Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-01-29
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 29 janvier 1914 29 janvier 1914
Description : 1914/01/29 (A34,N11864). 1914/01/29 (A34,N11864).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k172029h
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 01/12/2020
Um Anner —• W H,864 fO Pagès) § Centimes — (jWflfflf DIJ MATO ■— 8 fenïïl»^ (Q Pàgés} Jeudi W Janvier <914
Administrateur -Délégué - Gérant
O. RANDOLET
Adresser tout ce qui concerne t'Administration»
à M. 0. RANDOLET
85, Rue Fontenelle, 85
Adresse Télégraphique : RANDOLET Eavrô
Administrattoo. Impressions et Annonces, TÉL. 10.47
Le Petit Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
RÉDACTIOIV
Adresser tout ce qui concerne la Rédaction
85, Rue Fontenelle, 85
TÉLÉPHONE t N* ï.ÔO
ANNONCES
AU HAVRE...., BUREAU DU JOURNAL, 112, boul 1 de Strasbourg. |
t L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est j
p PARTS < seule chargée de recevoir les Annonces pour
( le Journal.
le PETIT HA VUE est désigné pour les Annonces Judiciaires et légales
ABONNEMENTS JTROIS MOIS SIX MOIS UN AN
Le Havre, la Seine-Inférieure, l’Eure,i, , _ „ „ ___
l’Oise et la Somme....;......** ..j - .2 * ® « r.
Autres Départements , O Fr. AA 50 ss «
Union Postale MO » so Fr. -i«» »
On s'abonne également, SANS FRAIS, dans tous les Bureaux de Poste de France
GiiniüE lui
Paru, trois heures r.iatin
DEPECHES COMMERCIALES
METAUX
LOXDRES, 28 Janvier. Dépêche de 4 h. 30
TON COURS HAUSSE BAISSE
CUIVRE
Comptent. caUne * 88 ta/6 -/-
8 mois..... 168 1J/6 -/-
ETAIN
Comptant . 1179 8/- 23/- -/-
3 mois iterme 1180 10/- 28/- -h
FER
Comptant.. calme t 80/9 1 d
îmois.....) £81/6 -/- ld
Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse
lu 27 janvier 1414.
NEW-YORK, 28 JANVIER
Colons < janvier, baisse 2 points ;
mars, baisse 2 points; mai, baisse i point ;
octobre, inchangé. — A peine soutenu.
Caics < baisse 8 à 12 points.
NEW-YORK, 28 JANVIER
rif" ■ ■■’.r.r.VD -
t. m unit t. menât
Cuivre Standard disp. 14 50 14 50
— lévrier ....... 14 50 14 50
Amalgamât. COJI. .. 75 1/4 75 3/8
Wer 15 — 15 —
CHICAGO, 28 JANVIER
C. DU JOUR G. PREdtM)
Blé sur Mai 93 7/8 93 1/î
— ...... Juillet.... 89 1 4 88 1/8
Maïs snr Mai 67 1 1 66 1/4
— Juillet.. H 66 3 8 65 3/8
taindnux sur. Mai 10 72 10 72
— JUiliet.... 1107 1110
A LA FÉDÉRATION DES GAUCHES
Le Comité d’action républicaine radicale
socialiste vient d’adhérer au groupe de la
Fédération des Ganches.
Son président, M. Forestier, a été nommé
membre dn Comité directeur de la Fédéra-
tion des Gauches.
A LA_EflMIBIS&IM MI BUDGIT
La Commission du Budget dans sa séance
fl’liier après-midi a opéré une réduction
de 1,500,000 fr. sur le budget des Postes et
Télégraphes.
Elle a ensuite entendu M. Caillaux, minis-
tre des finances.
It a été décidé d’accord avec la Commission
que la discussion dn budget pourrait com-
mencer dans le courant de la semaine pro-
chaine, et qu’il devra être poursuivi sans in-
terruption.
M. Cocbery, président de la Commission, a
fait observer quM ne restait plus à examiner
que les derniers chapitres des budgets des
colonies, de la guerre et des finances.
Plusieurs rapports pourront être déposés
sur le bureau de la Chambre lundi et mardi
prochain.
La commission, dans la séance qu’elle a
tenue hier soir, a examiné le budget de la
Guerre.
Elle pense qu’elle aura terminé l’examen
de la loi de finances à la fin de cette semai-
ne.
LE CONGRÈS SOCIALISTE D’AMIENS
AMIENS. — Le Congrès socialiste a adopté à
runauimité une motion rédigée parla Com-
mission des résolutions déclarant impossi-
ble la reconstitution d’un nouveau bloc qui
ne pourrait qo’aflaibiir la vigueur du parti,
rappelant qu’au premier tour, le parti s’af-
firmera partout contre l’impérialisme milita-
riste, pour Raccord franco-allemand et pour
la laïcité.
Le second tour ne ponrra être que la suite
fie ce combat.
Les fédérations, partout où il sera impossi-
ble au parti de remporter un succès électo-
ral direct, s’affirmeront en faveur de ceux des
candidats républicains favorables au déve-
loppement de l’organisation ouvrière, à la
laïcité, aux réformes fiscales, à l’entente
franco-allemande et hostiles aux conseils de
guerre.
Le Congrès est clos.
LES ADIEUX DE M. DELCASSÊ
A SAINT-PÉTERSBOURG
SAINT-PÉTERSBOURG. — Hier soir, l'ambas-
sadeur d’Angleterre a offert nn dîner d’a-
dieux à M. Deicassé qui présentera aujour-
d’hui ses lettres de rappel au tsar et partira
samedi pour la France.
L'AFFAIRE GERMAI»
M. Genty, accompagné de trois experts, a
perquisitionné dans les bureaux de la Cote
et au domicile de Germain.
Les experts ont été chargés d’établir nn
rapport sur le fonctionnement du Syndicat
de garantie.
M. Gilbrun, substitut de la section finan-
cière au parquet, a reçu onze nouvelles
plaintes contre Germain.
D’autre part, M. Daru, commissaire anx
délégations judiciaires, a saisi à la Banque
française des Comptes courants la comptabi-
lité de la Cote et divers documents.
UNE ÉPIDÉMIE D’OREILLONS
A CHERBOURG
CHERBOURG. — Plus de cent militaires at-
teints des oreillons sont actuellement en
traitement à l’hôpital maritime.
Cette épidémie prend chaque joar de l’ex-
lension.
LE GOUVERNEMENT D'ALSACE»
LORRAINE EST-IL DÉMISSIONNAIRE ?
STRASBOURG. — On assure que M. Zorn de
Bulach aurait déclaré à ia Commission du
budget do la D.ète que le gouvernement
d’Alsace-LOrraiüe avait donné sa démission
et qu’il attendait des ordres de B rün.
La Commission a néanmoins continué
l’examen du bndget et approuvé l'attitude
prise per le gouvernement
L'Allemagne en
Afrique Équatoriale
Les ambitions coloniales de l’Allemagne,
qui sont évidentes, ne doivent pas rester
ignorées de Topinion française, car il vaut
mieux prévoir les prétentions futures d’un
rival que se laisser surprendre par elles.
Or il est dès aujourd’hui certain que les
Allemands ont jeté leur dévolu sur l’Afri-
que équatoriale : c’est, pour l’avenir, une
source inquiétante de rivalités et de com-
plications. Nous ne pouvons manquer d’y
être impliqués, car la France est, au pre-
mier chef, une grande puissance congo-
laise.
Tard venus dans la lutte coloniale, les
Allemands regrettent amèrement l’absten-
tion de Bismarck à une époque où il y
avait encore des terres vacantes. Force leur
sera donc (ils envisagent froidement l’éven-
tualité) d’acheter ou de prendre les domai-
nes qu’ils envient et que de plus agiles ont
su leur souffler. C’est dans ces conditions
que, manifestement, le Congo les tente.
Si vous regardez une carte de l’Afrique,
vous constaterez que l’Allemagne est établie
au Nord Ouest, au Sud-Ouest et à l’Est
du Congo belge : le Cameroun, le Damara-
land, l’Afrique Orientale allemande forment
comme les trois pointes d’un triangle au mi-
lieu duquel est situé l’immense territoire
belge. Du côté du Lac Tanganika, il y a
contact ; mais le Damaraland est séparé du
Congo belgë par l’Angola portugais; de
même, avant le traité de 1911, le Congo
français formait écran entre l’Etat indépen-
dant et le Cameroun. Nous allons -voir que
la politique germanique — politique cons-
ciente, persistante et de longue haleine —
tend à pénétrer par les trois côtés vers le
Centre, pour enserrer la région congolaise
en un réseau serré et convergent de liens.
L’arrière-pensée éclate dans le traité
franco-allemand. Pourquoi ces deux pointes
de territoires exigées par l’Allemagne vers
le Congo et r®ui»anghi ? Pourquoi cet in-
vraisemblable et ridicule dessin de fron-
tière, qui mutilé notre colonie et la tron-
çonne en trois morceaux Y il est trop cfair
(et nos négociateurs né pouvaient l’igno-
rer) que les Allemands ont voulu, à tout
prix, avoir accès jusqu’au Congo, jusqu’à
l’Oubanghi, c’est-à-dire jusqu’à la frontière
belge. La concession obtenue par nos adver-
saires de 1911 ne signifie rien si elle ne
couvre pas quelque ambition d’avenir.
J’ai tort même d’employer l’expression
d’arrière-pensée. L’article 16 du traité con-
golais ne laisse planer aucun mystère sur
la nature de cette ambition. Voici en effet
son texte : « Dans le cas où le statut terri-
torial du Bassin conventionnel du Congo,
tel qu’il est défini par l’Acte de Berlin du
26 février 1885, viendrait à être modifié.
duTfiait de l’une ou de l’autre des parties
contractantes, celles-ci devraient en con-
férer entre elles, comme aussi avec les
autres puissances signataires dudit Acte de
Berlin ». Jusqu’à 1911, nous possédions, on
le sait, un droit de préemption sur le
Congo belge. Malgré les commentaires don-
nés par M. Caillaux, il y a deux ans, le
doute n’est désormais guère possible : par
cet article 16 nous abandonnons notre droit
dé préemption. Si un règlement vient à se
produire, ce ne sera plus affaire entre la
France et la Belgique seules. L’Allemagne
aura son mot à dire, et l’on voit qu’elle
compte le dire. La Belgique nous en a
voulu de cette négociation qu’il eût mieux
valu éviter. C’est au dernier moment, pa-
raît-il, que le gouvernement de Berlin a
soulevé la question, et il en faisait une con-
dition sine qua non de l’accord. Ainsi, par
notre double concession territoriale et di-
plomatique, l’Allemagne avance d'un grand
pas vers l’Hinterland congolais, but ultime
de ses ambitions.
Est-il besoin de dire que nos rivaux ne
se sont pas reposés sur leurs lauriers con-
golais de 1911 ? L’oeuvre politique de cette
année-là s’est continuée par une oeuvre
économique d’importance à peine moin-
dre : la construction ou la préparation de
trois chemins de fer partant de trois points
de la côte et convergeant vers le coeur du
Continent. C’est toujours le même pro-
gramme.
Voici d’abord le transafricain germano-
belge, qui doit être terminé en 1914. Ce
sera une voie transversale mixte (eau et
rail) qui reliera Dar-es-Salam, sur l’Océan
Indien, à Matadi, sur l’Atlantique. Un rail
allemand réunira Dar-es-Salam au lac
Tanganika; puis un rail belge, le Tanga-
nika au Haut-Congo. Du Haut-Congo à
Léopold ville, sur le Stanley Pool, trois
tronçons de chemins de fer et trois biefs
navigables continueront, entre mains bel-
ges, la voie transafricaine. De Léopoldville
à Matadi (embouchure du Congo) on utili-
sera enfin Ja voie ferrée belge actuellement
en exploitation. On pourra ainsi effectuer,
en un mois, la traversée de l’Afrique, qui
demandait à Stanley, il y a 33 ans, deux
années d’efforts surhumains.
Les Allemands ne cachent pas leur vo-
lonté d’acquérir l’hégémonie économique i
dans la région du Tanganika ; ils entendènt
faire de ce lac un lac allemand, comme, les
Anglais ont fait du Victoria un lac anglais.
Le chemin de fer transversal coupe le Cap-
Caire, grande pensée de Cecii Rhodes. Dès.
aujourd’hui on peut considérer comme cer-
tain que la ligne allemande Tangànika-Dar-
es-Salam donnera aux intérêts allemands le
« contrôle », comme disent les Américains,
sur la partie orientale du Congo belge.
L’activité germanique ne s’en tient pas
là : le projet d’encerclement de l’Etat indé-
pendant se poursuit de deux autres côtés.
D’une part, le traité de 1911 donne le droit
aux Allemands de continuer leur ligne fer-
rée au Cameroun vers le Congo, en traver-
sant s’ils le désirent le territoire français :
c’est l’attaque économique par le Nord-
Ouest. D’autre part, les capitaux allemands
sont de moitié dans un chemin de fer ger-
mano-portugais qui, partant de Benguela
(Angola portugais), se dirige vers le Katan-
ga (région Sud du Congo belge), où il de-
vra se raccorder avec le Cap-Caire.
Cette concordance d’entreprises distinc-
tes mais convergentes, cette pensée unique
se révélant sur des points divers, cette vo-
lonté manifeste de pénétrer à tout prix et
de toutes parts ne sont-elles pas impres-
sionnantes? Des règlements ou des conflits
sont inévitables dans cette partie du globe.
L’Allemagne, armée jusqu’aux dents, veut
s’y faire sa place. Il faudra que l’Angleterre
et la France résistent ou s’entendent, en-
trent peut-être dans la voie des échaoges...
Il faudraque la Belgique et le Portugal,
interlocuteurs de moindre puissance, né-
gocient ou marchandent. Mais, quoi qu’il
en soit, la carte de l’Afrique centrale ne
restera évidemment pas ce qu’elle est au-
jourd’hui Le dessin des frontières n’y donne
pas l’impression du définitif, et le traité de
1911 semble y avoir soulevé plus de pro-
blèmes qu’il n’en a résolus.
ANDRÉ SIEGFRIED.
HsiiwIlesPoïitipes
Le Congrès Socialiste d’Amiens
Hier matin, M. Compère-Morel préside*
On vote de3 sympathies à M. Jutes Guesde*
que la maladie tient éloigné du Congrès* efc
on liquide l’affaire Myreus — une affaire^de
COIffllt.
Ou sait une la Fédération du Pas-de-Calais
a rerase de ratifier ia décision de la ssclton
de Boulogne présentant à nouveau la candi
dature dit député sortant Myreus aux pro-
chaines élections législatives. M. Tffÿrens et
les Boulonais n’acceptent pas la décision de
la Fédération.
Ou sé rappelle que, dans les Congrès pré-
cédents, M. Myreus, qui avait attaqué véhé-
mentement la franc-maçoanerie, s’était vt»
en retour accuser de n’être élu que par l’ap-
pui des cléricaux, & qui H devait donner des
gages.
M, Myrens se détend : il ne travaille que
pour le socialisme et, dans le parti, il est le
plus discipliné des soldats. Il ajoute qu’ii
s’inclinera devant les décisions du Congrès
sur la tactique électorale ; sur quoi la suite
de la séance est renvoyée à l'après-midi.
LE PARLEMENT
Impressions de Séance
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Paris, 28 janvier.
Un fait inouï, invraisemblable, s’est pro-
duit aujourd’hui à ia Ch s more.
Pendant une matinée entière, on a parlé
du Maroc sans que la voix claironnante de
M. Jaurès se soit fait entendre, sans gue le
leader socialiste ait réédité scs éternelles dia-
tribes contre l’oeuvre civilisatrice entreprise
par la France et proclamé la nécessité de
l’évacuation. Il est vrai que M. Jaurès n’était
pas là. Il palabre actuellement au Congrès
d’Amiens, sans quoi, soyez-en sûr, il n’au-
rait pas épargné à la Chambre son sempiter-
nel discours. Celle-ci, comme disent les trou-
piers, n’y aurait pas « coupé ».
Grâce à cette heureuse circonstance, on
n’a pas en à regretter, pendant le débat sur
l’emprunt marocain, la moindre note dis-
cordante Tous les orateurs ont rendu hom-
mage à l'oeuvre accomplie par le général
Lyaatey, par notre vaillante armée, par les
fonctionnaires civils ou militaires, et c’est à
l’unanimité que l’emprunt a été finalement
voté.
L’après-midi, long et intéressant débat sur
la représentation des pères et des mères de
famille dans les commissions chargées d’ad-
ministrer les Caisses des écoles.
Pendant que ce débat se déroulait, nne
dizaine de spectacteurs occupant les tribu-
nes publiques au dessus de la droite ont
lance dans l’hémicycle des poignées de petits
papiers en criant à plein gosier: — Justice
pour la Défense Nationale 1 A bas les affa-
meurs I... Il y a six mois qu’on nous leur-
re t... Les m agasins sont vides et l’on nous
refuse du travail !... Nous en avons as-
sez i... Emoi. Intervention des huissiers.
Expulsion des perturbateurs.
Renseignements pris, ce sont des ouvriers
de l’équipement militaire qui ont, ou qui
croient avoir à se plaindre ae l’administra-
tion de la guerre. Bref, la traditionnelle
scène dans ia salle, aussi banale au Palais-
Bourbon que dans les revues de fin d’année.
Antre incident, entre députés, cette fois.
M. Germain Périer, qui venait de développer
un amendement relatif à la composition des
commissions administratives, descendait de
la tribune en prononçant à mi-voix quelques
paroles perdues au milieu du bruit. Qu'avait
dit au juste’Ml Germain Périer ? On ne sait
trop. On entendit seulement ces mots sans
suite : Subordination des préfets.. , Puissan-
ce occulte... Comité Mascuraud.. * Boutique
de décorations...
Et, brusquement, M. J.-B. Morin, qui sans
doute se croyait visé personnellement, s’è-
lançait vers'M. Germain Périer. Une vive
altercation se produisit, suivie d’un échangé
de témoins. Ceux-ci se réunirent aussitôt et*
en an tour àe main, l'affaire fat arrangée.
y, H. %
CHAMBRE DES DÉPUTES
Séances du 28 Janvier
(Séance du matin)
La séance est ouverte i 9 h. 20, sous la prési-
dence de M. AUGAGNEUR, vice-president.
On discute le projet de loi relatif & l’émission
d’un emprunt de '230 millions pour l'exécution de
travaux publics au Maroc et le remboursement du
passif du msgbzen. _ -
M. VEILLÂT présente quelques observations et
demande que la culture de coton soit favorisée
au Maroc.
M*. BARTHE et TOUR IVADE constatent l'excel-
lence do t’oeuvre entreprise au Maroc.
«M. LONG, rapporteur, et DOUMERGUE rendent
hommage a l’administration du générai Lyautey
et de ses collaborateurs, puis l’ensembio du projet
est voté a mains levées.
La séance est levée à midi 18.
/(Séance de l’après-midi)
M. ETIBKNE, vice-président, préside.
Les Caisses des Ecoles
On reprend la discussion du projet sur les cais-
ses de* écoles.
L’article 3 est ainsi conçu :
« Art. 3. — Dans toute commune où II n’existe
pas de caisse dés écoles et si le Conseil munici-
pal ne la crée pas le préfet notifie au maire une
mise en demeure et, dans le délai d’un mois a par-
tir de cette notification, procède s’il y a lieu a
cette création par arrêté.
» Plusieurs communes peuvent être autorisées
par arrêté préfectoral et après avis du Conseil dé-
partemental de l’enseignement primaire a se grou-
per en vue de la formation et de l’entretien d’une
caisse des écoles. »
Le premier paragraphe est adopté sans débat.
Au paragraphe 2 M. LEFAS présente code addi-
tion.
* Les groupements de communes en vue de la
formation d’une caisse des écoles seront soumis
pour leur formation et pour leur dissolution aux
dispositions de la loi du 22 mars 1890 sur les syn-
dicats de communes. »
- M. LUFAS accepterait le renvoi de son amende-
ment a la Commission.
ai. VEBER, rapporteur de la Commission ac-
cepte.
M. VIVIANI, ministre de l’instruction publique :
Le prjmier paragraphe de i’articte 3 autorise la
création delà caisse par arrêté préfectoral. II se-
rait extraordinaire que pour la dissolution un dé-
cret fût nécessaire.
Il accepterait une transaction sur le paragra-
phe 2.
M. VEB«R insiste pour le renvoi du paragraphe
à la Commission et de l’amendement.
Le renvoi est ordonné.
Ou passe-A i’arlicle 4.
Cet article- fixe les ressources dont se compose
; la-caisse desécoles.
L-est-adopté.
M. LEFAS.défend un amendement portant que
p deux au moins des membres do ia Commission
administralive seront des mères de famille dési-
gnées, l’une par le préfet, l’autre par le Conseil
municipal ou l’un des Conseils municipaux inté-
i r»ec&^;:
'L’oAteur demande a la ^Commission d’accepter
le renvoi en ce sens. .
M. LE RAPPORTEUR accepte.
M LEFAS soutient un second amendement ain-
si conçu :
« La caisse des écoles est administrée par une
Commission administrative composée du maire et
do huit membres renouvelables. Deux des mem-
bres de la Commission sont élus par le Conseil
municipal de la commune où la caisse des écoles
a son siège : deux autres sont nommés par le
préfet, sur la proposition de l’inspecteur d’acadé-
mie ; deux autres sont élus, chaque année, par
les parents dont les enfants sont inscrits aux éco-
les publiques, et deux par les souscripteurs et
donateurs de la caisse des écoles.
» Dans tes villes dont la population est supé-
rieure à 25,000 habitants, deux membres sont èius
par te Conseil municipal, deux sont désignés par
le préfet, et les quatre autres sont élus par les
souscripteurs et donateurs de la caisse des éco-
les.
» Dans le cas où plusieurs communes se sont
groupées pour la formation d’une caisse des éco-
les, la Commission administrative sa compose :
1* Du maire de chacune des communes grou-
pées ;
ç D'un membre élu par le Conseil municipal de
chacune de3 communes groupées :
3* D'un nombre de délégués- du préfet égal à
celui des délégués des Cons. ils municipaux, et
désignés par lui sur ia proposition de l’inspecteur
d’académie ;
M. LE MINISTRE répond que la question visée
par M. Lefas fait l’objet de plusieurs amende-
ments.
Il demande à la Chambre de prononcer la jonc-
tion de tous ces amendements.
La jonction est ordonnée.
M. GERMAIN PERIER développe un amendement
ainsi conçu :
« La caisse des écoles est administrée par une
Commission administrative composée du nuire
ou d’un adjoint et de six membres renouvelables.
Trois membres de la Commission sont élus par le
Con-eit municipal de ta commune où la Caisse des
écoles a son siégé ; trois aut-es sont nommés par
le préfet sur la proposition de l’inspecteur d’Aca-
démie ».
M. FERDINAND BUISSON, président de la Com-
mission, demande que les différents textes soient
renvoyés à la Commission après que la Chambre
se sera prononcée sur les deux ou trois questions
de principe que ia Commission ne peut pas solu-
tionner.
Il est admis qu’il y ait des représentants de
l’Etat et de l’élément local dans la Commission.
La difficulté est d’évaluer la proportion des di-
vers éléments.
Mois une question nouvelle est posée ; c’est la
représentation des familles.
Dans tous les pays où l’instruction obligatoire
existe, la loi a institué Aes Commissions locales
dans lesquelles les famlïes sont largement repré-
sentées.
L’orateur déclare que plusieurs de ses collègues
et lui ont consenti à renoncer à l’institution des
Commissions scolaires à condition que dans la loi
sur les caisses des écoles on rétablirait le lien
avec les familles.
M. ADRIEN VEBEU, rapporteur : M. Ferdinand
Buisson parle en son nom personnel, et non au
nom de la Commission de l’enseignement, quia
condamné sa thèse
ai FERDINAND BUISSON : II est inexact que la
Commission de l’enseignement ait condamné ma
tbèse.
La question est restée entière et il y a touj'ours
eu, a la Commission de l’enseignement, une ma-
jorité pour que les pères de familles soient repré-
sentés.
M. LE RAPPORTEUR : A condition qu’ils soient
sociétaires.
aï. FERDINAND BUISSON déclare qu’il ne s’op-
pose pas a cille spécification.
Il estime qu’il ne faut pas faire le vide autour
de t’école laïque. H faut, au contraire, grouper
autour d’ellë, toutes les forces vives qui peuvent
la soutenir.
Qu’on se garde de laisser croire qu’on se défie
des familles qui envoient leurs enfants à l’école
laïque. Ce serait un contresens et une injustice.
La Commission scolaire ayant été supprimée, il
ne reste plus de lien entre les familles et l’école.
Il n’y a que des liens officiels.
A côté de la question de la représentation des
pères et mères de famille, il y aune seconde ques-
tion qui se pose.
A fbeure présente, ia France est à peu près le
seul,pays où il n’y ait pas de femmes dans les
conseils scolaires.
A Chicago, c’est une femme qui, depuis 10 ans,
est chef du service scolaire.
Dans,tous les pays du monde, les conseils sco-
laires contiennent des femmes.
Est-il exagéré de demander que, dans une ins-
titution secondaire, comme la Caisse des écoles,
on fasse une place aux mères de famille.
L’orateur demande à la Chambre de décider que
les pères et mères de famille seront représentés
dans ia Caisse des écoles. Elle aura aussi bien
servi la cause de l’école que celle de la Répu-
blique.
M. LE MINISTRE DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE
répond que satisfaction a été donnée par le texte
sorti des délibérations de la Commission de l’en-
seignement, rapproché de l’avis de ia Commission
du budget, aux idées développées par M. Buis-
son.
Ce n’est pas au moment où l’Etat fait un effort
généreux qu'on peut demander qu’il n’y ait pas de
délégués de l’Etat et du département dans la Com-
mission.
La Commission du budget a proposé de les
fixer a quatre.
La Commission de l’enseignement, tout en ac-
ceptant l’article 7 de la Commission du budget, a
décidé de faire une place dans la Commission aux
représentants de l'élément local.
Le ministre déclare qu’il ne peut pas accepter,
dans les termes incertains et indécis où on la
propose,' la représentation des pères de famille
Les dêlé ués du préfet pourront être, d’aüleur3,
des citoyens de la commune.
II y a des républicains qui ont échoué devant le
suffrage universel qui pourront être choisis par le
préfet.
Le ministre ne fait aucune objection a l’entrée
des mères de famille dans la Commission, soit
qu’elles soient déléguées par le préfet, soit qu’el-
les soient élues.
Grâce a leur collaboration, nous pourrons for-
mer des consciences et des cerveaux com-
plets. •
Tels sont les principes sur lesquels pourrait être
constituée la Commission.
M. THALAMAS constate que tout le monde est
d’accord pour que les trois éléments dom on a
patté soient représentés dans ia Commission de
la Caisse des écoles. Il s’agit de déterminer dans
quelle proportion chacun d’eux y sera repré-
senté.
L’orateur estime que l’élément représentant la
nation ait la majorité sur celui qui représente
l’administration et il croit être ainsi fidèle a la tra-
dition républicaine.
U est bon qu’on admette aussi dans la Commis-
sion une mère de famille et un délégué cantonal.
Il y aurait ainsi 7 membres : 3 délégués du pré-
fet, 2 membres choisis par les sociétaires et par-
mi tes sociétaires, 1e maire et un conseiller mu-
nicipal.
Si la Chambre n’y voit pas d’inconvénient, elle
pourrait émettre un vote de principe sur cette
proposition.
M LE RAPPORTEUR : La Commission propose
à h Chambre u» texte transactionnel d’après le-
quel la Caisse des écoles serait administrée : par
le maire ou son adjoint et par 7 membres renou-
velants : 2 membres sociétaires élus par l’As-
semblée générale des seciétaires ; 3 membres,
dont une mère de famffie et un délégué cantonal
nommés par 1e préfet sur la proposition de l’ins-
pecteur d’académie.
SI. LE MINISTRE DE L’INSTRUCTION PUBLI-
QUE accepte la proposition do M Commission en
ce qui touche tes déiôgues nornm s par le Con-
seil municipal et par les sociétaires , mais il tut
est difficile d’admettre qu'il n’y ait que 3 délégué»
nommés par le préfet. Leur nombre devrait être-
au moins porté a 5.
C’est FEtat qui, daps la grande majorité des
Cas, fournira a la Caisse des écoles presque tou-
tes ses ressources.
On pourrait admettre que 1e nombre des admi-
nistrateurs soit doublé dans les communes au-
dessus de 20,000 habitants, en conservant tes mê-
mes proportions entre les divers éléments.
Le débat devenant très confus, plusieurs mem-
bres demandent le renvoi a la Commission qui
est ordonné.
La proposition relative a l’affichage électoral
est inscrite a l’ordre du jour de cet après-midi, à
ia suite de l’élection du vice-président*
Séance ce matin.
La séance est levée a 6 h. 40,
LA MAISON KRUPP EN RUSSIE
et le Matériel de Guerre Français
L’Echo de Paris a reçu la dépêche suivante
de Saint-Pétersbourg :
Le bruit court que tes usines Piutiloff, de Saint-
Pétersbourg, viennent d’être achetées par Krupp.
Si le fait est exact il provoquera une vive émo-
tion en France.
L’on sait, en effet, que le gouvernement russe a
adopté, pour son matériel d’artilterie de terre, les
systèmes français. Jusqu’à présent, la plus grande
partie de ce matériel avait été construite aux usi-
nes Poutiloff. avec le concours du Creusot et le
personnel français fourni par lui.
D’antre part, Y Agence Havas reçoit la dépê-
che suivante de Saint-Pétersbourg :
Le bureau des renseignements dément les in-
formations erronées publiées par certains jour-
naux russes et étrangers. Il indique que le Con-
seil des ministres a cru devoir organiser une So-
ciété privée russe des armements, qui a commen-
cé déjà ia construction d’une usine nouvelle près
de Tsaritsyne.
Cette Société est liée avec une importante en-
treprise similaire anglaise.
Ajoutons que le Temps, en reproduisant
cette dépêche, la fait suivre delà note sui-
vante :
Ce démenti russe reste assez obscur. L’affaire
de l’usine nouvelle de Tsarilsyne ch-rrgêe de cons-
truire la grosse artillerie russe d’après un modè-
le français et qui est sous Je contrôle de la mai-
son anglaise Vickers et C» n’a rien de com-
mun avec l’achat par ia maison Krupp des usines
Poùtilof.
Il est au surplus a notre connaissance que la
négociation Krupp-Poutilof est réelle et devait se
résoudre aujourd’hui. Nous ne publions donc que
sous toutes réserves les démentis qui procè-
dent.
**#
Quoiqu’il en soit, le ministre des affaires
étrangères a télégraphié à M. Delcassé de de-
mander d’urgence des renseignements au
gouvernement russe sur le rachat des usi-
nes Pontiiof par la maison Krupp.
Ii est probable que cette affaire viendra
très prochainement devant la Chambre.
— - " - ■ 1 III
ETEAMGER
ETATS-UNIS
Vn Train a disparu arec cent voyageurs
Une dépêche de San-Francisco annonce
qu’on train entier, avec ses cent voyageurs,
a dispara, dans le district de Santa-B/rbara,
qui est inondé. Des recherches faites entre la
dernière station qu’il quitta et la suivante,
où il n’arriva pas, n’ont permis de retrouver
aucune trace du train disparu.
SUÈDE
Un Cuirassé Suédois échoué
On annonce de Stockholm que le cuirassé
suédois Taperhetem s’est échoué hier matin,
vers dix heures, dans la passe de Sandham.
Deux vapeurs de sauvetage ont été envoyés
sur les lieux de l’accident
BULLETINJILITAIRË
La limite d’âge d’admission à l’Ecole
navale
Un décret vient de modifier les mesurée
prises par les décrets des 22 septembre et
2 novembre derniers, touchant la limite d’âge
supérieure de l’admission à l’Ecole navale.
_ Le décret du 2 novembre reculait cette
limite de cinq ans pour les jeunes gens qui,
n’ayant pas été admis à l’Ecole et étant par-
venus à la limite d’âge, avaient contracte no
engagement de cinq ans dans les équipages
d» la flatte. Le décret du 22 septembre reçu-
lait la limite supérieure d’âge d’una année
pour les concours qui auront lieu en 1914 et
années s divan tes.
Le nouveau décret abroge les dispositions
du décret du 2 novembre, mais en maintient
toutefois l’application pour les marins ac-
tuellement an service qui désireraient se
présenter an concours de 1914 ; en ce qui
concerne le décret du 22 septembre, ii limite
aux concours de 1914,1915 et 1916 l’éléva-
tion d’une année de la limite supérieure
d’âge d’admission.
Les deux mesures ont été examinées par
le Conseil d’amirauté.
Le rapport au président qui précède le dé-
cret dit que la limite d’âge étant relevée
d’une année pour le concours de 1914, les
candiiats qui ôtaient à la limite en 1913 ont
encore ce concours pour se présenter ; au-
cun d’entre eux n’a donc pu s’engager dans
les équipages avec l’idee de profiler des dis-
positions nouvelles, etl’abrogation du décret
du 2 novembre ne lèse par suite aucun inté-
rêt. D’autre part, le ministre a estimé que la
disposition du decret du 22 septembre n’é-
tant prise qu’à titre temporaire, il y avait
lien ae fixer le plus tôt possible les familles
sur le nombre d’années.
' Ghrenipe Losalà"
OBSEIIVATOIRE DE PAHIS
Paris, 28 janvier, U h. 15.
Extrêmes barométriques : 773 aiUlta a Biar-
ritz, 764 miUfm. a Nice.
Pression basse Nord Europe, élevée Sud-Ouest
Temps probable I Vent d'entre Sud et Ouest)
nuageux, quelques pluies, température normale*
AU HAVKE (Centré ae (a Ville i
iunitm uuwtni
A midi. 769 -i- 7
A minuit 771 4- 9
PAR-Ci^AR-LA j
Une Rencontre
Depuis plus d’una. huitaine, je n’avais eu fa
plaisir de rencontrer mon vieil ami Lamouvette,
Il était, ce jour-là, a demi noyé sous un flot
d'opulentes fourrures. Le nez bleu, les yeux
blancs, les mains rouges, il se défendait aveo
une ardeur toute patriotique contre la rigueur
des vents.
Il avait l’esprit chagrin, la bouche amère.
L’hiver polaire, l’engelure cuisante et le coryza
lancinant lui inspiraient des pensées mauvaises.
Il revenait de chez son marchand de charbon
et s’effarait de voir monter la note du Cardiff
en même temps que le thermomètre accusait
d’effarantes descentes en cheminée — en.che-
minée de calorifère.
— Parlez-moi d’un hiver normal, me dit-il,
ave o un soupçon de brume et quelques averses.
La boue, ça sèche et ça se brosse... Mais ce
froid de canard, c’est ridicule. »
J'ai rencontré hier mon vieil ami. Il avait
arboré un petit pardessus de demi-saison qui
sentait la naphtaline, de s guêtres jaunâtres, un
amour-de petit chapeau tapissé de toile cirée ;
mais la figure était demeurée maussade, le
sourcil froncé, la lèvre pincée, l’air revéefte
d’un Monsieur qui pompe un rhume par des
semelles sursaturées d’eau vaseuse. Il me con-
fia :
— Ça ne va pas, ça ne va pas du tout. Cette
saison est imbécile. Ce brouillard me transfor-
me la cervelle en éponge et me colle de la neu-
rasthénie jusqu'au fond des. moelles. Parlqz-
moi d’un hiver normal, un bon petit froid seo
qui fouette le sang et vous met du feu aux
pommettes, une bonne gelée qui purifie et ra-
gaillardit... Mais ce temps de canard, cette
fange à travers laquelle nous pataugeons, o es
rues transformées en cloaque... »
Avec une rage injuste, il continuait de s’atta-
quer aux choses de la rue. Son pessimisme et
sa misanthropie n’epargnaient rien, ni la brume
dispensatrice des bronchites sournoises, ni la
pluie Une qui dégringolait le long de son amour
de petit chapeau pour venir en cascades, imbi-
ber ses guêtres jaunâtres, ni le service de la
voirie qui laissait au Père Eternel le soin d’en-
lever les tas de glaçons,ni les automobilistes qui
lui lançaient au passage des gerbes de boue. Et
sur son pardessus de demi-saison, la boue des-
sinait des étoiles en faisant : Floue ! Floue I
— Et s’il n’y avait que cela. Mais sachez,
mon pauvre ami, que je traverse en ce moment
uneorise terrible. Le thermomètre m'en veut,
c’est certain. Le lendemain du jour où j’ai re-
nouvelé ma provision d’anthracite, la tempé-
rature s’est relevée comme par enchantement,
par esprit de contradiction, poucjne taquiner,
vous n’en doutez pas.
» Depuis quatre jours, je suis l’homme fi
plus inquiet, le plus nerveux, le plus démora-
lisé qui soit. Je passe mes heures à guetter le
vol des nuages, la direction des vents, la migra-
tion des oiseaux. Les uns m'affirment que c’est
le retour du printemps, les autres m’assurent
que la neige est proche et qu’on a ne va pas
s’en tirer comme ça,
» Je suis livré à la plus déplorable des tndéot-
sions, au plus pesant des doutes, à la plus dis-
solvante des hésitations. Hamlet dut connaîtra
ces phases angoissantes. Car enfin toute la ques-
tion est là : a Faut-il, oui ou non, que je laissa
s'éteindre mon calorifère ? •
Là dessus, M. Lamouvette s’en fut tête basse,
accablé de pensées contradictoires, symbole
vivant et douloureux de l’irrésolution.
Car il est bien entendu, n'est-ce pas, que l’es-
prit sans souci use son temps à s’en faire et que
la vie serait bien plaie, bien banale et bien
triste, si, à défaut d'inquiétude véritable, l’on na
passait ses jours à se créer de l’ennui.
JtLSEêT-HfiiUUUtlCBgipT.
Administrateur -Délégué - Gérant
O. RANDOLET
Adresser tout ce qui concerne t'Administration»
à M. 0. RANDOLET
85, Rue Fontenelle, 85
Adresse Télégraphique : RANDOLET Eavrô
Administrattoo. Impressions et Annonces, TÉL. 10.47
Le Petit Havre
ORGANE RÉPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
RÉDACTIOIV
Adresser tout ce qui concerne la Rédaction
85, Rue Fontenelle, 85
TÉLÉPHONE t N* ï.ÔO
ANNONCES
AU HAVRE...., BUREAU DU JOURNAL, 112, boul 1 de Strasbourg. |
t L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est j
p PARTS < seule chargée de recevoir les Annonces pour
( le Journal.
le PETIT HA VUE est désigné pour les Annonces Judiciaires et légales
ABONNEMENTS JTROIS MOIS SIX MOIS UN AN
Le Havre, la Seine-Inférieure, l’Eure,i, , _ „ „ ___
l’Oise et la Somme....;......** ..j - .2 * ® « r.
Autres Départements , O Fr. AA 50 ss «
Union Postale MO » so Fr. -i«» »
On s'abonne également, SANS FRAIS, dans tous les Bureaux de Poste de France
GiiniüE lui
Paru, trois heures r.iatin
DEPECHES COMMERCIALES
METAUX
LOXDRES, 28 Janvier. Dépêche de 4 h. 30
TON COURS HAUSSE BAISSE
CUIVRE
Comptent. caUne * 88 ta/6 -/-
8 mois..... 168 1J/6 -/-
ETAIN
Comptant . 1179 8/- 23/- -/-
3 mois iterme 1180 10/- 28/- -h
FER
Comptant.. calme t 80/9 1 d
îmois.....) £81/6 -/- ld
Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse
lu 27 janvier 1414.
NEW-YORK, 28 JANVIER
Colons < janvier, baisse 2 points ;
mars, baisse 2 points; mai, baisse i point ;
octobre, inchangé. — A peine soutenu.
Caics < baisse 8 à 12 points.
NEW-YORK, 28 JANVIER
rif" ■ ■■’.r.r.VD -
t. m unit t. menât
Cuivre Standard disp. 14 50 14 50
— lévrier ....... 14 50 14 50
Amalgamât. COJI. .. 75 1/4 75 3/8
Wer 15 — 15 —
CHICAGO, 28 JANVIER
C. DU JOUR G. PREdtM)
Blé sur Mai 93 7/8 93 1/î
— ...... Juillet.... 89 1 4 88 1/8
Maïs snr Mai 67 1 1 66 1/4
— Juillet.. H 66 3 8 65 3/8
taindnux sur. Mai 10 72 10 72
— JUiliet.... 1107 1110
A LA FÉDÉRATION DES GAUCHES
Le Comité d’action républicaine radicale
socialiste vient d’adhérer au groupe de la
Fédération des Ganches.
Son président, M. Forestier, a été nommé
membre dn Comité directeur de la Fédéra-
tion des Gauches.
A LA_EflMIBIS&IM MI BUDGIT
La Commission du Budget dans sa séance
fl’liier après-midi a opéré une réduction
de 1,500,000 fr. sur le budget des Postes et
Télégraphes.
Elle a ensuite entendu M. Caillaux, minis-
tre des finances.
It a été décidé d’accord avec la Commission
que la discussion dn budget pourrait com-
mencer dans le courant de la semaine pro-
chaine, et qu’il devra être poursuivi sans in-
terruption.
M. Cocbery, président de la Commission, a
fait observer quM ne restait plus à examiner
que les derniers chapitres des budgets des
colonies, de la guerre et des finances.
Plusieurs rapports pourront être déposés
sur le bureau de la Chambre lundi et mardi
prochain.
La commission, dans la séance qu’elle a
tenue hier soir, a examiné le budget de la
Guerre.
Elle pense qu’elle aura terminé l’examen
de la loi de finances à la fin de cette semai-
ne.
LE CONGRÈS SOCIALISTE D’AMIENS
AMIENS. — Le Congrès socialiste a adopté à
runauimité une motion rédigée parla Com-
mission des résolutions déclarant impossi-
ble la reconstitution d’un nouveau bloc qui
ne pourrait qo’aflaibiir la vigueur du parti,
rappelant qu’au premier tour, le parti s’af-
firmera partout contre l’impérialisme milita-
riste, pour Raccord franco-allemand et pour
la laïcité.
Le second tour ne ponrra être que la suite
fie ce combat.
Les fédérations, partout où il sera impossi-
ble au parti de remporter un succès électo-
ral direct, s’affirmeront en faveur de ceux des
candidats républicains favorables au déve-
loppement de l’organisation ouvrière, à la
laïcité, aux réformes fiscales, à l’entente
franco-allemande et hostiles aux conseils de
guerre.
Le Congrès est clos.
LES ADIEUX DE M. DELCASSÊ
A SAINT-PÉTERSBOURG
SAINT-PÉTERSBOURG. — Hier soir, l'ambas-
sadeur d’Angleterre a offert nn dîner d’a-
dieux à M. Deicassé qui présentera aujour-
d’hui ses lettres de rappel au tsar et partira
samedi pour la France.
L'AFFAIRE GERMAI»
M. Genty, accompagné de trois experts, a
perquisitionné dans les bureaux de la Cote
et au domicile de Germain.
Les experts ont été chargés d’établir nn
rapport sur le fonctionnement du Syndicat
de garantie.
M. Gilbrun, substitut de la section finan-
cière au parquet, a reçu onze nouvelles
plaintes contre Germain.
D’autre part, M. Daru, commissaire anx
délégations judiciaires, a saisi à la Banque
française des Comptes courants la comptabi-
lité de la Cote et divers documents.
UNE ÉPIDÉMIE D’OREILLONS
A CHERBOURG
CHERBOURG. — Plus de cent militaires at-
teints des oreillons sont actuellement en
traitement à l’hôpital maritime.
Cette épidémie prend chaque joar de l’ex-
lension.
LE GOUVERNEMENT D'ALSACE»
LORRAINE EST-IL DÉMISSIONNAIRE ?
STRASBOURG. — On assure que M. Zorn de
Bulach aurait déclaré à ia Commission du
budget do la D.ète que le gouvernement
d’Alsace-LOrraiüe avait donné sa démission
et qu’il attendait des ordres de B rün.
La Commission a néanmoins continué
l’examen du bndget et approuvé l'attitude
prise per le gouvernement
L'Allemagne en
Afrique Équatoriale
Les ambitions coloniales de l’Allemagne,
qui sont évidentes, ne doivent pas rester
ignorées de Topinion française, car il vaut
mieux prévoir les prétentions futures d’un
rival que se laisser surprendre par elles.
Or il est dès aujourd’hui certain que les
Allemands ont jeté leur dévolu sur l’Afri-
que équatoriale : c’est, pour l’avenir, une
source inquiétante de rivalités et de com-
plications. Nous ne pouvons manquer d’y
être impliqués, car la France est, au pre-
mier chef, une grande puissance congo-
laise.
Tard venus dans la lutte coloniale, les
Allemands regrettent amèrement l’absten-
tion de Bismarck à une époque où il y
avait encore des terres vacantes. Force leur
sera donc (ils envisagent froidement l’éven-
tualité) d’acheter ou de prendre les domai-
nes qu’ils envient et que de plus agiles ont
su leur souffler. C’est dans ces conditions
que, manifestement, le Congo les tente.
Si vous regardez une carte de l’Afrique,
vous constaterez que l’Allemagne est établie
au Nord Ouest, au Sud-Ouest et à l’Est
du Congo belge : le Cameroun, le Damara-
land, l’Afrique Orientale allemande forment
comme les trois pointes d’un triangle au mi-
lieu duquel est situé l’immense territoire
belge. Du côté du Lac Tanganika, il y a
contact ; mais le Damaraland est séparé du
Congo belgë par l’Angola portugais; de
même, avant le traité de 1911, le Congo
français formait écran entre l’Etat indépen-
dant et le Cameroun. Nous allons -voir que
la politique germanique — politique cons-
ciente, persistante et de longue haleine —
tend à pénétrer par les trois côtés vers le
Centre, pour enserrer la région congolaise
en un réseau serré et convergent de liens.
L’arrière-pensée éclate dans le traité
franco-allemand. Pourquoi ces deux pointes
de territoires exigées par l’Allemagne vers
le Congo et r®ui»anghi ? Pourquoi cet in-
vraisemblable et ridicule dessin de fron-
tière, qui mutilé notre colonie et la tron-
çonne en trois morceaux Y il est trop cfair
(et nos négociateurs né pouvaient l’igno-
rer) que les Allemands ont voulu, à tout
prix, avoir accès jusqu’au Congo, jusqu’à
l’Oubanghi, c’est-à-dire jusqu’à la frontière
belge. La concession obtenue par nos adver-
saires de 1911 ne signifie rien si elle ne
couvre pas quelque ambition d’avenir.
J’ai tort même d’employer l’expression
d’arrière-pensée. L’article 16 du traité con-
golais ne laisse planer aucun mystère sur
la nature de cette ambition. Voici en effet
son texte : « Dans le cas où le statut terri-
torial du Bassin conventionnel du Congo,
tel qu’il est défini par l’Acte de Berlin du
26 février 1885, viendrait à être modifié.
duTfiait de l’une ou de l’autre des parties
contractantes, celles-ci devraient en con-
férer entre elles, comme aussi avec les
autres puissances signataires dudit Acte de
Berlin ». Jusqu’à 1911, nous possédions, on
le sait, un droit de préemption sur le
Congo belge. Malgré les commentaires don-
nés par M. Caillaux, il y a deux ans, le
doute n’est désormais guère possible : par
cet article 16 nous abandonnons notre droit
dé préemption. Si un règlement vient à se
produire, ce ne sera plus affaire entre la
France et la Belgique seules. L’Allemagne
aura son mot à dire, et l’on voit qu’elle
compte le dire. La Belgique nous en a
voulu de cette négociation qu’il eût mieux
valu éviter. C’est au dernier moment, pa-
raît-il, que le gouvernement de Berlin a
soulevé la question, et il en faisait une con-
dition sine qua non de l’accord. Ainsi, par
notre double concession territoriale et di-
plomatique, l’Allemagne avance d'un grand
pas vers l’Hinterland congolais, but ultime
de ses ambitions.
Est-il besoin de dire que nos rivaux ne
se sont pas reposés sur leurs lauriers con-
golais de 1911 ? L’oeuvre politique de cette
année-là s’est continuée par une oeuvre
économique d’importance à peine moin-
dre : la construction ou la préparation de
trois chemins de fer partant de trois points
de la côte et convergeant vers le coeur du
Continent. C’est toujours le même pro-
gramme.
Voici d’abord le transafricain germano-
belge, qui doit être terminé en 1914. Ce
sera une voie transversale mixte (eau et
rail) qui reliera Dar-es-Salam, sur l’Océan
Indien, à Matadi, sur l’Atlantique. Un rail
allemand réunira Dar-es-Salam au lac
Tanganika; puis un rail belge, le Tanga-
nika au Haut-Congo. Du Haut-Congo à
Léopold ville, sur le Stanley Pool, trois
tronçons de chemins de fer et trois biefs
navigables continueront, entre mains bel-
ges, la voie transafricaine. De Léopoldville
à Matadi (embouchure du Congo) on utili-
sera enfin Ja voie ferrée belge actuellement
en exploitation. On pourra ainsi effectuer,
en un mois, la traversée de l’Afrique, qui
demandait à Stanley, il y a 33 ans, deux
années d’efforts surhumains.
Les Allemands ne cachent pas leur vo-
lonté d’acquérir l’hégémonie économique i
dans la région du Tanganika ; ils entendènt
faire de ce lac un lac allemand, comme, les
Anglais ont fait du Victoria un lac anglais.
Le chemin de fer transversal coupe le Cap-
Caire, grande pensée de Cecii Rhodes. Dès.
aujourd’hui on peut considérer comme cer-
tain que la ligne allemande Tangànika-Dar-
es-Salam donnera aux intérêts allemands le
« contrôle », comme disent les Américains,
sur la partie orientale du Congo belge.
L’activité germanique ne s’en tient pas
là : le projet d’encerclement de l’Etat indé-
pendant se poursuit de deux autres côtés.
D’une part, le traité de 1911 donne le droit
aux Allemands de continuer leur ligne fer-
rée au Cameroun vers le Congo, en traver-
sant s’ils le désirent le territoire français :
c’est l’attaque économique par le Nord-
Ouest. D’autre part, les capitaux allemands
sont de moitié dans un chemin de fer ger-
mano-portugais qui, partant de Benguela
(Angola portugais), se dirige vers le Katan-
ga (région Sud du Congo belge), où il de-
vra se raccorder avec le Cap-Caire.
Cette concordance d’entreprises distinc-
tes mais convergentes, cette pensée unique
se révélant sur des points divers, cette vo-
lonté manifeste de pénétrer à tout prix et
de toutes parts ne sont-elles pas impres-
sionnantes? Des règlements ou des conflits
sont inévitables dans cette partie du globe.
L’Allemagne, armée jusqu’aux dents, veut
s’y faire sa place. Il faudra que l’Angleterre
et la France résistent ou s’entendent, en-
trent peut-être dans la voie des échaoges...
Il faudraque la Belgique et le Portugal,
interlocuteurs de moindre puissance, né-
gocient ou marchandent. Mais, quoi qu’il
en soit, la carte de l’Afrique centrale ne
restera évidemment pas ce qu’elle est au-
jourd’hui Le dessin des frontières n’y donne
pas l’impression du définitif, et le traité de
1911 semble y avoir soulevé plus de pro-
blèmes qu’il n’en a résolus.
ANDRÉ SIEGFRIED.
HsiiwIlesPoïitipes
Le Congrès Socialiste d’Amiens
Hier matin, M. Compère-Morel préside*
On vote de3 sympathies à M. Jutes Guesde*
que la maladie tient éloigné du Congrès* efc
on liquide l’affaire Myreus — une affaire^de
COIffllt.
Ou sait une la Fédération du Pas-de-Calais
a rerase de ratifier ia décision de la ssclton
de Boulogne présentant à nouveau la candi
dature dit député sortant Myreus aux pro-
chaines élections législatives. M. Tffÿrens et
les Boulonais n’acceptent pas la décision de
la Fédération.
Ou sé rappelle que, dans les Congrès pré-
cédents, M. Myreus, qui avait attaqué véhé-
mentement la franc-maçoanerie, s’était vt»
en retour accuser de n’être élu que par l’ap-
pui des cléricaux, & qui H devait donner des
gages.
M, Myrens se détend : il ne travaille que
pour le socialisme et, dans le parti, il est le
plus discipliné des soldats. Il ajoute qu’ii
s’inclinera devant les décisions du Congrès
sur la tactique électorale ; sur quoi la suite
de la séance est renvoyée à l'après-midi.
LE PARLEMENT
Impressions de Séance
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Paris, 28 janvier.
Un fait inouï, invraisemblable, s’est pro-
duit aujourd’hui à ia Ch s more.
Pendant une matinée entière, on a parlé
du Maroc sans que la voix claironnante de
M. Jaurès se soit fait entendre, sans gue le
leader socialiste ait réédité scs éternelles dia-
tribes contre l’oeuvre civilisatrice entreprise
par la France et proclamé la nécessité de
l’évacuation. Il est vrai que M. Jaurès n’était
pas là. Il palabre actuellement au Congrès
d’Amiens, sans quoi, soyez-en sûr, il n’au-
rait pas épargné à la Chambre son sempiter-
nel discours. Celle-ci, comme disent les trou-
piers, n’y aurait pas « coupé ».
Grâce à cette heureuse circonstance, on
n’a pas en à regretter, pendant le débat sur
l’emprunt marocain, la moindre note dis-
cordante Tous les orateurs ont rendu hom-
mage à l'oeuvre accomplie par le général
Lyaatey, par notre vaillante armée, par les
fonctionnaires civils ou militaires, et c’est à
l’unanimité que l’emprunt a été finalement
voté.
L’après-midi, long et intéressant débat sur
la représentation des pères et des mères de
famille dans les commissions chargées d’ad-
ministrer les Caisses des écoles.
Pendant que ce débat se déroulait, nne
dizaine de spectacteurs occupant les tribu-
nes publiques au dessus de la droite ont
lance dans l’hémicycle des poignées de petits
papiers en criant à plein gosier: — Justice
pour la Défense Nationale 1 A bas les affa-
meurs I... Il y a six mois qu’on nous leur-
re t... Les m agasins sont vides et l’on nous
refuse du travail !... Nous en avons as-
sez i... Emoi. Intervention des huissiers.
Expulsion des perturbateurs.
Renseignements pris, ce sont des ouvriers
de l’équipement militaire qui ont, ou qui
croient avoir à se plaindre ae l’administra-
tion de la guerre. Bref, la traditionnelle
scène dans ia salle, aussi banale au Palais-
Bourbon que dans les revues de fin d’année.
Antre incident, entre députés, cette fois.
M. Germain Périer, qui venait de développer
un amendement relatif à la composition des
commissions administratives, descendait de
la tribune en prononçant à mi-voix quelques
paroles perdues au milieu du bruit. Qu'avait
dit au juste’Ml Germain Périer ? On ne sait
trop. On entendit seulement ces mots sans
suite : Subordination des préfets.. , Puissan-
ce occulte... Comité Mascuraud.. * Boutique
de décorations...
Et, brusquement, M. J.-B. Morin, qui sans
doute se croyait visé personnellement, s’è-
lançait vers'M. Germain Périer. Une vive
altercation se produisit, suivie d’un échangé
de témoins. Ceux-ci se réunirent aussitôt et*
en an tour àe main, l'affaire fat arrangée.
y, H. %
CHAMBRE DES DÉPUTES
Séances du 28 Janvier
(Séance du matin)
La séance est ouverte i 9 h. 20, sous la prési-
dence de M. AUGAGNEUR, vice-president.
On discute le projet de loi relatif & l’émission
d’un emprunt de '230 millions pour l'exécution de
travaux publics au Maroc et le remboursement du
passif du msgbzen. _ -
M. VEILLÂT présente quelques observations et
demande que la culture de coton soit favorisée
au Maroc.
M*. BARTHE et TOUR IVADE constatent l'excel-
lence do t’oeuvre entreprise au Maroc.
«M. LONG, rapporteur, et DOUMERGUE rendent
hommage a l’administration du générai Lyautey
et de ses collaborateurs, puis l’ensembio du projet
est voté a mains levées.
La séance est levée à midi 18.
/(Séance de l’après-midi)
M. ETIBKNE, vice-président, préside.
Les Caisses des Ecoles
On reprend la discussion du projet sur les cais-
ses de* écoles.
L’article 3 est ainsi conçu :
« Art. 3. — Dans toute commune où II n’existe
pas de caisse dés écoles et si le Conseil munici-
pal ne la crée pas le préfet notifie au maire une
mise en demeure et, dans le délai d’un mois a par-
tir de cette notification, procède s’il y a lieu a
cette création par arrêté.
» Plusieurs communes peuvent être autorisées
par arrêté préfectoral et après avis du Conseil dé-
partemental de l’enseignement primaire a se grou-
per en vue de la formation et de l’entretien d’une
caisse des écoles. »
Le premier paragraphe est adopté sans débat.
Au paragraphe 2 M. LEFAS présente code addi-
tion.
* Les groupements de communes en vue de la
formation d’une caisse des écoles seront soumis
pour leur formation et pour leur dissolution aux
dispositions de la loi du 22 mars 1890 sur les syn-
dicats de communes. »
- M. LUFAS accepterait le renvoi de son amende-
ment a la Commission.
ai. VEBER, rapporteur de la Commission ac-
cepte.
M. VIVIANI, ministre de l’instruction publique :
Le prjmier paragraphe de i’articte 3 autorise la
création delà caisse par arrêté préfectoral. II se-
rait extraordinaire que pour la dissolution un dé-
cret fût nécessaire.
Il accepterait une transaction sur le paragra-
phe 2.
M. VEB«R insiste pour le renvoi du paragraphe
à la Commission et de l’amendement.
Le renvoi est ordonné.
Ou passe-A i’arlicle 4.
Cet article- fixe les ressources dont se compose
; la-caisse desécoles.
L-est-adopté.
M. LEFAS.défend un amendement portant que
p deux au moins des membres do ia Commission
administralive seront des mères de famille dési-
gnées, l’une par le préfet, l’autre par le Conseil
municipal ou l’un des Conseils municipaux inté-
i r»ec&^;:
'L’oAteur demande a la ^Commission d’accepter
le renvoi en ce sens. .
M. LE RAPPORTEUR accepte.
M LEFAS soutient un second amendement ain-
si conçu :
« La caisse des écoles est administrée par une
Commission administrative composée du maire et
do huit membres renouvelables. Deux des mem-
bres de la Commission sont élus par le Conseil
municipal de la commune où la caisse des écoles
a son siège : deux autres sont nommés par le
préfet, sur la proposition de l’inspecteur d’acadé-
mie ; deux autres sont élus, chaque année, par
les parents dont les enfants sont inscrits aux éco-
les publiques, et deux par les souscripteurs et
donateurs de la caisse des écoles.
» Dans tes villes dont la population est supé-
rieure à 25,000 habitants, deux membres sont èius
par te Conseil municipal, deux sont désignés par
le préfet, et les quatre autres sont élus par les
souscripteurs et donateurs de la caisse des éco-
les.
» Dans le cas où plusieurs communes se sont
groupées pour la formation d’une caisse des éco-
les, la Commission administrative sa compose :
1* Du maire de chacune des communes grou-
pées ;
ç D'un membre élu par le Conseil municipal de
chacune de3 communes groupées :
3* D'un nombre de délégués- du préfet égal à
celui des délégués des Cons. ils municipaux, et
désignés par lui sur ia proposition de l’inspecteur
d’académie ;
M. LE MINISTRE répond que la question visée
par M. Lefas fait l’objet de plusieurs amende-
ments.
Il demande à la Chambre de prononcer la jonc-
tion de tous ces amendements.
La jonction est ordonnée.
M. GERMAIN PERIER développe un amendement
ainsi conçu :
« La caisse des écoles est administrée par une
Commission administrative composée du nuire
ou d’un adjoint et de six membres renouvelables.
Trois membres de la Commission sont élus par le
Con-eit municipal de ta commune où la Caisse des
écoles a son siégé ; trois aut-es sont nommés par
le préfet sur la proposition de l’inspecteur d’Aca-
démie ».
M. FERDINAND BUISSON, président de la Com-
mission, demande que les différents textes soient
renvoyés à la Commission après que la Chambre
se sera prononcée sur les deux ou trois questions
de principe que ia Commission ne peut pas solu-
tionner.
Il est admis qu’il y ait des représentants de
l’Etat et de l’élément local dans la Commission.
La difficulté est d’évaluer la proportion des di-
vers éléments.
Mois une question nouvelle est posée ; c’est la
représentation des familles.
Dans tous les pays où l’instruction obligatoire
existe, la loi a institué Aes Commissions locales
dans lesquelles les famlïes sont largement repré-
sentées.
L’orateur déclare que plusieurs de ses collègues
et lui ont consenti à renoncer à l’institution des
Commissions scolaires à condition que dans la loi
sur les caisses des écoles on rétablirait le lien
avec les familles.
M. ADRIEN VEBEU, rapporteur : M. Ferdinand
Buisson parle en son nom personnel, et non au
nom de la Commission de l’enseignement, quia
condamné sa thèse
ai FERDINAND BUISSON : II est inexact que la
Commission de l’enseignement ait condamné ma
tbèse.
La question est restée entière et il y a touj'ours
eu, a la Commission de l’enseignement, une ma-
jorité pour que les pères de familles soient repré-
sentés.
M. LE RAPPORTEUR : A condition qu’ils soient
sociétaires.
aï. FERDINAND BUISSON déclare qu’il ne s’op-
pose pas a cille spécification.
Il estime qu’il ne faut pas faire le vide autour
de t’école laïque. H faut, au contraire, grouper
autour d’ellë, toutes les forces vives qui peuvent
la soutenir.
Qu’on se garde de laisser croire qu’on se défie
des familles qui envoient leurs enfants à l’école
laïque. Ce serait un contresens et une injustice.
La Commission scolaire ayant été supprimée, il
ne reste plus de lien entre les familles et l’école.
Il n’y a que des liens officiels.
A côté de la question de la représentation des
pères et mères de famille, il y aune seconde ques-
tion qui se pose.
A fbeure présente, ia France est à peu près le
seul,pays où il n’y ait pas de femmes dans les
conseils scolaires.
A Chicago, c’est une femme qui, depuis 10 ans,
est chef du service scolaire.
Dans,tous les pays du monde, les conseils sco-
laires contiennent des femmes.
Est-il exagéré de demander que, dans une ins-
titution secondaire, comme la Caisse des écoles,
on fasse une place aux mères de famille.
L’orateur demande à la Chambre de décider que
les pères et mères de famille seront représentés
dans ia Caisse des écoles. Elle aura aussi bien
servi la cause de l’école que celle de la Répu-
blique.
M. LE MINISTRE DE L’INSTRUCTION PUBLIQUE
répond que satisfaction a été donnée par le texte
sorti des délibérations de la Commission de l’en-
seignement, rapproché de l’avis de ia Commission
du budget, aux idées développées par M. Buis-
son.
Ce n’est pas au moment où l’Etat fait un effort
généreux qu'on peut demander qu’il n’y ait pas de
délégués de l’Etat et du département dans la Com-
mission.
La Commission du budget a proposé de les
fixer a quatre.
La Commission de l’enseignement, tout en ac-
ceptant l’article 7 de la Commission du budget, a
décidé de faire une place dans la Commission aux
représentants de l'élément local.
Le ministre déclare qu’il ne peut pas accepter,
dans les termes incertains et indécis où on la
propose,' la représentation des pères de famille
Les dêlé ués du préfet pourront être, d’aüleur3,
des citoyens de la commune.
II y a des républicains qui ont échoué devant le
suffrage universel qui pourront être choisis par le
préfet.
Le ministre ne fait aucune objection a l’entrée
des mères de famille dans la Commission, soit
qu’elles soient déléguées par le préfet, soit qu’el-
les soient élues.
Grâce a leur collaboration, nous pourrons for-
mer des consciences et des cerveaux com-
plets. •
Tels sont les principes sur lesquels pourrait être
constituée la Commission.
M. THALAMAS constate que tout le monde est
d’accord pour que les trois éléments dom on a
patté soient représentés dans ia Commission de
la Caisse des écoles. Il s’agit de déterminer dans
quelle proportion chacun d’eux y sera repré-
senté.
L’orateur estime que l’élément représentant la
nation ait la majorité sur celui qui représente
l’administration et il croit être ainsi fidèle a la tra-
dition républicaine.
U est bon qu’on admette aussi dans la Commis-
sion une mère de famille et un délégué cantonal.
Il y aurait ainsi 7 membres : 3 délégués du pré-
fet, 2 membres choisis par les sociétaires et par-
mi tes sociétaires, 1e maire et un conseiller mu-
nicipal.
Si la Chambre n’y voit pas d’inconvénient, elle
pourrait émettre un vote de principe sur cette
proposition.
M LE RAPPORTEUR : La Commission propose
à h Chambre u» texte transactionnel d’après le-
quel la Caisse des écoles serait administrée : par
le maire ou son adjoint et par 7 membres renou-
velants : 2 membres sociétaires élus par l’As-
semblée générale des seciétaires ; 3 membres,
dont une mère de famffie et un délégué cantonal
nommés par 1e préfet sur la proposition de l’ins-
pecteur d’académie.
SI. LE MINISTRE DE L’INSTRUCTION PUBLI-
QUE accepte la proposition do M Commission en
ce qui touche tes déiôgues nornm s par le Con-
seil municipal et par les sociétaires , mais il tut
est difficile d’admettre qu'il n’y ait que 3 délégué»
nommés par le préfet. Leur nombre devrait être-
au moins porté a 5.
C’est FEtat qui, daps la grande majorité des
Cas, fournira a la Caisse des écoles presque tou-
tes ses ressources.
On pourrait admettre que 1e nombre des admi-
nistrateurs soit doublé dans les communes au-
dessus de 20,000 habitants, en conservant tes mê-
mes proportions entre les divers éléments.
Le débat devenant très confus, plusieurs mem-
bres demandent le renvoi a la Commission qui
est ordonné.
La proposition relative a l’affichage électoral
est inscrite a l’ordre du jour de cet après-midi, à
ia suite de l’élection du vice-président*
Séance ce matin.
La séance est levée a 6 h. 40,
LA MAISON KRUPP EN RUSSIE
et le Matériel de Guerre Français
L’Echo de Paris a reçu la dépêche suivante
de Saint-Pétersbourg :
Le bruit court que tes usines Piutiloff, de Saint-
Pétersbourg, viennent d’être achetées par Krupp.
Si le fait est exact il provoquera une vive émo-
tion en France.
L’on sait, en effet, que le gouvernement russe a
adopté, pour son matériel d’artilterie de terre, les
systèmes français. Jusqu’à présent, la plus grande
partie de ce matériel avait été construite aux usi-
nes Poutiloff. avec le concours du Creusot et le
personnel français fourni par lui.
D’antre part, Y Agence Havas reçoit la dépê-
che suivante de Saint-Pétersbourg :
Le bureau des renseignements dément les in-
formations erronées publiées par certains jour-
naux russes et étrangers. Il indique que le Con-
seil des ministres a cru devoir organiser une So-
ciété privée russe des armements, qui a commen-
cé déjà ia construction d’une usine nouvelle près
de Tsaritsyne.
Cette Société est liée avec une importante en-
treprise similaire anglaise.
Ajoutons que le Temps, en reproduisant
cette dépêche, la fait suivre delà note sui-
vante :
Ce démenti russe reste assez obscur. L’affaire
de l’usine nouvelle de Tsarilsyne ch-rrgêe de cons-
truire la grosse artillerie russe d’après un modè-
le français et qui est sous Je contrôle de la mai-
son anglaise Vickers et C» n’a rien de com-
mun avec l’achat par ia maison Krupp des usines
Poùtilof.
Il est au surplus a notre connaissance que la
négociation Krupp-Poutilof est réelle et devait se
résoudre aujourd’hui. Nous ne publions donc que
sous toutes réserves les démentis qui procè-
dent.
**#
Quoiqu’il en soit, le ministre des affaires
étrangères a télégraphié à M. Delcassé de de-
mander d’urgence des renseignements au
gouvernement russe sur le rachat des usi-
nes Pontiiof par la maison Krupp.
Ii est probable que cette affaire viendra
très prochainement devant la Chambre.
— - " - ■ 1 III
ETEAMGER
ETATS-UNIS
Vn Train a disparu arec cent voyageurs
Une dépêche de San-Francisco annonce
qu’on train entier, avec ses cent voyageurs,
a dispara, dans le district de Santa-B/rbara,
qui est inondé. Des recherches faites entre la
dernière station qu’il quitta et la suivante,
où il n’arriva pas, n’ont permis de retrouver
aucune trace du train disparu.
SUÈDE
Un Cuirassé Suédois échoué
On annonce de Stockholm que le cuirassé
suédois Taperhetem s’est échoué hier matin,
vers dix heures, dans la passe de Sandham.
Deux vapeurs de sauvetage ont été envoyés
sur les lieux de l’accident
BULLETINJILITAIRË
La limite d’âge d’admission à l’Ecole
navale
Un décret vient de modifier les mesurée
prises par les décrets des 22 septembre et
2 novembre derniers, touchant la limite d’âge
supérieure de l’admission à l’Ecole navale.
_ Le décret du 2 novembre reculait cette
limite de cinq ans pour les jeunes gens qui,
n’ayant pas été admis à l’Ecole et étant par-
venus à la limite d’âge, avaient contracte no
engagement de cinq ans dans les équipages
d» la flatte. Le décret du 22 septembre reçu-
lait la limite supérieure d’âge d’una année
pour les concours qui auront lieu en 1914 et
années s divan tes.
Le nouveau décret abroge les dispositions
du décret du 2 novembre, mais en maintient
toutefois l’application pour les marins ac-
tuellement an service qui désireraient se
présenter an concours de 1914 ; en ce qui
concerne le décret du 22 septembre, ii limite
aux concours de 1914,1915 et 1916 l’éléva-
tion d’une année de la limite supérieure
d’âge d’admission.
Les deux mesures ont été examinées par
le Conseil d’amirauté.
Le rapport au président qui précède le dé-
cret dit que la limite d’âge étant relevée
d’une année pour le concours de 1914, les
candiiats qui ôtaient à la limite en 1913 ont
encore ce concours pour se présenter ; au-
cun d’entre eux n’a donc pu s’engager dans
les équipages avec l’idee de profiler des dis-
positions nouvelles, etl’abrogation du décret
du 2 novembre ne lèse par suite aucun inté-
rêt. D’autre part, le ministre a estimé que la
disposition du decret du 22 septembre n’é-
tant prise qu’à titre temporaire, il y avait
lien ae fixer le plus tôt possible les familles
sur le nombre d’années.
' Ghrenipe Losalà"
OBSEIIVATOIRE DE PAHIS
Paris, 28 janvier, U h. 15.
Extrêmes barométriques : 773 aiUlta a Biar-
ritz, 764 miUfm. a Nice.
Pression basse Nord Europe, élevée Sud-Ouest
Temps probable I Vent d'entre Sud et Ouest)
nuageux, quelques pluies, température normale*
AU HAVKE (Centré ae (a Ville i
iunitm uuwtni
A midi. 769 -i- 7
A minuit 771 4- 9
PAR-Ci^AR-LA j
Une Rencontre
Depuis plus d’una. huitaine, je n’avais eu fa
plaisir de rencontrer mon vieil ami Lamouvette,
Il était, ce jour-là, a demi noyé sous un flot
d'opulentes fourrures. Le nez bleu, les yeux
blancs, les mains rouges, il se défendait aveo
une ardeur toute patriotique contre la rigueur
des vents.
Il avait l’esprit chagrin, la bouche amère.
L’hiver polaire, l’engelure cuisante et le coryza
lancinant lui inspiraient des pensées mauvaises.
Il revenait de chez son marchand de charbon
et s’effarait de voir monter la note du Cardiff
en même temps que le thermomètre accusait
d’effarantes descentes en cheminée — en.che-
minée de calorifère.
— Parlez-moi d’un hiver normal, me dit-il,
ave o un soupçon de brume et quelques averses.
La boue, ça sèche et ça se brosse... Mais ce
froid de canard, c’est ridicule. »
J'ai rencontré hier mon vieil ami. Il avait
arboré un petit pardessus de demi-saison qui
sentait la naphtaline, de s guêtres jaunâtres, un
amour-de petit chapeau tapissé de toile cirée ;
mais la figure était demeurée maussade, le
sourcil froncé, la lèvre pincée, l’air revéefte
d’un Monsieur qui pompe un rhume par des
semelles sursaturées d’eau vaseuse. Il me con-
fia :
— Ça ne va pas, ça ne va pas du tout. Cette
saison est imbécile. Ce brouillard me transfor-
me la cervelle en éponge et me colle de la neu-
rasthénie jusqu'au fond des. moelles. Parlqz-
moi d’un hiver normal, un bon petit froid seo
qui fouette le sang et vous met du feu aux
pommettes, une bonne gelée qui purifie et ra-
gaillardit... Mais ce temps de canard, cette
fange à travers laquelle nous pataugeons, o es
rues transformées en cloaque... »
Avec une rage injuste, il continuait de s’atta-
quer aux choses de la rue. Son pessimisme et
sa misanthropie n’epargnaient rien, ni la brume
dispensatrice des bronchites sournoises, ni la
pluie Une qui dégringolait le long de son amour
de petit chapeau pour venir en cascades, imbi-
ber ses guêtres jaunâtres, ni le service de la
voirie qui laissait au Père Eternel le soin d’en-
lever les tas de glaçons,ni les automobilistes qui
lui lançaient au passage des gerbes de boue. Et
sur son pardessus de demi-saison, la boue des-
sinait des étoiles en faisant : Floue ! Floue I
— Et s’il n’y avait que cela. Mais sachez,
mon pauvre ami, que je traverse en ce moment
uneorise terrible. Le thermomètre m'en veut,
c’est certain. Le lendemain du jour où j’ai re-
nouvelé ma provision d’anthracite, la tempé-
rature s’est relevée comme par enchantement,
par esprit de contradiction, poucjne taquiner,
vous n’en doutez pas.
» Depuis quatre jours, je suis l’homme fi
plus inquiet, le plus nerveux, le plus démora-
lisé qui soit. Je passe mes heures à guetter le
vol des nuages, la direction des vents, la migra-
tion des oiseaux. Les uns m'affirment que c’est
le retour du printemps, les autres m’assurent
que la neige est proche et qu’on a ne va pas
s’en tirer comme ça,
» Je suis livré à la plus déplorable des tndéot-
sions, au plus pesant des doutes, à la plus dis-
solvante des hésitations. Hamlet dut connaîtra
ces phases angoissantes. Car enfin toute la ques-
tion est là : a Faut-il, oui ou non, que je laissa
s'éteindre mon calorifère ? •
Là dessus, M. Lamouvette s’en fut tête basse,
accablé de pensées contradictoires, symbole
vivant et douloureux de l’irrésolution.
Car il est bien entendu, n'est-ce pas, que l’es-
prit sans souci use son temps à s’en faire et que
la vie serait bien plaie, bien banale et bien
triste, si, à défaut d'inquiétude véritable, l’on na
passait ses jours à se créer de l’ennui.
JtLSEêT-HfiiUUUtlCBgipT.
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.97%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.97%.
- Auteurs similaires Fénoux Hippolyte Fénoux Hippolyte /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Fénoux Hippolyte" or dc.contributor adj "Fénoux Hippolyte")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/6
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k172029h/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k172029h/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k172029h/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k172029h
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k172029h