Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1913-08-24
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 24 août 1913 24 août 1913
Description : 1913/08/24 (A33,N11728). 1913/08/24 (A33,N11728).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t526378062
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/04/2023
33“ Année — N° 11,728
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Me eesoernmossssssan anna=esere==
EDITION DU MATIN
5 Centimes
(E Pages)
mrpcstansarsasan
Dimanche 24 Aoit 1915
j ANNONCES
| AU HAVRE..... Bureau du Journal, 112, boni* de Strasbourg.
S L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
seule chargée de recevoir les Annonces pour
le Journal.
Le PE TIT H À VRE est désigné pour les Annonces judiciaires et légales
EEasssonsceaaaranzsakznsssaatazzssaprpanssaeselacaazmagsanaeNsEsEAaEScaRSL
Paris, trois heures matin
NEW-YORK, 23 AOUT
dotons : août, hausse 21 points ; octobre,
hausse 23 points ; décembre, hausse 22 points ;
mars, hausse 20 points.
Calés : hausse 2 à 9 points.
3 >1 - - .
NEW-YORK, 23 AOUT
C. H WR
Cuivre Standard disp.
— septembre....
Amalgamat. Cop...
fer
73 1/8
c. ructsuT
14 75
15 12
72 7 8
14 87
CHICAGO. 23 AOUT
Blé sur
C. DE JOUR C. PRECED
Septembre 86 7/8 87 1 8
Décembre. 80 3/8 90 5 8
Septembre 72 3/8 74 1,4
Décembre. 68 1,8 68 3/4
Septembre 11 20 11 22
Janvier... 10 81 10 87
Maïs sur.....
Saindoux sur.
US AFFAIRES D’ORIENT
Le sort d‘ Andrinople
CONSTANTINOPLE. — Talaat bey et le géné
ralissime Izzet Pacha sont partis hier soir
pour Andrinople.
Le bruit court qu’ils vont y rencontrer des
délégués bulgares.
Sofia.— On déclare ici inexactes les infor
mations de Constantinople annonçant des
pourparlers directs entre la Turquie et la
Bulgarie au sujet d’Andrinople.
Le gouvernement bulgare estime en effet
que la question d’Andrinople a été tranchée
par le traité de Londres.
Le traité de Bucarest
Bucarest.— Lundi prochain, aura lieu au
ministère des affaires étrangères de Bucarest
l’échange des ratifications du traité de paix.
LE VOYAGE DE M. DELCASSÉ
6AINT-PÉTERSBOURG. — M. Delcassé, ambas
sadeur de France, est parti pour Paris.
MORT D’UN SÉNATEUR
Montbéliard. — Le docteur Borne, séna
teur, president du Conseil général du Doubs,
vient do mourin après une longue maladie.
LES RETRAITES MILITAIRES
La retraite de la rive gauche s’est terminée
sans aucun incident.
A l’issue de la retraite de la rive droite, des
manifestants ont brisé quelques glaces, arra
ché les grillesde plusieurs arbres et dété
rioré des bancs rue Bolivar. Ils ont attaqué et
Contusionné un soldat de l’armée coloniale
et ont tiré quelques coups de revolver sur
des agents qui voulaient intervenir, mais
n’ont atteint personne.
Ils ont pris là faite à l’arrivée de la police.
LA MORT DU GÉNÉRAL DE NÉGRIER
TRONDHJEM. — C’est jeudi que le général de
Négrier est mort d’une attaque d’apoplexie an
cours d’un voyage qu’il effectuait du Spi
berg à Hammerfest, à ‘
effectuait du Spitz-
Harald.
à bord du vapeur Kong-
SAMPIGNY. — Dès qu’il a connu la mort du
général de Négrier, le président de la Répu
blique a donné l’ordre au secrétaire général
dé l’Elysée de le Jaire inscrire au domicile
du général.
GRÈVE DE CHAUFFEURS
Bordeaux. —- Le paquebot La-Bretagne qui
devait partir hier de Pauillac pour le Séné
gal, le Brésil et la Plata, a dû ajourner son
départ, les chauffeurs s’étant mis en grève.
UN IMPORTANT INCENDIE
AUBUSSON. — Hier soir, à six heures, les
pompiers sont partis pour Saint-Georges-la-
Pouge, bourg important, où tout un quartier
est en feu.
LE VOL DE TIMBRES
Accompagnes par deux inspecteurs de la
Sûreté, Mme Hadi Mirza est arrivée de
Bruxelles hier, à 5 h. 1/2, rapportant la va
lise qui contient la collection de timbres de
son mari.
Cette valise a été déposée dans le cabinet
du juge d’instruction, M. Pamard. Elle ne
sera rendue à son propriétaire qu’au mo
ment du règlement définitif des comptes.
LES AVEUX DE LA FEMME BAUDOT
Pontoise. — La nuit dernière, la femme
Baudot a avoué qu’elle avait aidé au trans
port du corps de son mari tué par Ricard.
Hier après-midi, à deux heures, M. Collin,
commissaire de la brigade mobile, s’est ren
du, accompagné de Ricard, à Serans, pour y
rechercher le cadavre de Baudot.
Le corps a été découvert dans un champ,
à deux cents mètres d’une distillerie, en
foui à une profondeur de quarante centimè
tres, dans un caniveau, ancien ruisseau, ac
tuellement à sec.
Le haut du corps était passé dans un sac.
Le docteur Herbinet, médecin légiste, qui
a fait l’autopsie, a constaté que la tête avait
été réduite en bouillie à coups de bâton.
Une foule nombreuse a poussé des cris de
mort ; les inspecteurs ont dû emmener l’as-
sassin en automobile pour le soustraire à
des représailles.
La femme Baudot, avec son enfant, a été
écrouée à trois heures à la prison de Pon-
toise.
Smnecsa@@tto-=---=-=-=
UNE AFFAIRE D’EMPOISONNEMENT
Arras. — A la suite de l’absorption d’an
pâté, une quinzaine de personnes de Given-
chy-en-Goelle ont été empoisonnées.
L’une d’elles, M. Victor Théré, a succombé;
une autre est en danger de mort.
GRÈVE DE PEINTRES EN BATIMENT
LONDRES. — Cinq mille peintres en bâti
ment appartenant à divers syndicats vien
nent de se mettre en grève.
Cinq mille peintres non syndiqués se sont
également mis en grève, par esprit de solida-
rité.
0 Petit
avre
ORGANE RÉP UBLICAIN DÉ MOCRATIQUE — aBOnNEMENTS ' —
| L? Navre JaSeinezInférieure, l’Euro,
Le plus fort Tirage des Journaux de la Région Autres Départements,
3 On s’abonne éa-ai
Rédacteur en Chef. Gérant
HIPPoLYTE FÉNOUX
duresser tout ce qui concerne la Rédaction
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Trois Mois
4 5 O
Six MOrs
• Fr.
12 so
=0 Fr.
ss—sssraS!»
Un an I
18 Fr.
EMILE OLLIVIER
Emile Ollivier, qui vient de mourir à
l’âge de 88 ans, était mort politiquement
depuis 1870. La notion si cruelle de la
« mort civile » s’éclaire quand on pense
aux quarante dernières années de cette
existence : avoir été l’un des hommes les
plus brillants, les plus admirés de son épo
que, avoir connu, brièvement sans doute
mais effectivement, les joies d’un pouvoir
longtemps divisé, et puis se voir d’un jour
à l’autre précipité, non dans l’oubli, mais
dans une unanimité de réprobation,
n’est-ce pas chose terrible et l’un des plus
frappants exemples de la fragilité de la
gloire ?
Il semble cependant qu'Emile Ollivier
n’ait pas eu de sa destinée l’opinion que
s’en faisait le public. Toujours étonnam
ment sûr de lui, même après la catastro
phe, inconscient à vrai dire, il continuait,
dans la presse, dans la conversation, dans
les livres, à donner des consultations qu’on
ne lui demandait guère et à juger la Répu
blique avec une sévérité, vraiment incon-
venante de la part d’un pareil homme.
Connaissez-vous, dans Les Vingt et un
jours d’un Neurasthénique de Mirbeau, un
chapitre bien amusant consacré à Ollivier ?
Mirbeau le rencontre, soi-disant, dans un
train, et, comme il arrive souvent, c’est lui
qui se sent gêné ; il essaie d’adoucir l’a
mertume qu’il imagine chez son interlo
cuteur ; il voudrait presque l’excuser !
Mais celui-ci ne comprend rien à ce ma
nège qui le blesse ; il se jette pu contraire,
à haute voix, dans une série de digres
sions brillantes sur la dureté des temps,
sur l’insuffisance du gouvernement répu
blicain, sur les dangers qu’il fait courir à la
France en Europe, et il termine, ou à peu
près, par cette énormité : « Vous verrez
que ces gens-là nous feront perdre l’Alsace
et la Lorraine ». Cette charge, qui est dans
la manière habituelle de Mirbeau, fait un
magnifique portrait psychologique d’Emile
Ollivier, cet homme très doué, très instruit,
très éloquent, mais dangereusement per
sonnel, et qui a commis quelques-unes des
plus graves erreurs de jugement qui se
puissent commettre.
Parmi ces erreurs, qui, hélas, appartien
nent à l’histoire, deux sont immenses et
impardonnables.
du péril : « d’un cœur léger » ? Voilà ce
qu’après la défaite nous n'arrivons plus à
comprendre. Lebœuf et ses « boutons de guê
tres », Ollivier et son « cœur léger » nous
paraissent des monuments uniques d'impé-
ritie et d’imprévoyance. L’histoire cepen
dant nous apprend qu’à la fin des trop lon
gues prospérités, à la veille des catastro
phes, il y a presque toujours de ces terribles
aveuglements qui font comprendre l’adage :
Quos vult perdere Jupiter dementat.
Le peuple français veut des boucs émis
saires. Sa rancune s’était abattue lourde
ment sur Emile Ollivier, à tel point qu’on
serait tenté presque de le défendre, de plai
der des circonstances atténuantes. Plu
sieurs l’eussent fait sans doute et depuis
longtemps, si lui-même, par son attitude, y
eût prêté. Mais cet homme singulier ne
voulait pas comprendre qu’il avait pu com
mettre des fautes. Il aura fallu la mort pour
lui apprendre que le silence est l'attitude
la plus digne pour les vaincus, quels qu’ils
soient.
André Siegfried,
LBS AFFAIRES D’ORIBNT
Pour garder Andrinople
Constantinople, 23 août
On dit dans les milieux bien informés que
la Porte serait disposée, pour garder Andri-
nople, à faire à la Bulgarie les plus larges
concessions, y compris l’abandon de la
quote-part de la Dette, soit environ 200 mil
lions.
La Bulgarie demande la protection
des puissances pour des comitadjis
Sofia, 22 août.
Le gouvernement de Sofia vient de de
mander l’intervention des grandes puissan
ces en faveur de quelques notables bulgares
condamnés à mort par la Cour martiale de
Salonique, comme comitadjis ayant fait par
tie de la bande Tchernopeyef.
Dans sa note aux représentants étrangers,
M. Ghenadief fait observer qu’aucun Grec
n’a jusqu’ici été exécuté en Bulgarie, bien
que nombre de ceux qui se trouvent entre
les mains des autorités aient commis des
crimes contre l’État.
Le Remaniement ministériel greo
Alhénes, 23 août
En ce qui concerne les bruits qui ont cou-
ru sur des changements probables dans le
ministère, une seule chose est certaine, c’est
que M.Coromilas, désirant depuis longtemps
, prendre une légation, quittera les affaires
l étrangères. Comme successeurs éventuels,
La première, c’est son ralliement à l’Em- on désigne M.Romanos auquel le portefeuille
pire. Non que nous puissions partager en- 1 d64 élé offert, ou M Streit.. M. Venizelos a
core la sévérité, peut-être excessive, de ses
frères d’armes républicains quand ils le
virent graviter vers les Tuileries. Que cet
ambitieux nous soit sympathique, certaine
ment non ! Mais, s’il pensait pouvoir orien
ter l’Empire vers le libéralisme, faut-il lui
en vouloir? L’Empire libéral, s’il se fût
réalisé, eût certainement répondu au désir
de toute une fraction éclairée, de l’opinion.
La grande erreur était de croire qu’il fût
possible. L’essence de l’Empire, c’est d'être
un gouvernement d’autorité : c’est par là,
par là surtout, qu'il peut être grand. En
réalité (les bonapartistes l’avouent eux-
mêmes), la liberté n’a pas de place dans le
système. En laissant discuter son pouvoir,
l’empereur en sape lui-même la base ; il
viole cette règle si profonde de Napoléon 1 er
qu’« un gouvernement doit vivre de son
principe ». Avouons, en effet, qu’un Em
pire parlementaire nous paraît la plus pa
radoxale des solutions. République parle
mentaire, Royauté parlementaire, se con
çoivent. L’Empire parlementaire est, en
doctrine, un non-sens.
G’est cependant à ce replâtrage orléaniste
d’un régime consulaire qu’Emile Ollivier
s’attela. Nul ne songera à nier son talent,
sa subtilité d’imagination, sa souplesse, sa
patience même vis-à-vis d’une opposition
chaque jour grandissante et toujours sur le
qui-vive. Mais on a l’impression, en lisant
l’histoire de ce ministère si court et parfois
si brillant, qu’il y a des courants qui ne se
remontent pas.
Supposez qu’Emile Ollivier eût réussi,
nous devinons d’ici les louanges de l'Hlis-
toire. Supposez qu’il eût échoué simple
ment dans son œuvre politique, sans en
traîner la Patrie dans le gouffre, la généra
tion suivante l’eût tout bonnement oublié,
ou bien eût seulement conservé de lui le
souvenir d’un avocat éloquent, d’un dis
tingué debater parlementaire, d'un joueur
qui a perdu la partie.
C’est parce qu‘il"est au premier rang des
responsables de la guerre qu’une sorte de
malédiction s’est apesantie sur lui. Voilà
la seconde, l’énorme, l’impardonnable faute.
Sans doute il ne la voulait pas la guerre, et
à ce moment combien étaient-ils ceux qui
de sang-froid la voulaient ? Quelques jours
auparavant il ne se doutait pas, comme tant
d’autres,qu’elle fût si proche.Dans la premiè
re phase des négociations relatives au trône
d’Espagne, il avait obtenu sur l’Allemagne
une brillante victoire diplomatique. Qu’il
s’en tint là ; tout était fini. Nous avions,
selon la formule de Beaconsfield, «la paix
avec l’honneur ».
Comment consentit-il alors à se prêter à
une reprise de la querelle, sur des bases où
nous ne pouvions obtenir satisfaction que
par une humiliation insupportable pour la
Prusse ? Comment se laissa-t-il entraîner à
la remorque d’une camarilla belliqueuse ?
Comment surtout laissa-t-il échapper l’éton
nante expression qui peint son inconscience
décidé de garder le portefeuille de la guerre.
L/Ttalle etTAlbanb
Rome, 23 soût.
Parlant de l’entrevue du ministre des af
faires étrangères albanais avec le marquis de
San-Giuliano, à Vallombrosa, le Corriere
d'Italia dit que trois points principaux ont été
traités : la question du contrôle, la question
du souverain et la question des confins mé
ridionaux.
Sur ce dernier point, le marquis de San-
Giuliano a affirmé que la thèse albanaise pour
Argyrocastro sera défendue par les représea-
tants de l’Italie. L’Autriche a accueilli aussi
favorablement le désir des Albanais de pos
séder un prince européen.
Un Navire italien à Dedeagatch
Constantinople, 23 août.
Un navire de guerre italien est arrivé de
vant Dedeagath.
BULLETIN MILITAIRE
Les « Gardes communales »
Nous avons annoncé la prochaine organi
sation en « gardes communales » des
hommes valides que leur âge ne soumet
plus au service militaire. Voici quelques dé
tails sur l’organisation projetée :
Les volontaires devront être âgés de moins
de 55 ans. Ils auront à signer une déclara
tion aux termes de laquelle ils se mettent,
en cas de mobilisation, à la disposition do
l’autorité militaire ou civile, suivant le cas,
pour contribuer au maintien de l’ordre pu
blic. En aucun cas, ils ne seront appelés à
prendre part à des opérations de guerre.
Les détachements de gardes communales
seront organisés par communes. On pourra
former un détachement à partir du chiffre
de cinq volontaires. Les détachements se
ront soustraits à l’autorité municipale. Leur
chef sera nommé par le préfet sur la
proposition du commandant de gendar
merie de l’arrondissement. Les gardes
communales recevront comme insigne
distinctif un brassard vert olive, portant en
noir le nom de la commune et un numéro
d’ordre. Si les municipalités veulent en
faire les frais, elles auront aussi un képi
vert-olive et un uniforme de même couleur.
Autant que possible, chaque garde sera doté
d’un revolver fourni, soit par l’intéressé,
soit par la municipalité.
Chaque garde touchera une indemnité
journalière de 2 fr. 50 ; il aura à assurer sa
nourriture. Les préfets et sous-prefets ins
pecteront chaque année, en hiver et le di
manche, les détachements de un ou plu
sieurs cantons. Après ces inspections, les
préfets pourront proposer pour une distinc
tion honorifique les personnes qui, par leur
zèle et leur propagande, auront contribué
efficacement au développement progressif
de l œuvre patriotique que l’on poursuit.
Le nouveau commandant
du 20e Corps
Le général Foch a fait hier matin son en
trée officielle à Nancy, pour la prise de com
mandement du 20 e corps.
Les honneurs étaient rendus par un ba
taillon du 79°, avec musique et drapeau.
Toutes les sociétés régimentaires de la ville
s’étaient massées devant le palais du gouver-
nement, où réside le commandant du 20e
.corps..
10
_ , .6 » •,
SANS dans tous les Buréasa de Poste de •
ree
fnote Petit A&UT8
Cliché Petit Havre
Sur la prage:
BELGIQUE
Un Etudiant Français
sauve un Député Belge
Voua Pavez trouvé.,. ,
Exquis, mon cher, supérieur. Un œil dé
Les trains et les bateaux ont deversé leurs i _ ..... .. „.cua. ... ....
flots de touriste. | flamme et d'inteliigence, une allure. Delà
A travers la ville, la foule pittoresque et s race, quoi. A première vte, on est conquis,
Igraliagtr K'aet firiesmylv I IAr r'hmv nnn .wneele i g .. /Ye"s. —e". a . — •
grouillante s’est éparpillée dans une envolée
joyeuse de valises, de-sacs et de ballots que
le ciel pur rend plus joyeuse;.
Les salies à manger du restaurant se sont
profongées tout à cou p jusqu’au milieu de la
chauazée. On déjeune en plein air, en plein
vent, en plein soleil, dans le bruit de la rue
en fête, parmi les rafales de poussière, les
sonailleries des tramways, les beuglements
des autos. L’heure est bonne.
Cependant des affamés zout venus, enre-
tard ; les tables prises d'assaut ont aiguisé
leurs dents impatientes. Le maître d’hôtel
'Le fils de Rabelais m’a été également pre-
i sente. Un autre style évidemment; mais une
finesse incomparable. C’est tout à la fois gail
lard et souple, corsé et délicat
— L’atansme.
a fait des grands gestes d’excuse et de
désolation. Il est en sueur, débordé, ané-
Ce n'est pas un « mouvement »,
c’est une ruée invraisemblable, une curée
immense, une invasion d'estomacs en fami
ne. .. Il en a installé jusque dans la cuisine,
dans les couloirs, sur des bancs empruntés
dans le voisinage... Mille regrets 1
Alors, les affamés s'en sont allés ailleurs,
copieusement lestés de charcuteries. Assis
au bord de la mer, ils déjeunent enfin, sans
façon, en bras de chemise. Une large gaîté
tient lieu de sauce aux plats rudimentaires.
Le beau temps fait le reste. Les estomacs se
calment.
De son ronronnement éclaboussé de pail-
lottes la mer berce les digestions.
& a
Deauville.
RueGontaut-Biron. Quatre heures après-
midi. Soleil.
Des élégances féminines passent dans
un froutroutement de soies claires, une
atmosphère de luxe et de parfums rares.
C’est un vivant tableau documentaire, un
tableau de la mode raffinée, très parisienne,
en l’an de frivolités 1913.
Etranges silhouettes. Des fourreaux em
prisonnent, des talons jouent aux échasses,
la beauté se fait grotesque.
Des jupes à martingale déforment la pu
reté des lignes, violent leur gracile harmo
nie, font songer aux déguisements ridicules
d’un carnaval hors de saison Folie des formes
et de la couleur, association hurlante d’un
goût fantaisiste jusqu’au burlesque et d’une
polychromie violente à faire crier des perro
quets.
Cependant, tout à l’heure, devant la vitrine
d’un antiquaire, les élégantes s’étaient arrê
tées. Et elles se moquaient vraiment.
Il y avait là une estampe où l’on avait repré
sente une dame de 1865 avec sa crinoline et
son petit chapeau. Un miroir était à côté dans
la vitrine. La mode de 1913 n’a pas eu la
curiosité de s’y contempler. Pourquoi?...
Ce fut dommage.
#
Vs #
Trouville.
Sous la surveillance d’une gouvernante
très empesée, les enfants ont été envoyés à
la plage pour y jouer « en petits garçons
bien élevés ». Et l’élevage des petits garçons
bien élevés s’accuse surtout par leur mise.
Ils sont en souliers vernis et bas blancs,
en costume anglais à plis observés. Ils sont
aussi gantes de peau et ils s’amusent. Ils
s’amusent à faire des trous dans un sable
qui s’écroule et recouvre parfois les trop
jolis souliers vernis.
Alors, un des petits garçons a retiré ses
gants. Il a saisi la pelle et, avec une ardeur
nouvelle, il creuse. La gouvernante a vu
cette épouvantable chose. Elle a bondi en
criant très fort :
— Oh i What à shame !... Master Harry,
qu’avez-vous fait? Si Madame savait... Com
ment ? Vous dites?... Vous ne voulez pas
remettre vos gants ?... Vous ne voulez pas
remettre vos gants ?... Dreadful !... Venez
ici bien vite. Asseyez-vous à mon côté. Res
tez immobile ou je fais prévenir votre précep
teur. .. »
Master Harry tente de se révolter, mais il a
senti que toute protestation demeurerait
vaine. Alors, il a remis ses gants, il s’est
assis, il pense.
Il rêve qu’il est un de ces gosses du pays
qui vont à l’autre bout de la plage, loin des
maillots de soie, barboter pieds nus, la che
mise au vent, la tignasse en désordre.
Et Master Harry — six ans passés — se de
mande déjà avec amertume si, par hasard, le
bonheur est bien de son monde.
* »
Villers.
— Encore guêtré de fauve à cette heure.
Que veut dire ? .
— De grâce, faites-moi l’amitié de ne m en
point parler. J’en suis confus. J’ai été déplo-
rablement retardé. Je viens de rendre visite
au fils de Saint-Simon.
— J’allais vous dire, Cela s'est enlevé à
merveille. Lecomte de la Simera s’est offert
le fils de Saint-Simon pour 31,000 et Deutsch
de h Meurthe a pris -l’enfant de Rabelais
pour 1,400 louis, 4, »
Que vos esprits ne s’égarent pas. Ces Mes
sieurs sortent de Cherl et causent poulains
yearling.
Nice Havrais.
Ce sont deux gentilshommes en culotte
courteairréprochablement sanglés. Le visage
glabre les ferait prendre pour des artistes du
Casino si les premiers mots de conversa-
tion ne révélaient leurs occupations coutu-
mieres.Ces gentilshommes sont des mécanos
de grande maison.
Ils font sur l’avenue une petite promenade
de santé, première vitesse, au ralenti.
— C'est comme je vous le dis, Monsieur
Adolphe, et je vous donne ma parole que je
leur flanquerai ma démission dans la façade.
— Une simple facétie.
— Du tout, du tout, une idée bien arrêtée.
Il est venu au garage. Il m’a dit comme cela:
« Emile, vous allez me démonter la magnéto
et m’expliquer tout cela en détail. Je veux
la connaître dans les coins... » Alors vous
comprenez...
— Je comprends.
— Le jour où il se sera collé la magnéto
dans les méninges, ce sera la fin de tout.
Quelle panne voulez-vous que j’invente ?
Sans l’histoire de la magnéto aurions-nous
pu nous trouver ensemble lundi à Cabourg
et faire la belle affaire sur « Ghiberti » grâce
à mon tuyau d'Ostende ?...
— B > urrez-lui le crâne, Monsieur Emile,
et embrayez le boniment en prise directe. Il
n’y verra que de la poussière.
s
Sur la route.
Les romanichels se sont arrêtés le long du
talus.
Le ciel est d’azur et de la campagne en
dormie sous le grand soleil de midi monte
un parfum d’herbe fauchée qui emporte
avec lui l’âme de la terre.
La roulotte somnole à l’ombre des arbres.
Rossinante, délivrée des brancards, s’offre
aux dépens de la communauté la joie d’un
festin champêtre.
De ses vieilles dents verdâtres, elle tond le
talus, engloutit herbe et fleurettes avec un
bruit sourd de meules en travail.
On dirait, tant elle avale avec gloutonne
rie, que ce jour de liberté et de joyeuse
lumière marque la fin d’un long jeûne. La
bête aspire à pleins naseaux la bonne odeur
de pâture fraîche. A chaque coup de dent
correspond le bruit de l’herbe bâchée des
cendue dans la panse. Gela fait « Boum 1
Roum ! »
Il semble que le ventre creux se ballonne,
que la maigreur des flancs disparaît, que se
comblent les navrantes rigoles dessinées par
les côtes, en même temps qu’une sensation
de bien- être s’empare du cheval de misère
et met une flamme inaccoutumée dans ses
yeux mornes.
Les gens de la roulotte s’en sont allés vers
la ville voisine, porteurs de paniers d’osier,
de petites tables rustiques fabriquées avec
des branchages et des lianes.
Sous la voiture, dans le rectangle d’ombre
douce qu’elle dessine sur le sol, des enfants
jouent.
Nez morveux et cheveux incultes. Un bout
de chemise sort d’un pantalon rapiécé, qui
a dû déjà habiller l’aîné. Les gosses ont ins
tallé une balançoire sous l’essieu ; un vieux
sac sert de siège. A tour de rôle, ils s’instal
lent surt tte primitive escarpolette et l’am-
plitu.de des oscillations fait gémir parfois les
bois disloqués de la carrosserie. Des rires
stridents escortent les chutes.
La campagne flamboie toujours sous le
clair soleil de midi.
Cependant, sur le seuil, au haut de l’esca
lier cagneux qui donne accès dans la maison
roulante, une silhouette curieuse est appa
rue, silhouette exotique et pittoresque qui
fait aussitôt vagabonder l’imagination.
C’est, dans tout le saisissant effet de sa
couleur,le type classique de la bohémienne.
La femme est vieille déjà. La poussière des
routes et le grand air des champs ont fait de
parchemin son visage brûlé. Mais I col est
demeuré de fou ardecs.
; Sous des sourcils très arqués, il lance des
reflets étranges de pierre précieuse. On croi.
| fait surprendre dans l’éclat et la mobilité de
ce regard l’attirant mystère des maléfices...
- Les cheveux noirs fortement huilés sa
/plaquent sur les tempes, casquent la tête,
; (pon sans découvrir des oreilles couleur de
I terre, auxquelles sont suspendues des an
neaux de cuivre. Je pense volontiers tarots
et sorcellerie.
Je me suis approché de la femme à la
roulotte, j’ai entamé la conversation sur un
sujet futile.
Elle baragouine une langue bizarre qui
doit être évidemment faite de tous les patois
qu’elle a glanés au fil des routes, depuis le
temps qu elle va ainsi, livrée au caprice du
grand hasard, par tous les ciels, par tous les
temps, sœur des chemineaux chapardeurs...
— Vous venez de loin ?...
— Oui, de loin, -de là-bas, plus loin en
core.. . Sais plus.
Elle dit cela d’une voix dolente, étendant
le bras vers la plaine, dans un grand geste
qui traduit l’infini.
D’abord soupçonneuse et méfiante, hostile
et revêche à l’échange des mots, la femme
s’est peu à peu apprivoisée. Elle a pris soin
de me conter que les gens de la maison ont
leurs papiers en règle et vivent à souhait du
/produit de leurs travaux. Elle parle mainte-
nant sans être harponnée par la question.
— D’où êtes-vous, ma bravo femme, de
Bohême, je présume.
— De Bohême ?
— J’entends que vous êtes née loin de
chez nous, en Bohême, en Autriche, peut-
être.
— Moué ?
Alors, très posément, accoudée à la balus
trade, avec un petit sourire qui rôde sur ses
lèvres, la vieille aux cheveux noirs, forte
ment huilés, me jette du haut de la rou
lotte :
— J’suis native de Valmont, près d‘F6-
camp,
ALBERT-HERRENSCHMIDT.
La foule élégante qui se presse sur la pla
ge d’Ostende vécut quelques minutes d’émo
tion auxquelles devait mettre terme un heu
reux dénouement.
Un baigneur qui s'était aventuré assez au
large, s'épuisa soudain en gestes désespérés.
On s’aperçut presque aussitôt qu’un fort cou
rant l’entraînait vers la haute mer et qu’il
était perdu s’il ne lui était promptement
porté secours. Aucune barque n’était à por
tée.
Deux baigneurs, M. Frédéric, secrétaire
des Archives du royaume de Belgique, et le
peintre Léon Frédéric s’efforcèrent d’arriver
jusqu’à l’homme en danger, mais entraînés
à leur tour par le courant, ils eurent les plus
grandes peines à le remonter et à regagner
la plage.
Un jeune homme d’une vingtaine d’années,
en les voyant revenir, se mit à l’eau, ne
prenant que le temps d’enlever son veston
et ses chaussures. D’une nage vigoureuse et
rapide, il arriva, contre vent et marée, jus
qu’à l’homme qu’il voulait sauver, et le ra
mena sur la plage, aux applaudissements de
la foule.
Lorsque fut connue la personnalité du sau
veteur et du rescapé, ce dernier n’était autre
que M. Richard, député belge.
C’est un jeune Français, originaire de
Lens, un étudiant en philosophie de l’Uni-
versité de Lille, M. Disteriguin, qui l’a si
courageusement arraché à la mer démon
tée.
ANGLETERRE
Déclarations de M. Keir Hardie
au sujet des Suffragettes
M. Keir Hardie, leader du parti travailliste
anglais à la Chambre des communes, qui
vient d’assister aux obsèques de Bebel dans
une entrevue qu’il a accordée au représen
tant d’un journal du soir de Genève, a fait
des déclarations au sujet des suffragettes. M.
Keir Hardie a fait remarquer qu’il y a deux
sortes de suffragettes, les concessionna listes
et les militantes. Celles-ci, qui suivent Mrs
Pankhurst, sont en minorité, mais leur acti
vité est incessante et telle qu’on prévoit
qu’après les élections générales qui auront
lieu dans deux ans les suffragettes auront la
victoire.
La nouvelle Chambre des Communes ad
hérera au suffrage féminin ; déjà dans la
Chambre actuelle les partisans des suffra
gettes sont en majorité et si la question n’est
pas discutée et votée sous la présente légis
lature, c’est simplement par égard pour le
premier ministre, M. Asquith, antiféministe
convaincu.
Mais M. Asquith ne conservera pas le pou
voir et sera remplacé par sir Edward Grey ;
il n’y aura dès lors aucune raison de ne pas
voter le suffrage féminin.
SUISSE
Un hommage à la légion étrangère
Le Journal de Genève apprécie dans les ter
mes suivants le rôle de la légion étrangers'
et la campagne menée contre cette institu-
tion française en Allemagne :
Pourquoi s’acharner à flétrir une institution
qui a un tel passé d’honneur,, et à laquelle on ns
pourrait reprocher que d’être glorieuse ?
Pourquoi vouloir enlever à d’innombrables dé
classés, désespérés, la réhabilitation, la confiance
en l’avenir, avec la raison de vivre ?
Pourquoi enfin vouloir méconnaître avec aveu
glement ce type de l’officier français qui sait com
mander, inspirer confiance et obtenir des sacrifi
ces comme l’histoire de la légion étrangère en
fournit tant d’exemples ?
Nous serions portés à croire que c’est pour em
pêcher la comparaison de se faire, dans l’esprit
des jeunes soldats alsaciens-lorrains au service
de l’Allemagne, entre l’officier prussien et 1 offi
cier français ; nous sommes même très près de
supposer que cette comparaison ne se supporte-
rail plus si l’on faisait justice des racontars de la
presse pangermaniste, après les condamnations
toutes récentes de quelques gradés allemands
pour sévices graves envers leurs inférieurs. “
n’est pas la légion étrangère qu’il faudrait suppri
mer, ce sont les mauvais traitements dans 1 ar
mée impériale, pour arrêter l’exode des jeunes
annexés.
ON TROUVE
LE PETIT HAVRE à Paris
i la HIRRIIIE ITEEMATIOHALE
108, rue Saint-Lazare, 108
(immeuble de l’HOTEL TERMINUS)
sy
a
Administrateur. Délégué
Adresser tout ce qui concerne l'Administration
a M. O. RANDOLET
i 35, Rue Fontenelle, 35
Adresse Télégraphique : RANDOLET Havro
Administration, Impressions st Annonces. TAL 10.47
(8 Pages) 5 Centrales
Me eesoernmossssssan anna=esere==
EDITION DU MATIN
5 Centimes
(E Pages)
mrpcstansarsasan
Dimanche 24 Aoit 1915
j ANNONCES
| AU HAVRE..... Bureau du Journal, 112, boni* de Strasbourg.
S L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
seule chargée de recevoir les Annonces pour
le Journal.
Le PE TIT H À VRE est désigné pour les Annonces judiciaires et légales
EEasssonsceaaaranzsakznsssaatazzssaprpanssaeselacaazmagsanaeNsEsEAaEScaRSL
Paris, trois heures matin
NEW-YORK, 23 AOUT
dotons : août, hausse 21 points ; octobre,
hausse 23 points ; décembre, hausse 22 points ;
mars, hausse 20 points.
Calés : hausse 2 à 9 points.
3 >1 - - .
NEW-YORK, 23 AOUT
C. H WR
Cuivre Standard disp.
— septembre....
Amalgamat. Cop...
fer
73 1/8
c. ructsuT
14 75
15 12
72 7 8
14 87
CHICAGO. 23 AOUT
Blé sur
C. DE JOUR C. PRECED
Septembre 86 7/8 87 1 8
Décembre. 80 3/8 90 5 8
Septembre 72 3/8 74 1,4
Décembre. 68 1,8 68 3/4
Septembre 11 20 11 22
Janvier... 10 81 10 87
Maïs sur.....
Saindoux sur.
US AFFAIRES D’ORIENT
Le sort d‘ Andrinople
CONSTANTINOPLE. — Talaat bey et le géné
ralissime Izzet Pacha sont partis hier soir
pour Andrinople.
Le bruit court qu’ils vont y rencontrer des
délégués bulgares.
Sofia.— On déclare ici inexactes les infor
mations de Constantinople annonçant des
pourparlers directs entre la Turquie et la
Bulgarie au sujet d’Andrinople.
Le gouvernement bulgare estime en effet
que la question d’Andrinople a été tranchée
par le traité de Londres.
Le traité de Bucarest
Bucarest.— Lundi prochain, aura lieu au
ministère des affaires étrangères de Bucarest
l’échange des ratifications du traité de paix.
LE VOYAGE DE M. DELCASSÉ
6AINT-PÉTERSBOURG. — M. Delcassé, ambas
sadeur de France, est parti pour Paris.
MORT D’UN SÉNATEUR
Montbéliard. — Le docteur Borne, séna
teur, president du Conseil général du Doubs,
vient do mourin après une longue maladie.
LES RETRAITES MILITAIRES
La retraite de la rive gauche s’est terminée
sans aucun incident.
A l’issue de la retraite de la rive droite, des
manifestants ont brisé quelques glaces, arra
ché les grillesde plusieurs arbres et dété
rioré des bancs rue Bolivar. Ils ont attaqué et
Contusionné un soldat de l’armée coloniale
et ont tiré quelques coups de revolver sur
des agents qui voulaient intervenir, mais
n’ont atteint personne.
Ils ont pris là faite à l’arrivée de la police.
LA MORT DU GÉNÉRAL DE NÉGRIER
TRONDHJEM. — C’est jeudi que le général de
Négrier est mort d’une attaque d’apoplexie an
cours d’un voyage qu’il effectuait du Spi
berg à Hammerfest, à ‘
effectuait du Spitz-
Harald.
à bord du vapeur Kong-
SAMPIGNY. — Dès qu’il a connu la mort du
général de Négrier, le président de la Répu
blique a donné l’ordre au secrétaire général
dé l’Elysée de le Jaire inscrire au domicile
du général.
GRÈVE DE CHAUFFEURS
Bordeaux. —- Le paquebot La-Bretagne qui
devait partir hier de Pauillac pour le Séné
gal, le Brésil et la Plata, a dû ajourner son
départ, les chauffeurs s’étant mis en grève.
UN IMPORTANT INCENDIE
AUBUSSON. — Hier soir, à six heures, les
pompiers sont partis pour Saint-Georges-la-
Pouge, bourg important, où tout un quartier
est en feu.
LE VOL DE TIMBRES
Accompagnes par deux inspecteurs de la
Sûreté, Mme Hadi Mirza est arrivée de
Bruxelles hier, à 5 h. 1/2, rapportant la va
lise qui contient la collection de timbres de
son mari.
Cette valise a été déposée dans le cabinet
du juge d’instruction, M. Pamard. Elle ne
sera rendue à son propriétaire qu’au mo
ment du règlement définitif des comptes.
LES AVEUX DE LA FEMME BAUDOT
Pontoise. — La nuit dernière, la femme
Baudot a avoué qu’elle avait aidé au trans
port du corps de son mari tué par Ricard.
Hier après-midi, à deux heures, M. Collin,
commissaire de la brigade mobile, s’est ren
du, accompagné de Ricard, à Serans, pour y
rechercher le cadavre de Baudot.
Le corps a été découvert dans un champ,
à deux cents mètres d’une distillerie, en
foui à une profondeur de quarante centimè
tres, dans un caniveau, ancien ruisseau, ac
tuellement à sec.
Le haut du corps était passé dans un sac.
Le docteur Herbinet, médecin légiste, qui
a fait l’autopsie, a constaté que la tête avait
été réduite en bouillie à coups de bâton.
Une foule nombreuse a poussé des cris de
mort ; les inspecteurs ont dû emmener l’as-
sassin en automobile pour le soustraire à
des représailles.
La femme Baudot, avec son enfant, a été
écrouée à trois heures à la prison de Pon-
toise.
Smnecsa@@tto-=---=-=-=
UNE AFFAIRE D’EMPOISONNEMENT
Arras. — A la suite de l’absorption d’an
pâté, une quinzaine de personnes de Given-
chy-en-Goelle ont été empoisonnées.
L’une d’elles, M. Victor Théré, a succombé;
une autre est en danger de mort.
GRÈVE DE PEINTRES EN BATIMENT
LONDRES. — Cinq mille peintres en bâti
ment appartenant à divers syndicats vien
nent de se mettre en grève.
Cinq mille peintres non syndiqués se sont
également mis en grève, par esprit de solida-
rité.
0 Petit
avre
ORGANE RÉP UBLICAIN DÉ MOCRATIQUE — aBOnNEMENTS ' —
| L? Navre JaSeinezInférieure, l’Euro,
Le plus fort Tirage des Journaux de la Région Autres Départements,
3 On s’abonne éa-ai
Rédacteur en Chef. Gérant
HIPPoLYTE FÉNOUX
duresser tout ce qui concerne la Rédaction
a M. HIPPOLYTE FÉNOUX
85, Rue Fontanelle, 35
TÉLÉPHONE : Rédaction, No 7,60
Trois Mois
4 5 O
Six MOrs
• Fr.
12 so
=0 Fr.
ss—sssraS!»
Un an I
18 Fr.
EMILE OLLIVIER
Emile Ollivier, qui vient de mourir à
l’âge de 88 ans, était mort politiquement
depuis 1870. La notion si cruelle de la
« mort civile » s’éclaire quand on pense
aux quarante dernières années de cette
existence : avoir été l’un des hommes les
plus brillants, les plus admirés de son épo
que, avoir connu, brièvement sans doute
mais effectivement, les joies d’un pouvoir
longtemps divisé, et puis se voir d’un jour
à l’autre précipité, non dans l’oubli, mais
dans une unanimité de réprobation,
n’est-ce pas chose terrible et l’un des plus
frappants exemples de la fragilité de la
gloire ?
Il semble cependant qu'Emile Ollivier
n’ait pas eu de sa destinée l’opinion que
s’en faisait le public. Toujours étonnam
ment sûr de lui, même après la catastro
phe, inconscient à vrai dire, il continuait,
dans la presse, dans la conversation, dans
les livres, à donner des consultations qu’on
ne lui demandait guère et à juger la Répu
blique avec une sévérité, vraiment incon-
venante de la part d’un pareil homme.
Connaissez-vous, dans Les Vingt et un
jours d’un Neurasthénique de Mirbeau, un
chapitre bien amusant consacré à Ollivier ?
Mirbeau le rencontre, soi-disant, dans un
train, et, comme il arrive souvent, c’est lui
qui se sent gêné ; il essaie d’adoucir l’a
mertume qu’il imagine chez son interlo
cuteur ; il voudrait presque l’excuser !
Mais celui-ci ne comprend rien à ce ma
nège qui le blesse ; il se jette pu contraire,
à haute voix, dans une série de digres
sions brillantes sur la dureté des temps,
sur l’insuffisance du gouvernement répu
blicain, sur les dangers qu’il fait courir à la
France en Europe, et il termine, ou à peu
près, par cette énormité : « Vous verrez
que ces gens-là nous feront perdre l’Alsace
et la Lorraine ». Cette charge, qui est dans
la manière habituelle de Mirbeau, fait un
magnifique portrait psychologique d’Emile
Ollivier, cet homme très doué, très instruit,
très éloquent, mais dangereusement per
sonnel, et qui a commis quelques-unes des
plus graves erreurs de jugement qui se
puissent commettre.
Parmi ces erreurs, qui, hélas, appartien
nent à l’histoire, deux sont immenses et
impardonnables.
du péril : « d’un cœur léger » ? Voilà ce
qu’après la défaite nous n'arrivons plus à
comprendre. Lebœuf et ses « boutons de guê
tres », Ollivier et son « cœur léger » nous
paraissent des monuments uniques d'impé-
ritie et d’imprévoyance. L’histoire cepen
dant nous apprend qu’à la fin des trop lon
gues prospérités, à la veille des catastro
phes, il y a presque toujours de ces terribles
aveuglements qui font comprendre l’adage :
Quos vult perdere Jupiter dementat.
Le peuple français veut des boucs émis
saires. Sa rancune s’était abattue lourde
ment sur Emile Ollivier, à tel point qu’on
serait tenté presque de le défendre, de plai
der des circonstances atténuantes. Plu
sieurs l’eussent fait sans doute et depuis
longtemps, si lui-même, par son attitude, y
eût prêté. Mais cet homme singulier ne
voulait pas comprendre qu’il avait pu com
mettre des fautes. Il aura fallu la mort pour
lui apprendre que le silence est l'attitude
la plus digne pour les vaincus, quels qu’ils
soient.
André Siegfried,
LBS AFFAIRES D’ORIBNT
Pour garder Andrinople
Constantinople, 23 août
On dit dans les milieux bien informés que
la Porte serait disposée, pour garder Andri-
nople, à faire à la Bulgarie les plus larges
concessions, y compris l’abandon de la
quote-part de la Dette, soit environ 200 mil
lions.
La Bulgarie demande la protection
des puissances pour des comitadjis
Sofia, 22 août.
Le gouvernement de Sofia vient de de
mander l’intervention des grandes puissan
ces en faveur de quelques notables bulgares
condamnés à mort par la Cour martiale de
Salonique, comme comitadjis ayant fait par
tie de la bande Tchernopeyef.
Dans sa note aux représentants étrangers,
M. Ghenadief fait observer qu’aucun Grec
n’a jusqu’ici été exécuté en Bulgarie, bien
que nombre de ceux qui se trouvent entre
les mains des autorités aient commis des
crimes contre l’État.
Le Remaniement ministériel greo
Alhénes, 23 août
En ce qui concerne les bruits qui ont cou-
ru sur des changements probables dans le
ministère, une seule chose est certaine, c’est
que M.Coromilas, désirant depuis longtemps
, prendre une légation, quittera les affaires
l étrangères. Comme successeurs éventuels,
La première, c’est son ralliement à l’Em- on désigne M.Romanos auquel le portefeuille
pire. Non que nous puissions partager en- 1 d64 élé offert, ou M Streit.. M. Venizelos a
core la sévérité, peut-être excessive, de ses
frères d’armes républicains quand ils le
virent graviter vers les Tuileries. Que cet
ambitieux nous soit sympathique, certaine
ment non ! Mais, s’il pensait pouvoir orien
ter l’Empire vers le libéralisme, faut-il lui
en vouloir? L’Empire libéral, s’il se fût
réalisé, eût certainement répondu au désir
de toute une fraction éclairée, de l’opinion.
La grande erreur était de croire qu’il fût
possible. L’essence de l’Empire, c’est d'être
un gouvernement d’autorité : c’est par là,
par là surtout, qu'il peut être grand. En
réalité (les bonapartistes l’avouent eux-
mêmes), la liberté n’a pas de place dans le
système. En laissant discuter son pouvoir,
l’empereur en sape lui-même la base ; il
viole cette règle si profonde de Napoléon 1 er
qu’« un gouvernement doit vivre de son
principe ». Avouons, en effet, qu’un Em
pire parlementaire nous paraît la plus pa
radoxale des solutions. République parle
mentaire, Royauté parlementaire, se con
çoivent. L’Empire parlementaire est, en
doctrine, un non-sens.
G’est cependant à ce replâtrage orléaniste
d’un régime consulaire qu’Emile Ollivier
s’attela. Nul ne songera à nier son talent,
sa subtilité d’imagination, sa souplesse, sa
patience même vis-à-vis d’une opposition
chaque jour grandissante et toujours sur le
qui-vive. Mais on a l’impression, en lisant
l’histoire de ce ministère si court et parfois
si brillant, qu’il y a des courants qui ne se
remontent pas.
Supposez qu’Emile Ollivier eût réussi,
nous devinons d’ici les louanges de l'Hlis-
toire. Supposez qu’il eût échoué simple
ment dans son œuvre politique, sans en
traîner la Patrie dans le gouffre, la généra
tion suivante l’eût tout bonnement oublié,
ou bien eût seulement conservé de lui le
souvenir d’un avocat éloquent, d’un dis
tingué debater parlementaire, d'un joueur
qui a perdu la partie.
C’est parce qu‘il"est au premier rang des
responsables de la guerre qu’une sorte de
malédiction s’est apesantie sur lui. Voilà
la seconde, l’énorme, l’impardonnable faute.
Sans doute il ne la voulait pas la guerre, et
à ce moment combien étaient-ils ceux qui
de sang-froid la voulaient ? Quelques jours
auparavant il ne se doutait pas, comme tant
d’autres,qu’elle fût si proche.Dans la premiè
re phase des négociations relatives au trône
d’Espagne, il avait obtenu sur l’Allemagne
une brillante victoire diplomatique. Qu’il
s’en tint là ; tout était fini. Nous avions,
selon la formule de Beaconsfield, «la paix
avec l’honneur ».
Comment consentit-il alors à se prêter à
une reprise de la querelle, sur des bases où
nous ne pouvions obtenir satisfaction que
par une humiliation insupportable pour la
Prusse ? Comment se laissa-t-il entraîner à
la remorque d’une camarilla belliqueuse ?
Comment surtout laissa-t-il échapper l’éton
nante expression qui peint son inconscience
décidé de garder le portefeuille de la guerre.
L/Ttalle etTAlbanb
Rome, 23 soût.
Parlant de l’entrevue du ministre des af
faires étrangères albanais avec le marquis de
San-Giuliano, à Vallombrosa, le Corriere
d'Italia dit que trois points principaux ont été
traités : la question du contrôle, la question
du souverain et la question des confins mé
ridionaux.
Sur ce dernier point, le marquis de San-
Giuliano a affirmé que la thèse albanaise pour
Argyrocastro sera défendue par les représea-
tants de l’Italie. L’Autriche a accueilli aussi
favorablement le désir des Albanais de pos
séder un prince européen.
Un Navire italien à Dedeagatch
Constantinople, 23 août.
Un navire de guerre italien est arrivé de
vant Dedeagath.
BULLETIN MILITAIRE
Les « Gardes communales »
Nous avons annoncé la prochaine organi
sation en « gardes communales » des
hommes valides que leur âge ne soumet
plus au service militaire. Voici quelques dé
tails sur l’organisation projetée :
Les volontaires devront être âgés de moins
de 55 ans. Ils auront à signer une déclara
tion aux termes de laquelle ils se mettent,
en cas de mobilisation, à la disposition do
l’autorité militaire ou civile, suivant le cas,
pour contribuer au maintien de l’ordre pu
blic. En aucun cas, ils ne seront appelés à
prendre part à des opérations de guerre.
Les détachements de gardes communales
seront organisés par communes. On pourra
former un détachement à partir du chiffre
de cinq volontaires. Les détachements se
ront soustraits à l’autorité municipale. Leur
chef sera nommé par le préfet sur la
proposition du commandant de gendar
merie de l’arrondissement. Les gardes
communales recevront comme insigne
distinctif un brassard vert olive, portant en
noir le nom de la commune et un numéro
d’ordre. Si les municipalités veulent en
faire les frais, elles auront aussi un képi
vert-olive et un uniforme de même couleur.
Autant que possible, chaque garde sera doté
d’un revolver fourni, soit par l’intéressé,
soit par la municipalité.
Chaque garde touchera une indemnité
journalière de 2 fr. 50 ; il aura à assurer sa
nourriture. Les préfets et sous-prefets ins
pecteront chaque année, en hiver et le di
manche, les détachements de un ou plu
sieurs cantons. Après ces inspections, les
préfets pourront proposer pour une distinc
tion honorifique les personnes qui, par leur
zèle et leur propagande, auront contribué
efficacement au développement progressif
de l œuvre patriotique que l’on poursuit.
Le nouveau commandant
du 20e Corps
Le général Foch a fait hier matin son en
trée officielle à Nancy, pour la prise de com
mandement du 20 e corps.
Les honneurs étaient rendus par un ba
taillon du 79°, avec musique et drapeau.
Toutes les sociétés régimentaires de la ville
s’étaient massées devant le palais du gouver-
nement, où réside le commandant du 20e
.corps..
10
_ , .6 » •,
SANS dans tous les Buréasa de Poste de •
ree
fnote Petit A&UT8
Cliché Petit Havre
Sur la prage:
BELGIQUE
Un Etudiant Français
sauve un Député Belge
Voua Pavez trouvé.,. ,
Exquis, mon cher, supérieur. Un œil dé
Les trains et les bateaux ont deversé leurs i _ ..... .. „.cua. ... ....
flots de touriste. | flamme et d'inteliigence, une allure. Delà
A travers la ville, la foule pittoresque et s race, quoi. A première vte, on est conquis,
Igraliagtr K'aet firiesmylv I IAr r'hmv nnn .wneele i g .. /Ye"s. —e". a . — •
grouillante s’est éparpillée dans une envolée
joyeuse de valises, de-sacs et de ballots que
le ciel pur rend plus joyeuse;.
Les salies à manger du restaurant se sont
profongées tout à cou p jusqu’au milieu de la
chauazée. On déjeune en plein air, en plein
vent, en plein soleil, dans le bruit de la rue
en fête, parmi les rafales de poussière, les
sonailleries des tramways, les beuglements
des autos. L’heure est bonne.
Cependant des affamés zout venus, enre-
tard ; les tables prises d'assaut ont aiguisé
leurs dents impatientes. Le maître d’hôtel
'Le fils de Rabelais m’a été également pre-
i sente. Un autre style évidemment; mais une
finesse incomparable. C’est tout à la fois gail
lard et souple, corsé et délicat
— L’atansme.
a fait des grands gestes d’excuse et de
désolation. Il est en sueur, débordé, ané-
Ce n'est pas un « mouvement »,
c’est une ruée invraisemblable, une curée
immense, une invasion d'estomacs en fami
ne. .. Il en a installé jusque dans la cuisine,
dans les couloirs, sur des bancs empruntés
dans le voisinage... Mille regrets 1
Alors, les affamés s'en sont allés ailleurs,
copieusement lestés de charcuteries. Assis
au bord de la mer, ils déjeunent enfin, sans
façon, en bras de chemise. Une large gaîté
tient lieu de sauce aux plats rudimentaires.
Le beau temps fait le reste. Les estomacs se
calment.
De son ronronnement éclaboussé de pail-
lottes la mer berce les digestions.
& a
Deauville.
RueGontaut-Biron. Quatre heures après-
midi. Soleil.
Des élégances féminines passent dans
un froutroutement de soies claires, une
atmosphère de luxe et de parfums rares.
C’est un vivant tableau documentaire, un
tableau de la mode raffinée, très parisienne,
en l’an de frivolités 1913.
Etranges silhouettes. Des fourreaux em
prisonnent, des talons jouent aux échasses,
la beauté se fait grotesque.
Des jupes à martingale déforment la pu
reté des lignes, violent leur gracile harmo
nie, font songer aux déguisements ridicules
d’un carnaval hors de saison Folie des formes
et de la couleur, association hurlante d’un
goût fantaisiste jusqu’au burlesque et d’une
polychromie violente à faire crier des perro
quets.
Cependant, tout à l’heure, devant la vitrine
d’un antiquaire, les élégantes s’étaient arrê
tées. Et elles se moquaient vraiment.
Il y avait là une estampe où l’on avait repré
sente une dame de 1865 avec sa crinoline et
son petit chapeau. Un miroir était à côté dans
la vitrine. La mode de 1913 n’a pas eu la
curiosité de s’y contempler. Pourquoi?...
Ce fut dommage.
#
Vs #
Trouville.
Sous la surveillance d’une gouvernante
très empesée, les enfants ont été envoyés à
la plage pour y jouer « en petits garçons
bien élevés ». Et l’élevage des petits garçons
bien élevés s’accuse surtout par leur mise.
Ils sont en souliers vernis et bas blancs,
en costume anglais à plis observés. Ils sont
aussi gantes de peau et ils s’amusent. Ils
s’amusent à faire des trous dans un sable
qui s’écroule et recouvre parfois les trop
jolis souliers vernis.
Alors, un des petits garçons a retiré ses
gants. Il a saisi la pelle et, avec une ardeur
nouvelle, il creuse. La gouvernante a vu
cette épouvantable chose. Elle a bondi en
criant très fort :
— Oh i What à shame !... Master Harry,
qu’avez-vous fait? Si Madame savait... Com
ment ? Vous dites?... Vous ne voulez pas
remettre vos gants ?... Vous ne voulez pas
remettre vos gants ?... Dreadful !... Venez
ici bien vite. Asseyez-vous à mon côté. Res
tez immobile ou je fais prévenir votre précep
teur. .. »
Master Harry tente de se révolter, mais il a
senti que toute protestation demeurerait
vaine. Alors, il a remis ses gants, il s’est
assis, il pense.
Il rêve qu’il est un de ces gosses du pays
qui vont à l’autre bout de la plage, loin des
maillots de soie, barboter pieds nus, la che
mise au vent, la tignasse en désordre.
Et Master Harry — six ans passés — se de
mande déjà avec amertume si, par hasard, le
bonheur est bien de son monde.
* »
Villers.
— Encore guêtré de fauve à cette heure.
Que veut dire ? .
— De grâce, faites-moi l’amitié de ne m en
point parler. J’en suis confus. J’ai été déplo-
rablement retardé. Je viens de rendre visite
au fils de Saint-Simon.
— J’allais vous dire, Cela s'est enlevé à
merveille. Lecomte de la Simera s’est offert
le fils de Saint-Simon pour 31,000 et Deutsch
de h Meurthe a pris -l’enfant de Rabelais
pour 1,400 louis, 4, »
Que vos esprits ne s’égarent pas. Ces Mes
sieurs sortent de Cherl et causent poulains
yearling.
Nice Havrais.
Ce sont deux gentilshommes en culotte
courteairréprochablement sanglés. Le visage
glabre les ferait prendre pour des artistes du
Casino si les premiers mots de conversa-
tion ne révélaient leurs occupations coutu-
mieres.Ces gentilshommes sont des mécanos
de grande maison.
Ils font sur l’avenue une petite promenade
de santé, première vitesse, au ralenti.
— C'est comme je vous le dis, Monsieur
Adolphe, et je vous donne ma parole que je
leur flanquerai ma démission dans la façade.
— Une simple facétie.
— Du tout, du tout, une idée bien arrêtée.
Il est venu au garage. Il m’a dit comme cela:
« Emile, vous allez me démonter la magnéto
et m’expliquer tout cela en détail. Je veux
la connaître dans les coins... » Alors vous
comprenez...
— Je comprends.
— Le jour où il se sera collé la magnéto
dans les méninges, ce sera la fin de tout.
Quelle panne voulez-vous que j’invente ?
Sans l’histoire de la magnéto aurions-nous
pu nous trouver ensemble lundi à Cabourg
et faire la belle affaire sur « Ghiberti » grâce
à mon tuyau d'Ostende ?...
— B > urrez-lui le crâne, Monsieur Emile,
et embrayez le boniment en prise directe. Il
n’y verra que de la poussière.
s
Sur la route.
Les romanichels se sont arrêtés le long du
talus.
Le ciel est d’azur et de la campagne en
dormie sous le grand soleil de midi monte
un parfum d’herbe fauchée qui emporte
avec lui l’âme de la terre.
La roulotte somnole à l’ombre des arbres.
Rossinante, délivrée des brancards, s’offre
aux dépens de la communauté la joie d’un
festin champêtre.
De ses vieilles dents verdâtres, elle tond le
talus, engloutit herbe et fleurettes avec un
bruit sourd de meules en travail.
On dirait, tant elle avale avec gloutonne
rie, que ce jour de liberté et de joyeuse
lumière marque la fin d’un long jeûne. La
bête aspire à pleins naseaux la bonne odeur
de pâture fraîche. A chaque coup de dent
correspond le bruit de l’herbe bâchée des
cendue dans la panse. Gela fait « Boum 1
Roum ! »
Il semble que le ventre creux se ballonne,
que la maigreur des flancs disparaît, que se
comblent les navrantes rigoles dessinées par
les côtes, en même temps qu’une sensation
de bien- être s’empare du cheval de misère
et met une flamme inaccoutumée dans ses
yeux mornes.
Les gens de la roulotte s’en sont allés vers
la ville voisine, porteurs de paniers d’osier,
de petites tables rustiques fabriquées avec
des branchages et des lianes.
Sous la voiture, dans le rectangle d’ombre
douce qu’elle dessine sur le sol, des enfants
jouent.
Nez morveux et cheveux incultes. Un bout
de chemise sort d’un pantalon rapiécé, qui
a dû déjà habiller l’aîné. Les gosses ont ins
tallé une balançoire sous l’essieu ; un vieux
sac sert de siège. A tour de rôle, ils s’instal
lent surt tte primitive escarpolette et l’am-
plitu.de des oscillations fait gémir parfois les
bois disloqués de la carrosserie. Des rires
stridents escortent les chutes.
La campagne flamboie toujours sous le
clair soleil de midi.
Cependant, sur le seuil, au haut de l’esca
lier cagneux qui donne accès dans la maison
roulante, une silhouette curieuse est appa
rue, silhouette exotique et pittoresque qui
fait aussitôt vagabonder l’imagination.
C’est, dans tout le saisissant effet de sa
couleur,le type classique de la bohémienne.
La femme est vieille déjà. La poussière des
routes et le grand air des champs ont fait de
parchemin son visage brûlé. Mais I col est
demeuré de fou ardecs.
; Sous des sourcils très arqués, il lance des
reflets étranges de pierre précieuse. On croi.
| fait surprendre dans l’éclat et la mobilité de
ce regard l’attirant mystère des maléfices...
- Les cheveux noirs fortement huilés sa
/plaquent sur les tempes, casquent la tête,
; (pon sans découvrir des oreilles couleur de
I terre, auxquelles sont suspendues des an
neaux de cuivre. Je pense volontiers tarots
et sorcellerie.
Je me suis approché de la femme à la
roulotte, j’ai entamé la conversation sur un
sujet futile.
Elle baragouine une langue bizarre qui
doit être évidemment faite de tous les patois
qu’elle a glanés au fil des routes, depuis le
temps qu elle va ainsi, livrée au caprice du
grand hasard, par tous les ciels, par tous les
temps, sœur des chemineaux chapardeurs...
— Vous venez de loin ?...
— Oui, de loin, -de là-bas, plus loin en
core.. . Sais plus.
Elle dit cela d’une voix dolente, étendant
le bras vers la plaine, dans un grand geste
qui traduit l’infini.
D’abord soupçonneuse et méfiante, hostile
et revêche à l’échange des mots, la femme
s’est peu à peu apprivoisée. Elle a pris soin
de me conter que les gens de la maison ont
leurs papiers en règle et vivent à souhait du
/produit de leurs travaux. Elle parle mainte-
nant sans être harponnée par la question.
— D’où êtes-vous, ma bravo femme, de
Bohême, je présume.
— De Bohême ?
— J’entends que vous êtes née loin de
chez nous, en Bohême, en Autriche, peut-
être.
— Moué ?
Alors, très posément, accoudée à la balus
trade, avec un petit sourire qui rôde sur ses
lèvres, la vieille aux cheveux noirs, forte
ment huilés, me jette du haut de la rou
lotte :
— J’suis native de Valmont, près d‘F6-
camp,
ALBERT-HERRENSCHMIDT.
La foule élégante qui se presse sur la pla
ge d’Ostende vécut quelques minutes d’émo
tion auxquelles devait mettre terme un heu
reux dénouement.
Un baigneur qui s'était aventuré assez au
large, s'épuisa soudain en gestes désespérés.
On s’aperçut presque aussitôt qu’un fort cou
rant l’entraînait vers la haute mer et qu’il
était perdu s’il ne lui était promptement
porté secours. Aucune barque n’était à por
tée.
Deux baigneurs, M. Frédéric, secrétaire
des Archives du royaume de Belgique, et le
peintre Léon Frédéric s’efforcèrent d’arriver
jusqu’à l’homme en danger, mais entraînés
à leur tour par le courant, ils eurent les plus
grandes peines à le remonter et à regagner
la plage.
Un jeune homme d’une vingtaine d’années,
en les voyant revenir, se mit à l’eau, ne
prenant que le temps d’enlever son veston
et ses chaussures. D’une nage vigoureuse et
rapide, il arriva, contre vent et marée, jus
qu’à l’homme qu’il voulait sauver, et le ra
mena sur la plage, aux applaudissements de
la foule.
Lorsque fut connue la personnalité du sau
veteur et du rescapé, ce dernier n’était autre
que M. Richard, député belge.
C’est un jeune Français, originaire de
Lens, un étudiant en philosophie de l’Uni-
versité de Lille, M. Disteriguin, qui l’a si
courageusement arraché à la mer démon
tée.
ANGLETERRE
Déclarations de M. Keir Hardie
au sujet des Suffragettes
M. Keir Hardie, leader du parti travailliste
anglais à la Chambre des communes, qui
vient d’assister aux obsèques de Bebel dans
une entrevue qu’il a accordée au représen
tant d’un journal du soir de Genève, a fait
des déclarations au sujet des suffragettes. M.
Keir Hardie a fait remarquer qu’il y a deux
sortes de suffragettes, les concessionna listes
et les militantes. Celles-ci, qui suivent Mrs
Pankhurst, sont en minorité, mais leur acti
vité est incessante et telle qu’on prévoit
qu’après les élections générales qui auront
lieu dans deux ans les suffragettes auront la
victoire.
La nouvelle Chambre des Communes ad
hérera au suffrage féminin ; déjà dans la
Chambre actuelle les partisans des suffra
gettes sont en majorité et si la question n’est
pas discutée et votée sous la présente légis
lature, c’est simplement par égard pour le
premier ministre, M. Asquith, antiféministe
convaincu.
Mais M. Asquith ne conservera pas le pou
voir et sera remplacé par sir Edward Grey ;
il n’y aura dès lors aucune raison de ne pas
voter le suffrage féminin.
SUISSE
Un hommage à la légion étrangère
Le Journal de Genève apprécie dans les ter
mes suivants le rôle de la légion étrangers'
et la campagne menée contre cette institu-
tion française en Allemagne :
Pourquoi s’acharner à flétrir une institution
qui a un tel passé d’honneur,, et à laquelle on ns
pourrait reprocher que d’être glorieuse ?
Pourquoi vouloir enlever à d’innombrables dé
classés, désespérés, la réhabilitation, la confiance
en l’avenir, avec la raison de vivre ?
Pourquoi enfin vouloir méconnaître avec aveu
glement ce type de l’officier français qui sait com
mander, inspirer confiance et obtenir des sacrifi
ces comme l’histoire de la légion étrangère en
fournit tant d’exemples ?
Nous serions portés à croire que c’est pour em
pêcher la comparaison de se faire, dans l’esprit
des jeunes soldats alsaciens-lorrains au service
de l’Allemagne, entre l’officier prussien et 1 offi
cier français ; nous sommes même très près de
supposer que cette comparaison ne se supporte-
rail plus si l’on faisait justice des racontars de la
presse pangermaniste, après les condamnations
toutes récentes de quelques gradés allemands
pour sévices graves envers leurs inférieurs. “
n’est pas la légion étrangère qu’il faudrait suppri
mer, ce sont les mauvais traitements dans 1 ar
mée impériale, pour arrêter l’exode des jeunes
annexés.
ON TROUVE
LE PETIT HAVRE à Paris
i la HIRRIIIE ITEEMATIOHALE
108, rue Saint-Lazare, 108
(immeuble de l’HOTEL TERMINUS)
sy
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