit sabir nn
interrogatoire à l’individu.
Celui-ci déclara se nommer Théodore Bur-
gard, âgé de M ans ; il dit être cultivateur
aux environs et être venu en simple tou-
riste.
Conduit devant le commissaire spécial de
Toul, Burgàrd rie put fournir d’explications
plausibles de sa présence dans l’enceinte mi-
litaire. Fouitté, il fut trouvé porteur d’un
billet de chemin de fer, aller et retour, de
Nancy à Topl, d'un appareil photographique,
d’une longue-vue et d'un ■ fragment de carte
du fort de Lucey.
On présume que Burgard se livrait à l’es-
pionnage.
LA DÉFENSE DE RQGHEFOÎT"
Une nota du ministère de la guerre dit
tjuo contrairement aux informations pu-
bliées par nn journal, la défense fixe de
Rochefort n’est pas rétablie.
^ L’ASSASSINAT DE NI. CADIOU
r''BREST. — M. Bidard de Bauce, juge d’ins-
Iructian, a confronté, hier après-midi, l’in-
génieur Pierre avec nne débitante qui habite
prés de l’usine.
Cette temme affirmait avoir vu passer M.
Cadiou le 30 décembre, vers neuf heures du
matin.
L’ingénieur dit n’avoir pas reva son direc-
teur depuis le 29.
Mme veuve Cadiou a été ensuite entendue.
Sa déposition a duré trois heures, mais elle
n’a apporté aucun fait nouveau prouvant la
culpabilité de l’inaSnieur.
mue Cadiou a l’impression que Pierre est
Coupable et qu’il a sgi par haine de son ma-
ri. Elle a confirmé qn’une consultation de la
voyante de Naecy fut prise à son insn par
nne parente, Mme Sempy. Elle apprit au juge
qu’elle avait reçu le 31 décembre une lettre
se Pierre, datée de Landerneau, 30 décem-
bre, adressée à M. Cadiou et réclamant une
somme d’argent que le directeur avait oublié
Se lui remettre avant son départ pour Paris.
Mme Cadion affirme que, par cette lettre,
l’ingénieur a voulu écarter les soupçons, car
on sait qne le crime a été commis dans la
journée au 30.
11 semble encore que l’assassin ait voulu
Taire croire que le vol avait été le mobile du
crime, car ni ie portefeuille ni la montre de
la victime n’ont pn être retrouvés.
Mme Cadiou étant dans un état de nervo-
sité et de faiblesse extrêmes, le juge a re-
noncé à la confronter avec l’ingénieur
Pierre.
L’ingénieur, toujours très calme, a été re-
conduit à la maison d’arrêt.
LA MÉNINGITE CÉRÉBRO-SPINALE
-TOULON. — Un nouveau cas de méningite
Cérébro-spinale a été constaté dans la garni-
son ; le malade appartient cette fois au 4®
colonial. ^
MUTINERIE A BORD D'UN STEAMER
CHERBOURG. — Le steamer turc Altay, ai-
llant d’Angleterre à Constantinople, a relâché
bier à Cherbourg eu raison d’une mutinerie
qui s’est produite dans l’équipage de compo-
sition cosmopolite, à propos de divergences
d’ordre religieux.
Un arabe, un allemand et nn norvégien
ont été débarqués et incarcérés ; ils sont ac-
cusés de s’être livrés à des voies de fait et
d’avoir fait usage de revolvers,
■■ 'O ■
A SAVERNE
SAVERNE. — Le lieutenant Von Forstner
étant revenn hier matin à Saverne, en uni-
forme pour y faire des visites d’adieux et y
f «rendre des effets, a été accompagné dans
es rues de ia ville par une fouie de gamins
qui manifestaient.
L’AFFAIRE GERMAIN
' il. Lagasse, juge d'instruction, vient de re-
Êtor la demande de mise en liberté provisoire
rmulée par le financier Albert Germain.
Ceini-ci a immédiatement fait opposition à
pe rejet. _
LES BANDITS DE PÉGOMAS
NICE.— Pierre Cbiapale a été condamné
jrax travaux forcés à perpétuité. ^
Nos Traditions
ET
Notre Orientation
L’heure approche où, en vue des Sec-
tions, les divers partis vont prendre posi-
tion les uns vis-à-vis des autres et se situer
dans l’arène politique. Ii ne s’agira pas
seulement de programmes, mais (chose
peut-être plus profonde) de tendances et de
frontières. La clarté est, à cet égard, un
devoir impérieux, auquel nous ne tente-
rons pas, quant à nous, de nous soustraire.
Il ne faudrait pas croire que les condi-
tions de l’heure présente soient, dans no-
tre histoire politique, une complète nou-
veauté. Des points de repère sont là dans
le passé pour nous servir d’expérience et
nous désigner, par analogie, le bon che-
min. Remontons à vingt, à trente ans en
arrière, ce sont en effet les mêmes groupes,
plus exactemént les mêmes tempéraments
que nous retrouvons à notre droite et à no-
tre gauche. Quant aux reproches qui nous
sont' faits, de droite et de gauche, nous les
reconnaissons aussi : ce sont les mêmes
qu’ont subis les chefs dont nous nous ré-
clamons, les Gambetta, les Ferry, les Wal-
deck-Rousseau. Maintenons-nous donc fer-
mement dans notre ligne de conduite et
n’en dévions pas. Ne permettons pas non
plus que des polémiques intéressées nous
présentent faussement comme penchant de
tel ou tel côté, alors que nous voulons seu-
lement être et rester nous mêmes.
Il y a, dans la politique française, quatre
groupes fondamentaux, qu’on retrouve à
toute époque semblables à eux -mêmes sous
des noms différents : ce sont les socialistes,
les radicaux avancés, les radicaux de gou-
vernement unis aux républicains modérés,
la Droite enfin. C’est dans le troisième
groupe que nous nous sommes toujours clas-
sés. Voyons quels sont actuellement nos rap-
ports à gauche et à droite.
Avec les socialistes nous avons pu colla-
borer à certaines heures pour une oeuvre
limitée : il s’agissait de la défense républi-
caine, et nous avons pensé que le salut du
régime* dès l’instant qu’il était enjeu, pri-
mait toute autre considération. Mais, dès
qu’un retour à des circonstances normales
s’est produit, cette collaboration est tombée
d’elle-même. L’esprit de désordre social et
d’internationalisme que représente le parti
unifié le rend incapable de toute attitude
gouvernementale prolongée. Nous ne voyons
pas comment un ministère auquel l’appui
socialiste serait indispensable pourrait
maintenir l’ordre et veiller efficacement à
la défense nationale.
Vis-à-vis des radicaux avancés, notre
situation est différente. Nous sommes hos-
tiles à l’esprit de démagogie qui les inspire,
ou du moins qui inspire leurs chefs. Mais,
à regarder les choses de près, nos principes
fondamentaux sont les mêmes que les
leurs, nous nous réclamons des mêmes tra-
ditions et presque du môme programme. La
véritable différence est, selon le mot de M.
Briand, dans la manière. Nous prétendons
que les réformes préconisées par le parti
républicain (car il n’y a en somme qu’un
grand parti républicain) ne peuvent être
réalisées que d’une seule façon, avec la
préoccupation de faire, non pas oeuvre de
surenchère, mais oeuvre de gouvernement.
Nous regrettons donc que l’intransigeance
de certains chefs radicaux-socialistes rende
difficile et parfois impossible cette union
républicaine qui serait en France la meil-
leure condition d’un gouvernement à la fois
stable, réformateur et national. Notre lan-
gage à l’extrême-gauche républicaine sera
donc le suivant : aux éternels mécontents
de la Chapelle radicale-socialiste nous di-
rons que'nous refusons de nous plier à des
exigences insupportables et que nous con-
cevons une façon plus large de gouverner
que leur sectarisme de comité ; et à la
masse du parti radical-socialiste, avec la-
quelle nous avons eu une longue et féconde,
association, nous dirons que rien n’est
changé dans les principes qui nous diri-
gent, mais que nous voulons une politi-
que à large base faisant appel à l’union et
non pas à l’anathème.
L’expérience de quarante années de Ré-
publique nous apprend en effet qn’on ne
peut rien faire de bon avec des ministères
se recrutant exclusivement dans un groupe :
c’est le système de la pyramide renversée.
Il faut une union de républicains n’excluant
vraiment que les hommes incapables de se
plier aux règles du gouvernement : ces in-
capables de sagesse sont assez nombreux
dans les états-majors, mais ils sont beau-
coup plus rares dans l’armée des militants.
Nous entendons bien foire la distinction et
ne repousser que ces politiciens avec les-
quels la cohabitation est impossible.
Restent nos rapports avec la Droite. De ce
côté encore rien de changé. Que devien-
drions-nous,à quelle ombre de parti serions-
nous réduits si nous cessions d’être laï-
ques ? Nous tenons et nous affirmons qu’il
n’y â pas de République, au sens profond
du mot, sans laïcité. Gomme nos amis l’ont
indiqué récemment dans toutes leurs dé-
clarations et dans tous leurs statuts, l’oeu-
vre laïque de Ferry, de Waldeck-Rousseau,
de Combes, de Briand est à nos yeux intan-
gible, soit dans la forme, soit dans son es-
Drit, Nous ne courrions donc aue sous op-
poser & toute proposition tendant à la révi-
ser pour l’atténuer. Disons maintenant que
là auss^il y a la manière : nous voulons la
souveraineté du pouvoir civil, mais les
tracasseries nous révoltent ; nous pensons
que la liberté doit exister effectivement
pour toutes les croyances, et que, les
règlementations nécessaires étant faites,
il font cesser d’ennuyer les gens. Gam-
betta, Ferry ont toujours pensé de la
sorte et nous ne voulons pas rompre avec
leur noble tradition. Nous savons bien que
VAction libérale ne désarme pas, qu’elle
continue de lutter avec énergie et persis-
tance, et nous sommes sur nos gardes. L’a-
paisement qui livre les clefo de la place,
l’apaisement comme le vondrait la Droite
n’est pas dans notre programme. Mais l’a-
paisement ponrrait être un mot magique,
prononcé par des vainqueurs restant sur
leurs gardes, assez forts pour être magna-
nimes en même temps que justes.
Résumons-nous : Certains conseillers In-
téressés voudraient nous foire croire que
pour continuer à mériter le titre de répu-
blicains il faudrait passer sous les fourch es
caudines du comité de la rue de Valois !
Nous nous y refusons. Notre foçon de con-
cevoir la, politique républicaine, la politi-
que de gauche (dans le sens plein de ce
mot) est tout autre, combien plus féconde t
Et elle se réclame de ces grands démocra-
tes qui ont non seulement fait la Républi-
que, mais ont su la faire vivre.
P. H.
L’Union des Gauches
des Six Gantons du Havre
Siège Social : 105, Bue de Parie
La Conférence de SM. Briand, Barthon
et Chéron
Dans le but d’assurer ia distribution ré-
gulière des cartes pour la Conférence du
45 février, le Comité directeur de YUnion
des Gauches des Six Cantons du Havre in-
forme les membres du Comité Central et
ceux du Comité do Défense Républicaine
du 5» Canton qu’ils pourront retirer leurs
cartes au siège de Fünion* 105, rue dé
Paris, lundi 9 février, de 9 heures du matin
à midi et demi et de 2 h. 1/2 à huit heures
du soir.
Les membres du Comité d’Aclion Répu-
blicaine du 6" Canton pourront retirer leurs
cartes aujourd'hui dimanche, 8 février, chez
M. Schmidt, pharmacien, rue d’Etretat, 105.
Les membres des Comités d’Action Ré-
publicaine des 3® et 4® Cantons devront
s’adresser à leur président respectif, MM.
Le Mevel et Leroy.
Les membres de VUnion des Gauches des
six cantons du Havre ne toisant pas partie
d’un Comité cantonal pourront retirer
leurs cartes, au siège de l’Union des Gau-
ehes, 105, rue de Paris, le mardi 40 février,
de 9 heures à midi et demi et de 2 h. 1/2 à
8 heures du soir.
BouvelIe^Politipes
Conseil des Ministres
Les ministres et sons-secrétaires d’Etat se
sont rénnis hier matin à l’Elysée, sons la
présidence de M. Poincaré.
La Politique extérieure
M. Gaston Donmergne a entretenu ses col-
lègues des questions de politique extérieure
en cours.
L’Etat sanitaire de l’Armée
Le Conseil s’est préoccupé de l’état sani-
taire de l’armée.
Le ministre de la guerre a fait connaître
les mesures qu’il comptait prescrire pour
combattre les épidémies qui ont été signa-
lées dans diverses garnisons.
Mouvement administratif
Le ministre de l’intérienr a présenté à la
sigatnre du président de la République nn
mouvement préfectoral qui a pour point de
départ la vacance de la préfecture de la Gi-
ronde :
M. Bascou, préfet de Seine-et-Marne, est
nommé préfet de la Gironde, en remplace-
ment de M. Ourréanlt, appelé, snr sa de-
mande, à d’autres fonctions et nommé pré-
fet honoraire.
M. Dantresma, préfet de Maine-et-Loire,
est nommé préfet de Seine-et-Marne.
M. Lasserre, préfet d’Alger, est nommé pré-
fet de Maine-et-Loire.
M. Lefébare, préfet honoraire, est nommé
préfet d’Alger.
M. Charmeil, conseiller de préfecture de
la Seine, est nommé directeur du personnel
à l’administration centrale du commerce et
de l’industrie, en remplacement de M. Tir-
man, appelé à d’autres fonctions.
M. Leymarie, chef du cabinet du ministre
du commerce et de l’industrie, est nommé
conseiller de préfecture de la Seine, en rem-
placement de M. Charmeil.
Les Retraites des Mineurs
Le ministre dn travail a fait connaître qne
le rapport sur le projet de loi relatif aux re-
traites. des ouvriers mineurs vient d’être dé-
posé an Sénat.
Le gouvernement en demandera la discus-
sion dans le pins bref délai.
ON TROUVE
LE PETIT HAVRE à Paris
i II LIBRAIRIE INTERNATIONALE
ÎOS, vue Satnt-Lazare, 109
(Immeuble te r HOTEL TERHIHUOf
§mmm
DANS L’OFFICINE
moto Têtu Htm
Sous le ciel frissonnant de la saison mau-
vaise, dans tes bises qpi sifflent et meurtris-
sent, le noir cortège vient de passer.
Il y a là des mines blafardes et des yeux
çmbrasés par le feu des fièvres, des nez
•’/oagis qni pleurent et des jambes qui flageo-
lent. C’est le défilé des misères humaines dn
moment : la bronchite renfrognée et per-
verse, emmitouflée dans ses fourrures ; la
toux tenace, à la voix grave ou aiguë, orgue
ou clarinette, gavée de lait de poule et cui-
rassée de teinture d’iode ; le rhumatisme qui
claudique en geignant, dans une atmosphère
de salicylate de soude; le lumbago qui mord
les reins, le coryza qui enfonce sa vrille jus-
que sous le front et transforme l’appendice
en fontaine Wallace ; la grippe à l’air gro-
gnon, las et désemparé, ia grippe qui s'im-
patiente et se désespère, parce que sa vic-
time s'efforce de marcher quand même, de-
Euis huit jours qu’elle le travaille, lui fait
attre le pouls comme marteau sur l’enclu-
me et bourre ses jambes molles de coton.
Tout ce morne cortège boiteux, patraque
et mal parti, où chacun conte sa peine entre
deux quintes et deux frissons, pendant
qu’au-dessus des têtes l’inclémence des
nuées continue de semer des rhumes tout ce
morne cortège se disloqua devant nne porte
d’aspect bourgeois, qu’ornait une plaque de
cuivre : « Docteur-Médecin. Consultations
de 2 à 3 heures. »
Mais le gros de la colonne poursuivit. Il
atteignit le proche carrefour, et là, en désor-
dre, avec la hâte fébrile des espoirs de gué-
rison immédiate, s’engouffra dans l’officine.
Derrière son comptoir, l’homme saluait,
souriant et digne tout à la fois, car il con-
vient de sourire aux misères qni passent
Four leur faire oublier les tristesses de
heure et d’arborer aussi, entre temps,la sé-
rénité de la science pnre pour raffermir les
convictions et galvaniser les confiances.
Le pharmacien les connaît bien, ces jonrs
de grisailles où reviennent, en tapinois, la
toux d’hiver et la douleur articulaire.
Il a pour eux des spécifiques compliqués
dont les prospectus, corsés de mots techni-
ques, sont déjà des amorces de guérison, des
aubes de soulagement.
Admirable pouvoir des mots ! Etrange in-
fluence d’une ligne imprimée sur l’esprit
inquiet ! Petit miracle on phénomène d’auto-
suggestion qui fait que le rhume de cerveau
le plus déchaîné, le rhume de cerveau
qui passe ses journées et ses nuits à
faire du looping dans le cornet des fosses
nasales sort de l’officine un instant dompté,
tout simplement parce que le propriétaire
du pauvre nez en capilotade a dans sa po-
che, dans une petite botte qui est un chef-
d’oeuvre d’empaquetage, une pondre pré-
cieuse aux bienfaits surprenants 1
Bien que par la façon décisive avec la-
quelle le Saint-Vincent-de-Paul du comptoir
a remis le paquet à son client, rien que par
l’assurance avec laquelle il lui a dit : — Une
simple pincée suffira I » le coryza en ré-
volte s’est senti maîtrisé. 11 atteint son porte-
monnaie sans sortir son mouchoir humide.
Il dit encore « Berci bien 1 » mais il ne
conle plus...
Et ce sont là des choses tout à fait char-
mantes. Le pharmacien est nn fin marchand
d’opticisme.
J’ai pour lui une sympathie qui s’exprime
d’autant plus librement qu’il n'a pas eu en-
core, Dieu merci 1 l’occasion cet hiver de me
pourvoir do pâte de Jujube. Je le sais esprit
attentif et sage. Je n’ignore pas le prestige
dont il jouit auprès des petits, de la grande
famille des humbles.
Il est, pour ceux-là, celni qui sait, l’inter-
médiaire entre la misère qni souffre et l’art
qui guérit. Le brave homme — car c’est sou-
vent un brave homme — ne sourit plus
quand l’ignorance en émoi vient lui deman-
der « nn p’tit flacon de peinture idiote » on
« cinq sons de sel des sommes ». Il a la
science accueillante et familière. Il semble
même.avoir mis nne certaine coquetterie à
la rendre pins souriante.
Le modernisme l’a pris, lui aussi ; il a
sacrifié pour le décor pas mal de cou-
tumes et de traditions. L’officine a perdu son
air anstère et mystérieux. Elle a dédaigné —
et les amis An pittoresque l’ont peut-être
regretté — cette mise en scène archaïque qui
rattachait si curieusement à la houtiqne du
pharmacien le laboratoire de l’alchimiste.
Ils-devieunent rares, aux vitrines, ces vé-
nérables flacons de faïence anx flancs épa-
nouis, aux panses imposantes et graves, dont
la rusticité se rehaussait encore d’inscrip-
tions lapines qni les rendaient plus énigma-
tiques pour les uns, plus redoutables pour
les antres, plus respectables pour tous.
L’officine d’aujourd’hui a perdu de son an-
cien cérémonial, docte et privilégié. Le sens
pratiqué et commercial a simplifié ces raffi-
’ Cliché Mil navre
cemenls. Le marchand de pilnjes s'est amé-
ricanisé. Il possède aujourd’hui, sur son
comptoir, une machine resplendissante avec
laquelle il inscrit automatiquement ses ven-
tes, sur un tour de manivelle.
Une pointe de fantaisie s’est même glissée
dans l’officine. La vitrine est devenue une
petite scène où se joue la comédie des spé-
cialités. Il y a des mains en carton-pâte qui
célèbrent, derrière le carreau, la vertu des
pâtes dermophiles. Il y a des bouteilles fleu-
ries de raisins qui apparaissent dans des ni-
ches en papier colorie pour clamer au pas-
sant la gloire des sucs régénérateurs. Il y a
aussi des portraits de jolies femmes dont les
autographes attestent la supériorité d’an
savon oa les merveilles d’une eau de toi-
lette.., . ..
Et tout cela a pris, peu à peu, la place du
classique arbre de Saturne, des ténias cap-
tifs, réduits à l’impuissance, noyés alcoo-
liques, fiasques et anonymes
... les ténias vaincus au fond de leurs bocaux
Que nous voilà donc loin du temps où le
pharmacien normand se plaignait avec amer-
tume de la concurrence des colporteurs en
drogues, où le Parlement de Rouen, en date
dn 21 mars 1755 prenait nn arrêt « qui
fait prohibitions et deffenses à tons colpor-
teurs et autres passe-volants de vendre et
transporter dans la Province aucunes dro-
gues ni compositions officinales et pharma-
ceutiques dé quelque espèce que ce soit ».
Curieuse et pittoresque silhouette dispa-
rue que celle de ces «passe-volants»,mar-
chands droguistes ambulants du XVIII® siè-
cle.
Il y a, à ce propos, parmi les actes de la
Prévôté du comté de Couhert-en-Brie con-
servés anx archives départementales de Me-
lnn, un document bien intéressant que le
hasard m’a fait découvrir.
Il s’agit du «procès-verbal d’apposition
des scel éi après le décès de Pierre René,
marchand droguiste, suivi de l’inventaire
des biens mobiliers laissés par le deffant ».
L’étude de cette pièce fait revivre la physio-
nomie d’un de ces marchands de drogues,
errant de ville en ville, voyageant à pied, à
dos de bête on en carriole, offrant leurs
marchandises aux gens des fermes, aux ha-
bitants des hameaux, des bourgs, et faisant
sans diplôme, la guerre à l’apothicaire.
L’inventaire des drogues laissés par le mort
montré quels médicaments vendaient ces
« passe-volants », sans aucan droit. Il y a de « la
theriaqne, du hasilicon, du miel rozat, de la
confection d’hyacinthe, de l’huille de laurier,
de la térébenthine, dn tartre, de l’huille de
Cade, de l’althoea, dn populeum, du cathoti-
con, de la poiraisine (poix résine), du glocus
melasornm (glaucus melilotus), de la poix
noire, de la poix grasse, de la pierre bleue*
du sel d’Epsom, du vitriol, de la cannelle en
pondre, du séné, da blanc de baleine, de la
rhubarbe, de la poudre cordiaile, dn jalap en
substance, des graines de Jamaïque, du tar-
tre émétique, de la scammonée, du soufre
vif, du sang-dragon, de l’aioès, du sublimé
corrosif, dn hosle d’arsenic, de l’huiüe de
pétrole. »
Ce droguiste ambulant était décédé an
domicile de Louis Desachy, marchand hôte-
lier à Coubert-en-Brie, chez lequel il passait
de temps à autre et logeait depuis nombre
d’années.
Dans la chambre dn défunt, on avait
tronvé « plusieurs sachets de papier gris
remplys de drogues et aossy pfusiers pots
tant de terre que de faillance contenant
aussi plusieurs drogues ». De plus, à l’écu-
rie de l’auberge, il y avait « nne beste asine
de poil gris garnye de sa selle et bride ».
Louis Desachy ne put donner qne peu de
renseignements sur Pierre René. Il savait
seulement que celui-ci était de la province
de Normandie, paroisse de Fleury ; en outre,
qu’avant de venir à Coubert il avait laissé
chez le sieur G hier, hôtelier à Rys, « plu-
sieurs paniers de beste asine et dedans des
marchandises de son commerce ».
La prévôté mit les scellés sur les objets ;
l’âne fut vendu moyennant 18 livres « pour
faire cesser les frais de nourriture » et les
drogues pour quelques sols, à des fermiers
du voisinage.
ta*#
Le droguiste ambulant a disparu, du
moins sous cette forme rustique. Le phar-
macien moderne n’évoqne désormais que
par quelques détails le souvenir du vieil apo-
thécaire.
La sciènce, pins que jamais, s’est installée
dans l’officine et, .(fiieqeiease, patiente, tonte
entière à son étude, s’acharne à découvrir.
Le docteur en pharmacie a vengé M. Purgon
des sarcasmes ; mieux, ii a créé un type
nonvean qui peut se prévaloir d’une auto-
rité scientifique et dresser nn esprit do-
cumenté derrièreT’alignée de ses bocaux. y
C’est parfois, par snreroit, nn élève de
l’Institnt Pasteur qui, derrière la cloison da
magasin où il vend des liniments, des « po-
tions suivant la formule », prolonge ses re-
cherches minutieuses, ses analyses bactério-
logiques.
Ç’est l’un d’eux que j’ai surpris, l’autre
jdaf, jonché sur un cobaye. D'un sûr coup
d’aiguifiê il ’u> faisait ane iaofiansive ponc-
tion an coeur recueillir une goutte de
sang qui devait fôuî’üj? un enseignement,
un réactif décisif pour ütîîî?j»£§p 99 *1
pressentait, qu’il suivait à la jptsi* “ans *e 3
quelques parcelles organiques prélevée» -sar
le sujet suspect.
Graves et sévères travaux que l'intimité da
laboratoire permet seule de connaître et de
commenter! Ils n’empêcherontfpas le phar-
macien, tout à l’heure, de confectionne^
avec tont le soin et tonte Fonction profes-
sionnels on petit chapeau de papier plissât,
paré d’an bouquet de cire rouge, pour la
bouteille encore tiède qui ira porter vers le
ventre rebelle le rameau d olivier de la
Limonade purgative.
ALBERT- HERRENSCHMIDT,
LE PARLEMENT
Impressions de Séance
(PB HOTES CORRESPONDANT PARTICULIER)
Paris, 7 février.
Nos honorables ne sont jamais bien nom-*
breux — ohl non... — pour les séances da
matin, mais l’insouciance qu’ils ont montrée
aujourd’hui dépasse vraiment toutes les
bornes. Lorsque M. Etienne prit place au
fauteuil, la salle était vide, absolument vide,
ne pouvant décemment pas siéger à lui tout
seul, il attendit. m
Au bout d'au qnart- d’heure, sept députés
étaient arrivés. Etait-ce suffisant pour com-
mencer ?
Ce ne fat pas l’avis de ces intrépides et,
sur la proposition de M. Thomson, on dé-
cida de suspendre la séance pendant une
demi-heure. Peut-être, durant cette demi-
henre, verrait-on arriver quelques retarda-
taires. Espoir chimérique. II en vint bien
quelques-uns, mais, quand M. Etienne re-
parut an fauteuil, on n’était pas plus d’uns
douzaine...
C’est devant... cette absence d’auditoire
que M. Lutaud, gouverneur général de l’Al-
gérie, dût poursuivre son discours sur l’in*
digênat. Pendant qu’ii parlait quelques rares
députés firent lenr apparition dans la salle
et a la levée de la séance, on en compta
29 exactement, 29 sur 597...
Décidément, no3 parlementaires ont une
singulière foçon de comprendre — et de
remplir leur devoir! ^ S® s ; «
T. H*
CHAMBRE DES DEPUTES
Séance du 7 février
La séance est ouverte à 9 heures 5 sous la pré-
sidence de H. ÉTIENNE, vice-président.
L’Indigénat
La Chambre reprend la discussion du projet
concernant l’indigénat algérien.
Devant ie petit nombre des assistants, six dé-
putés étant présents, la séance est suspendue.
A la reprise, à 9 h. 40, quinze députés sont pré
sents.
M. LUTAUD, gouverneur général de l’Algérie,
expose les réformes réalisées et celles qu’il pré-
pare.
H insiste tout particulièrement sur ce qui a été
fait pour l’éducation des indigènes, notamment
pour l’agriculture.
La suifs de la discussion est renvoyée à lundi.
ÉTIIAAGIÎR
ALSACE-LORRAINE
[Un Horrible Drame f
Us affreux drame de famille s’est accom-
pli à Giessen. Un nommé Léman* entrepre-
neur, a assassiné sa femme et ses quatre
enfants, âgé de trois à treize ans. Il alla en-
suite se faire écraser par on train. Le meur-
trier ne fut retrouvé que le matin à quatre
heures ; il avait les jambes coupées et respi-
rait encore, mais il mourut pendant son
transport à l’hôpital.
Quand son identité fut établie, la police
se rendit chez lui pour annoncer la nou-
velle.
N’obtenant aucune réponse, les agents en-
foncèrent la porte du logis et trouvèrent
alors les cadavres de la mère et des enfants
étendus dans une mare de sang. L’enquête
judiciaire démontra que les enfants s’étaient
courageusement défendus, leurs petites
mains, leurs poignets et leurs avaut-bras
étant lardés ae coups de couteau. Sur le
plancher gisait le corps de la malheurease
mère. Les deux époux rivaient en mauvaise
intelligence. Les trois derniers enfants étaient
légitimés, et dernièrement, la mère avait
menacé Léman de le dénoncer, car il avait
abusé de l’aînée de ses enfants, nne fillette
de treize ans. Cette menace affola-t-elle le
misérable et fout-il voir là la cause de' l’hor-
rible crime 1
Détail curieux : dans la même maison, en
1897, un drame semblable s’accomplit ; un
nommé Moll tna sa femme et ses qnatri en-
fants, puis se pendit. - >
MEXIQUE
Un Complot avorté contre
te Président Hncrta
Des dépêches parvenues de Mexico appor-
tent la nouvelle de la découverte d’un com-
plot dirigé contre la présidence du général
îluerta. Des mesures rigoureuses ont immé-
diatement été prises pour parer à tonte
éventualité.
Les chefs de la conpiration, arrêtés, ont
été déférés à nne cour martiale aussitôt con-
stituée ; condamnés à mort, ils ont été fusil-
lés sur-le-champ.
On dit qu’un certain nombre d’officiers se
seraient trouvés parmi eux.5
Le village de Santa-Qlara, situé à quelques
kilomètres de Mexico, qui était entre les
mains des rebelles, a été reconquis par les
troupes régulières qui l’occupent. Le brait
ayant couru avec persistance d’an Coup
d Etat à la veille de se produire, toutes les
troupes ont été consignées. Les casernes et
le palais sévèrement gardés. -
D’autre part, une dépêche expédiée à Was-
hington par le Consnt des Etats-Unis à Tam-
pico annonce que les révolutionnaires opè-v'
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.82%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.82%.
- Auteurs similaires Fénoux Hippolyte Fénoux Hippolyte /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Fénoux Hippolyte" or dc.contributor adj "Fénoux Hippolyte")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/8
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k172039v/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k172039v/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k172039v/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k172039v
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k172039v