Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1914-01-04
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 04 janvier 1914 04 janvier 1914
Description : 1914/01/04 (A34,N11839). 1914/01/04 (A34,N11839).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
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Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k172004x
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/11/2020
Il* Année — lff HW (B Pages) S Centimes — HPHW.WflITW—S fenfim^s (8 Pages) Dimanche 4 janvier 10(4
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Le Petit Havre
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Paris, trois heures matin
'
DÉPÊCHES COMMERCIALES
NEW-YORK, S JANVIER
Colins s janvier, baisse 5 points ; mars,
baisse 5 points ; mai, baisse 6 points ;,
octobre, baisse 2 points.
Cafés i baisse 8 à 13 points.
NEW-YORK, 3 JANVIER
i. SC JOUI (. ftîctstu
Cuivré Standard disp. 14 62
— lévrier ..».... 14 62
jtauHiynmitt, C®|»... 72 1/4 72 7/8
CHICAGO, S JANVIER
C. DO JÔG« C. PBECED
Blé sur Mai 9t 7/8 91 1/4
— Juillet.... 87 3 4 87 1/8
Maïs sur Mai 68 »,» 68 i î
- Juillet.... 07 t/8 67 6 8
Saindoux s or. Mai.. .... 10 67 11 02
— Juillet.... — —
W. MAGINOT DANS L'EST
SAINT-BIE. — M. Maginot a constaté qu8
l’état sanitaire des troupes est partout excel-
lent. $&»
Il visitera aujourd’hui les nouveaux caser-
nements de la ville, ainsi que ceux de Se-
nones, de Raon-l’Etape et Baccarat.
u--—
LÉGIOS-D'HONNEUR
J.‘Haliez,joontre-aaiira] du cadre de ré-
serve, est nommé commandeur de la Légion-
d’ilounear.
TABLEAU D’AVANCEMENT
DE LA MAGISTRATURE
Sont portés au tableau d’avancement de la
magistrature :
MM. Caurette, Douve -et Niellon, conseil-
lers à la Cour d’appel de Rouen ; M. Henriet,
juge de 1™ classe ; M. Piltié, substitut du
procureur de la République de ir* classe ;
MM. Gajot des Monluaury et (Sbutard, juges
suppléants au tribunal du Havre,
LA « JOCONDE » AU LOUVRE
Hier soir, là Joconde a été définitivement
accrochée a la place qu’elle occupait précé-
demment an Louvre.
Des ordres sévères ont été donnés pour la
surveillance de nuit.
LE CONGRÈS DE LA FÉDÉRATION
RÉPUBLICAINE
Les adhérents de la Fédération Républi-
caine sont convoqués pour un congrès an-
nuel qui se tiendra les 2, 3 et 4 février, sous
la présidence de M. Charles Prevet.
Le banquet de clôture aura lien le 4 lé-
vrier, à 7 heures 1/2 du soir.
M. LLOYD GEORGE A ALGER
ALGER. — Le gouverneur général offrira
aujourd’hui nn déjeuner en l’honnear de M.
Lloyd George et des parlementaires anglais
arrivés hier.
Le chancelier de l’Echiqnier et les parle-
mentaires anglais comptent partir lundi ponr
parcourir en automobile la Kabyhe. Ils visi-
teront Biikra, Timgad et Toughonrt.
A PROPOS DES INCIDENTS
DE SAVERNE
tTne nouvelle incartade du Kronprinz
FRANCFORT. — L’Elsaessar confirme la nou-
velle publiée par un autre journal disant que
le prince héritier aurait adressé, à l’occasion
du nouvel an, nn télégramme au colonel
Von Reuter, dans lequel il le félicitait de son
attitude énergique lors des incidents de Sa-
verne.
La Gazette de Francfort écrit à ce sujet :
« Si cette information était exacte, on
pourrait y voir la continuation de cette po-
litiqne spéciale du kronprinz qui s’est déjà
trouvée à différentes reprises en contradic-
tion flagrante avec celle des personnages
responsables du gouvernement et celle de
l’emuereur. »
LES AFFAIRES D’ORIENT
Démission du Ministère bulgare
SOFIA. — M. Radoslavôff a annoncé que le
ministère est démissionnaire.
Le Sobranié s'est ajourné jusqu’à la forma-
tion du nouveau Cabinet.
Autriche et Albanie
VIENNE. — La Correspondance Politique ap-
prend que Ismaïl Kemal, président du gou-
vernement provisoire d’Albanie, et le comte
Berchtold ont échangé des télégrammes à
l’occasion du Nouvel An.
Le comte Berchtold a formulé les voeux de
son gouvernement ponr le bonheur et la
prospérité de la nation albanaise.
Le Nouveau Ministre de la Querre Turc
CONSTANTINOPLE. —■ Enver Bey a été promu,
générai de-brigade.
Il a prêté serment hier comme ministre
de la guerre.
LA RÉVOLUTION MEXICAINE
BRESIDIO (Texas. — Deux mille réfagiés
mexicains parmi lesquels des femmes et des
enfants mourant de laim et quelques soldats
fédéraux sont venus demander asile et pro-
tection aux troupes mexicaines.
LA MÉNINGITE CÉRÉBRO-SPINALE
Quelques cas de méningite cérébro-spinale
— 5 en totalité — ont été signalés an 133» ré-
giment d’infanterie à Saint-Lô depuis le 14
novembre.
Les cas se sont limités à deux compagnies.
Dès l’apparition des premiers cas, toutes
les mesures réglementaires furent rigoufeu-
semet appliquées pour atténuer le dévelop-
dement de l’épidemie.
L’état sanitaire général est par ailleurs sa-
tisfaisant.
UN TAMPONNEMENT
NICE. — Un tamponnement s’est produit
hier après-midi sur une ligne des Chemins
de fer dn Sud de la France, près de la sta-
tion de Puget-Théniers, entre an train plein
de voyageurs venant de Nice et un train de
marchandises;
Les deux mécaniciens, les deux chauf-
feurs et les deux convoyeurs seraient
blessés.
L’état d’un des convoyeurs serait très
grave.
Les dégâts matériels sont importants.
UN ÉBQULEMENT.CAUSE DE
NOMBREUSES VICTIMES
RARAT. — Hier matin, à 8 henres, sur la
rive du Bou-Regreg, un énorme bloc de
pierre s’est détaché de la falaise et est venu
s’abattre sur un café maure, où se trou-
vaient de nombreux consommateurs.
Les secours furent immédiatement organi-
sés.
Vingt-denx cadavres ont pu être retirés.
Quatre ouvriers ont été blessés.
On craint qu’il ne reste encore des victi-
mes sous les décombres.
Les travaux de déblaiement dureront plu-
sieurs jours.
MUTINERIE DANS UNE PRISON
LE CAIRE.—Une mutinerie a éclaté hier
matin dans ia prison. Les gardiens, ponr ré-
tablir l’ordre, durent faire usage de leurs
armes.
Quatre détenus ont été tués et une cin-
quantaine blessés.
UNE ARRESTATION SENSATIONNELLE
AU BRÉSIL
Bio DE-JANEIRO. — Le vice-amiral Huet
Baceilan, ancien président de la commission
chargée de surveiller la construction du
cuirassé Rk-de-Janeiro, a été arrêté à la suite
de la publication d’une lettre blâmant les
actes du gouvernement et concernant l’alié-
nation de ce cuirassé.
Les Projets de M. Briand
Nous avons dit que M. Aristide Briand a
fait au correspondant du journal autrichien,
le Neucs Wiener Tageblatt, des déclarations,
qui constituent un commentaire au discours
de Saint-Etienne et indiquent les principa-
les lignes de la politique du nouveau grou-
pement qui vient de se constituer.
Voici les principaux passages de cette
interview :
A partir de maintenant, dit M. Aristide
Briand, les problèmes actuels ne se posent
plus devant la Chambre seulement, mais
devant le pays tout entier qui aura à faire,
dans quatre mois, sa démonstration politi-
que.
Sur quoi le pays s’exprimera-t-il ? Assuré-
ment pas sur la question du régime politi-
que ou de la Constitution. Personne, en ef-
fet, n’oserait affirmer qne la République soit
menacée dans son existence. Mais le pays
s’exprimera sur le programme républicain
et sur l’orientation républicainè.
Ce programme, je rai développé abondam-
ment, et il m’est facile de le résnmer.
Le parti républicain, parce qu’il possède la
majorité dans le pays et qn’U forme Je gou-
vernement, a des obligations et des respon-
sabilités qui ini incombent à lui seul. Il doit
donc réaliser la solidarité nationale au plus
haut degré et chercher ce qui unit les ci-
toyens, et non pas ce qoi les divise.
C’est dans cet esprit qne j’ai présenté au
commencement de l’année 1913, le projet de
loi qui établit le service de trois ans. J9 l’ai
fait avec chagrin, parce que les nécessités de
la sécurité nationale l’exigeaient et dans l’in-
tention unique de consolider la paix par raf-
fermissement de l’équilibre européen.
Contre les attaqnes du parti réactionnaire,
j’ai, depuis dix ans, ou voté, ou soutenu, à
la Chambre, les lois essentielles ponr la dé-
fense de la laïcité, pour les écoles laïques,
pour la séparation des églises et de l’Etat.
Unité et dignité nationale, sagesse et fer-
meté républicaine, voilà mon programme,
voilà le programme de mes amis.
Le programme de nos adversaires ? Il
m'est a’antant plus facile de le définir que
c’est le nôtre et qn’on nous l’a pris.
Contre le ministère Barthon, qne nous
avons soutenu fidèlement, le Congrès radi-
cal de Pan a dressé an Credo qui ressemble
à un acte d’accusation. Que disait-il et qu’en
est-il sorti ?
Le Credo réclamait la mise à l’écart de la
loi électorale, si souvent votée. Or, le nou-
veau ministère s’est engagé à tenir compta
dans une large mesure des votes de la Cham-
bre.
Ce Credo ajournait également l’augmenta-
tion de la solde des officiers à une époque
indéterminée. Le nouveaa ministère a ce-
pendant demandé à la Chambre de voter
cette augmentation ponr le 1er janvier 1914.
Ce Credo visait la nécessité d’un emprunt,
et le nouveau ministre des finances a recon-
nu, au Sénat, que cet emprunt était inévita-
ble.
Ce Credo réclamait un impôt sur le revenu
ayant un caractère inquisitorial ; cependant,
un membre du nouveau cabiaet vient de dé-
clarer qu’il ne serait plus question de cela.
Je pourrais continuer la série. Il me suffira
de dire que le ministère issu dn Congrès de
Pau n’a été sauvé sur toutes les questions
que par les voix de ceux qui ont précisément
été excommuniés à ce Congrès.
J’ai donc le droit d’affirmer que nos adver-
saires, ne pouvant se soustraire ni à notre
programme, ni à nos voix, notre programme
est celui de ia France républicaine.
Quelle différence existe donc entre eux et
nous ? Une différence dans la méthode, mais
une différence capitale.
Ceux qui nous combattent visent de gou-
verner avec an parti qni prétend an droit de
distribuer des billets de confession républi-
cains. La vie politique, telle qne la compren-
nent nos adversaires, se développe à tous les
degrés sons ie joug des tyrannies locales.
Cela, nous ne le voulons pas t
Nous vouions que la République soit habi-
table pour tous les Français qui acceptent
loyalement les lois de la Nation.
Nous voulons gouverner avec notre parti,
mais conformément à la parole de Gambetta :
« avec notre parti, pour le pays. » Nous vou-
lons que chacun se tienne a la place conve-
nable et reste avec son rôle : ministres, sé-
nateurs et députés.
Ce que j’ai dit à Saint-Etienne, je le répé-
terai demain avant les élections, devant tout
le pays. Je redirai qne le rôle de l'Etat dans j
une démccratie ne consiste pas à dresser an
citoyen contre nn antre ; que la force que
chacun reçoit de ia loi et de la nation doit
servir an bien de tous et ne pas dégénérer
en une tyrannie contre les opinions.
L’Etat doit rèster neutre dans les combats |
d’idées entre les citoyens, sa paissance ad-
ministrative ne peut pas opprimer les cons-
ciences et les opinions.
L’Etat ne doit mettre ni des faveurs, ni des
représailles an service des électeurs. Au
scrutin, il ne peut s’agiter que des idées li-
bres, qui se présentent librement devant le
suffrage populaire et souverain.
Cela ne piaira pas aux comités. Mais juste-
ment, nous venions mettre nn terme à l’ex-
ploitation qu’ils font de la République en
fondant une République qu’on aimera da-
vantage, une République pins lumineuse,
une France'unie, plus forte et plus res-
pectée. /
——
M. Poincaré ira proWlsKü! en traie
On Ht dans le M‘tin :
Il est infiniment probable que l’année 1914
ne s’écoulera pas sans que le président de
la République ait été faire nn voyage en
Russie. La chose n’est pas encore officielle,
mais elle ie sera vraisemblablement avant le
printemps.
A diverses reprises déjà, M. Iswolaky,
l’éminent ambassadeur de Russie en France,
s’est enquis de la date à laquelle le chef de
l’Etat comptait rendre visite à.la nation al-
liée et amie, et ce n’est un mystère pour per-
sonne que M. Kokovtzow, lors de son séjour
à Paris, a également dit à M. Poincaré toute
la joie qu’on éprouverait à Saint-Pétersbourg
de sa venue.
Seiïis, l’état de santé de l’impératriGe de
Russie’, les lenteurs protocolaires, les diffi-
cultés qu’il y a à faire à date, lointaine des
projets ont empêché de fixer les dates et
d'arrêter les details.
Cependant ou peut considérer comme cer-
taines deux choses ; d’abord que M. Ray-
mond Poincaré ne fera plus aucun voyage
à l’étranger avant d’avoir été rendre visite à
l’empereur de Russie ; ensuite, que cette vi-
site aura lieu l’été, pendant les vacances par-
lementaires. On peut également dire qu’il
entre daD$ les intentions dn président de la
République, lorsque ia visite aura lieu, de
l’entourer dé tout l’éclat possible : c’est ainsi
qn'une partie de l’escadre de la Méditerra-
née — la division des « Danton » — accom-
pagnerait le chef de l’Etat dans la Baltique ;
c’est ainsi également que, si les dates s’y prê-
tent, le président aurait le très vif désir d’as-
sister à une journée de manoeuvres de l’ar-
mée russe. Enfin on peut prévoir que l’em-
pereur de Russie rendra an président delà
République ia visite qu’il aura reçue. Le tsar
déclare volontiers qu’un de ses souvenirs
les plus agréables est ie séjour qo’il a fait à
Pans, et il a, lui aussi, à maintes reprises,
témoigné le désir de revoir l’armée fran-
çaise, et si possible de la revoir non pas snr
un champ de revue, mais sur un terrain de
manoeuvres.
ETRANGER
ALLEMAGNE
Voyages d’Esctc1res
La .division allemande de l’Adriatique,
composée, comme on sait, de&cnirassésJCai-
ser et Koenig-Albert et do petit croiseur Stras-
burg, relâchera prochainement à Douala, ca-
pitale du Cameroun, où elle se rencontrera
avec les canonnières Eber et Panther. On sait
que Douala est en passe de devenir le pre-
mier port africain allemand.
L’escadre d’Ext<ême-Orient, composée de
quatre croiseurs, navigue actnellement dans
les eanx méridionales d’Extrême-Orient, tai-
sant escale dans toutes les villes importantes
du littoral chinois.
Les obsèques de la princesse
de Hobcnzollcru
L’empereur Guilianme est arrivé hier ma-
tin à Sigmaringen, où il a assisté l’après-midi
anx funérailles de la princesse Léopold de
Hohenzoliern.
Le roi des Belges est également arrivé à
Sigmaringen.
On remarquait, en outre, parmi les assis-
tants le prince héritier de Ronmanie, les
princes Ferdinand et Guillaume de Hohen-
zollern, les rois de Belgique et de Saxe, l’ex-
roi Manoel et la princesse sa femme, le
grand-dnc de Bade et d’autres personnages
princiers.
ESPAGNE
Les Chambres sont dissoutes
Le Conseil des ministres s’est réuni sons
la présidence du roi. Le président dn Con-
seil exposa l’oeuvre du gouvernement, tant
à l’intérieur qu’au Maroc, puis soumit au
roi, qui le signa, le décret de dissolution
des Cortès. Les élections ont été fixées au
8 mars.
A la sortie du Conseil, le chef dn gouver-
nement, M. Dato, a déclaré textuellement :
— Le fait qne Sa Majesté a bien vontu me
concéder le décret de dissolution des Cortès
démontre clairement combien sont peu fon-
dées les rameurs de difficultés politiques du
cabinet qui, soi-disant, n’aurait pa3 la con-
fiance du roi.
CHINE
94,000 Exécutions
On évalue à 24,000 le nombre des exécu-
tions qui ont eu lieu dans la province de
Tsé-Chouen en 1913.
Dans la plupart des cas; il s’agissait de vo-
leurs. L’importance de ce chiffre est attribué
à l’état de transition cù se trouve le pays, à
la cherté de l'opium et à la surpopulation
de la province. On estime que le chiffre de
24,000 est encore au-dessous de la vérité.
§mêëmm ÿêmèm
De “ Joquelet ” à “ Maître Amand ”
* ..î V Photo et Cliel.é retü.IIavi'i -
LE ÇGMiQUE NORMAND V. LEPELLETIER
dans le rôle de IVOUVEL
de La fflauoiette
L’amusint et vieillot petit théâtre!
Je le retrouve dans mes sonvenirs sons
les loques poussiéreuses de Don César, avec
dès odeurs de bois moisi et de toiles hu-
mides.
Sur le cours de la République, il ouvrait
péniblement ses portes d’enirée, comme si
Thalie, pour se faire nne trouée jusqu’au
trottoir, avait refoulé ies immeubles voisins
en jonant des coudes.
hôyau noir qu’illuminaient, lu soir,
des papillons de gaz emprisonnés dans, des
cages en fil de fer, conduisait à la salle haute
et triste sous sa décoration de tentures ocre
rouge.
Bordée de la rampe classique, qui ignorait
encore le luxe des lampes électriqnes, la
scène s’étendait, assez profonde, touchant
presque la rue voisine. C’est par cette me
tranquille et morne que défilaient, matin et
soir, appelés aux répétitions ou regagnant
leurs mansardes, les comédiens aux mines
faméliques.
Vénérable Ambigu tombé sous la pioche
du démolisseur, il avait, en sa pauvreté at-
tendrissante, une originalité pittoresque. A
le voir, sons la traî'resoe lumière du jour,
dépourvu des artifices du décor et du
trompe-l’oeil des choses du théâtre, dans la
simple et brutale réalité, il évoquait quoique
garage du chariot do Thespis.
Los comédiens qui venaient là donner l’il-
lusion de leurs richesses suivant les indica-
tions du rôle et les exigences da répertoire,
se regardaient entre eux avec des figures
inquiètes : « Sera-t-on payé ? »
lis n’en apportaient pas moins dans l’ac-
complissement de lenr tâche la belle ardeur
et le noble zèle que le culte de l’art met aux
coeurs épris.
C’est peut-être à l’Ambigi que la panache
du mélodrame a déployé chez nous sa vu
branle ampleur avec plus'de majêsté et dé
dignité convaincue. Ces braves gens man-
geaient mal, mais iis disaient bien. Brichan-
teau eut aimé cet asile. Ii y eut retrouvé des
camarades de misère qui oubliaient facile-
ment leur peine dans un accès de belle hu-
meur.
Avec eux il eut ri bien fort, derrière la
toile, à tout ce que la fantaisie imagina de
cocasse et de drôlatique pour oublier la
cruauté des jours et l’anémie persistante de
la recette. Les maùx supportés en commun
s’ingénient parfois à moncheter les pointes
de la douleur.
Mais c’étaient là des coins ignorés dn pu-
blic folâtre. Dimanches et télés, il s’engouf-
frait entre ces quatre murs, et, tonte une
soirée, s’enthousiasmait, se grisait d’em-
phase.
Le Théâtre dn Peuple actuel rappelle un
peu cet aspect de l’ancienne salie avec* son
auditoire populaire, sensible, exubérant,
l’admirable public du drame qui pleure avec
l’ingénuité martyrisée et lance des invecti-
ves à l’infâme troisième rôle.
L’Ambigu amplifiait ce spectacle par ses
dimensions, par son cadre, il y avait des
soirs où des grappes humainès, suspendues
aux galeries, agrippées aux bilustrades. n’a-
vaient même plus de mains pour applaudir.
A'ors elles criaient leur joie, aux chutes du
rideau. Elles poussaient des vivats en l’hon-
neur de leurs artistes préférés ; elles en fai-
saient des gloires et des dieux.
Un jour que le programme n’avait pu se
dérouler suivant les prévisions établies —
l'Ambigu avait alors recours à la troupe
dramatique du Grand-Théâtre, qu’on ame-
nait en omnibus, costumée et grimée
comme nn cortège de carnaval — le régis-
seur vint annoncer que le lever de rideau, Toi-
non, serait « par exception » joué à la fin du
spectacle.
La troupe avait déjà donné un grand dra-
me, Lfâf’ireuse de cartes, nn copieux vaude-
ville, Loi Mariée du Mardi-Gras. Il était plus
d’une heure dn matin qnand le rideau se
leva sur Toinon. Pas nn n’avait lâché sa
place.
Les grappes étaient toujours à leurs pla-
ces, accrochées aux galeries, silencieuses,
attentives, prêtes à tradaire leur impression.
Il y ent des rappels dont le brayant en-
semble ne trahit ni l’indifférence, ni la fa-
tigue.
Je sais parti ce soir-là du théâtre avec une
de mes plus douces joies d’auteur.
a*#
Mais la scène aussi avait ses drames inti-
mes, ceux que le public ignore, ceux dont ii
. ne s’est jamais douté.
dans le rôle de AMI AD
de A la Gars I
Je revois ce soir tragique où la mort vint
frapper à ia porte des confisses et enleva,
jenne encore, le fils du directeur d’alors. Ou
jouait, ce soir-là, une opérette ; la location
avait esquissé un petit mouvement, c’était
l’occasion exceptionnelle da ramener quel-
ques sous dans ia maison.
Le père Gourtioux, qui exploitait le tbéâ-
tra avec toute sa famille, la mère dans les
« grands premiers rôles », le fils — le défunt
—jzomme chef d’orchestre, la fille comme
ingéanité, lui-même comme grand premier
comique à tout taire, le père Courtionx se
demanda, avec ies siens, avec les aatres, s’il
fallait jouer sous ce coup terrible...
Faire relâche, c’était aggraver la misère,
priver ces pauvres diables d’un morceau de
pain. Les mouchoirs épongèrent les yeux.
On allama la rampe et frappa les trois
conps.
Ce soir-là, sur les visages de cabots, le
blanc-gras tint mal ; des larmes glissèrent,
tracèrent des rigoles dans le lard... Pendant
l’entr’acte, entre deux éclats de rire, les
malheureux couraient à la chambre froide,
dans le voisinage.
Ils achevaient la toilette du mort...
Et par un violent contraste, je retrouve en
mémoire cet autre soir de bénéfice, cù le
héros de la représentation, acclamé, lêté,
rappelé, vit tout à coup surgir des profon-
deurs de l'orchestre, un ballot volumineux
que des mains d’athlète lui passèrent par
dessus la rampe. —
Ii répondit par force révérences, la main
droite sur son coeur, ia figure épanouie. Et
l’on poussa péniblement ie cadeau dans la
coulisse.
Félicité du ciel ! Bonheur du Paradis !...
C’était un sac de pommes de terre !... Vive
ie grand Art puisqu’il nourrit !
"ir
* »
En dépit d’une existence cahotée, souvent
livrée aux angoisses dn lendemain, l’Ambi-
gu fit parfois bonne besogne.
C'est sur cette petite scène du cours de la
République que furent jouées pour la pre-
mière fois an Havre, plusieurs pièces qui
sont demeurées à l’affiche et sont encore les
succès du réporto're. Le Grand Magot y était
« crée » en 1886 et l’année suivante, le 7 jan-
vier, la pièce revoyait l’affiche.
• L’opérette d'Audran reçut un joyeux Bap-
tême de bravos. On se plut à en louer l’agré-
ment et le charme, à dire l’intérêt d’une
interprétation pleine de vaillance. Irma,
c’était Mme de Voltry, dont la « rentrée » fat
chaleureusement fêtée. Quant à Joquelet, ie
baryton,c’était un j -une artiste de la maison,
dont la taille s'accouplait si peu avec celle de
la chanteuse que le petit frère bqnisseur,*en
implorant sa grande soeur fascinatrice de
serpents, avait l’air d’adresser une prière
aux frises.
Mais le chanteur était sympathique, le co-
médien pas maladroit, l’un et l’autre furent
applaudis. Le chroniqueur du Petit Havre le
constata, en mêlant toutefois quelques épi-
nes aux roses de l’éloge :
« La voix de ce débutant est agréable,
chaude et atteint nne certaine puretji dans
ses notes élevées ; mais cet artiste ne possède
aucune science musicale, il lui faudra tra-
vailler beaucoup. Ceux qui le connaissent
nous assurent qu’il le fera.
» L’artiste nous a para en outre assez bon
cornélien ; ce débutant n’est donc pas dé-
pourvu de quelque valeur. »
Le nom de ce « débutant » î... Ouvrez
bien vos yeux : Lepellelier.
Parfaitement. Le baryton du Grand Mo-
gol en janvier 1887 n'est autre que le diver-
tissant artiste qui fait actnellement la joie
de la revue des Folies-Bergère.
De Joquelet à Maître Amand, il y a un saut
de pas mal d'aimées. Le brave Lepelletier l’a
fait gaiement, avec souplesse.
Comment, des barytons d’opérette, l’ar-
tiste est-il venu aux « comiques de compo-
sition », en passant par l’emploi de garçon
d’accessoires î
C’est là nne des innombrables fantaisies
que s’offrent volontiers les dieux du théâtre
entre ies mains desquels sont les ficelles de
ces pantins.
Lepelletier, à vrai dire, devait fatalement
aiguiller ver3 le comique. Sa nature, son
tempérament, des dons naturels, l’ame-
naient à choisir dans la collection des sil-
houettes du théâtre des types pittoresques et
originaux. Ils l’amenaient surtout à s'iden-
tifier avee le type de paysan normand au
point de faire dire que c était la vie même
qui vivait par lui sincère et vraie, avec son
caractère dé rusticité champêtre, son mé-
lange de gaieté et de malice, de finesse rusée
et de simplicité bonasse,
i Originaire de Caen comme Mèlingue, senîp-
1 tour sur bois comme son illustre compa-
triote, Lepelletier, n’a pas pprdu son accent
■ de terroir à travers les pêripifies d’une exis-
! teace qui connut tous ies aléas du comédien
de province avant de voir l’esquif de Ses
j chers espoirs voguer enfin sous le eiél de la
bonne Etoile. L'heure était alors passée où
Lepelletier lui-même « faisait des vagues *
sous une mer de toile peinte.
Mais cet amuseur eut la belle et rare sa-
gesse de ne jamais oublier, dans ies mirages
du décor, la vision des chosedÉéraliques.
Quand le théâtre lai fit sentir selq&prieas ci
ses injustices, il referma sa boitèà grime e(
ouvrit son sac d’outils.
Il reprit le ciseau et le maillet li se re-
plongea, plus ardent que jamais, dans la
sculpture du meuble de style. Je sais de Le-
pelletier des buffets et des bahuts qui sont
de jolies merveilles d’un travail minutieux
et patient, que l’art pare de sa gi âce et ds
son attrait.
La tâche finie, l'artiste retournait à ses
tréteaux et trouvait toujours le moyen de
« faire quelque chose » d’un petit bout de
rôle, d’habiller de belle humeur la désola-
tion d’une « panne ». Lepelletier a ainsi beau-
coup joué. Au cours d’une longue tournée
qu’il vient d’effectuer en Turquie, en Egypte,
il s’est taillé d’honorables succès dans le ré-
pertoire de la comédie moderne, où ses qua-
lités de naturel trouvèrent leur lie lieux
! emploi.
Mais, pour nous qui l’avons connu à ses
débuts, qui le retrouvons tel qu’il fut alors,
avec la même simplicité et toute lu saveur
pittoresque de ses intonations, Lepelletier
demeure l’interprète rêvé des paysans nor-
mands, du type du mathurin «né natif
d’Honfleur », aa « pêqueux de la Rampe »,
Il a saisi et concentré dans son geste, dans
. sa voix, dans soc type, les traits les plus ca-
ractéristiques et les plus vivants de ces sil-
houettes campagnardes ou maritimes, qui
sentent si fortement la terre de chez nous,
la sanmnre et le goudron qn’elles suffisent
pour évoquer, rien que d’un mot, la pensée
du clocher.
Et c’est une des raisons qni font à ces dis-
pensateurs du rire une place spéciale, privi-
légiée, dans l’affection du populaire.
Je n’oublie point pour ma part, la collabo-
ration précieuse qne me prêta un jour
Lepelletier quand il campa avec une' saisis-
sante vérité le rôle da père Nouvel de ma
Mauviette.
C’était bien là toute la bmhomie, tonte la
finauderie, toute la griliàrcFise normandes
qui s’épanouissaient sur la blouse à souta-
ches, avec un relief de portrait vécu.
J’ai revu depuis à la scène de nombren)
« Nouvel » qui, de lenr mieux, s’ing*nièrcpj
à animer ce personnage de lenr vie propre
en lui prêtant ie patois conventionnel q 'ft
est de tradition de passer au paysan de
théâtre, et qui est aussi loin du parler du
pays normand que l’accent classique du père
Gaspard dans Les Cloches de Corneville l’est de
l’accent des rnraux des bords da la Risle.
Jamais, malgré tont le talent dépensé par
des artistes qui avaient peut être dans leur
jeu plus de variété et de souplesse, l’au-
teur de La Mauviette n’a retrouve l’inoublia-
ble bonhomme que Lepelletier dressa pour
lui avec tant de couleur et de vie...
Nouvel, Amand, il me plaît de faire
tenir ponr l’instant la carrière artistique de
Lepelletier entre ces deux amusantes figu-
res. Ii y mit bien son empreinte, son genre
de comique local. Si ie comédien serab c
avoir voulu limiter son adresse scénique à
cette note presque exclusive, il l'a rendue
pour nous plus savoureuse. Lepelletier est
surtout et avant tout, un « acteux de cheux
nous ».
Et puis, il n'est pas de ces amuseurs qui,
descendus des tréteaux, s’empressent d’af-
fecter des airs funèbres, pose superflue d’un
vain cabotinage.
La gaieté bien née continue de promener
son indulgente philosophie même en dehors
des heures professionnelles où le comique
doit être drôle parce que le public veat
; _qn’on l’amuse.
J’évoque cette soirée dé bénéfice où Le-
pelletier, rentré dans sa loge, encore affublé
de son costume du père Nouvel,déballait les
innombrables paquets qu’on iùi avait pas-
sés par le trou du soufleur.
Une coquette collection de boites enru-
bannées restait dans nn coin, sans éveiller
ia curiosité du bénéficiaire. La chose me
surprit.
— Eh bien ? Et tout cela t
Il me glissa, d’un ton tranquille.
— Oh I cela, je le connaisr Je me le suis
envoyé moi-même. J’ai passé l’après-midi à
«îvelopper cette figuration de papier gl cé.
Et il ajouta, à voix basse, tout à lait confi-
dentiel :
— Ce sont des briques !
ALBERT-IIERRENSCHMIDT.
INFORMATIONS
Mort de M. Raoul Pugno
Une dépêche de Moscou nous apprend nne
triste nouvelle : la mort soudaine du pianiste
et compositeur français Raoul Pugno, qui
était depuis quelques jonrs à Moscou.
Né à Montrouge (Seine) le 23 juin 1852-,
Raoul Pagno avait fait ses études musicales
au Conservatoire de Paris. Après avoir ob-
tenu successivement ie premier prix de pia-
no (1866) ; le premier prix de solfège (1867) ;
le premier prix d’harmonie et d’accompa-
gnement (1867), le deuxième prix de fugue
(1869) et le premier prix d’orgue (1869) il de-
vint organiste et maure de chapelle, à l'église
Saint-Eugène à Paris (1871-1872) puis il abor-
da le théâtre. U débuta en donnant à Asniè-
res nne petite opérette ; A qui la trompe
(1877), puis, après avoir fait exécuter aux
Concerts populaires ur.e grando scène reli-
gieuse, la Résurrection de Lazare (1879), il a
Fait représenter ia Fée Cocotte, féerie (1881) ;
les Papillons, ballet, avec Lippacher (1881) ;
Ninetta (1882), Viviane, ballot (1886) ; le Sosie
(1887) ; le Valet de coeur (1888) ; le Retour
d'Ulysse (1889) ; la Vocation de Marius (1890) ;
la Danseuse de corde, ballet (1892); Pour le
drapeau, mimodrame (189$) ; le Chevalier aux
fleurs, ballet avec M. André Messager (1897).
Le “ Petit Havre de Noël ”
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Blé sur Mai 9t 7/8 91 1/4
— Juillet.... 87 3 4 87 1/8
Maïs sur Mai 68 »,» 68 i î
- Juillet.... 07 t/8 67 6 8
Saindoux s or. Mai.. .... 10 67 11 02
— Juillet.... — —
W. MAGINOT DANS L'EST
SAINT-BIE. — M. Maginot a constaté qu8
l’état sanitaire des troupes est partout excel-
lent. $&»
Il visitera aujourd’hui les nouveaux caser-
nements de la ville, ainsi que ceux de Se-
nones, de Raon-l’Etape et Baccarat.
u--—
LÉGIOS-D'HONNEUR
J.‘Haliez,joontre-aaiira] du cadre de ré-
serve, est nommé commandeur de la Légion-
d’ilounear.
TABLEAU D’AVANCEMENT
DE LA MAGISTRATURE
Sont portés au tableau d’avancement de la
magistrature :
MM. Caurette, Douve -et Niellon, conseil-
lers à la Cour d’appel de Rouen ; M. Henriet,
juge de 1™ classe ; M. Piltié, substitut du
procureur de la République de ir* classe ;
MM. Gajot des Monluaury et (Sbutard, juges
suppléants au tribunal du Havre,
LA « JOCONDE » AU LOUVRE
Hier soir, là Joconde a été définitivement
accrochée a la place qu’elle occupait précé-
demment an Louvre.
Des ordres sévères ont été donnés pour la
surveillance de nuit.
LE CONGRÈS DE LA FÉDÉRATION
RÉPUBLICAINE
Les adhérents de la Fédération Républi-
caine sont convoqués pour un congrès an-
nuel qui se tiendra les 2, 3 et 4 février, sous
la présidence de M. Charles Prevet.
Le banquet de clôture aura lien le 4 lé-
vrier, à 7 heures 1/2 du soir.
M. LLOYD GEORGE A ALGER
ALGER. — Le gouverneur général offrira
aujourd’hui nn déjeuner en l’honnear de M.
Lloyd George et des parlementaires anglais
arrivés hier.
Le chancelier de l’Echiqnier et les parle-
mentaires anglais comptent partir lundi ponr
parcourir en automobile la Kabyhe. Ils visi-
teront Biikra, Timgad et Toughonrt.
A PROPOS DES INCIDENTS
DE SAVERNE
tTne nouvelle incartade du Kronprinz
FRANCFORT. — L’Elsaessar confirme la nou-
velle publiée par un autre journal disant que
le prince héritier aurait adressé, à l’occasion
du nouvel an, nn télégramme au colonel
Von Reuter, dans lequel il le félicitait de son
attitude énergique lors des incidents de Sa-
verne.
La Gazette de Francfort écrit à ce sujet :
« Si cette information était exacte, on
pourrait y voir la continuation de cette po-
litiqne spéciale du kronprinz qui s’est déjà
trouvée à différentes reprises en contradic-
tion flagrante avec celle des personnages
responsables du gouvernement et celle de
l’emuereur. »
LES AFFAIRES D’ORIENT
Démission du Ministère bulgare
SOFIA. — M. Radoslavôff a annoncé que le
ministère est démissionnaire.
Le Sobranié s'est ajourné jusqu’à la forma-
tion du nouveau Cabinet.
Autriche et Albanie
VIENNE. — La Correspondance Politique ap-
prend que Ismaïl Kemal, président du gou-
vernement provisoire d’Albanie, et le comte
Berchtold ont échangé des télégrammes à
l’occasion du Nouvel An.
Le comte Berchtold a formulé les voeux de
son gouvernement ponr le bonheur et la
prospérité de la nation albanaise.
Le Nouveau Ministre de la Querre Turc
CONSTANTINOPLE. —■ Enver Bey a été promu,
générai de-brigade.
Il a prêté serment hier comme ministre
de la guerre.
LA RÉVOLUTION MEXICAINE
BRESIDIO (Texas. — Deux mille réfagiés
mexicains parmi lesquels des femmes et des
enfants mourant de laim et quelques soldats
fédéraux sont venus demander asile et pro-
tection aux troupes mexicaines.
LA MÉNINGITE CÉRÉBRO-SPINALE
Quelques cas de méningite cérébro-spinale
— 5 en totalité — ont été signalés an 133» ré-
giment d’infanterie à Saint-Lô depuis le 14
novembre.
Les cas se sont limités à deux compagnies.
Dès l’apparition des premiers cas, toutes
les mesures réglementaires furent rigoufeu-
semet appliquées pour atténuer le dévelop-
dement de l’épidemie.
L’état sanitaire général est par ailleurs sa-
tisfaisant.
UN TAMPONNEMENT
NICE. — Un tamponnement s’est produit
hier après-midi sur une ligne des Chemins
de fer dn Sud de la France, près de la sta-
tion de Puget-Théniers, entre an train plein
de voyageurs venant de Nice et un train de
marchandises;
Les deux mécaniciens, les deux chauf-
feurs et les deux convoyeurs seraient
blessés.
L’état d’un des convoyeurs serait très
grave.
Les dégâts matériels sont importants.
UN ÉBQULEMENT.CAUSE DE
NOMBREUSES VICTIMES
RARAT. — Hier matin, à 8 henres, sur la
rive du Bou-Regreg, un énorme bloc de
pierre s’est détaché de la falaise et est venu
s’abattre sur un café maure, où se trou-
vaient de nombreux consommateurs.
Les secours furent immédiatement organi-
sés.
Vingt-denx cadavres ont pu être retirés.
Quatre ouvriers ont été blessés.
On craint qu’il ne reste encore des victi-
mes sous les décombres.
Les travaux de déblaiement dureront plu-
sieurs jours.
MUTINERIE DANS UNE PRISON
LE CAIRE.—Une mutinerie a éclaté hier
matin dans ia prison. Les gardiens, ponr ré-
tablir l’ordre, durent faire usage de leurs
armes.
Quatre détenus ont été tués et une cin-
quantaine blessés.
UNE ARRESTATION SENSATIONNELLE
AU BRÉSIL
Bio DE-JANEIRO. — Le vice-amiral Huet
Baceilan, ancien président de la commission
chargée de surveiller la construction du
cuirassé Rk-de-Janeiro, a été arrêté à la suite
de la publication d’une lettre blâmant les
actes du gouvernement et concernant l’alié-
nation de ce cuirassé.
Les Projets de M. Briand
Nous avons dit que M. Aristide Briand a
fait au correspondant du journal autrichien,
le Neucs Wiener Tageblatt, des déclarations,
qui constituent un commentaire au discours
de Saint-Etienne et indiquent les principa-
les lignes de la politique du nouveau grou-
pement qui vient de se constituer.
Voici les principaux passages de cette
interview :
A partir de maintenant, dit M. Aristide
Briand, les problèmes actuels ne se posent
plus devant la Chambre seulement, mais
devant le pays tout entier qui aura à faire,
dans quatre mois, sa démonstration politi-
que.
Sur quoi le pays s’exprimera-t-il ? Assuré-
ment pas sur la question du régime politi-
que ou de la Constitution. Personne, en ef-
fet, n’oserait affirmer qne la République soit
menacée dans son existence. Mais le pays
s’exprimera sur le programme républicain
et sur l’orientation républicainè.
Ce programme, je rai développé abondam-
ment, et il m’est facile de le résnmer.
Le parti républicain, parce qu’il possède la
majorité dans le pays et qn’U forme Je gou-
vernement, a des obligations et des respon-
sabilités qui ini incombent à lui seul. Il doit
donc réaliser la solidarité nationale au plus
haut degré et chercher ce qui unit les ci-
toyens, et non pas ce qoi les divise.
C’est dans cet esprit qne j’ai présenté au
commencement de l’année 1913, le projet de
loi qui établit le service de trois ans. J9 l’ai
fait avec chagrin, parce que les nécessités de
la sécurité nationale l’exigeaient et dans l’in-
tention unique de consolider la paix par raf-
fermissement de l’équilibre européen.
Contre les attaqnes du parti réactionnaire,
j’ai, depuis dix ans, ou voté, ou soutenu, à
la Chambre, les lois essentielles ponr la dé-
fense de la laïcité, pour les écoles laïques,
pour la séparation des églises et de l’Etat.
Unité et dignité nationale, sagesse et fer-
meté républicaine, voilà mon programme,
voilà le programme de mes amis.
Le programme de nos adversaires ? Il
m'est a’antant plus facile de le définir que
c’est le nôtre et qn’on nous l’a pris.
Contre le ministère Barthon, qne nous
avons soutenu fidèlement, le Congrès radi-
cal de Pan a dressé an Credo qui ressemble
à un acte d’accusation. Que disait-il et qu’en
est-il sorti ?
Le Credo réclamait la mise à l’écart de la
loi électorale, si souvent votée. Or, le nou-
veau ministère s’est engagé à tenir compta
dans une large mesure des votes de la Cham-
bre.
Ce Credo ajournait également l’augmenta-
tion de la solde des officiers à une époque
indéterminée. Le nouveaa ministère a ce-
pendant demandé à la Chambre de voter
cette augmentation ponr le 1er janvier 1914.
Ce Credo visait la nécessité d’un emprunt,
et le nouveau ministre des finances a recon-
nu, au Sénat, que cet emprunt était inévita-
ble.
Ce Credo réclamait un impôt sur le revenu
ayant un caractère inquisitorial ; cependant,
un membre du nouveau cabiaet vient de dé-
clarer qu’il ne serait plus question de cela.
Je pourrais continuer la série. Il me suffira
de dire que le ministère issu dn Congrès de
Pau n’a été sauvé sur toutes les questions
que par les voix de ceux qui ont précisément
été excommuniés à ce Congrès.
J’ai donc le droit d’affirmer que nos adver-
saires, ne pouvant se soustraire ni à notre
programme, ni à nos voix, notre programme
est celui de ia France républicaine.
Quelle différence existe donc entre eux et
nous ? Une différence dans la méthode, mais
une différence capitale.
Ceux qui nous combattent visent de gou-
verner avec an parti qni prétend an droit de
distribuer des billets de confession républi-
cains. La vie politique, telle qne la compren-
nent nos adversaires, se développe à tous les
degrés sons ie joug des tyrannies locales.
Cela, nous ne le voulons pas t
Nous vouions que la République soit habi-
table pour tous les Français qui acceptent
loyalement les lois de la Nation.
Nous voulons gouverner avec notre parti,
mais conformément à la parole de Gambetta :
« avec notre parti, pour le pays. » Nous vou-
lons que chacun se tienne a la place conve-
nable et reste avec son rôle : ministres, sé-
nateurs et députés.
Ce que j’ai dit à Saint-Etienne, je le répé-
terai demain avant les élections, devant tout
le pays. Je redirai qne le rôle de l'Etat dans j
une démccratie ne consiste pas à dresser an
citoyen contre nn antre ; que la force que
chacun reçoit de ia loi et de la nation doit
servir an bien de tous et ne pas dégénérer
en une tyrannie contre les opinions.
L’Etat doit rèster neutre dans les combats |
d’idées entre les citoyens, sa paissance ad-
ministrative ne peut pas opprimer les cons-
ciences et les opinions.
L’Etat ne doit mettre ni des faveurs, ni des
représailles an service des électeurs. Au
scrutin, il ne peut s’agiter que des idées li-
bres, qui se présentent librement devant le
suffrage populaire et souverain.
Cela ne piaira pas aux comités. Mais juste-
ment, nous venions mettre nn terme à l’ex-
ploitation qu’ils font de la République en
fondant une République qu’on aimera da-
vantage, une République pins lumineuse,
une France'unie, plus forte et plus res-
pectée. /
——
M. Poincaré ira proWlsKü! en traie
On Ht dans le M‘tin :
Il est infiniment probable que l’année 1914
ne s’écoulera pas sans que le président de
la République ait été faire nn voyage en
Russie. La chose n’est pas encore officielle,
mais elle ie sera vraisemblablement avant le
printemps.
A diverses reprises déjà, M. Iswolaky,
l’éminent ambassadeur de Russie en France,
s’est enquis de la date à laquelle le chef de
l’Etat comptait rendre visite à.la nation al-
liée et amie, et ce n’est un mystère pour per-
sonne que M. Kokovtzow, lors de son séjour
à Paris, a également dit à M. Poincaré toute
la joie qu’on éprouverait à Saint-Pétersbourg
de sa venue.
Seiïis, l’état de santé de l’impératriGe de
Russie’, les lenteurs protocolaires, les diffi-
cultés qu’il y a à faire à date, lointaine des
projets ont empêché de fixer les dates et
d'arrêter les details.
Cependant ou peut considérer comme cer-
taines deux choses ; d’abord que M. Ray-
mond Poincaré ne fera plus aucun voyage
à l’étranger avant d’avoir été rendre visite à
l’empereur de Russie ; ensuite, que cette vi-
site aura lieu l’été, pendant les vacances par-
lementaires. On peut également dire qu’il
entre daD$ les intentions dn président de la
République, lorsque ia visite aura lieu, de
l’entourer dé tout l’éclat possible : c’est ainsi
qn'une partie de l’escadre de la Méditerra-
née — la division des « Danton » — accom-
pagnerait le chef de l’Etat dans la Baltique ;
c’est ainsi également que, si les dates s’y prê-
tent, le président aurait le très vif désir d’as-
sister à une journée de manoeuvres de l’ar-
mée russe. Enfin on peut prévoir que l’em-
pereur de Russie rendra an président delà
République ia visite qu’il aura reçue. Le tsar
déclare volontiers qu’un de ses souvenirs
les plus agréables est ie séjour qo’il a fait à
Pans, et il a, lui aussi, à maintes reprises,
témoigné le désir de revoir l’armée fran-
çaise, et si possible de la revoir non pas snr
un champ de revue, mais sur un terrain de
manoeuvres.
ETRANGER
ALLEMAGNE
Voyages d’Esctc1res
La .division allemande de l’Adriatique,
composée, comme on sait, de&cnirassésJCai-
ser et Koenig-Albert et do petit croiseur Stras-
burg, relâchera prochainement à Douala, ca-
pitale du Cameroun, où elle se rencontrera
avec les canonnières Eber et Panther. On sait
que Douala est en passe de devenir le pre-
mier port africain allemand.
L’escadre d’Ext<ême-Orient, composée de
quatre croiseurs, navigue actnellement dans
les eanx méridionales d’Extrême-Orient, tai-
sant escale dans toutes les villes importantes
du littoral chinois.
Les obsèques de la princesse
de Hobcnzollcru
L’empereur Guilianme est arrivé hier ma-
tin à Sigmaringen, où il a assisté l’après-midi
anx funérailles de la princesse Léopold de
Hohenzoliern.
Le roi des Belges est également arrivé à
Sigmaringen.
On remarquait, en outre, parmi les assis-
tants le prince héritier de Ronmanie, les
princes Ferdinand et Guillaume de Hohen-
zollern, les rois de Belgique et de Saxe, l’ex-
roi Manoel et la princesse sa femme, le
grand-dnc de Bade et d’autres personnages
princiers.
ESPAGNE
Les Chambres sont dissoutes
Le Conseil des ministres s’est réuni sons
la présidence du roi. Le président dn Con-
seil exposa l’oeuvre du gouvernement, tant
à l’intérieur qu’au Maroc, puis soumit au
roi, qui le signa, le décret de dissolution
des Cortès. Les élections ont été fixées au
8 mars.
A la sortie du Conseil, le chef dn gouver-
nement, M. Dato, a déclaré textuellement :
— Le fait qne Sa Majesté a bien vontu me
concéder le décret de dissolution des Cortès
démontre clairement combien sont peu fon-
dées les rameurs de difficultés politiques du
cabinet qui, soi-disant, n’aurait pa3 la con-
fiance du roi.
CHINE
94,000 Exécutions
On évalue à 24,000 le nombre des exécu-
tions qui ont eu lieu dans la province de
Tsé-Chouen en 1913.
Dans la plupart des cas; il s’agissait de vo-
leurs. L’importance de ce chiffre est attribué
à l’état de transition cù se trouve le pays, à
la cherté de l'opium et à la surpopulation
de la province. On estime que le chiffre de
24,000 est encore au-dessous de la vérité.
§mêëmm ÿêmèm
De “ Joquelet ” à “ Maître Amand ”
* ..î V Photo et Cliel.é retü.IIavi'i -
LE ÇGMiQUE NORMAND V. LEPELLETIER
dans le rôle de IVOUVEL
de La fflauoiette
L’amusint et vieillot petit théâtre!
Je le retrouve dans mes sonvenirs sons
les loques poussiéreuses de Don César, avec
dès odeurs de bois moisi et de toiles hu-
mides.
Sur le cours de la République, il ouvrait
péniblement ses portes d’enirée, comme si
Thalie, pour se faire nne trouée jusqu’au
trottoir, avait refoulé ies immeubles voisins
en jonant des coudes.
hôyau noir qu’illuminaient, lu soir,
des papillons de gaz emprisonnés dans, des
cages en fil de fer, conduisait à la salle haute
et triste sous sa décoration de tentures ocre
rouge.
Bordée de la rampe classique, qui ignorait
encore le luxe des lampes électriqnes, la
scène s’étendait, assez profonde, touchant
presque la rue voisine. C’est par cette me
tranquille et morne que défilaient, matin et
soir, appelés aux répétitions ou regagnant
leurs mansardes, les comédiens aux mines
faméliques.
Vénérable Ambigu tombé sous la pioche
du démolisseur, il avait, en sa pauvreté at-
tendrissante, une originalité pittoresque. A
le voir, sons la traî'resoe lumière du jour,
dépourvu des artifices du décor et du
trompe-l’oeil des choses du théâtre, dans la
simple et brutale réalité, il évoquait quoique
garage du chariot do Thespis.
Los comédiens qui venaient là donner l’il-
lusion de leurs richesses suivant les indica-
tions du rôle et les exigences da répertoire,
se regardaient entre eux avec des figures
inquiètes : « Sera-t-on payé ? »
lis n’en apportaient pas moins dans l’ac-
complissement de lenr tâche la belle ardeur
et le noble zèle que le culte de l’art met aux
coeurs épris.
C’est peut-être à l’Ambigi que la panache
du mélodrame a déployé chez nous sa vu
branle ampleur avec plus'de majêsté et dé
dignité convaincue. Ces braves gens man-
geaient mal, mais iis disaient bien. Brichan-
teau eut aimé cet asile. Ii y eut retrouvé des
camarades de misère qui oubliaient facile-
ment leur peine dans un accès de belle hu-
meur.
Avec eux il eut ri bien fort, derrière la
toile, à tout ce que la fantaisie imagina de
cocasse et de drôlatique pour oublier la
cruauté des jours et l’anémie persistante de
la recette. Les maùx supportés en commun
s’ingénient parfois à moncheter les pointes
de la douleur.
Mais c’étaient là des coins ignorés dn pu-
blic folâtre. Dimanches et télés, il s’engouf-
frait entre ces quatre murs, et, tonte une
soirée, s’enthousiasmait, se grisait d’em-
phase.
Le Théâtre dn Peuple actuel rappelle un
peu cet aspect de l’ancienne salie avec* son
auditoire populaire, sensible, exubérant,
l’admirable public du drame qui pleure avec
l’ingénuité martyrisée et lance des invecti-
ves à l’infâme troisième rôle.
L’Ambigu amplifiait ce spectacle par ses
dimensions, par son cadre, il y avait des
soirs où des grappes humainès, suspendues
aux galeries, agrippées aux bilustrades. n’a-
vaient même plus de mains pour applaudir.
A'ors elles criaient leur joie, aux chutes du
rideau. Elles poussaient des vivats en l’hon-
neur de leurs artistes préférés ; elles en fai-
saient des gloires et des dieux.
Un jour que le programme n’avait pu se
dérouler suivant les prévisions établies —
l'Ambigu avait alors recours à la troupe
dramatique du Grand-Théâtre, qu’on ame-
nait en omnibus, costumée et grimée
comme nn cortège de carnaval — le régis-
seur vint annoncer que le lever de rideau, Toi-
non, serait « par exception » joué à la fin du
spectacle.
La troupe avait déjà donné un grand dra-
me, Lfâf’ireuse de cartes, nn copieux vaude-
ville, Loi Mariée du Mardi-Gras. Il était plus
d’une heure dn matin qnand le rideau se
leva sur Toinon. Pas nn n’avait lâché sa
place.
Les grappes étaient toujours à leurs pla-
ces, accrochées aux galeries, silencieuses,
attentives, prêtes à tradaire leur impression.
Il y ent des rappels dont le brayant en-
semble ne trahit ni l’indifférence, ni la fa-
tigue.
Je sais parti ce soir-là du théâtre avec une
de mes plus douces joies d’auteur.
a*#
Mais la scène aussi avait ses drames inti-
mes, ceux que le public ignore, ceux dont ii
. ne s’est jamais douté.
dans le rôle de AMI AD
de A la Gars I
Je revois ce soir tragique où la mort vint
frapper à ia porte des confisses et enleva,
jenne encore, le fils du directeur d’alors. Ou
jouait, ce soir-là, une opérette ; la location
avait esquissé un petit mouvement, c’était
l’occasion exceptionnelle da ramener quel-
ques sous dans ia maison.
Le père Gourtioux, qui exploitait le tbéâ-
tra avec toute sa famille, la mère dans les
« grands premiers rôles », le fils — le défunt
—jzomme chef d’orchestre, la fille comme
ingéanité, lui-même comme grand premier
comique à tout taire, le père Courtionx se
demanda, avec ies siens, avec les aatres, s’il
fallait jouer sous ce coup terrible...
Faire relâche, c’était aggraver la misère,
priver ces pauvres diables d’un morceau de
pain. Les mouchoirs épongèrent les yeux.
On allama la rampe et frappa les trois
conps.
Ce soir-là, sur les visages de cabots, le
blanc-gras tint mal ; des larmes glissèrent,
tracèrent des rigoles dans le lard... Pendant
l’entr’acte, entre deux éclats de rire, les
malheureux couraient à la chambre froide,
dans le voisinage.
Ils achevaient la toilette du mort...
Et par un violent contraste, je retrouve en
mémoire cet autre soir de bénéfice, cù le
héros de la représentation, acclamé, lêté,
rappelé, vit tout à coup surgir des profon-
deurs de l'orchestre, un ballot volumineux
que des mains d’athlète lui passèrent par
dessus la rampe. —
Ii répondit par force révérences, la main
droite sur son coeur, ia figure épanouie. Et
l’on poussa péniblement ie cadeau dans la
coulisse.
Félicité du ciel ! Bonheur du Paradis !...
C’était un sac de pommes de terre !... Vive
ie grand Art puisqu’il nourrit !
"ir
* »
En dépit d’une existence cahotée, souvent
livrée aux angoisses dn lendemain, l’Ambi-
gu fit parfois bonne besogne.
C'est sur cette petite scène du cours de la
République que furent jouées pour la pre-
mière fois an Havre, plusieurs pièces qui
sont demeurées à l’affiche et sont encore les
succès du réporto're. Le Grand Magot y était
« crée » en 1886 et l’année suivante, le 7 jan-
vier, la pièce revoyait l’affiche.
• L’opérette d'Audran reçut un joyeux Bap-
tême de bravos. On se plut à en louer l’agré-
ment et le charme, à dire l’intérêt d’une
interprétation pleine de vaillance. Irma,
c’était Mme de Voltry, dont la « rentrée » fat
chaleureusement fêtée. Quant à Joquelet, ie
baryton,c’était un j -une artiste de la maison,
dont la taille s'accouplait si peu avec celle de
la chanteuse que le petit frère bqnisseur,*en
implorant sa grande soeur fascinatrice de
serpents, avait l’air d’adresser une prière
aux frises.
Mais le chanteur était sympathique, le co-
médien pas maladroit, l’un et l’autre furent
applaudis. Le chroniqueur du Petit Havre le
constata, en mêlant toutefois quelques épi-
nes aux roses de l’éloge :
« La voix de ce débutant est agréable,
chaude et atteint nne certaine puretji dans
ses notes élevées ; mais cet artiste ne possède
aucune science musicale, il lui faudra tra-
vailler beaucoup. Ceux qui le connaissent
nous assurent qu’il le fera.
» L’artiste nous a para en outre assez bon
cornélien ; ce débutant n’est donc pas dé-
pourvu de quelque valeur. »
Le nom de ce « débutant » î... Ouvrez
bien vos yeux : Lepellelier.
Parfaitement. Le baryton du Grand Mo-
gol en janvier 1887 n'est autre que le diver-
tissant artiste qui fait actnellement la joie
de la revue des Folies-Bergère.
De Joquelet à Maître Amand, il y a un saut
de pas mal d'aimées. Le brave Lepelletier l’a
fait gaiement, avec souplesse.
Comment, des barytons d’opérette, l’ar-
tiste est-il venu aux « comiques de compo-
sition », en passant par l’emploi de garçon
d’accessoires î
C’est là nne des innombrables fantaisies
que s’offrent volontiers les dieux du théâtre
entre ies mains desquels sont les ficelles de
ces pantins.
Lepelletier, à vrai dire, devait fatalement
aiguiller ver3 le comique. Sa nature, son
tempérament, des dons naturels, l’ame-
naient à choisir dans la collection des sil-
houettes du théâtre des types pittoresques et
originaux. Ils l’amenaient surtout à s'iden-
tifier avee le type de paysan normand au
point de faire dire que c était la vie même
qui vivait par lui sincère et vraie, avec son
caractère dé rusticité champêtre, son mé-
lange de gaieté et de malice, de finesse rusée
et de simplicité bonasse,
i Originaire de Caen comme Mèlingue, senîp-
1 tour sur bois comme son illustre compa-
triote, Lepelletier, n’a pas pprdu son accent
■ de terroir à travers les pêripifies d’une exis-
! teace qui connut tous ies aléas du comédien
de province avant de voir l’esquif de Ses
j chers espoirs voguer enfin sous le eiél de la
bonne Etoile. L'heure était alors passée où
Lepelletier lui-même « faisait des vagues *
sous une mer de toile peinte.
Mais cet amuseur eut la belle et rare sa-
gesse de ne jamais oublier, dans ies mirages
du décor, la vision des chosedÉéraliques.
Quand le théâtre lai fit sentir selq&prieas ci
ses injustices, il referma sa boitèà grime e(
ouvrit son sac d’outils.
Il reprit le ciseau et le maillet li se re-
plongea, plus ardent que jamais, dans la
sculpture du meuble de style. Je sais de Le-
pelletier des buffets et des bahuts qui sont
de jolies merveilles d’un travail minutieux
et patient, que l’art pare de sa gi âce et ds
son attrait.
La tâche finie, l'artiste retournait à ses
tréteaux et trouvait toujours le moyen de
« faire quelque chose » d’un petit bout de
rôle, d’habiller de belle humeur la désola-
tion d’une « panne ». Lepelletier a ainsi beau-
coup joué. Au cours d’une longue tournée
qu’il vient d’effectuer en Turquie, en Egypte,
il s’est taillé d’honorables succès dans le ré-
pertoire de la comédie moderne, où ses qua-
lités de naturel trouvèrent leur lie lieux
! emploi.
Mais, pour nous qui l’avons connu à ses
débuts, qui le retrouvons tel qu’il fut alors,
avec la même simplicité et toute lu saveur
pittoresque de ses intonations, Lepelletier
demeure l’interprète rêvé des paysans nor-
mands, du type du mathurin «né natif
d’Honfleur », aa « pêqueux de la Rampe »,
Il a saisi et concentré dans son geste, dans
. sa voix, dans soc type, les traits les plus ca-
ractéristiques et les plus vivants de ces sil-
houettes campagnardes ou maritimes, qui
sentent si fortement la terre de chez nous,
la sanmnre et le goudron qn’elles suffisent
pour évoquer, rien que d’un mot, la pensée
du clocher.
Et c’est une des raisons qni font à ces dis-
pensateurs du rire une place spéciale, privi-
légiée, dans l’affection du populaire.
Je n’oublie point pour ma part, la collabo-
ration précieuse qne me prêta un jour
Lepelletier quand il campa avec une' saisis-
sante vérité le rôle da père Nouvel de ma
Mauviette.
C’était bien là toute la bmhomie, tonte la
finauderie, toute la griliàrcFise normandes
qui s’épanouissaient sur la blouse à souta-
ches, avec un relief de portrait vécu.
J’ai revu depuis à la scène de nombren)
« Nouvel » qui, de lenr mieux, s’ing*nièrcpj
à animer ce personnage de lenr vie propre
en lui prêtant ie patois conventionnel q 'ft
est de tradition de passer au paysan de
théâtre, et qui est aussi loin du parler du
pays normand que l’accent classique du père
Gaspard dans Les Cloches de Corneville l’est de
l’accent des rnraux des bords da la Risle.
Jamais, malgré tont le talent dépensé par
des artistes qui avaient peut être dans leur
jeu plus de variété et de souplesse, l’au-
teur de La Mauviette n’a retrouve l’inoublia-
ble bonhomme que Lepelletier dressa pour
lui avec tant de couleur et de vie...
Nouvel, Amand, il me plaît de faire
tenir ponr l’instant la carrière artistique de
Lepelletier entre ces deux amusantes figu-
res. Ii y mit bien son empreinte, son genre
de comique local. Si ie comédien serab c
avoir voulu limiter son adresse scénique à
cette note presque exclusive, il l'a rendue
pour nous plus savoureuse. Lepelletier est
surtout et avant tout, un « acteux de cheux
nous ».
Et puis, il n'est pas de ces amuseurs qui,
descendus des tréteaux, s’empressent d’af-
fecter des airs funèbres, pose superflue d’un
vain cabotinage.
La gaieté bien née continue de promener
son indulgente philosophie même en dehors
des heures professionnelles où le comique
doit être drôle parce que le public veat
; _qn’on l’amuse.
J’évoque cette soirée dé bénéfice où Le-
pelletier, rentré dans sa loge, encore affublé
de son costume du père Nouvel,déballait les
innombrables paquets qu’on iùi avait pas-
sés par le trou du soufleur.
Une coquette collection de boites enru-
bannées restait dans nn coin, sans éveiller
ia curiosité du bénéficiaire. La chose me
surprit.
— Eh bien ? Et tout cela t
Il me glissa, d’un ton tranquille.
— Oh I cela, je le connaisr Je me le suis
envoyé moi-même. J’ai passé l’après-midi à
«îvelopper cette figuration de papier gl cé.
Et il ajouta, à voix basse, tout à lait confi-
dentiel :
— Ce sont des briques !
ALBERT-IIERRENSCHMIDT.
INFORMATIONS
Mort de M. Raoul Pugno
Une dépêche de Moscou nous apprend nne
triste nouvelle : la mort soudaine du pianiste
et compositeur français Raoul Pugno, qui
était depuis quelques jonrs à Moscou.
Né à Montrouge (Seine) le 23 juin 1852-,
Raoul Pagno avait fait ses études musicales
au Conservatoire de Paris. Après avoir ob-
tenu successivement ie premier prix de pia-
no (1866) ; le premier prix de solfège (1867) ;
le premier prix d’harmonie et d’accompa-
gnement (1867), le deuxième prix de fugue
(1869) et le premier prix d’orgue (1869) il de-
vint organiste et maure de chapelle, à l'église
Saint-Eugène à Paris (1871-1872) puis il abor-
da le théâtre. U débuta en donnant à Asniè-
res nne petite opérette ; A qui la trompe
(1877), puis, après avoir fait exécuter aux
Concerts populaires ur.e grando scène reli-
gieuse, la Résurrection de Lazare (1879), il a
Fait représenter ia Fée Cocotte, féerie (1881) ;
les Papillons, ballet, avec Lippacher (1881) ;
Ninetta (1882), Viviane, ballot (1886) ; le Sosie
(1887) ; le Valet de coeur (1888) ; le Retour
d'Ulysse (1889) ; la Vocation de Marius (1890) ;
la Danseuse de corde, ballet (1892); Pour le
drapeau, mimodrame (189$) ; le Chevalier aux
fleurs, ballet avec M. André Messager (1897).
Le “ Petit Havre de Noël ”
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