Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1913-09-11
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 11 septembre 1913 11 septembre 1913
Description : 1913/09/11 (A33,N11746). 1913/09/11 (A33,N11746).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
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Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t526378240
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/04/2023
35- Année - N (1,746
(6 Pages)
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EDITION DD MATIN
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Jeudi II Septembre 1915
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35, Rue Fontenelle, 35
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Petit Havre
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Le Havre, la Seine-Inférieure, l’Eur,
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o5SaG@endRabsaysuasyerye=qeysyy======-=---===-----=-----=-------.,----"!TY= 7
f Dernière Heure |
PARIS, TROIS HEURES MATIN
Le Toast du
Roi de Grèce
DÉPÊCHES COMMERCIALES
META UE
ONDRES, 10 Septembre, Dépêche de 4 h; 30
CUIVRE
Comptant..,
i mois '
TON
COURS
HAUSSE
BAISSE
facile
s 73 -/-
£ 72 47/6
-/-
7/6
5/-
ETAIN
domptant .
3 mois
ferme?
£ 493 B/-
£ 192 40/-
15/-
5/-
FER
domptant..
$ mois....
calme
£ 84/9
£55/7 %
i d
2 % d
-/-
-/-
Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse
Su 9 septembre 1913.
LE VOYAGE PRÉSIDENTIEL
De Guéret à Aubusson et à la Courtine
Aubusson. — Le départ de Guéret a donné
len à une manifestation de sympathie extrê
mement chaleureuse.
Les habitants enserrent la voiture prési
dentielle qui ne peut se frayer un passage
qu’avec de grandes difficultés.
A quelques kilomètres de Guéret, M. et
Mme Poincaré quittent un moment le cor
tège pour aller visiter le sanatorium de
Peyre.
Entre Guéret et Aubusson, les municipali
tés des localités les plus importantes, vien
nent présenter leurs souhaits de bienvenue
en président.
M. et Mme Poincaré font leur entrée à
Aubusson à 4 heures ; ils sont chaleureuse
ment acclamés.
Un vin d’honneur est servi. Le président
boit à la ville et à sa glorieuse industrie.
Un écrin de tapisserie est offert à Mme
Poincaré.
Le cortège repart ensuite et gagne le pla-
teau de Mille-Vaches, situé à mille mètres
d'altitude.
L'air est très vif et oblige les personnes de
la suite du président à se vêtir des pardes
sus et des manteaux.
Le cortège contourne le plateau, puis des
cend vers la Courtine où il arrive à six
heures.
La Courtine.— Le président et Mme Poin
caré ont offert, hier soir, à 7 heures 30, au
Mess des officiers, un dîner aux sénateurs,
députés, préfet, fonctionnaires de la région
at aux membres de la presse.
LES GRANDES MANŒUVRES
DU SUD-OUEST
CASTELSARRAZIN. — M. Etienne, ministre de
la guerre, est arrivé hier soir à Montauban,
où il séjournera pendant toute la durée des
manœuvres.
Le ministre est descendu à la Préfecture
d’où, chaque jour, il se rendra sur le terrain
les opérations.
LE CAS DE L’AGENT BERTHAUD
M. Bourgarel a entendu hier le soldat Al
bert Hedouin qui était de faction le 4 août
dernier devant l’Elysée.
Le soldat a dit de nouveau avoir vu l'agent
Berthaud dérober une pièce de dentelle dans
la vitrine d’un magasin du faubourg Saint-
Honoré.
LES INCIDENTS
DE LA RUE POPINCOURT
- Les agents en bourgeois qui, samedi der
nier, rue Popincourt, arrêtèrent M. Painot et
ses camarades, ont confirmé hier après-midi
les termes de leur rapport. Ils affirment n‘a-
voir pas bi utalisé leurs prisonniers.
Une confrontation générale aura lieu au
jourd’hui.
•=0—
LE CONGRES DES MÉTALLURGISTES
Le Congrès des métallurgistes a voté un
ordre du jour disant notamment que le syn
dicalisme doit se suffire à lui-même ; il ne
saurait donc être essentiellement antipa-
triote, ni patriote, ni antiparlementaire.
Une résolution décidant de servir le « Son
du soldat » aux militaires de 20 ans, inscrits
a leur Syndicat depuis le 1 er juin 1913, a été
adoptée.
A L’AÉRO-CLUB DE FRANCE
Dans sa réunion d’Angoulême, le comité
de direction de l’Aéro-Club a nommé mem
bres du Comité MM. Maurice Farman, Léon
Barthou, Grosdidier, Quinton, Surcoût et
Bréguet.
Le Comité a adressé ses félications au gé
néral Hirschauer à l’occasion de sa promotion
au grade de commandeur de la Légion-d’Hon-
neur.
Le Comité a décidé de prendre part à la
course Paris-Londres et de doter cette épreu
ve de prix en numéraire.
Le Comité se réunira de nouveau mercredi
prochain.
4 PROPOS DU DISCOURS
DU ROI CONSTANTIN
- Athènes. — M. Panas, ministre des aftaires
Etrangères, a déclaré au représentant de
l’agence Havas que le discours du roi pro
noncé dans une atmosphère spéciale n’a au-
cune importance politique.
Une intention dirigée contre la France au
rait la désapprobation de la nation grecque,
qui est unanimement reconnaissante à cette
grande puissance des services qu’elle lui a
rendus, surtout dans ces derniers temps.
M. Panas était très ému en formulant ces
déclarations.
Une expression pénible est peinte dans
tous les milieux.
NEW-YORK, 1O SEPTEMBRE
Cotons : octobre, baisse 8 points : dé
cembre, baisse 11 points ; janvier, baisse
12 points ; mars, baisse 12 points.- Soutenu.
Calés t inchangé à hausse 8 points.
NEW-YORK, 10 SEPTEMBRE
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PRIC2DUST
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CHICAGO, 10 SEPTEMBRE
C. ou JOUR
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Septembre
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Décembre.
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Septembre
76 3 4
76 3 8
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Décembre.
73 3/4 ]
73 7/8
Saindoux sur.
Septembre
44 22
35
—
Décembre.
44 05
44 42
LES AFFAIRES D’ORIENT
Les négociations turoo-bulgares
Vienne.— On mande de Constantinople au
Wienner Abendblatt que la conférence turco-
bulgare a été ajournée hier après l’arrivée
soudaine d'Enver bey, apportant les deside
rata de l’armée.
CO NSTÂNTINOPLE. — On dit qu'à la réunion
privée d’hier entre les délégués turcs et bul
gares, des projets considérables ont été ex
posés.
La question de la frontière a été abordée.
Les Bulgares se sont déclarés prêts à re-
connaîre à la Turquie une zone de vingt
kilomètres au-delà de la Maritza et aux alen
tours d'Andrinople, mais ils ont déclaré ne
pouvoir admettre l’occupation de Demotika
par la Turquie.
Il n’a pas été question de Kirk-Kilissé.
Il est probable que la prochaine séance
aboutira à un résultat définitif.
LA CATASTROPHE DE HÉLIGOLAND
Hambourg. — Six survivants du dirigeable
L-I sont arrivés hier à Cuxhaven.
Les Condoléances de M. Poincaré
La Courtine. — A son arrivée an camp, le
président apprend la catastrophe du Zeppelin;
il adresse un télégramme à l’empereur d’Al
lemagne pour lui exprimer ses condoléan
ces.
NOUVEL ACCIDENT DE DIRIGEABLE
ALLEMAND
Leipzig. — Cent cinquante personnes
étaient occupées à maintenir le dirigeable
Zeppelin-5, qui, de retour des manœuvres,
n’avait pu encore être rentré dans son han
gar à cause du vent qui soufflait, quand une
rafale enleva le ballon dans les airs.
On réussit à remettre le moteur en mar
che, ce qui empêcha la destruction du diri
geable.
Trois soldats et un sergent, qui n’avaient
pas lâché la corde à temps, furent entraînés
dans les airs. Le sergent a pu être recueilli à
temps ; un ces soldats réussit à regagner
une des nacelles, mais ses deux camarades
tombèrent d’une hauteur de cent cinquante
mètres et vinrent s’ecraser sur le sol.
On réussit peu après à rentrer le dirigea
ble à son hangar.
1. THAW ARRÊTÉ
PAR LES AUTORITÉS AMÉRICAINES
COATICOOK.— M. Thaw est parti à l’aven
ture, dans une automobile, à travers les
Etats de Vermond et de New-Hampshire. Il a
finalement été arrêté à Colbrock par les au
torités américaines.
AU MAROC
La situation à Tetouan
Tetouan, 10 septembre.
Le bruit a couru à Tetouan avec insistance
de la soumission imminente de quelques
Kabyles faisant partie de la harka ennemie.
Lundi matin, le général Marina, suivi de
son état-major et d’une forte colonne, s’est
rendu à Lauxien ; un fort convoi compre
nant trois muets est rentré en ville. Tant au
départ du général qu’à la rentrée du convoi,
les canons du camp et ceux du poste de
Lauxien ont dû constamment tenir en res
pect de nombreux groupes hostiles postés
sur les hauteurs, de l'autre côté du fleuve et
sur le djebel Dersa.
Cette attitude des Kabyles a modifié Pim-
pression favorable qu’avait produite la nou
velle de leur soumission.
On travaille activement à la construction
d’un blockhaus sur la route de Rio-Martin.
Les dépêches de Gibraltar disent que le
général Primo de Rivera s’est joint à la co
lonne du général Arraiz, qui a occupé les
hauteurs de Tetouan. Les combats du 7 se
sont livrés sur le champ de bataille de Castil-
lejos où le général Prim gagna une victoire
sur les Maures dans la campagne de 1860.
Nouveaux Engagements
entre Espagnols et Rebelles
Larache, 10 septembre.
Une colonne est partie d’Arzila, le 8, pour
châtier le village d’Aouzar où se produisit
une agression.
La colonne a été attaquée par les rebelles.
La colonne a répondu par une forte canon
nade. Les troupes espagnoles eurent un
lieutenant et un soldat blessés.
Une autre colonne, qui partit de Larache
se dirigeant vers les villages Jenis et Tarni-
da, après avoir passé la nuit au village de
Xiar, fut attaquée dans la matinée d’hier de
puis des hauteurs inaccessibles.
Les Espagnols eurent un capitaine et un
soldat tués, un capitaine, deux sergents,
quatre soldats blessés.
L'ennemi subit de nombreuses pertes et
s’enfuit, abandonnant plusieurs tués et deux
prisonniers.
On croit que l’ennemi a subi de plus gros
ses pertes, mais on n’a pas pu s’en assurer a
\ cause des difficultés du terrain.
L’opinion française a accueilli avec quel
que surprise, mais avec calme, le singulier
discours du roi Constantin de Grèce à l’em-
pereur Guillaume qui lui remettait le bâ
ton de maréchal, au début des manœuvres
de Silésie.
Du moment que le roi de Grèce parlait
dans le milieu où il se trouvait, il lui était
difficile, sans doute, de ne point rendre
hommage à tous ceux qui ont collaboré aux
récentes victoires de son pays. Et comme
l’empereur Guillaume lui rappelait son
stage au 2 e régiment d’infanterie de la
garde prussienne et ses études à l’académie
de guerre de Berlin, il ne pouvait se dis
penser de répondre à cette allusion. Mais
comme le dit avec beaucoup de tact et de
mesure le Journal des Débats, « il aurait pu
du moins ne pas rendre plus éloquents, par
la chaleur de certaines affirmations, ses si
lences nécessaires, »
L’empereur ayant parlé des principes
éprouvés de la tactique militaire prussien
ne, le roi Constantin crut devoir lui répon
dre : c Nous devons nos victoires, en même
temps qu’au courage invincible de nos
compatriotes, aux principes sur la conduite
de la guerre que moi et mes officiers nous
avons appris ici, à Berlin. »
Or ces paroles catégoriques sont d’autant
plus surprenantes qu’elles ont presque
coïncidé avec un certain nombre de faits
qu’il importe de rappeler.
il y a quelques jours à peine, tousdes or
ganes de l’opinion hellène exprimaient cha
leureusement leur reconnaissance à la mis
sion militaire française, pour les services
qu’elle avait rendus à l’armée grecque ; ils
soulignaient le rôle important et décisif de
l’artillerie française opposée à l’artillerie de
fabrication allemande dans les dernières
victoires balkaniques. Et d’autre part, des
manifestations spontanées de vibrante
sympathie avaient lieu au Pirée, lors du
départ du général Eydoux pour la France ;
des félicitations officielles étaient adressées
par le gouvernement hellène, et notamment
par M. Venizelos, au chef de notre mission
et le cabinet d’Athènes demandait le renou
vellement du contrat de cette mission mili
taire.
Faut-il croire qu’un dissentiment existe,
à ce propos, entre le roi Constantin et son
peuple ?
Quoiqu’il en soit, on a observé que, de
puis son avènement, le roi des Hellènes,
marié à une Hohenzollern et parent de l’em
pereur Guillaume, a souvent affecté une
attitude assez distante avec notre mission.
Aux obsèques du roi Georges, son père, et
après s’être déclaré très satisfait des ser
vices rendus par nos officiers, n’a-t-il pas,
assez gauchement du reste, interrogé no
tre ambassadeur extraordinaire, M. Jon-
nart, sur le point de savoir s’il ne serait
pas bon d’essayer des divers systèmes de
tactique en usage en Europe et de confier
notamment la prochaine mission militaire
aux Allemands ?
Le roi de Grèce voyage en ce moment en
Europe pour gagner des sympathies à son
peuple. Et comme l’Allemagne ne s’est dé
cidée que sur le tard, comme elle n’était
pas du côté des Grecs en 1897, ni au début
de la dernière guerre, le roi Constantin a
pensé qu’il fallait la ménager, — d’autant
que la question de la mer Egée reste tou
jours menaçante et que les bons offices du
cabinet de Berlin pourraient modérer les
exigences de ses alliés de Vienne et de
Rome en ce qui concerne l’Archipel et l’Al
banie.
Mais, véritablement le procédé a manqué
tout à fait d’élégance, et c’était mal re
connaître les sentiments que la France a
toujours manifestés envers les Hellènes.
Une certaine partie de la presse alle
mande n’a pas vu se produire cette inadver
tance un peu lourde sans une réelle satis
faction, précisément à la veille du voyage
que le roi Constantin doit venir faire en
France. Et les raisons de cette satisfaction
se devinent. Comment ces journaux ne
verraient-ils pas, dans cette affaire, une
sorte de compensation a leurs déconvenues
lors des événements balkaniques ?
Puis, comme l’Allemagne n’a pu autre
fois nous brouiller avec l’Italie, non plus
qu’avec l’Espagne, en choisissant à Metz ou
en Alsace-Lorraine les régiments dont le
prince héritier d’Italie ou le roi Alphonse
XII devaient devenir les colonels honorai
res, on espère réussir cette fois avec la
Grèce et peut-être même soulever quelque
difficulté diplomatique.
Mais le geste de l’empereur Guillaume
perd de son importance parce qu’il rappelle
trop évidemment l’un des procédés connus
et déjà très-vieux jeu de la diplomatie alle
mande.
Nous ne tomberons pas dans le piège, et
notre amitié pour la Grèce n’est pas à la
merci d’une inconséquence imputable peut-
être à l’inexpérience d’un prince qui n’est
point encore au courant de son métier de
roi. S’il réussit à effacer l’impression un
peu fâcheuse produite par son discours de
Berlin, nous le constaterons avec plaisir,
— non sans observer toutefois que ses
avances n’ont guère produit l’effet qu’il en
‘ attendait nuisque certains journaux, com
me la Gazette de Francfort et la Gazette du
Rhin et de Westphalie, sont loin de conclu
re à une collaboration prochaine de l’Alle
magne et de la Grèce et puisqu’ils mettent
celle-ci en demeure de se ranger définiti
vement du côté de l’Allemagne, c’est-à-dire
du côté de la Triple-Alliance.
Mais que deviendront alors ses ambi
tions méditerranéennes — et le rêve du
rai Constantin d’être sacré « basileus » à
Byzance ?
Th. Vallée,
Le voyage de M. Poincaré à travers la
France s’annonce non pas seulement comme
un succès personnel pour l’homme de talent
et de tact qui sait dire impeccablement à
chacun les paroles justes, mais encore com
me le triomphe d’une politique que l’élec
tion de janvier dernier consolida singuliè
rement.
Dans un excellent article, le Temps com
mente en ces termes la portée de ce
voyage :
« En prenant un contact direct avec les
populations qui, foncièrement républicai
nes, ne participent ni aux animosités ni
aux rancunes des comparses et des grands
acteurs de la scène parlementaire, le prési-
’ dent de la République détruit d’un coup les
pièges savants dressés contre la politique
dont il se recommande plutôt que contre
lui-même. Intangible de par la Constitu-
tion, M. Poincaré aurait pu» lui aussi, du
fond du palais élyséen, rester supérieur
aux agitations populaires, i a préféré,
comme son devoir de tuteur moral le lui
imposait, aller au-devant de la foule. On
lui reprochera sans doute les sympathies
qu’il recueillera. Ceux qui sont gênés dans
leur jeu ténébreux accusent volontiers les
autres de menées personnelles quand ils ne
peuvent en tirer profit eux-mêmes. Ces dé
fiances sans objet ne frapperont guère l’ima
gination du pays.
» Déjà d’ailleurs, le voyage de M. Poin
caré a un premier résultat: l’abstention
des socialistes de Limoges, alors que la
ville entière manifeste sa joie de la visite
présidentielle, est le premier signe de la
séparation sinon du divorce qui s’opère
peu à peu entre le peuple laborieux et les
démagogues dont la fortune politique vou
drait s’édifier sur la ruine générale. Les
socialistes de Limoges n’ont pas lieu d’être
fiers de leur geste, car il confirme ouverte
ment les visées d’un parti que nous savions
déjà prêt à toutes les alliances pour réussir,
et qui par son attitude montre aujourd’hui
à quel point il méprise l'institution répu
blicaine. Cette leçon de choses valait d'ê
tre faite. Les unifiés se mettent hors des
fêtes nationales : ce n’est que justice.
Quand on travaille de complicité avec les
saboteurs, les antipatriotes et les antimili
taristes, on n’a rien à faire en compagnie
de ceux qui, au nom de la patrie ressus
citée, combattent des crimes aussi funestes.
» Le président de la République tient
cependant à se montrer « bon prince ». Sa
charge lui impose des devoirs qu’il accepte
loyalement, et si son caractère ne le portait
naturellement à la mansuétude, la haute
intelligence de sa fonction lui interdirait
d'accentuer des divisions que tout le monde
déplore. Tout au contraire, sa mission pa
ternelle lui commande de rappeler auprès
de lui les enfants prodigues. Encore faut-
il qu’ils entendent cette voix désintéressée
et affectueuse. En résistant, ils s’exposent
aux sévérités de l'opinion. Nous n’avons,
nous, aucune raison pour les leur épargner.
Le président de la République peut ne for
muler à l’endroit des socialistes ni « repro
che » ni « regret ». La France ne pensera
pas de même. »
Le voyage par route
Hier a commencé le voyage touristique
que le president de la République et Mme
Poincaré vont accomplir, durant six jours, à
travers les sites pittoresques de la Haute-
Vienne, de la Creuse, de la Corrèze, du Lot
et de la Dordogne.
Le trajet de la première journée comporte
203 kilomètres, de Limoges au camp de la
Courtine, avec arrêts à Saint-Léonard, Châ-
teauneuf et Eymoutiers, dans la Haute-Vien
ne ; Bourganeuf, Guéret, Aubusson, Felletin
et Feniers, dans la Creuse. L’arrivee à la
Courtine est prévue pour six heures du soir.
La journée s’annonçait chaude et quand,
hier matin, dès sept heures, les trente auto
mobiles du cortège sont venues se ranger
aux alentours de la préfecture, le soleil dar
dait déjà dans an ciel sans nuages.
Le signal du départ est donné exactement
à 7 h. 45.
Ce sont, en tête, les deux autos de la Sû
reté, avec MM. Pujalet, directeur, et Ou-
daille, commissaire spécial. Puis, la voiture
du protocole, avec M. Mollard et le lieute
nant-colonel Aubert. Vient ensuite l’auto
présidentielle, conduite par M. Chaix, et qui
porte, à l’avant, le fanion personnel du chef
de l’Etat, en soie tricolore, avec les initiales
brodées en or R. P.
Le président et Mme Poincaré sont seuls
dans leur voiture. M. Poincaré est en veston,
avec la rosette de la Légion-d’Honneur ; il
porte un pardessus et un cache-poussière
noir ; Mme Poincaré, assise à la gauche du
président, porte un tailleur à carreaux noirs
et blancs ; elle est enveloppée d’un man
teau de voyage en grosse laine grise avec col
en tricot blanc.
La cinquième voiture est occupée par le
général Beaudemoulin, le lieutenant-colonel
Pénelon et M. Maurin, préfet de la Haute-
Vienne. Dans la sixième, M. Clémentel, mi
nistre de l’agriculture, qui remplace, com
me représentant du gouvernement auprès
du président de la République, M. Léon Be-
rard, reste à Limoges, et qui sera lui-même
remplacé, à partir du soir et jusqu’à la fin
de la randonnée touristique, par M. Kloiz,
ministre de l’intérieur. Dans la septième auto
sont : MM. Charles Lamy, président de la
Fédération des Syndicats d’initiative du Cen
tre ; Lorieux, directeur de ‘Office du Tou
risme ; Pognon, administrateur de l’agence
Havas, et le chef du cabinet de M. Glémen-
AUX MANŒUVRES
Photo et Cliché Petit navre
LE CIATEAU GAILLARE
tel. Les huitième et neuvième voitures sont
occupées par les .sénateurs et députés de la
Haute-Vienne, toujours à l’exception du so
cialiste Betoulle. Puis, dans une limousine,
qui remplacerait le phaélon présidentiel en
cas d’orage ou d’accident, sont un valet de
chambre et une femme de chambre de l’Ely
sée.
Les vingt et quelques autres voitures qui
achèvent le cortège sont occupées par les re-
presontants de la presse, les conseillers ge-
néraut du département, les bureaux des
Syndicats a’initiative, des Chambres de com-
merce, les inge^^urs, etc.
A üéret
La première étape du voyag? touristique
prend fin à midi à Guéret, avec près d’uns
demi-heure d’avance sur l’horaire prévu :
on a couvert, depuis le départ de Limoges,
125 kilomètres, malgré d’assez longs arrêts à
Saint-Léonard, Châteaunenf, Eymoutiers et
Bourganeuf. Aussi marche-t-on, à certàins
moments, à 70 kilomètres à l'heure, et cela
sans le plus petit incident.
C’est une promenade vraiment triomphale
que fait le président de la République. Pas
une maison devant laquelle il passe qui ne
soit fleurie et pavoisée. Il serait impossible
d'énumérer les arcs de verdure, les bande
roles tricolores avec leurs inscriptions de
bienvenue et de remerciements, qui jalon
nent la route et qui apportent le salut gra
cieux de toutes les communes dont le prési
dent traverse le territoire. Il faut se borner
à relever quelques-uns de ces innombrables
et touchants souhaits. « Bienvenue au prési
dent ! » « Bon voyage au président et à ses
compagnons de route! », « Bienvenue au
bon Lorrain ! », « Mme et M. Poincaré, soyez
les bienvenus ! ». Les paysans, abandonnant
les travaux des champs, sont venus parfois
beaucoup agitent un drapeau
and passe l’automobile présiden-
de très loin ;
tricolore quand passe l’automobile présiden
tielle. La population tout entière des com
munes visitées se presse sur le passage du
cortège, et ce sont des acclamations sans fin
à l’adresse de la Republique, de M. et de
Mme Poincaré.
Un arrêt a lieu à Saint-Léonard. Sur les
marches de la vieille église romane, des jeu
nes filles coiffées du barbichet sont grou
pées autour d’une tanfare qui joue la Mar
seillaise. M. et Mme Poincaré descendent de
voiture. Le maire, au nom de la majorité du
Conseil, car la minorité collectiviste s’est
abstenue, remercie le président de sa visite ;
il le remercie également, au nom des com
battants de 1870 « qui sont heureux, dit-il, de
saluer l’illustre Lorrain, r présentant une
France respectée et forte qui ne craint pas
une nouvelle invasion ». On applaudit, on
crie : « Vive Poincaré ! vive la Lorraine ! »
Des fillettes offrent à M. et Mme Poincaré
des produits de ‘industrie locale . mignon-
nettes, massepains, pruneaux.
Le président adresse à la foule, qui entou
re sa voiture, cette petite allocution :
Monsieur le maire, je remercie vivement
la population de Saint-Léonard de son cha
leureux accueil. Je remercie particulière
ment les dames et les jeunes filles de cette
gracieuse cité des souvenirs qu’elles veu
lent bien nous laisser à notre passage. Je
suis infiniment touché de la réception que
la population de votre jolie ville fait au re
présentant de la République française. J’ai
eu le regret de traverser trop rapidement
quelques-unes des communes qui se trou
vaient sur ma route et que les habitants
avaient ornées de façon si prévenante et si
gracieuse, et nous n’avons pu même re
cueillir les brassées de fleurs qu’on nous
tendait si aimablement. Ici du moins, un
arrêt, trop court à mon gré, me permet de
vous affirmer mon dévouement et de vous
exprimer mes souhaits pour votre bonheur
et votre prospérité.
Mais avant de remonter dans leur voiture,
le président et Mme Poincaré doivent encore
recevoir des gerbes de fleurs apportées de
tous côtés par des fillettes. M. et Mme Poin
caré embrassent ces enfants et la voiture s’é
loigne non sans peine, pendant que Mme
Poincaré salue gracieusement de la main et
envoie des baisers aux enfants.
Dans la vallée de la Vienne
Après Saint-Léonard, la vallée de la Vienne
se rétrécit; le paysage est plus mouvementé;
les crê es s’élèvent; les coteaux qui sur
plombent la route sont couverts de bruyè
res aux tons pâles et on arrive à Eymou-
tiers, dernière station dans le département
de la Haute-Vienne. Le président et Mme
Poincaré, au bras de M. Clémentel, ministre
de l’agriculture, sont conduits sur une estra
de où de nouveau des fleurs sont remises
par des fillettes habillées en Lorraines et en
Alsaciennes, qu’embrasse Mme Poincaré. Le
maire souhaite la bienvenue au président
qui répond :
Je vous remercie, monsieur le maire, de
vos aimables souhaits de bienvenue et je
remercie la population républicaine de la
ville d’Eymoutiers du cordial accueil qu’elle
veut bien faire au président de la Républi
que. Je n’ai pas voulu quitter le départe*
ment de la Haute-Vienne sans m’arrêter
quelques instants parmi vous, et de la der
nière station que je fais dans ce départe
ment, laissez-moi envoyer des remercie
ments bien sincères et reconnaissants à tou
tes ces communes que j’ai traversées et
dont les habitants m’ont accueilli avec tant
de cordialité. Je veux aussi remercier les
communes qu’il ne m’a pas été possible de
traverser. Si j’avais été libre de mon temps
et de mon itinéraire, je me serais fait un
devoir et un plaisir de les toutes visiter. Je
veux, du moins, envoyer à tous d’ici l’ex
pression de ma profonde reconnaissance e
de mon inaltérable dévouement.
La route, an départ d’Eymoutiers, traverse
d’abord ane région d’aspect plus sévère, aux
mamelons dénudés ; puis on entre dans les
châtaigneraies touffues. La limite des deux
départements de la Haute-Vienne et de la
Creuse est marquée par un arc de triomphe
en verdure et bruyères, portant les écusson»
des deux départements, et nous voici à
Bourganeuf.
La pittoresque sous-préfecture est prodi
gieusement pavoisée. C’est une véritable
voûte de verdure et de banderoles muitico-
lores qui réunit les maisons.On y lit : «Hom
mage à Poincaré ! Vive la France ! Honneur
au president ! Soyez le bienvenu ! Vive Poin
caré! », etc., etc. Sur les marches de l’église
romane et vieux-gothique une fanfare joue
la Marseillaise. M. et Mme Poincaré sont con
duits par le maire et par M. Viviani, député
de la circonscription, dans la grande salle de
l’Hôtel de Ville, où le troisième vin d’hon
neur de la matinée est servi. Le maire re-
mercie le président de sa visite à de très
bons républicains, qui en conserveront, dit-
il, un souvenir d’autant plus précieux que le
président est aujourd’hui accompagné de
Mme Poincaré.
Je suis très heureux, répond M. Poincaré,
que ma première station dans la Creuse
soit pour cette jolie ville de Bourganeuf. si
brillamment pavoisée, et où je reçois de sa
population républicaine un si chaleureux
accueil. Il m’est particulièrement agréable
d’être reçu ici par vous, monsieur le maire,
et par un homme avec qui je suis lié par
une vive amitié ainsi que par une longue
communauté de vie politique et de confra
ternité professionnelle.
Des coupes de champagne sont apportées.
Le président boit au département de la
Creuse et de ses populations républicaines.
Mme Poincaré, très entourée et fêtee, expri-
me le regret de ne s’être pas, quand elle
parut au balcon de la préfecture de Limoges,
coiffée du charmant bonnet limousin qi
venait de lui être offert. Mais l’horaire est
exigeant ; il faut quitter l’hospitalière petit®
ville et le cortège s’éloigne au milieu d’ag
clamations formidables.
Il est midi quand on arrive à Guéret, dé-
licieusement et à profusion décorée de ver
dure et de drapeaux. La foule énorme pro
digne ses ovations au président et à Mme
Poincaré. Quelques instants de repos à la
préfecture et voici le président de la Répu
blique, suivi de Mme Poincaré au bras de M .
Clementel. La femme du chef de l’Etat vient
de se coiffer du chapeau des paysannes cre
soises, en paille blanche, avec large ruban
de velours noir autour de la coife et sous le
cou ; ce chapeau, très gracieux, très seyant»
rappelle la forme dite « Greuze ».
Les conseillers municipaux et généraux,
les députés et sénateurs, groupés dans un
des salons de la préfecture, font une discrète
ovation à Mme Poincaré.
M. Defumade, sénateur, remercie en quel-
ues mots le président de sa visite dans le
épartementde la Creuse. M. Poincaré lui
répond qu’il est heureux d’apporter son salut
cordial à une population dont il sait le dé
vouement aux institutions républicaines. La
maire se félicite de ce que la ville de Guéret
possède « pour la première fois, dit-il, un
président de la République ».
M. Poincaré lui répond.
Ces échanges de compliments achevés, 16
président et Mme Poincaré quittent la préfec
ture. Quand la foule les aperçoit et qu’elle
reconnaît le chapeau creusois dont s est
coiffé la femme du chef de l Etat,. c est un
crépitement de vivats et d applaudissement
à l’adresse du président et de Mme Poincaré,
et l’ovation ss prolonge jusqu’à la salle des
fêtes où un déjeuner est offert par le Conseil
général de la Creuse et la Chambre de com-
merce de Guéret.
Le déjeuner est servi par petites tables. La
président de la République est assis à une
des tables centrales entre M. Viviani, député,
et M. Rifftterre, président de la Chambre de
commerce. A la table voisine, Mme Polucard
a à sa gauche M. Judet, député, et M. Deft-
made, sénateur, président du Conseil gene
ral. Au dessert, M. Defumade a prononce
quelques mots de remerciements au presi
dent et à Mme Poinçare, en s’excusant de ng
(6 Pages)
B Centimes
EDITION DD MATIN
• S Centimes
(€ Pages)
Jeudi II Septembre 1915
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f Dernière Heure |
PARIS, TROIS HEURES MATIN
Le Toast du
Roi de Grèce
DÉPÊCHES COMMERCIALES
META UE
ONDRES, 10 Septembre, Dépêche de 4 h; 30
CUIVRE
Comptant..,
i mois '
TON
COURS
HAUSSE
BAISSE
facile
s 73 -/-
£ 72 47/6
-/-
7/6
5/-
ETAIN
domptant .
3 mois
ferme?
£ 493 B/-
£ 192 40/-
15/-
5/-
FER
domptant..
$ mois....
calme
£ 84/9
£55/7 %
i d
2 % d
-/-
-/-
Prix comparés avec ceux de la deuxième Bourse
Su 9 septembre 1913.
LE VOYAGE PRÉSIDENTIEL
De Guéret à Aubusson et à la Courtine
Aubusson. — Le départ de Guéret a donné
len à une manifestation de sympathie extrê
mement chaleureuse.
Les habitants enserrent la voiture prési
dentielle qui ne peut se frayer un passage
qu’avec de grandes difficultés.
A quelques kilomètres de Guéret, M. et
Mme Poincaré quittent un moment le cor
tège pour aller visiter le sanatorium de
Peyre.
Entre Guéret et Aubusson, les municipali
tés des localités les plus importantes, vien
nent présenter leurs souhaits de bienvenue
en président.
M. et Mme Poincaré font leur entrée à
Aubusson à 4 heures ; ils sont chaleureuse
ment acclamés.
Un vin d’honneur est servi. Le président
boit à la ville et à sa glorieuse industrie.
Un écrin de tapisserie est offert à Mme
Poincaré.
Le cortège repart ensuite et gagne le pla-
teau de Mille-Vaches, situé à mille mètres
d'altitude.
L'air est très vif et oblige les personnes de
la suite du président à se vêtir des pardes
sus et des manteaux.
Le cortège contourne le plateau, puis des
cend vers la Courtine où il arrive à six
heures.
La Courtine.— Le président et Mme Poin
caré ont offert, hier soir, à 7 heures 30, au
Mess des officiers, un dîner aux sénateurs,
députés, préfet, fonctionnaires de la région
at aux membres de la presse.
LES GRANDES MANŒUVRES
DU SUD-OUEST
CASTELSARRAZIN. — M. Etienne, ministre de
la guerre, est arrivé hier soir à Montauban,
où il séjournera pendant toute la durée des
manœuvres.
Le ministre est descendu à la Préfecture
d’où, chaque jour, il se rendra sur le terrain
les opérations.
LE CAS DE L’AGENT BERTHAUD
M. Bourgarel a entendu hier le soldat Al
bert Hedouin qui était de faction le 4 août
dernier devant l’Elysée.
Le soldat a dit de nouveau avoir vu l'agent
Berthaud dérober une pièce de dentelle dans
la vitrine d’un magasin du faubourg Saint-
Honoré.
LES INCIDENTS
DE LA RUE POPINCOURT
- Les agents en bourgeois qui, samedi der
nier, rue Popincourt, arrêtèrent M. Painot et
ses camarades, ont confirmé hier après-midi
les termes de leur rapport. Ils affirment n‘a-
voir pas bi utalisé leurs prisonniers.
Une confrontation générale aura lieu au
jourd’hui.
•=0—
LE CONGRES DES MÉTALLURGISTES
Le Congrès des métallurgistes a voté un
ordre du jour disant notamment que le syn
dicalisme doit se suffire à lui-même ; il ne
saurait donc être essentiellement antipa-
triote, ni patriote, ni antiparlementaire.
Une résolution décidant de servir le « Son
du soldat » aux militaires de 20 ans, inscrits
a leur Syndicat depuis le 1 er juin 1913, a été
adoptée.
A L’AÉRO-CLUB DE FRANCE
Dans sa réunion d’Angoulême, le comité
de direction de l’Aéro-Club a nommé mem
bres du Comité MM. Maurice Farman, Léon
Barthou, Grosdidier, Quinton, Surcoût et
Bréguet.
Le Comité a adressé ses félications au gé
néral Hirschauer à l’occasion de sa promotion
au grade de commandeur de la Légion-d’Hon-
neur.
Le Comité a décidé de prendre part à la
course Paris-Londres et de doter cette épreu
ve de prix en numéraire.
Le Comité se réunira de nouveau mercredi
prochain.
4 PROPOS DU DISCOURS
DU ROI CONSTANTIN
- Athènes. — M. Panas, ministre des aftaires
Etrangères, a déclaré au représentant de
l’agence Havas que le discours du roi pro
noncé dans une atmosphère spéciale n’a au-
cune importance politique.
Une intention dirigée contre la France au
rait la désapprobation de la nation grecque,
qui est unanimement reconnaissante à cette
grande puissance des services qu’elle lui a
rendus, surtout dans ces derniers temps.
M. Panas était très ému en formulant ces
déclarations.
Une expression pénible est peinte dans
tous les milieux.
NEW-YORK, 1O SEPTEMBRE
Cotons : octobre, baisse 8 points : dé
cembre, baisse 11 points ; janvier, baisse
12 points ; mars, baisse 12 points.- Soutenu.
Calés t inchangé à hausse 8 points.
NEW-YORK, 10 SEPTEMBRE
t. >9 sou
PRIC2DUST
Cuivre Standard disp.
45 91
45 90
— novembre ....
15 91
15 93
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78 »/»
78 »/»
Fer
46 -
16 —
CHICAGO, 10 SEPTEMBRE
C. ou JOUR
C. PRRCED
Blé sur
Septembre
88 4/8
87 7 8
c==- .—m
Décembre.
91 4/2
91 4/2
Maïs sur
Septembre
76 3 4
76 3 8
— - .
Décembre.
73 3/4 ]
73 7/8
Saindoux sur.
Septembre
44 22
35
—
Décembre.
44 05
44 42
LES AFFAIRES D’ORIENT
Les négociations turoo-bulgares
Vienne.— On mande de Constantinople au
Wienner Abendblatt que la conférence turco-
bulgare a été ajournée hier après l’arrivée
soudaine d'Enver bey, apportant les deside
rata de l’armée.
CO NSTÂNTINOPLE. — On dit qu'à la réunion
privée d’hier entre les délégués turcs et bul
gares, des projets considérables ont été ex
posés.
La question de la frontière a été abordée.
Les Bulgares se sont déclarés prêts à re-
connaîre à la Turquie une zone de vingt
kilomètres au-delà de la Maritza et aux alen
tours d'Andrinople, mais ils ont déclaré ne
pouvoir admettre l’occupation de Demotika
par la Turquie.
Il n’a pas été question de Kirk-Kilissé.
Il est probable que la prochaine séance
aboutira à un résultat définitif.
LA CATASTROPHE DE HÉLIGOLAND
Hambourg. — Six survivants du dirigeable
L-I sont arrivés hier à Cuxhaven.
Les Condoléances de M. Poincaré
La Courtine. — A son arrivée an camp, le
président apprend la catastrophe du Zeppelin;
il adresse un télégramme à l’empereur d’Al
lemagne pour lui exprimer ses condoléan
ces.
NOUVEL ACCIDENT DE DIRIGEABLE
ALLEMAND
Leipzig. — Cent cinquante personnes
étaient occupées à maintenir le dirigeable
Zeppelin-5, qui, de retour des manœuvres,
n’avait pu encore être rentré dans son han
gar à cause du vent qui soufflait, quand une
rafale enleva le ballon dans les airs.
On réussit à remettre le moteur en mar
che, ce qui empêcha la destruction du diri
geable.
Trois soldats et un sergent, qui n’avaient
pas lâché la corde à temps, furent entraînés
dans les airs. Le sergent a pu être recueilli à
temps ; un ces soldats réussit à regagner
une des nacelles, mais ses deux camarades
tombèrent d’une hauteur de cent cinquante
mètres et vinrent s’ecraser sur le sol.
On réussit peu après à rentrer le dirigea
ble à son hangar.
1. THAW ARRÊTÉ
PAR LES AUTORITÉS AMÉRICAINES
COATICOOK.— M. Thaw est parti à l’aven
ture, dans une automobile, à travers les
Etats de Vermond et de New-Hampshire. Il a
finalement été arrêté à Colbrock par les au
torités américaines.
AU MAROC
La situation à Tetouan
Tetouan, 10 septembre.
Le bruit a couru à Tetouan avec insistance
de la soumission imminente de quelques
Kabyles faisant partie de la harka ennemie.
Lundi matin, le général Marina, suivi de
son état-major et d’une forte colonne, s’est
rendu à Lauxien ; un fort convoi compre
nant trois muets est rentré en ville. Tant au
départ du général qu’à la rentrée du convoi,
les canons du camp et ceux du poste de
Lauxien ont dû constamment tenir en res
pect de nombreux groupes hostiles postés
sur les hauteurs, de l'autre côté du fleuve et
sur le djebel Dersa.
Cette attitude des Kabyles a modifié Pim-
pression favorable qu’avait produite la nou
velle de leur soumission.
On travaille activement à la construction
d’un blockhaus sur la route de Rio-Martin.
Les dépêches de Gibraltar disent que le
général Primo de Rivera s’est joint à la co
lonne du général Arraiz, qui a occupé les
hauteurs de Tetouan. Les combats du 7 se
sont livrés sur le champ de bataille de Castil-
lejos où le général Prim gagna une victoire
sur les Maures dans la campagne de 1860.
Nouveaux Engagements
entre Espagnols et Rebelles
Larache, 10 septembre.
Une colonne est partie d’Arzila, le 8, pour
châtier le village d’Aouzar où se produisit
une agression.
La colonne a été attaquée par les rebelles.
La colonne a répondu par une forte canon
nade. Les troupes espagnoles eurent un
lieutenant et un soldat blessés.
Une autre colonne, qui partit de Larache
se dirigeant vers les villages Jenis et Tarni-
da, après avoir passé la nuit au village de
Xiar, fut attaquée dans la matinée d’hier de
puis des hauteurs inaccessibles.
Les Espagnols eurent un capitaine et un
soldat tués, un capitaine, deux sergents,
quatre soldats blessés.
L'ennemi subit de nombreuses pertes et
s’enfuit, abandonnant plusieurs tués et deux
prisonniers.
On croit que l’ennemi a subi de plus gros
ses pertes, mais on n’a pas pu s’en assurer a
\ cause des difficultés du terrain.
L’opinion française a accueilli avec quel
que surprise, mais avec calme, le singulier
discours du roi Constantin de Grèce à l’em-
pereur Guillaume qui lui remettait le bâ
ton de maréchal, au début des manœuvres
de Silésie.
Du moment que le roi de Grèce parlait
dans le milieu où il se trouvait, il lui était
difficile, sans doute, de ne point rendre
hommage à tous ceux qui ont collaboré aux
récentes victoires de son pays. Et comme
l’empereur Guillaume lui rappelait son
stage au 2 e régiment d’infanterie de la
garde prussienne et ses études à l’académie
de guerre de Berlin, il ne pouvait se dis
penser de répondre à cette allusion. Mais
comme le dit avec beaucoup de tact et de
mesure le Journal des Débats, « il aurait pu
du moins ne pas rendre plus éloquents, par
la chaleur de certaines affirmations, ses si
lences nécessaires, »
L’empereur ayant parlé des principes
éprouvés de la tactique militaire prussien
ne, le roi Constantin crut devoir lui répon
dre : c Nous devons nos victoires, en même
temps qu’au courage invincible de nos
compatriotes, aux principes sur la conduite
de la guerre que moi et mes officiers nous
avons appris ici, à Berlin. »
Or ces paroles catégoriques sont d’autant
plus surprenantes qu’elles ont presque
coïncidé avec un certain nombre de faits
qu’il importe de rappeler.
il y a quelques jours à peine, tousdes or
ganes de l’opinion hellène exprimaient cha
leureusement leur reconnaissance à la mis
sion militaire française, pour les services
qu’elle avait rendus à l’armée grecque ; ils
soulignaient le rôle important et décisif de
l’artillerie française opposée à l’artillerie de
fabrication allemande dans les dernières
victoires balkaniques. Et d’autre part, des
manifestations spontanées de vibrante
sympathie avaient lieu au Pirée, lors du
départ du général Eydoux pour la France ;
des félicitations officielles étaient adressées
par le gouvernement hellène, et notamment
par M. Venizelos, au chef de notre mission
et le cabinet d’Athènes demandait le renou
vellement du contrat de cette mission mili
taire.
Faut-il croire qu’un dissentiment existe,
à ce propos, entre le roi Constantin et son
peuple ?
Quoiqu’il en soit, on a observé que, de
puis son avènement, le roi des Hellènes,
marié à une Hohenzollern et parent de l’em
pereur Guillaume, a souvent affecté une
attitude assez distante avec notre mission.
Aux obsèques du roi Georges, son père, et
après s’être déclaré très satisfait des ser
vices rendus par nos officiers, n’a-t-il pas,
assez gauchement du reste, interrogé no
tre ambassadeur extraordinaire, M. Jon-
nart, sur le point de savoir s’il ne serait
pas bon d’essayer des divers systèmes de
tactique en usage en Europe et de confier
notamment la prochaine mission militaire
aux Allemands ?
Le roi de Grèce voyage en ce moment en
Europe pour gagner des sympathies à son
peuple. Et comme l’Allemagne ne s’est dé
cidée que sur le tard, comme elle n’était
pas du côté des Grecs en 1897, ni au début
de la dernière guerre, le roi Constantin a
pensé qu’il fallait la ménager, — d’autant
que la question de la mer Egée reste tou
jours menaçante et que les bons offices du
cabinet de Berlin pourraient modérer les
exigences de ses alliés de Vienne et de
Rome en ce qui concerne l’Archipel et l’Al
banie.
Mais, véritablement le procédé a manqué
tout à fait d’élégance, et c’était mal re
connaître les sentiments que la France a
toujours manifestés envers les Hellènes.
Une certaine partie de la presse alle
mande n’a pas vu se produire cette inadver
tance un peu lourde sans une réelle satis
faction, précisément à la veille du voyage
que le roi Constantin doit venir faire en
France. Et les raisons de cette satisfaction
se devinent. Comment ces journaux ne
verraient-ils pas, dans cette affaire, une
sorte de compensation a leurs déconvenues
lors des événements balkaniques ?
Puis, comme l’Allemagne n’a pu autre
fois nous brouiller avec l’Italie, non plus
qu’avec l’Espagne, en choisissant à Metz ou
en Alsace-Lorraine les régiments dont le
prince héritier d’Italie ou le roi Alphonse
XII devaient devenir les colonels honorai
res, on espère réussir cette fois avec la
Grèce et peut-être même soulever quelque
difficulté diplomatique.
Mais le geste de l’empereur Guillaume
perd de son importance parce qu’il rappelle
trop évidemment l’un des procédés connus
et déjà très-vieux jeu de la diplomatie alle
mande.
Nous ne tomberons pas dans le piège, et
notre amitié pour la Grèce n’est pas à la
merci d’une inconséquence imputable peut-
être à l’inexpérience d’un prince qui n’est
point encore au courant de son métier de
roi. S’il réussit à effacer l’impression un
peu fâcheuse produite par son discours de
Berlin, nous le constaterons avec plaisir,
— non sans observer toutefois que ses
avances n’ont guère produit l’effet qu’il en
‘ attendait nuisque certains journaux, com
me la Gazette de Francfort et la Gazette du
Rhin et de Westphalie, sont loin de conclu
re à une collaboration prochaine de l’Alle
magne et de la Grèce et puisqu’ils mettent
celle-ci en demeure de se ranger définiti
vement du côté de l’Allemagne, c’est-à-dire
du côté de la Triple-Alliance.
Mais que deviendront alors ses ambi
tions méditerranéennes — et le rêve du
rai Constantin d’être sacré « basileus » à
Byzance ?
Th. Vallée,
Le voyage de M. Poincaré à travers la
France s’annonce non pas seulement comme
un succès personnel pour l’homme de talent
et de tact qui sait dire impeccablement à
chacun les paroles justes, mais encore com
me le triomphe d’une politique que l’élec
tion de janvier dernier consolida singuliè
rement.
Dans un excellent article, le Temps com
mente en ces termes la portée de ce
voyage :
« En prenant un contact direct avec les
populations qui, foncièrement républicai
nes, ne participent ni aux animosités ni
aux rancunes des comparses et des grands
acteurs de la scène parlementaire, le prési-
’ dent de la République détruit d’un coup les
pièges savants dressés contre la politique
dont il se recommande plutôt que contre
lui-même. Intangible de par la Constitu-
tion, M. Poincaré aurait pu» lui aussi, du
fond du palais élyséen, rester supérieur
aux agitations populaires, i a préféré,
comme son devoir de tuteur moral le lui
imposait, aller au-devant de la foule. On
lui reprochera sans doute les sympathies
qu’il recueillera. Ceux qui sont gênés dans
leur jeu ténébreux accusent volontiers les
autres de menées personnelles quand ils ne
peuvent en tirer profit eux-mêmes. Ces dé
fiances sans objet ne frapperont guère l’ima
gination du pays.
» Déjà d’ailleurs, le voyage de M. Poin
caré a un premier résultat: l’abstention
des socialistes de Limoges, alors que la
ville entière manifeste sa joie de la visite
présidentielle, est le premier signe de la
séparation sinon du divorce qui s’opère
peu à peu entre le peuple laborieux et les
démagogues dont la fortune politique vou
drait s’édifier sur la ruine générale. Les
socialistes de Limoges n’ont pas lieu d’être
fiers de leur geste, car il confirme ouverte
ment les visées d’un parti que nous savions
déjà prêt à toutes les alliances pour réussir,
et qui par son attitude montre aujourd’hui
à quel point il méprise l'institution répu
blicaine. Cette leçon de choses valait d'ê
tre faite. Les unifiés se mettent hors des
fêtes nationales : ce n’est que justice.
Quand on travaille de complicité avec les
saboteurs, les antipatriotes et les antimili
taristes, on n’a rien à faire en compagnie
de ceux qui, au nom de la patrie ressus
citée, combattent des crimes aussi funestes.
» Le président de la République tient
cependant à se montrer « bon prince ». Sa
charge lui impose des devoirs qu’il accepte
loyalement, et si son caractère ne le portait
naturellement à la mansuétude, la haute
intelligence de sa fonction lui interdirait
d'accentuer des divisions que tout le monde
déplore. Tout au contraire, sa mission pa
ternelle lui commande de rappeler auprès
de lui les enfants prodigues. Encore faut-
il qu’ils entendent cette voix désintéressée
et affectueuse. En résistant, ils s’exposent
aux sévérités de l'opinion. Nous n’avons,
nous, aucune raison pour les leur épargner.
Le président de la République peut ne for
muler à l’endroit des socialistes ni « repro
che » ni « regret ». La France ne pensera
pas de même. »
Le voyage par route
Hier a commencé le voyage touristique
que le president de la République et Mme
Poincaré vont accomplir, durant six jours, à
travers les sites pittoresques de la Haute-
Vienne, de la Creuse, de la Corrèze, du Lot
et de la Dordogne.
Le trajet de la première journée comporte
203 kilomètres, de Limoges au camp de la
Courtine, avec arrêts à Saint-Léonard, Châ-
teauneuf et Eymoutiers, dans la Haute-Vien
ne ; Bourganeuf, Guéret, Aubusson, Felletin
et Feniers, dans la Creuse. L’arrivee à la
Courtine est prévue pour six heures du soir.
La journée s’annonçait chaude et quand,
hier matin, dès sept heures, les trente auto
mobiles du cortège sont venues se ranger
aux alentours de la préfecture, le soleil dar
dait déjà dans an ciel sans nuages.
Le signal du départ est donné exactement
à 7 h. 45.
Ce sont, en tête, les deux autos de la Sû
reté, avec MM. Pujalet, directeur, et Ou-
daille, commissaire spécial. Puis, la voiture
du protocole, avec M. Mollard et le lieute
nant-colonel Aubert. Vient ensuite l’auto
présidentielle, conduite par M. Chaix, et qui
porte, à l’avant, le fanion personnel du chef
de l’Etat, en soie tricolore, avec les initiales
brodées en or R. P.
Le président et Mme Poincaré sont seuls
dans leur voiture. M. Poincaré est en veston,
avec la rosette de la Légion-d’Honneur ; il
porte un pardessus et un cache-poussière
noir ; Mme Poincaré, assise à la gauche du
président, porte un tailleur à carreaux noirs
et blancs ; elle est enveloppée d’un man
teau de voyage en grosse laine grise avec col
en tricot blanc.
La cinquième voiture est occupée par le
général Beaudemoulin, le lieutenant-colonel
Pénelon et M. Maurin, préfet de la Haute-
Vienne. Dans la sixième, M. Clémentel, mi
nistre de l’agriculture, qui remplace, com
me représentant du gouvernement auprès
du président de la République, M. Léon Be-
rard, reste à Limoges, et qui sera lui-même
remplacé, à partir du soir et jusqu’à la fin
de la randonnée touristique, par M. Kloiz,
ministre de l’intérieur. Dans la septième auto
sont : MM. Charles Lamy, président de la
Fédération des Syndicats d’initiative du Cen
tre ; Lorieux, directeur de ‘Office du Tou
risme ; Pognon, administrateur de l’agence
Havas, et le chef du cabinet de M. Glémen-
AUX MANŒUVRES
Photo et Cliché Petit navre
LE CIATEAU GAILLARE
tel. Les huitième et neuvième voitures sont
occupées par les .sénateurs et députés de la
Haute-Vienne, toujours à l’exception du so
cialiste Betoulle. Puis, dans une limousine,
qui remplacerait le phaélon présidentiel en
cas d’orage ou d’accident, sont un valet de
chambre et une femme de chambre de l’Ely
sée.
Les vingt et quelques autres voitures qui
achèvent le cortège sont occupées par les re-
presontants de la presse, les conseillers ge-
néraut du département, les bureaux des
Syndicats a’initiative, des Chambres de com-
merce, les inge^^urs, etc.
A üéret
La première étape du voyag? touristique
prend fin à midi à Guéret, avec près d’uns
demi-heure d’avance sur l’horaire prévu :
on a couvert, depuis le départ de Limoges,
125 kilomètres, malgré d’assez longs arrêts à
Saint-Léonard, Châteaunenf, Eymoutiers et
Bourganeuf. Aussi marche-t-on, à certàins
moments, à 70 kilomètres à l'heure, et cela
sans le plus petit incident.
C’est une promenade vraiment triomphale
que fait le président de la République. Pas
une maison devant laquelle il passe qui ne
soit fleurie et pavoisée. Il serait impossible
d'énumérer les arcs de verdure, les bande
roles tricolores avec leurs inscriptions de
bienvenue et de remerciements, qui jalon
nent la route et qui apportent le salut gra
cieux de toutes les communes dont le prési
dent traverse le territoire. Il faut se borner
à relever quelques-uns de ces innombrables
et touchants souhaits. « Bienvenue au prési
dent ! » « Bon voyage au président et à ses
compagnons de route! », « Bienvenue au
bon Lorrain ! », « Mme et M. Poincaré, soyez
les bienvenus ! ». Les paysans, abandonnant
les travaux des champs, sont venus parfois
beaucoup agitent un drapeau
and passe l’automobile présiden-
de très loin ;
tricolore quand passe l’automobile présiden
tielle. La population tout entière des com
munes visitées se presse sur le passage du
cortège, et ce sont des acclamations sans fin
à l’adresse de la Republique, de M. et de
Mme Poincaré.
Un arrêt a lieu à Saint-Léonard. Sur les
marches de la vieille église romane, des jeu
nes filles coiffées du barbichet sont grou
pées autour d’une tanfare qui joue la Mar
seillaise. M. et Mme Poincaré descendent de
voiture. Le maire, au nom de la majorité du
Conseil, car la minorité collectiviste s’est
abstenue, remercie le président de sa visite ;
il le remercie également, au nom des com
battants de 1870 « qui sont heureux, dit-il, de
saluer l’illustre Lorrain, r présentant une
France respectée et forte qui ne craint pas
une nouvelle invasion ». On applaudit, on
crie : « Vive Poincaré ! vive la Lorraine ! »
Des fillettes offrent à M. et Mme Poincaré
des produits de ‘industrie locale . mignon-
nettes, massepains, pruneaux.
Le président adresse à la foule, qui entou
re sa voiture, cette petite allocution :
Monsieur le maire, je remercie vivement
la population de Saint-Léonard de son cha
leureux accueil. Je remercie particulière
ment les dames et les jeunes filles de cette
gracieuse cité des souvenirs qu’elles veu
lent bien nous laisser à notre passage. Je
suis infiniment touché de la réception que
la population de votre jolie ville fait au re
présentant de la République française. J’ai
eu le regret de traverser trop rapidement
quelques-unes des communes qui se trou
vaient sur ma route et que les habitants
avaient ornées de façon si prévenante et si
gracieuse, et nous n’avons pu même re
cueillir les brassées de fleurs qu’on nous
tendait si aimablement. Ici du moins, un
arrêt, trop court à mon gré, me permet de
vous affirmer mon dévouement et de vous
exprimer mes souhaits pour votre bonheur
et votre prospérité.
Mais avant de remonter dans leur voiture,
le président et Mme Poincaré doivent encore
recevoir des gerbes de fleurs apportées de
tous côtés par des fillettes. M. et Mme Poin
caré embrassent ces enfants et la voiture s’é
loigne non sans peine, pendant que Mme
Poincaré salue gracieusement de la main et
envoie des baisers aux enfants.
Dans la vallée de la Vienne
Après Saint-Léonard, la vallée de la Vienne
se rétrécit; le paysage est plus mouvementé;
les crê es s’élèvent; les coteaux qui sur
plombent la route sont couverts de bruyè
res aux tons pâles et on arrive à Eymou-
tiers, dernière station dans le département
de la Haute-Vienne. Le président et Mme
Poincaré, au bras de M. Clémentel, ministre
de l’agriculture, sont conduits sur une estra
de où de nouveau des fleurs sont remises
par des fillettes habillées en Lorraines et en
Alsaciennes, qu’embrasse Mme Poincaré. Le
maire souhaite la bienvenue au président
qui répond :
Je vous remercie, monsieur le maire, de
vos aimables souhaits de bienvenue et je
remercie la population républicaine de la
ville d’Eymoutiers du cordial accueil qu’elle
veut bien faire au président de la Républi
que. Je n’ai pas voulu quitter le départe*
ment de la Haute-Vienne sans m’arrêter
quelques instants parmi vous, et de la der
nière station que je fais dans ce départe
ment, laissez-moi envoyer des remercie
ments bien sincères et reconnaissants à tou
tes ces communes que j’ai traversées et
dont les habitants m’ont accueilli avec tant
de cordialité. Je veux aussi remercier les
communes qu’il ne m’a pas été possible de
traverser. Si j’avais été libre de mon temps
et de mon itinéraire, je me serais fait un
devoir et un plaisir de les toutes visiter. Je
veux, du moins, envoyer à tous d’ici l’ex
pression de ma profonde reconnaissance e
de mon inaltérable dévouement.
La route, an départ d’Eymoutiers, traverse
d’abord ane région d’aspect plus sévère, aux
mamelons dénudés ; puis on entre dans les
châtaigneraies touffues. La limite des deux
départements de la Haute-Vienne et de la
Creuse est marquée par un arc de triomphe
en verdure et bruyères, portant les écusson»
des deux départements, et nous voici à
Bourganeuf.
La pittoresque sous-préfecture est prodi
gieusement pavoisée. C’est une véritable
voûte de verdure et de banderoles muitico-
lores qui réunit les maisons.On y lit : «Hom
mage à Poincaré ! Vive la France ! Honneur
au president ! Soyez le bienvenu ! Vive Poin
caré! », etc., etc. Sur les marches de l’église
romane et vieux-gothique une fanfare joue
la Marseillaise. M. et Mme Poincaré sont con
duits par le maire et par M. Viviani, député
de la circonscription, dans la grande salle de
l’Hôtel de Ville, où le troisième vin d’hon
neur de la matinée est servi. Le maire re-
mercie le président de sa visite à de très
bons républicains, qui en conserveront, dit-
il, un souvenir d’autant plus précieux que le
président est aujourd’hui accompagné de
Mme Poincaré.
Je suis très heureux, répond M. Poincaré,
que ma première station dans la Creuse
soit pour cette jolie ville de Bourganeuf. si
brillamment pavoisée, et où je reçois de sa
population républicaine un si chaleureux
accueil. Il m’est particulièrement agréable
d’être reçu ici par vous, monsieur le maire,
et par un homme avec qui je suis lié par
une vive amitié ainsi que par une longue
communauté de vie politique et de confra
ternité professionnelle.
Des coupes de champagne sont apportées.
Le président boit au département de la
Creuse et de ses populations républicaines.
Mme Poincaré, très entourée et fêtee, expri-
me le regret de ne s’être pas, quand elle
parut au balcon de la préfecture de Limoges,
coiffée du charmant bonnet limousin qi
venait de lui être offert. Mais l’horaire est
exigeant ; il faut quitter l’hospitalière petit®
ville et le cortège s’éloigne au milieu d’ag
clamations formidables.
Il est midi quand on arrive à Guéret, dé-
licieusement et à profusion décorée de ver
dure et de drapeaux. La foule énorme pro
digne ses ovations au président et à Mme
Poincaré. Quelques instants de repos à la
préfecture et voici le président de la Répu
blique, suivi de Mme Poincaré au bras de M .
Clementel. La femme du chef de l’Etat vient
de se coiffer du chapeau des paysannes cre
soises, en paille blanche, avec large ruban
de velours noir autour de la coife et sous le
cou ; ce chapeau, très gracieux, très seyant»
rappelle la forme dite « Greuze ».
Les conseillers municipaux et généraux,
les députés et sénateurs, groupés dans un
des salons de la préfecture, font une discrète
ovation à Mme Poincaré.
M. Defumade, sénateur, remercie en quel-
ues mots le président de sa visite dans le
épartementde la Creuse. M. Poincaré lui
répond qu’il est heureux d’apporter son salut
cordial à une population dont il sait le dé
vouement aux institutions républicaines. La
maire se félicite de ce que la ville de Guéret
possède « pour la première fois, dit-il, un
président de la République ».
M. Poincaré lui répond.
Ces échanges de compliments achevés, 16
président et Mme Poincaré quittent la préfec
ture. Quand la foule les aperçoit et qu’elle
reconnaît le chapeau creusois dont s est
coiffé la femme du chef de l Etat,. c est un
crépitement de vivats et d applaudissement
à l’adresse du président et de Mme Poincaré,
et l’ovation ss prolonge jusqu’à la salle des
fêtes où un déjeuner est offert par le Conseil
général de la Creuse et la Chambre de com-
merce de Guéret.
Le déjeuner est servi par petites tables. La
président de la République est assis à une
des tables centrales entre M. Viviani, député,
et M. Rifftterre, président de la Chambre de
commerce. A la table voisine, Mme Polucard
a à sa gauche M. Judet, député, et M. Deft-
made, sénateur, président du Conseil gene
ral. Au dessert, M. Defumade a prononce
quelques mots de remerciements au presi
dent et à Mme Poinçare, en s’excusant de ng
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