Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1913-08-25
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 25 août 1913 25 août 1913
Description : 1913/08/25 (A33,N11729). 1913/08/25 (A33,N11729).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t52637807g
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/04/2023
35" Anne — N IL 729
(6 Pages) 8 Centimes — EDTTION DU MATIN — 5 Centimes (6 Pages)
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muaxamnszanannznncnaen
Lundi 25 Août <913
==========
Administrateur - Délégué
O. RANDOLET
Adresser tout ce qui concerne l’Administration
a M. 0. RANDOLET
35, Bue Fontenelle, 35
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Petit Havre
Rédacteur en Chef. Gérant
HIPoLYTE FÉNOUX
Auresser tout ce qui concerne la Rédaction
à M. HIPPOLYTE FÉNOUX
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TÉLÉPHONE: Rédaction, No 7.60
AU HAVRE
A PARIS.
AN NON CES
Bureau du Journal, 112, bould de Strasbourg.
! L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
seule chargée de recevoir les Annonces pour
le Journal.
La PETIT HA VRE est désigné pour les Annonoas judiciaires et légales
Paris, trois heures matin
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LES AFFAIRES D'ORIENT
La question d’Andrinople
1 Constantinople — On dément catégorique-
ment dans 16b milieux officiels que la Tur
quie ait l’intention de créer une zone neutre
au Nord de la Thrace, englobant Andrinople..
En Grèce
‘Athènes. — Aussitôt que la démobilisation
sera accomplie, le roi et la reine partiront
pour Berlin et Londres.
Il est vraisemblable que le roi rendra vi
site à M. Poincaré.
On pense que le roi, dans an message qu’il
lira à la Chambre, insistera sur la nécessité
urgente de la réorganisation complète de
l’armée.
Le gouvernement est, à ce sujet, entière-
ment d’accord avec lui.
L’attitude de la Turquie
ZONSTANTINOPLE. — La Turquie refuse caté
goriquement la reconnaissance à la Grèce
des capitulations identiques à celles dont
jouissent les grandes puissances et le paie
ment d’une indemnité pour les bateaux
grecs saisis par elle au commencement de la
guerre.
Cependant elle propose de soumettre à
l’arbitrage de La Haye cette question de l’in
demnité.
ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
Lyon (8 e Circonscription)
Inscrits : 26.135. — Votants : 19.526
Ont obtenu :
MM. Pays, cons. général, prog..
Guy Chambauddela Bruyère
cons. général. rad. soc..
Ponset, soc. unifié
10.289 Elu
8.465 voix
623 »
Il s’agissait de remplacer M. Aynard, pro
gressiste, décédé.
DISCOURS DE M. PICHON
LONS-LE-SAULNIER. — Dans le discours qu’il
a prononcé au banquet offert à l’occasion du
Congrès Mutualiste, M. Pichon, ministre des
affaires étrangères, traitant de la question
-des Balkaporadi tcuo que uous wucnous
enfin au terme d’une longue crise qui a créé
plus d’une fois des dangers de guerre entre
les grandes puissances européennes et au
cours de laquelle, la France n’a pas cessé un
seul jour de travailler dans l’intérêt de la
paix.
Les affaires financières, économiques, in
dustrielles et commerciales ont été entra-
vées, paralysées et parfois arrêtées. L’on sent
un besoin universel de retrouver dans la
paix la confiance et la sécurité nécessaires
pour réparer les maux causés par la guerre.
Aucun pays n’y est plus intéressé que le
nôtre; il n’y en a pas non plus qui ait à sub
venir à plus de charges pour se mettre à
l'abri des surprises et faire respecter dans
les conseils de l’Europe le rôle qui lui con
vient. La question d’Orient s’est posée sans
qu'il en résulte de conflit entre les grandes
puissances.
Notre alliance avec la Russie n’a cessé de
servir au règlement pacifique de cette ques
tion. Pas un jour également, nous n’avons
été en désaccord avec notre amie l'Angle-
terre.
Cette réunion générale de nos gouverne-
ments a grandement servi à garantir la paix
mondiale.
m zo n ce = 11 ==
LA MORT DU GÉNÉRAL NÉGRIER
HAMMERFEST. — Le Roi-Harold, portant le
Corps du général de Negrier, est arrivé.
Dans la soirée, le cercueil a été transporté
à bord du vapeur Richard qui le ramènera
vers le Sud.
Le secrétaire du général accompagnera le
Corps en France.
LES ANTIMILITARISTES
. Sept des antimilitaristes arrêtés samedi à
l’issue de la retraite militaire de la rive droi
te, passeront aujourd’hui devant la 8 e Cham
bre des flagrants délits.
Seuls, deux autres manifestants feront
l’objet d’une instruction.
VOYAGE AÉRIEN INTERROMPU
î ANGOULÉME. — Le capitaine aviateur de La-
garde et le lieutenant Dietrich, venant de
Royan et se rendant à Reims sur monoplans,
sont arrivés à Angoulème,
Atterrissant sur un terrain défectueux,
les deux aviateurs ont endommagé leurs ap
pareils.
L'hélice du lieutenant Dietrich a été brisée
et le capitaine de Lagarde a crevé un de ses
pneus.
Les aviateurs sont indemnes.
LA MISSION FRANÇAISE El RUSSIE
Saint-Pétersbourg. — Hier, à l’issue des
anceuvres, la mission française a assisté
un déjeuner à Krasnoïe-Selo ; elle est par
tie à 5 heures pour Saint-Pétersbourg*
HARRY TAW EST LIBRE
, On télégraphie de Montréal au Daily News
and Leader :
« Les conseillers judiciaires de Harry Thaw
ent remporté un succès véritable. Leur
client sera déporté, c’est-à-dire exclu du
pays comme « indésirable », mais il sera au
torisé à choisir l'endroit de la frontière où il
devra être conduit.
» Le détective privé, M. Roger O. Mara,
payé par lui, a tracé la route à suivre. Thaw
sera transporté au point le plus rapproché
où il pourra monter à bord d’un yacht sur
le Saint-Laurent et, de là, gagner le pays où
il lui plaira de résider. »
DERNIÈRE HEURE SPORTIVE
Circuit de l’Ouest
r La dernière étape a été gagnée par le pé-
destrianSiret, • - - -
ORGANE REPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
La nouvelle loi militaire apporte aux
soutiens de famille sous les drapeaux une
aide précieuse. Unedispositionfixe à 1 fr. 25
plus cinquante centimes par enfant, l’allo
cation journalière à laquelle ils ont droit.
On a voulu par là encourager et secourir,
sans blesser leur dignité, ceux qui, ayant
un foyer fécond, contribuent d’une façon
effective à enrayer le fléau de la dépopula
tion dont notre pays souffre chaque jour
davantage.
Il n’est donc pas sans intérêt, au moment
où cette disposition entre en application,
d’en faire ressortir l’importance et d’en ex
pliquer le mécanisme. Elle est d’autant plus
bienfaisante qu’elle permettra d’écarter la
misère qui ne manque pas de s’installer
dans les modestes logis quand le chef de fa
mille est obligé de partir pour remplir son
devoir militaire.
Les personnes qui "désireront en bénéfi
cier devront s’adresser au maire de la com
mune où elles résident. Elles mentionne
ront la localité où des membres de la fa
mille payent des contributions. La déclara
tion qu’elles produiront fera évidemment
ressortir les secours, pensions ou allo
cations de quelque nature que ce soit que
reçoivent des membres de la famille. On
ne comprendrait pas en effet que, en accu
mulant des allocations diverses, certaines
individualités peu scrupuleuses vivent ex
clusivement des lois de bienfaisance.
Les demandes devront être présentées
chaque année avant le 30 avril — une
disposition transitoire concerne 1913 — Il
sera necessaire d’y joindre les pièces justi
ficatives établissant que l’appelé ou le mi
litaire remplit bien les devoirs de soutien
indispensable de famille. En ce qui est
relatif aux demandes de majoration à rai
son d’enfants âgés de moins de seize ans,
le pétitionnaire sera tenu de prouver que
ces enfants sont réellement à la' charge du
militaire incorporé. Pour les militaires .de
maritime, les requêtes devront être dépo
sées à la mairie six mois avant la date de
l’incorporation.
Une liste de toutes ces demandes sera
dressée par la maire et le Conseil munici
pal, réuni en Comité secret, sera appelé à
donner son avis. Le dossier sera ensuite
transmis au préfet, puis retourné à la mai
rie. Après enquête, le juge de paix du can
ton sera saisi et le greffier fera opérer la
notification des décisions du Conseil par la
voie administrative. Toute décision pourra
être frappée d’appel.
Cet appel devra être porté par enquête
directe des parties devant le tribunal civil
de l’arrondissement et devra être accompa
gné de la décision de rassemblée commu
nale qui leur aura été notifiée ou d’une co
pie certifiée conforme. Le greffier du tri
bunal accusera réception de la requête sur
un registre spécial. Après un court délai
une copie de l’acte sera notifiée adminis
trativement, à la partie adverse. Et, sur la
demande du procureur de la République, le
dossier sera transmis sans retard ou greffe
du tribunal, où les parties pourront en
prendre connaissance. Quelques autres pe
tites formalités, d’ailleurs d’un intérêt très
relatif pour les pétitionnaires, resteront en
suite à effectuer avant que le greffier re
mette aux parties un extrait de la décision
qui les concerne.
Le droit aux allocations, spécifie le dé
cret publié la semaine dernière, est ou
vert :
Pour les demandes remises avant l’incor
poration, du jour de cette incorporation ;
Pour les demandes formées postérieure
ment à l’incorporation, du jour du dépôt à
la mairie constaté par récépissé.
Si, par suite de circonstances nouvelles,
les familles ne se trouvent plus dans la si
tuation qui avait ouvert en leur faveur le
droit aux allocations et majorations, le
maire, d'office ou sur l’invitation du préfet,
saisit le Conseil municipal de propositions
de suppression des majorations.
Lorsque le Conseil municipal a formulé
son avis sur ces propositions, ou que, mis
en demeure par le préfet, il n’a pas formulé
d’avis dans le délai imparti par la mise en
demeure, il est procédé à l’instruction des
propositions et la décision est' rendue par
le Conseil, qui siège au chef-lieu de la jus
tice de paix, sauf appel devant le tribunal
civil.
Pour régler la situation des réservistes
et territoriaux, il a été décidé que, dans le
courant du mois de novembre, l’autorité
militaire leur adressera un avis les infor
mant qu’ils auront à accomplir une période
d’instruction l’année suivante. A cette ré
ception, ceux qui se trouveront dans les
conditions requises pour toucher l’alloca
tion seront tenus d’en avertir le maire. Le
dernier délai est fixé au 5 décembre.
Les dispositions transitoires, auxquelles
nous faisions allusion tout à l’heure, indi
quent que les demandes d’allocations con
cernant les familles des militaires de la
classe 1913, devront être déposées aux
mairies dans les quinze jours de la publi
cation des tableaux de recensement de cette
classe.
On voit combien les pouvoirs publics se
j sont préoccupés du soit des déshérités ab-
pelés sous les drapeaux. Il en résultera
malheureusement de grosses dépenses à la
charge de l’Etat. Aussi M. Klotz, ministre
de l’intérieur, a-t-il cru devoir rappeler
dans une circulaire qu’il importait que
tout abus soit évité et que les allocations
soient accordées et en même temps stricte
ment limitées à tous ceux qui justifient y
avoir droit. S’il est en effet équitable de
venir en aide aux soutiens de famille sous
les drapeaux, il serait déplorable qu’une
mesure de salut national fût détournée de
son véritable but.
IL HOLLAÉNDER.
LES AFFAIRES DE MAROC
[Les Espagnols au Maroc
Tanger, 21 août.
On écrit deTetouan que le49 un convoi
partant de Ceuta fut attaqué par les monta
gnards, près de Condesa, en même temps
que l’avant-garde des Andjera attaquait la po
sition d’Asla occupée l'avant-veille par la
colonne Arraiz.
Le combat fut acharné. L’ennemi fut
tout repoussé. Les pertes espagnoles
16 tués, dont 2 officiers. Les mon a
ont eu de nombreuses pertes.
DaT-
t de
Le général Marina est attendu ; c
ment à Tetuan avec le général Agüier
prendra le commandement d’une d
composée des régiments de Tetuan, Guada-
r0 m-
; a qui
vision
lajara, Mallorca et autres.
Soumission de tribus dissidentes
Tanger, 24 août.
On annonce de la région de Meknès que
plus de cent nouvelles tentes de Beni-M’tir
dissidents se présentèrent à Ifrau pour faire
leur soumission.
La deuxième escadre française est atten
due le 26 août à Tanger, où elle séjournera
deux jours.
Le résident général, venant de Casablanca,
est arrivé à Rabat le 21, dans l’après-midi,
après avoir inspecté les camps Boulhaut et
du Boucheron.
Notre politique dans le Sud marocain
Le correspondant du Temps adresse la lettre
suivante, antérieure au soulèvement des tribus
du Sous et à la défaite du pacha de Taroudant :
Marakech, 8 août.
Pendant les cinq jours que je viens de
passer à Marakech, j’ai pu causer avec quel
ques personnalités de l’entourage du rési-
dent général, qui s’occupent activement de
et du Sous. Grâce à ces conversations, je puis
aujourd’hui esquisser à grands traits le
schéma de cette politique.
Différences entre le Nord et le Sud
Pour bien la comprendre, il est nécessaire
de se rappeler que l’organisation du Nord
marocain est plus démocratique que celle
du Sud. Dans le Nord, en effet, les caïds dis
posent d’une autorité toute locale, qu’ils
tiennent du makhzen. Lorsque, pour une
raison ou pour une autre, cette autorité leur
est enlevée, ils reprennent leur place parmi
les gens de la tribu ou de la traction à la
quelle ils appartiennent. Chez les Berbères,
le caïd est uniquement le porte-parole de la
tribu.
Dans le Sud au contraire, quelques gran
des familles ont pris depuis une soixantaine
d’années une importance énorme. Ce sont,
en allant de l’Est à la mer, les Glaouï, le
Goundafi, le M’tougui et Aoflous ; au Nord
de Marakech, vers l’oum Er-Rbia, El Ayadi,
caïd des Rehamma, enfin Si Aïssa ben Omar,
caïd des Abier-Ahmar.
Ces grands chefs, sauf les deux derniers,
ont le gros avantage d’habiter les montagnes
inexpugnables de l’Atlas. Aussi la politique
suivie par les sultans était-elle de leur don
ner une entière autorité sur les tribus de la
plaine qu’ils maintenaient avec les gens de
leurs confédérations. Lors des révoltes pas
sagères de certains d’entre eux, le makhzen
leur retira cette autorité, et ils restèrent
confinés dans la montagne avec leur petite
tribu. Chacun d’eux disposant d’une influen
ce qui contre-balance celle des autres, ils
en arrivèrent à former une politique d’équi
libre analogue, en plus petit, à celle des
États des Balkans.
Outre cette considération sociale, il en est
une d’ordre militaire qui nous poussa à
adopter cette politique d’équilibre tout en
cherchant à mettre de notre côté l’influence
de ces grands caïds ; nos faibles effectifs ne
nous permettent pas de tenir ces immenses
territoires de la région de Marakech ; il fal
lait donc remplacer le réseau serré de nos
bureaux de renseignements par un contrôle
d’en haut.
L'utilisation des grands chefs
Le général Brulard, commandant le cercle
de Marakech, a parfaitement compris les
avantages que nous pourrions tirer en raf
fermissant partout l’autorité de ces grands
chefs, en l’etendant même ainsi que nous la
verrons plus loin.
Cette politique d’équilibre a cependant été
rompue dans la région de Mogador, par suite
de la défection d’Anflous qui nous amena à
occuper Agadir. Cette occupation était éga
lement rendue nécessaire pour la répression
de la contrebande, et pour la sauvegarde de
quelques intérêts européens. Lo chef de ce
poste n’intervient d’ailleurs d’aucune ma
nière dans l’administration de l’hinterland.
Depuis notre arrivée à Marakech, nous
avons poursuivi la destruction de ‘influence
de Heiba, par l’intervention uniquement in
digène. Nous nous sommes bornes à fournir
des approvisionnements et des cartouches.
Même dans les régions du Sous, l’action,
pour indirecte qu’elle soit, n’en est pas
moins pressante. Elle s’est continuée contre
Heiba, même après le retour et la dissolu
tion des harkas dont Moulaï Zin, frère du
sultan, avait pris le commandement, et qui
reprirent Taroudant au fils de Mâ el Aïnin.
Le makhzen attribua alors ces régions aux
caïds qui lui rendirent en ces circonstances
des services signalés, mais en tenant compte
de l’influence que chacun d'eux avait déjà
dans le pays. C’est ainsi que Hadj Thami
Glaoui et Si Taïeb Goundafi reçurent le com
mandement des territoires situés sur le ver
sant Sud de l’Atlas.
Dans la vallée du Sous proprement dite,
les anciens caïds conservèrent leurs comman
dements. On diminua cependant la part de
certains en raison de leur attitude hostile.
Quelques tribus jusqu’alors indépendantes
furent attribuées à des caïds acquis à notre
cause. On a remis de cette façon un com
mandement important à Haïda ou Mouis, petit
_çaïd de Ras-el-Oued, qui commande maiake-
nant la presque totalité de cette région, y
compris la ville de Taroudant, dont il a été
nommé pacha.
Plus au Sud, dans la région de Tiznit, qui
fut dès le début hostile à Heiba, nous avons
appliqué le même procédé d’influence indi
recte en nommant à Tiznit le caïd Bendahan,
ancien fonctionnaire du makhzen, intelli
gent, énergique et dévoué. Haïda ou Mouis et
Bendahan sont d’ailleurs les deux princi
paux pivots de notre action dans cette ré
gion éloignée. Ils ont levé des contingents
qui font face aux harkas de Heiba et ont
réussi à tenir jusqu’à ce jour ses partisans
en échec.
Là nous utilisons encore une grosse in
fluence d’ordre religieux, Mohamed ou Hos- |
sein, chef de la zaouïa de Tazeroualt, dont
les adeptes sont répandus dans tout le Ma
roc, a mis tout son pouvoir au service du
makhzen et corrobore l’action du caïd de
Tiznit.
A ce faisceau de forces utilisées dans le
Sous vient s’ajouter l’appui de nombreux
notables de Marakech et du Hâouz, qui agis
sent même dans les régions situées plus au
nord, dans le Moyen-Atlas, dont les chefs
furent nos principaux adversaires au Tadia.
Quelques personnages influents ont entamé
de leur propre initiative, mais avec l’assen
timent tacite du makzen, des pourparlers
avec ces chefs.
Le Rôle du Sultan
Il est incontestable dès maintenant que la
présence du sultan et du makhzen à Mara
kech fut très utile. La thèse des agitateurs
était la suivante : il n’y a plus de sultan, le
makhzen n’est plus qu’un simulacre. On a
réagi en faisant jouer à Moulaï Youssef un
rôle d'arbitrage entre les grands caïds.
Le sultan, dont l’autorité était nulle dans
le Sud marocain il y a moins d’un an, s’est
intéressé personnellement à cette politique.
Il a désigné un de ses frères pour exercer la
direction politique des opérations des har
kas ; il a adressé des lettres aux tribus in
soumises pour les exhorter à demander
l’aman. Les résultats obtenus sont dus en
grande partie à son intervention et l’on peut
dire qu’il a rétabli entièrement l’autorité
chérifienne dans cette partie du Maroc, qui
lui échappait complètement, et reconstitué
l’empire marocain grâce à l’appui que nous
lui prêtons et dont la forme varie avec le
lieu, le temps et les circonstances.
Il s’est assez intéressé à la politique dont
nous fûmes les initiateurs pour la prendre
aujourd'hui eu main en parfait accord avec
nous. Il semble que ce premier sultan du
protectorat doive être un grand souverain.
D'autre part, le contrôle européen, du
makhzen se faisant le moins apparent possi
ble, les indigènes autrefois circonvenus par
les éléments de désordre recommanSaTbes
cheis qui nous combattirent dans la région
berbère centrale ont répondu à des lettres du
makhzen, ce qui prouve que nous pouvons
nous servir de cet organe, récemment enco
re déconsidéré dans la politique intérieure
du Maroc.
L’Action de Demain
Cette action politique va du reste être com
plétée après le Rhamadan par un voyage du
sultan qui se rendra à Rabat en passant par
Mogador. Il se montrera aux tribus qui pour
ront constater l’existence d’un makhzen et
de ses attributs ; il jouera un rôle important,
donnant Fi vestiture aux caïds, faisant, en
un mot, métier de souverain. Ce voyage ter
minera le cycle actuel de notre politique du
Sud.
Dès que Moulaï Youssef sera installé à
Rabat, on essayera de pratiquer une action
analogue sur les groupes berbères du centre.
Cette action, il ne faut pas se le dissimuler,
sera beaucoup plus délicate. Dans le Sud,
l’adhésion du chef entraîne celle de ses ad
ministrés ; chez les Berbères, il nous faudra
gagner la masse, l'autorite des chefs étant en
queque sorte comparable à celle des tribuns
entraînés maintes fois par le courant qu’ils
ont provoqué. La politique du général Lyau-
tey consiste dans ce cas à laisser les indigè
nes s’administrer eux-mêmes en ne leur
laissant pas ignorer toutefois qu'une autorité
supérieure est là, prête à leur donner son
appui, prête également à sanctionner les
écarts.
Telle est, rapidement exposée, Faction que
nous poursuivons dans le sud marocain, très
differente, pour des raisons que je donnais
au début, de celle qui est pratiquée dans les
autres parties de l’empire où notre influence
peut s’exercer. Elle a déjà donné de sérieux
résultats ; l’action parrallèle de l'autorité
souveraine du pays et de la France contri-
huera puissamment à l'extension des progrès
de la pacification.
—---------------9)----------=----=-===========%
Les Négociations turco-bulgares
Constantinople, 21 août.
M. Natchevitch, délégué bulgare, aurait
reçu des instructions pour discuter avec la
Porte la reprise des négociations diplomati
ques.
M. Dobrovitch, secrétaire de la légation
bulgare à Athènes, est arrivé pour assister
M. Natchevitch.
Dans les milieux officieux, on déclare que
le but du voyage de Talaat bey à Andrinople
est d’arrêter,’ avec le vali, les mesures utiles
pour la reconstruction des villages détruits
et de faire comprendre aux officiers la né
cessité de ne pas dépasser la ligne de la Ma-
ritza, afin de ne pas compromettre le succès
des négociations de paix.
Constantinople, I août.
M. Natchevitch a rendu visite hier soir au
grand-vizir. , .
Le bruit suivant lequel le délégué bulgare
aurait reçu des instructions de Sofia pour
entamer officiellement des pourparlers di
rects avec la Porte, trouve créance dans les
milieux bien informés.
On croit qu’il poursuivra les négociations
discrètes qui ont été engagées déjà au sujet
d'Andrinople, notamment par l’intermé
diaire de l'ex-député de Monastir, M. Pant-
che-Doref.
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ALPHONSE
KARR
L’an passé, Etretat honorait la mémoire
du grand écrivain que fut Alphonse Karr,
en lui élevant sur l'une des places pu
bliques un superbe buste. Tout récemment,
la ville de Saint-Raphaël, qu’il habita égaie-
ment, lui erigeait un monument.
Plus modestement, la municipalité de
Sainte-Adresse a tenu, elle aussi, à mar
quer que l’auteur des Guêpes résida en
cette localité charmante et qu’il compta
même parmi ses édiles.
En attendant que la modeste mais si
PACWOyuo thauairo do la conta Alnhon-
se-Karr, où le littérateur aimait à venir
reposer ses pensées dans la contemplation
de la mer, soit désignée par une inscrip
tion précise à la curiosité des passants,
on a marqué hier, par l’apposition d’une
plaque de marbre sur le mur de clôture de
la propriété située rue de la la Mairie, 2,
jadis le logis .de l'écri-
l’endroit où s’élevait
vain-fleuriste.
Sur cette plaque
fixent quatre clous
cription suivante :
Ici
de marbre noir, que
l'ins-
dorés, est tracée
habita
de 1841 à 1852
Alphonse KARR
Homme de lettres
La pose de cette plaque avait groupé en
viron deux cents personnes qui ont pris un
très vif intérêt aux discours prononcés par
MM. Dupont, président de la Société Havrai-
se.d’Etudes Diverses et M. de Querhoent,
maire de Sainte-Adresse.
Près des orateurs se trouvaient notam
ment : MM. Génestal, maire du Havre, con
seiller général.du 6e canton ; Candon et Pli-
chou, adjoints au maire de Sainte-Adresse ;
Vigné, adjoint au maire du Havre ; Edouard
La mer, Phissesseau, Brument, Duport, Le-
seigneur, Maze, Guitton, Flagollet, Lefebvre,
conseillers municipaux de Sainte-Adresse ;
Dufayel, propriétaire du Nice Havrais.
Notons egalement la présence de MM. Le
roy, vice-président ; Mark, secrétaire ; Mar
tin, trésorier ; Quoist, Loir, Le Menuet de la
Jugannière, Richard et Robert Le Minihy de
la Villehervé, Martin, Falaize, Gonet, Barrey,
Brunet, Cottard, membres de la Société Ha-
vraise d’Etudes diverses ; Soclet, président
de la Société géologique de Normandie ; Lad-
vocal, ingénieur expert ; Hofgard, rédacteur
en chef du Journal du Havre ; A. Petit, ré
dacteur au journal le Petit Havre, etc.
Lorsque le voile qui masquait la plaque
eut été enlevé, M. Dupont prononça l’allocu
tion suivante, dans laquelle il évoqua l’hom
me privé, et retraça à grands traits la tâche
accomplie par l’écrivain.
Monsieur le Maire,
La Société Havraise d’Etudes Diverses vous re-
mercie. Monsieur le Maire, d’avcir songé à lui
demander son concours pour cette cérémonie qui
rentre si bien dans ses traditions ; vous savez ce
que notre Société a déjà fait pour d’autres célé
brités havraises, notamment pour la mémoire du
poète Toutain Mazeville et plus récemment d’un
archéologue, l’abbé Cochet.
Si Alphonse Karr n’a fait que passer ici, il y a
• laissé de nombreux souvenirs et l’hommage que
vous nous permettez de lui rendre aujourd’hui
est de ceux qui ne peuvent que réunir, je crois,
toutes les sympathies de nos concitoyens dont
quelques-uns vivent encore parmi ceux qui l’ont
connu.
D’ailleurs Saint-Raphaël et Etrelat avaient déjà
payé leur dette de reconnaissance à ce grand ad
mirateur de la nature. Sainte-Adresse qui tient
une large place dans le choix qu’il faisait de ses
plages de prédilection, depuis le Havre Normand
jusqu’à la caienque Provençale, se devait de ne
pas laisser tomber dans l’oubli le coin de terre
qu’il avait aimé et avec la permission donnée avec
tant d’empressement et d’amabilité par M. Meyer,
vous avez décidé de poser une plaque commémo
rative à l’endroit où existait autrefois sa maison
très simple flanquée d’une caloge enfouie dans
un nid de verdure.
M. Roger Lévy, dans la Revue Bleue, nous en
fait une description charmante :
« Il planta, dit-il, à l’entour l’arbre grimpant, la
glycine de la Chine aux grappes bleues odorantes,
et aussi les hauts rosiers, le chèvrefeuille et le
jasmin. La maison petite et discrète eut ainsi com
me une robe verte fleurie et parfumée. »
Messieurs,
Jean-Alphonse Karr était né à Paris le 2 novem-
' bre 1808 ; il fit ses études au collège Bourbon, où
il devint plus tard professeur de cinquième ; il
était le fils d’un poète polonais né à Holoskow, en
Galicie, connu par ses poésies nationales et patrio
tiques.
A 2 ans, il débuta en littérature par son roman
resté le plus célèbre. t
Epris d’une jeune fille qu’il ne put épouser, il
fut déçu dans son amour, c’est ce roman de sa
jeunesse qu’il met dans un ouvrage qui offre aussi
l’intérêt d une autobiographie, Sous les alleuls, pa-
' Pour ne citer que les plus connus !
Une Heure trop tard, parut en 1833 ;
Le Chemin le plus court, parut eu 1836, où il de-
peint d’une façon si charmante cet Etrelat qu’il al*
malt en faisant une description bien pittoresque
de la fontaine et des lavandières de la plage ;
Geneviève, parut en 1838 ;
Clotilde, parut en 1839 ;
Hortense, parut en 18 12.
G’est à cette époque qu'il devint rédacteur en
chef du Figaro.
Son amour de la poésie était si fort qu’il avait
d'sbord écrit en vers son premier roman, qu’il sq
décida ensuite a faire paraître en prose, mais ce
n'oct quo dans ses romans du début que domine
une certaine sentimentalité qui ne durera pas
dans les œuvres de ses dernières années, qui se
distinguent surtout par un bon sens et une logi-
que qui abondent sous sa plume.
Aux romans que je viens de citer, il convient
d’ajouter de charmantes fantaisies :
Fa dièze, qui parut en 183.
Pour ne pas être treize, qui parut en 1842.
Feu Bresser, qui parut en 1844.
Voyage aut our de monjard n. qui parut en 185.
Vendredi soir, qui parut en 1845.
Fort en thème, qui parut après 1852, eut son
heure de succès, ce fut un des livres qui prépa-
rèrent l’opinion aux réformes de l'enseignement
secondaire.
Il écrivit pour le théâtre deux pièces qui furent
jouées avec succès :
En 1858, La Pénélope normande, pour le Vaude
ville ; Les Roses jaunes, pour le Théâtre Français.
Les Soirées de Sainte-Adresse parurent de 1852 à
1855.
Mais il ne devait pas rester longtemps rédacteur
en chef du Figaro ; suivant sa propre expression :
« Il était né trop libre pour s’astreindre a être
maître » ; il quitte ce journal pour fonder Les Guê
pes, qui devaient être le plus grand succès de sa
vie littéraire.
Pendant dix années, il écrivit dans cette Revue,
sur chaque fait d’actualité, politique ou littéraire,
des articles toujours étincelants d’esprit et remar
quables de concision et de talent qui ont fait de
ses Guêpes le chef-d’œuvre du journalisme indivi
duel.
Puis parurent d’autres recueils : Les Guêpes il-
lustrées, Bourdonnements, Bêtes à bon Dieu.
Et nous retrouvons toujours en lui un écrivait
délié, charmant mais aussi très montant — par
tout et toujours indépendant, jetant dans la circu
lation quantité d'aphorismes frappés au coin du
bon sens le plus généreux et de l’esprit le plus
fin ; car il savait résumer en phrases brèves et so-
lides les idées très originales qu’il inventait à tout
propos :
»
»
»
»
»
« Lorsque ces guêpes bourdonnent, nous dit
Jean Aicard, soyez convaincus qu’elles sont
pour l’honneur contre l’argent, pour l’élégance
contre le vulgaire et aussi pour le dévouement»
pour la bonté et pour le bon droit, appuyés sur
la force et sur le courage individuels »
Puis vint une série d’œuvres personnelles :
Ces Grains de bon sens, qui parurent dans la
Figaro en même temps que cette série d’articles
si charmants qu’il avait publiés scus le titre peu
banal : Histoire naturelle de quelques petites bêtes
et des hommes qui leur ressemblent ; L’art d’être
heureux ; L’art d’être malheureux ; Plus on changé
plus c’est la même chose ; A l’encre verte ; A bas
les masques ; Messieurs les assassins ; Sous la
pommiers.
Et combien d'autres encore.
Combien nous lui devons de ces pensées deve-
nues aujourd’hui presque banales tant elles nous
sont familières et qui vaudraient la peine d'être
citées.
Sous ce titre : L’Esprit d’Alphonse Karr, Caïman
Lévy a fait paraître un extrait qui est rempli de
jolies choses, de vraies perles qui gagnerolent. «
être isolées ; elles ont l’avantage de nous faire
mieux connaître la mentalité de Karr par un choix
délicat de ses pensées, de ses opinions, de ses
idées et de ses façons de voir, ce gu’ll appelle
lui-même a la quintessence de ce qui, dans iet
ouvrages d’un écrivain, est le plus tutmême. »
On pourrait en citer a l’infini. En voici quelques»»
unes :
— Il parle du bonheur sur la terre :
» Où courez vous ainsi, demandai-je à la foule ?
» Vous cherchez le bonheur ? V us m? f sites pitié 1
» Le bonheur dites vo ; ? Le bonheur c'e t la boute 1
« Que cet enfant poursuit tout le temps quelle roula
» Et dès qu’elle arsèle, il repousse du pied. »
- Et ceci :
» De malheurs évités, le bonheur se compose, »
Et encore :
»
»
»
»
»
»
»
»
« Le bonheur, c’est cette maison si riante, AU
toil de chaume, couvert de mousse et d in» en
fleurs. — II faut rester en face ; si vous entres
dedans, vous ne la voyez plus. »
Parle-t-il de la vanité humaine :
« On diminue la taille des statues en s’en éloi-
onant celle des hommes en s en approchant. *
« De l’esprit pour parier qui n en a ? c est
vulgaire ; mais ce qu’il faut chercher, c est 1 es-
prit pour se taire. »
Il n’est pas toujours tendre pour le beau sexe :
« Ce que les femmes appellent l’esclavage res-
semble àla corde du cerf-volant, l’enfant le re-
tient mais il le soutient. »
r"bautes‘et de très nombreux suivirent ; il serait
« On ne prouve rien aux femmes ; elles nd
» croient qu'avec le cœur et l'imaginalion. »
« Les hommes font les lois, les femmes les
» abrogent. »
« En gënëral les hommes se marient pour ren-
. .9 » .. ,9 Pr.lwne -A7n0re SoY313w
" U).» trec dans la maison, les femmes pour e BOrr-A
(6 Pages) 8 Centimes — EDTTION DU MATIN — 5 Centimes (6 Pages)
==========
muaxamnszanannznncnaen
Lundi 25 Août <913
==========
Administrateur - Délégué
O. RANDOLET
Adresser tout ce qui concerne l’Administration
a M. 0. RANDOLET
35, Bue Fontenelle, 35
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Petit Havre
Rédacteur en Chef. Gérant
HIPoLYTE FÉNOUX
Auresser tout ce qui concerne la Rédaction
à M. HIPPOLYTE FÉNOUX
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TÉLÉPHONE: Rédaction, No 7.60
AU HAVRE
A PARIS.
AN NON CES
Bureau du Journal, 112, bould de Strasbourg.
! L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
seule chargée de recevoir les Annonces pour
le Journal.
La PETIT HA VRE est désigné pour les Annonoas judiciaires et légales
Paris, trois heures matin
--- - — -=-=====
LES AFFAIRES D'ORIENT
La question d’Andrinople
1 Constantinople — On dément catégorique-
ment dans 16b milieux officiels que la Tur
quie ait l’intention de créer une zone neutre
au Nord de la Thrace, englobant Andrinople..
En Grèce
‘Athènes. — Aussitôt que la démobilisation
sera accomplie, le roi et la reine partiront
pour Berlin et Londres.
Il est vraisemblable que le roi rendra vi
site à M. Poincaré.
On pense que le roi, dans an message qu’il
lira à la Chambre, insistera sur la nécessité
urgente de la réorganisation complète de
l’armée.
Le gouvernement est, à ce sujet, entière-
ment d’accord avec lui.
L’attitude de la Turquie
ZONSTANTINOPLE. — La Turquie refuse caté
goriquement la reconnaissance à la Grèce
des capitulations identiques à celles dont
jouissent les grandes puissances et le paie
ment d’une indemnité pour les bateaux
grecs saisis par elle au commencement de la
guerre.
Cependant elle propose de soumettre à
l’arbitrage de La Haye cette question de l’in
demnité.
ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
Lyon (8 e Circonscription)
Inscrits : 26.135. — Votants : 19.526
Ont obtenu :
MM. Pays, cons. général, prog..
Guy Chambauddela Bruyère
cons. général. rad. soc..
Ponset, soc. unifié
10.289 Elu
8.465 voix
623 »
Il s’agissait de remplacer M. Aynard, pro
gressiste, décédé.
DISCOURS DE M. PICHON
LONS-LE-SAULNIER. — Dans le discours qu’il
a prononcé au banquet offert à l’occasion du
Congrès Mutualiste, M. Pichon, ministre des
affaires étrangères, traitant de la question
-des Balkaporadi tcuo que uous wucnous
enfin au terme d’une longue crise qui a créé
plus d’une fois des dangers de guerre entre
les grandes puissances européennes et au
cours de laquelle, la France n’a pas cessé un
seul jour de travailler dans l’intérêt de la
paix.
Les affaires financières, économiques, in
dustrielles et commerciales ont été entra-
vées, paralysées et parfois arrêtées. L’on sent
un besoin universel de retrouver dans la
paix la confiance et la sécurité nécessaires
pour réparer les maux causés par la guerre.
Aucun pays n’y est plus intéressé que le
nôtre; il n’y en a pas non plus qui ait à sub
venir à plus de charges pour se mettre à
l'abri des surprises et faire respecter dans
les conseils de l’Europe le rôle qui lui con
vient. La question d’Orient s’est posée sans
qu'il en résulte de conflit entre les grandes
puissances.
Notre alliance avec la Russie n’a cessé de
servir au règlement pacifique de cette ques
tion. Pas un jour également, nous n’avons
été en désaccord avec notre amie l'Angle-
terre.
Cette réunion générale de nos gouverne-
ments a grandement servi à garantir la paix
mondiale.
m zo n ce = 11 ==
LA MORT DU GÉNÉRAL NÉGRIER
HAMMERFEST. — Le Roi-Harold, portant le
Corps du général de Negrier, est arrivé.
Dans la soirée, le cercueil a été transporté
à bord du vapeur Richard qui le ramènera
vers le Sud.
Le secrétaire du général accompagnera le
Corps en France.
LES ANTIMILITARISTES
. Sept des antimilitaristes arrêtés samedi à
l’issue de la retraite militaire de la rive droi
te, passeront aujourd’hui devant la 8 e Cham
bre des flagrants délits.
Seuls, deux autres manifestants feront
l’objet d’une instruction.
VOYAGE AÉRIEN INTERROMPU
î ANGOULÉME. — Le capitaine aviateur de La-
garde et le lieutenant Dietrich, venant de
Royan et se rendant à Reims sur monoplans,
sont arrivés à Angoulème,
Atterrissant sur un terrain défectueux,
les deux aviateurs ont endommagé leurs ap
pareils.
L'hélice du lieutenant Dietrich a été brisée
et le capitaine de Lagarde a crevé un de ses
pneus.
Les aviateurs sont indemnes.
LA MISSION FRANÇAISE El RUSSIE
Saint-Pétersbourg. — Hier, à l’issue des
anceuvres, la mission française a assisté
un déjeuner à Krasnoïe-Selo ; elle est par
tie à 5 heures pour Saint-Pétersbourg*
HARRY TAW EST LIBRE
, On télégraphie de Montréal au Daily News
and Leader :
« Les conseillers judiciaires de Harry Thaw
ent remporté un succès véritable. Leur
client sera déporté, c’est-à-dire exclu du
pays comme « indésirable », mais il sera au
torisé à choisir l'endroit de la frontière où il
devra être conduit.
» Le détective privé, M. Roger O. Mara,
payé par lui, a tracé la route à suivre. Thaw
sera transporté au point le plus rapproché
où il pourra monter à bord d’un yacht sur
le Saint-Laurent et, de là, gagner le pays où
il lui plaira de résider. »
DERNIÈRE HEURE SPORTIVE
Circuit de l’Ouest
r La dernière étape a été gagnée par le pé-
destrianSiret, • - - -
ORGANE REPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
La nouvelle loi militaire apporte aux
soutiens de famille sous les drapeaux une
aide précieuse. Unedispositionfixe à 1 fr. 25
plus cinquante centimes par enfant, l’allo
cation journalière à laquelle ils ont droit.
On a voulu par là encourager et secourir,
sans blesser leur dignité, ceux qui, ayant
un foyer fécond, contribuent d’une façon
effective à enrayer le fléau de la dépopula
tion dont notre pays souffre chaque jour
davantage.
Il n’est donc pas sans intérêt, au moment
où cette disposition entre en application,
d’en faire ressortir l’importance et d’en ex
pliquer le mécanisme. Elle est d’autant plus
bienfaisante qu’elle permettra d’écarter la
misère qui ne manque pas de s’installer
dans les modestes logis quand le chef de fa
mille est obligé de partir pour remplir son
devoir militaire.
Les personnes qui "désireront en bénéfi
cier devront s’adresser au maire de la com
mune où elles résident. Elles mentionne
ront la localité où des membres de la fa
mille payent des contributions. La déclara
tion qu’elles produiront fera évidemment
ressortir les secours, pensions ou allo
cations de quelque nature que ce soit que
reçoivent des membres de la famille. On
ne comprendrait pas en effet que, en accu
mulant des allocations diverses, certaines
individualités peu scrupuleuses vivent ex
clusivement des lois de bienfaisance.
Les demandes devront être présentées
chaque année avant le 30 avril — une
disposition transitoire concerne 1913 — Il
sera necessaire d’y joindre les pièces justi
ficatives établissant que l’appelé ou le mi
litaire remplit bien les devoirs de soutien
indispensable de famille. En ce qui est
relatif aux demandes de majoration à rai
son d’enfants âgés de moins de seize ans,
le pétitionnaire sera tenu de prouver que
ces enfants sont réellement à la' charge du
militaire incorporé. Pour les militaires .de
maritime, les requêtes devront être dépo
sées à la mairie six mois avant la date de
l’incorporation.
Une liste de toutes ces demandes sera
dressée par la maire et le Conseil munici
pal, réuni en Comité secret, sera appelé à
donner son avis. Le dossier sera ensuite
transmis au préfet, puis retourné à la mai
rie. Après enquête, le juge de paix du can
ton sera saisi et le greffier fera opérer la
notification des décisions du Conseil par la
voie administrative. Toute décision pourra
être frappée d’appel.
Cet appel devra être porté par enquête
directe des parties devant le tribunal civil
de l’arrondissement et devra être accompa
gné de la décision de rassemblée commu
nale qui leur aura été notifiée ou d’une co
pie certifiée conforme. Le greffier du tri
bunal accusera réception de la requête sur
un registre spécial. Après un court délai
une copie de l’acte sera notifiée adminis
trativement, à la partie adverse. Et, sur la
demande du procureur de la République, le
dossier sera transmis sans retard ou greffe
du tribunal, où les parties pourront en
prendre connaissance. Quelques autres pe
tites formalités, d’ailleurs d’un intérêt très
relatif pour les pétitionnaires, resteront en
suite à effectuer avant que le greffier re
mette aux parties un extrait de la décision
qui les concerne.
Le droit aux allocations, spécifie le dé
cret publié la semaine dernière, est ou
vert :
Pour les demandes remises avant l’incor
poration, du jour de cette incorporation ;
Pour les demandes formées postérieure
ment à l’incorporation, du jour du dépôt à
la mairie constaté par récépissé.
Si, par suite de circonstances nouvelles,
les familles ne se trouvent plus dans la si
tuation qui avait ouvert en leur faveur le
droit aux allocations et majorations, le
maire, d'office ou sur l’invitation du préfet,
saisit le Conseil municipal de propositions
de suppression des majorations.
Lorsque le Conseil municipal a formulé
son avis sur ces propositions, ou que, mis
en demeure par le préfet, il n’a pas formulé
d’avis dans le délai imparti par la mise en
demeure, il est procédé à l’instruction des
propositions et la décision est' rendue par
le Conseil, qui siège au chef-lieu de la jus
tice de paix, sauf appel devant le tribunal
civil.
Pour régler la situation des réservistes
et territoriaux, il a été décidé que, dans le
courant du mois de novembre, l’autorité
militaire leur adressera un avis les infor
mant qu’ils auront à accomplir une période
d’instruction l’année suivante. A cette ré
ception, ceux qui se trouveront dans les
conditions requises pour toucher l’alloca
tion seront tenus d’en avertir le maire. Le
dernier délai est fixé au 5 décembre.
Les dispositions transitoires, auxquelles
nous faisions allusion tout à l’heure, indi
quent que les demandes d’allocations con
cernant les familles des militaires de la
classe 1913, devront être déposées aux
mairies dans les quinze jours de la publi
cation des tableaux de recensement de cette
classe.
On voit combien les pouvoirs publics se
j sont préoccupés du soit des déshérités ab-
pelés sous les drapeaux. Il en résultera
malheureusement de grosses dépenses à la
charge de l’Etat. Aussi M. Klotz, ministre
de l’intérieur, a-t-il cru devoir rappeler
dans une circulaire qu’il importait que
tout abus soit évité et que les allocations
soient accordées et en même temps stricte
ment limitées à tous ceux qui justifient y
avoir droit. S’il est en effet équitable de
venir en aide aux soutiens de famille sous
les drapeaux, il serait déplorable qu’une
mesure de salut national fût détournée de
son véritable but.
IL HOLLAÉNDER.
LES AFFAIRES DE MAROC
[Les Espagnols au Maroc
Tanger, 21 août.
On écrit deTetouan que le49 un convoi
partant de Ceuta fut attaqué par les monta
gnards, près de Condesa, en même temps
que l’avant-garde des Andjera attaquait la po
sition d’Asla occupée l'avant-veille par la
colonne Arraiz.
Le combat fut acharné. L’ennemi fut
tout repoussé. Les pertes espagnoles
16 tués, dont 2 officiers. Les mon a
ont eu de nombreuses pertes.
DaT-
t de
Le général Marina est attendu ; c
ment à Tetuan avec le général Agüier
prendra le commandement d’une d
composée des régiments de Tetuan, Guada-
r0 m-
; a qui
vision
lajara, Mallorca et autres.
Soumission de tribus dissidentes
Tanger, 24 août.
On annonce de la région de Meknès que
plus de cent nouvelles tentes de Beni-M’tir
dissidents se présentèrent à Ifrau pour faire
leur soumission.
La deuxième escadre française est atten
due le 26 août à Tanger, où elle séjournera
deux jours.
Le résident général, venant de Casablanca,
est arrivé à Rabat le 21, dans l’après-midi,
après avoir inspecté les camps Boulhaut et
du Boucheron.
Notre politique dans le Sud marocain
Le correspondant du Temps adresse la lettre
suivante, antérieure au soulèvement des tribus
du Sous et à la défaite du pacha de Taroudant :
Marakech, 8 août.
Pendant les cinq jours que je viens de
passer à Marakech, j’ai pu causer avec quel
ques personnalités de l’entourage du rési-
dent général, qui s’occupent activement de
et du Sous. Grâce à ces conversations, je puis
aujourd’hui esquisser à grands traits le
schéma de cette politique.
Différences entre le Nord et le Sud
Pour bien la comprendre, il est nécessaire
de se rappeler que l’organisation du Nord
marocain est plus démocratique que celle
du Sud. Dans le Nord, en effet, les caïds dis
posent d’une autorité toute locale, qu’ils
tiennent du makhzen. Lorsque, pour une
raison ou pour une autre, cette autorité leur
est enlevée, ils reprennent leur place parmi
les gens de la tribu ou de la traction à la
quelle ils appartiennent. Chez les Berbères,
le caïd est uniquement le porte-parole de la
tribu.
Dans le Sud au contraire, quelques gran
des familles ont pris depuis une soixantaine
d’années une importance énorme. Ce sont,
en allant de l’Est à la mer, les Glaouï, le
Goundafi, le M’tougui et Aoflous ; au Nord
de Marakech, vers l’oum Er-Rbia, El Ayadi,
caïd des Rehamma, enfin Si Aïssa ben Omar,
caïd des Abier-Ahmar.
Ces grands chefs, sauf les deux derniers,
ont le gros avantage d’habiter les montagnes
inexpugnables de l’Atlas. Aussi la politique
suivie par les sultans était-elle de leur don
ner une entière autorité sur les tribus de la
plaine qu’ils maintenaient avec les gens de
leurs confédérations. Lors des révoltes pas
sagères de certains d’entre eux, le makhzen
leur retira cette autorité, et ils restèrent
confinés dans la montagne avec leur petite
tribu. Chacun d’eux disposant d’une influen
ce qui contre-balance celle des autres, ils
en arrivèrent à former une politique d’équi
libre analogue, en plus petit, à celle des
États des Balkans.
Outre cette considération sociale, il en est
une d’ordre militaire qui nous poussa à
adopter cette politique d’équilibre tout en
cherchant à mettre de notre côté l’influence
de ces grands caïds ; nos faibles effectifs ne
nous permettent pas de tenir ces immenses
territoires de la région de Marakech ; il fal
lait donc remplacer le réseau serré de nos
bureaux de renseignements par un contrôle
d’en haut.
L'utilisation des grands chefs
Le général Brulard, commandant le cercle
de Marakech, a parfaitement compris les
avantages que nous pourrions tirer en raf
fermissant partout l’autorité de ces grands
chefs, en l’etendant même ainsi que nous la
verrons plus loin.
Cette politique d’équilibre a cependant été
rompue dans la région de Mogador, par suite
de la défection d’Anflous qui nous amena à
occuper Agadir. Cette occupation était éga
lement rendue nécessaire pour la répression
de la contrebande, et pour la sauvegarde de
quelques intérêts européens. Lo chef de ce
poste n’intervient d’ailleurs d’aucune ma
nière dans l’administration de l’hinterland.
Depuis notre arrivée à Marakech, nous
avons poursuivi la destruction de ‘influence
de Heiba, par l’intervention uniquement in
digène. Nous nous sommes bornes à fournir
des approvisionnements et des cartouches.
Même dans les régions du Sous, l’action,
pour indirecte qu’elle soit, n’en est pas
moins pressante. Elle s’est continuée contre
Heiba, même après le retour et la dissolu
tion des harkas dont Moulaï Zin, frère du
sultan, avait pris le commandement, et qui
reprirent Taroudant au fils de Mâ el Aïnin.
Le makhzen attribua alors ces régions aux
caïds qui lui rendirent en ces circonstances
des services signalés, mais en tenant compte
de l’influence que chacun d'eux avait déjà
dans le pays. C’est ainsi que Hadj Thami
Glaoui et Si Taïeb Goundafi reçurent le com
mandement des territoires situés sur le ver
sant Sud de l’Atlas.
Dans la vallée du Sous proprement dite,
les anciens caïds conservèrent leurs comman
dements. On diminua cependant la part de
certains en raison de leur attitude hostile.
Quelques tribus jusqu’alors indépendantes
furent attribuées à des caïds acquis à notre
cause. On a remis de cette façon un com
mandement important à Haïda ou Mouis, petit
_çaïd de Ras-el-Oued, qui commande maiake-
nant la presque totalité de cette région, y
compris la ville de Taroudant, dont il a été
nommé pacha.
Plus au Sud, dans la région de Tiznit, qui
fut dès le début hostile à Heiba, nous avons
appliqué le même procédé d’influence indi
recte en nommant à Tiznit le caïd Bendahan,
ancien fonctionnaire du makhzen, intelli
gent, énergique et dévoué. Haïda ou Mouis et
Bendahan sont d’ailleurs les deux princi
paux pivots de notre action dans cette ré
gion éloignée. Ils ont levé des contingents
qui font face aux harkas de Heiba et ont
réussi à tenir jusqu’à ce jour ses partisans
en échec.
Là nous utilisons encore une grosse in
fluence d’ordre religieux, Mohamed ou Hos- |
sein, chef de la zaouïa de Tazeroualt, dont
les adeptes sont répandus dans tout le Ma
roc, a mis tout son pouvoir au service du
makhzen et corrobore l’action du caïd de
Tiznit.
A ce faisceau de forces utilisées dans le
Sous vient s’ajouter l’appui de nombreux
notables de Marakech et du Hâouz, qui agis
sent même dans les régions situées plus au
nord, dans le Moyen-Atlas, dont les chefs
furent nos principaux adversaires au Tadia.
Quelques personnages influents ont entamé
de leur propre initiative, mais avec l’assen
timent tacite du makzen, des pourparlers
avec ces chefs.
Le Rôle du Sultan
Il est incontestable dès maintenant que la
présence du sultan et du makhzen à Mara
kech fut très utile. La thèse des agitateurs
était la suivante : il n’y a plus de sultan, le
makhzen n’est plus qu’un simulacre. On a
réagi en faisant jouer à Moulaï Youssef un
rôle d'arbitrage entre les grands caïds.
Le sultan, dont l’autorité était nulle dans
le Sud marocain il y a moins d’un an, s’est
intéressé personnellement à cette politique.
Il a désigné un de ses frères pour exercer la
direction politique des opérations des har
kas ; il a adressé des lettres aux tribus in
soumises pour les exhorter à demander
l’aman. Les résultats obtenus sont dus en
grande partie à son intervention et l’on peut
dire qu’il a rétabli entièrement l’autorité
chérifienne dans cette partie du Maroc, qui
lui échappait complètement, et reconstitué
l’empire marocain grâce à l’appui que nous
lui prêtons et dont la forme varie avec le
lieu, le temps et les circonstances.
Il s’est assez intéressé à la politique dont
nous fûmes les initiateurs pour la prendre
aujourd'hui eu main en parfait accord avec
nous. Il semble que ce premier sultan du
protectorat doive être un grand souverain.
D'autre part, le contrôle européen, du
makhzen se faisant le moins apparent possi
ble, les indigènes autrefois circonvenus par
les éléments de désordre recommanSaTbes
cheis qui nous combattirent dans la région
berbère centrale ont répondu à des lettres du
makhzen, ce qui prouve que nous pouvons
nous servir de cet organe, récemment enco
re déconsidéré dans la politique intérieure
du Maroc.
L’Action de Demain
Cette action politique va du reste être com
plétée après le Rhamadan par un voyage du
sultan qui se rendra à Rabat en passant par
Mogador. Il se montrera aux tribus qui pour
ront constater l’existence d’un makhzen et
de ses attributs ; il jouera un rôle important,
donnant Fi vestiture aux caïds, faisant, en
un mot, métier de souverain. Ce voyage ter
minera le cycle actuel de notre politique du
Sud.
Dès que Moulaï Youssef sera installé à
Rabat, on essayera de pratiquer une action
analogue sur les groupes berbères du centre.
Cette action, il ne faut pas se le dissimuler,
sera beaucoup plus délicate. Dans le Sud,
l’adhésion du chef entraîne celle de ses ad
ministrés ; chez les Berbères, il nous faudra
gagner la masse, l'autorite des chefs étant en
queque sorte comparable à celle des tribuns
entraînés maintes fois par le courant qu’ils
ont provoqué. La politique du général Lyau-
tey consiste dans ce cas à laisser les indigè
nes s’administrer eux-mêmes en ne leur
laissant pas ignorer toutefois qu'une autorité
supérieure est là, prête à leur donner son
appui, prête également à sanctionner les
écarts.
Telle est, rapidement exposée, Faction que
nous poursuivons dans le sud marocain, très
differente, pour des raisons que je donnais
au début, de celle qui est pratiquée dans les
autres parties de l’empire où notre influence
peut s’exercer. Elle a déjà donné de sérieux
résultats ; l’action parrallèle de l'autorité
souveraine du pays et de la France contri-
huera puissamment à l'extension des progrès
de la pacification.
—---------------9)----------=----=-===========%
Les Négociations turco-bulgares
Constantinople, 21 août.
M. Natchevitch, délégué bulgare, aurait
reçu des instructions pour discuter avec la
Porte la reprise des négociations diplomati
ques.
M. Dobrovitch, secrétaire de la légation
bulgare à Athènes, est arrivé pour assister
M. Natchevitch.
Dans les milieux officieux, on déclare que
le but du voyage de Talaat bey à Andrinople
est d’arrêter,’ avec le vali, les mesures utiles
pour la reconstruction des villages détruits
et de faire comprendre aux officiers la né
cessité de ne pas dépasser la ligne de la Ma-
ritza, afin de ne pas compromettre le succès
des négociations de paix.
Constantinople, I août.
M. Natchevitch a rendu visite hier soir au
grand-vizir. , .
Le bruit suivant lequel le délégué bulgare
aurait reçu des instructions de Sofia pour
entamer officiellement des pourparlers di
rects avec la Porte, trouve créance dans les
milieux bien informés.
On croit qu’il poursuivra les négociations
discrètes qui ont été engagées déjà au sujet
d'Andrinople, notamment par l’intermé
diaire de l'ex-député de Monastir, M. Pant-
che-Doref.
.1
ON TROUVE
LE PETIT HAVRE à Paris
à la LIBRAIHE ITEMMTTIOTTEE
1108, rue saint-Lazare, 108
(Immsuble do l'HOTEL TERJdIHÜS)
Gzotlote
Union Postale
?! On s'abonne égalemai
goeesssarseeoung
ALPHONSE
KARR
L’an passé, Etretat honorait la mémoire
du grand écrivain que fut Alphonse Karr,
en lui élevant sur l'une des places pu
bliques un superbe buste. Tout récemment,
la ville de Saint-Raphaël, qu’il habita égaie-
ment, lui erigeait un monument.
Plus modestement, la municipalité de
Sainte-Adresse a tenu, elle aussi, à mar
quer que l’auteur des Guêpes résida en
cette localité charmante et qu’il compta
même parmi ses édiles.
En attendant que la modeste mais si
PACWOyuo thauairo do la conta Alnhon-
se-Karr, où le littérateur aimait à venir
reposer ses pensées dans la contemplation
de la mer, soit désignée par une inscrip
tion précise à la curiosité des passants,
on a marqué hier, par l’apposition d’une
plaque de marbre sur le mur de clôture de
la propriété située rue de la la Mairie, 2,
jadis le logis .de l'écri-
l’endroit où s’élevait
vain-fleuriste.
Sur cette plaque
fixent quatre clous
cription suivante :
Ici
de marbre noir, que
l'ins-
dorés, est tracée
habita
de 1841 à 1852
Alphonse KARR
Homme de lettres
La pose de cette plaque avait groupé en
viron deux cents personnes qui ont pris un
très vif intérêt aux discours prononcés par
MM. Dupont, président de la Société Havrai-
se.d’Etudes Diverses et M. de Querhoent,
maire de Sainte-Adresse.
Près des orateurs se trouvaient notam
ment : MM. Génestal, maire du Havre, con
seiller général.du 6e canton ; Candon et Pli-
chou, adjoints au maire de Sainte-Adresse ;
Vigné, adjoint au maire du Havre ; Edouard
La mer, Phissesseau, Brument, Duport, Le-
seigneur, Maze, Guitton, Flagollet, Lefebvre,
conseillers municipaux de Sainte-Adresse ;
Dufayel, propriétaire du Nice Havrais.
Notons egalement la présence de MM. Le
roy, vice-président ; Mark, secrétaire ; Mar
tin, trésorier ; Quoist, Loir, Le Menuet de la
Jugannière, Richard et Robert Le Minihy de
la Villehervé, Martin, Falaize, Gonet, Barrey,
Brunet, Cottard, membres de la Société Ha-
vraise d’Etudes diverses ; Soclet, président
de la Société géologique de Normandie ; Lad-
vocal, ingénieur expert ; Hofgard, rédacteur
en chef du Journal du Havre ; A. Petit, ré
dacteur au journal le Petit Havre, etc.
Lorsque le voile qui masquait la plaque
eut été enlevé, M. Dupont prononça l’allocu
tion suivante, dans laquelle il évoqua l’hom
me privé, et retraça à grands traits la tâche
accomplie par l’écrivain.
Monsieur le Maire,
La Société Havraise d’Etudes Diverses vous re-
mercie. Monsieur le Maire, d’avcir songé à lui
demander son concours pour cette cérémonie qui
rentre si bien dans ses traditions ; vous savez ce
que notre Société a déjà fait pour d’autres célé
brités havraises, notamment pour la mémoire du
poète Toutain Mazeville et plus récemment d’un
archéologue, l’abbé Cochet.
Si Alphonse Karr n’a fait que passer ici, il y a
• laissé de nombreux souvenirs et l’hommage que
vous nous permettez de lui rendre aujourd’hui
est de ceux qui ne peuvent que réunir, je crois,
toutes les sympathies de nos concitoyens dont
quelques-uns vivent encore parmi ceux qui l’ont
connu.
D’ailleurs Saint-Raphaël et Etrelat avaient déjà
payé leur dette de reconnaissance à ce grand ad
mirateur de la nature. Sainte-Adresse qui tient
une large place dans le choix qu’il faisait de ses
plages de prédilection, depuis le Havre Normand
jusqu’à la caienque Provençale, se devait de ne
pas laisser tomber dans l’oubli le coin de terre
qu’il avait aimé et avec la permission donnée avec
tant d’empressement et d’amabilité par M. Meyer,
vous avez décidé de poser une plaque commémo
rative à l’endroit où existait autrefois sa maison
très simple flanquée d’une caloge enfouie dans
un nid de verdure.
M. Roger Lévy, dans la Revue Bleue, nous en
fait une description charmante :
« Il planta, dit-il, à l’entour l’arbre grimpant, la
glycine de la Chine aux grappes bleues odorantes,
et aussi les hauts rosiers, le chèvrefeuille et le
jasmin. La maison petite et discrète eut ainsi com
me une robe verte fleurie et parfumée. »
Messieurs,
Jean-Alphonse Karr était né à Paris le 2 novem-
' bre 1808 ; il fit ses études au collège Bourbon, où
il devint plus tard professeur de cinquième ; il
était le fils d’un poète polonais né à Holoskow, en
Galicie, connu par ses poésies nationales et patrio
tiques.
A 2 ans, il débuta en littérature par son roman
resté le plus célèbre. t
Epris d’une jeune fille qu’il ne put épouser, il
fut déçu dans son amour, c’est ce roman de sa
jeunesse qu’il met dans un ouvrage qui offre aussi
l’intérêt d une autobiographie, Sous les alleuls, pa-
' Pour ne citer que les plus connus !
Une Heure trop tard, parut en 1833 ;
Le Chemin le plus court, parut eu 1836, où il de-
peint d’une façon si charmante cet Etrelat qu’il al*
malt en faisant une description bien pittoresque
de la fontaine et des lavandières de la plage ;
Geneviève, parut en 1838 ;
Clotilde, parut en 1839 ;
Hortense, parut en 18 12.
G’est à cette époque qu'il devint rédacteur en
chef du Figaro.
Son amour de la poésie était si fort qu’il avait
d'sbord écrit en vers son premier roman, qu’il sq
décida ensuite a faire paraître en prose, mais ce
n'oct quo dans ses romans du début que domine
une certaine sentimentalité qui ne durera pas
dans les œuvres de ses dernières années, qui se
distinguent surtout par un bon sens et une logi-
que qui abondent sous sa plume.
Aux romans que je viens de citer, il convient
d’ajouter de charmantes fantaisies :
Fa dièze, qui parut en 183.
Pour ne pas être treize, qui parut en 1842.
Feu Bresser, qui parut en 1844.
Voyage aut our de monjard n. qui parut en 185.
Vendredi soir, qui parut en 1845.
Fort en thème, qui parut après 1852, eut son
heure de succès, ce fut un des livres qui prépa-
rèrent l’opinion aux réformes de l'enseignement
secondaire.
Il écrivit pour le théâtre deux pièces qui furent
jouées avec succès :
En 1858, La Pénélope normande, pour le Vaude
ville ; Les Roses jaunes, pour le Théâtre Français.
Les Soirées de Sainte-Adresse parurent de 1852 à
1855.
Mais il ne devait pas rester longtemps rédacteur
en chef du Figaro ; suivant sa propre expression :
« Il était né trop libre pour s’astreindre a être
maître » ; il quitte ce journal pour fonder Les Guê
pes, qui devaient être le plus grand succès de sa
vie littéraire.
Pendant dix années, il écrivit dans cette Revue,
sur chaque fait d’actualité, politique ou littéraire,
des articles toujours étincelants d’esprit et remar
quables de concision et de talent qui ont fait de
ses Guêpes le chef-d’œuvre du journalisme indivi
duel.
Puis parurent d’autres recueils : Les Guêpes il-
lustrées, Bourdonnements, Bêtes à bon Dieu.
Et nous retrouvons toujours en lui un écrivait
délié, charmant mais aussi très montant — par
tout et toujours indépendant, jetant dans la circu
lation quantité d'aphorismes frappés au coin du
bon sens le plus généreux et de l’esprit le plus
fin ; car il savait résumer en phrases brèves et so-
lides les idées très originales qu’il inventait à tout
propos :
»
»
»
»
»
« Lorsque ces guêpes bourdonnent, nous dit
Jean Aicard, soyez convaincus qu’elles sont
pour l’honneur contre l’argent, pour l’élégance
contre le vulgaire et aussi pour le dévouement»
pour la bonté et pour le bon droit, appuyés sur
la force et sur le courage individuels »
Puis vint une série d’œuvres personnelles :
Ces Grains de bon sens, qui parurent dans la
Figaro en même temps que cette série d’articles
si charmants qu’il avait publiés scus le titre peu
banal : Histoire naturelle de quelques petites bêtes
et des hommes qui leur ressemblent ; L’art d’être
heureux ; L’art d’être malheureux ; Plus on changé
plus c’est la même chose ; A l’encre verte ; A bas
les masques ; Messieurs les assassins ; Sous la
pommiers.
Et combien d'autres encore.
Combien nous lui devons de ces pensées deve-
nues aujourd’hui presque banales tant elles nous
sont familières et qui vaudraient la peine d'être
citées.
Sous ce titre : L’Esprit d’Alphonse Karr, Caïman
Lévy a fait paraître un extrait qui est rempli de
jolies choses, de vraies perles qui gagnerolent. «
être isolées ; elles ont l’avantage de nous faire
mieux connaître la mentalité de Karr par un choix
délicat de ses pensées, de ses opinions, de ses
idées et de ses façons de voir, ce gu’ll appelle
lui-même a la quintessence de ce qui, dans iet
ouvrages d’un écrivain, est le plus tutmême. »
On pourrait en citer a l’infini. En voici quelques»»
unes :
— Il parle du bonheur sur la terre :
» Où courez vous ainsi, demandai-je à la foule ?
» Vous cherchez le bonheur ? V us m? f sites pitié 1
» Le bonheur dites vo ; ? Le bonheur c'e t la boute 1
« Que cet enfant poursuit tout le temps quelle roula
» Et dès qu’elle arsèle, il repousse du pied. »
- Et ceci :
» De malheurs évités, le bonheur se compose, »
Et encore :
»
»
»
»
»
»
»
»
« Le bonheur, c’est cette maison si riante, AU
toil de chaume, couvert de mousse et d in» en
fleurs. — II faut rester en face ; si vous entres
dedans, vous ne la voyez plus. »
Parle-t-il de la vanité humaine :
« On diminue la taille des statues en s’en éloi-
onant celle des hommes en s en approchant. *
« De l’esprit pour parier qui n en a ? c est
vulgaire ; mais ce qu’il faut chercher, c est 1 es-
prit pour se taire. »
Il n’est pas toujours tendre pour le beau sexe :
« Ce que les femmes appellent l’esclavage res-
semble àla corde du cerf-volant, l’enfant le re-
tient mais il le soutient. »
r"bautes‘et de très nombreux suivirent ; il serait
« On ne prouve rien aux femmes ; elles nd
» croient qu'avec le cœur et l'imaginalion. »
« Les hommes font les lois, les femmes les
» abrogent. »
« En gënëral les hommes se marient pour ren-
. .9 » .. ,9 Pr.lwne -A7n0re SoY313w
" U).» trec dans la maison, les femmes pour e BOrr-A
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