Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-02-04
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 04 février 1914 04 février 1914
Description : 1914/02/04 (A34,N11870). 1914/02/04 (A34,N11870).
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Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k172035b
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/12/2020
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Le Petit Havre
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DIIIIBI Sue
Paris, trou heures matin
DÉPÊCHES COMMERCIALES
METAUX
LONDRES, 3 Février, Dépêche de 4 h. 30
TON COURS HAUSSR BAISSE
CUIVRE
Comptant. 0#lme *86 5/- -/- -/-
3 mois ! 166 10/- -/- -/-
ETAIN
Comptant . * 184 10/- -/- 15/-
3 mois.,...)Yerme «185 12/6 -/- 17/C
FER
Comptant.. fer|pe « 61/4 y„ -/- l A %
8 mois ) 152/3 -/- -/-
Prix comparés arec ceux de la deuxième Bourse
du 2 février 1U4.
NEW-YORK, S FEVRIER
Cotons t mars, baisse 4 points ; mai,
baisse 4 points ; juillet, baisse 5 points ;
octobre, baisse 4 points. — Soutenu.
Caléa i baisse 9 à 19 points.
NEW-YORK, 8 FEVRIER
i. m ion 4. ntetüHT
Cuivre Standard disp; 14 75 14 75
— mars 14 75 14 75
Ainalgaïuat» Co|>».. 77 3/8 75 7/8
Wer 15 — 15 —
CHICAGO, 8 FÉVRIER
C. DC JOUR C. PRBGED
Blé sur Mai 91 7/8 93 1 î
— Juillet.... 88 3/8 88 5 8
Maïs sur Mai et> t/8 66 6 8
— ..... Juillet.... 65»/» ‘ 65 4/2
Saindoux sur. Mai il — li 05
- Juillet...; 11 17 11 20
HS. POINCARÉ AU BANQUET DE LA
« PLUME ET OE L’ÉPÉE »
Le président de la République a présidé
hier soir le banquet de la Plume et de l’Epée.
Répondant à une allocation de l'amiral
Fournier, président de cette société, il a en-
gagé ses membres à conserve* toujours voi-
sines l’une de l’antre-et toi-jours , prêtes à
soutenir d’un commun accord la pensée
agissante et l'action réfléchie, leur plume et
leur épée, armes jumelles du génie français.
L’INCIDENT DE LUNÉVILLE
NANCY. — Les denx officiers allemands qui
montaient un biplan et qui ont atterri à Lu-
néville, ne sont pas blessés.
L’appareil dont le motet, r a une force de
cent chevaux, s’est complètement brisé à
l'atterrissage.
Il a été démonté par les denx aviateurs
aidés de mécaniciens du 8® d’artillerie et va
être expédié à Metz.
Les deux ofüeiers allemands ont été re-
conduits à 6 heures du soir à la gare fron-
tière d'Avricourt par le générai Varin, com-
mandant la brigade de dragons.
ÉPOUVANTABLE DRAME
DE L’ALCOOLISME
r LE MANS. — Une scène atroce s’est daron-
lée hier après-midi au Mans, Grande-Rue,
dans le logement d’un journalier nommé
Le«*rince.
En proie à nne fureur alcooliqne, Leprin-
ce a tout d’abord frappé sa femme d’un vio-
lent coup de couteau à i’abdoraen, puis il a
voulu tuer sun petit garçon, âgé de 12 ans,
mais, devant les supplications éplorées de
l’enfant, l'alcoolique finit par iâvher son
couteau ; il enferma alors l’enfant auprès de
sa mère qui râlait.
L’eafant réussit à s’échapper au bout de
quatre heures et courut avertir la police.
Mme Le prince est dans an état désespéré.
L’alcoolique a été arrêté.
ÉPIDÉMIE DE FIÈVRE TYPHOÏDE DANS
UNE CASERNE
TOURS. — Un certain nombre de cas de
fièvre typhoïde s’étant déclarés ces temps
derniers â ia 9« compagnie (lu 66e d’infante-
rie, celte compagnie avait été isolée.
Malgré les mesures prises, quatre décès se
sont produits et plusieurs soldats sont dans
an état grave.
DÉSERTEURS ALLEMANDS
NANCY. — Deux uhlans sont arrivés hier à
cheval et en armes à la gendarmerie de fila-
inont, dans la Meurthe-et-Moselle.
* Les autorités de Lunéville ont été immé-
diatement prévenues.
Les deux déserteurs ont déclaré qu’ils
avaient abandonné leur corps à cause des
mauvais traitements qu'ils y subissaient.
AU PARLEMENT D’ALSACE
STRASBOURG. — La deuxième Chambre du
Lmuiag a renvoyé à huitaine sa prochaine
séance pour permettre aux nouveaux mi-
nistres de s’initier aux détails de leurs fonc-
tions ; elle a décidé de provoquer une décla-
ration ministérielle lors de la prochaine
séance, à moins que le gouvernement ne 6e
décide lui-même a faire cette déclaration.
POURSUITES CONTRE LE DESSINATEUR
HANSI
STRASBOURG. — On annonce qne le dessi-
nateur Hansi est poursuivi d’office devant
les tribunaux à cause de son récent ou-
vrage intitulé Mon Village.
On annonce d’autre part que les autorités
militaires ont définitivement retiré les plain-
tes déposées contre certains jonrnanx alsa-
cien s-lorrain s qui avaient rapporté l’in9ulte
faite an drapeau français car le lieutenant
Forstner,
M. VENIZELOS A SAINT-PÉTERSBOURG
SAINT-PÉTERSBOURG. — M. Venizelos a ren-
du visite â M. Kokowizoff, président du Con-
seil.
L’entretien a duré uns heure et demie.
SECOUSSE SISMIQUE
BLIDAH. — Une viole .ce secousse sismique
a été ressentie à i lidau et dans la région.
Une cOBrto panique s’est emparée des in-
digènes, mais on ne signale pas de dégâts.
UNE CHALOUPE SOMBRE
TANGER. — Une chaloupe à vapeur du croi-
seur espagnol Estramadura a sombré hier, à
la suite d’une fausse manoeuvre.
Deux hommes ont été noyés.
ÉTATS-UNIS ET MEXIQUE
WASHINGTON. — Le président Wilson va pu-
blier une ordonnance permettant anx négo-
ciants américains de fournir des armes à qui
bon leur semblera, au Mexique.
LA RÉVOLUTION A HAITI
NEW-YORK. — Suivant une dépêche de
Pert-an-Prince, des partisans du général Za-
mor ont infligé aux Gonaïves une grande dé-
iaite à ceux du sénateur Théodore Dalvimar.
Il y a eu deux cents morts après la ba-
taille.
Le général Zamor s’est proclamé chef du
gouvernement de ia République de Haïti.
tisiiFeügsJglitipes
Conseil des Ministres
Les ministres et sons-secrétaires d’Etat se
sont réunis hier matin en Conseil, à l’Elysée,
seus ia présidence de M. Poincaré.
Les Enfants délinquants
Le garde des sceaux a fait signer par le
président de la République un projet de loi
ayant pour but d’élablir au Tribunal de la
Seine une Chambre spéciale jugeant les en-
fants délinquants.
Le Conseil Supérieur de la Marine
Le mjnistre de la marine a rendu compte
des décisions qui ont été prises par le Con-
seil supérieur de la marine dans sa dernière
séance.
L’Exposition de Lyon
Le ministre du commerce a fait signer un
projet de loi tendant à engager un crédit de
566,009 bancs pour la participation de la
France à l’Exposition internationale urbaine
oe Lyon,
Les Habitations à bon marché
Le ministre du travail a mis le Conseil au
courant des déclarations qu’il a faites à la
Commission du Sénat au sujet des habita-
tions à bon marché.
A la Fédération des Gauches
Le Comité directeur de la Fédération des
Gauches s’est réuni hier matin, rue Saint-
Honoré, 461, sons la présidence successive
de MM. Aristide Briand et Lourtiea.
Le Comité a pris connaissance d’un grandi
nombre de demandes nouvelles d’adhssions
de groupements politiques. Il a notamment
reçu l’adhésion du Comité républicain du
Travail qui comprend 10 sections et 800
membres et dont la délibération est ainsi
conçue :
Considérant qu’il a toujours poursuivi l’union
des petits négociants, industriels, agriculteurs et
travailleurs français sous l’égide de la Républi-
que ;
Considérant que les revendications économiques
du monde du travail ne peuvent êtro réalisées
que dans l’ordre et dans la paix, que la lutte à
soutenir pour la réalisation des réformes doit être
j’oeuvre de tout le parti républicain sans excep-
tion de nuances, mais aussi a l’exclusion des par-
tis de réaction et do révolution ;
Considérant, en outre, que la Fédération des
Gauches en voulant unir toutes tes forces eparses
des républicains fait oeuvre utile et bonne et
qu’en rejetant de son sein tout sectarisme étroit
et tout faux libéralisme capable de faire dévier I
son aciion, elle reste dans la tradition de la démo-
cratie française.
Le Comité républicain du travail donne son
adhésion a la Fédération des gauches et compte
sur elle pour aider à la réalisation des revendica-
tions du commerce, de l’industrie et des travail-
leurs en général et cela par une politique fran-
chement et nettement républicaine.
Le Comité directenr a ensuite statué snr
diverses demandes de réunions. Il a notam-
ment-décidé que MM. Millerand et Klotz se
rendraient à Belfort dans la Dremiëre quin-
zaine de mars.
Le Comité directenr a également décidé
que ses membres assisteraient au bauquet
que le Comité du parti républicain démocra-
tique du 14° arrondissement organise pour
le jeudi 19 février, à huit heures du soir,
sous la présidence de M. Barthou.
Saisi d’un grand nombre de demandes
d’adhésions individuelles, la Comité rappelle
que les citoyens qui veulent adhérer doi-
vent réclamer une feuille d’adhesion, rue
Saint-Honoré, 161, au secrétariat de ia Fédé-
ration. Elle leur est, s’ils le désirent, en-
voyée par la poste. Tontes les cotisations ou
souscriptions seront reçues pai M. Ravier,
trésorier de la Fédération, rue Saint-Hono-
ré, 161.
Nouvelles de la Chambre
L’affaire Poutilof
Le ministre des affaires étrangères a été
entendu parla Commission des affaires étran-
gères sur l’affaire Poutilof. M. Doumergue a
indiqué à ia Commission que cette affaire
n’avait été au début qu’un conflit d’intérêts
privés, et qu’après intervention du gouver-
nement elle avait été réglée au mieux des
intérêts français.
BULLETINMILITÀIRE
Les nouveaux régiments
de cavalerie
Deux nouveaux régiments de cavalerie
(chasseurs) vont être créés. Ces deux régi-
ments tiendront garnison l’un à Bayonne, et
l’autre probablement à Condom (Gers), où la
municipalité a consenti les sacrifices pour
contribuer à la constraction des caserne-
ments nécessaires.
La Politique Française
EN INDO-CHINE
| Le retour en France de notre gouver-
neur général de l’Indo-Chine a ramené l’at-
1 tention sur cette colonie d’Extrême-Orient.
J II y a quelques mois, nous en notions l’essor
J économique et nous disions combien nous
J avions lieu de nous en réjouir. Cependant
I ce résultat, si satisfaisant fût-il, serait
I un faible gage si on relevait des tendances
J séparatistes dans l’élément indigène que
I nous aidons avec générosité.
I Heureusement, là comme aillenrs où le
I Français s’est établi, il s’est développé une
I politique de collaboration loyale et franche.
J Evidemment ce n’a pas été sans heurts. Il a
I fallu pourchasser les pirates et réprimer
I des soulèvements inspirés par des agita-
I teurs professionnels. Mais la masse, con-
I vaincue de notre désintéressement, est ve-
I nue à nous.
I La meilleure preuve n’en est-elle pas
dans ce fait que l’Indo-Chine, entourée de
I peuples instables, a connu une tranquillité
J presque absolue ?
I Et le récent attentat d'Hanoi, dirigé con-
tre nos administrateurs, a permis de consta-
11er le loyalisme de nos protégés. C’est donc
I avec raison que, dans une interview, le
gouverneur général, M. A. Sarraut a dé-
claré ;
« Que ceux qui en doutent veuillent
I bien se donner la peine de comparer avec
un passé récent, avec les événements de
1908, et le trouble général des pays anna-
mites dans cette période !.. .Rien de pareil
cette fois l C’est dans un calme absolu, ré-
tabli pour ainsi dire au lendemain -de l’at-
tentat, que l’action gouvernementale a
poursuivi sa tâche et que la justice a fait
son oeuvre nécessaire. Une longue et scru-
puleuse enquête, poursuivie pendant plus
! de quatre mois, n’a révélé que la culpabi-
lité de quelques dizaines de rebelles, ré-
fractaires depuis toujours à la tutelle fran-
çaise, dont ils ne veulent même pas, de
propos délibéré, chercher à connaître les
bienfaits. Quelques dizaines de coupables
sur 15 millions de sujets, c’est tout de
mêifie un contraste éloquent F
» L’attentat d’Hanoï aura été l’épilogue
d’une conspiration ourdie depuis près de
dix ans. La débâcle de cette conspiration
marque-t-elle la fin de tout acte isolé de
propagande ou de violence ? Il serait ab-
surde de le décréter péremptoirement...
Mais même si quelque nouveau geste de
violence isolée se produisait, il n’aurait
aucune conséquence politique pour nous. »
Le peuple indo-chinois nous apporte son
concours le plus empressé pour étouffer les
agitations anarchiques qui troublent à la
fois notre expansion et sa propre sécurité.
Et son appui n’est pas sans efficacité ; car il
n’est point, entre nos mains, un instru-
ment aveugle, agenouillé à toutes nos vo-
lontés. Il conserve une ‘indépendance qui
éveille son initiative et lui fait rechercher
notre tutelle parce qu’il la sait féconde.
Notre politique indigène a en effet cessé
d’être subordonnée à la convenance de tel
ou tel administrateur. Elle fait partie, d’une
sorte prépondérante, de tout notre organis-
me gouvernemental. Et elle actionne, sans
en excepter un seul, tous les rouages grâce
à quoi lé peuple ariamite sé meut, progres-
se et fait, avec notre bienveillante partici-
pation, figure en Asie.
La conséquence suprême de cette politi-
que d’union a été que les indigènes se sont
rapprochés des colons et que ceux-ci ont,
de leur côté, largement profité de l’apaise-
ment. Les uns et les autres ont, avant'tout,
un égal intérêt à voir augmenter leur sécu-
rité et nulle façon de procéder ne pouvait
mieux y contribuer.
Cette association, qui a permis aux
Annamites de sortir de l’anarchie et à la
Fiance de compter une riche possession, a
certes été d’une réalisation laborieuse. On
a surtout attaqué la représentation indi-
gène. « Les indigénophobes ne tarissent pas
en railleries sur ce sujet, soulignait ces
jours-ci notre confrère’ Le Temps. D’après
eux, pourvu que l’on satisfasse leurs be-
soins économiques, les indigènes se mo-
quent bien d’être représentés. Gomme si la
seule manière de connaître leurs besoins
économiques n’était pas de lès leur deman-
der. »
En tout cas, voici ce qui s’est passé en
Indo-Chine après l’application des réformes
politiques. Au Tonkin, « les électeurs sont
venus aux urnes avec un empressement
inusité... Les représentants de la popula-
tion ont évité de perdre leur temps en des
discussions oiseuses et stériles ; ils ont exa-
miné avec l’attention la plus réfléchie, le
soin le plus méthodique, les questions à
l’ordre du jour et qui touchaient aux inté-
rêts les plus immédiats de la population ». ■
Au Cambodge, « les. délibérations de l’as-
semblée ont permis de constater que les dé-
légués, bien qu’appelés pour la première
fois à délibérer sur des questions d’ordre
général, faisaient preuve d’une intelligence
politique, d’un sens pratique et d’une con-
naissance approfondie, montrant que l’asso-
ciation plus étroite de nos protégés, cam-
bodgiens à la gestion des affaires publiques
n’était ni téméraire ni prématurée ». L’im-
pression a été la même en Annam.
Le résultat confirme d’ailleurs l’excel-
lence de cette, méthode. La population tout
entière s’est mise au travail et les statisti-
ques du commerce de la colonie montrent
quel effort prodigieux elle a fourni. Nous
l’avons déjà signalé ici et nous n’y revien-
drons pas.
Mais, à l’heure où l’Indo-Chine s’apprête
à parachever son oeuvre, nous mentionne-
rons quelles sont ses aspirations. Elle dé-
sire par dessus tout, nous dit-on, la paix et
le recueillement autour de son labeur ré-
fléchi. Et ce n’est pas seulement la quié-
tude intérieure qu’èlle voudrait, mais aussi
la fin des polémiques dont elle est l’objet
dans la Métropole. « Que le bonheur ou la
santé de l’Indo-Chine, dit en son nom le
gouverneur, cessent de servir de thème in-
cessant de controverses à tant de doctrinai-
res coloniaux, ou de sujet de diagnostic à
tant de docteurs, aussi volontaires que re-
doutables l L’Indo-Chine est une saine et
robuste ^personne, qui ne connaît désor-
mais, en fait de malaises ou de crises,
qu’une belle crise de croissance.
* Quand elle réclame un peu de con-
fiance et de paix, ce n’est pas, notez-le
bien, qu’elle entende se soustraire à toute
tutelle prévoyante et judicieuse. Loin de
là I
» Eile demande au contraire qu’on s’in-
téresse régulièrement en France à son
avenir et à son développement. Et surtout
elle désire que le contrôle des pouvoirs
publics, le contrôle attentif et précis du
Parlement demeurent sa protection et sa
sauvegarde précieuses contre les influences
de certaines « chapelles » animées encore
du vieil esprit du « pacte colonial ». Du
contrôle vigilant, sincère, documenté aux
sources véridiques, tant qu’on voudra I
Mais assez des bavardages importuns dont
on a ijarcelé sa vie quotidienne et son
travail ! Elle est en plein labeur de se-
mailles fécondes : qu’on la laisse en paix
creuser son sillon et préparer les moissons
magnifiques de demain. »
Il n’est pas douteux que la Métropole,
toujours fière des services rendus à la civi-
lisation, entendra cet appel. Et, en compen-
sation des sacrifices consentis, eile expri-
mera simplement le voeu que llndo-Chine
se développe dans tous les domaines et
s’enorgueillisse d’être et de rester une des
plus riches et des plus fidèles colonies de
la France.
H. ÏIOLLAÊNDER,
LE PARLEMENT
Impressions de Séance
(DE NOIRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Paris, 3 février.
Aujourd’hui encore, la Chambre s’est of-
fert un de ces menus varié? qu’elle affection-
ne tout particulièrement. Le matin, en guise
d’apéritif, elle a dégusté deux discours sur
l’indigénat, denx moitiés de discours, plutôt,
car M. Cutio/i avait déjà parié longuement
swr ce sqjet dans une des précédentes séan-
ces et M. Lcitaud, gouverneur général de
l’Algérie, désigné par le ministre pour pren-
dre p-trt au débat en qualité de commissaire
du gouvernement, n’a pu remplir aujour-
d’hui qu’une partie de sa tâche.
M. Lutand, qui possède on fort joli talent
oratoire, a défendu avec chaleur l’oeavre
politique et administrative qu’il poursuit
méthodiquement en A’gerie. Lundi matin, le
gouverneur général exposera le programme
de réformes qui, à son avis, doit être accom-
pli dans notre grande colonie africaine.
L’après-midi, le plat de résistance a été
l’élection du vice-président destiné à rem-
placer l’abbé Lemire. Gomme l’autre jour, ia
intre a été circonscrite entre M. Rabier, can-
didat des radicaux-socialistes unifiés et M.
André Lefèvre.
Au premier tour, M. André Lefèvre était
arrivé en tête avec 15 voix de plus que son
concurrent et il ne lui avait manqué que 10
suffrages pour êire élu.
M. Lefèvre s’est encore trouvé le premier
au second tour, mais l’écart entre les deux
adversaires n’était plus que de 7 voix. Faute
de deux voix, M. Lefèvre était encore en bal-
lottage.
On pensait cependant qn’il l’emporterait
an troisième tour, et il l’aurait emporté, en
effet, si le nombre des votants n’avait subi-
tement diminué. Des défections se sont pro-
duites dans les deux camps, moins nom-
breuses toutefois parmi les radicaux-socia-
listes unifiés et, finalement, M. Rabier a
passé à une voix de majorité.
Eutre temps, M. Hubert Ronger a obtenu
du sous-secrétaire d’Etat de ia marine mar-
chande la promesse formelle qu’un projet
de toi serait prochainement déposé pour ré-
parer l’injustice commise, en 1912, envers les
inscrit des canaux du Midi et du Rhône et
l’on a amorce le débat relatif à la nomination
des instituteurs.
Au Luxembourg, après une qnestion rela-
tive aux camps d’instruction, M. Camille
Peiletan a vivement combattu le projet d’im-
pôt sur le revenu que la Commissiuu séna-
toriale a substitué au projet voté par la
Chambre.
Le sénateur des Bouches-du-Rhône achè-
vera son discours à ia séance de jeudi.
T. H.
SENAT
Séance du 3 février
H. AIVTÔNIIV DUBI'ST préside.
Les Camps d’instruction
La parole est A M. LIES HT pour poser une
question au ministre de la guerre.
M. Lebert demande dans quel délai et au moyen
de q-oels crédits le ministre de la guerre compte
procéder a l’organisation des camps d’instruc-
tion.
M. NOULENS répond que la question est A
l’étude, mais qu’il est impossible a son adminis-
tration de faire connaître exactement les projets
pour éviter que l’Etat ne se voie forcé de piyer
les travaux beaucoup plus cher qu’ils ne valent
réellement.
Le Sénat adopte ensuite le projet de loi ten-
dant A modifier la répartition des fonds affectés
aux grands travaux du gaz de la Villo de Paris
_dans la loi de 1812,
L’Impôt sur le Revenu
L’ordre du jour appelle la suite de la discussion
sur l’impôt sur le revenu.
M. CAMILLE PELLETAI* a la parole.
Il déclare que si le projet de la Commission
peut sembler excellent, ce n’est pas son avis. Le
système fiscal organique n’est ni de pr^s, ni de
loin, ce qu’on peut appeler l’impôt sur le revenu.
Il démontre que la déclaration est exigée dans
tous les pays oû l’impôt sur le revenu est en vi-
gueur et il combat le projet de la Commission.
M. PELLETAI* critique longuement les conclu-
sions du rapport de M. Aimond. Il déclare que si
l’on veut réaliser un véritable impôt sur le reve-
nu, 11 faut taxer tous les revenus sans exception
dans les cédoles.
M. CAILLAUX, ministre des fiances : Faites le.
M LE RAPPORTE! R : Nous le ferons. Mais
pour construire tout l’édifice il faudra de longues
années encore, nous avons voulu donner quelque
chose A ce pays dès maintenant.
M. PELLETAI* : C’est une manière curieuse de
faire Une reforme que de la faire volontiers trop
petite.
M. LE RAPPORTEUR : Je vous répondrai avec
de grandes autorités répub icaines.
M.'PELLETAI* : Je cie rappelle la colère qu’a
■ soulevée le cédule des bénéfices agricoles lors-
qu’elle fut votée par la-Chambre ; on nous disait
que c’était un impôt nouveau, on nous prédisait
un soulèvement des campagnes ; on a supprimé
cette cédule.
M. LIVITLIUC : Ce fut la suppression d’une
injustice et la perle nVst que de 7 millions ; c’est
moi qui l’ai demandée.
L’orateur se plaint qu’on n’ait pas assez dégrévé
la pc-Jite propriété rurale.
M. PELLETAI* : J’arrive A ce qu’il y a de princi-
pal dansle.projet de la Commission. A l’impôt
générât sur le revenu, 11 est établi d’après les si-
gnes extérieurs, le loyer, les domestiques, les
voiture* ; il aura pour effet do faire fuir la matière
imposable, c’est l’histoire de tous les impôts qui
ne sont pas l’impôt sur le revenu.
Vous n’au’ez devant vous, qu’un signe très
mensonger, le loyer. Beaucoup seront favorisés
par ce signe en particulier le jeune viveur qui
jette l’argent par les fenêtres, sans avoir de train
de maison. Et d’autre part, l’avare qui restreint
sa vie pour amasser, dur pour lui-même et inu-1
tile aux autres.
M. Tounoiv : Sa déclaration ne serait pas très |
sincère.
M. PELLETAI* : C’est possible, mais elle sera |
contrôlée et il y aura certains risques A ne pas j
être sincère.
M. Peiletan continuera son discours jeudi.
La séance est levée A 5 h. 35.
Séance jeudi.
CHAMBRE DES DÉPUTÉS
Séances du 3 février
(Séance du matin)
La séance est ouverte A 9 h. 15, M.AUGAG.VEUR
préside.
L’indigénat
La Chambre a repris la discussion des interpel-
lations ét du projet de loi sur l’indigénat en Algé-
rie, qu’elle continue chaque semaine le mardi.
EUe a entendu la fin du discours de m. CBTTBLI,
député de Cou staminé, qui n’admet la reconnais-
. sance des droits — ou des pouvoirs — des indi-
gènes arabes qne dans la mesure où, sans vou-
loir se substituer aux droits légitimes des colons,
iis respectent les traditions indigénophiles de la
France,
Puis M. LUTAUD, gouverneur général de l’Algé-
rie, a exposé les vues de l’administration sur
l’iivd igènat.
M. ALBIN ROZET, président de la Commission
des affaires extérieures, a demandé la remise de
ia discussion à lundi matin.
M. THOMSON a vainement demandé la remise
A mardi matin, les députés devant être encore
moins nombreux le lundi matin.
Les dix députés présents ont néanmoins décidé
qu’fi y aurait séance lundi malin pour entendre
ia fin du discours de M. Lutaud.
(Séance de l’après-midi).
La séance est ouverte A 3 h. 15, sous la prési-
dence de M. PAUL DE8CHANEL, président.
Les Inscrits des Canaux du Midi
et du Rhône
M. HUBERT BOUGER a la parole pour dévelop-
per son projet de résolution ainsi conçu r
« La Chambre invite M. le Ministre de la Marine
A prendre sans retard les dispositions nécessaires
pour la conservation de3 droits aequis par les
inscrits de la navigation intérieure ayant bénéficié
du rôle d’équipage avant la loi du 14 juillet 1»Ï8
et le décr--l du 21 septembre 191 s relatif A la révi-
sion des limites de l’inscriptian maritime. »
La législation de 1908 a lésé les droits acquis
d’nn certain nombre d’inscrits; une disposition de
la loi de finances de 19M, en créant une période
transitoire pour l’application de cvtle loi, semblait
avoir réglé la situation à la satisfaction de tous.
Mais des difficultés ont surgi, tant dans l'appti-
cation du reglement d administration publique,
prévu par la loi de 19U, que du fait du mauvais
vouloir des patrons.
Par suite du déplacement du bornage, les ins-
crits des canaux du Midi et du Rhône ont été mis
dans l’impossibilité de continuer leur navigation
et ont perdu te bénéfice de leurs versements. '
Est-il possible que l’Etat s’approprie des som-
mes versées par ces inscrits ? Ce serait un abus
de confiance caractérisé et ia prrte pour ces bra-
ves gens des droits qu’fis avaient A une pension
de retraite. On ne peut leur refuser au moins une
pension proportionnelle.
ai. AJAAI, sons-secrétaire d’Etat A la marine
marchande, répond qu’il a été frappé de la jus-
tesse des réclamations des inscrits auxquels a fait
allusion M. Rouger.
Le décret de 1912 avait incontestablement lésé
des droits acquis.
Un projet de loi avait été préparé pour remé-
dier a cette situation, il s’était heurté jusqu’ici A
l’opposition du contrôle, mais M le ministre des
finances sccepto le projet de loi qui sera prêchai- I
nemem déposé.
M. IIUBERT ROUGER remercie le ministre de
ses déclarations qui lui donnent satisfaction et re-
lire son projet de résolution.
La Nomination des Instituteurs
On aborde la discussion d6 la proposition de
loi présentée par la Commission de l’Enseigne-
ment chargée d’examiner les amendements de M.
Paul Beauregard et plusieurs de ses collègues et
de M. Ellen Prévôt aux projets de loi tendant A
assurer la fréquentation régulière des écoies pu-
bliques ou privées et la défense de fécole laïque
concernan^i.^Jamination nés instituteurs et des
institutrices publics.
si. ABEL LEFEVRE dit que cette proposition de
loi, née d'amendements présentés au cours du
débat sur l’école laïque, soulevé tout le problème
de la nomination des instituteurs.
Il estime qtie, dans l’intérêt même des institu-
teurs, c’est une faute de dessaisir le préfet ; mais
il approuve les autres dispositions du projet.
La collaboration des inspecteurs primaires,
déjA réalisée dans certains départements, est ex-
cellente.
De môme, S'aéjofîiion des représentants élus
des instituteurs apparaît comme une innovation
heureuse.
Mais Torateur estime que le transfert du droit
de nomination du préfet a l’inspecteur d’académie
ne constiiue pas un progrès véritable.
La loi de 4886 décide que le préfet ne peut
nommer l’instituteur qne sous l’autorité du mi-
nistre et sur la présentation de l’inspecteur d’aca-
démie.
La circulaire d'oc’ohre est venue, ensuite, for-
tifier les droits du personnel enseignant, et a en-
touré de garanties la procédure du'déplacement
d’ ffice.
Enfin, une circulaire de M. Guist’hau attribue le
caractère suspensif au recours de l’iasUtuleur de-
vant le ministre.
Election d’un Vice-Président
La discussion est suspendue pour la proclama
üon du scrutiu sur la nominaiion d’un vice-près^
dent (2« lour|. .
PRÉSIDENT fait connaître le résultat dt
es scrutin i
Nombre de votants 404
Ruttetins blancs ou nuis ....... ta
Suffrages exprimes 43a
Majorité absolue ’ ga7
Ont obtenu :
MM. André Lefèvre aas suffrages
Fernand Rabier 218 —
Voix diverses 9
Aucun des candidats n’ayant obtenu la majorité
absolue des suffrages, il y a lieu de procéder à
un troisième tour de scrutin.
Ce scrutin, auquel il est procédé immédiatement»
donne les résultats suivants : *
Nombre de votants 433
Bulletins blancs ou nuis ’. to
Suffrages exprimés 42s
Ont obtenu :
MM. Fernand Rabier....... «t suffrages Elu
André Lefèvre 210
Voix diverses 4 _
Séance ce matin.
La séance est levée A 6 heures.
Les OliÀèaues âe Fanl Déroulède
! I Le corps de Paul Déroulède est arrivé,
comme nous l’avons annoncé, lundi soir, à
1 6 h. 10, à la gare de Lyon, à Paris. Mlle
Jeanne Déroulède, M. Maurice Pallez et M.
Rolland étaient dans le train. Le fourgon
I plombé contenant le cercueil du président
| de la Ligne des Patriotes, a été amené dans
I une chapelle ardente, dans la cour d’entrée
I des messageries.
Le corps a été veillé pendant tonte la nuit
| par une délégation de trente ligueurs. A
I 7 heures, hier matin, le fourgon a été ouvert
I et la bière a été placée sur un catafalque.
Be chaque côté de celui-ci des faisceanx de
I drapeaux ont été placés et deux porte-élen-
1 dards montaient la garde. Sur le cercueil.
I recouvert da drapeau tricolore, de notn-
I breuses gerbes et couronnes avaient été DO.
I sées.
I Quatre chars spéciaux étaient destinés &
I les transporter.
De nombreuses délégations sont rangées
t dans le hall de départ de la gare de Lyon.
I Au moment où le corps a été placé sar le
I char funèbre — dont les quatre angles
I étaient décorés de faisceanx de drapeanx
I la Société i’Algérienne, dont les tambours ei
I les clairons étaient voilés de crêpe, sonna
I « Aux champs ».
| Lentement, le cortège s’ébranla an milieu
d’une foule immense que maintenait un im-
portant service d’ordre assuré par la garda
répnbiicaine et de nombreux agents sous la
I direction de M- Chanot.
[ A 9 h. 1/4, le cortège se forme dans i’or-
| dre suivant :
I Chars do couronnes : drapeau et déîéga-
| tions de la Ligue des Patriotes ; char funô-
I bre ; la famille ; le Comité directeur de ia
Ligue des Patriotes ; les corps éius et corps
constitués ; les Comités de la Ligue des Pa-
triotes ; les Sociétés aisaciennes-lorraines ;
les Vétérans et Combattants de *870-1871 ;
les Jeunes Amis de l’Alsace-Lorraine ; Fédé-
ration des étudiants républicains et étudiants
républicains nationalistes ; Lycéens de Pa-
ris.
Viennent ensuite toutes les autres asso-
ciations et délégations assistant aux obsè-
ques.
Les cordons du poêle sont tenus par le gé-
néral Monard, M. Chassaigne-Goyon, prési- .
dent du Conseil municipal ; MM. Henri La-
vedan, Gaiii, Giuüiier(de Clagay), Tournade,
Le Menuet et Poirier de Narçay.
Derrière le char funèbre, un sous-officier
de chasseurs alpins porte, sur un coussin da
velours noir, et voilées d’on crêpe, les déco-
rations de Déroulède : la croix de la Légion-
d’Honneur et la médaille de 1870.
A neuf heures trente, le convoi quitte la
gare et s’achemine vers là Madeleine par la
rue de Lyon, la plsca de la Bastille, les rues
Saint-Antoine, de Rivoli, la place de la Con-
corde, la rue Royale et le boulevard Maies-
herbes.
Devant la statue de Jeanne d’Arc, place da
Rivoli, tout le monde se découvre, les clai-
rons da cortège se font entendre.
Arrivé sar la place de la Concorde, le cor-
tège défile devant la statue de Strasbourg.
Là, s'élèvent des cris de « Vive ia patrie I
Vive la France l »
A amure qu’on approche de Saint-Angns-
tin, ï’siïluençe grandit. Les abords et jus-
qu'aux degrés de la Madeleine sont noirs de
monde.
Plus compacte encore est la fonîe qui en-
toure Saint-Augustin. Le convoi s’arrête. Le
corps est retiré du corbillard et porté dans
l’église.
A l’issue de la cérémonie, des discours ont
été prononcés par MM. J Sans boeuf; presi-
dent de la Fédération des Sociétés alsacien-
nes-lorraines, Robert de Fiers, au nom de le
Société des Auteurs dramatiques, Marcel Ha-
bert, et Maurice Barrés, de l’Académie Fran-
çaise, ions deux au nom des amis politiques
et personnels :
Rien, dit ce dernier, ne fait plus d’honneur, de-
vant le monde, a la France, que son refus d’ac-
cepter la perte de l'Alsace-Lorraine. Le grand pa-
triote que nous accompagnons vient d’étre, pen-
dant quarante-trois ans, t’incarnaiiou vivante de
notre protestation contre le traité do Francfort.
Nous allons le déposer dans la tombe, mais son
âme reste avec nous. Vive Paul Déroulède ! Viva
l’AIsace-Lorraine ! Vive la France dans son unité
intacte t Nous gardons toutes les espérances dé
celui qui n’a jamais désespéré.
II y a des esprits qui mettent, en discussion les
destinées et le devoir de la France Au lende-
main de <870, nul Français n’avait de doute. Les
soldats prison nera en Allemagne, qui traversaient
la Lorraine pour regagner leurs foyers, nous di-
saient : « Les Prussiens nous ont battus parce
que nous ne les connaissons pas. Maintenant»
nous les connaissons. Avant deux ans, nous aé-
rons notre revanche. » Les hommes d’ètude pro-
clamaient la nécessité d’une réforma intellectuelle
et morale Tout ie monde voyait le but, et pour
l’atteindre sentait ia nécessité de fortifier l’auto-
rité dans l’Etal et d'exiger de l’individu des sacri-
fices en faveur de la patrie. Tout ie inonde ac-
cueillait lus refrains qu’un jeune ofiMer de tu> cos
décor.- sûr le cirunp de bataille, dédiait A l’Espé-
rance ; et la France entière cbantait les Ch >nts dit
ioldat, pareils aux petits poèmes dont les grands
Allemands de 1813 enflammèrent leur nation vain-
cue.
Celte volonté unanime pouvait-elle durer mdé-
îniment ? La France allait-elle accepter d’étre um
Relier uniquement occupé A forger les armes da
a délivrance f L’idée de la revanche, arec tout
:e qu’elle comporte d’abnégation, commença da
nraîlre bien austère et trop propre A contrarier te
lonbeur des individus. Beaucoup se détournèrent
lu but s8crè, s’absorbèrent dans leurs devoirs do-
nestiques et leurs intérêts, et déjà l’on voyait
>oindre chez quelques-uns la doctrine dont nous
murrions périr, ia thèse du renoncement, la
hème de la France se désarmant pour attendrir
0 monde et acceptant de disparaître oour doonpa
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Paris, trou heures matin
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LONDRES, 3 Février, Dépêche de 4 h. 30
TON COURS HAUSSR BAISSE
CUIVRE
Comptant. 0#lme *86 5/- -/- -/-
3 mois ! 166 10/- -/- -/-
ETAIN
Comptant . * 184 10/- -/- 15/-
3 mois.,...)Yerme «185 12/6 -/- 17/C
FER
Comptant.. fer|pe « 61/4 y„ -/- l A %
8 mois ) 152/3 -/- -/-
Prix comparés arec ceux de la deuxième Bourse
du 2 février 1U4.
NEW-YORK, S FEVRIER
Cotons t mars, baisse 4 points ; mai,
baisse 4 points ; juillet, baisse 5 points ;
octobre, baisse 4 points. — Soutenu.
Caléa i baisse 9 à 19 points.
NEW-YORK, 8 FEVRIER
i. m ion 4. ntetüHT
Cuivre Standard disp; 14 75 14 75
— mars 14 75 14 75
Ainalgaïuat» Co|>».. 77 3/8 75 7/8
Wer 15 — 15 —
CHICAGO, 8 FÉVRIER
C. DC JOUR C. PRBGED
Blé sur Mai 91 7/8 93 1 î
— Juillet.... 88 3/8 88 5 8
Maïs sur Mai et> t/8 66 6 8
— ..... Juillet.... 65»/» ‘ 65 4/2
Saindoux sur. Mai il — li 05
- Juillet...; 11 17 11 20
HS. POINCARÉ AU BANQUET DE LA
« PLUME ET OE L’ÉPÉE »
Le président de la République a présidé
hier soir le banquet de la Plume et de l’Epée.
Répondant à une allocation de l'amiral
Fournier, président de cette société, il a en-
gagé ses membres à conserve* toujours voi-
sines l’une de l’antre-et toi-jours , prêtes à
soutenir d’un commun accord la pensée
agissante et l'action réfléchie, leur plume et
leur épée, armes jumelles du génie français.
L’INCIDENT DE LUNÉVILLE
NANCY. — Les denx officiers allemands qui
montaient un biplan et qui ont atterri à Lu-
néville, ne sont pas blessés.
L’appareil dont le motet, r a une force de
cent chevaux, s’est complètement brisé à
l'atterrissage.
Il a été démonté par les denx aviateurs
aidés de mécaniciens du 8® d’artillerie et va
être expédié à Metz.
Les deux ofüeiers allemands ont été re-
conduits à 6 heures du soir à la gare fron-
tière d'Avricourt par le générai Varin, com-
mandant la brigade de dragons.
ÉPOUVANTABLE DRAME
DE L’ALCOOLISME
r LE MANS. — Une scène atroce s’est daron-
lée hier après-midi au Mans, Grande-Rue,
dans le logement d’un journalier nommé
Le«*rince.
En proie à nne fureur alcooliqne, Leprin-
ce a tout d’abord frappé sa femme d’un vio-
lent coup de couteau à i’abdoraen, puis il a
voulu tuer sun petit garçon, âgé de 12 ans,
mais, devant les supplications éplorées de
l’enfant, l'alcoolique finit par iâvher son
couteau ; il enferma alors l’enfant auprès de
sa mère qui râlait.
L’eafant réussit à s’échapper au bout de
quatre heures et courut avertir la police.
Mme Le prince est dans an état désespéré.
L’alcoolique a été arrêté.
ÉPIDÉMIE DE FIÈVRE TYPHOÏDE DANS
UNE CASERNE
TOURS. — Un certain nombre de cas de
fièvre typhoïde s’étant déclarés ces temps
derniers â ia 9« compagnie (lu 66e d’infante-
rie, celte compagnie avait été isolée.
Malgré les mesures prises, quatre décès se
sont produits et plusieurs soldats sont dans
an état grave.
DÉSERTEURS ALLEMANDS
NANCY. — Deux uhlans sont arrivés hier à
cheval et en armes à la gendarmerie de fila-
inont, dans la Meurthe-et-Moselle.
* Les autorités de Lunéville ont été immé-
diatement prévenues.
Les deux déserteurs ont déclaré qu’ils
avaient abandonné leur corps à cause des
mauvais traitements qu'ils y subissaient.
AU PARLEMENT D’ALSACE
STRASBOURG. — La deuxième Chambre du
Lmuiag a renvoyé à huitaine sa prochaine
séance pour permettre aux nouveaux mi-
nistres de s’initier aux détails de leurs fonc-
tions ; elle a décidé de provoquer une décla-
ration ministérielle lors de la prochaine
séance, à moins que le gouvernement ne 6e
décide lui-même a faire cette déclaration.
POURSUITES CONTRE LE DESSINATEUR
HANSI
STRASBOURG. — On annonce qne le dessi-
nateur Hansi est poursuivi d’office devant
les tribunaux à cause de son récent ou-
vrage intitulé Mon Village.
On annonce d’autre part que les autorités
militaires ont définitivement retiré les plain-
tes déposées contre certains jonrnanx alsa-
cien s-lorrain s qui avaient rapporté l’in9ulte
faite an drapeau français car le lieutenant
Forstner,
M. VENIZELOS A SAINT-PÉTERSBOURG
SAINT-PÉTERSBOURG. — M. Venizelos a ren-
du visite â M. Kokowizoff, président du Con-
seil.
L’entretien a duré uns heure et demie.
SECOUSSE SISMIQUE
BLIDAH. — Une viole .ce secousse sismique
a été ressentie à i lidau et dans la région.
Une cOBrto panique s’est emparée des in-
digènes, mais on ne signale pas de dégâts.
UNE CHALOUPE SOMBRE
TANGER. — Une chaloupe à vapeur du croi-
seur espagnol Estramadura a sombré hier, à
la suite d’une fausse manoeuvre.
Deux hommes ont été noyés.
ÉTATS-UNIS ET MEXIQUE
WASHINGTON. — Le président Wilson va pu-
blier une ordonnance permettant anx négo-
ciants américains de fournir des armes à qui
bon leur semblera, au Mexique.
LA RÉVOLUTION A HAITI
NEW-YORK. — Suivant une dépêche de
Pert-an-Prince, des partisans du général Za-
mor ont infligé aux Gonaïves une grande dé-
iaite à ceux du sénateur Théodore Dalvimar.
Il y a eu deux cents morts après la ba-
taille.
Le général Zamor s’est proclamé chef du
gouvernement de ia République de Haïti.
tisiiFeügsJglitipes
Conseil des Ministres
Les ministres et sons-secrétaires d’Etat se
sont réunis hier matin en Conseil, à l’Elysée,
seus ia présidence de M. Poincaré.
Les Enfants délinquants
Le garde des sceaux a fait signer par le
président de la République un projet de loi
ayant pour but d’élablir au Tribunal de la
Seine une Chambre spéciale jugeant les en-
fants délinquants.
Le Conseil Supérieur de la Marine
Le mjnistre de la marine a rendu compte
des décisions qui ont été prises par le Con-
seil supérieur de la marine dans sa dernière
séance.
L’Exposition de Lyon
Le ministre du commerce a fait signer un
projet de loi tendant à engager un crédit de
566,009 bancs pour la participation de la
France à l’Exposition internationale urbaine
oe Lyon,
Les Habitations à bon marché
Le ministre du travail a mis le Conseil au
courant des déclarations qu’il a faites à la
Commission du Sénat au sujet des habita-
tions à bon marché.
A la Fédération des Gauches
Le Comité directeur de la Fédération des
Gauches s’est réuni hier matin, rue Saint-
Honoré, 461, sons la présidence successive
de MM. Aristide Briand et Lourtiea.
Le Comité a pris connaissance d’un grandi
nombre de demandes nouvelles d’adhssions
de groupements politiques. Il a notamment
reçu l’adhésion du Comité républicain du
Travail qui comprend 10 sections et 800
membres et dont la délibération est ainsi
conçue :
Considérant qu’il a toujours poursuivi l’union
des petits négociants, industriels, agriculteurs et
travailleurs français sous l’égide de la Républi-
que ;
Considérant que les revendications économiques
du monde du travail ne peuvent êtro réalisées
que dans l’ordre et dans la paix, que la lutte à
soutenir pour la réalisation des réformes doit être
j’oeuvre de tout le parti républicain sans excep-
tion de nuances, mais aussi a l’exclusion des par-
tis de réaction et do révolution ;
Considérant, en outre, que la Fédération des
Gauches en voulant unir toutes tes forces eparses
des républicains fait oeuvre utile et bonne et
qu’en rejetant de son sein tout sectarisme étroit
et tout faux libéralisme capable de faire dévier I
son aciion, elle reste dans la tradition de la démo-
cratie française.
Le Comité républicain du travail donne son
adhésion a la Fédération des gauches et compte
sur elle pour aider à la réalisation des revendica-
tions du commerce, de l’industrie et des travail-
leurs en général et cela par une politique fran-
chement et nettement républicaine.
Le Comité directenr a ensuite statué snr
diverses demandes de réunions. Il a notam-
ment-décidé que MM. Millerand et Klotz se
rendraient à Belfort dans la Dremiëre quin-
zaine de mars.
Le Comité directenr a également décidé
que ses membres assisteraient au bauquet
que le Comité du parti républicain démocra-
tique du 14° arrondissement organise pour
le jeudi 19 février, à huit heures du soir,
sous la présidence de M. Barthou.
Saisi d’un grand nombre de demandes
d’adhésions individuelles, la Comité rappelle
que les citoyens qui veulent adhérer doi-
vent réclamer une feuille d’adhesion, rue
Saint-Honoré, 161, au secrétariat de ia Fédé-
ration. Elle leur est, s’ils le désirent, en-
voyée par la poste. Tontes les cotisations ou
souscriptions seront reçues pai M. Ravier,
trésorier de la Fédération, rue Saint-Hono-
ré, 161.
Nouvelles de la Chambre
L’affaire Poutilof
Le ministre des affaires étrangères a été
entendu parla Commission des affaires étran-
gères sur l’affaire Poutilof. M. Doumergue a
indiqué à ia Commission que cette affaire
n’avait été au début qu’un conflit d’intérêts
privés, et qu’après intervention du gouver-
nement elle avait été réglée au mieux des
intérêts français.
BULLETINMILITÀIRE
Les nouveaux régiments
de cavalerie
Deux nouveaux régiments de cavalerie
(chasseurs) vont être créés. Ces deux régi-
ments tiendront garnison l’un à Bayonne, et
l’autre probablement à Condom (Gers), où la
municipalité a consenti les sacrifices pour
contribuer à la constraction des caserne-
ments nécessaires.
La Politique Française
EN INDO-CHINE
| Le retour en France de notre gouver-
neur général de l’Indo-Chine a ramené l’at-
1 tention sur cette colonie d’Extrême-Orient.
J II y a quelques mois, nous en notions l’essor
J économique et nous disions combien nous
J avions lieu de nous en réjouir. Cependant
I ce résultat, si satisfaisant fût-il, serait
I un faible gage si on relevait des tendances
J séparatistes dans l’élément indigène que
I nous aidons avec générosité.
I Heureusement, là comme aillenrs où le
I Français s’est établi, il s’est développé une
I politique de collaboration loyale et franche.
J Evidemment ce n’a pas été sans heurts. Il a
I fallu pourchasser les pirates et réprimer
I des soulèvements inspirés par des agita-
I teurs professionnels. Mais la masse, con-
I vaincue de notre désintéressement, est ve-
I nue à nous.
I La meilleure preuve n’en est-elle pas
dans ce fait que l’Indo-Chine, entourée de
I peuples instables, a connu une tranquillité
J presque absolue ?
I Et le récent attentat d'Hanoi, dirigé con-
tre nos administrateurs, a permis de consta-
11er le loyalisme de nos protégés. C’est donc
I avec raison que, dans une interview, le
gouverneur général, M. A. Sarraut a dé-
claré ;
« Que ceux qui en doutent veuillent
I bien se donner la peine de comparer avec
un passé récent, avec les événements de
1908, et le trouble général des pays anna-
mites dans cette période !.. .Rien de pareil
cette fois l C’est dans un calme absolu, ré-
tabli pour ainsi dire au lendemain -de l’at-
tentat, que l’action gouvernementale a
poursuivi sa tâche et que la justice a fait
son oeuvre nécessaire. Une longue et scru-
puleuse enquête, poursuivie pendant plus
! de quatre mois, n’a révélé que la culpabi-
lité de quelques dizaines de rebelles, ré-
fractaires depuis toujours à la tutelle fran-
çaise, dont ils ne veulent même pas, de
propos délibéré, chercher à connaître les
bienfaits. Quelques dizaines de coupables
sur 15 millions de sujets, c’est tout de
mêifie un contraste éloquent F
» L’attentat d’Hanoï aura été l’épilogue
d’une conspiration ourdie depuis près de
dix ans. La débâcle de cette conspiration
marque-t-elle la fin de tout acte isolé de
propagande ou de violence ? Il serait ab-
surde de le décréter péremptoirement...
Mais même si quelque nouveau geste de
violence isolée se produisait, il n’aurait
aucune conséquence politique pour nous. »
Le peuple indo-chinois nous apporte son
concours le plus empressé pour étouffer les
agitations anarchiques qui troublent à la
fois notre expansion et sa propre sécurité.
Et son appui n’est pas sans efficacité ; car il
n’est point, entre nos mains, un instru-
ment aveugle, agenouillé à toutes nos vo-
lontés. Il conserve une ‘indépendance qui
éveille son initiative et lui fait rechercher
notre tutelle parce qu’il la sait féconde.
Notre politique indigène a en effet cessé
d’être subordonnée à la convenance de tel
ou tel administrateur. Elle fait partie, d’une
sorte prépondérante, de tout notre organis-
me gouvernemental. Et elle actionne, sans
en excepter un seul, tous les rouages grâce
à quoi lé peuple ariamite sé meut, progres-
se et fait, avec notre bienveillante partici-
pation, figure en Asie.
La conséquence suprême de cette politi-
que d’union a été que les indigènes se sont
rapprochés des colons et que ceux-ci ont,
de leur côté, largement profité de l’apaise-
ment. Les uns et les autres ont, avant'tout,
un égal intérêt à voir augmenter leur sécu-
rité et nulle façon de procéder ne pouvait
mieux y contribuer.
Cette association, qui a permis aux
Annamites de sortir de l’anarchie et à la
Fiance de compter une riche possession, a
certes été d’une réalisation laborieuse. On
a surtout attaqué la représentation indi-
gène. « Les indigénophobes ne tarissent pas
en railleries sur ce sujet, soulignait ces
jours-ci notre confrère’ Le Temps. D’après
eux, pourvu que l’on satisfasse leurs be-
soins économiques, les indigènes se mo-
quent bien d’être représentés. Gomme si la
seule manière de connaître leurs besoins
économiques n’était pas de lès leur deman-
der. »
En tout cas, voici ce qui s’est passé en
Indo-Chine après l’application des réformes
politiques. Au Tonkin, « les électeurs sont
venus aux urnes avec un empressement
inusité... Les représentants de la popula-
tion ont évité de perdre leur temps en des
discussions oiseuses et stériles ; ils ont exa-
miné avec l’attention la plus réfléchie, le
soin le plus méthodique, les questions à
l’ordre du jour et qui touchaient aux inté-
rêts les plus immédiats de la population ». ■
Au Cambodge, « les. délibérations de l’as-
semblée ont permis de constater que les dé-
légués, bien qu’appelés pour la première
fois à délibérer sur des questions d’ordre
général, faisaient preuve d’une intelligence
politique, d’un sens pratique et d’une con-
naissance approfondie, montrant que l’asso-
ciation plus étroite de nos protégés, cam-
bodgiens à la gestion des affaires publiques
n’était ni téméraire ni prématurée ». L’im-
pression a été la même en Annam.
Le résultat confirme d’ailleurs l’excel-
lence de cette, méthode. La population tout
entière s’est mise au travail et les statisti-
ques du commerce de la colonie montrent
quel effort prodigieux elle a fourni. Nous
l’avons déjà signalé ici et nous n’y revien-
drons pas.
Mais, à l’heure où l’Indo-Chine s’apprête
à parachever son oeuvre, nous mentionne-
rons quelles sont ses aspirations. Elle dé-
sire par dessus tout, nous dit-on, la paix et
le recueillement autour de son labeur ré-
fléchi. Et ce n’est pas seulement la quié-
tude intérieure qu’èlle voudrait, mais aussi
la fin des polémiques dont elle est l’objet
dans la Métropole. « Que le bonheur ou la
santé de l’Indo-Chine, dit en son nom le
gouverneur, cessent de servir de thème in-
cessant de controverses à tant de doctrinai-
res coloniaux, ou de sujet de diagnostic à
tant de docteurs, aussi volontaires que re-
doutables l L’Indo-Chine est une saine et
robuste ^personne, qui ne connaît désor-
mais, en fait de malaises ou de crises,
qu’une belle crise de croissance.
* Quand elle réclame un peu de con-
fiance et de paix, ce n’est pas, notez-le
bien, qu’elle entende se soustraire à toute
tutelle prévoyante et judicieuse. Loin de
là I
» Eile demande au contraire qu’on s’in-
téresse régulièrement en France à son
avenir et à son développement. Et surtout
elle désire que le contrôle des pouvoirs
publics, le contrôle attentif et précis du
Parlement demeurent sa protection et sa
sauvegarde précieuses contre les influences
de certaines « chapelles » animées encore
du vieil esprit du « pacte colonial ». Du
contrôle vigilant, sincère, documenté aux
sources véridiques, tant qu’on voudra I
Mais assez des bavardages importuns dont
on a ijarcelé sa vie quotidienne et son
travail ! Elle est en plein labeur de se-
mailles fécondes : qu’on la laisse en paix
creuser son sillon et préparer les moissons
magnifiques de demain. »
Il n’est pas douteux que la Métropole,
toujours fière des services rendus à la civi-
lisation, entendra cet appel. Et, en compen-
sation des sacrifices consentis, eile expri-
mera simplement le voeu que llndo-Chine
se développe dans tous les domaines et
s’enorgueillisse d’être et de rester une des
plus riches et des plus fidèles colonies de
la France.
H. ÏIOLLAÊNDER,
LE PARLEMENT
Impressions de Séance
(DE NOIRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Paris, 3 février.
Aujourd’hui encore, la Chambre s’est of-
fert un de ces menus varié? qu’elle affection-
ne tout particulièrement. Le matin, en guise
d’apéritif, elle a dégusté deux discours sur
l’indigénat, denx moitiés de discours, plutôt,
car M. Cutio/i avait déjà parié longuement
swr ce sqjet dans une des précédentes séan-
ces et M. Lcitaud, gouverneur général de
l’Algérie, désigné par le ministre pour pren-
dre p-trt au débat en qualité de commissaire
du gouvernement, n’a pu remplir aujour-
d’hui qu’une partie de sa tâche.
M. Lutand, qui possède on fort joli talent
oratoire, a défendu avec chaleur l’oeavre
politique et administrative qu’il poursuit
méthodiquement en A’gerie. Lundi matin, le
gouverneur général exposera le programme
de réformes qui, à son avis, doit être accom-
pli dans notre grande colonie africaine.
L’après-midi, le plat de résistance a été
l’élection du vice-président destiné à rem-
placer l’abbé Lemire. Gomme l’autre jour, ia
intre a été circonscrite entre M. Rabier, can-
didat des radicaux-socialistes unifiés et M.
André Lefèvre.
Au premier tour, M. André Lefèvre était
arrivé en tête avec 15 voix de plus que son
concurrent et il ne lui avait manqué que 10
suffrages pour êire élu.
M. Lefèvre s’est encore trouvé le premier
au second tour, mais l’écart entre les deux
adversaires n’était plus que de 7 voix. Faute
de deux voix, M. Lefèvre était encore en bal-
lottage.
On pensait cependant qn’il l’emporterait
an troisième tour, et il l’aurait emporté, en
effet, si le nombre des votants n’avait subi-
tement diminué. Des défections se sont pro-
duites dans les deux camps, moins nom-
breuses toutefois parmi les radicaux-socia-
listes unifiés et, finalement, M. Rabier a
passé à une voix de majorité.
Eutre temps, M. Hubert Ronger a obtenu
du sous-secrétaire d’Etat de ia marine mar-
chande la promesse formelle qu’un projet
de toi serait prochainement déposé pour ré-
parer l’injustice commise, en 1912, envers les
inscrit des canaux du Midi et du Rhône et
l’on a amorce le débat relatif à la nomination
des instituteurs.
Au Luxembourg, après une qnestion rela-
tive aux camps d’instruction, M. Camille
Peiletan a vivement combattu le projet d’im-
pôt sur le revenu que la Commissiuu séna-
toriale a substitué au projet voté par la
Chambre.
Le sénateur des Bouches-du-Rhône achè-
vera son discours à ia séance de jeudi.
T. H.
SENAT
Séance du 3 février
H. AIVTÔNIIV DUBI'ST préside.
Les Camps d’instruction
La parole est A M. LIES HT pour poser une
question au ministre de la guerre.
M. Lebert demande dans quel délai et au moyen
de q-oels crédits le ministre de la guerre compte
procéder a l’organisation des camps d’instruc-
tion.
M. NOULENS répond que la question est A
l’étude, mais qu’il est impossible a son adminis-
tration de faire connaître exactement les projets
pour éviter que l’Etat ne se voie forcé de piyer
les travaux beaucoup plus cher qu’ils ne valent
réellement.
Le Sénat adopte ensuite le projet de loi ten-
dant A modifier la répartition des fonds affectés
aux grands travaux du gaz de la Villo de Paris
_dans la loi de 1812,
L’Impôt sur le Revenu
L’ordre du jour appelle la suite de la discussion
sur l’impôt sur le revenu.
M. CAMILLE PELLETAI* a la parole.
Il déclare que si le projet de la Commission
peut sembler excellent, ce n’est pas son avis. Le
système fiscal organique n’est ni de pr^s, ni de
loin, ce qu’on peut appeler l’impôt sur le revenu.
Il démontre que la déclaration est exigée dans
tous les pays oû l’impôt sur le revenu est en vi-
gueur et il combat le projet de la Commission.
M. PELLETAI* critique longuement les conclu-
sions du rapport de M. Aimond. Il déclare que si
l’on veut réaliser un véritable impôt sur le reve-
nu, 11 faut taxer tous les revenus sans exception
dans les cédoles.
M. CAILLAUX, ministre des fiances : Faites le.
M LE RAPPORTE! R : Nous le ferons. Mais
pour construire tout l’édifice il faudra de longues
années encore, nous avons voulu donner quelque
chose A ce pays dès maintenant.
M. PELLETAI* : C’est une manière curieuse de
faire Une reforme que de la faire volontiers trop
petite.
M. LE RAPPORTEUR : Je vous répondrai avec
de grandes autorités répub icaines.
M.'PELLETAI* : Je cie rappelle la colère qu’a
■ soulevée le cédule des bénéfices agricoles lors-
qu’elle fut votée par la-Chambre ; on nous disait
que c’était un impôt nouveau, on nous prédisait
un soulèvement des campagnes ; on a supprimé
cette cédule.
M. LIVITLIUC : Ce fut la suppression d’une
injustice et la perle nVst que de 7 millions ; c’est
moi qui l’ai demandée.
L’orateur se plaint qu’on n’ait pas assez dégrévé
la pc-Jite propriété rurale.
M. PELLETAI* : J’arrive A ce qu’il y a de princi-
pal dansle.projet de la Commission. A l’impôt
générât sur le revenu, 11 est établi d’après les si-
gnes extérieurs, le loyer, les domestiques, les
voiture* ; il aura pour effet do faire fuir la matière
imposable, c’est l’histoire de tous les impôts qui
ne sont pas l’impôt sur le revenu.
Vous n’au’ez devant vous, qu’un signe très
mensonger, le loyer. Beaucoup seront favorisés
par ce signe en particulier le jeune viveur qui
jette l’argent par les fenêtres, sans avoir de train
de maison. Et d’autre part, l’avare qui restreint
sa vie pour amasser, dur pour lui-même et inu-1
tile aux autres.
M. Tounoiv : Sa déclaration ne serait pas très |
sincère.
M. PELLETAI* : C’est possible, mais elle sera |
contrôlée et il y aura certains risques A ne pas j
être sincère.
M. Peiletan continuera son discours jeudi.
La séance est levée A 5 h. 35.
Séance jeudi.
CHAMBRE DES DÉPUTÉS
Séances du 3 février
(Séance du matin)
La séance est ouverte A 9 h. 15, M.AUGAG.VEUR
préside.
L’indigénat
La Chambre a repris la discussion des interpel-
lations ét du projet de loi sur l’indigénat en Algé-
rie, qu’elle continue chaque semaine le mardi.
EUe a entendu la fin du discours de m. CBTTBLI,
député de Cou staminé, qui n’admet la reconnais-
. sance des droits — ou des pouvoirs — des indi-
gènes arabes qne dans la mesure où, sans vou-
loir se substituer aux droits légitimes des colons,
iis respectent les traditions indigénophiles de la
France,
Puis M. LUTAUD, gouverneur général de l’Algé-
rie, a exposé les vues de l’administration sur
l’iivd igènat.
M. ALBIN ROZET, président de la Commission
des affaires extérieures, a demandé la remise de
ia discussion à lundi matin.
M. THOMSON a vainement demandé la remise
A mardi matin, les députés devant être encore
moins nombreux le lundi matin.
Les dix députés présents ont néanmoins décidé
qu’fi y aurait séance lundi malin pour entendre
ia fin du discours de M. Lutaud.
(Séance de l’après-midi).
La séance est ouverte A 3 h. 15, sous la prési-
dence de M. PAUL DE8CHANEL, président.
Les Inscrits des Canaux du Midi
et du Rhône
M. HUBERT BOUGER a la parole pour dévelop-
per son projet de résolution ainsi conçu r
« La Chambre invite M. le Ministre de la Marine
A prendre sans retard les dispositions nécessaires
pour la conservation de3 droits aequis par les
inscrits de la navigation intérieure ayant bénéficié
du rôle d’équipage avant la loi du 14 juillet 1»Ï8
et le décr--l du 21 septembre 191 s relatif A la révi-
sion des limites de l’inscriptian maritime. »
La législation de 1908 a lésé les droits acquis
d’nn certain nombre d’inscrits; une disposition de
la loi de finances de 19M, en créant une période
transitoire pour l’application de cvtle loi, semblait
avoir réglé la situation à la satisfaction de tous.
Mais des difficultés ont surgi, tant dans l'appti-
cation du reglement d administration publique,
prévu par la loi de 19U, que du fait du mauvais
vouloir des patrons.
Par suite du déplacement du bornage, les ins-
crits des canaux du Midi et du Rhône ont été mis
dans l’impossibilité de continuer leur navigation
et ont perdu te bénéfice de leurs versements. '
Est-il possible que l’Etat s’approprie des som-
mes versées par ces inscrits ? Ce serait un abus
de confiance caractérisé et ia prrte pour ces bra-
ves gens des droits qu’fis avaient A une pension
de retraite. On ne peut leur refuser au moins une
pension proportionnelle.
ai. AJAAI, sons-secrétaire d’Etat A la marine
marchande, répond qu’il a été frappé de la jus-
tesse des réclamations des inscrits auxquels a fait
allusion M. Rouger.
Le décret de 1912 avait incontestablement lésé
des droits acquis.
Un projet de loi avait été préparé pour remé-
dier a cette situation, il s’était heurté jusqu’ici A
l’opposition du contrôle, mais M le ministre des
finances sccepto le projet de loi qui sera prêchai- I
nemem déposé.
M. IIUBERT ROUGER remercie le ministre de
ses déclarations qui lui donnent satisfaction et re-
lire son projet de résolution.
La Nomination des Instituteurs
On aborde la discussion d6 la proposition de
loi présentée par la Commission de l’Enseigne-
ment chargée d’examiner les amendements de M.
Paul Beauregard et plusieurs de ses collègues et
de M. Ellen Prévôt aux projets de loi tendant A
assurer la fréquentation régulière des écoies pu-
bliques ou privées et la défense de fécole laïque
concernan^i.^Jamination nés instituteurs et des
institutrices publics.
si. ABEL LEFEVRE dit que cette proposition de
loi, née d'amendements présentés au cours du
débat sur l’école laïque, soulevé tout le problème
de la nomination des instituteurs.
Il estime qtie, dans l’intérêt même des institu-
teurs, c’est une faute de dessaisir le préfet ; mais
il approuve les autres dispositions du projet.
La collaboration des inspecteurs primaires,
déjA réalisée dans certains départements, est ex-
cellente.
De môme, S'aéjofîiion des représentants élus
des instituteurs apparaît comme une innovation
heureuse.
Mais Torateur estime que le transfert du droit
de nomination du préfet a l’inspecteur d’académie
ne constiiue pas un progrès véritable.
La loi de 4886 décide que le préfet ne peut
nommer l’instituteur qne sous l’autorité du mi-
nistre et sur la présentation de l’inspecteur d’aca-
démie.
La circulaire d'oc’ohre est venue, ensuite, for-
tifier les droits du personnel enseignant, et a en-
touré de garanties la procédure du'déplacement
d’ ffice.
Enfin, une circulaire de M. Guist’hau attribue le
caractère suspensif au recours de l’iasUtuleur de-
vant le ministre.
Election d’un Vice-Président
La discussion est suspendue pour la proclama
üon du scrutiu sur la nominaiion d’un vice-près^
dent (2« lour|. .
PRÉSIDENT fait connaître le résultat dt
es scrutin i
Nombre de votants 404
Ruttetins blancs ou nuis ....... ta
Suffrages exprimes 43a
Majorité absolue ’ ga7
Ont obtenu :
MM. André Lefèvre aas suffrages
Fernand Rabier 218 —
Voix diverses 9
Aucun des candidats n’ayant obtenu la majorité
absolue des suffrages, il y a lieu de procéder à
un troisième tour de scrutin.
Ce scrutin, auquel il est procédé immédiatement»
donne les résultats suivants : *
Nombre de votants 433
Bulletins blancs ou nuis ’. to
Suffrages exprimés 42s
Ont obtenu :
MM. Fernand Rabier....... «t suffrages Elu
André Lefèvre 210
Voix diverses 4 _
Séance ce matin.
La séance est levée A 6 heures.
Les OliÀèaues âe Fanl Déroulède
! I Le corps de Paul Déroulède est arrivé,
comme nous l’avons annoncé, lundi soir, à
1 6 h. 10, à la gare de Lyon, à Paris. Mlle
Jeanne Déroulède, M. Maurice Pallez et M.
Rolland étaient dans le train. Le fourgon
I plombé contenant le cercueil du président
| de la Ligne des Patriotes, a été amené dans
I une chapelle ardente, dans la cour d’entrée
I des messageries.
Le corps a été veillé pendant tonte la nuit
| par une délégation de trente ligueurs. A
I 7 heures, hier matin, le fourgon a été ouvert
I et la bière a été placée sur un catafalque.
Be chaque côté de celui-ci des faisceanx de
I drapeaux ont été placés et deux porte-élen-
1 dards montaient la garde. Sur le cercueil.
I recouvert da drapeau tricolore, de notn-
I breuses gerbes et couronnes avaient été DO.
I sées.
I Quatre chars spéciaux étaient destinés &
I les transporter.
De nombreuses délégations sont rangées
t dans le hall de départ de la gare de Lyon.
I Au moment où le corps a été placé sar le
I char funèbre — dont les quatre angles
I étaient décorés de faisceanx de drapeanx
I la Société i’Algérienne, dont les tambours ei
I les clairons étaient voilés de crêpe, sonna
I « Aux champs ».
| Lentement, le cortège s’ébranla an milieu
d’une foule immense que maintenait un im-
portant service d’ordre assuré par la garda
répnbiicaine et de nombreux agents sous la
I direction de M- Chanot.
[ A 9 h. 1/4, le cortège se forme dans i’or-
| dre suivant :
I Chars do couronnes : drapeau et déîéga-
| tions de la Ligue des Patriotes ; char funô-
I bre ; la famille ; le Comité directeur de ia
Ligue des Patriotes ; les corps éius et corps
constitués ; les Comités de la Ligue des Pa-
triotes ; les Sociétés aisaciennes-lorraines ;
les Vétérans et Combattants de *870-1871 ;
les Jeunes Amis de l’Alsace-Lorraine ; Fédé-
ration des étudiants républicains et étudiants
républicains nationalistes ; Lycéens de Pa-
ris.
Viennent ensuite toutes les autres asso-
ciations et délégations assistant aux obsè-
ques.
Les cordons du poêle sont tenus par le gé-
néral Monard, M. Chassaigne-Goyon, prési- .
dent du Conseil municipal ; MM. Henri La-
vedan, Gaiii, Giuüiier(de Clagay), Tournade,
Le Menuet et Poirier de Narçay.
Derrière le char funèbre, un sous-officier
de chasseurs alpins porte, sur un coussin da
velours noir, et voilées d’on crêpe, les déco-
rations de Déroulède : la croix de la Légion-
d’Honneur et la médaille de 1870.
A neuf heures trente, le convoi quitte la
gare et s’achemine vers là Madeleine par la
rue de Lyon, la plsca de la Bastille, les rues
Saint-Antoine, de Rivoli, la place de la Con-
corde, la rue Royale et le boulevard Maies-
herbes.
Devant la statue de Jeanne d’Arc, place da
Rivoli, tout le monde se découvre, les clai-
rons da cortège se font entendre.
Arrivé sar la place de la Concorde, le cor-
tège défile devant la statue de Strasbourg.
Là, s'élèvent des cris de « Vive ia patrie I
Vive la France l »
A amure qu’on approche de Saint-Angns-
tin, ï’siïluençe grandit. Les abords et jus-
qu'aux degrés de la Madeleine sont noirs de
monde.
Plus compacte encore est la fonîe qui en-
toure Saint-Augustin. Le convoi s’arrête. Le
corps est retiré du corbillard et porté dans
l’église.
A l’issue de la cérémonie, des discours ont
été prononcés par MM. J Sans boeuf; presi-
dent de la Fédération des Sociétés alsacien-
nes-lorraines, Robert de Fiers, au nom de le
Société des Auteurs dramatiques, Marcel Ha-
bert, et Maurice Barrés, de l’Académie Fran-
çaise, ions deux au nom des amis politiques
et personnels :
Rien, dit ce dernier, ne fait plus d’honneur, de-
vant le monde, a la France, que son refus d’ac-
cepter la perte de l'Alsace-Lorraine. Le grand pa-
triote que nous accompagnons vient d’étre, pen-
dant quarante-trois ans, t’incarnaiiou vivante de
notre protestation contre le traité do Francfort.
Nous allons le déposer dans la tombe, mais son
âme reste avec nous. Vive Paul Déroulède ! Viva
l’AIsace-Lorraine ! Vive la France dans son unité
intacte t Nous gardons toutes les espérances dé
celui qui n’a jamais désespéré.
II y a des esprits qui mettent, en discussion les
destinées et le devoir de la France Au lende-
main de <870, nul Français n’avait de doute. Les
soldats prison nera en Allemagne, qui traversaient
la Lorraine pour regagner leurs foyers, nous di-
saient : « Les Prussiens nous ont battus parce
que nous ne les connaissons pas. Maintenant»
nous les connaissons. Avant deux ans, nous aé-
rons notre revanche. » Les hommes d’ètude pro-
clamaient la nécessité d’une réforma intellectuelle
et morale Tout ie monde voyait le but, et pour
l’atteindre sentait ia nécessité de fortifier l’auto-
rité dans l’Etal et d'exiger de l’individu des sacri-
fices en faveur de la patrie. Tout ie inonde ac-
cueillait lus refrains qu’un jeune ofiMer de tu> cos
décor.- sûr le cirunp de bataille, dédiait A l’Espé-
rance ; et la France entière cbantait les Ch >nts dit
ioldat, pareils aux petits poèmes dont les grands
Allemands de 1813 enflammèrent leur nation vain-
cue.
Celte volonté unanime pouvait-elle durer mdé-
îniment ? La France allait-elle accepter d’étre um
Relier uniquement occupé A forger les armes da
a délivrance f L’idée de la revanche, arec tout
:e qu’elle comporte d’abnégation, commença da
nraîlre bien austère et trop propre A contrarier te
lonbeur des individus. Beaucoup se détournèrent
lu but s8crè, s’absorbèrent dans leurs devoirs do-
nestiques et leurs intérêts, et déjà l’on voyait
>oindre chez quelques-uns la doctrine dont nous
murrions périr, ia thèse du renoncement, la
hème de la France se désarmant pour attendrir
0 monde et acceptant de disparaître oour doonpa
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