Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-01-25
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 25 janvier 1914 25 janvier 1914
Description : 1914/01/25 (A34,N11860). 1914/01/25 (A34,N11860).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
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Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k1720250
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 01/12/2020
« km& — N* U.86Q fS Pages) S Centimes — EMTfôlV DP MATIN— 8 (Mmes (g Pages! Dimanche 25 Janvier 1914
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Paris, trois heures matin
h., , - Ïïi
iDÉPÈCHES COMEBCSSLES
NEW-YORK, 24 JANVIER
f Cotons * janvier, hausse 4 points ;
mars, hausse 4 points; mai, hausse 3 points ;
octobre,, hausse 1 point,
i Calé» t hausse 4 à 6 points.
NEW-YORK, 24 JANVIER
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Cuivre Standard disp. — — 14 S0
— lévrier —— *4 50
Amalyauiat. Coj»... 74 3/4 75 5/8
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CHICAGO, 24 JANVIER
C. DU JOUR C. PRBCBD
Rlé sur Mai 94 1/8 93 8/8
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Maïs sur Mai 86 8/8 66 4/8
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Saindoux sur. Mai 10 97 10 97
Juillet.... H 30 il îS
1 LE RAVITAILLEMENT DE PARIS
Le Conseil municipal réuni en Comité de
budget a discuté hier en séance secrète les
conclusions du rapport présenté par M.
Emile Massard sur les approvisionnements
et les besoins des services publics à Paris en
cas de mobiiiiation.
Le Conseil, par 40 voix contre 21 a voté à
titre de contribution volontaire et exception-
nelle de la ville de Paris une somme de
400,000 fr. en vue de permettre à l’autorité
miMaire de constituer à Paris un stock per-
manant de 100,000 qoiotauxde farine exclu-
sivement destinés à pourvoir aux besoins de
la population civile du département de la
Saine pendant la période de mobilisation.
Sur la proposition de MM. Brunet et Galii,
il a été entendu d’accord avec le général Mi-
chel qu’on admettrait à l’adjudication les pe-
tits minotiers et les coopératives.
ESCADRE ANGLAISE A CHERBOURG
CHERBOURG — La préfecture maritime an-
nonce que sept cuirassés et un croiseur an-
glais séjourneront en rade de Cherbourg du
10 au 17 février.'
LES DÉLIMITATIONS VITICOLES
AGEN. — Dans une réunion extraordinaire
le Conseil général dn Lot-et-Garonne a adop,
té an voeu demandant la suppression des
délimitations viticoles.
MM. Briand, larliiou
et Ghéron, au Havre
L’ATTENTAT CONTRE CHÊRIF PACHA
M. Drionx, juge d’instruction, a entendu
longuement Chérif Pacha qui a déclaré avoir
reçu dernièrement des lettres d’amis de
Constantinople lui annonçant le départ de
Paris d’émissaires chargés de le tuer et de
tuer aussi d’autres personnes, notamment le
prince Sabah Eddine, neveu de l’ancien sul-
tan.
Chérif Pacha croit que Djevad Bey est un
officier de l’armée turque en activité de ser-
vice. . _
LES OBSÈQUES DE M. DE VALDROME
MADRID. — Le ministre de la marine a
donné l’ordre aux marins espagnols qui se
trouvent à Tanger d’assister aux fanérailles
de M. de Valdrome.
Le gouvernement espagnol a chargé M. de
Villa Urrutia de présenter ses condoléances
an gouvernement français à l’occasion de
l’assassinat de M. de Valdrome.
II a également chargé son représentant à
Tanger d’offrir ses condoléances à la fa-
mille de M. dé Valdrome.
DANS L’ARMÉE
Le capitaine Audiat, du 129« régiment
d’infanterie, est désigné pour remplir les
tonctions d’adjoint au colonel.
M. Fecierhpil, lieutenant-colonel an 148*
régiment d’infanterie, est nommé chef d’état-
major de l’inspection des formations de ré-
serve et de préparation militaire de la 3* ré-
gion. •'
ARRESTATION D’UN VOLEUR
DE BIJOUX
On a arrêté hier un courtier en bijoux,
nommé Gabriel Gasparion, sujet ottoman,
au moment où il s’apprêtait à partir à l’é-
tranger avec 68,000 francs de bijoux à lui
confiés par plusieurs bijoutiers parisiens.
Gasparion avait déjà commis un détourne-
ment en engageant récemment une émérau-
de d’une valeur de 18,000 francs.
ACCIDENT AUTOMOBILE
Une voiture automobile servant à l’enlè-
vement des ordures ménagères qui, hier
matin, à la suite d’une fausse manoeuvre,
est montée sur un trottoir de la rue La-
marck et est restée suspendue au-dessus de
SiaisonneUes construites au bas d’un terrain
vague, a été solidement amarrée à des pieux
profondément enfoncés en terre.
Des poutres ont été de plus placées de ma-
nière a évitér ia chute du lourd véhicule.
A ia suite de ces travaux, les habitants des
maisons un instant menacées ont été auto-
risés à rentrer chez eux, aucun danger n’é-
tant plus à craindre.
La voiture étant trop lourde pour être re-
levée, va être démontée aujourd'hui.
DÉRAILLEMENT D’UN TRAIN
~ AKGOULÊME. — Hier matin, vers onze heu-
res, uu train de la ligne d’Angoulême à Saint-
Jean-d’Angeiy a déraillé par suite de la rup-
ture d’un essieu de wagon,
i Six voyageurs ont été blessés.
\ Les dégâts sont importants.
V •
y DERNIÈRE HEURE SPORTIVE
/Match de Boxe Sam Langford-Curran
! Hier soir a eu lieu un grand match de
boxe qni mettait aux prises le nègre Sam
Langford et l’anglais Gorran.
Au bout de 6’ 4/5, l’àogiais Curran a été
mis knock out par son terrible adversaire. *
C’est par Le Havre que MM. Briand, Bar-
thou et Chéron commenceront, le 13 février
prochain, la tournée de conférences politi-
ques organisée par la nouvelle Fédération
des Gauches. Notre ville fera, nous en som-
mes sûrs, le meilleur accueil à ces Mes-
sieurs : outre la légitime curiosité d’enten-
dre quelques-uns des meilleurs orateurs
parlementaires de notre époque, le désir
d’avoir quelques points de repère et, com-
me disent les Allemands des « directives »
ne peut manquer de réunir/ une nombreuse
assistance autour des deux anciens prési-
dents du Conseil.
La Fédération des Gauches n’est pas, à
propablement parler, un Comité électoral ;
sa fonction n’est pas d’organiser les cir-
conscriptions pour la lutte. Son but est
plutôt de donner, à tous ceux qui se ral-
lient à ses tendances, la ligne de conduite,
la haute direction et pour ainsi dire le mot
d’ordre sans lesquels il n’est point, en poli-
tique, d’action féconde et soutenue. C’est
là généralement ce qui manque le plus
dans nos campagnes électorales : chaque
candidat travaille pour lui, dans son petit
coin du champ de bataille, sans souvent sa-
voir ce qui se passe dans la circonscription
voisine et sans trop se soucier de l’unité du
parti, qui du reste l’abandonne un peu trop
à ses propres moyens. Si nous voulons faire
non seulement de la polique locale mais
nous élever jusqu’à une politique générale
digne dé cq nom, nous ne pouvons qu’ap-
prouver la méthode de la Fédération.
Quelques précisions sur la situation poli-
tique et l’attitude des divers partis eu pré-
sence ne seront du reste pas inutiles. Ce
serait actuellement la fonction du ministère
que de nous indiquer la ligne de conduite
qu’il va suivre : adversaires et amis se sé-
pareraient, s’opposeraient et se compte-
raient. Mais le cabinet sembleJûen n’avoiv
d'autre but que de durer. « Nous sommes
au pouvoir non pour vivre mais pour agir »
disait, en 1896, M. Léon Bourgeois, chef
du premier, ministère radical homogène.En
cc moment, M. Caillaux pourrait tout au
plus reprendre à son compte la formule de
Sieyès : « J’ai vécu ».
Il no s’agit cependant pas de savoir si
M. Caillaux et ses amis vivront, mais de
savoir si la France elle-même vivra I Or,
quelle est cette façon nonchalante et vo-
lontairement vague de traiter ou plutôt de
remettre sans cesse au lendemain la ques-
tion financière, problème vital du moment !
M. Barthou avait des projets financiers,
discutables sans doute et qui n’étaient point
parfaits, mais c’étaient au moins des pro-
jets. L’emprunt, s’iUse fût fait normale-
ment (et sa réussite était certaine), eût dé-
gagé une trésorerie terriblement chargée.
Le ministère parle maintenant, avec quel
vague, d’un emprunt à faire ; mais il ne
dit pas quand, il n’indique même pas de
date approximative. Aussi les capitaux que
l’épargne avait accumulés, réservés, prépa-
rés pour l’emprunt national se remploient-
ils peu à peu d'une autre façon. Et la tré-
sorerie, pendant ce temps, reste obérée,
peu élastique, peu alerte, incapable évi-
demment de faire face aux exigences
éventuelles d’une crise un peu grave.
Qu’attend M. Caillaux pour nous sortir de
cette impasse ? On voit trop bien qu’il ne
veut pas faire trop vite cet emprunt, qu’il
combattait il y a un mois pour des raisons
où les finances ne tenaient pas la première
place. Mais est-ce là ce qui s’appelle gou-
verner ?
Nous nous souvenons, hélas, d’une autre
circonstance où,‘lié également par son atti-
tude antérieure, M. Caillaux ne sut pas ou
ne put pas faire passer avant toute autre
préoccupation l’intérêt supérieur du Pays :
c’était à la veille d’Agadir ; ses amis et lui-
même avaient combattu la politique des
consortiums franco-allemands, engagée par
M. Pichon. Cette politique pouvait avoir ses
inconvénients, mais elle était engagée au
nom de la France. Le ministère Monis-Cail-
laux n’hésita pas cependant à la désavouer.
Mais on sait de quelles exigences et dé quel-
les avanies l’Allemagne nous fit payer ce
changement d’attitude. On voudrait tou-
jours que les questions nationales fussent
traitées en questions nationales. Pourquoi
faut-il,dans les circonstances ci-dessus,que
des arrière-pensées de politique intérieure
soient venues, comme des reptiles, se glis-
ser dans un domaine que ne devrait pas être
le leur ?
La vérité est que pour inspirer pleine-
ment confiance au Pays un ministère n’a
pas besoin, à proprement parler, d’être
exactement de teile ou telle opinion. Des
Cabinets fort divers ont su, à un égal de-
gré, représenter la France et bien guider
ses destinées. Ce qui déplaît à.une foule de
citoyens, dans le Cabinet actuel, c’est que
sa base politique est décidément trop étroi-
te. Nous avons connu la politique du Bloc,
qui réunissait toutes les Gauches à une
heure difficile ; nous avons connu, sous
Clémenceau, ia politique de l’union des
Gauches à l’exclusion des socialistes. Ici
c’est la politique du seul groupe radical uni-
fié. Or, nous connaissons trop l’esprit et
les méthodes de la Rue de Valois pour pen-
ser que la majorité du Pays puisse s’eu ac-
comoder. Orienter nettement à gauche, ce
n’est pas ce qui nous effraie, et nous l’avons
prouvé ; vouMr et faire des réformes, c’est
la tradition de notre parti républicain, et
nous ne voulons pas l’abandonner.Mais de-
venir, comme la Rue de Valois, une secte
qui ne songe qu’à excommunier, qui selon
la façon jacobine passe son temps à épurer
ses adhérents, et à les condamner, ne les
trouvant jamais assez purs, voilà ce que
nous refusons sans périphrases. C’est aller
à un échec certain que de proposer au peu-
ple français l’étroite formule d’un radica-
lisme de chapelle. C’est aller à un échec
plus certain encore que de l’offrir au bon
sens large de nos républicains normands.
L’attitude politique du Havre, depuis
quarante ans, est restée étonnamment sem-
blable à elle-même. Notre population n’a
jamais voulu d’une forme quelconque de
réaction (elle appartient au bon terroir du
vieux tiers-état), mais elle a repoussé avec
une égale persistance les exagérations et
les intolérances des coteries démagogiques.
Toutes ces raisons nous font penser, nous
donnent même la certitude que les brillants
avocats de la Fédération des Gauches se-
ront immédiatement et comme instinctive-
ment compris de leur auditoire havrais..
Dès aujourd’hui, nous pouvons leur dire
que le contact est par avance établi.
P. H.
ETRANGER
ALSACE-LORRAINE
L’Affaire du « Souvenir alsacien lorrain »
Hier matin, le Conseil impérial, réuni à
Strasbourg, a rejeté le ponrvoi formé par M.
Jean, président du « Souvenir alaacien-lor-
rain », contre ie décret de dissolution da
président du département de la Lorraine.
Les considérants du jugement font ressor-
tir que le pourvoi de M. Jean n’était pas
fondé en droit. De l’avis da Conseil impé-
rial, le « Souvenir alsacien » n’était qae la
continuation du « Souvenir français », et
tontes les raisons qu’on peut invoquer pour
la dissolution de cette dernière Société s’ap-
pliquent également à l’oeuvre du R Souvenir
alsacien ». Celui-ci a soutenu en Alsace-
Lorraine une politique contraire aux lois
allemandes, et pour cette raison la dissolu-
tion s’imposait.
ALLEMAGNE
Les Interpellations de Saverne
au Reichstag
Le Reichstag s’est réuni hier matin pour
examiner les motions relatives au règlement
de l’intervention de la force armée, l’inter-
pellation sur les incidents de Saverne ayant
été close avant-hier soir.
Le banc des ministres était vide. Aucun
représentant du gouvernement n’avait jugé
utile d’assister à la discussion. La Constitu-
tion de l’empire laisse au Reichstag le droit
de proposer au gouvernement de faire nne
loi. La discussion des motions tendant à faire
au gouvernement une proposition de ce
genre n’intéresse pas le gouvernement.
Néanmoins, cette absence fut fort remar-
quée et produisit une certaine impression
sur l’Assemblée.
Le député libéral Muller-Meiningen prit
la parole au début de la séance pour propo-
ser au Reichstag d’accepter una motion du
centre invitant le gouvernement R à regler la
question de l’intervention de l’armée d’u^e
manière qui assure l’indépendance des auto-
rités civiles ».
Le député du centre, M. Eerenbach, monte
ensuite à la tribune et déclare, au nom de
son parti, qu’il n’estimait pas nécessaire que
la question fût réglée par une loi d’empire.
Le député MuIIer-Meinengen reprit alors
la parole pour demander à l’Assemblée d’ac-
cepter une motion nationale-libérale priant
le chancelier de communiquer le plus tôt
possible au Reichstag les résultats de l’exa-
men de l’ordonnance de 1820.
Le députe Hauss, d’Alsace-Lorraine,déclare
que ses amis avaient été cruellement déçus
par la séance de la veille.
Le Reichstag accepta ensuite, contre les
voix des conservateurs, les deux motions re-
commandées par le député Muller-Meinin-
gen : celle du centre et celle des nationaux-
libéraux. La motion des progressistes, celle
des Alsaciens-Lorrains, et celle des socialistes
furent renvoyées à la Commission.
L’ordre du jour portait continuation du
débat sur le budget de l’intérieur, mais pour
protester contre l’absence du gouvernement,
le Reichstag vota l’ajournement.
Pour ce dernier vote, une partie des na-
tionaux-libéraux, désirant de ne pas mani-
fester contre ie gouvernement, a voté avec
les conservateurs contre l'ajournement.
SUISSE
Les désastres financiers dans le Tessin
Les autorités fédérales poursuivent active-
ment leurs démarches pour essayer de re-
médier dans la mesure du possible aux dé-
sastres financiers qui se sont produits dans
le Tessin.
On assure qu’une nouvelle arrestation est
imminente ; elle se rapporterait au détour-
nement des titres en dépôt au Crédit tessi-
aois.
Dans la population, on est tfèï irrité con-
tre ie conseiller national Stoessei, président
du conseil d'administration do ia Banque
cantonale, qui a déclaré à ira journaliste
que, depuis 1890, déjà, ie capital de cet éta-
blissement était plusieurs fois perdu, c’est-
à-dire que, pendant 24 ans, cette banque
a trompé le public tessinois.
L’office des faillites de Locarno demande
que les biens et la fortune des administra-
teurs du Crédit tessinois soient mis sous
séquestre. On assure que la fortune d’un
de ces administrateurs s’élevant à 800,000
francs aurait disparu.
La Cour d’appel n’a pas accepté la récusa-
tion du juge d’instruction de Locarno, l’en-
quête judiciaire sera donc conduite par lui
et par le procureur général de Lugano.
Comme il y aura à ia fia de ce mois de
nombreuses échéances de la Braque canto-
nale en Italie, échéances se montant à un
million et demi, et pour lesquelles des ti-
tres ont été remis en dépôt, le Conseil d’Etat
du Tessin a autorisé le président du gouver-
nement à liquider les échéances pour em-
pêcher que les titres ne soient vendus au ra-
bais à la Bourse,
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L’HIYER EJST FOBÊT
Photo Peut llwrt Cliché Petit Havre
«... Trois fols par semaine, la cité autorisa
les pauvres gens à venir demander aux arbres
1 aumône do quelques brindilles. »
Nous n’iron; plus au bois, les lauriers sont coupés t
Et pourquoi n’irions-nous plus? Parce que
la chanson se complaît aux mélancolies
d’automne ? Parce que la coupe des lauriers,
symbole de gloire sylvestre, incite à la tris-
tesse des regrets ? Parce que la nature frileu-
sement drapée dans son manteau de froi-
dure et de brumes, passe auprès de certains
qui ne le comprennent pins pour une petite
vieille ratatinée, maussade et revêche ?
Ce sont là, évidemment, des raisons. N’en
est-il point d’autres en sens contraire?
Pourquoi n’irions-nous plus au bois ?
J’y suis allé d’un pied léger, dans les gri-
sailles bleutées d'un Janvier qui sentait les
rhumes, avec la joie discrète d’un visiteur du
Jour de l’an. J’y suis allé pour lui porter mes
bons souhaits de la saison, l’espoir des résur-
rections prochaines, l’hommage d’un vieil
ami des choses rustiques ioquiet de respec-
ter la noblesse de leur sommeil, un peu
curieux tout de môme de voir comment elles
passent leurs longs mois de silence et de
deuil.
Mais le bois n’avait pas pris son aspect de
désolation et de mort apparente. Son entrée
n’inspirait même pas le recueillement qui
nous saisit lorsque nous franchissons le seuil
d’une maison ou la Faucheuse a passé.
En cette matinée de jeune lumière, sou-
riante et rose, où le ciel se teintait de cou-
leurs tendres comme la figure d'un conva-
lescent, où l’air s’était attiédi par la laveur
d’un rayon d’avant garde, à moins que ce ne
fut le charmant salut d’un attardé, ie bois
s’était fait aimable, séduisant et trompeur.
Au long de ses branchages nus, des fils
d’or s’accrochaient suivant la'fantaisie d’un
soieil presque anachronique. Ils ravivaient
des teintes, jetaient des taches brillantes,
bardaient de cuivres éteints des troncs et des
tiges, transformaient en métal le roux des
écorces.
Dans la féerie de la lumière exceptionnel-
lement revenue, comme pour donner aux
rhumatismes de Janvier l’illusion conso-
lante d’un Printemps à la veille d’éclore, le
bois avait, ce matin-là, un charme délicieux.
Il dressait sur l’écran céleste les innombra-
bles silhouettes de ses arbres déshabillés.
Spectacle amusant et cocasse, amplification
grandiose du tableau que livre parfois la vi-
trine du taiileur, quand les mannequins dé-
vêtus trahissent ia fruste harmonie de leurs
formes.
Les arbres déployaient de compagnie la
folie convulsée de leurs membres. Plus de
feuilles pour masquer le débordement des
rameaux, ia belle anarchie des tiges qui
poussèrent à leur gré, au bon hasard de ia
belle nature, se bousculant, se gênant les
nns les autres sans récriminer, sans se
plaindre, sans s’injurier. — Quelle leçon de
sagesse t — ou bien enchevêtrant leurs bran-
chages dans l’élan d’nne solidarité toute fra-
ternelle qui pousse le plus faible dans les
bras du plus fort, le puissant vers le malin-
gre, innombrables enfants de la même
mère... ‘ J
Réduits aujourd’hui à l’état de squelettes,
les arbres de Montgeon avaient eu, ce ma-
tin-là, la coquetterie de demeurer figés dans
l’amusant imprévu de leur danse macabre.
Il y avait des troncs plus bossus que Qua-
simodo dont la silhouette tordue affectait des
images grotesques.
Il y en avait de petits qui semblaient vou-
loir se rapprocher, pour demander appui, de
l’opulence éprouvée des autres.
Il y en avait .de plaisants qui s’inclinaient
vers la terre nourricière dans le salut invrai-
semblable do ces clowns burlesques pen-
chés en avant, tout d’une pièce, maintenus
en équilibre par leurs souliers démesurés.
Il y eu avait d’imposants et de magnifiques,
‘ frères aînés de la famille, chargés d’ans et de
dignité, dont ia cime, hérissée de quelques
rameaux oubliés par l'automne, évoquait
ie crâné d’un ancien, avec ses derniers che-
veux hérissés, livrés à l’irrespect de la tem-
pête.
Les arbres, ma parole, jouaient entre eux
Une joyeuse comédie, avec une exubérance
d’autant plus familière qu’ils se savaient
ignorés et qu’ils n’escomptaient guère, en.
ces heures d’abandon, ni l’indiscrétion des
chroniqueurs ni la flânerie des poètes.
*
* *
Mais la forêt, en cette saison, livre son
secret et sou charme à ceux qui la viennent
surprendre. L’un et l’autre sont d’autre sa-
veur, ils n’eu demeurent pas moins attirants
et prenants.
Le bois se tait pins intime et meilleur con-
fident. Il a des coins délicieux que l’illusion
tapisse, des coins où la Nature s'est fait nn
aimable quartier d’hiver et pare d’une végé-
tation imprévue les rigueurs de la jeune
année.
C’est l’ère, un peu morne et doucement
élégiaque où le tableau ignore encore les
touches éclatantes de la palette, la cavalcade
brillante des verts accourus en bandes
bien rangées sous la conduite du chevalier
Printemps, mais c’est l’ère des simplicités
bucoliques et des solitudes chères aux es-
prits en mal de rêvasserie.
Le bois se présente en petite tenue, en
déshabillé du matin, sans décor ni mise en
scène. Il se fait discret et familial. Il vous re-
çoit en toute sympathie, avec l’émotion re-
connaissante due au téméraire qui s’est, à
cette époque, dérangé spécialement pour lui.
Il livre alors sans façon toute l’ampleur de
son domaine, le grand silence de ses ave-
nues, la paix sereine de son lac où des cara-
velles de fenilles mortes continuent de vo-
guer/chassées par les ronds que poussent
devant eux des canards hydrophiles.
**#
Les bêtes du Jardin d’acclimation em-
bryonnaire ont, elles-mêmes, des attentions
tout à fait charmantes pour leurs visiteurs
imprévus. Elles hésitent à sortir quand on
heurte la porte de leurs cages. Elles vien-
nent sur le seuil de leur niche, regardent,
nn peu surprises. Elles pensent manifeste-
ment :
— Quel est ce gêneur?... Un passant? Un
carieux égaré ? Un désoeuvré? Mais non,
c'est un promeneur attentif qui observe et
qui note. Un promeneur à Montgeon quand
le thermomètre frise le zéro 1 .. Un original,
sans doute. Mais voici qu'il tire de sa poche
dn pain, des noix... Mais Alors c’est un
bienfaiteur. Amenez-vous les enfants t »
Et les enfants s’amènent, en secouant leurs
pitres ankylosées, en remuant gaiement
leurs oreilles et iear queue. Us viennent
écraser leur museau humide contre les gril-
lages, et l’air froid teinte de bleu la vapeur
de leur haleine.
La famille entière renaît à-Ia vie en renais-
sant à ia gourmandise. Les yeux sa font plus
brillants, les mouvements plus souples. Des
corbeaux chantent là-haut dans les arbres,
à moins qu’ils ne clament en leur langage
les violences de la jalousie, et, voyant man-
ger les autres, ne protestent, voraces, contre
ia rareté de la pâture.
Les biches apeurées sont devenues plus
confiantes. Les nez humides se font plus
hardis. La visite de 1’ « original » leur a été
manifestement sensible. Je ne saurai dire,
ma toi, si les grosses larmes qui glissent des
paupières et font des traînées reluisantes
sur ie roux du pelage sont des pleurs de
froid ou d’attendrissement.
*
* *
... Mais décidément, le caprice d'un rayon
de soleil fit seul l’éphémère illusion d’un re-
nouveau prématuré.
Déjà le ciel avait repris sou uniforme de
grisailles et de tristesse. Une bise âpre et
sournoise se glissait à travers les taillis qui
sa cabraient sous- sa morsure. Les arbres
frissonnaient en heurtant brusquement leurs
Branches. On eut dit qu’ils gémissaient sous
la rude étreinte de l’Hiver tout en se révoltant
contre la furie soudaine de l’assaut. Le vent
d’Est inclinait leur tête toujours orgueilleuse
et les secouait jusqu’au bout de murs ra-
meaux,mais les antres opposaient en hâte la
protestation delà Nature a la contre-attaque.
L’agitation de leurs branches était moins
le soubresaut d’une soumission que la
prompte riposte à l’attaque. Les têtes se re-
dressaient, hautaines,et les bras se tendaient,
pluqdroits vers le ciel, dans un grand geste
d’imploration, comme pour le prendre à té»
moio de tant do cruauté inutile.
Mais la horde du vent était déjà passée ;
elle roulait bien loin vers d’autres crêtes et
d’autres cimes qu’elle pliait sous sa force
brutale ; elle emportait avec elle, jusqu’au
coeur des plaines, des bruissements sourds,
des grondements de rameaux bousculés, des
éclats de bois tracassé : tout le grand cri de
la forêt vaincue soas l’assaut insolent de*
bises...
*
& *
Par les allées, un groupe de femmes s'a-
Cheminait vers la lisière. Le dos voûté sons
la charge, elles revenaient de Ja récolte dn
bois mort. Trois fois par semaine, la cité au-
torise ainsi les pauvres gens à venir deman-
der aux arbres l’aumône de quelques brin-
dilles.
La forêt s’était montrée pour elles accueil-
lante et maternelle. Elle leur avait fait la
grâce d’une parcelle d’elle-même et s’était
imposé le sacrifice de moarir un peu pour
empêcher les autres de succomber sous la
griffe de la misère.
Dans la mélancolie enveloppante de ca
matin frileux, sous ce ciel morne aux
teintes traditionnelles des gris neigeux, les
porteuses de bois mort s’adaptaient intime-
ment au décor eu associant leur réalisme
pittoresque à la poésie intime des choses.
Les arbres secoués par la rafale balan-
çaient au-dessus de l’avenue leur pâle ma-
jesté décharnée. Le vent avait calmé ses fo-
reurs mauvaises. Les jeanes troncs se pen-
chaient maintenant avec des souplesses
élégantes.
Et comme, à ce moment, les vieilles se
hâtaient, le fagot sur l’épaule, la forêt inoli-
née vers elles semblait laisser tomber devant
leurs pas la grâce infinie d’un salut.
ALBERT-HERRENSCIIMIDT.
INFORMATIONS
Funérailles du Général Picquart
Les funérailles du général Picquart, com'
mandant du 2» corps (Farinée, à Amiens, an-
cien ministre de la guerre, commandeur da
la Légion-d’Honneur, avaient lieu hier matin
à neuf heures.
Le cercueil était exposé dans la cour de
Maubeage, à la gare du Nord. Sur le drap
mortuaire sont placés l’uuiforme, l'épée et
les décorations du défont. Un drapeau trico-
lore enveloppe le cercueil. Alentour, les offi-
ciers el anciens officiers d’ordonnance da
général montent une garde d’honeeur.
Quelques instants avant la levée dn corps,
M. Poincaré fait son entrée, en voiture, dans
la cour de la gare. Il est accompagné du gé-
néral Beaudemoulin, de M. William Martin,
directeur du protocole, et du colonel Péné-
lon, qui restera, pour le représenter, jusqu’à
la fin de la cérémonie.
Il est reçu par : MM. de Waru, vice-prési-
dent du Conseil d’adruiniatration de la Com-
pagnie des chemins de ferdu Nord ; Vallon,
administrateur ; Marcel Grioiet, administra-
teur ; Pierron, ingénieur en chef des services
actifs, et Boutillier, secrétaire général de la
Compagnie du Nord.
La musique du 76* d’infanterie, qui est
massée dans la cour de la gare, joue à cet
instant la Marseillaise. Le président s’incline
devant le cercueil, puis ii présente ses con-
doléances à la famille — les neveux du dé-
funt et M. Edmond Gast, ancien député, an-
cien maire de Ville-d’Avray, son cousin ; le
capitaine Emile Delcrot, le commandant Ro-
hiquet, MM. Pierre Robiquet, Paul Girard,
de l’Institut, Albert Girard et l’état-major du
2e corps d’armée, qui conduisent le deuil.
M. Poincaré se retire aussitôt.
Le cercueil est alors chargé sur le corbil-
lard de première classe avec dôme et pana-
ches, et traîné par six chevaux caparaçon-
nés de deuil et tenus en main par des pi-
queurs. Aux angles du char funèbre sont
fixés des drapeaux tricolores.
Le cortège se forme et quitte la cour de la
gare.
Les cordons du poêle étaient tenus par le
général Joffre, chef d’état-major générai de
l’arméa ; général Michel, gouverneur mili-
taire de Paris ; Sarrail, commandant le 8»
corps d’armée ; Ratier, vice-président du
Sénat ; Messimy, ancien ministre de la guer-
re ; Risler, maire du 7® arrondissement de
Paris.
Au moment de la mise en marche du cor-
tège, les musiciens jouent la marche funè-
bre de Chopin.
Dans l’assistance, très nombreuse, on re-
marquait :
MM. Armand Fallières. ancien Président de la
République ; le président du Sénat et M. Eug.
Etienne, vice-presF’ent de la Chambre des dépu-
tés, remplaçant M. Desehanei, retenu par un deuil
personnel ; le président du Conseil et les mem-
bres du gouvernement, les bureaux do la Cham-
bre et du Sénat, les sénateurs et députés, le Con-
seil d’Etat, le général Florentin, grand chancelier
de la Lôgion-d’ilonneur ; le Conseil de l’Ordre et
la délégation des grsnds-croix et grands-officiers.
On remarque en outre : M. Georges Clémenceau
et les anciens collègues du général Picquart au
cabinet Clémenceau ; MM. Steeg, Painievé, Mille-
rand, G. Leygues, F. Buisson, Jaurès, députés;
Appell, président de l’Institut ; le commandant
Alfred Dreyfus, Mathieu Dreyfus, Labori, ancien
bâtonnier; Albert Clémenceau, Paul Clémenceau,
Louis Leblois, Démangé, Louis Havet, Gabriel Tra-
rieux, Iiovelacque, Alfred Biuneau,Sarliaux, ingé-
nieur en chef, et Piéron, ingénieur de la Compa-
gnie du Nord ; Autrand, préfet de Seine-et-Oise.
Une tou le considérable est massée à la
sortie de la gare et sur tout le parcours que
-suivra le cortège. Eu dépit du froid, toutes
les fenêtres sont ouvertes et les curieux sont
nombreux.
Dans la rue de Manbeuge, le boulevard
Magenta, l’avenue de la République et le
boulevard de Ménilmontant, Ja haie est for-
mée par les troupes de la garnison de Paris :
les 76®, 119®, 5®, 24®, 102®, 103®, 104® régi-
ments d’infanterie de ligne, les 21® et 23®
régiments d’infanterie coloniale.
Sur la place de la République les hon-
neurs sont rendus par la garde républicaine
et, au passage du cortège les clairons son-
nent aux champs.
A l’entrée du Père-Lachaise, le terrain a
été complètement déblayé. Un catafalque
aux quatre coins duquel brûlent des lampa-
daires reçoit le cercueil du général.
La famille et toutes les autorités prennent
place dans une tribune tendue de noir.
A onze heures un quart, et après un signai
de M. Touny, les troupes se mettent en mar-
che et défilent en colonne de compagnie de-
vant le catafalque et la tribune officielle. La
musique du 89® de ligue joue la marche de
Sambre-et-Meuse.
Prennent part à ce défilé: le 89®, 31® et
76® régiments d infanterie, ie 2® régiment da
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Adresser tout ce qui concerne l’Administration
à M. 0. RANDOLET
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Le PETIT HA VUE est désigné pour lés Annonces Judiciaires et légales
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Paris, trois heures matin
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NEW-YORK, 24 JANVIER
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mars, hausse 4 points; mai, hausse 3 points ;
octobre,, hausse 1 point,
i Calé» t hausse 4 à 6 points.
NEW-YORK, 24 JANVIER
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— lévrier —— *4 50
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CHICAGO, 24 JANVIER
C. DU JOUR C. PRBCBD
Rlé sur Mai 94 1/8 93 8/8
1 Juillet..!. 89 1/4 88 7 8
Maïs sur Mai 86 8/8 66 4/8
— Juillet.... 6S 7/8 65 t'4
Saindoux sur. Mai 10 97 10 97
Juillet.... H 30 il îS
1 LE RAVITAILLEMENT DE PARIS
Le Conseil municipal réuni en Comité de
budget a discuté hier en séance secrète les
conclusions du rapport présenté par M.
Emile Massard sur les approvisionnements
et les besoins des services publics à Paris en
cas de mobiiiiation.
Le Conseil, par 40 voix contre 21 a voté à
titre de contribution volontaire et exception-
nelle de la ville de Paris une somme de
400,000 fr. en vue de permettre à l’autorité
miMaire de constituer à Paris un stock per-
manant de 100,000 qoiotauxde farine exclu-
sivement destinés à pourvoir aux besoins de
la population civile du département de la
Saine pendant la période de mobilisation.
Sur la proposition de MM. Brunet et Galii,
il a été entendu d’accord avec le général Mi-
chel qu’on admettrait à l’adjudication les pe-
tits minotiers et les coopératives.
ESCADRE ANGLAISE A CHERBOURG
CHERBOURG — La préfecture maritime an-
nonce que sept cuirassés et un croiseur an-
glais séjourneront en rade de Cherbourg du
10 au 17 février.'
LES DÉLIMITATIONS VITICOLES
AGEN. — Dans une réunion extraordinaire
le Conseil général dn Lot-et-Garonne a adop,
té an voeu demandant la suppression des
délimitations viticoles.
MM. Briand, larliiou
et Ghéron, au Havre
L’ATTENTAT CONTRE CHÊRIF PACHA
M. Drionx, juge d’instruction, a entendu
longuement Chérif Pacha qui a déclaré avoir
reçu dernièrement des lettres d’amis de
Constantinople lui annonçant le départ de
Paris d’émissaires chargés de le tuer et de
tuer aussi d’autres personnes, notamment le
prince Sabah Eddine, neveu de l’ancien sul-
tan.
Chérif Pacha croit que Djevad Bey est un
officier de l’armée turque en activité de ser-
vice. . _
LES OBSÈQUES DE M. DE VALDROME
MADRID. — Le ministre de la marine a
donné l’ordre aux marins espagnols qui se
trouvent à Tanger d’assister aux fanérailles
de M. de Valdrome.
Le gouvernement espagnol a chargé M. de
Villa Urrutia de présenter ses condoléances
an gouvernement français à l’occasion de
l’assassinat de M. de Valdrome.
II a également chargé son représentant à
Tanger d’offrir ses condoléances à la fa-
mille de M. dé Valdrome.
DANS L’ARMÉE
Le capitaine Audiat, du 129« régiment
d’infanterie, est désigné pour remplir les
tonctions d’adjoint au colonel.
M. Fecierhpil, lieutenant-colonel an 148*
régiment d’infanterie, est nommé chef d’état-
major de l’inspection des formations de ré-
serve et de préparation militaire de la 3* ré-
gion. •'
ARRESTATION D’UN VOLEUR
DE BIJOUX
On a arrêté hier un courtier en bijoux,
nommé Gabriel Gasparion, sujet ottoman,
au moment où il s’apprêtait à partir à l’é-
tranger avec 68,000 francs de bijoux à lui
confiés par plusieurs bijoutiers parisiens.
Gasparion avait déjà commis un détourne-
ment en engageant récemment une émérau-
de d’une valeur de 18,000 francs.
ACCIDENT AUTOMOBILE
Une voiture automobile servant à l’enlè-
vement des ordures ménagères qui, hier
matin, à la suite d’une fausse manoeuvre,
est montée sur un trottoir de la rue La-
marck et est restée suspendue au-dessus de
SiaisonneUes construites au bas d’un terrain
vague, a été solidement amarrée à des pieux
profondément enfoncés en terre.
Des poutres ont été de plus placées de ma-
nière a évitér ia chute du lourd véhicule.
A ia suite de ces travaux, les habitants des
maisons un instant menacées ont été auto-
risés à rentrer chez eux, aucun danger n’é-
tant plus à craindre.
La voiture étant trop lourde pour être re-
levée, va être démontée aujourd'hui.
DÉRAILLEMENT D’UN TRAIN
~ AKGOULÊME. — Hier matin, vers onze heu-
res, uu train de la ligne d’Angoulême à Saint-
Jean-d’Angeiy a déraillé par suite de la rup-
ture d’un essieu de wagon,
i Six voyageurs ont été blessés.
\ Les dégâts sont importants.
V •
y DERNIÈRE HEURE SPORTIVE
/Match de Boxe Sam Langford-Curran
! Hier soir a eu lieu un grand match de
boxe qni mettait aux prises le nègre Sam
Langford et l’anglais Gorran.
Au bout de 6’ 4/5, l’àogiais Curran a été
mis knock out par son terrible adversaire. *
C’est par Le Havre que MM. Briand, Bar-
thou et Chéron commenceront, le 13 février
prochain, la tournée de conférences politi-
ques organisée par la nouvelle Fédération
des Gauches. Notre ville fera, nous en som-
mes sûrs, le meilleur accueil à ces Mes-
sieurs : outre la légitime curiosité d’enten-
dre quelques-uns des meilleurs orateurs
parlementaires de notre époque, le désir
d’avoir quelques points de repère et, com-
me disent les Allemands des « directives »
ne peut manquer de réunir/ une nombreuse
assistance autour des deux anciens prési-
dents du Conseil.
La Fédération des Gauches n’est pas, à
propablement parler, un Comité électoral ;
sa fonction n’est pas d’organiser les cir-
conscriptions pour la lutte. Son but est
plutôt de donner, à tous ceux qui se ral-
lient à ses tendances, la ligne de conduite,
la haute direction et pour ainsi dire le mot
d’ordre sans lesquels il n’est point, en poli-
tique, d’action féconde et soutenue. C’est
là généralement ce qui manque le plus
dans nos campagnes électorales : chaque
candidat travaille pour lui, dans son petit
coin du champ de bataille, sans souvent sa-
voir ce qui se passe dans la circonscription
voisine et sans trop se soucier de l’unité du
parti, qui du reste l’abandonne un peu trop
à ses propres moyens. Si nous voulons faire
non seulement de la polique locale mais
nous élever jusqu’à une politique générale
digne dé cq nom, nous ne pouvons qu’ap-
prouver la méthode de la Fédération.
Quelques précisions sur la situation poli-
tique et l’attitude des divers partis eu pré-
sence ne seront du reste pas inutiles. Ce
serait actuellement la fonction du ministère
que de nous indiquer la ligne de conduite
qu’il va suivre : adversaires et amis se sé-
pareraient, s’opposeraient et se compte-
raient. Mais le cabinet sembleJûen n’avoiv
d'autre but que de durer. « Nous sommes
au pouvoir non pour vivre mais pour agir »
disait, en 1896, M. Léon Bourgeois, chef
du premier, ministère radical homogène.En
cc moment, M. Caillaux pourrait tout au
plus reprendre à son compte la formule de
Sieyès : « J’ai vécu ».
Il no s’agit cependant pas de savoir si
M. Caillaux et ses amis vivront, mais de
savoir si la France elle-même vivra I Or,
quelle est cette façon nonchalante et vo-
lontairement vague de traiter ou plutôt de
remettre sans cesse au lendemain la ques-
tion financière, problème vital du moment !
M. Barthou avait des projets financiers,
discutables sans doute et qui n’étaient point
parfaits, mais c’étaient au moins des pro-
jets. L’emprunt, s’iUse fût fait normale-
ment (et sa réussite était certaine), eût dé-
gagé une trésorerie terriblement chargée.
Le ministère parle maintenant, avec quel
vague, d’un emprunt à faire ; mais il ne
dit pas quand, il n’indique même pas de
date approximative. Aussi les capitaux que
l’épargne avait accumulés, réservés, prépa-
rés pour l’emprunt national se remploient-
ils peu à peu d'une autre façon. Et la tré-
sorerie, pendant ce temps, reste obérée,
peu élastique, peu alerte, incapable évi-
demment de faire face aux exigences
éventuelles d’une crise un peu grave.
Qu’attend M. Caillaux pour nous sortir de
cette impasse ? On voit trop bien qu’il ne
veut pas faire trop vite cet emprunt, qu’il
combattait il y a un mois pour des raisons
où les finances ne tenaient pas la première
place. Mais est-ce là ce qui s’appelle gou-
verner ?
Nous nous souvenons, hélas, d’une autre
circonstance où,‘lié également par son atti-
tude antérieure, M. Caillaux ne sut pas ou
ne put pas faire passer avant toute autre
préoccupation l’intérêt supérieur du Pays :
c’était à la veille d’Agadir ; ses amis et lui-
même avaient combattu la politique des
consortiums franco-allemands, engagée par
M. Pichon. Cette politique pouvait avoir ses
inconvénients, mais elle était engagée au
nom de la France. Le ministère Monis-Cail-
laux n’hésita pas cependant à la désavouer.
Mais on sait de quelles exigences et dé quel-
les avanies l’Allemagne nous fit payer ce
changement d’attitude. On voudrait tou-
jours que les questions nationales fussent
traitées en questions nationales. Pourquoi
faut-il,dans les circonstances ci-dessus,que
des arrière-pensées de politique intérieure
soient venues, comme des reptiles, se glis-
ser dans un domaine que ne devrait pas être
le leur ?
La vérité est que pour inspirer pleine-
ment confiance au Pays un ministère n’a
pas besoin, à proprement parler, d’être
exactement de teile ou telle opinion. Des
Cabinets fort divers ont su, à un égal de-
gré, représenter la France et bien guider
ses destinées. Ce qui déplaît à.une foule de
citoyens, dans le Cabinet actuel, c’est que
sa base politique est décidément trop étroi-
te. Nous avons connu la politique du Bloc,
qui réunissait toutes les Gauches à une
heure difficile ; nous avons connu, sous
Clémenceau, ia politique de l’union des
Gauches à l’exclusion des socialistes. Ici
c’est la politique du seul groupe radical uni-
fié. Or, nous connaissons trop l’esprit et
les méthodes de la Rue de Valois pour pen-
ser que la majorité du Pays puisse s’eu ac-
comoder. Orienter nettement à gauche, ce
n’est pas ce qui nous effraie, et nous l’avons
prouvé ; vouMr et faire des réformes, c’est
la tradition de notre parti républicain, et
nous ne voulons pas l’abandonner.Mais de-
venir, comme la Rue de Valois, une secte
qui ne songe qu’à excommunier, qui selon
la façon jacobine passe son temps à épurer
ses adhérents, et à les condamner, ne les
trouvant jamais assez purs, voilà ce que
nous refusons sans périphrases. C’est aller
à un échec certain que de proposer au peu-
ple français l’étroite formule d’un radica-
lisme de chapelle. C’est aller à un échec
plus certain encore que de l’offrir au bon
sens large de nos républicains normands.
L’attitude politique du Havre, depuis
quarante ans, est restée étonnamment sem-
blable à elle-même. Notre population n’a
jamais voulu d’une forme quelconque de
réaction (elle appartient au bon terroir du
vieux tiers-état), mais elle a repoussé avec
une égale persistance les exagérations et
les intolérances des coteries démagogiques.
Toutes ces raisons nous font penser, nous
donnent même la certitude que les brillants
avocats de la Fédération des Gauches se-
ront immédiatement et comme instinctive-
ment compris de leur auditoire havrais..
Dès aujourd’hui, nous pouvons leur dire
que le contact est par avance établi.
P. H.
ETRANGER
ALSACE-LORRAINE
L’Affaire du « Souvenir alsacien lorrain »
Hier matin, le Conseil impérial, réuni à
Strasbourg, a rejeté le ponrvoi formé par M.
Jean, président du « Souvenir alaacien-lor-
rain », contre ie décret de dissolution da
président du département de la Lorraine.
Les considérants du jugement font ressor-
tir que le pourvoi de M. Jean n’était pas
fondé en droit. De l’avis da Conseil impé-
rial, le « Souvenir alsacien » n’était qae la
continuation du « Souvenir français », et
tontes les raisons qu’on peut invoquer pour
la dissolution de cette dernière Société s’ap-
pliquent également à l’oeuvre du R Souvenir
alsacien ». Celui-ci a soutenu en Alsace-
Lorraine une politique contraire aux lois
allemandes, et pour cette raison la dissolu-
tion s’imposait.
ALLEMAGNE
Les Interpellations de Saverne
au Reichstag
Le Reichstag s’est réuni hier matin pour
examiner les motions relatives au règlement
de l’intervention de la force armée, l’inter-
pellation sur les incidents de Saverne ayant
été close avant-hier soir.
Le banc des ministres était vide. Aucun
représentant du gouvernement n’avait jugé
utile d’assister à la discussion. La Constitu-
tion de l’empire laisse au Reichstag le droit
de proposer au gouvernement de faire nne
loi. La discussion des motions tendant à faire
au gouvernement une proposition de ce
genre n’intéresse pas le gouvernement.
Néanmoins, cette absence fut fort remar-
quée et produisit une certaine impression
sur l’Assemblée.
Le député libéral Muller-Meiningen prit
la parole au début de la séance pour propo-
ser au Reichstag d’accepter una motion du
centre invitant le gouvernement R à regler la
question de l’intervention de l’armée d’u^e
manière qui assure l’indépendance des auto-
rités civiles ».
Le député du centre, M. Eerenbach, monte
ensuite à la tribune et déclare, au nom de
son parti, qu’il n’estimait pas nécessaire que
la question fût réglée par une loi d’empire.
Le député MuIIer-Meinengen reprit alors
la parole pour demander à l’Assemblée d’ac-
cepter une motion nationale-libérale priant
le chancelier de communiquer le plus tôt
possible au Reichstag les résultats de l’exa-
men de l’ordonnance de 1820.
Le députe Hauss, d’Alsace-Lorraine,déclare
que ses amis avaient été cruellement déçus
par la séance de la veille.
Le Reichstag accepta ensuite, contre les
voix des conservateurs, les deux motions re-
commandées par le député Muller-Meinin-
gen : celle du centre et celle des nationaux-
libéraux. La motion des progressistes, celle
des Alsaciens-Lorrains, et celle des socialistes
furent renvoyées à la Commission.
L’ordre du jour portait continuation du
débat sur le budget de l’intérieur, mais pour
protester contre l’absence du gouvernement,
le Reichstag vota l’ajournement.
Pour ce dernier vote, une partie des na-
tionaux-libéraux, désirant de ne pas mani-
fester contre ie gouvernement, a voté avec
les conservateurs contre l'ajournement.
SUISSE
Les désastres financiers dans le Tessin
Les autorités fédérales poursuivent active-
ment leurs démarches pour essayer de re-
médier dans la mesure du possible aux dé-
sastres financiers qui se sont produits dans
le Tessin.
On assure qu’une nouvelle arrestation est
imminente ; elle se rapporterait au détour-
nement des titres en dépôt au Crédit tessi-
aois.
Dans la population, on est tfèï irrité con-
tre ie conseiller national Stoessei, président
du conseil d'administration do ia Banque
cantonale, qui a déclaré à ira journaliste
que, depuis 1890, déjà, ie capital de cet éta-
blissement était plusieurs fois perdu, c’est-
à-dire que, pendant 24 ans, cette banque
a trompé le public tessinois.
L’office des faillites de Locarno demande
que les biens et la fortune des administra-
teurs du Crédit tessinois soient mis sous
séquestre. On assure que la fortune d’un
de ces administrateurs s’élevant à 800,000
francs aurait disparu.
La Cour d’appel n’a pas accepté la récusa-
tion du juge d’instruction de Locarno, l’en-
quête judiciaire sera donc conduite par lui
et par le procureur général de Lugano.
Comme il y aura à ia fia de ce mois de
nombreuses échéances de la Braque canto-
nale en Italie, échéances se montant à un
million et demi, et pour lesquelles des ti-
tres ont été remis en dépôt, le Conseil d’Etat
du Tessin a autorisé le président du gouver-
nement à liquider les échéances pour em-
pêcher que les titres ne soient vendus au ra-
bais à la Bourse,
<&$$§<é4<§(£
L’HIYER EJST FOBÊT
Photo Peut llwrt Cliché Petit Havre
«... Trois fols par semaine, la cité autorisa
les pauvres gens à venir demander aux arbres
1 aumône do quelques brindilles. »
Nous n’iron; plus au bois, les lauriers sont coupés t
Et pourquoi n’irions-nous plus? Parce que
la chanson se complaît aux mélancolies
d’automne ? Parce que la coupe des lauriers,
symbole de gloire sylvestre, incite à la tris-
tesse des regrets ? Parce que la nature frileu-
sement drapée dans son manteau de froi-
dure et de brumes, passe auprès de certains
qui ne le comprennent pins pour une petite
vieille ratatinée, maussade et revêche ?
Ce sont là, évidemment, des raisons. N’en
est-il point d’autres en sens contraire?
Pourquoi n’irions-nous plus au bois ?
J’y suis allé d’un pied léger, dans les gri-
sailles bleutées d'un Janvier qui sentait les
rhumes, avec la joie discrète d’un visiteur du
Jour de l’an. J’y suis allé pour lui porter mes
bons souhaits de la saison, l’espoir des résur-
rections prochaines, l’hommage d’un vieil
ami des choses rustiques ioquiet de respec-
ter la noblesse de leur sommeil, un peu
curieux tout de môme de voir comment elles
passent leurs longs mois de silence et de
deuil.
Mais le bois n’avait pas pris son aspect de
désolation et de mort apparente. Son entrée
n’inspirait même pas le recueillement qui
nous saisit lorsque nous franchissons le seuil
d’une maison ou la Faucheuse a passé.
En cette matinée de jeune lumière, sou-
riante et rose, où le ciel se teintait de cou-
leurs tendres comme la figure d'un conva-
lescent, où l’air s’était attiédi par la laveur
d’un rayon d’avant garde, à moins que ce ne
fut le charmant salut d’un attardé, ie bois
s’était fait aimable, séduisant et trompeur.
Au long de ses branchages nus, des fils
d’or s’accrochaient suivant la'fantaisie d’un
soieil presque anachronique. Ils ravivaient
des teintes, jetaient des taches brillantes,
bardaient de cuivres éteints des troncs et des
tiges, transformaient en métal le roux des
écorces.
Dans la féerie de la lumière exceptionnel-
lement revenue, comme pour donner aux
rhumatismes de Janvier l’illusion conso-
lante d’un Printemps à la veille d’éclore, le
bois avait, ce matin-là, un charme délicieux.
Il dressait sur l’écran céleste les innombra-
bles silhouettes de ses arbres déshabillés.
Spectacle amusant et cocasse, amplification
grandiose du tableau que livre parfois la vi-
trine du taiileur, quand les mannequins dé-
vêtus trahissent ia fruste harmonie de leurs
formes.
Les arbres déployaient de compagnie la
folie convulsée de leurs membres. Plus de
feuilles pour masquer le débordement des
rameaux, ia belle anarchie des tiges qui
poussèrent à leur gré, au bon hasard de ia
belle nature, se bousculant, se gênant les
nns les autres sans récriminer, sans se
plaindre, sans s’injurier. — Quelle leçon de
sagesse t — ou bien enchevêtrant leurs bran-
chages dans l’élan d’nne solidarité toute fra-
ternelle qui pousse le plus faible dans les
bras du plus fort, le puissant vers le malin-
gre, innombrables enfants de la même
mère... ‘ J
Réduits aujourd’hui à l’état de squelettes,
les arbres de Montgeon avaient eu, ce ma-
tin-là, la coquetterie de demeurer figés dans
l’amusant imprévu de leur danse macabre.
Il y avait des troncs plus bossus que Qua-
simodo dont la silhouette tordue affectait des
images grotesques.
Il y en avait de petits qui semblaient vou-
loir se rapprocher, pour demander appui, de
l’opulence éprouvée des autres.
Il y en avait .de plaisants qui s’inclinaient
vers la terre nourricière dans le salut invrai-
semblable do ces clowns burlesques pen-
chés en avant, tout d’une pièce, maintenus
en équilibre par leurs souliers démesurés.
Il y eu avait d’imposants et de magnifiques,
‘ frères aînés de la famille, chargés d’ans et de
dignité, dont ia cime, hérissée de quelques
rameaux oubliés par l'automne, évoquait
ie crâné d’un ancien, avec ses derniers che-
veux hérissés, livrés à l’irrespect de la tem-
pête.
Les arbres, ma parole, jouaient entre eux
Une joyeuse comédie, avec une exubérance
d’autant plus familière qu’ils se savaient
ignorés et qu’ils n’escomptaient guère, en.
ces heures d’abandon, ni l’indiscrétion des
chroniqueurs ni la flânerie des poètes.
*
* *
Mais la forêt, en cette saison, livre son
secret et sou charme à ceux qui la viennent
surprendre. L’un et l’autre sont d’autre sa-
veur, ils n’eu demeurent pas moins attirants
et prenants.
Le bois se tait pins intime et meilleur con-
fident. Il a des coins délicieux que l’illusion
tapisse, des coins où la Nature s'est fait nn
aimable quartier d’hiver et pare d’une végé-
tation imprévue les rigueurs de la jeune
année.
C’est l’ère, un peu morne et doucement
élégiaque où le tableau ignore encore les
touches éclatantes de la palette, la cavalcade
brillante des verts accourus en bandes
bien rangées sous la conduite du chevalier
Printemps, mais c’est l’ère des simplicités
bucoliques et des solitudes chères aux es-
prits en mal de rêvasserie.
Le bois se présente en petite tenue, en
déshabillé du matin, sans décor ni mise en
scène. Il se fait discret et familial. Il vous re-
çoit en toute sympathie, avec l’émotion re-
connaissante due au téméraire qui s’est, à
cette époque, dérangé spécialement pour lui.
Il livre alors sans façon toute l’ampleur de
son domaine, le grand silence de ses ave-
nues, la paix sereine de son lac où des cara-
velles de fenilles mortes continuent de vo-
guer/chassées par les ronds que poussent
devant eux des canards hydrophiles.
**#
Les bêtes du Jardin d’acclimation em-
bryonnaire ont, elles-mêmes, des attentions
tout à fait charmantes pour leurs visiteurs
imprévus. Elles hésitent à sortir quand on
heurte la porte de leurs cages. Elles vien-
nent sur le seuil de leur niche, regardent,
nn peu surprises. Elles pensent manifeste-
ment :
— Quel est ce gêneur?... Un passant? Un
carieux égaré ? Un désoeuvré? Mais non,
c'est un promeneur attentif qui observe et
qui note. Un promeneur à Montgeon quand
le thermomètre frise le zéro 1 .. Un original,
sans doute. Mais voici qu'il tire de sa poche
dn pain, des noix... Mais Alors c’est un
bienfaiteur. Amenez-vous les enfants t »
Et les enfants s’amènent, en secouant leurs
pitres ankylosées, en remuant gaiement
leurs oreilles et iear queue. Us viennent
écraser leur museau humide contre les gril-
lages, et l’air froid teinte de bleu la vapeur
de leur haleine.
La famille entière renaît à-Ia vie en renais-
sant à ia gourmandise. Les yeux sa font plus
brillants, les mouvements plus souples. Des
corbeaux chantent là-haut dans les arbres,
à moins qu’ils ne clament en leur langage
les violences de la jalousie, et, voyant man-
ger les autres, ne protestent, voraces, contre
ia rareté de la pâture.
Les biches apeurées sont devenues plus
confiantes. Les nez humides se font plus
hardis. La visite de 1’ « original » leur a été
manifestement sensible. Je ne saurai dire,
ma toi, si les grosses larmes qui glissent des
paupières et font des traînées reluisantes
sur ie roux du pelage sont des pleurs de
froid ou d’attendrissement.
*
* *
... Mais décidément, le caprice d'un rayon
de soleil fit seul l’éphémère illusion d’un re-
nouveau prématuré.
Déjà le ciel avait repris sou uniforme de
grisailles et de tristesse. Une bise âpre et
sournoise se glissait à travers les taillis qui
sa cabraient sous- sa morsure. Les arbres
frissonnaient en heurtant brusquement leurs
Branches. On eut dit qu’ils gémissaient sous
la rude étreinte de l’Hiver tout en se révoltant
contre la furie soudaine de l’assaut. Le vent
d’Est inclinait leur tête toujours orgueilleuse
et les secouait jusqu’au bout de murs ra-
meaux,mais les antres opposaient en hâte la
protestation delà Nature a la contre-attaque.
L’agitation de leurs branches était moins
le soubresaut d’une soumission que la
prompte riposte à l’attaque. Les têtes se re-
dressaient, hautaines,et les bras se tendaient,
pluqdroits vers le ciel, dans un grand geste
d’imploration, comme pour le prendre à té»
moio de tant do cruauté inutile.
Mais la horde du vent était déjà passée ;
elle roulait bien loin vers d’autres crêtes et
d’autres cimes qu’elle pliait sous sa force
brutale ; elle emportait avec elle, jusqu’au
coeur des plaines, des bruissements sourds,
des grondements de rameaux bousculés, des
éclats de bois tracassé : tout le grand cri de
la forêt vaincue soas l’assaut insolent de*
bises...
*
& *
Par les allées, un groupe de femmes s'a-
Cheminait vers la lisière. Le dos voûté sons
la charge, elles revenaient de Ja récolte dn
bois mort. Trois fois par semaine, la cité au-
torise ainsi les pauvres gens à venir deman-
der aux arbres l’aumône de quelques brin-
dilles.
La forêt s’était montrée pour elles accueil-
lante et maternelle. Elle leur avait fait la
grâce d’une parcelle d’elle-même et s’était
imposé le sacrifice de moarir un peu pour
empêcher les autres de succomber sous la
griffe de la misère.
Dans la mélancolie enveloppante de ca
matin frileux, sous ce ciel morne aux
teintes traditionnelles des gris neigeux, les
porteuses de bois mort s’adaptaient intime-
ment au décor eu associant leur réalisme
pittoresque à la poésie intime des choses.
Les arbres secoués par la rafale balan-
çaient au-dessus de l’avenue leur pâle ma-
jesté décharnée. Le vent avait calmé ses fo-
reurs mauvaises. Les jeanes troncs se pen-
chaient maintenant avec des souplesses
élégantes.
Et comme, à ce moment, les vieilles se
hâtaient, le fagot sur l’épaule, la forêt inoli-
née vers elles semblait laisser tomber devant
leurs pas la grâce infinie d’un salut.
ALBERT-HERRENSCIIMIDT.
INFORMATIONS
Funérailles du Général Picquart
Les funérailles du général Picquart, com'
mandant du 2» corps (Farinée, à Amiens, an-
cien ministre de la guerre, commandeur da
la Légion-d’Honneur, avaient lieu hier matin
à neuf heures.
Le cercueil était exposé dans la cour de
Maubeage, à la gare du Nord. Sur le drap
mortuaire sont placés l’uuiforme, l'épée et
les décorations du défont. Un drapeau trico-
lore enveloppe le cercueil. Alentour, les offi-
ciers el anciens officiers d’ordonnance da
général montent une garde d’honeeur.
Quelques instants avant la levée dn corps,
M. Poincaré fait son entrée, en voiture, dans
la cour de la gare. Il est accompagné du gé-
néral Beaudemoulin, de M. William Martin,
directeur du protocole, et du colonel Péné-
lon, qui restera, pour le représenter, jusqu’à
la fin de la cérémonie.
Il est reçu par : MM. de Waru, vice-prési-
dent du Conseil d’adruiniatration de la Com-
pagnie des chemins de ferdu Nord ; Vallon,
administrateur ; Marcel Grioiet, administra-
teur ; Pierron, ingénieur en chef des services
actifs, et Boutillier, secrétaire général de la
Compagnie du Nord.
La musique du 76* d’infanterie, qui est
massée dans la cour de la gare, joue à cet
instant la Marseillaise. Le président s’incline
devant le cercueil, puis ii présente ses con-
doléances à la famille — les neveux du dé-
funt et M. Edmond Gast, ancien député, an-
cien maire de Ville-d’Avray, son cousin ; le
capitaine Emile Delcrot, le commandant Ro-
hiquet, MM. Pierre Robiquet, Paul Girard,
de l’Institut, Albert Girard et l’état-major du
2e corps d’armée, qui conduisent le deuil.
M. Poincaré se retire aussitôt.
Le cercueil est alors chargé sur le corbil-
lard de première classe avec dôme et pana-
ches, et traîné par six chevaux caparaçon-
nés de deuil et tenus en main par des pi-
queurs. Aux angles du char funèbre sont
fixés des drapeaux tricolores.
Le cortège se forme et quitte la cour de la
gare.
Les cordons du poêle étaient tenus par le
général Joffre, chef d’état-major générai de
l’arméa ; général Michel, gouverneur mili-
taire de Paris ; Sarrail, commandant le 8»
corps d’armée ; Ratier, vice-président du
Sénat ; Messimy, ancien ministre de la guer-
re ; Risler, maire du 7® arrondissement de
Paris.
Au moment de la mise en marche du cor-
tège, les musiciens jouent la marche funè-
bre de Chopin.
Dans l’assistance, très nombreuse, on re-
marquait :
MM. Armand Fallières. ancien Président de la
République ; le président du Sénat et M. Eug.
Etienne, vice-presF’ent de la Chambre des dépu-
tés, remplaçant M. Desehanei, retenu par un deuil
personnel ; le président du Conseil et les mem-
bres du gouvernement, les bureaux do la Cham-
bre et du Sénat, les sénateurs et députés, le Con-
seil d’Etat, le général Florentin, grand chancelier
de la Lôgion-d’ilonneur ; le Conseil de l’Ordre et
la délégation des grsnds-croix et grands-officiers.
On remarque en outre : M. Georges Clémenceau
et les anciens collègues du général Picquart au
cabinet Clémenceau ; MM. Steeg, Painievé, Mille-
rand, G. Leygues, F. Buisson, Jaurès, députés;
Appell, président de l’Institut ; le commandant
Alfred Dreyfus, Mathieu Dreyfus, Labori, ancien
bâtonnier; Albert Clémenceau, Paul Clémenceau,
Louis Leblois, Démangé, Louis Havet, Gabriel Tra-
rieux, Iiovelacque, Alfred Biuneau,Sarliaux, ingé-
nieur en chef, et Piéron, ingénieur de la Compa-
gnie du Nord ; Autrand, préfet de Seine-et-Oise.
Une tou le considérable est massée à la
sortie de la gare et sur tout le parcours que
-suivra le cortège. Eu dépit du froid, toutes
les fenêtres sont ouvertes et les curieux sont
nombreux.
Dans la rue de Manbeuge, le boulevard
Magenta, l’avenue de la République et le
boulevard de Ménilmontant, Ja haie est for-
mée par les troupes de la garnison de Paris :
les 76®, 119®, 5®, 24®, 102®, 103®, 104® régi-
ments d’infanterie de ligne, les 21® et 23®
régiments d’infanterie coloniale.
Sur la place de la République les hon-
neurs sont rendus par la garde républicaine
et, au passage du cortège les clairons son-
nent aux champs.
A l’entrée du Père-Lachaise, le terrain a
été complètement déblayé. Un catafalque
aux quatre coins duquel brûlent des lampa-
daires reçoit le cercueil du général.
La famille et toutes les autorités prennent
place dans une tribune tendue de noir.
A onze heures un quart, et après un signai
de M. Touny, les troupes se mettent en mar-
che et défilent en colonne de compagnie de-
vant le catafalque et la tribune officielle. La
musique du 89® de ligue joue la marche de
Sambre-et-Meuse.
Prennent part à ce défilé: le 89®, 31® et
76® régiments d infanterie, ie 2® régiment da
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