Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-02-05
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 05 février 1914 05 février 1914
Description : 1914/02/05 (A34,N11871). 1914/02/05 (A34,N11871).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k172036q
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/12/2020
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Le Petit Havre
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Suis lui
Parti, trois heures matin
OËPECHES COMMERCIALES
MITTAUS
LONDRES, 4 Février. Dépêche de 4 h.
TON COU11S IIAUSSB BAISSE
CUIVRE
Comptant. , fe[,m0 166 17/6 • 10/- -/-
8 mois 167 2/6 10/- -/-
ETAIN
Comptant . 1 187 7/6 64/6 -/-
3 mois..... irrê!jU!. £ 188 io/- 60/- -/-
4 FER
Comptant ..1 ferm0 t Si/9 4 d & -/-
3 mois ) i 84/6 6 d -/-
Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse
du 3 février Ui4.
NEW-YORK, 4 FEVRIER
Cotons t mars, hausse 5 points ; mai,
hausse 2 points ; Juillet, hausse 3 points ;
octobre, hausse 5 points. — Soutenu.
Calé» i hausse 8 à 10 points.
NEW-YORK, 4 FÉVRIER
î. «nos! 5, mciiir
Cuivre Standard disp. 14 50 14 75
— mars i. 14 56 14 75
AnialgutMsst. Cap... 77 »/» 77 3/8
Wer 15— 15 —
CHICAGO, 4 FEVRIER
C. 'DE JOUR C. PRRr.Ert
Blé sur Mal,.....N 92 3 4 ' 94 7/8
— Juillet.... -88 1-2 88 3/8
Maïs sur Mai y* 68 3 8 66 1,8
— Juittét.-. y. 61 3.-4 65 »/»
Sàiadoux sur. M ii.. .... 1112 11 —
Juillet.... Il 30 11 17
J. POINCARÉ A L'AMBASSADE DE
TURQUIE
Le Président de la République et Mme
Poincaré ont assisté hier soir au dîner don-
né eu leur honneur par l'ambassadeur de
Turquie.
A LA COMMISSION GE
LÉGISLATION FISCALE
Après une longue discussion, la Commis-
sion de législation fiscale a repoussé : 1° la
proposition de M. Berry qui reprenait en
substance le projetde taxe successorale sur le
capital,déposé par l'ancien cabinet et retire par
M. Caillaux ; 2« le contre-projet deM. Joseph
Denais tendant à ajourner au décès la per-
ception de l'impôt annuel calculé sur le
nombre d’années pendant lesquelles 1 le con-
tribuable aurait joui de la lortune laissée
par lui à ses héritiers.
La Commission a décidé ensnite de pour-
suivre sans interruption i’examen du projet
d’impôt sur ie capital présenté par le gou-
vernement et de siéger les mardi, mercredi
et jeudi.
I— mm
AU CONGRÈS DE LA
FÉDÉRATION RÉPUBLICAINE
Hier soir a eu lieu le banquet de clôture
du Congrès de la Fédération républicaine,
sous la présidence de M. Charles Benoist.
De nombreux députés et sénateurs y ont
assisté.
Au dessert, M. Charles Benoist, après avoir
porté un toast au président de la Républi-
que, a examiné la situation poùtique ac-
tuelle. Puis, il a critiqué le scrutin d'arron-
dissement, ainsi que les méthodes de travail
suivies par les parlementaires. Il a égale-
ment montré qu’il y avait rupture d’équili-
bre entre les institutions politiques et l’état
social.
Il a terminé en examinant quelle devait
être la forme de la lutte que devait entre-
prendre, aux élections prochaines, ta Fédé-
ration républicaine.
Il a engagé tous les républicains à se ral-
lier à la proportionnelle et d’en faire le ter*
rain sur lequel la lutte va s’engager.
L’INCIDENT DE LUNÉVILLE
LUNÉVILLE. — Les officiers allemands ont
quitte la ville à quatre heures, dans une au-
tomobile appartenant à un officier de dra-
gons qui conduisait lui-même.
t Les deux aviateurs qui étaient en tenue,
ont été conduits à la gare frontière d’Avri-
sourt.
Aucun incident ne s’est produit.
L’appareil va être dirigé par chemih de fer
Kir Strasbourg.
L’AVIATION MILITAIRE
VERSAILLES. — L’aviateur Legagneux a
essaye hier, à Viliacoublay, un nouveau mo-
noplan militaire blindé de 80 chevaux à un
passager. L’appare-I est destiné à s’élever
rapidement au dessus des dirigeables et à
faire dc-s observations sans avoir rien à
craindre d’eux.
L’appareil s’élève à mille mètres en quatre
minutes.
CHUTE MORTELLE D’UN OFFICIER
BELFORT. — Un capitaine de la chefftriedu
génie a fait hier une chute de cheval au ma-
nège d’artillerie et s’est tué.
LA DISPARITION DE M. CADIQU
Le cadavre est retrouvé
BREST. — Ou a découvert hier matin le
cadavre de M. Cadiou, directeur de l’usine de
la Grande Patad, disparu mystérieusement
le 1er janvier.
Mrùe Cadiou, qui habite Paris, avait reçu
d une somnambule de Lille des détails telle-
ment précis sur ia mort de son mari qu’elle
avait immédiatement avisé son beau-l'rère,
M. Cadiou, qui habita Brest.
Celui-ci se rendit donc hier matin à Lan-
derneau, et si étrange que le fait puisse pa-
raître, en s’aidant des indications fournies
par la somnambule, il découvrit vers dix
heures du matin le cadavre de son frère en-
foui sous cinq centimètres de terre seule-
ment, dans un chemin creux qui se trouve
à environ trois cents mètres de l’nsine.
Le Parquet immédiatement prévenu se
rendit snr les lieux.
Le cadavre de M. Cadiou portait deux bles-
sures mor;eites ; l’une à la tête et l’autre au
cou. La tête était presque détachée du
tronc.
Un docteur de Brest a procédé à l’autopsie.
Il est d’ores et déjà établi que M. Cadiou a
été attiré dans un guet-apens.
Le procureur de la République a interrogé
de nombreux témoins, mais jusqu’à présent
aucune arrestation n’a été opérée bien que
de graves soupçons pèsent sur une ou deux
personnes.
Une pelle recouverte de débris humains a
été retrouvée dans l’usine.
Enfin, antre détail à noter : l’ancien direc-
teur de la Grande Paiud était encore ganté.
LE RECORD OE LA HAUTEUR
EN AÉROPLANE
CHARTRES. — L’aviatenr II. Garaix a battu
le record de la hauteur détenu par l’alle-
mand Sablating, en s’élevant à 2,§50 mètres
avec cinq passagers.
CONDAMNATION A MORT
CHARTRES — La cour d’assises vient de
conuamner à mort le nommé Jean Rondeau,
ébéniste, qui tua à coups de revolver, en
septembre dernier, sa maîtresse Maria La-
nier qui voulait le quitter.
L’AFFAIRE GERMAIN
Le financier Germain qui n’était poursuivi
que pour infraction à la loi sur les sociétés,
va être également poarsaivi pour escroque-
rie.
Le Parquet pour établir cette nouvelle in-
culpation, s’est basé sur des manoeuvres
frauduleuses dans l’organisation et l’admi-
nistration de la Cote.
FIN DE LA GRÈVE DES
CAPITAINES AU CABOTAGE
DE MARSEILLE
MARSEILLE. — A la suite d’une entrevue
entre lés capitaines au cabotage en grève et
ie Syndicat des armateurs des chalands-re-
merque, une entente est intervenue et les
capitaines ont décidé de reprendre le tra-
vail. »
UN MUR S’ÉCROULE
Seize blessés
SHEFFIELD. — Au cours d’un mâtch de
football, un mur s’est écroulé sur ies specta-
teurs.
De nombreuses personnes ont été ensevelies
sous les décombres.
Seize blessés o. t été transportés à l’hôni-
tai, dans un état grave.
EXPLOIT D’AVIATEUR
L’Auto reçoit une dépêche de Londres an-
nonçant qu’hier apiès-midi, l’aviateur Rey-
ham avec l’aviateur Blackburn, comme pas-
sager, pilotant un biplan de marque anglai-
se, volait à nne hauteur de 4,500 mètres
au-dessus de l’aérodrome de Hernlon quand,
profitant d’un fort vent arrière, il se laissa
transporter en vol plané vers l’aérodro ne
de Broockiand distant d’une trentaine de ki-
lomètres.
L’atterrissage à Broockland s’effectua dans
d excellentes conditions.
Le moteur n’avait pas été remis en mar-
che.
UN AVIATEUR MILITAIRE ALLEMAND
SE TUE
MUNICH. — Un sous-officier aviateur est
tombe d’une hauteur de deux cents mètres
et s’est tué.
LA CRISE MINISTÉRIELLE PORTUGAISE
LISBONNE. — M. de Arriaga, président de la
République, a chargé M. Bernardino Machado
de former le nouveau ministère.
M. Machado a accepté ia mission qui lui
est confiée.
LA RÉVOLUTION PÉRUVIENNE
NEW-YORK. — Selon une dépêche de Lima,
l’attaque du paiais a commencé à 4 h. 4/2 du
matin.
La fusillade a réveillé les habitants qui se
sont précipités dans les rues, en proie à une
grande panique.
Les soldais tiraient des salves en l’air afin
d’empêcher la foule do se masser.
Un civil a été tué par une balle.
Une grande alarme règne en viffe. Pres-
que tous les magasins sont fermés.
Le président Billiaghurst a été conduit* à
Callao ; il sera exilé du Pérou.
LES INONDATIONS AU BRÉSIL
RIO-DE-JANEIRO, — Le gouverneur de Bahia
télégraphie que les inondations ont détruit
de nombreuses localités et dévasté des villes
et des villages ainsi que des champs cul-
tivés.
Les dégâts' sont incalculables.
Plus de mille personnes ont péri.
ON TROUVE
LE PETIT HAVRE à Paris
a ID mis uTSBunoBi
®®8, rue St-Lazare,
(Immeuble di !'HOTEL Tl R SINUS)
UN
liitl IGF riffllre ÜFIJÉ
On raconte que, pendant une crise célè-
bre, les invités de Madame Waldeck-Rous-
►seau lisaient à l’entrée de ses salons la re-
commandation suivante : « On est prié de
n’en pas parier ». Quinze années se sont
écoulées, 1’ « Affaire » appartient désor-
mais à l’histoire, et nos souvenirs de cette
époque troublée, É certains égards héroï-
que, ont dès maintenant la saveur mélan-
colique des choses qui se classent décidé-
ment dans le passé. On peut donc « en
parler », non plus seulement pour polémi-
quer et sc battre, mais pour essayer de
comprendre l’une des plus redoutables cri-
ses morales qui aient ébranlé l’âme fran-
çaise.
C’est ce que vient de faire,, dans un re-
marquable roman, M. Roger Martin du
Gard (î).-Son héros, Jean Barois, d’origine
catholique, a secoué jeune la foi de son
enfance. Son mariage avec une jeune fille
croyante ne suffit pas à le ramener vers
l’Eglise ; il l’exaspère au contraire et le
porte assez vite, à l’heure même où il va
être père, à se séparer en fuit (bien que
sans divorce) de sa femme. La vie commu-
ne lui est intolérable dès l’instant qu’elle
entrave ie libre développement de sa per-
| sonnalité.
C’est l’époque où éclate « l’Affaire ». Il
se jette avec passion dans la bataille, et son
amour de la justice s’accroît encore et s’ir-
rite (on le sent bien) de sa rancune accu-
mulée contre l’Eglise, qui a brisé son
foyer. C’est l’âge héroïque des premiers
dreyfusards, consciences passionnées et
violentes qui savourèrent cette volupté rare
de souffrir pour une idée sous le mépris de
la fouie. Au cospr du petit groupe, bras
droit du sénateur philosophe Marc-Elie
Luce (Seheurer-Kestner ou Zola sans dou-
te), Jean Bârois fonde la revue Le-Semeur,
qui sera pendant la tourniente l’organe
officiel des serviteurs de la justice. Le mi-
lieu est hétérogène, mais le caractère es-
sentiel de ces lutteurs est leur désintéres-
sement : ils regretteront toute leur vie les
joies pures et un peu exclusives de ce
dreyfusisme du début.
Le succès leur sourit, la France se rallie
officiellement à leur point de vue ; Le
Semeur devient une feuiile à grand tirage,
qui est censée exprimer les opinions de la
majorité. Jean Barois "devrait être heureux.
Mais — et c’est ici que le drame se dessine
— le voici qui se sent au contraire, au len-
demain même de la victoire, envahi par une
étrange lassitude et, pour tout dire, par
une invincible désillusion. Les apôtres de
^première heure sont maintenant perdus
dans la foule des arrivistes qui sont venus
au secours de la victoire. L’atmostihère
n’est plus la même : on parlait de princi-
pes, de conscience il s’agit maintenant
d’élections, de placés, de décorations. Ba-
rois assiste tristement, presque eu isolé, à
ia translation des cendres de Zola au Pan-
théon. Marc-Elie Luce ne s’y est pas rendu.
Quelle mélancolie quand, le soir de la cé-
rémonie, les disciples réunis autour du
maître commentent la journée 1 Non, ce
n'était pas ceia que ces purs apôtres avaient
rêvé.
Au fâittou’avaient-ils rêvé ? Jean Barois
et ses anfflP(«omme il serait facile de mettre
des noms véritables !) pensaient naïvement
que leur grand effort de conscience allait
renouveler les conceptions politiques et ies
moeurs électorales du pays. Lisez les livres
de Péguy, de Daniel Halévy, vous trouve-
rez à chaque page cette préoccupation en
quelque sorte mystique. Voici donc le di-
recteur du Semeur qui cherche un program-
me d’avenir.
Or il y a eu dans l’Affaire Dreyfus une
forte et grande idée, à savoir l’impérieuse
nécessité de. ne jamais condamner un inno-
cent. Y a-tril jamais eu une doctrine politi-
que des dreyfusards, je ne'le crois pas.
Celte doctrine, Barois s’épuise en vain à ia
constituer. Vigoureux et net tant qu’il
parle justice, il se débat dans la platitude
dès qu’il essaie de bâtir une doctrine mo-
rale et politique dont la société puisse vi-
vre. L’échec (signalé notamment par Daniel
Halévy)fest évident. C’est le tournantfd’une
génération, et c’est aussi ~ le tournant du
livre. Barois vieillit ; sa confiance dans ses
idées demeure la même ; cependant, dans
un accident de voiture, il se surprend, sous
le coup du péril, à invoquer la Vierge. Le
passé a donc laissé en lui quelque chose de
son empreinte?Il s’en effraie. Et c’est bien
sn effet ie passé qui le ressaisit : il va être
peu à peu repris par les forces, dormantes
nais non éteintes, de sa toute première en-
fance.
Un beau jour sa fille, qu'il connaissait à
)eine, demande à ie revoir. Elle a vingt
ms, et cette jeune affection qu’il escompte
e remplit d’un sentiment de douceur : mais
die veut entrer au couvent, et, en clier-
ihant à connaître ce père inerédule, elle a
leulement entendu éprouver sa propre foi.
,es croyants, paraît-il, ont de ces duretés.
£n même temps que cette désillusion, il en
essent d’autres. Une génération nouvelle
:st apparue depuis l’ «Affaire» : ces jeunes
ie se soucient guère d’intellectualité, ni
l’apostolat, ni de science désintéressée ; ils
néprisent leurs devanciers comme des
(1) Jean Barois, par ROGER MARTIN, du Gard
'(éditions de U^Nouvetle Revue Françaisej._
naïfs; eux, ils veulent «vivre», ils veulent
« agir » ; sans être à proprement parler des
croyants, il leur plaît de se soumettre à
l’hygiène d’une discipline ; ils se procla-
ment catholiques. Isolé désormais de son
temps qui l’a dépassé, isolé de toute famille,
le directeur du Semeur, mal guéri de sou
accident (il faut le dire), finit par 'rejoindre
sa femme. Ce n’est pas par amour, ni par
reniemeiît de lui-même, mais par lassitude.
Au plein de sa force il avait prévu cette
défaite. Si je me désavoue, écrivait-il, cela
ne doit pas compter ! Or il meurt assisté
d’un prêtre. Le malheureux n’a ie plein
bénéfice d’aucune de ses attitudes : il a
renié sa vie de lutteur en l’abandonnant ; il
a annulé la valeur de son retour à la foi en
le désavouant par avance.
Voilà un beau drame moral et qui jette
de lumineuses clartés sur la crise de
| conscience d’upe génération. Disons ce-
pendant que les conclusions de M. Martin
du Gard (dont je ne méconnais pas la légi-
timité) pourraient prêter à des malenten- j
dus, à d-es oemmentaires inexacts. L'au-
teur, qui n’est pas un çatholicisant du
reste, n’a pas Voulu démontrer la faillite de
l’idée dreyfüsiste, mais seulement la fail-
lite des conséquences .politiques que cer-
tains exaltés avaient prétendu en tirer. La
distinction doit être faite, comme quand il
s’agit de là’ Science. Il n’a pas non plus dit
que le catholicisme fût l’aboutissant nor-
mal de la crise morale indiquée : ce peut
être une des solutions de cette crise (des
exemples connus le prouvent), .mais gar-
dons-nous de généraliser.
En réalité, apres quinze années, l'obser-
vateur impartial voit que les premiers
dreyfusards étaient des apôires désinté-
ressés, passionnés de leur doctrine de jus-
tice, capables de souffrir pour elle. Mais
il voit en même temps, que ce n’étaient à
aucun degré des politiques et qu’ils eus-
sent été incapables de toute oeuvre cons-
tructive. Leur tort était du reste de croire
que cé fùt leur devoir d’édifier une so-
ciété nouvelle. Autre avait été leur fonc-
tion : dans linstant qu'ils songeaient à bâ-
tir, ils n’étaiéut déjà plus que des témoins
du passé.
“La contribution de M. Martin du Gard à
l’histoire psychologique de notreépoque est
donc précieuse. Je. ne saurais trop .conseil-
ler la lecture de ce livre, plein de vie et de
talent, à ceux qui se sont passionnés dans
la célèbre bataille,
ANDRÉ SIEGFRIED.
LE PARLEMENT ’
Impressions de Sé&noe
(si wmx nosMuromAsrs waïiccus»)
Paris,! février.
Après d’interminables pourparlers, après
une série d’ajournements plus ou moins jus-
tifiés, la convention franco-monégasque est
enfin venue, ce matin, ea discussion. C’est,
en effet, le 22 juin 1909 que M. Joseph Titiar-
rv. alors la ücinn rlrto
ry, alors president de ia Commission des
douanes, fit adopter par la Chambre un pro-
jet de résolution invitant le gouvernement à
dénoncer les arrangements de 1865 et de
1889, qui avaient donné naissance à des
abus, à des fraudes portant un grave préju-
dice au commerce français.
La nouvehe convention, que la Chambre a
ratifiée ce malin, n’est sam doute pas par-
faite, et les orateurs qui ont pris la parole,
M. Giilette-Arrimondy, M. Thierry, M._ Lai-
roiie, le rapporteur lui-même, M. Henry Si-
rnond, n’oat pas eu de Deiué à en montrer
les lacunes, mais elle offre néanmoins des
avantages indiscutables.
Ces avantagé, M. Thierry les a clairement
mis en lumière et, tout eh formulant les ré-
serves qui s imposaient, tout eu faisant ap-
pel à la vigilance du gouvernement pour
que, par la stricte application des garanties
nouvelles, nos droits et nos intérêts soient
sauvegardés, il a conclu à la ratification de
la convent on.
Le président du Conseil a, dfai!Ienrs, dé-
claré que le champ restait ouvert à des né-
gociations éventuelles et c’est d ans ces con-
ditions que, après le retrait de ia demande
dè renvoi déposée par M. Gillette-ArEmondy,
le projet a été adopté.
Ce vote ayant eu lieu à mains levées, M.
Pourquery de BoLssrin vint, au début de ia
séance de l’après midi, en contester la régu-
lante. A son avis, le projet comportant au
profit de la principauté de Monaco, une sub-
vention dè 400,000, un scrutin était régle-
mentairement nécessaire.
Ce scrutin, ajouta le député de Vaucluse,
pourquoi n’a-t-on pas voulu y procéder ?
Parce que, pour cela,- la présence de 298jtlé-
putés eût été indispensable et que, à la
séance du matin, il n’y en avait pas plus
d’une quarantaine, et avec un droitier M. de
Pomeren, avec deux socialistes MM. Ellen-
Prevot et Mauger ; il qualifia de « scanda-
leux » ces séances matinales auxquelles per-
sonne no vient...
M. Dron, qui présidait, répondit que le
vote à mains levées était parfaitement vala-
ble, puisque aucun crédit n’était directe-
ment engagé et l'incident quelque peu tu-
multueux, fut déclaré clos.
Alors, on revint an projet concernant la
nomination des instituteurs. Ce projet, on
le sait, a pour but d'enlever au préfet le
droit de nomination des instituteurs et des
institutrices pour le confier à l’inspecteur
d’académie, lequel devrait prendre l’avis
d’un comité composé des inspecteurs pri-
maires, des directeurs et directrices des éco-
les normales et des représentants élus des
instituteurs et des institutrices au conseil-
départemental.
• A ce système M. Abel Lefèvre en oppose
un autre.-m fintenant au pretet le droit de
nominalion sur la proposition de l’inspec-
teur d académie, après avis du comité con-
sultatif institué par ie projet.
C’est à ce dernier système que s’est rallié
le ministre de l’instruction publique. Nous
verrons demain si la Chambre ie suivra ou
si elle adoptera la réforme que lai propose
sa commission,
T. H;
CHAMBRE DES DEPOTES
Séances du 4 février
iSéance du matin)
La séance est ouverte à 9 fi. 13, M. ETIENNE
présidé.
La Convention avec Ja Principauté
de Monaco
La Chambre discuté le projet do loi porlant ap-
probation de la convention douanière, signée le
10 avril 1314, entre la France et la principauté de
Monaco.
M. sî&soiv, rapporteur, parle en faveur du pro-
J6t qui met lin aux fraudes qui durent depuis IODÊT-
ternps.
ï L’ensemble du projet est adopté.
La séance est levée à midi lu. ,
(Séance de l’après-midi). g
ai. DRON préside.
La Convention de JVionaco
A propos du procès-verbal dr. la séance du ma-
tin, un incident assézi vif est soulevé par M.
PQUHQUERY DE BOiSSERIPJ.
Lé dernier rappo te que ia convention voiée à
la précédente seançe av< c la principau é de Mona-
co, comporte, eu profit de la principauté, une sub-
vention annuelle de 40.0,000 francs.'
Or, ce projet aurait dû donner lien, réglemen-
tairement, a lin scrutin public, auquel on n’à pas
vouiu procéder. Pourquoi ? Parce qii’un vole ré-
gulier exige la présence réelle de 498 députés.
Or, les députés présents le matin étaient au
nombre de 40.
Les séances du matin sont un scandale, per-
sonne n’y vient.
Ma. DE POMEREU, ELLEN PREVOST et M4U-'
GER : « Ii est intolérable de nous faire siéger pour
les banquettes et de voter des projets importants,
quand ceux qui décident ies séances du matin n’y
^viennent pas. »
La Nomination des Instituteurs
t Cet incident fort vif terminé, oà «borde la dis-
cussion du projet de loi sur la nomination des
insiituteurs.
si. AIJEL I.EFEVRE,. continuant son discours
dans la discussion générale, ,xposo-les raisons
pour lesquelles, à son avis, la nomination des
instituteurs par les préfets ne présente plus les
dangers qu’elle offrait sous le régime de la lof de
1854.
Des circulaires récentes et la loi de 1914 don-
nent aujourd'hui aux instituteurs des garanties
qui doivent les rassurer, surtout si Ton y ajoute
le .Comité consultatif installé par le projet en dé-
bat auprès de l’inspecteur d’académie.
L’action du préfet, dans les conditions où elle
és.t limitée par la loi, ne peut plus être malfai-
sante. Elle peut être Utile à Fécule et bienfaisante
dans certains cas pour la cause de l'ins'iiuteur. N
M PÂTURE», estime que iè retrait de la nomi-
nstion des instituteurs aux préfets constitue un
pr. grès. Mais ce serait, à son avis, un recul de
remettre ia nomination aux Inspecteurs d’acadé-
mie.
LTnspec’eur d’académie n’a pas une indépen-
dance complète vis-a-vis du Préfet.
Si l’on relire la «.ominaiion-eux préfets, on doit
la remettre aux recteurs qui ont une indépendan-
ce suffiisme.
M. ELLEN PRÉVÔT, rapporteur, indique Tes !
points de contact qu’on peut relever entre le
projet de la Commission et ie contre-projet de M. I
Abel Lefèvre.
1 II.constate que l’organisation corporative des !
instituteurs réalise, dans l’ensemble, un pour- I
cenlage d’associés tel qu’aucune autre organisa- |
tion ne peut offrir un exempte semblable.
Un jour viendra où il n’y aura plus qu’une |
Amicale professionnelle par département, grou-
pant la totalité des instituteurs et des institutri-
ces. I
La loi de 1834, qu.i a remis la nomination des
instituteurs aux préfets, était une loi politique. I
A piusi urs reprises, sous ta République," des !
hommes considérables, Bardoux, Jules Ferry, I
Paul Uert ont songé à remettre la noininatiou des I
instituteurs soit à leurs chefs hiérarchiques, soit I
aux recteurs.
Au reste, les préfets eux-mêmes seraient fort
heufqux d'être dessaisis de la nomination des
maîtres de l’enseignement ‘ public, et nombre
d’entre eux se bornent à entériner les proposi-
tions des inspecteurs d'académie.
SI. LE MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
dit quel est son regret du dissentiment qui te sé-
pare provisoirement de la Commission.
Répondant aux exemptes qu’on a invoqués, il
rappelle que Paul Bert demandait, en 1888, la no-
mination des insiituteurs par te préfet.
Au reste, des souvenirs apportes a celte tribune
ce qui résulte, c’esfi que certains hommes qui,
dans l’opposition, insistaient pour la nomination
par les recteurs, ont? sous la charge du pouvoir
e; devant ses réalités, changé d’avis. Et ce sont
des hommes comme Paul Bart, comme Jules
Ferry, de ceux dont l’admirable désintéressement
-fut connu de tous.
Comment, dans ces conditions, s’étonner que le
ministre de l’iosiruction publique soit do leur
dernier avis, surtout si l’on se souvient que lui-
même n’a jamais modifie le sien ?
M. Abel Lefèvre et M. E len Prévôt ont grande-
ment raison d'être d’aecord pour proposer l’heu-
reuse réforme a la faveur de laquelle les instilu- ,
teurs vont collaborer aux travaux de l’autorité qui !
nommera leurs camarades
Mais quelle sera cette autorité ? |
Ea fait, c’est déjà l’inspecteur d’académie qui
nomme les st giaires sortant de l’école normale. 1
Si le nrèfet, déjà ligoilé par tes circulaires de <
1906 et la loi de 1914 ne peut même plus parapher i
ü'hè proposition, qu’arrivera-t-il ?
A l’heure actuelle, l’inspecteur d’académie pro- !
pose et le préfet signe. *
M. LE PRESIDENT DE L.l COMMISSION i II
nomme.
M. LE MINISTRE DE L’INSTRUCTION PUBLI-
QUE : Il peut tout au plus arrêter une nomina-
tion.
’ L’inspecteur d’académie, à l’écart de la politi-
que, connaît son personnel et sa valeur pédago-
gique.
Mais la vie est compliquée : H peut arriver
qu’un instituteur, excellent dans nne commune
et très méritant par lui-même, S’iit impossible
dans telle autre commune pour aes raisons d’en-
tourage ou d’amitié politiques.
Comment l’inspecteur d’acadêmie en sera-t-il
informé.
M. LE RAPPORTEUR : Par l’inspecteur primaire.
si LE MINISTRE répond que ce fonctionnaire
est débordé de besogne administrative.
Et c'est ainsi que, si ie préfet est entièrement
dessaisi, lïnspecteùr d’académie, enfermé dans
son cabinet et mû uniquement par un sentiment
de justice, peut signer une nominalion qu’il re-
grettera le leodi main.
Je suis, dit 1e ministre) autant que tout autre,
hostile aux interventions politiques.
Mais, bien souvent, celles qui s’exercent auprès
des préfets sont provoquées par la nécessité d’a-
paiser oes confliis douloureux qui s’élèvent quel-
quefois entre les municipalités et les insiituteurs,
secrétaires de mairie.
M. TOURVAOE : Ils ne devraient jamais Vôtre.
»i. LE SIINISTRE : Cette interruption s’explique
chez un députe de Paris, qui ignore ies nécessités
des communes rura'es.
Ce sont tes municioaîitês.etnon les instituteurs,
qui ont besoin que ceux-ci soient secrétaires de
m-lrie.
* Et dans ces conflits entre le maire et l’institu-
teur, qui interviendra ?
Est-ce i’inspecteur d’académie, qui ignore tout
des municipalités ? et 1e préfet qui est, lui, le tu
leur des communes, n’esi-ii pas pjus qualifié et
mieux armé ?
Au reste, si c’est l’instituteur, dans ce conflit,
qui a raison et qui doit être défendu, sera-t il plus
ou mieux soutenu -par l'inspecteur d’académie
que par le préfet si c’est sur lui que s’exercent
ces pressions politiques que l’on craint 1
Oa parait compter beaucoup sur 1’imervenlion
et l’appui du Comité consultatif. Mais, au moins
daas les départements importants, ces Comités
ne pourront se réunir chaque fois qu’une nom!-
I nation sera nécessaire.
I «.if® ®inislre conclut en priant la Chambre de n«
] versfveà* * ^6S su^Késlions séduisantes mais sub*
I M. FERDINAND BCISSON, président de la Conv
proposition6^Clare que ta GoüJmissiûa maintient sa
*! s’8Kfi aujourd’hui de savoir si la Chambre v»
mem nîî‘u onArf^m,e,qui a ëté considéré, au mo-
i ou 11 a institue, comme un régime d’ex»
I JA88,! d0!rte, la République a imposé des idée*
J? tolérance qui ont graduellement humanisé ce
I régime et 1 ont rendu supportable. ■ • v-
le projet 06 considération 9u’oa fait valoir contre
I a„?'»nrS -f°ules les administrations, les nomination*
département^) P8r *6 ministre °“ Par le éirecleui
I Pourquoi appliquer une exception au seul nsr-
1 sonnel enseignant ? v
. G s’8f?issait! au moment où on l’a fait, de purger
J êuïoSaiîstes 130801 ܰS mstltuteurs démagogues
I Nous n’en sommes plus là aujourd’hui.
I den?andai» due les insiituteurs soient noîfi-
| més par leurs chefs, on ne revendique pour eux
I aucun privilège. *
[ It convient, sans doute, que le préfet ne de-
meure pas élranger aux affaires de t’enseigne
I c9cnt. Sur ce point, tout 1e monde est d’accord
Ce que demande la Commission,’ c’est qu’on
rasse la différence qui existe partout entre le stt-
tut personnel du fonctionnaire et l’exercice de sa
fonction.
Il n’y a aucune raison de priver de cette garan-
tie les membres du eorps enseignant. C’est pour-
quoi la Commission demande qu’ils soient, cotise-
,üs,les fonctionnaires, nommés par leur»
chefs hiérarchiques. r
! Il faut qu’ils soient soustraite à toutes les in-
fluences politiques qui s’exercent autour du préfet
en matière de nominations. v
HIII difficultés que rencontrent aujourd’hui le*
instituteurs laïques, ne sont plus de l’ordre qu'in-
voquaient Jules Ferry et Paul Bert. Aucune raison
décisive n a ôté produite pour maintenir une ex-
ception qu on a promis de faire cesser depuis 6C
La raison qui retient beaucoup de républicains,
cest que la referme est demandée aüjoùrd?jiui bai
les adversaires des principes républicains. On ne
peut pas teur faire grief de soutenir des doctrines
qte^ ont toujours été celles dd parti républi-
. L'orateur rappelle les paroles .de Jules Ferry :
« Cet état de choses, c’est-à-dire la nomination de*
instituteurs par les préfets,» pu être toléré comme '
une transition et défendu comme un expédient. U
no saurait êtes, par une assemblée républicaine,
consacré comme un principe. " '
La suite de la discussion est renvoyée à cef
après-midi. ^
Séance ce matin.
La séance est levée à 6 h, l/s.
ETiiAMGEH
ANGLETERRE
I Vu discàurs d^ sir Edward Grcy
sue les armements maritimes
| Sir lîdward Grey a prononcé mar-Jj soir, au
I banquet de 1» Chambre de commerce de Manchès-
I ter, un important discours dont voici les princi-
paux passages :.
I Une partie des efforts de la diplomatie
I britannique tendent à obtenir que les mar-
I chés commerciaux r< stent ouverts. En temps
de paix, dans tur pays vivant dans des con-
ditions normales, ia lâche est facile, mais il
I n'en est pas de même au milieu des révoln-
I lions et des troubles intérieurs, comme il
I s’en produit aujourd’hui au Mexique.
I Les débouchés commerciaux de l’Angle-
I terre au Mexique sont ruinés, mais noua n’v
j pouvons rien.
I En Perse, nous pourrions agir ; mais nous
[ avons à considérer la Valeur des débouchés
qui s’offrent et, en même temps, les consé-
quences qu’entraînerait l'envoi d’un data-
I ctiement britannique.
Le principal objet de notre politique étran-
gère cstTe maintien de la paix dans le mon-
de, non pas par manque de courage, non pas
que l'idee de la guerre nous etf-aye, mais
parce que nous sommes pénétrés du senti-
ment que la guerre entraîne forcément des
conséquences désastreuses.
Voilà pourquoi noirs désirons une politi-
que étrangère britannique qui assure la paix
à la Granue-Bretague et au monde.
Un autre fardeau qui entrave l’essor d»
l’industrie, c’est l’énorme accroissement des
dépenses destinées aux armements; mais
TAugteierre ne doit pas supporter ia respon-
sabilité de est accroissement, c’est là une
question européenne.
Les pertes subies par le commerce du Lan*
casliire à la suite des guerres des Balkans
ôtaient inévitables. Les passions étaient vio-
lent s, les forces latentes en jeu étaient ter-
ribles, seule l’interventiosq d’une grande puis-
sance eût pu empêcher le conflit, mais ira
recours à lu force pour maintenir ia paix eût
été une entreprise hasardeuse.
Il iven sera peut être pas toujours ainsi.
Le jour viendra peut-être ou, si une guerre
éclate en Europe entre deux pays, les autre»
pourront se lancer sur> la brèche sans que
ia pureté de leurs intentions soit mise en
doute, comme ceia arrive entre voinns en
cas d’incendie. Mais nous ne sommes pas
encore arrivés à ce point : Les puissances,
en restant unies au cours de ia crise balka-
nique ont rendu le plus grand service qu'il
fûî. en leur pouvoir de rendre.
En toutes circonsiauces au milieu des
crises récentes, là politique balkanique a
tendu non pas à créer, mais à aplanir les
difficultés.
Quant aux questions relatives aux arme-
ments, ja n’ai rien de réconfortant à en
dire. Les lieux communs sur l’accroissement
des dépenses faites pour les armements, sur
l’inutilité qu’il y a à maintenir les force»
navales en état de faire face à toutes las
éventualités ne serviraient à rien. Je préfère
analyser les causes de ces dépenses. C’est
une question bien grave, car elle ne regarde
pas que l’Angleterre, elle intéresse l’Europe
et le monde.
Economiser sur lês dépenses navales mai*
développer les dépenses militaires ne change
guère la situation européenne au point de
vue de l’Angleterre. Pour elle, ia flotte es!
ce que les armées sont pour les autres na-
tions. Si elle dirninoait sa force navale, ie*
autres nations, au lieu de limiter les arme-
ments, en profiteraient pour augmenter le*
leurs.
Elle ne peut pas la diminuer. D’ailtenrs,
es dépenses consacrées par d’autres pays à
à construction de dreadnoughts ne sont pas
provoquées par celles de l’Angleterre.
L’Allemagne suit une ligne de conduit»
:ndépenaânté> . ’’ %.
Si la Fiance, l'Autriche, l'Italie et la Russie
’Onstrdisant des dreadnoughts, ce n’est pas
parce que I’Angieterre en construit elle-
Tsême ; si nom interrompions nos construc-
id/is navales, cela ne changerait rien e(
jourrait nous taire courir do grands risques,
misqu’il n’est pas certain que le reste ds
'Europe nous imiterait.
On protestera au Parlement contre les dS-
icusïs navales, non pas à cause du fardeaa
Àdminislratenr ■ Délégué - Gérant
O. RANDOLET
Adresser tout ce qui concerne l’Administration
à U. 0. UANDOLET
SS, Rne Fontenelle, 85
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LONDRES, 4 Février. Dépêche de 4 h.
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3 mois ) i 84/6 6 d -/-
Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse
du 3 février Ui4.
NEW-YORK, 4 FEVRIER
Cotons t mars, hausse 5 points ; mai,
hausse 2 points ; Juillet, hausse 3 points ;
octobre, hausse 5 points. — Soutenu.
Calé» i hausse 8 à 10 points.
NEW-YORK, 4 FÉVRIER
î. «nos! 5, mciiir
Cuivre Standard disp. 14 50 14 75
— mars i. 14 56 14 75
AnialgutMsst. Cap... 77 »/» 77 3/8
Wer 15— 15 —
CHICAGO, 4 FEVRIER
C. 'DE JOUR C. PRRr.Ert
Blé sur Mal,.....N 92 3 4 ' 94 7/8
— Juillet.... -88 1-2 88 3/8
Maïs sur Mai y* 68 3 8 66 1,8
— Juittét.-. y. 61 3.-4 65 »/»
Sàiadoux sur. M ii.. .... 1112 11 —
Juillet.... Il 30 11 17
J. POINCARÉ A L'AMBASSADE DE
TURQUIE
Le Président de la République et Mme
Poincaré ont assisté hier soir au dîner don-
né eu leur honneur par l'ambassadeur de
Turquie.
A LA COMMISSION GE
LÉGISLATION FISCALE
Après une longue discussion, la Commis-
sion de législation fiscale a repoussé : 1° la
proposition de M. Berry qui reprenait en
substance le projetde taxe successorale sur le
capital,déposé par l'ancien cabinet et retire par
M. Caillaux ; 2« le contre-projet deM. Joseph
Denais tendant à ajourner au décès la per-
ception de l'impôt annuel calculé sur le
nombre d’années pendant lesquelles 1 le con-
tribuable aurait joui de la lortune laissée
par lui à ses héritiers.
La Commission a décidé ensnite de pour-
suivre sans interruption i’examen du projet
d’impôt sur ie capital présenté par le gou-
vernement et de siéger les mardi, mercredi
et jeudi.
I— mm
AU CONGRÈS DE LA
FÉDÉRATION RÉPUBLICAINE
Hier soir a eu lieu le banquet de clôture
du Congrès de la Fédération républicaine,
sous la présidence de M. Charles Benoist.
De nombreux députés et sénateurs y ont
assisté.
Au dessert, M. Charles Benoist, après avoir
porté un toast au président de la Républi-
que, a examiné la situation poùtique ac-
tuelle. Puis, il a critiqué le scrutin d'arron-
dissement, ainsi que les méthodes de travail
suivies par les parlementaires. Il a égale-
ment montré qu’il y avait rupture d’équili-
bre entre les institutions politiques et l’état
social.
Il a terminé en examinant quelle devait
être la forme de la lutte que devait entre-
prendre, aux élections prochaines, ta Fédé-
ration républicaine.
Il a engagé tous les républicains à se ral-
lier à la proportionnelle et d’en faire le ter*
rain sur lequel la lutte va s’engager.
L’INCIDENT DE LUNÉVILLE
LUNÉVILLE. — Les officiers allemands ont
quitte la ville à quatre heures, dans une au-
tomobile appartenant à un officier de dra-
gons qui conduisait lui-même.
t Les deux aviateurs qui étaient en tenue,
ont été conduits à la gare frontière d’Avri-
sourt.
Aucun incident ne s’est produit.
L’appareil va être dirigé par chemih de fer
Kir Strasbourg.
L’AVIATION MILITAIRE
VERSAILLES. — L’aviateur Legagneux a
essaye hier, à Viliacoublay, un nouveau mo-
noplan militaire blindé de 80 chevaux à un
passager. L’appare-I est destiné à s’élever
rapidement au dessus des dirigeables et à
faire dc-s observations sans avoir rien à
craindre d’eux.
L’appareil s’élève à mille mètres en quatre
minutes.
CHUTE MORTELLE D’UN OFFICIER
BELFORT. — Un capitaine de la chefftriedu
génie a fait hier une chute de cheval au ma-
nège d’artillerie et s’est tué.
LA DISPARITION DE M. CADIQU
Le cadavre est retrouvé
BREST. — Ou a découvert hier matin le
cadavre de M. Cadiou, directeur de l’usine de
la Grande Patad, disparu mystérieusement
le 1er janvier.
Mrùe Cadiou, qui habite Paris, avait reçu
d une somnambule de Lille des détails telle-
ment précis sur ia mort de son mari qu’elle
avait immédiatement avisé son beau-l'rère,
M. Cadiou, qui habita Brest.
Celui-ci se rendit donc hier matin à Lan-
derneau, et si étrange que le fait puisse pa-
raître, en s’aidant des indications fournies
par la somnambule, il découvrit vers dix
heures du matin le cadavre de son frère en-
foui sous cinq centimètres de terre seule-
ment, dans un chemin creux qui se trouve
à environ trois cents mètres de l’nsine.
Le Parquet immédiatement prévenu se
rendit snr les lieux.
Le cadavre de M. Cadiou portait deux bles-
sures mor;eites ; l’une à la tête et l’autre au
cou. La tête était presque détachée du
tronc.
Un docteur de Brest a procédé à l’autopsie.
Il est d’ores et déjà établi que M. Cadiou a
été attiré dans un guet-apens.
Le procureur de la République a interrogé
de nombreux témoins, mais jusqu’à présent
aucune arrestation n’a été opérée bien que
de graves soupçons pèsent sur une ou deux
personnes.
Une pelle recouverte de débris humains a
été retrouvée dans l’usine.
Enfin, antre détail à noter : l’ancien direc-
teur de la Grande Paiud était encore ganté.
LE RECORD OE LA HAUTEUR
EN AÉROPLANE
CHARTRES. — L’aviatenr II. Garaix a battu
le record de la hauteur détenu par l’alle-
mand Sablating, en s’élevant à 2,§50 mètres
avec cinq passagers.
CONDAMNATION A MORT
CHARTRES — La cour d’assises vient de
conuamner à mort le nommé Jean Rondeau,
ébéniste, qui tua à coups de revolver, en
septembre dernier, sa maîtresse Maria La-
nier qui voulait le quitter.
L’AFFAIRE GERMAIN
Le financier Germain qui n’était poursuivi
que pour infraction à la loi sur les sociétés,
va être également poarsaivi pour escroque-
rie.
Le Parquet pour établir cette nouvelle in-
culpation, s’est basé sur des manoeuvres
frauduleuses dans l’organisation et l’admi-
nistration de la Cote.
FIN DE LA GRÈVE DES
CAPITAINES AU CABOTAGE
DE MARSEILLE
MARSEILLE. — A la suite d’une entrevue
entre lés capitaines au cabotage en grève et
ie Syndicat des armateurs des chalands-re-
merque, une entente est intervenue et les
capitaines ont décidé de reprendre le tra-
vail. »
UN MUR S’ÉCROULE
Seize blessés
SHEFFIELD. — Au cours d’un mâtch de
football, un mur s’est écroulé sur ies specta-
teurs.
De nombreuses personnes ont été ensevelies
sous les décombres.
Seize blessés o. t été transportés à l’hôni-
tai, dans un état grave.
EXPLOIT D’AVIATEUR
L’Auto reçoit une dépêche de Londres an-
nonçant qu’hier apiès-midi, l’aviateur Rey-
ham avec l’aviateur Blackburn, comme pas-
sager, pilotant un biplan de marque anglai-
se, volait à nne hauteur de 4,500 mètres
au-dessus de l’aérodrome de Hernlon quand,
profitant d’un fort vent arrière, il se laissa
transporter en vol plané vers l’aérodro ne
de Broockiand distant d’une trentaine de ki-
lomètres.
L’atterrissage à Broockland s’effectua dans
d excellentes conditions.
Le moteur n’avait pas été remis en mar-
che.
UN AVIATEUR MILITAIRE ALLEMAND
SE TUE
MUNICH. — Un sous-officier aviateur est
tombe d’une hauteur de deux cents mètres
et s’est tué.
LA CRISE MINISTÉRIELLE PORTUGAISE
LISBONNE. — M. de Arriaga, président de la
République, a chargé M. Bernardino Machado
de former le nouveau ministère.
M. Machado a accepté ia mission qui lui
est confiée.
LA RÉVOLUTION PÉRUVIENNE
NEW-YORK. — Selon une dépêche de Lima,
l’attaque du paiais a commencé à 4 h. 4/2 du
matin.
La fusillade a réveillé les habitants qui se
sont précipités dans les rues, en proie à une
grande panique.
Les soldais tiraient des salves en l’air afin
d’empêcher la foule do se masser.
Un civil a été tué par une balle.
Une grande alarme règne en viffe. Pres-
que tous les magasins sont fermés.
Le président Billiaghurst a été conduit* à
Callao ; il sera exilé du Pérou.
LES INONDATIONS AU BRÉSIL
RIO-DE-JANEIRO, — Le gouverneur de Bahia
télégraphie que les inondations ont détruit
de nombreuses localités et dévasté des villes
et des villages ainsi que des champs cul-
tivés.
Les dégâts' sont incalculables.
Plus de mille personnes ont péri.
ON TROUVE
LE PETIT HAVRE à Paris
a ID mis uTSBunoBi
®®8, rue St-Lazare,
(Immeuble di !'HOTEL Tl R SINUS)
UN
liitl IGF riffllre ÜFIJÉ
On raconte que, pendant une crise célè-
bre, les invités de Madame Waldeck-Rous-
►seau lisaient à l’entrée de ses salons la re-
commandation suivante : « On est prié de
n’en pas parier ». Quinze années se sont
écoulées, 1’ « Affaire » appartient désor-
mais à l’histoire, et nos souvenirs de cette
époque troublée, É certains égards héroï-
que, ont dès maintenant la saveur mélan-
colique des choses qui se classent décidé-
ment dans le passé. On peut donc « en
parler », non plus seulement pour polémi-
quer et sc battre, mais pour essayer de
comprendre l’une des plus redoutables cri-
ses morales qui aient ébranlé l’âme fran-
çaise.
C’est ce que vient de faire,, dans un re-
marquable roman, M. Roger Martin du
Gard (î).-Son héros, Jean Barois, d’origine
catholique, a secoué jeune la foi de son
enfance. Son mariage avec une jeune fille
croyante ne suffit pas à le ramener vers
l’Eglise ; il l’exaspère au contraire et le
porte assez vite, à l’heure même où il va
être père, à se séparer en fuit (bien que
sans divorce) de sa femme. La vie commu-
ne lui est intolérable dès l’instant qu’elle
entrave ie libre développement de sa per-
| sonnalité.
C’est l’époque où éclate « l’Affaire ». Il
se jette avec passion dans la bataille, et son
amour de la justice s’accroît encore et s’ir-
rite (on le sent bien) de sa rancune accu-
mulée contre l’Eglise, qui a brisé son
foyer. C’est l’âge héroïque des premiers
dreyfusards, consciences passionnées et
violentes qui savourèrent cette volupté rare
de souffrir pour une idée sous le mépris de
la fouie. Au cospr du petit groupe, bras
droit du sénateur philosophe Marc-Elie
Luce (Seheurer-Kestner ou Zola sans dou-
te), Jean Bârois fonde la revue Le-Semeur,
qui sera pendant la tourniente l’organe
officiel des serviteurs de la justice. Le mi-
lieu est hétérogène, mais le caractère es-
sentiel de ces lutteurs est leur désintéres-
sement : ils regretteront toute leur vie les
joies pures et un peu exclusives de ce
dreyfusisme du début.
Le succès leur sourit, la France se rallie
officiellement à leur point de vue ; Le
Semeur devient une feuiile à grand tirage,
qui est censée exprimer les opinions de la
majorité. Jean Barois "devrait être heureux.
Mais — et c’est ici que le drame se dessine
— le voici qui se sent au contraire, au len-
demain même de la victoire, envahi par une
étrange lassitude et, pour tout dire, par
une invincible désillusion. Les apôtres de
^première heure sont maintenant perdus
dans la foule des arrivistes qui sont venus
au secours de la victoire. L’atmostihère
n’est plus la même : on parlait de princi-
pes, de conscience il s’agit maintenant
d’élections, de placés, de décorations. Ba-
rois assiste tristement, presque eu isolé, à
ia translation des cendres de Zola au Pan-
théon. Marc-Elie Luce ne s’y est pas rendu.
Quelle mélancolie quand, le soir de la cé-
rémonie, les disciples réunis autour du
maître commentent la journée 1 Non, ce
n'était pas ceia que ces purs apôtres avaient
rêvé.
Au fâittou’avaient-ils rêvé ? Jean Barois
et ses anfflP(«omme il serait facile de mettre
des noms véritables !) pensaient naïvement
que leur grand effort de conscience allait
renouveler les conceptions politiques et ies
moeurs électorales du pays. Lisez les livres
de Péguy, de Daniel Halévy, vous trouve-
rez à chaque page cette préoccupation en
quelque sorte mystique. Voici donc le di-
recteur du Semeur qui cherche un program-
me d’avenir.
Or il y a eu dans l’Affaire Dreyfus une
forte et grande idée, à savoir l’impérieuse
nécessité de. ne jamais condamner un inno-
cent. Y a-tril jamais eu une doctrine politi-
que des dreyfusards, je ne'le crois pas.
Celte doctrine, Barois s’épuise en vain à ia
constituer. Vigoureux et net tant qu’il
parle justice, il se débat dans la platitude
dès qu’il essaie de bâtir une doctrine mo-
rale et politique dont la société puisse vi-
vre. L’échec (signalé notamment par Daniel
Halévy)fest évident. C’est le tournantfd’une
génération, et c’est aussi ~ le tournant du
livre. Barois vieillit ; sa confiance dans ses
idées demeure la même ; cependant, dans
un accident de voiture, il se surprend, sous
le coup du péril, à invoquer la Vierge. Le
passé a donc laissé en lui quelque chose de
son empreinte?Il s’en effraie. Et c’est bien
sn effet ie passé qui le ressaisit : il va être
peu à peu repris par les forces, dormantes
nais non éteintes, de sa toute première en-
fance.
Un beau jour sa fille, qu'il connaissait à
)eine, demande à ie revoir. Elle a vingt
ms, et cette jeune affection qu’il escompte
e remplit d’un sentiment de douceur : mais
die veut entrer au couvent, et, en clier-
ihant à connaître ce père inerédule, elle a
leulement entendu éprouver sa propre foi.
,es croyants, paraît-il, ont de ces duretés.
£n même temps que cette désillusion, il en
essent d’autres. Une génération nouvelle
:st apparue depuis l’ «Affaire» : ces jeunes
ie se soucient guère d’intellectualité, ni
l’apostolat, ni de science désintéressée ; ils
néprisent leurs devanciers comme des
(1) Jean Barois, par ROGER MARTIN, du Gard
'(éditions de U^Nouvetle Revue Françaisej._
naïfs; eux, ils veulent «vivre», ils veulent
« agir » ; sans être à proprement parler des
croyants, il leur plaît de se soumettre à
l’hygiène d’une discipline ; ils se procla-
ment catholiques. Isolé désormais de son
temps qui l’a dépassé, isolé de toute famille,
le directeur du Semeur, mal guéri de sou
accident (il faut le dire), finit par 'rejoindre
sa femme. Ce n’est pas par amour, ni par
reniemeiît de lui-même, mais par lassitude.
Au plein de sa force il avait prévu cette
défaite. Si je me désavoue, écrivait-il, cela
ne doit pas compter ! Or il meurt assisté
d’un prêtre. Le malheureux n’a ie plein
bénéfice d’aucune de ses attitudes : il a
renié sa vie de lutteur en l’abandonnant ; il
a annulé la valeur de son retour à la foi en
le désavouant par avance.
Voilà un beau drame moral et qui jette
de lumineuses clartés sur la crise de
| conscience d’upe génération. Disons ce-
pendant que les conclusions de M. Martin
du Gard (dont je ne méconnais pas la légi-
timité) pourraient prêter à des malenten- j
dus, à d-es oemmentaires inexacts. L'au-
teur, qui n’est pas un çatholicisant du
reste, n’a pas Voulu démontrer la faillite de
l’idée dreyfüsiste, mais seulement la fail-
lite des conséquences .politiques que cer-
tains exaltés avaient prétendu en tirer. La
distinction doit être faite, comme quand il
s’agit de là’ Science. Il n’a pas non plus dit
que le catholicisme fût l’aboutissant nor-
mal de la crise morale indiquée : ce peut
être une des solutions de cette crise (des
exemples connus le prouvent), .mais gar-
dons-nous de généraliser.
En réalité, apres quinze années, l'obser-
vateur impartial voit que les premiers
dreyfusards étaient des apôires désinté-
ressés, passionnés de leur doctrine de jus-
tice, capables de souffrir pour elle. Mais
il voit en même temps, que ce n’étaient à
aucun degré des politiques et qu’ils eus-
sent été incapables de toute oeuvre cons-
tructive. Leur tort était du reste de croire
que cé fùt leur devoir d’édifier une so-
ciété nouvelle. Autre avait été leur fonc-
tion : dans linstant qu'ils songeaient à bâ-
tir, ils n’étaiéut déjà plus que des témoins
du passé.
“La contribution de M. Martin du Gard à
l’histoire psychologique de notreépoque est
donc précieuse. Je. ne saurais trop .conseil-
ler la lecture de ce livre, plein de vie et de
talent, à ceux qui se sont passionnés dans
la célèbre bataille,
ANDRÉ SIEGFRIED.
LE PARLEMENT ’
Impressions de Sé&noe
(si wmx nosMuromAsrs waïiccus»)
Paris,! février.
Après d’interminables pourparlers, après
une série d’ajournements plus ou moins jus-
tifiés, la convention franco-monégasque est
enfin venue, ce matin, ea discussion. C’est,
en effet, le 22 juin 1909 que M. Joseph Titiar-
rv. alors la ücinn rlrto
ry, alors president de ia Commission des
douanes, fit adopter par la Chambre un pro-
jet de résolution invitant le gouvernement à
dénoncer les arrangements de 1865 et de
1889, qui avaient donné naissance à des
abus, à des fraudes portant un grave préju-
dice au commerce français.
La nouvehe convention, que la Chambre a
ratifiée ce malin, n’est sam doute pas par-
faite, et les orateurs qui ont pris la parole,
M. Giilette-Arrimondy, M. Thierry, M._ Lai-
roiie, le rapporteur lui-même, M. Henry Si-
rnond, n’oat pas eu de Deiué à en montrer
les lacunes, mais elle offre néanmoins des
avantages indiscutables.
Ces avantagé, M. Thierry les a clairement
mis en lumière et, tout eh formulant les ré-
serves qui s imposaient, tout eu faisant ap-
pel à la vigilance du gouvernement pour
que, par la stricte application des garanties
nouvelles, nos droits et nos intérêts soient
sauvegardés, il a conclu à la ratification de
la convent on.
Le président du Conseil a, dfai!Ienrs, dé-
claré que le champ restait ouvert à des né-
gociations éventuelles et c’est d ans ces con-
ditions que, après le retrait de ia demande
dè renvoi déposée par M. Gillette-ArEmondy,
le projet a été adopté.
Ce vote ayant eu lieu à mains levées, M.
Pourquery de BoLssrin vint, au début de ia
séance de l’après midi, en contester la régu-
lante. A son avis, le projet comportant au
profit de la principauté de Monaco, une sub-
vention dè 400,000, un scrutin était régle-
mentairement nécessaire.
Ce scrutin, ajouta le député de Vaucluse,
pourquoi n’a-t-on pas voulu y procéder ?
Parce que, pour cela,- la présence de 298jtlé-
putés eût été indispensable et que, à la
séance du matin, il n’y en avait pas plus
d’une quarantaine, et avec un droitier M. de
Pomeren, avec deux socialistes MM. Ellen-
Prevot et Mauger ; il qualifia de « scanda-
leux » ces séances matinales auxquelles per-
sonne no vient...
M. Dron, qui présidait, répondit que le
vote à mains levées était parfaitement vala-
ble, puisque aucun crédit n’était directe-
ment engagé et l'incident quelque peu tu-
multueux, fut déclaré clos.
Alors, on revint an projet concernant la
nomination des instituteurs. Ce projet, on
le sait, a pour but d'enlever au préfet le
droit de nomination des instituteurs et des
institutrices pour le confier à l’inspecteur
d’académie, lequel devrait prendre l’avis
d’un comité composé des inspecteurs pri-
maires, des directeurs et directrices des éco-
les normales et des représentants élus des
instituteurs et des institutrices au conseil-
départemental.
• A ce système M. Abel Lefèvre en oppose
un autre.-m fintenant au pretet le droit de
nominalion sur la proposition de l’inspec-
teur d académie, après avis du comité con-
sultatif institué par ie projet.
C’est à ce dernier système que s’est rallié
le ministre de l’instruction publique. Nous
verrons demain si la Chambre ie suivra ou
si elle adoptera la réforme que lai propose
sa commission,
T. H;
CHAMBRE DES DEPOTES
Séances du 4 février
iSéance du matin)
La séance est ouverte à 9 fi. 13, M. ETIENNE
présidé.
La Convention avec Ja Principauté
de Monaco
La Chambre discuté le projet do loi porlant ap-
probation de la convention douanière, signée le
10 avril 1314, entre la France et la principauté de
Monaco.
M. sî&soiv, rapporteur, parle en faveur du pro-
J6t qui met lin aux fraudes qui durent depuis IODÊT-
ternps.
ï L’ensemble du projet est adopté.
La séance est levée à midi lu. ,
(Séance de l’après-midi). g
ai. DRON préside.
La Convention de JVionaco
A propos du procès-verbal dr. la séance du ma-
tin, un incident assézi vif est soulevé par M.
PQUHQUERY DE BOiSSERIPJ.
Lé dernier rappo te que ia convention voiée à
la précédente seançe av< c la principau é de Mona-
co, comporte, eu profit de la principauté, une sub-
vention annuelle de 40.0,000 francs.'
Or, ce projet aurait dû donner lien, réglemen-
tairement, a lin scrutin public, auquel on n’à pas
vouiu procéder. Pourquoi ? Parce qii’un vole ré-
gulier exige la présence réelle de 498 députés.
Or, les députés présents le matin étaient au
nombre de 40.
Les séances du matin sont un scandale, per-
sonne n’y vient.
Ma. DE POMEREU, ELLEN PREVOST et M4U-'
GER : « Ii est intolérable de nous faire siéger pour
les banquettes et de voter des projets importants,
quand ceux qui décident ies séances du matin n’y
^viennent pas. »
La Nomination des Instituteurs
t Cet incident fort vif terminé, oà «borde la dis-
cussion du projet de loi sur la nomination des
insiituteurs.
si. AIJEL I.EFEVRE,. continuant son discours
dans la discussion générale, ,xposo-les raisons
pour lesquelles, à son avis, la nomination des
instituteurs par les préfets ne présente plus les
dangers qu’elle offrait sous le régime de la lof de
1854.
Des circulaires récentes et la loi de 1914 don-
nent aujourd'hui aux instituteurs des garanties
qui doivent les rassurer, surtout si Ton y ajoute
le .Comité consultatif installé par le projet en dé-
bat auprès de l’inspecteur d’académie.
L’action du préfet, dans les conditions où elle
és.t limitée par la loi, ne peut plus être malfai-
sante. Elle peut être Utile à Fécule et bienfaisante
dans certains cas pour la cause de l'ins'iiuteur. N
M PÂTURE», estime que iè retrait de la nomi-
nstion des instituteurs aux préfets constitue un
pr. grès. Mais ce serait, à son avis, un recul de
remettre ia nomination aux Inspecteurs d’acadé-
mie.
LTnspec’eur d’académie n’a pas une indépen-
dance complète vis-a-vis du Préfet.
Si l’on relire la «.ominaiion-eux préfets, on doit
la remettre aux recteurs qui ont une indépendan-
ce suffiisme.
M. ELLEN PRÉVÔT, rapporteur, indique Tes !
points de contact qu’on peut relever entre le
projet de la Commission et ie contre-projet de M. I
Abel Lefèvre.
1 II.constate que l’organisation corporative des !
instituteurs réalise, dans l’ensemble, un pour- I
cenlage d’associés tel qu’aucune autre organisa- |
tion ne peut offrir un exempte semblable.
Un jour viendra où il n’y aura plus qu’une |
Amicale professionnelle par département, grou-
pant la totalité des instituteurs et des institutri-
ces. I
La loi de 1834, qu.i a remis la nomination des
instituteurs aux préfets, était une loi politique. I
A piusi urs reprises, sous ta République," des !
hommes considérables, Bardoux, Jules Ferry, I
Paul Uert ont songé à remettre la noininatiou des I
instituteurs soit à leurs chefs hiérarchiques, soit I
aux recteurs.
Au reste, les préfets eux-mêmes seraient fort
heufqux d'être dessaisis de la nomination des
maîtres de l’enseignement ‘ public, et nombre
d’entre eux se bornent à entériner les proposi-
tions des inspecteurs d'académie.
SI. LE MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
dit quel est son regret du dissentiment qui te sé-
pare provisoirement de la Commission.
Répondant aux exemptes qu’on a invoqués, il
rappelle que Paul Bert demandait, en 1888, la no-
mination des insiituteurs par te préfet.
Au reste, des souvenirs apportes a celte tribune
ce qui résulte, c’esfi que certains hommes qui,
dans l’opposition, insistaient pour la nomination
par les recteurs, ont? sous la charge du pouvoir
e; devant ses réalités, changé d’avis. Et ce sont
des hommes comme Paul Bart, comme Jules
Ferry, de ceux dont l’admirable désintéressement
-fut connu de tous.
Comment, dans ces conditions, s’étonner que le
ministre de l’iosiruction publique soit do leur
dernier avis, surtout si l’on se souvient que lui-
même n’a jamais modifie le sien ?
M. Abel Lefèvre et M. E len Prévôt ont grande-
ment raison d'être d’aecord pour proposer l’heu-
reuse réforme a la faveur de laquelle les instilu- ,
teurs vont collaborer aux travaux de l’autorité qui !
nommera leurs camarades
Mais quelle sera cette autorité ? |
Ea fait, c’est déjà l’inspecteur d’académie qui
nomme les st giaires sortant de l’école normale. 1
Si le nrèfet, déjà ligoilé par tes circulaires de <
1906 et la loi de 1914 ne peut même plus parapher i
ü'hè proposition, qu’arrivera-t-il ?
A l’heure actuelle, l’inspecteur d’académie pro- !
pose et le préfet signe. *
M. LE PRESIDENT DE L.l COMMISSION i II
nomme.
M. LE MINISTRE DE L’INSTRUCTION PUBLI-
QUE : Il peut tout au plus arrêter une nomina-
tion.
’ L’inspecteur d’académie, à l’écart de la politi-
que, connaît son personnel et sa valeur pédago-
gique.
Mais la vie est compliquée : H peut arriver
qu’un instituteur, excellent dans nne commune
et très méritant par lui-même, S’iit impossible
dans telle autre commune pour aes raisons d’en-
tourage ou d’amitié politiques.
Comment l’inspecteur d’acadêmie en sera-t-il
informé.
M. LE RAPPORTEUR : Par l’inspecteur primaire.
si LE MINISTRE répond que ce fonctionnaire
est débordé de besogne administrative.
Et c'est ainsi que, si ie préfet est entièrement
dessaisi, lïnspecteùr d’académie, enfermé dans
son cabinet et mû uniquement par un sentiment
de justice, peut signer une nominalion qu’il re-
grettera le leodi main.
Je suis, dit 1e ministre) autant que tout autre,
hostile aux interventions politiques.
Mais, bien souvent, celles qui s’exercent auprès
des préfets sont provoquées par la nécessité d’a-
paiser oes confliis douloureux qui s’élèvent quel-
quefois entre les municipalités et les insiituteurs,
secrétaires de mairie.
M. TOURVAOE : Ils ne devraient jamais Vôtre.
»i. LE SIINISTRE : Cette interruption s’explique
chez un députe de Paris, qui ignore ies nécessités
des communes rura'es.
Ce sont tes municioaîitês.etnon les instituteurs,
qui ont besoin que ceux-ci soient secrétaires de
m-lrie.
* Et dans ces conflits entre le maire et l’institu-
teur, qui interviendra ?
Est-ce i’inspecteur d’académie, qui ignore tout
des municipalités ? et 1e préfet qui est, lui, le tu
leur des communes, n’esi-ii pas pjus qualifié et
mieux armé ?
Au reste, si c’est l’instituteur, dans ce conflit,
qui a raison et qui doit être défendu, sera-t il plus
ou mieux soutenu -par l'inspecteur d’académie
que par le préfet si c’est sur lui que s’exercent
ces pressions politiques que l’on craint 1
Oa parait compter beaucoup sur 1’imervenlion
et l’appui du Comité consultatif. Mais, au moins
daas les départements importants, ces Comités
ne pourront se réunir chaque fois qu’une nom!-
I nation sera nécessaire.
I «.if® ®inislre conclut en priant la Chambre de n«
] versfveà* * ^6S su^Késlions séduisantes mais sub*
I M. FERDINAND BCISSON, président de la Conv
proposition6^Clare que ta GoüJmissiûa maintient sa
*! s’8Kfi aujourd’hui de savoir si la Chambre v»
mem nîî‘u onArf^m,e,qui a ëté considéré, au mo-
i ou 11 a institue, comme un régime d’ex»
I JA88,! d0!rte, la République a imposé des idée*
J? tolérance qui ont graduellement humanisé ce
I régime et 1 ont rendu supportable. ■ • v-
le projet 06 considération 9u’oa fait valoir contre
I a„?'»nrS -f°ules les administrations, les nomination*
département^) P8r *6 ministre °“ Par le éirecleui
I Pourquoi appliquer une exception au seul nsr-
1 sonnel enseignant ? v
. G s’8f?issait! au moment où on l’a fait, de purger
J êuïoSaiîstes 130801 ܰS mstltuteurs démagogues
I Nous n’en sommes plus là aujourd’hui.
I den?andai» due les insiituteurs soient noîfi-
| més par leurs chefs, on ne revendique pour eux
I aucun privilège. *
[ It convient, sans doute, que le préfet ne de-
meure pas élranger aux affaires de t’enseigne
I c9cnt. Sur ce point, tout 1e monde est d’accord
Ce que demande la Commission,’ c’est qu’on
rasse la différence qui existe partout entre le stt-
tut personnel du fonctionnaire et l’exercice de sa
fonction.
Il n’y a aucune raison de priver de cette garan-
tie les membres du eorps enseignant. C’est pour-
quoi la Commission demande qu’ils soient, cotise-
,üs,les fonctionnaires, nommés par leur»
chefs hiérarchiques. r
! Il faut qu’ils soient soustraite à toutes les in-
fluences politiques qui s’exercent autour du préfet
en matière de nominations. v
HIII difficultés que rencontrent aujourd’hui le*
instituteurs laïques, ne sont plus de l’ordre qu'in-
voquaient Jules Ferry et Paul Bert. Aucune raison
décisive n a ôté produite pour maintenir une ex-
ception qu on a promis de faire cesser depuis 6C
La raison qui retient beaucoup de républicains,
cest que la referme est demandée aüjoùrd?jiui bai
les adversaires des principes républicains. On ne
peut pas teur faire grief de soutenir des doctrines
qte^ ont toujours été celles dd parti républi-
. L'orateur rappelle les paroles .de Jules Ferry :
« Cet état de choses, c’est-à-dire la nomination de*
instituteurs par les préfets,» pu être toléré comme '
une transition et défendu comme un expédient. U
no saurait êtes, par une assemblée républicaine,
consacré comme un principe. " '
La suite de la discussion est renvoyée à cef
après-midi. ^
Séance ce matin.
La séance est levée à 6 h, l/s.
ETiiAMGEH
ANGLETERRE
I Vu discàurs d^ sir Edward Grcy
sue les armements maritimes
| Sir lîdward Grey a prononcé mar-Jj soir, au
I banquet de 1» Chambre de commerce de Manchès-
I ter, un important discours dont voici les princi-
paux passages :.
I Une partie des efforts de la diplomatie
I britannique tendent à obtenir que les mar-
I chés commerciaux r< stent ouverts. En temps
de paix, dans tur pays vivant dans des con-
ditions normales, ia lâche est facile, mais il
I n'en est pas de même au milieu des révoln-
I lions et des troubles intérieurs, comme il
I s’en produit aujourd’hui au Mexique.
I Les débouchés commerciaux de l’Angle-
I terre au Mexique sont ruinés, mais noua n’v
j pouvons rien.
I En Perse, nous pourrions agir ; mais nous
[ avons à considérer la Valeur des débouchés
qui s’offrent et, en même temps, les consé-
quences qu’entraînerait l'envoi d’un data-
I ctiement britannique.
Le principal objet de notre politique étran-
gère cstTe maintien de la paix dans le mon-
de, non pas par manque de courage, non pas
que l'idee de la guerre nous etf-aye, mais
parce que nous sommes pénétrés du senti-
ment que la guerre entraîne forcément des
conséquences désastreuses.
Voilà pourquoi noirs désirons une politi-
que étrangère britannique qui assure la paix
à la Granue-Bretague et au monde.
Un autre fardeau qui entrave l’essor d»
l’industrie, c’est l’énorme accroissement des
dépenses destinées aux armements; mais
TAugteierre ne doit pas supporter ia respon-
sabilité de est accroissement, c’est là une
question européenne.
Les pertes subies par le commerce du Lan*
casliire à la suite des guerres des Balkans
ôtaient inévitables. Les passions étaient vio-
lent s, les forces latentes en jeu étaient ter-
ribles, seule l’interventiosq d’une grande puis-
sance eût pu empêcher le conflit, mais ira
recours à lu force pour maintenir ia paix eût
été une entreprise hasardeuse.
Il iven sera peut être pas toujours ainsi.
Le jour viendra peut-être ou, si une guerre
éclate en Europe entre deux pays, les autre»
pourront se lancer sur> la brèche sans que
ia pureté de leurs intentions soit mise en
doute, comme ceia arrive entre voinns en
cas d’incendie. Mais nous ne sommes pas
encore arrivés à ce point : Les puissances,
en restant unies au cours de ia crise balka-
nique ont rendu le plus grand service qu'il
fûî. en leur pouvoir de rendre.
En toutes circonsiauces au milieu des
crises récentes, là politique balkanique a
tendu non pas à créer, mais à aplanir les
difficultés.
Quant aux questions relatives aux arme-
ments, ja n’ai rien de réconfortant à en
dire. Les lieux communs sur l’accroissement
des dépenses faites pour les armements, sur
l’inutilité qu’il y a à maintenir les force»
navales en état de faire face à toutes las
éventualités ne serviraient à rien. Je préfère
analyser les causes de ces dépenses. C’est
une question bien grave, car elle ne regarde
pas que l’Angleterre, elle intéresse l’Europe
et le monde.
Economiser sur lês dépenses navales mai*
développer les dépenses militaires ne change
guère la situation européenne au point de
vue de l’Angleterre. Pour elle, ia flotte es!
ce que les armées sont pour les autres na-
tions. Si elle dirninoait sa force navale, ie*
autres nations, au lieu de limiter les arme-
ments, en profiteraient pour augmenter le*
leurs.
Elle ne peut pas la diminuer. D’ailtenrs,
es dépenses consacrées par d’autres pays à
à construction de dreadnoughts ne sont pas
provoquées par celles de l’Angleterre.
L’Allemagne suit une ligne de conduit»
:ndépenaânté> . ’’ %.
Si la Fiance, l'Autriche, l'Italie et la Russie
’Onstrdisant des dreadnoughts, ce n’est pas
parce que I’Angieterre en construit elle-
Tsême ; si nom interrompions nos construc-
id/is navales, cela ne changerait rien e(
jourrait nous taire courir do grands risques,
misqu’il n’est pas certain que le reste ds
'Europe nous imiterait.
On protestera au Parlement contre les dS-
icusïs navales, non pas à cause du fardeaa
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