Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1913-07-06
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 06 juillet 1913 06 juillet 1913
Description : 1913/07/06 (A33,N11680). 1913/07/06 (A33,N11680).
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/04/2023
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t le Journal.
La PETIT HAVRE est désigné pour las Annonces judiciaires et légales
Le Havre, là Seine-Inférieure, l’Eure ) i
l'Oise et la Somme — *•
Autres Départements............. j 6 pr
) Petit Ha
ORGANE RÉPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
O. RANDOLET
Administration, Impressions et Annonces, TÉL 10.47
Bffliii Bien LE discours de m. BARTHOU
Paris, trois heures matin
LES AFFAIRES D'ORIENT
L‘ Autriche et la Roumanie
On croit savoir que l’Autriche a proposé
tes bons offices à la Roumanie et à la Bulga
rie pour neutraliser l'action roumaine éven
tuelle au moyeu d’une cession territoriale
que la Bulgarie ferait à sa voisine dans la
région du quadrilatère.
L’Autriche propose que la Bulgarie cède
les territoires situés au nord d’une ligne al
lant de Turtukaï ou Tatrakan à Baltchik sur
la mer Noire.
Ces territoires comprendraient la ville im
portante de Dobrik.
Aucune réponse n’a encore été adressée à
l'Autriche sur ce point soit par la Roumanie,
soit par la Bulgarie. Il est bon de rappeler
que le territoire ainsi envisagé est inférieur
à celui qu’avait demandé la Roumanie et qui
comprenait Roustchouk, Schumla et Varna.
L’Attitude de la Turquie
- font en étant décidé à garder la plus com
plète réserve dans le conflit entre alliés, le
gouvernement turc n’entend pas entraver
sa liberté d’action en cas d’une déclaration
de guerre officielle. Il a donné des instruc
tions à ce sujet à ses représentants pour avi-
ser dans ce sens les cabinets européens.
En même temps, la Porte communique
aux puissances le projet de réformes pour
l’Anatolie, dont la loi provisoire relative
aux attributions des inspecteurs généraux
pour le statut des six zones formant la Tur
quie d’Asie a paru à l’Officiel. Le règlement
de ces mêmes attributions devant paraître
incessamment comprend 23 articles dont
un stipule que la gendarmerie sera réorga
nisée par des officiers français et anglais.
Un autre stipule la nomination d’un inspec
teur général et de spécialistes étrangers pour
la zone formant le vilayet de l’Anatolie
orientale.
Le gouvernement poursuit énergiquement
ses réformes, et il proteste contre la nomi
nation d’une commission d’ambassadeurs
avec la mission de préparer un projet de
réformes.
CONSTANTINOPLE. — Au sujet de l'attitude
du gouvernement ottoman en présence des
événements des Balkans, on déclare, d’après
les informations recueillies dans les milieux
compétents, que le gouvernement impérial
désire observer la neutralité.
À propos de la dernière Démarche Russe
Saint-Pétersbourg. — Une démarche avait
été faite le 3 par M. Sazonow simultanément
à Sofia, Belgrade et Athènes; le Cabinet
russe demandait la cessation immédiate des
hostilités, l’expression de regrets explicites
pour les événements survenus et le départ
immédiat des plénipotentiaires balkaniques
pour Saint-Pétersbourg.
On communique aujourd’hui les réponses
des trois gouvernements,Aux considérations
politiques russes ils opposent des considéra-
tions stratégiques et s’accusent réciproque
ment d'avoir créé la situation actuelle.
Combats entre Serbes et Bulgares
Sofia. — Hier, à quatre heures de l’après-
midi, la division serbe de Timok, cernée
près de Krivolak, a été définitivement défaite
après une résistance acharnée.
La principale armée serbe, concentrée sur
les hauteurs de Sveti-Nicolas, a assisté im-
poissante à la défaite de la division de Ti-
mok.
Sofia. — Les pertes des Serbes dans la dé
faite de la division de Timok sont énormes.
On n’en connaît pas encore exactement le
détail, mais les renseignements parvenus
jusqu’à présent signalent que 35 officiers et
4,000 soldats serbes ont été faits prisonniers
et que les Bulgares ont pris 27 pièces à tir
rapide, 6 mitrailleuses et le train des équipa
ges complet de deux régiments.
Sofia. — La colonne serbe qui a pénétré
sur le territoire bulgare, dans la direction de
Kustendil, a été rejetée au Nord d’Egri-Pa-
lanka à Krivolak, au Sud d’Istip.
La 4e armée a repoussé l’armée serbe, cou
pant ainsi les communications entre les ar
mées alliées des Grecs et des Serbes.
M. Barthou, président du Conseil, a pro
noncé vendredi, en réponse à M. Jaurès, un
éloquent et vigoureux discours dont la
Chambre a ordonné immédiatement l'affi-
chage, par 347 voix contre 167.
Pendant cette séance si remplie d'inci-
dents, si mouvementée et que les socialistes
unifiés auraient voulu faire dégénérer en
tumulte, c’est en vain que les attaques les
plus passionnées ont été dirigées contre le
gouvernement. A toutes les insinuations
ont été opposés autant de démentis.Et lors
que M. Jaurès, dont la fougueuse éloquence
ne parvenait pas a dissimuler la faiblesse
d’argumentation,à prétendu démasquer une
politique de réaction dont il accuse le mi
nistère— et qui se cacherait,dit-il,sous l'ef-
fort militaire actuel et derrière les mesures
prises contre lés saboteurs de la défense
nationale et les révolutionnaires de la
G. G. T. — M. Barthou a répondu avec une
netteté parfaite et par des faits précis qu’il
a opposés aux légendes inventées à plaisir
et répétées par les orateurs d’extrême gau
che. Puis, s’étant élevé avec la dernière
énergie contre la criminelle campagne en
treprise dans les casernes par les antimili-
ristes, il a non seulement justifié les me
sures qu’il a décidées récemment, mais
encore il a proclamé sa résolution ferme
d’aller jusqu’au bout pour détruire l’œuvre
néfaste des sans patrie.
M. Jaurès, dans sa violente philippique,
avait mis en cause le gouvernement, à l’oc
casion du maintien de la classe, prétendant
que c’était un acte illégal. Il avait égale
ment incriminé le ministère au sujet de
l’incorporation éventuelle des jeunes gens
âgés de vingt ans. La riposte de M. Barthou
fut des plus catégoriques. M. Jaurès, qui
fait partie de la Commission de l’armée,
doit savoir ce qui s’y passe. Pourquoi affir
me- t-il, dès maintenant, que si l'incorpora-
tion des conscrits de vingt ans était décidée,
elle aurait pour conséquence la libération
de la classe ?
M. Barthou n’a pas voulu laisser s’établir
cette légende. Le maintien de la classe est
un acte légal. Et d’autre part, jamais le
gouvernement n’a dit au Parlement que ce
maintien,qu’il décidait en vertu de son droit
propre, aurait nécessairement la durée
l’une année de service. « Mais, a ajouté M.
Barthou, le maintien de la classe nous a été
imposé par des nécessités extérieures dont
le moins que je puisse dire à l’heure actuel-
e, c’est qu’elles n’ont pas disparu. Le gou
vernement ne pourrait libérer la classe que
s’il a, non seulement en nombre, mais
encore en qualité, des forces qui lui per
mettent de faire face à la situation interna
tionale. »
Ainsi, en rappelant ses propres déclara
tions que son adversaire avait sans doute
oubliées, M. Barthou a prouvé que le gou
vernement n’avait commis aucune des deux
fautes qui lui étaient reprochées.
Et comme M. Jaurès n’avait pas craint,
par un paradoxe d'imagination véritable-
ment étrange, de rendre le gouvernement
responsable des mutineries qui se sont pro
duites dans plusieurs casernes, M. Barthou
répondit au leader socialiste avec une ar
dente et courageuse éloquence, dénonçant
es coupables manœuvres de la G. G. T.,
condamnant ceux qui les tolèrent par cal
cul ou par faiblesse, et affirmant la volonté
d’un chef de gouvernement qui a le senti
ment de sa responsabilité.
LES INCIDENTS DE MARSEILLE
Marseille.— Le Conseil départemental de
l’enseignement a repoussé la peine de la
censure demandée par l’administration con
tre trois instituteurs des Bouches-du-Rhône
pour avoir agi en diverses circonstances au
nom de leur syndicat.
L'AFFAIRE DELACOUR-CERIZIER
Berne Le jugement de l’affaire Delacour-
Cerizier a été rendu hier soir.
Mme Cerizier est acquittée et elle reçoit
dux cents francs à titre d’indemnité.
Delacour est condamné à la réclusion per
pétuelle.
UNE GRÈVE SUD-AFRICAINE_
Johannesburg. — La populace réunie de-
vant le Club du Rand a refusé de se disper
ser.
La troupe a fait usage de ses armes et un
zertain nombre de manifestants sont tombés.
La route servant d’accès à Prétoria est
gardée par la police et la troupe.
Le Cap. — De nouveaux détachements de
police et de troupe partent de divers centres
pour le Rand.
Johannesburg, 5 juillet, 6 h. 65 du soir. —
Les soldats ont fait feu deux heures durant
à travers les principales artères.
Les services dedambulance sont très OC-
zupés. . . ...
Une soixantaine de personnes ont été
tuées ou blessées dans un très court es
pace de temps et dans un rayon de combat
très restreint.
Johannesburg. — La grève est terminée à
la suite de négociations avec les chefs du
mouvement. On croit que dans les rencon
tres d’hier, il y a ou une centaine de morts
at de blessés. “
* *
Mais il importe de citer ici, textuelle
ment, cette partie du discours de M. Bar
thou, dont l’implacable logique n’a rien
laissé subsister des sophismes de M. Jau
rès :
...Les griefs de M. Jaurès se résument dans
une phrase. Il l’a répétée à plusieurs reprises,
mais, du moins, sa pensée y a-t-elle gagné en
netteté, en force et en autorité ?
M. Jaurès a dit qu’en ordonnant, à la suite de
certaines mutineries, une instruction destinée à
rechercher le lien existant entre ces actes de, ré
volte et certaines provocations, le gouvernement
avait voulu porter un défi à la classe ouvrière et
à toutes ses organisations.
En vérité, peut-il appartenir même à l’honora-
ble M. Jaurès de dire devant la Chambre qu’une
instruction ouverte contre des associations qui
prêchent publiquement le sabotage de la mobilisa
tion, l’insurrection et la guerre civile, est un défi
à la classe ouvrière ?
Je pense, au contraire, qu’une telle affirmation,
avec la confusion qu’elle implique, serait le plus
violent outrage qui pût être fait à tous ces ou
vriers qui peinent, qui travaillent, qui poursui
vent laborieusement leur vie : loin d’ecouter les
conseils perfides et criminels qu’on leur donne,
leur premier mouvement serait d’ailer a la fron
tière pour y défendre la patrie.
Et, comme il fallait que M. Jaurès essayât de
mettre en lumière la vanité des poursuites ordon
nées par le Gouvernement, il a déclaré a plu
sieurs reprises que c’était une façon injuste d’in
criminer des associations syndicales et des corpo
rations ouvrières, que de piquer ici et là — ce
sont ses expressions — une feuille, un journal,
une circulaire, une affiche Mais, messieurs, le
dossier que je pourrais apporter à la tribune se
rait malheureusement un dossier volumineux.
Certes, il n’y a aucun rapport entre cette pro
pagande, si nombreux que soient ses partisans et
ses adeptes, et l’ensemble des populations labo
rieuses de notre pays. Mais, tout de même, est-il
possible de dire qu’il y ait la un mouvement isolé,
factice et superficiel ? Je dois la vérité à la Cham
bre, je dois la vérité au pays et je ne dirai rien
de semblable.
Certes, la liberté syndicale doit être respectée,
et j’imagine qu’il n’est personne dans cette Cham
bre qui ait apporté à l’amélioration, au dévelop
pement de la loi de 188% un concours plus actif
que celui que je me suis efforcé de lui prêter.
Puisque nous en sommes à évoquer des souve
nirs, je me plais à rappeler l’hommage que, mal
gré des discussions sur certains points particu
liers, M. Jaurès a rendu autrefois à la sincérité de
mon rapport et à l’effort que j’ai fait, au nom de
la Commission du travail, pour améliorer la loi
de 188.
Mais quel rapport il y a-t-il entre les revendica
tions légitimes des syndicats, entre les revendica
tions qui concernent ou le salaire ou les heures
de travail, et cette propagande incessante et abo
minable qui se fait, dans certains syndicats, où
s’organisent ce que j’appelais tout à lheure le Sa-
butage de la mobilisation, l’insurrection et la
guerre civile ? f Vifs applaudissements tw un
grand nombre de bancs). ’
Si les Bourses de travail ont leur utilité incon-
testable, que J’ai reconnue, et que tout le monde
reconnaîtra ici, est-ce qu’elles n’ont pas singuliè
rement dévié de leur objet en s’occupant non plus
de questions ouvrières eide main-d’œuvre, mais en
devenant pour un trop grand nombre, de vérita
bles foyers d’insurrection et de guerre civile ?
(Nouveaux applaudissements)
Et, puisqu’il faut tout dire et puisqu’il faut que
ce débat se précise, je dirai -à M. Jaurès qu’il y a
dans ce pays une association, une organisation,
sur laquelle je me suis expliqué à la tribune du
Sénat et sur laquelle, avec la même liberté et
avec la même netteté, je m’expliquerai devant la
Chambre.
La Confédération Générale du Travail est-elle
légale? J’estime, Messieurs — je n’ai pas à reve
nir sur les affirmations que j’ai apportées ail
leurs — que, si elle est légale dans sa constitu
tion, en vertu de la loi de 1884, elle est illégale
dans son objet et dans son développement. (Très
bien ! t es bien! au centre et sur divers bancs à
gauche].
Mais la question se pose — elle a été agitée ici
— de savoir quelles sont les sanctions auxquelles
on peut recourir pour ramener la Confédération
Générale du Travail a son véritable objet, pour la
poursuivre et, le cas échéant, pour la dissoudre.
M. CLAUSSAT : Vous n’êles pas assez grand.
ri le PRÉSIDENT du CONSEIL : Ah ! s’il ne
faut que du courage et de la volonté, je vous as
sure que j’irai jusqu’au bout delà tâche que je
me suis imposée. (Applaudissements vifs et répé
tés au centre, à droite et sur un grand nombre de
bancs à gauche).
Vous dites que je ne suis pas assez grand ! Il
ne vous appartient pas de me mesurer. (Applau
dissements sur les mêmes bancs).
Mais laissez-moi vous dire que, dans tous les
cas, j’ai une intention et une volonté, parce que
j’ai un devoir à remplir.
M. LUCIEN VOILIN : Réactionnaire.
m. le PRÉSIDENT DU CONSEIL : Oui, si la
réaction se confond, pour vous, avec la défense
de l’ordre public et de la loi, je vous concède que
je suis réactionnaire. (Vifs applaudissements sur
les mêmes bancs.)
Donc, quelque appréciation que vous puissiez
porter ici sur la valeur de mon action et sur l’effi
cacité de mes moyens, du moins, vous qui m’in-
terrompez, vous me rendrez cette justice que
j’aborde nettement le débat et que je ne m’y dé
robe pas, parce que j’ai la volonté et le devoir de
ne me soustraire à aucune de mes responsabili
tés. (Nouveaux applaudissements.)
G’est pour cela que j’abordais le problème en
disant que la loi de 1901 est une loi relative à la
liberté générale d’association.
Elle contient des sanctions sévères qui permet
tent la poursuite et la dissolution des associations
constituées en vertu de cette loi. Mais un de ses
articles dit que les Sociétés de secours mutuels
restent soumises au régime de la loi de <898 et
que les syndicats professionnels restent soumis
au régime de la loi de 1884.
Si on se reporte à la loi de 1881, on constate
que les sanctions et le droit de dissolution, qui
résultent de la combinaison de plusieurs articles,
et, en particulier, de l’article 9, s’appliquent d’une
manière incontestable aux Syndicats, mais il sem
ble que les Unions échappent à l’action de la loi.
C’est pour cette raison qu’en 1983 j’ai déposé, au
nom de la Commission du travail, un rapport
dont une des parties avait pour objet d’assimiler
les Unions aux Syndicats, de façon à pouvoir exer
cer contre elles des sanctions sévères, les pour
suivre et, le cas échéant, les d ssoudre.
La Chambre n’a pas discuté ce rapport.
L’honorable M. Cuéron, ministre du travail, en a
repris certaines dispositions. La Chambre sera
ainsi amenée à dire si elle veut compléter la loi
de 1884 par des modifications qui m’apparaissent
comme indispinsables. (Très bien t très bien t)
Messieurs, je ne me déroberai, pas plus que sur
les autres points, à une question qui a été posée
dans ce débat.
M. Paul-Meunier, dans son interpellation, qu’il a
développée avec force, s’est élevé contre une
certaine application de la loi de 1894. Mais il ne
saurait être dans les intentions du gouvernement
d’y recourir, dans les termes où M. Paul-Meunier
l’a indiqué.
Quand un gouvernement dispose d’une loi en
vertu de laquelle on peut poursuivre et réprimer
la provocation à la désobéissance des militaires ;
quand il constate que l’on s’est livré, dans les ca
sernes, à une campagne abominable et que l’on a
essayé d’empoisonner l’âme du soldat français, ce
gouvernement serait indigne de sa fonctio. s’il
n’appliquait pas la loi que le Parlement a mise a
sa disposition. (Vifs applaudissements au centre, à
droite et sur divers bancs à gauche).
C’est en vertu de la loi de 1894 que ces
poursuites ont été ordonnées. J’en accepte toute
la responsabilité. (Applaudissements sur les mê
mes bancs).
Et que M. Jaurès ne dise pas que l’on se trou
vait ici en présence de quelques incidents parti
culiers, de quelques faits isolés.
Comment, messieurs ? Est-ce que, depuis
longtemps, il n’y a pas chaque année un congrès
de la Confédération générale du travail ? Est-ce
qu'il y a un seul de ces congrès qui ne se soit
pas occupé des relations de la Confédération gé
nérale du travail avec les soldats ?
Est-ce qu’il y a un seul de ces congrès qui n’ait
pas encouragé cette œuvre du Sou du soldat dont
les auteurs eux-mêmes reconnaissent à l’heure
actuelle qu’elle n’est pas une œuvre de mutualité
et de solidarité, mais qu’elle est, dans les régi
ments, dans les casernes, une organisation de pro
pagande antimilitariste ?
Et y a-t-il un seul des congrès de la Confédéra
tion générale du travail dans lequel,avec une net
teté qu’il faudrait savoir imiter, si l’on partage les
idées de la Confédération générale du travail.
(Applaudissements au centre, à droite, et sur un
grand nombre de bancs à gauche) on ne proclame
très haut que le premier . cte que le prolétariat or
ganisé puisse opposer à la guerre, c'est l’insur
rection ?
Ici, M. Jaurès se jouait avec habileté de la ques
tion que je lui posais a l’une des dernières séan
ces. Il disait que la formule était commode. Qu’il
me permette de lui dire, après l’avoir entendu,
que la formule était certainement plus commode
que la réponse n’était facile. M. Jaurès ne s’est
pas plus prononcé aujourd’hui qu’il ne l’a fait à
l’une des dernières séances. Il n’a pas dit s’il ré
pudiait ou s’il accepait la propagande de la Confé
dération générale du travail qui, elle, ne cesse
d’affirmer la nécessité en cas de guerre d’organi
ser la grève générale, l’insurrection et la guerre
civile. (Vifsapplaudissements sur un grand nombre
du bancs).
L’honorable M. Jaurès, auquel les souvenirs
historiques ne font jamais défaut, m’opposait tout
à l’heure et la journée du 10 août e la journée
du 4 septembre. Comment, Monsieur Jaurès ! De
vant cette propagande révolutionnaire et avilis
sante qui tend, d’année en année, par une œuvre
quotidienne, à organiser l’insurrection à prépa
rer le sabotage de la mobilisation, à rendre im
possible la défense du pays, vous faites à la Ré
volution française et à Gambetta l’injure imméri
tée de les assimiler à cette œuvre et à ces hom
mes ! (Vifs applaudissements sur un grand nom
bre de bancs.)
Est-ce à vous, qui connaissez si bien l’histoire
de la Révolution française et l’histoire contempo
raine, est-ce à vous, dont la mémoire prodigieuse
nous enthousiasme chaque fois que vous venez à
cette tribune, que j’ai besoin d’apprendre ou de
rappeler que, si la journée du 10 août fut une ré
volution intérieure, elle eut pour objet et pour
résultat de jeter à la frontière les soldats héroï
ques qui allaient défendre leur pays, sauver l’hon
neur de la France et la liberté ? (Vifs applaudisse
ments au centre, à droite et sur divers bancs a
gauche.)
Ai-je besoin de vous apprendre que la révolu
tion du 4 septembre donna naissance à un gou
vernement qui eut devant l’Histoire l'honneur de
s’appeler le Gouvernement de la Défense natio
nale ?
Et vous faites à Gambetta et à ses amis, vous
faites aux hommes de la défense nationale cette
injure inattendue et invraisemblable de les com
parer à ceux qui pré parent la désorganisation na
tionale ! (Applaudissements vifs et répétés sur un
grand nombre de bancs.)
Monsieur Jaurès, vous avez bien posé la ques
tion ; et j’accepte, pour ma part, d’y répondre
dans les termes où vous l’avez posée devant la
Chambre.
Les premiers, ces patriotes qui allèrent à la
frontière et qui assurèrent la défense de leur pays,
furent des héros devant lesquels s’incline mon ad
miration. Les autres, ce sont des malfaiteurs, des
criminels, auxquels il faut appliquer la rigueur
des lois, de toutes les lois. (Double salve d’applau
dissements pro'ongés au centre, à droite et sur un
grand nombre de bancs à gau lie. — L’orateur, de
retour au banc du Gouvernement, reçoit les félici
tations d’un grand nombre de ses collègues )
L’impression produite sur l’assemblée
par ces vaillantes et éloquentes paroles
se traduisit aussitôt par une demande de
l’affichage de ce discours. Sur 514 votants,
et la majorité absolue étant de 258, cet affi
chage fut voté, nous l’avons dit, par 347
voix contre 167.
$
* *
Après ces déclarations si nettes, si for
melles, après ce discours d’inspiration
démocratique et sociale et si patriotique,
certains organes radicaux socialistes ont
osé dire, et diront peut-être encore, que
« c’est bien contre la démocratie que la
lutte est entamée » et que « l’organisation
ouvrière tout entière est incriminée ».
Vaines et mesquines querelles, fantaisis
tes interprétations dont l’inexactitude vo
lontaire apparaît, et qui trouvent un écla
tant démenti dans la simple lecture du très
remarquable discours de M. Barthou.
La Lanterne est bien obligée de recon
naître qu‘« aucun gouvernement ne pour
rait tolérer la propagande antipatriotique » et
que « en la dénonçant à la tribune, M. Bar
thou a traduit la pensée commune de tous
les républicains ». Elle ajoute qu’il n’y a
pas que du côté de la G. G. T. qu’on trouve
des négateurs de l’idée de patrie, et que
« l’orthodoxie romaine professe, sur la pa
trie et le service militaire, des doctrines
aussi subversives que celles de l’anarchie.»
Est-ce à dire que les coupables théories
des uns devraient excuser ou justifier la
néfaste propagande des autres ?
Ce sont là, vraiment, de piètres arguties
et de pitoyables défaites.
D’ailleurs, on avoue que « le gouverne
ment a pris, sur la défense laïque, une atti
tude irréprochable » et l’on ajoute que
« faire face au péril de désorganisation na
tionale c’est bien», mais qu‘ « il y a un
autre danger, celui de la désorganisation
républicaine. »
Or quels ont été et quels sont encore à
l’heure présente les plus sûrs instruments
de cette désorganisation républicaine, sinon
ceux qui, dans un but intéressé, ménagent
les saboteurs de la mobilisation, les propa
gandistes de la désertion, les apologistes de
l’antipatriotisme ?
M. Jaurès est de ceux-là, et, mis au pied
du mur, une fois de plus, par M. Barthou,
il n’a pas su, « il n’a pas voulu nous dire
s’il répudiait ou s’il acceptait la propagande
de la Confédération générale du travail qui,
elle, ne cesse d’affirmer la nécessité en cas
de guerre d’organiser la grève générale,
l’insurrection et la guerre civile.»
Le discours de M. Barthou est venu à son
heure. Il va falloir que M. Jaurès et ceux
qui l’imitent se décident enfin ; qu’ils ap
prouvent ou désapprouvent franchement la
G. G. T. Suivant la juste expression de
M. Henry Bérenger, dans V Action : « La
coupure est désormais faite entre les radi
caux qui capitulent devant les organisa;
tions antinationales et les républicains qui
ont délibérément placé la nation au-dessus
de tout. »
Il n’y a plus de place pour l’équivoque.
Th. Vallée.
wsasacasaznaneeesesaaeaeasnnsnnn
Nouvelles Politiques
On s'abonna également, SANS FR^S, dans tous las Bureaux de Posta Ha rratw
UNE VISITE AU DOYEN DES ARTISTES HAVRAIS
Photo Petit Havre. Cliché Petit Havre
LE PEINTRE EUGENE MARTIN CHEZ LUI
Conseil des Ministres
Les ministres et sous-secrétaires d’Elat se
sont réunis hier matin en conseil, à l’Elysée,
sous la présidence de M. Poincaré.
L’Incorporation à 20 ans
Le Conseil s’est occupé de la question de
l’incorporation à 20 ans, en vue des déclara
tions que le président du Conseil et le mi
nistre de la guerre doivent faire à la Com-
mission de l’armée.
Le Conseil s’est prononc5 pour l’incorpo- ;
ration à 20 ans, sous la condition qu’il serait
opéré au point de vue sanitaire une rigou- .
reuse sélection permettant d’ajourner les
hommes jugés insuffisamment prêts au point ,
de vue physique à remplir leurs obligations |
militaires.
L’Assistance aux Femmes en couches
Le ministre de' l’intérieur et du travail ont !
fait approuver par le Conseil le texte arrête
par eux pour l’attribution d’allocations aux
femmes ce couches privées de ressources
pendant le repos obligatoire prescrit par la
loi du 17 juin 1913.
Ces allocations ne pourront être inférieu
res à 0 fr. 50, ni supérieures à 1 fr. 50 par
jour. L’allocation sera majorée de 0 fr. 59
par jour après les couches si la mère allaite'
elle-même son enfant. Conformément à la
résolution votée par la Chambre, cette allo
cation sera étendue aux ouvrières travaillant
à domicile.
La dépense, évaluée au total à 11 millions
de francs, sera répartie entre l’Etat, les dé
partements et les communes, conformé
ment au barême adopté par le Sénet pour
la loi des familles nombreuses. La part de
l’Etat sera d’environ 5,700,000 francs.
Ces dispositions seront applicables à partir
de 1914.
Secours aux Agriculteurs
Le ministre de l’agriculture a présenté à
la signature du président de la République
un projet de loi portant ouverture d’un cré
dit extraordinaire de 2,500,000 francs pour
venir en aide aux agriculteurs victimes des
intempéries. Ce projet de loi sera déposé
lundi prochain sur le bureau de la Cham
bre.
Le prochain Conseil aura lieu mardi pro
chain. ' i
Dan. la galerie de notre Musée des Beaux-
Arts, où M. Alphonse Lamotte a eu l’heu
reuse idée de grouper les œuvres des artistes
normands, il est une- petite toile représen
tant une scène bretonne : Les Adieux... Un
jeune homme, dont le bissac bourré est bou
clé pour la route, échange avec sa mère les
dernières embrassades.
Le coloris est discret, le dessin impecca
ble, l’execution d’ensemble marquée de cette
minutie attentive qui fut à la mode vers
1860 et s’attachait volontiers aux menus dé
tails de composition. Comme signature : Eug.
Martin.
A ce nom, Eug. Martin, les vieux amis du
Musée revoyaient en pensée une silhouette
familière et sympathique. Un visage de dou
ceur et de bonhomie aux lignes fines, un
large front découvert, une barbe acajou qui
descendait en cascades sur les revers d’une
redingote professorale. Car Eug. Martin était
professeur. Il enseignait le dessin dans les
écoles laïques havraises, à l’école indus
trielle, à i’ecole primaire supérieure.
Des écoliers devenus des hommes le re
trouvaient facilement dans leurs souvenirs.
Le brave « père Martin » se glissait à travers
les rangs des futurs artistes pour aller leur
porter des conseils, guider les mains sur le
papier, s’efforcer de leur démontrer toute la
souple harmonie d’une oreille, la vigueur de
l’œil d'Agrippa ou la solennité décorative
d’une feuille d’acanthe... Il allait, tremblo
tant un peu, paternel et bienveillant.
— Ne pensez-vous pas, mon petit ami, que
ce nez grec bourgeonne affreusement ?...
Et puis la silhouette d’Eug. Martin s’estom
pait dans les brumes.La jeunesse ecolière—
cet âge est sans pitié — la laissait s’effacer
sous le flot des jours et des années.
Les vieux gardiens du Musée, eux-mêmes,
ne revoyaient plus « Monsieur Martin ».
L’artiste était disparu, comme si irréducti
blement fidèle à ses principes, à son respect
absolu de la tradition de ses maîtres, à tout
ce qui représentait et réalisait son idéal
d’art, il s’était enfui devant la venue des ré
volutionnaires de l’impressionnisme, du
pointillisme,du tachisme, des briseurs depa-
lettes désuètes qui démolissent beaucoup
pour ne pas reconstruire grand chose.
Et d’Eugène Martin ne restait plus, sem-
ble-t-ii, qu’un souvenir vague dans l’esprit
de quelques-uns et un joli petit tableau
perdu dans un coin de Musée.
photo et Cichê Petit Havre
PORTRAIT DE LA mÉRE DU PEINTRE
Or, j’ai eu la joie de découvrir la retraite
de cet ancien.
J’écris ces lignes quelques instants après
l’avoir quitté, encore sous l'impression vive
que la visite m’a laissée. J’ai encore dans les
yeux le petit atelier du peintre encompre de
toiles et de souvenirs.de paperasses, d'objets
divers. Je revois au milieu de tout cela, dans
l’amusant méli-mélo, très ordonné pour
tant, de ces choses que les années ont ras
semblées et sont toute une vie, la bonne
figure parcheminée mais toujours souriante
du doyen de nos artistes havrais. C’est au-
jourd'hui un vieillard. Quatre-vingts ans ont
passé sur sa (ête sans troubler le fil des sou
venirs. le clair ravon de son esprit.
Certes, la belle barbe acajou s’est chan-
gêe en barbe d’argent, et d’un feutre roman
tique s’échappent maintenant des mèches
blanches. Mais le sourire est toujours ac
cueillant, le visage paterne et doux, l'œil
brillant et pur. Le regard s’est longuement
habitué à la lumière, à l’ampleur des pers
pectives ; il a conservé l’éclat des ciels in
finis. 1 ,
Songez que depuis des ans, solitaire, dans
l’intimité de sa retraite, le vieux peintre a
journellement devant lui le plus joli pano
rama qui soit en notre cité. La maisonnette
qu’il habite s’est juchée sur la côte du Mont-
joly, aux confins de la ville, dans un quar
tier de traquillité provinciale, où « la rue
du Commerce » déserte et léprée d’herbe a
des allures de paradoxe, où la falaise éven-
trée, à la crête coiffée d'arbies, évoque
quelque vision alpestre.
Des fenêtres de l’atelier qu’il surplombe,
c'est tout le Havre qui s’étend ici, mer im
mense de toits multicolores, sillonnée de
mâts parés de banderolles — les cheminée©
d’usines empanachées de fumée.
La Seine, l’estuaire, les coteaux du Calva-
dos, les tapis verdoyants de Graville, de Gon-
freville-l’Orcher : tout cela tient dans une
embrasure. Et je comprends maintenant
que le pinceau soit tombé des doigts du
vieil artiste, quand accoudé sur le rebord de
le fenêtre, les yeux perdus dans la grandeur
du tableau naturel, repris par la magie de la
lumière, il a laissé plus d’une fois flotter son
imagination au-dessus tant de splendeurs
où s’endort son passé...
Il est allé aussi flâner en Algérie, sur les
côtes d’Espagne. Il en a rapporté quelques
toiles qu’il conserve encore, accrochées aux
murs, et qu’il préserve contre la brutalité du
soleil en étendant sur elles des vieux jour
naux.
Mais il le reconnaît lui-même, Eugène
Martin n’est pas né paysagiste. Ce fut sur
tout le peintre des rusticités bretonnes, ce
fut avant tout un peintre de portraits.
Il y a dans ce petit atelier hanté de tant
de souvenirs, trois figures qui sont d’un
maître. Eugène Martin a fait les portraits de
son père et de sa mère. La solidité de ces
peintures, la beauté de leur expression, l’art
évident qui s’en dégagessuffisaient pour fixer
le souvenir d’un talent.
Et l’on devrait placer tout à côté de ces
œuvres, un petit portrait du peintre,exécuté
par lui-même, il y a une quarantaine d’an
nées. Il accuse assez de finesse, d’observa-
tion, d'adresse dans le medelé et de fermeté
dans la couleur, pour que cette petite chose
demeure une chose de haute estime, même
dans la mêlée des écoles nouvelles et le bou
leversement des esthétiques...
se
* *
Né au Havre le 5 février 1833, Eugène Mar
tin fut tout d’abord l’élève d’Auchard, puis, à
Paris, celui de Léon Coygnet et d’Ernest Hé
bert, de l’Institut. _ , . .
Pendant vingt années, de 2876 à 1896, il
professa le dessin à l’École Industrielle, a
l’Ecole Primaire Supérieure, dans les Ecoles
laïques du Havre.
A plusieurs reprises, il eut des œuvres re
çues au Salon de Paris et dans nos Exposi
tions régionales.
De 1863 à 4869 ses envois annuels sont ré-
galièrement reçus au Salon des Champs-
Elysées. Son nom reparaît aux catalogues
de 1873, 1879, 1880, 1883. , .
A l’Exposition du Havre de 1868, ou il avait
envoyé trois tableaux représentant des scè
nes de Bretagne, il obtenait une médaille
d’argent. Le Magasin Pittoresque reproduisait
en 1871 son envoi au Salon de cette même
année. . , ,
Le peintre a précieusement conservé tous
ces documents. Rangés par ordre, ils dor
ment au fond de sa bibliothèque avec tous
ses cahiers et albums de croquis, pages nom
breuses qui rappellent au jour le jour un
labeur qui fut ample et consciencieux et
s’attacha toujours à puiser l’inspiration et
l’art de la traduire dans la patiente étude de
la nature.
*"*
Et voici que le brave homme me sort une
à une ses chères toiles, des toiles que bien
peu connaissent et que je serais heureux de
voir exposées publiquement pour qu elles
puissent dire elles-mêmes i œuvre conscien
cieuse et probe de ce modeste.
Ce sont surtout des petits tableaux de gen
re des scènes de Bretagne prises à Guéméné,
à Pont-Aven, des paysannes aux Champi,des
(S Pages)
5 Centimes — ÉDITION DU MATIN — g Centimes
(= Pages)
Dimanche 6 uilkt IM3
mocaouase
TBOI Moisi Six Mois
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Adresser tout ce qui concerne l’Administration
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I l L’AGENCE- HAVAS, 8, place de la Bourse, est
। — PARIS ] seule chargée de recevoir les Annonces pour
t le Journal.
La PETIT HAVRE est désigné pour las Annonces judiciaires et légales
Le Havre, là Seine-Inférieure, l’Eure ) i
l'Oise et la Somme — *•
Autres Départements............. j 6 pr
) Petit Ha
ORGANE RÉPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
O. RANDOLET
Administration, Impressions et Annonces, TÉL 10.47
Bffliii Bien LE discours de m. BARTHOU
Paris, trois heures matin
LES AFFAIRES D'ORIENT
L‘ Autriche et la Roumanie
On croit savoir que l’Autriche a proposé
tes bons offices à la Roumanie et à la Bulga
rie pour neutraliser l'action roumaine éven
tuelle au moyeu d’une cession territoriale
que la Bulgarie ferait à sa voisine dans la
région du quadrilatère.
L’Autriche propose que la Bulgarie cède
les territoires situés au nord d’une ligne al
lant de Turtukaï ou Tatrakan à Baltchik sur
la mer Noire.
Ces territoires comprendraient la ville im
portante de Dobrik.
Aucune réponse n’a encore été adressée à
l'Autriche sur ce point soit par la Roumanie,
soit par la Bulgarie. Il est bon de rappeler
que le territoire ainsi envisagé est inférieur
à celui qu’avait demandé la Roumanie et qui
comprenait Roustchouk, Schumla et Varna.
L’Attitude de la Turquie
- font en étant décidé à garder la plus com
plète réserve dans le conflit entre alliés, le
gouvernement turc n’entend pas entraver
sa liberté d’action en cas d’une déclaration
de guerre officielle. Il a donné des instruc
tions à ce sujet à ses représentants pour avi-
ser dans ce sens les cabinets européens.
En même temps, la Porte communique
aux puissances le projet de réformes pour
l’Anatolie, dont la loi provisoire relative
aux attributions des inspecteurs généraux
pour le statut des six zones formant la Tur
quie d’Asie a paru à l’Officiel. Le règlement
de ces mêmes attributions devant paraître
incessamment comprend 23 articles dont
un stipule que la gendarmerie sera réorga
nisée par des officiers français et anglais.
Un autre stipule la nomination d’un inspec
teur général et de spécialistes étrangers pour
la zone formant le vilayet de l’Anatolie
orientale.
Le gouvernement poursuit énergiquement
ses réformes, et il proteste contre la nomi
nation d’une commission d’ambassadeurs
avec la mission de préparer un projet de
réformes.
CONSTANTINOPLE. — Au sujet de l'attitude
du gouvernement ottoman en présence des
événements des Balkans, on déclare, d’après
les informations recueillies dans les milieux
compétents, que le gouvernement impérial
désire observer la neutralité.
À propos de la dernière Démarche Russe
Saint-Pétersbourg. — Une démarche avait
été faite le 3 par M. Sazonow simultanément
à Sofia, Belgrade et Athènes; le Cabinet
russe demandait la cessation immédiate des
hostilités, l’expression de regrets explicites
pour les événements survenus et le départ
immédiat des plénipotentiaires balkaniques
pour Saint-Pétersbourg.
On communique aujourd’hui les réponses
des trois gouvernements,Aux considérations
politiques russes ils opposent des considéra-
tions stratégiques et s’accusent réciproque
ment d'avoir créé la situation actuelle.
Combats entre Serbes et Bulgares
Sofia. — Hier, à quatre heures de l’après-
midi, la division serbe de Timok, cernée
près de Krivolak, a été définitivement défaite
après une résistance acharnée.
La principale armée serbe, concentrée sur
les hauteurs de Sveti-Nicolas, a assisté im-
poissante à la défaite de la division de Ti-
mok.
Sofia. — Les pertes des Serbes dans la dé
faite de la division de Timok sont énormes.
On n’en connaît pas encore exactement le
détail, mais les renseignements parvenus
jusqu’à présent signalent que 35 officiers et
4,000 soldats serbes ont été faits prisonniers
et que les Bulgares ont pris 27 pièces à tir
rapide, 6 mitrailleuses et le train des équipa
ges complet de deux régiments.
Sofia. — La colonne serbe qui a pénétré
sur le territoire bulgare, dans la direction de
Kustendil, a été rejetée au Nord d’Egri-Pa-
lanka à Krivolak, au Sud d’Istip.
La 4e armée a repoussé l’armée serbe, cou
pant ainsi les communications entre les ar
mées alliées des Grecs et des Serbes.
M. Barthou, président du Conseil, a pro
noncé vendredi, en réponse à M. Jaurès, un
éloquent et vigoureux discours dont la
Chambre a ordonné immédiatement l'affi-
chage, par 347 voix contre 167.
Pendant cette séance si remplie d'inci-
dents, si mouvementée et que les socialistes
unifiés auraient voulu faire dégénérer en
tumulte, c’est en vain que les attaques les
plus passionnées ont été dirigées contre le
gouvernement. A toutes les insinuations
ont été opposés autant de démentis.Et lors
que M. Jaurès, dont la fougueuse éloquence
ne parvenait pas a dissimuler la faiblesse
d’argumentation,à prétendu démasquer une
politique de réaction dont il accuse le mi
nistère— et qui se cacherait,dit-il,sous l'ef-
fort militaire actuel et derrière les mesures
prises contre lés saboteurs de la défense
nationale et les révolutionnaires de la
G. G. T. — M. Barthou a répondu avec une
netteté parfaite et par des faits précis qu’il
a opposés aux légendes inventées à plaisir
et répétées par les orateurs d’extrême gau
che. Puis, s’étant élevé avec la dernière
énergie contre la criminelle campagne en
treprise dans les casernes par les antimili-
ristes, il a non seulement justifié les me
sures qu’il a décidées récemment, mais
encore il a proclamé sa résolution ferme
d’aller jusqu’au bout pour détruire l’œuvre
néfaste des sans patrie.
M. Jaurès, dans sa violente philippique,
avait mis en cause le gouvernement, à l’oc
casion du maintien de la classe, prétendant
que c’était un acte illégal. Il avait égale
ment incriminé le ministère au sujet de
l’incorporation éventuelle des jeunes gens
âgés de vingt ans. La riposte de M. Barthou
fut des plus catégoriques. M. Jaurès, qui
fait partie de la Commission de l’armée,
doit savoir ce qui s’y passe. Pourquoi affir
me- t-il, dès maintenant, que si l'incorpora-
tion des conscrits de vingt ans était décidée,
elle aurait pour conséquence la libération
de la classe ?
M. Barthou n’a pas voulu laisser s’établir
cette légende. Le maintien de la classe est
un acte légal. Et d’autre part, jamais le
gouvernement n’a dit au Parlement que ce
maintien,qu’il décidait en vertu de son droit
propre, aurait nécessairement la durée
l’une année de service. « Mais, a ajouté M.
Barthou, le maintien de la classe nous a été
imposé par des nécessités extérieures dont
le moins que je puisse dire à l’heure actuel-
e, c’est qu’elles n’ont pas disparu. Le gou
vernement ne pourrait libérer la classe que
s’il a, non seulement en nombre, mais
encore en qualité, des forces qui lui per
mettent de faire face à la situation interna
tionale. »
Ainsi, en rappelant ses propres déclara
tions que son adversaire avait sans doute
oubliées, M. Barthou a prouvé que le gou
vernement n’avait commis aucune des deux
fautes qui lui étaient reprochées.
Et comme M. Jaurès n’avait pas craint,
par un paradoxe d'imagination véritable-
ment étrange, de rendre le gouvernement
responsable des mutineries qui se sont pro
duites dans plusieurs casernes, M. Barthou
répondit au leader socialiste avec une ar
dente et courageuse éloquence, dénonçant
es coupables manœuvres de la G. G. T.,
condamnant ceux qui les tolèrent par cal
cul ou par faiblesse, et affirmant la volonté
d’un chef de gouvernement qui a le senti
ment de sa responsabilité.
LES INCIDENTS DE MARSEILLE
Marseille.— Le Conseil départemental de
l’enseignement a repoussé la peine de la
censure demandée par l’administration con
tre trois instituteurs des Bouches-du-Rhône
pour avoir agi en diverses circonstances au
nom de leur syndicat.
L'AFFAIRE DELACOUR-CERIZIER
Berne Le jugement de l’affaire Delacour-
Cerizier a été rendu hier soir.
Mme Cerizier est acquittée et elle reçoit
dux cents francs à titre d’indemnité.
Delacour est condamné à la réclusion per
pétuelle.
UNE GRÈVE SUD-AFRICAINE_
Johannesburg. — La populace réunie de-
vant le Club du Rand a refusé de se disper
ser.
La troupe a fait usage de ses armes et un
zertain nombre de manifestants sont tombés.
La route servant d’accès à Prétoria est
gardée par la police et la troupe.
Le Cap. — De nouveaux détachements de
police et de troupe partent de divers centres
pour le Rand.
Johannesburg, 5 juillet, 6 h. 65 du soir. —
Les soldats ont fait feu deux heures durant
à travers les principales artères.
Les services dedambulance sont très OC-
zupés. . . ...
Une soixantaine de personnes ont été
tuées ou blessées dans un très court es
pace de temps et dans un rayon de combat
très restreint.
Johannesburg. — La grève est terminée à
la suite de négociations avec les chefs du
mouvement. On croit que dans les rencon
tres d’hier, il y a ou une centaine de morts
at de blessés. “
* *
Mais il importe de citer ici, textuelle
ment, cette partie du discours de M. Bar
thou, dont l’implacable logique n’a rien
laissé subsister des sophismes de M. Jau
rès :
...Les griefs de M. Jaurès se résument dans
une phrase. Il l’a répétée à plusieurs reprises,
mais, du moins, sa pensée y a-t-elle gagné en
netteté, en force et en autorité ?
M. Jaurès a dit qu’en ordonnant, à la suite de
certaines mutineries, une instruction destinée à
rechercher le lien existant entre ces actes de, ré
volte et certaines provocations, le gouvernement
avait voulu porter un défi à la classe ouvrière et
à toutes ses organisations.
En vérité, peut-il appartenir même à l’honora-
ble M. Jaurès de dire devant la Chambre qu’une
instruction ouverte contre des associations qui
prêchent publiquement le sabotage de la mobilisa
tion, l’insurrection et la guerre civile, est un défi
à la classe ouvrière ?
Je pense, au contraire, qu’une telle affirmation,
avec la confusion qu’elle implique, serait le plus
violent outrage qui pût être fait à tous ces ou
vriers qui peinent, qui travaillent, qui poursui
vent laborieusement leur vie : loin d’ecouter les
conseils perfides et criminels qu’on leur donne,
leur premier mouvement serait d’ailer a la fron
tière pour y défendre la patrie.
Et, comme il fallait que M. Jaurès essayât de
mettre en lumière la vanité des poursuites ordon
nées par le Gouvernement, il a déclaré a plu
sieurs reprises que c’était une façon injuste d’in
criminer des associations syndicales et des corpo
rations ouvrières, que de piquer ici et là — ce
sont ses expressions — une feuille, un journal,
une circulaire, une affiche Mais, messieurs, le
dossier que je pourrais apporter à la tribune se
rait malheureusement un dossier volumineux.
Certes, il n’y a aucun rapport entre cette pro
pagande, si nombreux que soient ses partisans et
ses adeptes, et l’ensemble des populations labo
rieuses de notre pays. Mais, tout de même, est-il
possible de dire qu’il y ait la un mouvement isolé,
factice et superficiel ? Je dois la vérité à la Cham
bre, je dois la vérité au pays et je ne dirai rien
de semblable.
Certes, la liberté syndicale doit être respectée,
et j’imagine qu’il n’est personne dans cette Cham
bre qui ait apporté à l’amélioration, au dévelop
pement de la loi de 188% un concours plus actif
que celui que je me suis efforcé de lui prêter.
Puisque nous en sommes à évoquer des souve
nirs, je me plais à rappeler l’hommage que, mal
gré des discussions sur certains points particu
liers, M. Jaurès a rendu autrefois à la sincérité de
mon rapport et à l’effort que j’ai fait, au nom de
la Commission du travail, pour améliorer la loi
de 188.
Mais quel rapport il y a-t-il entre les revendica
tions légitimes des syndicats, entre les revendica
tions qui concernent ou le salaire ou les heures
de travail, et cette propagande incessante et abo
minable qui se fait, dans certains syndicats, où
s’organisent ce que j’appelais tout à lheure le Sa-
butage de la mobilisation, l’insurrection et la
guerre civile ? f Vifs applaudissements tw un
grand nombre de bancs). ’
Si les Bourses de travail ont leur utilité incon-
testable, que J’ai reconnue, et que tout le monde
reconnaîtra ici, est-ce qu’elles n’ont pas singuliè
rement dévié de leur objet en s’occupant non plus
de questions ouvrières eide main-d’œuvre, mais en
devenant pour un trop grand nombre, de vérita
bles foyers d’insurrection et de guerre civile ?
(Nouveaux applaudissements)
Et, puisqu’il faut tout dire et puisqu’il faut que
ce débat se précise, je dirai -à M. Jaurès qu’il y a
dans ce pays une association, une organisation,
sur laquelle je me suis expliqué à la tribune du
Sénat et sur laquelle, avec la même liberté et
avec la même netteté, je m’expliquerai devant la
Chambre.
La Confédération Générale du Travail est-elle
légale? J’estime, Messieurs — je n’ai pas à reve
nir sur les affirmations que j’ai apportées ail
leurs — que, si elle est légale dans sa constitu
tion, en vertu de la loi de 1884, elle est illégale
dans son objet et dans son développement. (Très
bien ! t es bien! au centre et sur divers bancs à
gauche].
Mais la question se pose — elle a été agitée ici
— de savoir quelles sont les sanctions auxquelles
on peut recourir pour ramener la Confédération
Générale du Travail a son véritable objet, pour la
poursuivre et, le cas échéant, pour la dissoudre.
M. CLAUSSAT : Vous n’êles pas assez grand.
ri le PRÉSIDENT du CONSEIL : Ah ! s’il ne
faut que du courage et de la volonté, je vous as
sure que j’irai jusqu’au bout delà tâche que je
me suis imposée. (Applaudissements vifs et répé
tés au centre, à droite et sur un grand nombre de
bancs à gauche).
Vous dites que je ne suis pas assez grand ! Il
ne vous appartient pas de me mesurer. (Applau
dissements sur les mêmes bancs).
Mais laissez-moi vous dire que, dans tous les
cas, j’ai une intention et une volonté, parce que
j’ai un devoir à remplir.
M. LUCIEN VOILIN : Réactionnaire.
m. le PRÉSIDENT DU CONSEIL : Oui, si la
réaction se confond, pour vous, avec la défense
de l’ordre public et de la loi, je vous concède que
je suis réactionnaire. (Vifs applaudissements sur
les mêmes bancs.)
Donc, quelque appréciation que vous puissiez
porter ici sur la valeur de mon action et sur l’effi
cacité de mes moyens, du moins, vous qui m’in-
terrompez, vous me rendrez cette justice que
j’aborde nettement le débat et que je ne m’y dé
robe pas, parce que j’ai la volonté et le devoir de
ne me soustraire à aucune de mes responsabili
tés. (Nouveaux applaudissements.)
G’est pour cela que j’abordais le problème en
disant que la loi de 1901 est une loi relative à la
liberté générale d’association.
Elle contient des sanctions sévères qui permet
tent la poursuite et la dissolution des associations
constituées en vertu de cette loi. Mais un de ses
articles dit que les Sociétés de secours mutuels
restent soumises au régime de la loi de <898 et
que les syndicats professionnels restent soumis
au régime de la loi de 1884.
Si on se reporte à la loi de 1881, on constate
que les sanctions et le droit de dissolution, qui
résultent de la combinaison de plusieurs articles,
et, en particulier, de l’article 9, s’appliquent d’une
manière incontestable aux Syndicats, mais il sem
ble que les Unions échappent à l’action de la loi.
C’est pour cette raison qu’en 1983 j’ai déposé, au
nom de la Commission du travail, un rapport
dont une des parties avait pour objet d’assimiler
les Unions aux Syndicats, de façon à pouvoir exer
cer contre elles des sanctions sévères, les pour
suivre et, le cas échéant, les d ssoudre.
La Chambre n’a pas discuté ce rapport.
L’honorable M. Cuéron, ministre du travail, en a
repris certaines dispositions. La Chambre sera
ainsi amenée à dire si elle veut compléter la loi
de 1884 par des modifications qui m’apparaissent
comme indispinsables. (Très bien t très bien t)
Messieurs, je ne me déroberai, pas plus que sur
les autres points, à une question qui a été posée
dans ce débat.
M. Paul-Meunier, dans son interpellation, qu’il a
développée avec force, s’est élevé contre une
certaine application de la loi de 1894. Mais il ne
saurait être dans les intentions du gouvernement
d’y recourir, dans les termes où M. Paul-Meunier
l’a indiqué.
Quand un gouvernement dispose d’une loi en
vertu de laquelle on peut poursuivre et réprimer
la provocation à la désobéissance des militaires ;
quand il constate que l’on s’est livré, dans les ca
sernes, à une campagne abominable et que l’on a
essayé d’empoisonner l’âme du soldat français, ce
gouvernement serait indigne de sa fonctio. s’il
n’appliquait pas la loi que le Parlement a mise a
sa disposition. (Vifs applaudissements au centre, à
droite et sur divers bancs à gauche).
C’est en vertu de la loi de 1894 que ces
poursuites ont été ordonnées. J’en accepte toute
la responsabilité. (Applaudissements sur les mê
mes bancs).
Et que M. Jaurès ne dise pas que l’on se trou
vait ici en présence de quelques incidents parti
culiers, de quelques faits isolés.
Comment, messieurs ? Est-ce que, depuis
longtemps, il n’y a pas chaque année un congrès
de la Confédération générale du travail ? Est-ce
qu'il y a un seul de ces congrès qui ne se soit
pas occupé des relations de la Confédération gé
nérale du travail avec les soldats ?
Est-ce qu’il y a un seul de ces congrès qui n’ait
pas encouragé cette œuvre du Sou du soldat dont
les auteurs eux-mêmes reconnaissent à l’heure
actuelle qu’elle n’est pas une œuvre de mutualité
et de solidarité, mais qu’elle est, dans les régi
ments, dans les casernes, une organisation de pro
pagande antimilitariste ?
Et y a-t-il un seul des congrès de la Confédéra
tion générale du travail dans lequel,avec une net
teté qu’il faudrait savoir imiter, si l’on partage les
idées de la Confédération générale du travail.
(Applaudissements au centre, à droite, et sur un
grand nombre de bancs à gauche) on ne proclame
très haut que le premier . cte que le prolétariat or
ganisé puisse opposer à la guerre, c'est l’insur
rection ?
Ici, M. Jaurès se jouait avec habileté de la ques
tion que je lui posais a l’une des dernières séan
ces. Il disait que la formule était commode. Qu’il
me permette de lui dire, après l’avoir entendu,
que la formule était certainement plus commode
que la réponse n’était facile. M. Jaurès ne s’est
pas plus prononcé aujourd’hui qu’il ne l’a fait à
l’une des dernières séances. Il n’a pas dit s’il ré
pudiait ou s’il accepait la propagande de la Confé
dération générale du travail qui, elle, ne cesse
d’affirmer la nécessité en cas de guerre d’organi
ser la grève générale, l’insurrection et la guerre
civile. (Vifsapplaudissements sur un grand nombre
du bancs).
L’honorable M. Jaurès, auquel les souvenirs
historiques ne font jamais défaut, m’opposait tout
à l’heure et la journée du 10 août e la journée
du 4 septembre. Comment, Monsieur Jaurès ! De
vant cette propagande révolutionnaire et avilis
sante qui tend, d’année en année, par une œuvre
quotidienne, à organiser l’insurrection à prépa
rer le sabotage de la mobilisation, à rendre im
possible la défense du pays, vous faites à la Ré
volution française et à Gambetta l’injure imméri
tée de les assimiler à cette œuvre et à ces hom
mes ! (Vifs applaudissements sur un grand nom
bre de bancs.)
Est-ce à vous, qui connaissez si bien l’histoire
de la Révolution française et l’histoire contempo
raine, est-ce à vous, dont la mémoire prodigieuse
nous enthousiasme chaque fois que vous venez à
cette tribune, que j’ai besoin d’apprendre ou de
rappeler que, si la journée du 10 août fut une ré
volution intérieure, elle eut pour objet et pour
résultat de jeter à la frontière les soldats héroï
ques qui allaient défendre leur pays, sauver l’hon
neur de la France et la liberté ? (Vifs applaudisse
ments au centre, à droite et sur divers bancs a
gauche.)
Ai-je besoin de vous apprendre que la révolu
tion du 4 septembre donna naissance à un gou
vernement qui eut devant l’Histoire l'honneur de
s’appeler le Gouvernement de la Défense natio
nale ?
Et vous faites à Gambetta et à ses amis, vous
faites aux hommes de la défense nationale cette
injure inattendue et invraisemblable de les com
parer à ceux qui pré parent la désorganisation na
tionale ! (Applaudissements vifs et répétés sur un
grand nombre de bancs.)
Monsieur Jaurès, vous avez bien posé la ques
tion ; et j’accepte, pour ma part, d’y répondre
dans les termes où vous l’avez posée devant la
Chambre.
Les premiers, ces patriotes qui allèrent à la
frontière et qui assurèrent la défense de leur pays,
furent des héros devant lesquels s’incline mon ad
miration. Les autres, ce sont des malfaiteurs, des
criminels, auxquels il faut appliquer la rigueur
des lois, de toutes les lois. (Double salve d’applau
dissements pro'ongés au centre, à droite et sur un
grand nombre de bancs à gau lie. — L’orateur, de
retour au banc du Gouvernement, reçoit les félici
tations d’un grand nombre de ses collègues )
L’impression produite sur l’assemblée
par ces vaillantes et éloquentes paroles
se traduisit aussitôt par une demande de
l’affichage de ce discours. Sur 514 votants,
et la majorité absolue étant de 258, cet affi
chage fut voté, nous l’avons dit, par 347
voix contre 167.
$
* *
Après ces déclarations si nettes, si for
melles, après ce discours d’inspiration
démocratique et sociale et si patriotique,
certains organes radicaux socialistes ont
osé dire, et diront peut-être encore, que
« c’est bien contre la démocratie que la
lutte est entamée » et que « l’organisation
ouvrière tout entière est incriminée ».
Vaines et mesquines querelles, fantaisis
tes interprétations dont l’inexactitude vo
lontaire apparaît, et qui trouvent un écla
tant démenti dans la simple lecture du très
remarquable discours de M. Barthou.
La Lanterne est bien obligée de recon
naître qu‘« aucun gouvernement ne pour
rait tolérer la propagande antipatriotique » et
que « en la dénonçant à la tribune, M. Bar
thou a traduit la pensée commune de tous
les républicains ». Elle ajoute qu’il n’y a
pas que du côté de la G. G. T. qu’on trouve
des négateurs de l’idée de patrie, et que
« l’orthodoxie romaine professe, sur la pa
trie et le service militaire, des doctrines
aussi subversives que celles de l’anarchie.»
Est-ce à dire que les coupables théories
des uns devraient excuser ou justifier la
néfaste propagande des autres ?
Ce sont là, vraiment, de piètres arguties
et de pitoyables défaites.
D’ailleurs, on avoue que « le gouverne
ment a pris, sur la défense laïque, une atti
tude irréprochable » et l’on ajoute que
« faire face au péril de désorganisation na
tionale c’est bien», mais qu‘ « il y a un
autre danger, celui de la désorganisation
républicaine. »
Or quels ont été et quels sont encore à
l’heure présente les plus sûrs instruments
de cette désorganisation républicaine, sinon
ceux qui, dans un but intéressé, ménagent
les saboteurs de la mobilisation, les propa
gandistes de la désertion, les apologistes de
l’antipatriotisme ?
M. Jaurès est de ceux-là, et, mis au pied
du mur, une fois de plus, par M. Barthou,
il n’a pas su, « il n’a pas voulu nous dire
s’il répudiait ou s’il acceptait la propagande
de la Confédération générale du travail qui,
elle, ne cesse d’affirmer la nécessité en cas
de guerre d’organiser la grève générale,
l’insurrection et la guerre civile.»
Le discours de M. Barthou est venu à son
heure. Il va falloir que M. Jaurès et ceux
qui l’imitent se décident enfin ; qu’ils ap
prouvent ou désapprouvent franchement la
G. G. T. Suivant la juste expression de
M. Henry Bérenger, dans V Action : « La
coupure est désormais faite entre les radi
caux qui capitulent devant les organisa;
tions antinationales et les républicains qui
ont délibérément placé la nation au-dessus
de tout. »
Il n’y a plus de place pour l’équivoque.
Th. Vallée.
wsasacasaznaneeesesaaeaeasnnsnnn
Nouvelles Politiques
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UNE VISITE AU DOYEN DES ARTISTES HAVRAIS
Photo Petit Havre. Cliché Petit Havre
LE PEINTRE EUGENE MARTIN CHEZ LUI
Conseil des Ministres
Les ministres et sous-secrétaires d’Elat se
sont réunis hier matin en conseil, à l’Elysée,
sous la présidence de M. Poincaré.
L’Incorporation à 20 ans
Le Conseil s’est occupé de la question de
l’incorporation à 20 ans, en vue des déclara
tions que le président du Conseil et le mi
nistre de la guerre doivent faire à la Com-
mission de l’armée.
Le Conseil s’est prononc5 pour l’incorpo- ;
ration à 20 ans, sous la condition qu’il serait
opéré au point de vue sanitaire une rigou- .
reuse sélection permettant d’ajourner les
hommes jugés insuffisamment prêts au point ,
de vue physique à remplir leurs obligations |
militaires.
L’Assistance aux Femmes en couches
Le ministre de' l’intérieur et du travail ont !
fait approuver par le Conseil le texte arrête
par eux pour l’attribution d’allocations aux
femmes ce couches privées de ressources
pendant le repos obligatoire prescrit par la
loi du 17 juin 1913.
Ces allocations ne pourront être inférieu
res à 0 fr. 50, ni supérieures à 1 fr. 50 par
jour. L’allocation sera majorée de 0 fr. 59
par jour après les couches si la mère allaite'
elle-même son enfant. Conformément à la
résolution votée par la Chambre, cette allo
cation sera étendue aux ouvrières travaillant
à domicile.
La dépense, évaluée au total à 11 millions
de francs, sera répartie entre l’Etat, les dé
partements et les communes, conformé
ment au barême adopté par le Sénet pour
la loi des familles nombreuses. La part de
l’Etat sera d’environ 5,700,000 francs.
Ces dispositions seront applicables à partir
de 1914.
Secours aux Agriculteurs
Le ministre de l’agriculture a présenté à
la signature du président de la République
un projet de loi portant ouverture d’un cré
dit extraordinaire de 2,500,000 francs pour
venir en aide aux agriculteurs victimes des
intempéries. Ce projet de loi sera déposé
lundi prochain sur le bureau de la Cham
bre.
Le prochain Conseil aura lieu mardi pro
chain. ' i
Dan. la galerie de notre Musée des Beaux-
Arts, où M. Alphonse Lamotte a eu l’heu
reuse idée de grouper les œuvres des artistes
normands, il est une- petite toile représen
tant une scène bretonne : Les Adieux... Un
jeune homme, dont le bissac bourré est bou
clé pour la route, échange avec sa mère les
dernières embrassades.
Le coloris est discret, le dessin impecca
ble, l’execution d’ensemble marquée de cette
minutie attentive qui fut à la mode vers
1860 et s’attachait volontiers aux menus dé
tails de composition. Comme signature : Eug.
Martin.
A ce nom, Eug. Martin, les vieux amis du
Musée revoyaient en pensée une silhouette
familière et sympathique. Un visage de dou
ceur et de bonhomie aux lignes fines, un
large front découvert, une barbe acajou qui
descendait en cascades sur les revers d’une
redingote professorale. Car Eug. Martin était
professeur. Il enseignait le dessin dans les
écoles laïques havraises, à l’école indus
trielle, à i’ecole primaire supérieure.
Des écoliers devenus des hommes le re
trouvaient facilement dans leurs souvenirs.
Le brave « père Martin » se glissait à travers
les rangs des futurs artistes pour aller leur
porter des conseils, guider les mains sur le
papier, s’efforcer de leur démontrer toute la
souple harmonie d’une oreille, la vigueur de
l’œil d'Agrippa ou la solennité décorative
d’une feuille d’acanthe... Il allait, tremblo
tant un peu, paternel et bienveillant.
— Ne pensez-vous pas, mon petit ami, que
ce nez grec bourgeonne affreusement ?...
Et puis la silhouette d’Eug. Martin s’estom
pait dans les brumes.La jeunesse ecolière—
cet âge est sans pitié — la laissait s’effacer
sous le flot des jours et des années.
Les vieux gardiens du Musée, eux-mêmes,
ne revoyaient plus « Monsieur Martin ».
L’artiste était disparu, comme si irréducti
blement fidèle à ses principes, à son respect
absolu de la tradition de ses maîtres, à tout
ce qui représentait et réalisait son idéal
d’art, il s’était enfui devant la venue des ré
volutionnaires de l’impressionnisme, du
pointillisme,du tachisme, des briseurs depa-
lettes désuètes qui démolissent beaucoup
pour ne pas reconstruire grand chose.
Et d’Eugène Martin ne restait plus, sem-
ble-t-ii, qu’un souvenir vague dans l’esprit
de quelques-uns et un joli petit tableau
perdu dans un coin de Musée.
photo et Cichê Petit Havre
PORTRAIT DE LA mÉRE DU PEINTRE
Or, j’ai eu la joie de découvrir la retraite
de cet ancien.
J’écris ces lignes quelques instants après
l’avoir quitté, encore sous l'impression vive
que la visite m’a laissée. J’ai encore dans les
yeux le petit atelier du peintre encompre de
toiles et de souvenirs.de paperasses, d'objets
divers. Je revois au milieu de tout cela, dans
l’amusant méli-mélo, très ordonné pour
tant, de ces choses que les années ont ras
semblées et sont toute une vie, la bonne
figure parcheminée mais toujours souriante
du doyen de nos artistes havrais. C’est au-
jourd'hui un vieillard. Quatre-vingts ans ont
passé sur sa (ête sans troubler le fil des sou
venirs. le clair ravon de son esprit.
Certes, la belle barbe acajou s’est chan-
gêe en barbe d’argent, et d’un feutre roman
tique s’échappent maintenant des mèches
blanches. Mais le sourire est toujours ac
cueillant, le visage paterne et doux, l'œil
brillant et pur. Le regard s’est longuement
habitué à la lumière, à l’ampleur des pers
pectives ; il a conservé l’éclat des ciels in
finis. 1 ,
Songez que depuis des ans, solitaire, dans
l’intimité de sa retraite, le vieux peintre a
journellement devant lui le plus joli pano
rama qui soit en notre cité. La maisonnette
qu’il habite s’est juchée sur la côte du Mont-
joly, aux confins de la ville, dans un quar
tier de traquillité provinciale, où « la rue
du Commerce » déserte et léprée d’herbe a
des allures de paradoxe, où la falaise éven-
trée, à la crête coiffée d'arbies, évoque
quelque vision alpestre.
Des fenêtres de l’atelier qu’il surplombe,
c'est tout le Havre qui s’étend ici, mer im
mense de toits multicolores, sillonnée de
mâts parés de banderolles — les cheminée©
d’usines empanachées de fumée.
La Seine, l’estuaire, les coteaux du Calva-
dos, les tapis verdoyants de Graville, de Gon-
freville-l’Orcher : tout cela tient dans une
embrasure. Et je comprends maintenant
que le pinceau soit tombé des doigts du
vieil artiste, quand accoudé sur le rebord de
le fenêtre, les yeux perdus dans la grandeur
du tableau naturel, repris par la magie de la
lumière, il a laissé plus d’une fois flotter son
imagination au-dessus tant de splendeurs
où s’endort son passé...
Il est allé aussi flâner en Algérie, sur les
côtes d’Espagne. Il en a rapporté quelques
toiles qu’il conserve encore, accrochées aux
murs, et qu’il préserve contre la brutalité du
soleil en étendant sur elles des vieux jour
naux.
Mais il le reconnaît lui-même, Eugène
Martin n’est pas né paysagiste. Ce fut sur
tout le peintre des rusticités bretonnes, ce
fut avant tout un peintre de portraits.
Il y a dans ce petit atelier hanté de tant
de souvenirs, trois figures qui sont d’un
maître. Eugène Martin a fait les portraits de
son père et de sa mère. La solidité de ces
peintures, la beauté de leur expression, l’art
évident qui s’en dégagessuffisaient pour fixer
le souvenir d’un talent.
Et l’on devrait placer tout à côté de ces
œuvres, un petit portrait du peintre,exécuté
par lui-même, il y a une quarantaine d’an
nées. Il accuse assez de finesse, d’observa-
tion, d'adresse dans le medelé et de fermeté
dans la couleur, pour que cette petite chose
demeure une chose de haute estime, même
dans la mêlée des écoles nouvelles et le bou
leversement des esthétiques...
se
* *
Né au Havre le 5 février 1833, Eugène Mar
tin fut tout d’abord l’élève d’Auchard, puis, à
Paris, celui de Léon Coygnet et d’Ernest Hé
bert, de l’Institut. _ , . .
Pendant vingt années, de 2876 à 1896, il
professa le dessin à l’École Industrielle, a
l’Ecole Primaire Supérieure, dans les Ecoles
laïques du Havre.
A plusieurs reprises, il eut des œuvres re
çues au Salon de Paris et dans nos Exposi
tions régionales.
De 1863 à 4869 ses envois annuels sont ré-
galièrement reçus au Salon des Champs-
Elysées. Son nom reparaît aux catalogues
de 1873, 1879, 1880, 1883. , .
A l’Exposition du Havre de 1868, ou il avait
envoyé trois tableaux représentant des scè
nes de Bretagne, il obtenait une médaille
d’argent. Le Magasin Pittoresque reproduisait
en 1871 son envoi au Salon de cette même
année. . , ,
Le peintre a précieusement conservé tous
ces documents. Rangés par ordre, ils dor
ment au fond de sa bibliothèque avec tous
ses cahiers et albums de croquis, pages nom
breuses qui rappellent au jour le jour un
labeur qui fut ample et consciencieux et
s’attacha toujours à puiser l’inspiration et
l’art de la traduire dans la patiente étude de
la nature.
*"*
Et voici que le brave homme me sort une
à une ses chères toiles, des toiles que bien
peu connaissent et que je serais heureux de
voir exposées publiquement pour qu elles
puissent dire elles-mêmes i œuvre conscien
cieuse et probe de ce modeste.
Ce sont surtout des petits tableaux de gen
re des scènes de Bretagne prises à Guéméné,
à Pont-Aven, des paysannes aux Champi,des
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