Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-01-10
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 10 janvier 1914 10 janvier 1914
Description : 1914/01/10 (A34,N11845). 1914/01/10 (A34,N11845).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k172010r
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 01/12/2020
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Union Postale 40 » »© Fr * j
1 On s'abonne également. SANS FRAIS, dans tous les Bureau* de Posta de France 1
LES DERNIERS EXEMPLAIRES
lu “ Petit Havre de Hoil "
SOXT JEIV VEXTE
I=X'i3C ï' 50 Centimes
32 PIGES GRANDS CONCOURS
SlMIlM llllll
Paris, trois heures matin
mxBxizrz^j’u\z^^\aa:-i. ■■ ■ ':.csagp—-
DÉPÊCHES COMMERCIALES
' METAUX
LOXKBES, 9 Janvier, Dépêche de 4 h. 30
TON COURS HAUSSE BAISSE
CUIVRE
Comptant.. irrésru, «63-/- -/- 15/-
8 mois «63 7/5 -/- 17/6
ETAIN
Comptant.. * 16* -/- *5/- -/-
3 mois ferme «169 15/- 25/- -/-
FER
Comptant.. ferme «50/4% -p- -/-
3 mois * 61/1 % -/- -/-
Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse
du 8 janvier 1914.
NEW-YORK, 0 JANVIER
Coiana t janvier, hausse 34 points ; mars,
hausse 32 points ; mai, hausse 31 points ;
octobae, hausse 22 points. — Soutenu.
Café* i baisse 1 point à hausse 3 points.
NEW-YORK, 9 JANVIER
t. ti nu ruera!
Cuivre Standard disp. — — 14 62
— lévrier 14 — 14 30
Amalgamat. Cou... 71 3/4 71 1/2
Ver ....J 15— 15 —
CHICAGO, 0 JANVIER
C. DU JOUB C. PRECED
Blé ftur Mai 911/4 911/4
— ...... Juillet.... 87 1 8 87 1/8
Maïs sur Mai... 65 5 8 65 1/4
— ....'. JuilletV..v 64 3 4 63 7/8
Saindoux sur. Mal....V.. î 10 85 10 80
- Juillet.... 11 17 il 12
MESURES DE CLEMENCE
A l’occasion du premier janvier, le prési-
dent de la République a accordé des grâces
ou réductions de peine à 705 condamnés par
des Conseils de guerre de l’armée de terre.
PROMOTION D’AMIRAUX
Le capitaine de vaisseau Jaurès est nommé
contre-amiral.
Le capitaine de vaisseau Barnouin est éga-
lement promu contre-amiral.
M. CAILLAUX ET LE < FIGARO •
Dans ie Figaro, M. Caimette répond au
nouveau démenti de M. Caillaux :
o M. CaiMaux, dit-il, veut-ii consentir à ce
que nous changions dans notre long récit de
jeudi non pas un mot, ce qni serait difficile,
mais une lettre de l’alphabet ? la lettre « o »
dans Prios et que nous mettions à la place
la lettre « e » ; nous transformons ainsi ie
nom de Priou en Prieu. Par conséquent,
nous ne parlons pins de l’affaire Priou ;
nous nons occupons exclusivement de l’affai-
re Prieu et nous demandons alors à M. le
ministre des finances s’il ignore l’affaire
Prieu et s'il persiste à appliqner à cette
affaire Prien (aussi lamentable pour le gou-
vernement qne l'affaire Prion, puisque c'est
la même) le démenti formel, intégral, tex-
tuel qu’il a envoyé à toute la presse fran-
çaise ? M. Caillaux peut il renouveler dans
les mêmes termes que jeudi, pour une cer-
taine affaire Prien, le démenti qn'il nous
a si complètement donné pour nne certaine
affaire Prioa T Toute la question est là, pour
aujourd’hui. »
L’ABBÉ LEMIRE ET SON ÉVÊQUE
LILLE — La Semaine Religieuse du diocèse
de Lille annonce qne M. Charost, évêque de
Lille, a frappé d’excommnnication M- Bonté,
directeur du journal le Cri des Flandres, or-
gane sontenant la politique de l’abbé Le-
mire.
La Semaine ajoute qu’il est défendu aux
prêtres et aux fidèles ae recevoir, de lire ou
de vendre et de propager le Cri des Flandres.
La Semaine dit en outre : « Bons savons
qn’uno mise en demeure analogue a été
adressée à l’abbé Lemire. »
L’ISOLOIR A PARIS
C’est dimanche prochain qu'nne élection
municipale doit avoir lien an quartier Saint-
Georges pour pourvoir au remplacement de
M. Guillarl, décédé.
Alors que l’isoloir a déjà fonctionné à Ivry
et dans plusieurs départements, il n’y a pas
encore en à Paris d’élection depuis la mise
en pratique dn secret du vote.
Dimanche donc, les électeurs parisiens dé-
fileront pour la première fois dans l’isoloir
fiardon qui assurera le secret du vote dans
les diverses sections.
PAQUEBOT RENFLOUÉ
TUNIS. — Le paquebot Maneourah, de la C*
Too^che, qui était échoué depuis plusieurs
jours près de Mabtia, sur la cote tunisienne,
a été renfloué jeudi soir, à 10 h. 1/2.
MARINS CONDAMNÉS
MARSEILLE. — Le tribunal maritime vient
ne condamner à des peines variant entre 3 et
S jours de prison, les quinze chauffeurs et
Boutiers dn vapeur Parana, pour avoir, en
novembre dernier, dans le port de Buenos-
Ayres, refuser d’effectuer certains travaux
dans la machinerie.
LES CHAUFFEURS DE BRUXELLES
EN GRÈVE
BRUXELLES. — Les chauffeurs de taxi-autos
de Bruxelles se sont brnsqnement mis en
grève hier. Ils ont constitué à la Maison du
Peuple un syndicat qni a recueilli 420 adhé-
sions.
Les grévistes refusent de continuer à payer
l’essence qne consomment leurs voitnres et
surtout les retenues qui leur sont faites
pour les accidents et pour l’nsnre des pneus.
Ils renoncent, par contre, au pourcentaee’-
de 6 1/2 0/0 sur les recettes brutes qne la -
Compagnie leur octroie en compensation —
dit-elle —. de la dépense d’essence.
Ce pourcentage, affirment les grévistes,
est toujours intérieur aux retenues diverses
qu'ils ont à subir.
La Compagnie des autos de Bruxelles re-
fuse de recevoir une délégation du Syndicat
constitué hier, mais elle consent à engager
des pourparlers avec une délégation de son
personnel.
EXPLOSION D’UN BATEAU A MOTEUR
LA HAYE. — Un bateau à moteur a fait ex-
plosion hier sur un chantier de construc-
tion.
Un mécanicien a été tué et quatre person-
nes grièvement blessées.
SECOUSSES SISMIQUES EN BRETAGNE
LORIENT.— Les secousses sismiques res-
senties à Carheix an cours de l’une des der-
nières nnits, ont été également ressenties,
mais pins faiblement, à Lorient, Pontivy et
Guéméné.
LE CRIME D’ABBEVILLE
ABBEVILLE. — Hier, la brigade mobile et le
parquet d’Àfjbeviiie, poursuivant leurs re-
cherches au sujet de la mort mystérieuse de
la petite Marthe Halattre, ont tenu à lon-
guement interroger le père de la victime et
son frère Marcel, qui est âgé de 20 ans.
Les explications fournies par les deux
hommes ont para très suspectes.
Le père a été remis en liberté provisoire
pour assister aujourd’hui aux obsèques de
la petite victime, mais Marcel Haiattre a été
maintenn à la disposition de la justice pour
être entendu snr divers points sur lesqaels
il a donné des renseignements insuffisants
et surtout contredits par les constatations
judiciaires.
L5S AFFAIRES D’OEICT
IL Veulzelos à Borne
ROSIE • — M. Venizelos s’est entretenu hier
pendant une henre et demie avec le marquis
ai San Guiliano.
H a rendu visite aux ambassadeurs de
France et d’Angleterre.
La Ift&sion militaire Allemande
à Constantinople
CONSTANTINOPLE. — Un iradé nomme Je
général allemand Liman Yon Sanders com-
mandant dn premier corps à Constantino-
ple avec rôle d’inspecteur militaire et des
écoles militaires.
Les prescriptions relatives anx ports du
Bosphore et des Dardanelles, à l’état de siège
et à la Cour martiale sont maintenues.
LES INONDATIONS EN BELGIQUE
LIÈGE. — La crue de la Vesdre s’accroît
d’heure en heure.
Dans tonte la région, les eaux ont envahi
les habitations.
Les communications sont coupées en diffé-
rents endroits.
Les dégâts sont énormes.
VERVIERS. — Plusieurs quartiers de la ville
sont sous l’eau.
DEUX DRAMES DE FAMILLE
EN ALLEMAGNE
BERLIN.—A Saidau (Prusse) un architecte
et sa femme se sont snicidés après avoir
tranché la gorge de leurs cinq enfants.
La soeur de l’architecte s’est également
suicidée.
HAMBOURG.— Un agent de police s’est pen-
do après avoir tranché la gorge de ses trois
fillettes.
EXKAJVGrim
ANGLETERRE
Vn Voyage original
Arcliibald Coppin a été trouvé à moitié
gelé, la nuit dernière sur les tampons du
wagon de queue de l'express de Londres à
Liverpool lorsque le train stoppa à Not-
tingham. Ji voyageait ainsi depuis Londres
et avait fait 150 kilomètres debout sur nn
tampon, le dos an wagon et accroché à une
main courante.
La nuit était glaciale et l’homme n’aurait
pas pu tenir beaucoup pins longtemps. On
lui fit boire des boissons chaudes et, lors-
qu’il put parler, il raconta qu’il avait failli
rester sous le tunnel de Catesby parce qn’il
fat saffoqaé par la famée. Il ajouta qne s’il
avait choisi ce moyen dangereux de voyager,
c’est qu’ii avait voulu échapper aux poursui-
tes de quelqu’un.
Les professions des Femmes anglaises
Les dernières tables de recensement du
Royanme-Uni montrent les différentes pro-
fessions exercées dans ce pays par les fem-
mes.
On compte en Angleterre 4,771 femmes
médecins et chirurgiens, 187,263 professeurs,
5,68§ écrivains (journalistes et romancières),
5,126 photographes, 4,292 peintres et scalp-
tenrs.
Parmi les professions manuelles, celles qni
exigent des qualités de force et d’endnrance,
on compte 347 charretiers femmes, 231 for-
geronnes, 275 balayenses publiques, 4 por-
teuses de charbon, 30 débardeuses, 70 col-
leuses d’affiches, 40 maçons, 66 charpentiô-
res, 4 ouvrières en briqueterie, 2 fumistes,
86 plombiers et nne seule femme cocher...
Quant aux dactylographes, employées de bu-
reaux et d’administrations, leur nombre dé-
passe 50,000,
Tableau Folitip ie la Fraie ie l'Ouest
sous la Troisième République (t)
IP ai' .A.xicLrs SIEGrlPIRIEIEEJID
| {Voir te « Petit Havre » du 1" Décembre 1313)
! ' ' ■ II
Dans un précédent article sur ce très re-
marquable ouvrage, — que M.Philippe Mil-
let, dans le T*mps, n’a pas craint de com-
parer aux Origines do la France contempo-
raine, de Taine, en raison des horizons
nouveaux qu’il découvre, — dans cet arti-
cle, nous avions analysé l’ingénieuse, sa-
vante et sûre méthode de M. André Sieg-
fried.
L’enquête qu’ii a ainsi ouverte sur la si-
tuation politique de la France dè l’Ouest
l’a amené à cette certitude' qu’il existe des
relations entre le tempérament politique
d’une population et le milieu où elle vit, —
et que, par ailleurs, le régime de la pro-
priété, les systèmes divers d’exploitation
du sol, les modes de groupement des popu-
lations, le degré de soumission à l’autorité
ecclésiastique, enfin le caractère même de
la race peuvent avoir aussi une influence
considérable sur la mentalité politique des
diverses régions.
Les excellents articles publiés ici-même
par M. André Siegfried sur Rouen, Caen et
Cherbourg, et qui furent extraits de son
ouvrage, ont montré l’application de cette
méthode à notre Région Normande.
Nous voudrions indiquer les résultats de
cette même méthode appliquée successive-
ment à la Vendée, au Maine et à l’Anjou, à
la Bretagne.
9
* #
Tout d’abord, M. André Siegfried établit
les limites naturelles de la grande région de
l’Ouest, il la décrit et la différencie des ré-
gions avoisinantes, il montre comment à
cette individualité géographique corres-
pond une individualité politique qu’il ana-
. lyse. Et il arrive à cette constatation :
qu’eu un siècle, les positions politiques se
sont à peine modifiées, sauf dans”les grands
centres. Les drapeaux “changent en appa-
rence, mais c’est sur les mêmes choses et
sur les mêmes lignes de défense que la
longue suite des générations continue à ba-
tailler.
En Vendée, la structure sociale du pays
et les conditions de la vie politique qui
sont assez différentes entre les trois zônes,
font que le Marais a été tour a tour bona-
partiste et républicain, que la Plaine fut
toujours républicaine et le Bocage toujours
réactionnaire.
Dans le Maine et l’Anjou, véritables mar-
ches frontières de la région de l’Ouest,
pays de grande propriété où le propriétaire
réside, les partis hostiles à la Révolution
française sont à peu près inattaquables. Les
fermiers, les métayers et les ouvriers agri-
coles vivent dans l’étroite dépendance du
château uni à l’église. Les petits commer-
çants eux-mêmes restent sous la menace
permanente du boycottage. Et c’est là un
exemple du rôle politique capital, ignoré
de beaucoup, que la noblesse continue à
jouer dans certaines provinces.
Mais que la petite propriété parvienne à
se glisser entre deux massifs réactionnai-
res, comme cela se produit dans la Loire-
Inférieure ou dans laBretagnc bretonnante,
aussitôt les partis de gauche y pénètrent à
sa suite. Et cette règle ne souffre guère
qu’une seule exception, dans le Léonnais.
Mais il s’agit là d’une région où le clergé
exerce une autorité absolue, en des condi-
tions toutes particulières.
Et M. André Siegfried caractérise en ces
termes ce pays de l’Anjou et du Maine :
... Le Moyen-Age y a va la guerre de Cent
Ans, la Révolution, l’explosion violente de la
Chouannerie. Cette atmosphère de bataille
persiste aujourd’hui. C’est l’esprit de contre
révolution opposé à celui de ia Révolution
qui anime, dans ces provinces, les chefs de
la droite. Dire en effet que ce sont des con-
servateurs préoccupés snrtont de défendre
des intérêts économiques ou financiers ne
suffit pas. lis veulent aussi, et avant tout
penl-etre, maintenir, avee le concours de
l’église, la domination de fait dont ils jouis-
sent eux et leur classe, selon des conditions
de hiérarchie sociale qni sont dans la tradi-
tion et l’esprit de l’ancien régime.
C’est pour cette suprématie, dont les deux
assises maîtresses sont l’église et le château,
qu’ils combattent, et c’est contre cette su-
prématie du noble et du prêtre qne batail-
lent les forces de la gauche. Pareil terrain
de combat serait démodé, sans intérêt, dans
plusieurs parties de ia France où ie culte est
délaissé, où les châteaux sont détruits.
Dans le Maine et l’Anjou, dans la Vendée,
c’est à-dire dans tout l’Ouest intérieur, ie
noeud de la lutte politique contemporaine
est là, pas ailleurs... La Normandie n’est
que conservatrice. La Bretagne, an fond dé-
mocratique, évolue oa évoluera. Ce sont les
provinces de l’Ouest intérieur qui consti-
tuent, ën France, la forteresse ultime de
l’esprit contre-révolutionnaire.
**#
Et c’est ici que M. André Siegfried
aborde l’étude de la Bretagne, l’une des
(1) Tableau politique de la France de l’Ouest
sous la Troisième République, par ANDRÉ
SIEGFRIED. Un volume ia-8* raisin, avec 103
cartes et croquis dans le texte, et une carte
hors texte (LIBRAIRIE ARMAND COUNI, 103, Boule-
vard Saint-Michel, PARIS . broché.*....., 13 fr.
parties tes plus complexes, l’une des plus
intéressantes de son ouvrage, — et dans
laquelleitoutes ses qualités d’historien, de
psychologue et d’homme politique très
averti se sont affirmées de façon remar-
quable. Nous y insisterons d’autant plus vo-
lontiers que notre ville du Havre, après
Paris, renferme l’une des plus importantes
colonies bretonnes.
Faubil croire, suivant l’opinion cou-
rante, que la Bretagne est un a pays replié
sur lui-même, impénétrable et hostile à
tout ce qui vient de la France républi-
caine? » Non pas. Et M. André Siegfried
s’inscrit résolûment contre cetté erreur trop
répandue.
D’abord faut-il discerner trois Brctagnes
différentes. La Bretagne continentale; qui
comprend Rennes et Nantes, n’a pas de
physionomie propre. Elle reflète, au Sud,
les opinions féodales, de l’Anjou et de la
Vendée ; au Nord, elle témoigne d’une in-
différence et d’un scepticisme qui rappel-
lent Je ^tempérament normand. Le pays
Gallo. pù l’on parle français, et dont Saint-
Brieuc est la capitale, forme une seconde
Bretagne où la race, jadis conquise par les
Celtes, a conservé ses habitudes et obéit
sans trop murmurer à ses prêtres et à ses
nobles. « Par la race, les Gallos s’opposent
aux Celtes.Ceux-ci sont indépendants, indi-
vidualistes jusqu’à l’indicipline, sentimen-
taux et passionnés en toutes choses. Ceux-
là ont peut-être des velléités d’être ainsi,
mais ils se gardent de les montrer... D’a-
voir été soumis, dès le moyen-âge, à une
féodalité purement bretonne, le peuple
Gallo, après des siècles, conserve l’habi-
tude d’être conduit pu* des chefs qu’il n’a
pas choisis. » ■ ... ,
Pour trouver enfin la vraie Bretagne, la
Bretagne celtique, il faut passer la frontière
linguistique. De suite, c’est une âme nou-
velle qui va se révéler, et, comme le dit
M. André Siegfried, « par ce facteur nou-
veau, tout, jusqu’aux moindres détails,
sera renversé ».
Mais ici, puisque d’ailleurs l’analyse mi-
nutieuse d’une étude si complète dépasse-
rait le cadre étroit d’un simple article de
journal, ici, disons-nous, il convient de
citer Fauteur lui-même, en une courte
synthèse où vont se retrouver ces qualités
d’observation et d’élégance de style que
nous avons dès l’abord signalées :
Dès qu’on entre en Bretagne bretonnante,
dit M André Siegfried, les hommes sont an-
tres, et en dépit d’une structure sociale d’a-
bord semblable, l’atmosphère politique n’est
pins la même. C’est que i’âtne bretonne
commence d’apparaître sans alliage. Rappe-
lons en effet que les envahisseurs bretons
venus d’ADgleterre, au VI® siècle de notre
ère, sortaient d’nn p ivs où la domination
romaine avait ex'ste longtemps, mais qne
Rome n’avait j amais assimilé... Les Gallos
sont des conquis ; les Bretons, malgré tout,
restent d’anciens conquérants... Cette fierté,
celte impatience dn joug qui pèse, les purs
Celtes l’apportent aussi dans les relations
sociales. Ds peuvent subir la pression des
nobles, des prêtres, de l’Etat; mais aa fond
iis ne sont jamais tout à fait soumis, ni aux
nobles, ni aux prêtres, ni à l’Etat. Sous des
apparences de hiérarchie féodale et de cléri-
calisme, la Bretagne hretonnante est fon-
cièrement égalitaire et presque partout
(j’excepte le Léon) anticléricale.....
Derrière ces façades, la race continue de
vivre, seule et sans véritables guides, sa vie
propre. Elle est susceptible de mouvements
collectifs spontanés, que les démagogues uti-
lisent et surexcitent, mais qu’ils ne créent
pas. Elle perpétué â travers les siècles les
traits d’une âme spéciale, faite d’idéalisme,
d'enthousiasme sincère, de passion presque
toujours désintéressée quand elle est collec-
tive, les traits d’une âme remarquablement
riche en possibilités diverses, mais incapa-
ble de se discipliner elle-même, si bien qn'au
moindre relâchement elle risque de tomber
dans la brutalité et, disons le mot, dans l’a-
narchie. Libérée des disciplines extérieures
qu’elle subit sans les accepter, on se de-
mande vraiment si cette race conserverait
l’équilibre nécessaire à ta vie...
Toutefois, on ne saurait oublier que,
même entre eux, les Bretons de pure race
celtique sont encore très différents les
uns des autres. M. André Siegfried s’en
est avisé tout de suite, de là ses études
si pénétrantes sur les types divers et sur
les conditions économiques variées du Tré-
gorroïs, du Léonnais, de la Cornouaille et
du Vannetais, — et de là aussi ses conclu-
sions au point de vue politique, que nous
n’avons pu résumer toutes, mais qu’il faut
lire.
Signalons encore quelques chapitres très
attachants : sur le caractère de l’élément
urbain en Bretagne, sur la population ma-
ritime et terrienne, sur le port militaire de
Lorient, sur la ville de Brest dont la vie
politique est si curieuse, si tumultueuse,
et dont la population, militaire par destina-
tion, semble être anarchiste par tempéra-
ment.
Et notons surtout u n très délicat, très
littéraire et très fin croquis du pays de
Tréguier, patrie de Renan, et de cette race
trégorroise « te plus brillante de l’Armori-
que, la plus légère aussi peut-être. »
Nulle région n’a l’âme pins bretonne que
cette patrie fie Renan. Son peuple est mysti-
que et rêveur ; mais il est plus catholique
que clérical, plus religieux que catholique,
et tout au fond un peu païen et druidique
toujours, dans sa poétique et persistante
adoration des forces naturelles. Un substrat
celtique, pins vieux que le christianisme,
subsiste dans ces âmes à la fois très ancien-
nes et très neuves. Le clergé, qui se consti-
tue leur guide, au tond ne les possède pas :
elles échappent à son autorité, et l’on a
l’impression que les Trégorrois pourraient
repousser leurs prêtres sans cesser d’ètro
chrétiens, et presque repousser le christia-
nisme sans cesser d’ôtre religieux i Nulle
part en effet le sentiment religieux n’est plus'
indépendant. Ailleurs, on voit surtout des
dévots qui pratiquent, ici surtout des âmes
qui se donnent. L’âme de Renan, allégée
simplement de son génie, revit chaque jour
dans des êtres poétiques, indépendants et
passionnés. « La foi, écrit Renan, a ceci de
particulier que, disparue, elle agit encore. »
Même quand la croyance en a disparu, l’at-
mosphère du p lys de Tréguier reste impré-
gnée d’une sorte de mysticisme...
La politique, les Trégorrois la considèrent
tantôt comme une aubaine, tantôt comme
une autre religion t Indépendants et fiers, iis
subissent la pression qui s’impose, mais ils
se reprennent ensuite avec nne sorte de pas-
sion jalouse. Ils n’aiment pas les prêtres ;
quand ils les quittent, c’est pour se jeter
violemment dans le parti contraire. Mais
même alors, ils sont religieusement répu-
blicains, religieusement anticléricaux. Suis
embrassent la cause de la démocratie, c’est
à la façon d'an autre cnlte. Les hommes po-
litiques qui cherchent à les conquérir sen-
tent très bien qu’il importe de les émouvoir'
plutôt encore que de les convaincre...
Enfin, des considérations pleines d’ingé-
niosité et de parfaite exactitude sur l’é-
migration bretonne et sur son influence, en
retour, pour la diffusion en Armorique des
idées de progrès démocratique et républi-
cain. ..
***
Nous aurons, dans un prochain article, à
dégager les conclusions générales de l’ou-
vrage de M. André Siegfried, où il déter-
mine la situation des divers partis politi-
ques dans la Région de l’Ouest pour fixer
enfin la place tenue par cette Région dans
l’équilibre politique de la France.
TH. VALLÉE.
NDUVHlies_PolitiquES
M. Caillaux et le c Figaro >
Nous avons exposé hier, d’après un article
de M. Gaston Caimette, directeur du Figaro,
le litige soulevé entre la lamilie Prion et le
gouvernement frança s, portant sur un héri-
tage de plusieurs millions.
Nous avons également reproduit le dé-
menti formel de M Caillaux, ministre des
finances, à qui M. Caimette reprochait
« d’être allé déterrer cette vieille affaire qui
dormait dans les cartons d’an de nos minis-
tères, affaire condamnée pour mille causes
justifiées à n’en jamais sortir ».
M. Caimette a=reproduit hier le démenti et
Ta fait suivre des observations suivantes :
D'après la note officielle, envoyée sous le cou-
vert du ministère des finances, il est donc affirmé
que :
1* M. Caillaux, minisire, ne s’est jamais occupé,
ni directement,' ni indirectement, de l’affaire
Prion ;
2° M. Caillaux, ministre, n’a jamais connu ni en-
tendu palier de l’affaire Priou ;
3“ Toute celle histoire est inventée.
La question se résume, par conséquent, en ces
trois points.très précis, sur lesquels nous revien-
drons a loisir et que nous établirons avec joie.
Elle tient tout entière dans cette affirmation de M.
Caillaux « rien n’est vrai », â laquelle nous op-
posons à nouveau ces trois mots : « tout est
vrai »..
Dès cette première étape, un résultat considé-
rable est atteint, puisque en dévoilant la combi-
naison Priou, nous en avons assuré l’échec ; M.
D lumergue est en effet dans l’impossibilité de
donner désormais l’avis conforme et la signature
indispensables pour introduire cette dépenseras
notre budget C’est un bienfait pour les contribua-
bles français.
La seconde étape sera aussi heureuse à très
bref délai.
Nous sommes cependant moins pressés que M.
Caillaux 'd’en terminer avec l’histoire extraordi-
naire de ces a agissements plus que singuliers »,
comme le minisire des finances les qualifie lui
même en des termes que nous ne contesterons
pas, et qui sont terribles pour le négociateur dé-
voilé.
Le ministre a toujours eu le tort de se montrer
trop impatient dans cette affaire, puisqu’en exi-
geant l’abandon d’une partie de l’indemnité, àu
moment où il voulait obtenir 8o C/0 de la somme
totale, il incitait son interlocuteur hésitant et
ajoutait : « Donnez votre acceptation immédiate,
.sinon les héritiers.Priou perdront tout, car dans
quinze jours je ne serai plus là i »
Ces paroles étaient prononcées le 6 janvier 1914.
A ce nouvel article du directeur du Figaro
M. Caillaux, ministre des finances, oppose la
nouvelle affirmation suivante' : ■
« A la suite du démenti formel opposé par
M. Caillaux, ministre des finances, aux allé-
gations du directeur d'un journal du matin,
ce dernier parait persister dans nn récit en
tous points contraire à la vérité. M. Caillaux
ie met en demeure et an défi de justifier
l’nne quelconque de ses allégations. »
Le Budget de 1914
Déclarations de M. Nouions
M. Noulens, ministre de la guerre, comme
nn de ses prédécesseurs. M. Millerand, rece-
vra tons les vendredis les membres dé la
presse dans son cabinet de ia rue Saint-Do-
minique. Hier le ministre de ia guerre a
donne à nos contrères des explications snr
les économies réalisées par lai snr le budget
de la guerre. Il s'agit d’une somme de 20
millions. « Je veux, a dit M. Noulens, com-
pléter la défense nationale au lieu de l’affai-
blir. Celte économie de vingt millions ne
sera laite ci sur le matériel de guerre, ni
sur les approvisionnements en munitions, ni
sur l'habillement ni sur ce qni intéresse le
bien-être du soldat. » Ces économies ne por-
tent qne sur les marchés en cours au minis-
tère de la guerre. Les évaluations qui ont
été faites sor les prix à six mois de distance
ne sont pins exactes à l'heure actuelle, par
suite des fluctuations de cours des marchan-
dises on denrées. C’est la différence de ces
.prix qui constitue l’économie réalisée.
M. Wilm et le Parti socialiste
Ou sait qu'à la veille du Congrès de ia fé-
dération socialiste de la Seine, qui devait
statuer sur ia demande d'exclusion dont M
Wilm, député, était l’objet, le député de Le-
valiois avait envoyé, dans une lettre que
nous avons publiée, sa démission de mem-
bre du parti.
Malgré cette démission, la fédération de la
Seine a tenu, dans une réunion spéciale, à
se prononcer sur le « cas Wiim ». Deux or-
dres du jour furent déposés à ia suite d’un
débat dans lequel nne douzaine d’orateurs
pour le moins avaient pris la parole. L’an
de ces ordres du jour, déposé par la section
du 19®, se bornait â « prendre acte de ce que
le citoyen Wilm s’était mis lui-même hors
du paru «.Mais elle n’a recueilli qae 71 man-
dats ; tandis que 313 mandats adoptaient un
ordre du jour du 14® prononçant l’exclusion
avec des considérants dont voici le prin-
cipal : . r
Considérant d’autre part que le ciloycn wüm.
?.D5fil0®a,d 6an8 sa lettre do démission sa vo-
Jontô détre candidat contre le parti, a violé l’ar-
ticle i» des statuts Qui dit : « L’élu qui. pouf uao
cau»e quelconque, quille le parti, doit tenir son
F1?. ... * I® disposilion désorganisation qui l’a
Tait élire. » La fédération décide d'exclure do son
sein le citoyen Wiim. ,
II n’y a eu dans le vote que 3 absten-
tions. ..
LES AFFAIRÉS D'ORIENT
La Turquie et les îles de l’Idée
Constantinople, 9 janvicrl
Depuis qu’il est certain .q n’en ce qui con-
cerne les îles de l’Egée,, la réponse do la
Triple-Alliance sera favorable à la proposi-
tion de sir Edward Grey, il se manifeste ici,
dans certains milieux, un assez vif mécon-
tentement ; on affecte de parler de protesta-
tions, voire môme de démonstrations mili-
taires dont la nature serait sans doute diffi-
cile à préciser.
Cette attitude est peut-être en partis ins-
pirée parle désir de peser au dernier mo-
ment sur les décisions des puissances et
d’obtenir, s’il se peut, outre Imbros et Tcue-
dos, les îles de Lemnos et de Saufothracé.
Les affaires d'Albanie
Berlin,-9 janvier.
Les incidents d’Albanie causent de vires
inquiétudes dans l’entonrage du prince de
Wied, car ils compromettent l’emprunt, sans
lequel le prince, qui n’a pas nne grand,s for-
tune, ne croirait sans doute pas pouvoir as-
sumer le gouvernement.
La députation albanaise, qni était attendue
incessamment, n’est pasencprAjmnnncéa et
1 on ne sait même pins qui pile représen-
tera.
Vieane, 9 janvier.
On mande de Trieste au Nettes Wiener Ta-
blait que les 380 officiers et soldats turcs qui
avaient abordé à Vaiona sur le vapeur autri-
chien Merun et qui ont été ramenés à Trieste,
seront incarcérés à Coziret, près de Muggia,
jusqu'au départ du prochain paquebot de
Constantinople.
Milan, 9 janvier.
On mande de Bari an Corriere délia Sera :
« Hassan Pacha, l’nn des personnages al-
banais venant de Dnrazzo, dément tous les-
braits qui ont couru snr une agitation con
tre le prince de Wied à Dnrazzo; Hassan
Pacha déclare qu’au contraire oa fait dan*
cette ville des préparatifs pour recevoir le
prince ; Essad Pacha est favorable au prince
de Wied et dirige les travaux de décoration
dn palais.
» Hassan Pacha ajoute qn’il a été délégnê
par Essad Pacha pour aller recevoir le prin-
ce de Wied en son nom et an nom de la
ville ; ii partira dans quelques jours avec
les antres membre» de ia délégation Alba-
naise. »
Milan, 9 janvier.
On mande de Brindisi, le 9 janvier, au Car-
rière délia Sera :
« L’équipage du steamer Adriattco, venant
de Vaiona, dit que le service d’ordre dans
cette ville a été sensiblement renforcé. Des
patrouilles de gendarmes, baïonnette au ca-
non, circulent sur les qnais. Les stationnai-
res italien et autrichien exercent une sur-
veillance très active. »
— i .i, i.,.
INFORMATIONS
Les Décorations du Nouvel
Ministère de l’Intérienr
Voici qnelqnes indications snr la promo-
tion dans la Légion-d'Honneor faite par ie
ministère de l’intérieur.
Sont promus on nommés :
Commandeurs
MM. Lutaud, gouverneur général de l'Al-
gérie ; Touny, ancien chef de la police mu-
mcipaie.
Officiers
MM. le docteur Guépin, chirurgien à Pa-
ris ; le doctenr Thoinot, médecin légiste ;
Chapron, prétetde la Marne ; Lheuliier, pré-
fet de i’Aisne ; Vergé, ancien préfet de la
Corrèze.
Chevaliers
MM. Chocarne, préfet de l’Aube ; Snrugne,
préfet de la Hante-Savoie, ancien secrétaire
général de la Seine-Inférienre ; Gilbert, pn-
biieiste à Paris ; Pierre Mortier, publiciste à
Paris ; Guillain, publiciste à Paris ; Cornean,
publiciste à Méz.ères ; Chabrouillaud, pu-
bliciste à Limoges ; le docteur Trognon, mé-
decin à Paris ; le docteur Fabre, médecin à
Paris ; Terqnem, maire de Dunkerque ; Cal-
mes, agent comptable de l’Association des
journalistes républicains.
Le mouvement complet sera promulgut
dimanche matin an Journal Officiel.
M. Dotimergue
et la situation extérieure
Le Secolo publie une interview qne son
correspondant parisien a eue au quai d’Orsay
avec M. Doumergue sur les dissensions entre
la Triplice et la Triple Entente au sujet de
l’Epire et l’Albanie.
Voici les déclarations que le président du
Conseil m faites à son interviewer :
« Une puissance a posé une question qni
n’a reça encore qu’une réponse partielle. On
en attend le complément. Je n’ai donc à
taire de prévisions sur ce point. Du • reste,
quand bien même je pourrais le faire, je
m’eu abstiendrais \ car ''estime au’il convient
A4mmislfat*af-HâJgaî-(K«rtb
O/RANDOLET g 11 % J • A TV
Aflressertcmt^^rnoriMlmlnlsWBoi H /*Y 1 J T"! ■§" g fl 4P& TTTI
86, Rue Fontanelle, 35 g AHA H M—JS B H B gHHw| wj| 1| B WW fflf\
Aareses Télégraphique: SANLOLET Havw g J g J g i i B H fl B m fl fl éSM ml H fl 83»
AJainlslrallBH lapressions it AUMBM, TÉL. 19.17 wfTOmwiffl sJika AI «Ha —Ute. A m. ,JlJ ^ M IL J
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t L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
A PARIS ..,..,. | seule chargée de recevoir les Annoncés pour
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Le Havre, la Seine-Inférieure, l’Eure, 1 ■ _ _ _
_ |. l’Oise et la Somme... 4 ®° » Fr. 1 S Fr. !
1 Autres Départements «s Fr a * s© —j
Union Postale 40 » »© Fr * j
1 On s'abonne également. SANS FRAIS, dans tous les Bureau* de Posta de France 1
LES DERNIERS EXEMPLAIRES
lu “ Petit Havre de Hoil "
SOXT JEIV VEXTE
I=X'i3C ï' 50 Centimes
32 PIGES GRANDS CONCOURS
SlMIlM llllll
Paris, trois heures matin
mxBxizrz^j’u\z^^\aa:-i. ■■ ■ ':.csagp—-
DÉPÊCHES COMMERCIALES
' METAUX
LOXKBES, 9 Janvier, Dépêche de 4 h. 30
TON COURS HAUSSE BAISSE
CUIVRE
Comptant.. irrésru, «63-/- -/- 15/-
8 mois «63 7/5 -/- 17/6
ETAIN
Comptant.. * 16* -/- *5/- -/-
3 mois ferme «169 15/- 25/- -/-
FER
Comptant.. ferme «50/4% -p- -/-
3 mois * 61/1 % -/- -/-
Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse
du 8 janvier 1914.
NEW-YORK, 0 JANVIER
Coiana t janvier, hausse 34 points ; mars,
hausse 32 points ; mai, hausse 31 points ;
octobae, hausse 22 points. — Soutenu.
Café* i baisse 1 point à hausse 3 points.
NEW-YORK, 9 JANVIER
t. ti nu ruera!
Cuivre Standard disp. — — 14 62
— lévrier 14 — 14 30
Amalgamat. Cou... 71 3/4 71 1/2
Ver ....J 15— 15 —
CHICAGO, 0 JANVIER
C. DU JOUB C. PRECED
Blé ftur Mai 911/4 911/4
— ...... Juillet.... 87 1 8 87 1/8
Maïs sur Mai... 65 5 8 65 1/4
— ....'. JuilletV..v 64 3 4 63 7/8
Saindoux sur. Mal....V.. î 10 85 10 80
- Juillet.... 11 17 il 12
MESURES DE CLEMENCE
A l’occasion du premier janvier, le prési-
dent de la République a accordé des grâces
ou réductions de peine à 705 condamnés par
des Conseils de guerre de l’armée de terre.
PROMOTION D’AMIRAUX
Le capitaine de vaisseau Jaurès est nommé
contre-amiral.
Le capitaine de vaisseau Barnouin est éga-
lement promu contre-amiral.
M. CAILLAUX ET LE < FIGARO •
Dans ie Figaro, M. Caimette répond au
nouveau démenti de M. Caillaux :
o M. CaiMaux, dit-il, veut-ii consentir à ce
que nous changions dans notre long récit de
jeudi non pas un mot, ce qni serait difficile,
mais une lettre de l’alphabet ? la lettre « o »
dans Prios et que nous mettions à la place
la lettre « e » ; nous transformons ainsi ie
nom de Priou en Prieu. Par conséquent,
nous ne parlons pins de l’affaire Priou ;
nous nons occupons exclusivement de l’affai-
re Prieu et nous demandons alors à M. le
ministre des finances s’il ignore l’affaire
Prieu et s'il persiste à appliqner à cette
affaire Prien (aussi lamentable pour le gou-
vernement qne l'affaire Prion, puisque c'est
la même) le démenti formel, intégral, tex-
tuel qu’il a envoyé à toute la presse fran-
çaise ? M. Caillaux peut il renouveler dans
les mêmes termes que jeudi, pour une cer-
taine affaire Prien, le démenti qn'il nous
a si complètement donné pour nne certaine
affaire Prioa T Toute la question est là, pour
aujourd’hui. »
L’ABBÉ LEMIRE ET SON ÉVÊQUE
LILLE — La Semaine Religieuse du diocèse
de Lille annonce qne M. Charost, évêque de
Lille, a frappé d’excommnnication M- Bonté,
directeur du journal le Cri des Flandres, or-
gane sontenant la politique de l’abbé Le-
mire.
La Semaine ajoute qu’il est défendu aux
prêtres et aux fidèles ae recevoir, de lire ou
de vendre et de propager le Cri des Flandres.
La Semaine dit en outre : « Bons savons
qn’uno mise en demeure analogue a été
adressée à l’abbé Lemire. »
L’ISOLOIR A PARIS
C’est dimanche prochain qu'nne élection
municipale doit avoir lien an quartier Saint-
Georges pour pourvoir au remplacement de
M. Guillarl, décédé.
Alors que l’isoloir a déjà fonctionné à Ivry
et dans plusieurs départements, il n’y a pas
encore en à Paris d’élection depuis la mise
en pratique dn secret du vote.
Dimanche donc, les électeurs parisiens dé-
fileront pour la première fois dans l’isoloir
fiardon qui assurera le secret du vote dans
les diverses sections.
PAQUEBOT RENFLOUÉ
TUNIS. — Le paquebot Maneourah, de la C*
Too^che, qui était échoué depuis plusieurs
jours près de Mabtia, sur la cote tunisienne,
a été renfloué jeudi soir, à 10 h. 1/2.
MARINS CONDAMNÉS
MARSEILLE. — Le tribunal maritime vient
ne condamner à des peines variant entre 3 et
S jours de prison, les quinze chauffeurs et
Boutiers dn vapeur Parana, pour avoir, en
novembre dernier, dans le port de Buenos-
Ayres, refuser d’effectuer certains travaux
dans la machinerie.
LES CHAUFFEURS DE BRUXELLES
EN GRÈVE
BRUXELLES. — Les chauffeurs de taxi-autos
de Bruxelles se sont brnsqnement mis en
grève hier. Ils ont constitué à la Maison du
Peuple un syndicat qni a recueilli 420 adhé-
sions.
Les grévistes refusent de continuer à payer
l’essence qne consomment leurs voitnres et
surtout les retenues qui leur sont faites
pour les accidents et pour l’nsnre des pneus.
Ils renoncent, par contre, au pourcentaee’-
de 6 1/2 0/0 sur les recettes brutes qne la -
Compagnie leur octroie en compensation —
dit-elle —. de la dépense d’essence.
Ce pourcentage, affirment les grévistes,
est toujours intérieur aux retenues diverses
qu'ils ont à subir.
La Compagnie des autos de Bruxelles re-
fuse de recevoir une délégation du Syndicat
constitué hier, mais elle consent à engager
des pourparlers avec une délégation de son
personnel.
EXPLOSION D’UN BATEAU A MOTEUR
LA HAYE. — Un bateau à moteur a fait ex-
plosion hier sur un chantier de construc-
tion.
Un mécanicien a été tué et quatre person-
nes grièvement blessées.
SECOUSSES SISMIQUES EN BRETAGNE
LORIENT.— Les secousses sismiques res-
senties à Carheix an cours de l’une des der-
nières nnits, ont été également ressenties,
mais pins faiblement, à Lorient, Pontivy et
Guéméné.
LE CRIME D’ABBEVILLE
ABBEVILLE. — Hier, la brigade mobile et le
parquet d’Àfjbeviiie, poursuivant leurs re-
cherches au sujet de la mort mystérieuse de
la petite Marthe Halattre, ont tenu à lon-
guement interroger le père de la victime et
son frère Marcel, qui est âgé de 20 ans.
Les explications fournies par les deux
hommes ont para très suspectes.
Le père a été remis en liberté provisoire
pour assister aujourd’hui aux obsèques de
la petite victime, mais Marcel Haiattre a été
maintenn à la disposition de la justice pour
être entendu snr divers points sur lesqaels
il a donné des renseignements insuffisants
et surtout contredits par les constatations
judiciaires.
L5S AFFAIRES D’OEICT
IL Veulzelos à Borne
ROSIE • — M. Venizelos s’est entretenu hier
pendant une henre et demie avec le marquis
ai San Guiliano.
H a rendu visite aux ambassadeurs de
France et d’Angleterre.
La Ift&sion militaire Allemande
à Constantinople
CONSTANTINOPLE. — Un iradé nomme Je
général allemand Liman Yon Sanders com-
mandant dn premier corps à Constantino-
ple avec rôle d’inspecteur militaire et des
écoles militaires.
Les prescriptions relatives anx ports du
Bosphore et des Dardanelles, à l’état de siège
et à la Cour martiale sont maintenues.
LES INONDATIONS EN BELGIQUE
LIÈGE. — La crue de la Vesdre s’accroît
d’heure en heure.
Dans tonte la région, les eaux ont envahi
les habitations.
Les communications sont coupées en diffé-
rents endroits.
Les dégâts sont énormes.
VERVIERS. — Plusieurs quartiers de la ville
sont sous l’eau.
DEUX DRAMES DE FAMILLE
EN ALLEMAGNE
BERLIN.—A Saidau (Prusse) un architecte
et sa femme se sont snicidés après avoir
tranché la gorge de leurs cinq enfants.
La soeur de l’architecte s’est également
suicidée.
HAMBOURG.— Un agent de police s’est pen-
do après avoir tranché la gorge de ses trois
fillettes.
EXKAJVGrim
ANGLETERRE
Vn Voyage original
Arcliibald Coppin a été trouvé à moitié
gelé, la nuit dernière sur les tampons du
wagon de queue de l'express de Londres à
Liverpool lorsque le train stoppa à Not-
tingham. Ji voyageait ainsi depuis Londres
et avait fait 150 kilomètres debout sur nn
tampon, le dos an wagon et accroché à une
main courante.
La nuit était glaciale et l’homme n’aurait
pas pu tenir beaucoup pins longtemps. On
lui fit boire des boissons chaudes et, lors-
qu’il put parler, il raconta qu’il avait failli
rester sous le tunnel de Catesby parce qn’il
fat saffoqaé par la famée. Il ajouta qne s’il
avait choisi ce moyen dangereux de voyager,
c’est qu’ii avait voulu échapper aux poursui-
tes de quelqu’un.
Les professions des Femmes anglaises
Les dernières tables de recensement du
Royanme-Uni montrent les différentes pro-
fessions exercées dans ce pays par les fem-
mes.
On compte en Angleterre 4,771 femmes
médecins et chirurgiens, 187,263 professeurs,
5,68§ écrivains (journalistes et romancières),
5,126 photographes, 4,292 peintres et scalp-
tenrs.
Parmi les professions manuelles, celles qni
exigent des qualités de force et d’endnrance,
on compte 347 charretiers femmes, 231 for-
geronnes, 275 balayenses publiques, 4 por-
teuses de charbon, 30 débardeuses, 70 col-
leuses d’affiches, 40 maçons, 66 charpentiô-
res, 4 ouvrières en briqueterie, 2 fumistes,
86 plombiers et nne seule femme cocher...
Quant aux dactylographes, employées de bu-
reaux et d’administrations, leur nombre dé-
passe 50,000,
Tableau Folitip ie la Fraie ie l'Ouest
sous la Troisième République (t)
IP ai' .A.xicLrs SIEGrlPIRIEIEEJID
| {Voir te « Petit Havre » du 1" Décembre 1313)
! ' ' ■ II
Dans un précédent article sur ce très re-
marquable ouvrage, — que M.Philippe Mil-
let, dans le T*mps, n’a pas craint de com-
parer aux Origines do la France contempo-
raine, de Taine, en raison des horizons
nouveaux qu’il découvre, — dans cet arti-
cle, nous avions analysé l’ingénieuse, sa-
vante et sûre méthode de M. André Sieg-
fried.
L’enquête qu’ii a ainsi ouverte sur la si-
tuation politique de la France dè l’Ouest
l’a amené à cette certitude' qu’il existe des
relations entre le tempérament politique
d’une population et le milieu où elle vit, —
et que, par ailleurs, le régime de la pro-
priété, les systèmes divers d’exploitation
du sol, les modes de groupement des popu-
lations, le degré de soumission à l’autorité
ecclésiastique, enfin le caractère même de
la race peuvent avoir aussi une influence
considérable sur la mentalité politique des
diverses régions.
Les excellents articles publiés ici-même
par M. André Siegfried sur Rouen, Caen et
Cherbourg, et qui furent extraits de son
ouvrage, ont montré l’application de cette
méthode à notre Région Normande.
Nous voudrions indiquer les résultats de
cette même méthode appliquée successive-
ment à la Vendée, au Maine et à l’Anjou, à
la Bretagne.
9
* #
Tout d’abord, M. André Siegfried établit
les limites naturelles de la grande région de
l’Ouest, il la décrit et la différencie des ré-
gions avoisinantes, il montre comment à
cette individualité géographique corres-
pond une individualité politique qu’il ana-
. lyse. Et il arrive à cette constatation :
qu’eu un siècle, les positions politiques se
sont à peine modifiées, sauf dans”les grands
centres. Les drapeaux “changent en appa-
rence, mais c’est sur les mêmes choses et
sur les mêmes lignes de défense que la
longue suite des générations continue à ba-
tailler.
En Vendée, la structure sociale du pays
et les conditions de la vie politique qui
sont assez différentes entre les trois zônes,
font que le Marais a été tour a tour bona-
partiste et républicain, que la Plaine fut
toujours républicaine et le Bocage toujours
réactionnaire.
Dans le Maine et l’Anjou, véritables mar-
ches frontières de la région de l’Ouest,
pays de grande propriété où le propriétaire
réside, les partis hostiles à la Révolution
française sont à peu près inattaquables. Les
fermiers, les métayers et les ouvriers agri-
coles vivent dans l’étroite dépendance du
château uni à l’église. Les petits commer-
çants eux-mêmes restent sous la menace
permanente du boycottage. Et c’est là un
exemple du rôle politique capital, ignoré
de beaucoup, que la noblesse continue à
jouer dans certaines provinces.
Mais que la petite propriété parvienne à
se glisser entre deux massifs réactionnai-
res, comme cela se produit dans la Loire-
Inférieure ou dans laBretagnc bretonnante,
aussitôt les partis de gauche y pénètrent à
sa suite. Et cette règle ne souffre guère
qu’une seule exception, dans le Léonnais.
Mais il s’agit là d’une région où le clergé
exerce une autorité absolue, en des condi-
tions toutes particulières.
Et M. André Siegfried caractérise en ces
termes ce pays de l’Anjou et du Maine :
... Le Moyen-Age y a va la guerre de Cent
Ans, la Révolution, l’explosion violente de la
Chouannerie. Cette atmosphère de bataille
persiste aujourd’hui. C’est l’esprit de contre
révolution opposé à celui de ia Révolution
qui anime, dans ces provinces, les chefs de
la droite. Dire en effet que ce sont des con-
servateurs préoccupés snrtont de défendre
des intérêts économiques ou financiers ne
suffit pas. lis veulent aussi, et avant tout
penl-etre, maintenir, avee le concours de
l’église, la domination de fait dont ils jouis-
sent eux et leur classe, selon des conditions
de hiérarchie sociale qni sont dans la tradi-
tion et l’esprit de l’ancien régime.
C’est pour cette suprématie, dont les deux
assises maîtresses sont l’église et le château,
qu’ils combattent, et c’est contre cette su-
prématie du noble et du prêtre qne batail-
lent les forces de la gauche. Pareil terrain
de combat serait démodé, sans intérêt, dans
plusieurs parties de ia France où ie culte est
délaissé, où les châteaux sont détruits.
Dans le Maine et l’Anjou, dans la Vendée,
c’est à-dire dans tout l’Ouest intérieur, ie
noeud de la lutte politique contemporaine
est là, pas ailleurs... La Normandie n’est
que conservatrice. La Bretagne, an fond dé-
mocratique, évolue oa évoluera. Ce sont les
provinces de l’Ouest intérieur qui consti-
tuent, ën France, la forteresse ultime de
l’esprit contre-révolutionnaire.
**#
Et c’est ici que M. André Siegfried
aborde l’étude de la Bretagne, l’une des
(1) Tableau politique de la France de l’Ouest
sous la Troisième République, par ANDRÉ
SIEGFRIED. Un volume ia-8* raisin, avec 103
cartes et croquis dans le texte, et une carte
hors texte (LIBRAIRIE ARMAND COUNI, 103, Boule-
vard Saint-Michel, PARIS . broché.*....., 13 fr.
parties tes plus complexes, l’une des plus
intéressantes de son ouvrage, — et dans
laquelleitoutes ses qualités d’historien, de
psychologue et d’homme politique très
averti se sont affirmées de façon remar-
quable. Nous y insisterons d’autant plus vo-
lontiers que notre ville du Havre, après
Paris, renferme l’une des plus importantes
colonies bretonnes.
Faubil croire, suivant l’opinion cou-
rante, que la Bretagne est un a pays replié
sur lui-même, impénétrable et hostile à
tout ce qui vient de la France républi-
caine? » Non pas. Et M. André Siegfried
s’inscrit résolûment contre cetté erreur trop
répandue.
D’abord faut-il discerner trois Brctagnes
différentes. La Bretagne continentale; qui
comprend Rennes et Nantes, n’a pas de
physionomie propre. Elle reflète, au Sud,
les opinions féodales, de l’Anjou et de la
Vendée ; au Nord, elle témoigne d’une in-
différence et d’un scepticisme qui rappel-
lent Je ^tempérament normand. Le pays
Gallo. pù l’on parle français, et dont Saint-
Brieuc est la capitale, forme une seconde
Bretagne où la race, jadis conquise par les
Celtes, a conservé ses habitudes et obéit
sans trop murmurer à ses prêtres et à ses
nobles. « Par la race, les Gallos s’opposent
aux Celtes.Ceux-ci sont indépendants, indi-
vidualistes jusqu’à l’indicipline, sentimen-
taux et passionnés en toutes choses. Ceux-
là ont peut-être des velléités d’être ainsi,
mais ils se gardent de les montrer... D’a-
voir été soumis, dès le moyen-âge, à une
féodalité purement bretonne, le peuple
Gallo, après des siècles, conserve l’habi-
tude d’être conduit pu* des chefs qu’il n’a
pas choisis. » ■ ... ,
Pour trouver enfin la vraie Bretagne, la
Bretagne celtique, il faut passer la frontière
linguistique. De suite, c’est une âme nou-
velle qui va se révéler, et, comme le dit
M. André Siegfried, « par ce facteur nou-
veau, tout, jusqu’aux moindres détails,
sera renversé ».
Mais ici, puisque d’ailleurs l’analyse mi-
nutieuse d’une étude si complète dépasse-
rait le cadre étroit d’un simple article de
journal, ici, disons-nous, il convient de
citer Fauteur lui-même, en une courte
synthèse où vont se retrouver ces qualités
d’observation et d’élégance de style que
nous avons dès l’abord signalées :
Dès qu’on entre en Bretagne bretonnante,
dit M André Siegfried, les hommes sont an-
tres, et en dépit d’une structure sociale d’a-
bord semblable, l’atmosphère politique n’est
pins la même. C’est que i’âtne bretonne
commence d’apparaître sans alliage. Rappe-
lons en effet que les envahisseurs bretons
venus d’ADgleterre, au VI® siècle de notre
ère, sortaient d’nn p ivs où la domination
romaine avait ex'ste longtemps, mais qne
Rome n’avait j amais assimilé... Les Gallos
sont des conquis ; les Bretons, malgré tout,
restent d’anciens conquérants... Cette fierté,
celte impatience dn joug qui pèse, les purs
Celtes l’apportent aussi dans les relations
sociales. Ds peuvent subir la pression des
nobles, des prêtres, de l’Etat; mais aa fond
iis ne sont jamais tout à fait soumis, ni aux
nobles, ni aux prêtres, ni à l’Etat. Sous des
apparences de hiérarchie féodale et de cléri-
calisme, la Bretagne hretonnante est fon-
cièrement égalitaire et presque partout
(j’excepte le Léon) anticléricale.....
Derrière ces façades, la race continue de
vivre, seule et sans véritables guides, sa vie
propre. Elle est susceptible de mouvements
collectifs spontanés, que les démagogues uti-
lisent et surexcitent, mais qu’ils ne créent
pas. Elle perpétué â travers les siècles les
traits d’une âme spéciale, faite d’idéalisme,
d'enthousiasme sincère, de passion presque
toujours désintéressée quand elle est collec-
tive, les traits d’une âme remarquablement
riche en possibilités diverses, mais incapa-
ble de se discipliner elle-même, si bien qn'au
moindre relâchement elle risque de tomber
dans la brutalité et, disons le mot, dans l’a-
narchie. Libérée des disciplines extérieures
qu’elle subit sans les accepter, on se de-
mande vraiment si cette race conserverait
l’équilibre nécessaire à ta vie...
Toutefois, on ne saurait oublier que,
même entre eux, les Bretons de pure race
celtique sont encore très différents les
uns des autres. M. André Siegfried s’en
est avisé tout de suite, de là ses études
si pénétrantes sur les types divers et sur
les conditions économiques variées du Tré-
gorroïs, du Léonnais, de la Cornouaille et
du Vannetais, — et de là aussi ses conclu-
sions au point de vue politique, que nous
n’avons pu résumer toutes, mais qu’il faut
lire.
Signalons encore quelques chapitres très
attachants : sur le caractère de l’élément
urbain en Bretagne, sur la population ma-
ritime et terrienne, sur le port militaire de
Lorient, sur la ville de Brest dont la vie
politique est si curieuse, si tumultueuse,
et dont la population, militaire par destina-
tion, semble être anarchiste par tempéra-
ment.
Et notons surtout u n très délicat, très
littéraire et très fin croquis du pays de
Tréguier, patrie de Renan, et de cette race
trégorroise « te plus brillante de l’Armori-
que, la plus légère aussi peut-être. »
Nulle région n’a l’âme pins bretonne que
cette patrie fie Renan. Son peuple est mysti-
que et rêveur ; mais il est plus catholique
que clérical, plus religieux que catholique,
et tout au fond un peu païen et druidique
toujours, dans sa poétique et persistante
adoration des forces naturelles. Un substrat
celtique, pins vieux que le christianisme,
subsiste dans ces âmes à la fois très ancien-
nes et très neuves. Le clergé, qui se consti-
tue leur guide, au tond ne les possède pas :
elles échappent à son autorité, et l’on a
l’impression que les Trégorrois pourraient
repousser leurs prêtres sans cesser d’ètro
chrétiens, et presque repousser le christia-
nisme sans cesser d’ôtre religieux i Nulle
part en effet le sentiment religieux n’est plus'
indépendant. Ailleurs, on voit surtout des
dévots qui pratiquent, ici surtout des âmes
qui se donnent. L’âme de Renan, allégée
simplement de son génie, revit chaque jour
dans des êtres poétiques, indépendants et
passionnés. « La foi, écrit Renan, a ceci de
particulier que, disparue, elle agit encore. »
Même quand la croyance en a disparu, l’at-
mosphère du p lys de Tréguier reste impré-
gnée d’une sorte de mysticisme...
La politique, les Trégorrois la considèrent
tantôt comme une aubaine, tantôt comme
une autre religion t Indépendants et fiers, iis
subissent la pression qui s’impose, mais ils
se reprennent ensuite avec nne sorte de pas-
sion jalouse. Ils n’aiment pas les prêtres ;
quand ils les quittent, c’est pour se jeter
violemment dans le parti contraire. Mais
même alors, ils sont religieusement répu-
blicains, religieusement anticléricaux. Suis
embrassent la cause de la démocratie, c’est
à la façon d'an autre cnlte. Les hommes po-
litiques qui cherchent à les conquérir sen-
tent très bien qu’il importe de les émouvoir'
plutôt encore que de les convaincre...
Enfin, des considérations pleines d’ingé-
niosité et de parfaite exactitude sur l’é-
migration bretonne et sur son influence, en
retour, pour la diffusion en Armorique des
idées de progrès démocratique et républi-
cain. ..
***
Nous aurons, dans un prochain article, à
dégager les conclusions générales de l’ou-
vrage de M. André Siegfried, où il déter-
mine la situation des divers partis politi-
ques dans la Région de l’Ouest pour fixer
enfin la place tenue par cette Région dans
l’équilibre politique de la France.
TH. VALLÉE.
NDUVHlies_PolitiquES
M. Caillaux et le c Figaro >
Nous avons exposé hier, d’après un article
de M. Gaston Caimette, directeur du Figaro,
le litige soulevé entre la lamilie Prion et le
gouvernement frança s, portant sur un héri-
tage de plusieurs millions.
Nous avons également reproduit le dé-
menti formel de M Caillaux, ministre des
finances, à qui M. Caimette reprochait
« d’être allé déterrer cette vieille affaire qui
dormait dans les cartons d’an de nos minis-
tères, affaire condamnée pour mille causes
justifiées à n’en jamais sortir ».
M. Caimette a=reproduit hier le démenti et
Ta fait suivre des observations suivantes :
D'après la note officielle, envoyée sous le cou-
vert du ministère des finances, il est donc affirmé
que :
1* M. Caillaux, minisire, ne s’est jamais occupé,
ni directement,' ni indirectement, de l’affaire
Prion ;
2° M. Caillaux, ministre, n’a jamais connu ni en-
tendu palier de l’affaire Priou ;
3“ Toute celle histoire est inventée.
La question se résume, par conséquent, en ces
trois points.très précis, sur lesquels nous revien-
drons a loisir et que nous établirons avec joie.
Elle tient tout entière dans cette affirmation de M.
Caillaux « rien n’est vrai », â laquelle nous op-
posons à nouveau ces trois mots : « tout est
vrai »..
Dès cette première étape, un résultat considé-
rable est atteint, puisque en dévoilant la combi-
naison Priou, nous en avons assuré l’échec ; M.
D lumergue est en effet dans l’impossibilité de
donner désormais l’avis conforme et la signature
indispensables pour introduire cette dépenseras
notre budget C’est un bienfait pour les contribua-
bles français.
La seconde étape sera aussi heureuse à très
bref délai.
Nous sommes cependant moins pressés que M.
Caillaux 'd’en terminer avec l’histoire extraordi-
naire de ces a agissements plus que singuliers »,
comme le minisire des finances les qualifie lui
même en des termes que nous ne contesterons
pas, et qui sont terribles pour le négociateur dé-
voilé.
Le ministre a toujours eu le tort de se montrer
trop impatient dans cette affaire, puisqu’en exi-
geant l’abandon d’une partie de l’indemnité, àu
moment où il voulait obtenir 8o C/0 de la somme
totale, il incitait son interlocuteur hésitant et
ajoutait : « Donnez votre acceptation immédiate,
.sinon les héritiers.Priou perdront tout, car dans
quinze jours je ne serai plus là i »
Ces paroles étaient prononcées le 6 janvier 1914.
A ce nouvel article du directeur du Figaro
M. Caillaux, ministre des finances, oppose la
nouvelle affirmation suivante' : ■
« A la suite du démenti formel opposé par
M. Caillaux, ministre des finances, aux allé-
gations du directeur d'un journal du matin,
ce dernier parait persister dans nn récit en
tous points contraire à la vérité. M. Caillaux
ie met en demeure et an défi de justifier
l’nne quelconque de ses allégations. »
Le Budget de 1914
Déclarations de M. Nouions
M. Noulens, ministre de la guerre, comme
nn de ses prédécesseurs. M. Millerand, rece-
vra tons les vendredis les membres dé la
presse dans son cabinet de ia rue Saint-Do-
minique. Hier le ministre de ia guerre a
donne à nos contrères des explications snr
les économies réalisées par lai snr le budget
de la guerre. Il s'agit d’une somme de 20
millions. « Je veux, a dit M. Noulens, com-
pléter la défense nationale au lieu de l’affai-
blir. Celte économie de vingt millions ne
sera laite ci sur le matériel de guerre, ni
sur les approvisionnements en munitions, ni
sur l'habillement ni sur ce qni intéresse le
bien-être du soldat. » Ces économies ne por-
tent qne sur les marchés en cours au minis-
tère de la guerre. Les évaluations qui ont
été faites sor les prix à six mois de distance
ne sont pins exactes à l'heure actuelle, par
suite des fluctuations de cours des marchan-
dises on denrées. C’est la différence de ces
.prix qui constitue l’économie réalisée.
M. Wilm et le Parti socialiste
Ou sait qu'à la veille du Congrès de ia fé-
dération socialiste de la Seine, qui devait
statuer sur ia demande d'exclusion dont M
Wilm, député, était l’objet, le député de Le-
valiois avait envoyé, dans une lettre que
nous avons publiée, sa démission de mem-
bre du parti.
Malgré cette démission, la fédération de la
Seine a tenu, dans une réunion spéciale, à
se prononcer sur le « cas Wiim ». Deux or-
dres du jour furent déposés à ia suite d’un
débat dans lequel nne douzaine d’orateurs
pour le moins avaient pris la parole. L’an
de ces ordres du jour, déposé par la section
du 19®, se bornait â « prendre acte de ce que
le citoyen Wilm s’était mis lui-même hors
du paru «.Mais elle n’a recueilli qae 71 man-
dats ; tandis que 313 mandats adoptaient un
ordre du jour du 14® prononçant l’exclusion
avec des considérants dont voici le prin-
cipal : . r
Considérant d’autre part que le ciloycn wüm.
?.D5fil0®a,d 6an8 sa lettre do démission sa vo-
Jontô détre candidat contre le parti, a violé l’ar-
ticle i» des statuts Qui dit : « L’élu qui. pouf uao
cau»e quelconque, quille le parti, doit tenir son
F1?. ... * I® disposilion désorganisation qui l’a
Tait élire. » La fédération décide d'exclure do son
sein le citoyen Wiim. ,
II n’y a eu dans le vote que 3 absten-
tions. ..
LES AFFAIRÉS D'ORIENT
La Turquie et les îles de l’Idée
Constantinople, 9 janvicrl
Depuis qu’il est certain .q n’en ce qui con-
cerne les îles de l’Egée,, la réponse do la
Triple-Alliance sera favorable à la proposi-
tion de sir Edward Grey, il se manifeste ici,
dans certains milieux, un assez vif mécon-
tentement ; on affecte de parler de protesta-
tions, voire môme de démonstrations mili-
taires dont la nature serait sans doute diffi-
cile à préciser.
Cette attitude est peut-être en partis ins-
pirée parle désir de peser au dernier mo-
ment sur les décisions des puissances et
d’obtenir, s’il se peut, outre Imbros et Tcue-
dos, les îles de Lemnos et de Saufothracé.
Les affaires d'Albanie
Berlin,-9 janvier.
Les incidents d’Albanie causent de vires
inquiétudes dans l’entonrage du prince de
Wied, car ils compromettent l’emprunt, sans
lequel le prince, qui n’a pas nne grand,s for-
tune, ne croirait sans doute pas pouvoir as-
sumer le gouvernement.
La députation albanaise, qni était attendue
incessamment, n’est pasencprAjmnnncéa et
1 on ne sait même pins qui pile représen-
tera.
Vieane, 9 janvier.
On mande de Trieste au Nettes Wiener Ta-
blait que les 380 officiers et soldats turcs qui
avaient abordé à Vaiona sur le vapeur autri-
chien Merun et qui ont été ramenés à Trieste,
seront incarcérés à Coziret, près de Muggia,
jusqu'au départ du prochain paquebot de
Constantinople.
Milan, 9 janvier.
On mande de Bari an Corriere délia Sera :
« Hassan Pacha, l’nn des personnages al-
banais venant de Dnrazzo, dément tous les-
braits qui ont couru snr une agitation con
tre le prince de Wied à Dnrazzo; Hassan
Pacha déclare qu’au contraire oa fait dan*
cette ville des préparatifs pour recevoir le
prince ; Essad Pacha est favorable au prince
de Wied et dirige les travaux de décoration
dn palais.
» Hassan Pacha ajoute qn’il a été délégnê
par Essad Pacha pour aller recevoir le prin-
ce de Wied en son nom et an nom de la
ville ; ii partira dans quelques jours avec
les antres membre» de ia délégation Alba-
naise. »
Milan, 9 janvier.
On mande de Brindisi, le 9 janvier, au Car-
rière délia Sera :
« L’équipage du steamer Adriattco, venant
de Vaiona, dit que le service d’ordre dans
cette ville a été sensiblement renforcé. Des
patrouilles de gendarmes, baïonnette au ca-
non, circulent sur les qnais. Les stationnai-
res italien et autrichien exercent une sur-
veillance très active. »
— i .i, i.,.
INFORMATIONS
Les Décorations du Nouvel
Ministère de l’Intérienr
Voici qnelqnes indications snr la promo-
tion dans la Légion-d'Honneor faite par ie
ministère de l’intérieur.
Sont promus on nommés :
Commandeurs
MM. Lutaud, gouverneur général de l'Al-
gérie ; Touny, ancien chef de la police mu-
mcipaie.
Officiers
MM. le docteur Guépin, chirurgien à Pa-
ris ; le doctenr Thoinot, médecin légiste ;
Chapron, prétetde la Marne ; Lheuliier, pré-
fet de i’Aisne ; Vergé, ancien préfet de la
Corrèze.
Chevaliers
MM. Chocarne, préfet de l’Aube ; Snrugne,
préfet de la Hante-Savoie, ancien secrétaire
général de la Seine-Inférienre ; Gilbert, pn-
biieiste à Paris ; Pierre Mortier, publiciste à
Paris ; Guillain, publiciste à Paris ; Cornean,
publiciste à Méz.ères ; Chabrouillaud, pu-
bliciste à Limoges ; le docteur Trognon, mé-
decin à Paris ; le docteur Fabre, médecin à
Paris ; Terqnem, maire de Dunkerque ; Cal-
mes, agent comptable de l’Association des
journalistes républicains.
Le mouvement complet sera promulgut
dimanche matin an Journal Officiel.
M. Dotimergue
et la situation extérieure
Le Secolo publie une interview qne son
correspondant parisien a eue au quai d’Orsay
avec M. Doumergue sur les dissensions entre
la Triplice et la Triple Entente au sujet de
l’Epire et l’Albanie.
Voici les déclarations que le président du
Conseil m faites à son interviewer :
« Une puissance a posé une question qni
n’a reça encore qu’une réponse partielle. On
en attend le complément. Je n’ai donc à
taire de prévisions sur ce point. Du • reste,
quand bien même je pourrais le faire, je
m’eu abstiendrais \ car ''estime au’il convient
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