Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1913-04-20
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 20 avril 1913 20 avril 1913
Description : 1913/04/20 (A33,N11603). 1913/04/20 (A33,N11603).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
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Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t526380308
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/04/2023
55" Année — N 11,603 (8 Pages) S Centimes — EDTION DU MATIN — 5 Centimes (8 Pages) Dimanche 20 Avril 1943
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Paris, trois heures matin
DÉPÊCHES COMMERCIALES
NEW-YORK, 19 AVRIL
Cotons : mai, baisse 11 points ; juillet,
baisse 11 points ; octobre, baisse 6 points ;
décembre, baisse 7 points.
Calés : hausse 6 à 7 points.
L’AFFAIRE LAMARRE
Versailles. — La Cour dassises entend
plusieurs témoins qui viennent se porter ga
rants de l’innocence de Lamarre, le secrétai
re du Syndicat des machinistes, renvoyé de
vant elle par la Cour de cassation.
Les débats sont terminés.
Le procureur Perrussel ne demande ni
l’acquittement, ni la condamnation ; les ju
rés seuls décideront, dit-il.
Le défenseur, Me Chesné, dit que La
marre est victime d’une odieuse machina
tion et d’une vengeance ; il demande Pac-
quittement.
Le jury, après dix minutes, prononce l’ac
quittement.
I’NCIDMN DI NANCY
NEW-YORK, 19 AVRIL
c. su ion
Cuivre Standard disp. — —
— juin
Amalgamat. Cop... 75 7/8
Ter
c. PRECZDEXT
15 37
15 37
76 3/8
17 25
— -9- - -=
MARSEILLE-ALGER EN HYDRAVION
Marseille. — L’aviateur Seguin compte par
tir ce matin, à 5 heures, avec son passager,
pour tenter le raid Marseille-Alger en hydra
vion.
L’aviateur espère atterrir aux Baléares, à
9 heures du matin.
CHICAGO, 19 AVRIL
Blé sur
Maïs sur
Saindoux sur.
Mai
Juillet....
Mai
Juillet....
Mai ......
Juillet....
C. DU JOUR
92 1/8
91 3 8
56 1/4
56 1 8
11 22
11 12
C. PRECED
91 5/8
90 3/8
55 7 8
56 1,8
11 17
11 12
L’INCIDENT DE NANCY
EST CMS
M. de Schœn, ambassadeur d’Allemagne à
Paris, a tait hier après-midi une communi
cation à M. Pichon, ministre des affaires
étrangères.
Il en résulte qu’au point de vue politique,
l’incident est clos pour les deux gouverne
ments. (Havas).
Une Opinion Allemande
Berlin, 19 avril. — La Gazette de l’Allema
gne du Nord écrit au sujet de la façon dont
le gouvernement français a traité l’incident
de Nancy :
« Après les mesures prises, il faudra re
connaître que le gouvernement français est
intervenu sans retard.
» Le côté politique de l’affaire nous paraît
ainsi réglé de façon satisfaisante, sous ré
serves, bien entendu, des réclamations for
mulées par les intéressés. »
• =====
LA GUERRE D’ORIENT
Le Monténégro adhérerait aux conditions
des puissances
Sofia. — Le bruit court que le Monténégro
adhère sous conditions aux propositions des
grandes puissances.
On pense que de ce fait la réponse des
alliés sera remise aujourd’hui ou demain.
Le Bombardement de Soutari
VIENNE. — Les journaux du soir préten-
dent que le bombardement de Scutari par
les Monténégrins aurait repris le 17 avril.
La réponse des alliés
BELGRADE, 19 avril. — On assure que la ré
ponse des alliés à la note des grandes puis-
sances sera remise demain ou après-demain.
La Serbie aurait consenti en principe à la
médiation.
Une Mission albanaise à Londres
ZONSTANTINOPLE. — Les Albanais ont décidé
d’envoyer à Londres une mission de six
membres en vue de faire de la propagande
pour donner le trône d’Albanie à un prince
de la famille impériale turque.
UNE AUTOMOBILE DANS LA SEINE
Une automobile filait à toute vitesse sur
le quai de la Seine, du côté de Levallois-
Perret, lorsqu’on face de l'île de la Grande-
Jatte, par suite d’un dérapage ou d’un coup
de volant donné à faux, la voiture descen
dit la berge et plongea dans la Seine.
Le chauffeur put se dégager et gagner le
bord, mais les trois personnes qui se trou
vaient dans l’automobile, deux enfants et
leur nourrice, ne reparurent pas à la sur
face.
Quelques personnes avaient été témoins
de l’accident. Ils essayèrent vainement de
porter secours aux noyés.
Des coups de téléphone prévinrent la
préfecture de police et les pompiers. Le
préfet de police, accompagné d’un scaphan
drier, s’est rendu sur les lieux de l’acci
dent.
Voici, d’après les renseignements recueil
lis par un de nos confrères, comment se se
rait produit cet accident :
La voiture était arrêtée en face de la mai
son d’une artiste qui habite près du pont de
la Grande-Jatte. La nourrice et les deux en
fants y avaient pris place.
Le chauffeur voulut mettre en mouvement
la manivelle. La machine qui était en pre
mière vitesse partit vivement, descendit la
berge et piqua dans le fleuve.
Le chauffeur était resté sur la route.
Des mariniers, témoins de l’accident, se
précipitèrent dans la Seine.
Les glaces de l’automobile étant fermées,
leurs efforts demeurèrent vains. Ce n’est
qu’après une heure et demie de travail que
les pompiers de Paris, accourus avec leurs
appareils de sauvetage, purent rem ci Ivo
trois personnes, qui respiraient encore fai
blement.
On pratiqua sur elles la respiration artifi
cielle et les tractions rythmées de la langue,
mais à six heures, les médecins cessèrent
leurs soins : la gouvernante et les deux en
fants étaient morts.
Le chauffeur Paul Morverand, âgé de 40
ans, a été interrogé par le commissaire de
Neuilly et comme il paraît avoir une part de
responsabilité dans l’accident, le magistrat
l'a consigné à sa disposition.
Morverand affirme avoir placé son levier
de mise en marche à l’arrêt avant d’action
ner la manivelle de départ.
Cette question qui engage gravement sa
responsabilité sera tranchée après que la
voilure qui git toujours dans le petit bras
de la Seine aura été enlevée et examinée par
des experts.
GRAVE ACCIDENT D’AVIATION
Turin. — Hier soir, à 6 heures, au champ
d’aviation de Miriafiori, l’appareil de l’avia
teur Slavorosoff ayant heurté violemment le
sol, le réservoir à essence creva et l’appareil
prit feu.
Le passager fut retiré carbonisé.
L’aviateur a eu la jambe gauche brisée.
I. ETIENNE VISITE LES PLACES
FORTES DE L’EST
M. Etienne, ministre de la guerre et le gé-
néral Joffre sont partis hier soir pour visiter
les places fortes de i’Est.
W. THIERRY RENTRE EN FRANCE
MARSEILLE. — Le paquebot Carihaje, ayant P
à boru M. Thierry, ministre des travaux pu
blics, est arrivé à 5 heures du soir.
me=cer==c=-=======9
m. PIERRE BAUDIN A LORIENT
Lorient. — M. Pierre Baudin, ministre de
la marine, est arrivé à Lorient hier soir, à
6 heures 30.
Il a été reçu à la gare par les autorités ci
viles et militaires.
Le maire lui a souhaité la bienvenue.
Le ministre de la marine a offert un dîner
intime à la préfecture maritime.
La Grève générale en Belgique
LA SANTÉ DU PAPE
Rome. — Les médecins ont fait hier une
courte visite au Saint-Père, ils ont-constaté
que l’amélioration continue.
La température accusait 3607.
Aucun bulletin n’a été publié.
teweo==========-=====%
MORT DE L’AVIATEUR BRODIE
Chicago. — L’aviateur Brodie s’est tué hier
en essayant un nouvel appareil à l’aéro
drome.
DERNIÈRE HEURE SPORTIVE
Boxe
Dans la rencontre entre les deux boxeurs
Willie Lewis (Américain) et Bernard (Fran
çais), la victoire a été accordée aux points à
Bernard par les juges.
Bruxelles. — Un conseil de cabinet a été
tenu hier au cours duquel on a examiné la
situation actuelle.
Suivant le Patriote, une statistique officielle
dit qu’à Bruxelles, il y a 15,870 grévistes sur
6′1 343 ouvriers.
Suivant des rensignements recueillis à la
Maison du Peuple, il y avait hier après-
midi 28,000 grévistes.
Liège. — On comptait hier dans les char
bonnages 31,561 chômeurs.
MONS, — Il n’y a presque plus de circula
tion de marchandises et de voyageurs en
route.
GAND. — Si la grève persiste, à cause de
l’arrêt dans la préparation des matières pre
mières, plusieurs usines se verront obligées
de chômer.
LE MAIRE DE GENTILLY AUX ASSISES
Le jury rapporte un verdict affirmatif sur
toutes les questions, mais il admet les cir-
constances atténuantes.
Pirou est condamné à quinze ans de tra
vaux forcés.
Conseil des Ministres
Les ministres et sous-secrétaires d’Etat se
sont réunis hier matin, à l’Elysée, sous la
présidence de M. Poincaré.
L’Incident de Nancy
Le président du Conseil a rendu compte
de l’incident de Nancy et des sanctions qu’a
prises le ministre de l’intérieur et qui met
tent fin à cet incident.
Le nouveau Préfet de Meurte-et Moselle
Le ministre de l’intérieur a soumis à la
signature du président de la République un
decret par lequel M. Reboul, ancien préfet,
directeur honoraire au ministère de l’inté
rieur, est nommé pretet de Meurthe-et-Mo
selle en remplacement de M. Bonnet qui a
été nommé trésorier-payeur général de
l’Aisne.
L’assurance contre la gelée et la grêle
Le Conseil a décidé de faire étudier par
une Commission interministérielle compre
nant d.S représentants des ministères de
l’agriculture, des finances, de l’intérieur et
du travail les conditions dans lesquelles
pourrait être organisée l’assurance contre la
gelée et la grêle.
Le prochain Conseil aura lieu mardi ma
tin.
Le ministère de l’intérieur a institué une
enquête au sujet de l'incident de Nancy.
Elle est terminée, et des conclusions du
rapport de M. Ogier, délégué par le gouver
nement, il ressort que les faits regrettables
qui se sont produits, il y a huit jours, en
cette ville, sont attribuables non pas à des
étudiants, mais à des individus apparte
nant à cette population « hétérogène et
douteuse » dont on avait plusieurs fois si
gnalé la présence.
Aucun militaire n’a pris part aux mani
festations ; les agents de la Compagnie de
l’Est ont fait tout le possible pour apaiser
le désordre. En outre, l’incident avait été
extraordinairement grossi par certains jour
naux allemands. Il demeure cependant qu’il
reste blâmable et c’est pourquoi le gouver
nement a estimé qu'il était de son devoir
de sévir.
Les agents qui auraient dû réprimer les
scènes scandaleuses de la gare sont révo
qués, les chefs de la police de Nancy seront
remplacés par des fonctionnaires plus vigi
lants, et le préfet, qui n’avait pas eu soin
d’informer spontanément et immédiatement
le ministre de l’intérieur et qui avait pour
devoir d'ouvrir aussitôt une enquête, est
relevé de ses fonctions.
Le cabinet Barthou a décidé ces mesures,
en dehors de toute préoccupation extérieu
re. Le gouvernement allemand n’avait point
formulé de réclamation ; il s’était borné à
demander des éclaircissements. Vendredi
soir, M. Pichon a fourni à M. Schœn les
éclaircissements désirés et lui a communi
qué les décisions prises. L’ambassadeur
d’Allemagne à Paris n’a pu que rendre
compte de cet entretien à M. de Jagow. Il
n’avait point qualité pour déclarer de son
propre chef l’incident clos. Mais, ainsi que
le dit le Journal des Débats, on peut consi
dérer l’incident comme clos « par le fait
. même de la communication officielle de
renseignements faite par M. Pichon, puis
que celte communication formait l’unique
objet de la démarche de mardi de M. de
Schœn ».
Et notre confrère ajoute :
Il n’en eût été autrement que si les résul
tats de l’enquête française avaient assez peu
concordé avec ceux de l'enquête allemande
pour que le gouvernement allemand crût
devoir réclamer un supplément d’enquête.
Iais, quoiquo ses ICsulata do H’onuôto ollo
mande ne soient point encore divulgués, les
sanctions édictées par le gouvernement
français montrent assez que ce n’est point le
cas. Leur étendue et leur sévérité prouvent
qu’il y a eu, dans la nuit de dimanche der
nier, de la part des services de police de
Nancy, des négligences assez graves, pour
que le Cabinet Barthou jugeât nécessaire de
sévir rigoureusement contre les divers
agents dont la responsabilité était engagée.
M. Klotz n’avait point à examiner si les per
sonnes victimes des sévices signalés étaient
françaises ou étrangères ; il lui suffisait,
pour qu’il se trouvât dans ‘obligation de
punir les agents fautifs et d’aviser aux
moyens de prévenir le retour de désordres,
que l’ordre eût été troublé sans que les
agents chargés d’en assurer le maintien fus
sent intervenus en temps opportun.
En l’espèce, la démarche de l’ambassade
d’Allemagne, très courtoise, d’ailleurs, n’a
eu lieu que parce que M. Klotz n’avait point
été avisé directement de l’incident de Nancy
par le préfet de Meurthe-et-Moselle. Si celui-
ci, mieux informé ou plus diligent, avait si
gnalé au ministère de l’intérieur les faits
qu’ont annoncés les journaux, M. Klotz eût
été en mesure d’ordonner une enquête et M.
Pichon eût été suffisamment édifié avant que
M. de Schœn vint demander des éclaircisse
ments au quai d’Orsay. Mais le retard dans
la transmission des renseignements ne chan
ge rien au fond de l’affaire.
Administrativement, l'affaire est définitive
ment réglée par les sanctions prises par M.
Klo'z. Judiciairement, elle n'est pas ouverte,
puisque les parties lésées n’ont pas porté
plainte. Politiquement, elle tombe d'elle-
même.
Il est donc à penser que nos voisins trou
veront, dans les décisions prises, une preu
ve évidente que nous voulons éviter toute
allure de provocation et que notre désir est
de demeurer fidèles à notre bon renom
d'hospitalité envers tous les étrangers.
Mais si l'incident semble réglé, la cam
pagne gallophobe allemande se poursuit.
Elle forme un singulier contraste avec la
tenue de l’opinion française qui, d'un bout
à l’autre de cette affaire, a été parfaite.
Dès qu’elle a connu l’incident dit Le
Temps, cette opinion a déclaré avec une sai-
sissante unanimité que si des étrangers
avaient été molestés, il convenait de leur
assurer les réparations légitimes... Elle ne
s’est pas d’autre part laissé impressionner
par l’inconvenante campagne de la presse
allemande. Nous nous sommes entendu
traiter de «canailles», de «lâches». La
France a été dénoncée comme « le ruisseau
de l’Europe », mise « au-dessous des peu
plades de l’Afrique centrale ». Un ministre
allemand s’est permis de fâcheuses allusions
à notre « chauvinisme ». Ce chauvinisme
n’a pas diminué chez nous le sang-froid
dont, en face de nous, on apparaissait tota
lement dépourvu.
Cela suffira-t-il à nous assurer le repos?
On en doute, à lire la presse allemande de
ce matin. Ce n’est pas assez d’après elle, que
les fonctionnaires français coupables à des
dégrés divers de négligence soient frappés.
La Deutsche Tageszeitung, la Taegliche Runds
chau, la Post, le Lokal-Anzeiger réclament en
core autre chose. Quoi ? Des regrets’, des sa
tisfactions supplémentaires. On nous an
nonce que « l’incident n’est pas clos ». A
cette renaissance de fureur, nous nous bor
nerons à répondre très simplement que
pour nous, au contraire, il est clos.
De cet incident, nous avons peut-être
une leçon à tirer. Une gare frontière de
premier ordre sans commissaire, de sept
heures du soir à neuf heures du matin et
transformée ainsi en lieu d’asile nocturne,
voilà l’état de choses qui existait à Nancy
et auquel on va mettre un terme. Il impor
tera aussi de reviser la situation sur tous
les autres points où il serait nécessaire.
Pour ce oui est de la nervosité manifestée
par une partie de la presse allemande, elle
sera taxée, ailleurs encore que chez nous,
d'exagération singulière.
Il n’est pas vrai que les Allemands aient
jamais été exposés à des molestations en
France. Non seulement ils y jouissent des
mêmes avantages que tous les autres étran
gers, mais, au nombre de 150,000, ils y oc
cupent des situations commerciales fort en
viables, — et souvent, ils y font fortune.
Et lorsque, ces jours-ci, leur Zeppelin a
franchi la frontière, dans les conditions que
l’on n’a point oubliées, les officiers qui for
maient son équipage ont été l’objet de la
bienveillance des autorités françaises. La
presse allemande n’a pu s’empêcher de ren
dre hommage à cette courtoisie.
Dès lors, les excitations de la presse
pangermaniste, si elles continuaient après
les sanctions intervenues, seraient l’aveu
d’intentions manifestement hostiles et in
justes.
Cette presse a invité le gouvernement de
Berlin à réclamer à Paris l’expression de
regrets. Mais le cabinet de Berlin ne la sui
vra pas dans cette voie, et pour cette excel
lente raison — qu’il n’ignore pas et que pré
cise notre confrère ;
« ... Il n’y a lieu d’exprimer officielle
ment des regrets que lorsque des fonction
naires dans l’exercice de leurs fonctions ;
sont en cause. Or, les Allemands de passag e |
à Nancy dimanche dernier n’étaient revêtus •
d’aucun caractère officiel et les occupations
auxquelles ils s’y sont livrés n’avaient rien
de gouvernemental. Il ne peut donc être
question entre les deux gouvernements
d’expression de regrets. »
IL F.
U GUERRE D’ORIENT
Le Monténégro et l'Autriche
Gettigné, 19 avril.
On signale l’exaspération croissante qui
anime le roi Nicolas. Certaines personnes se
demandent si, par dépit à l’égard des puis
sances de la Triple-Entente, le roi ne va pas
dessiner une brusque conversion vers l’Au
triche.
On croit toutefois qu’une semblable atti-
tute répond, ait peu aux sentiments du peu
ple monténégrin.
La Sorbie et l'Albanie
Belgrade, 19 avril.
Le gouvernement serbe a fait savoir aux
22 w-IaASPne e-9%] 3r—s wincir SwmAara
CEUX QUI ATTENDENT
Cliché Pelit
UN DESSIN DE TROPPMANN
Dans l’angle, écrite par l’assassin, cette mention ?
« C’est comme c’est arivé que Kinke le père misérabls
qui m’a perdu il a tué toute sa famille »,
Entre les murs nus de leur cellule,livrés à
leurs dernières pensées, hantés par l’appro
che de l’aube sanglante qui les verra payer
leur dette, ils sont quatre hommes qui guet
tent la venue de la mort.
Il y a de l’épouvante dans ces veillées tra
giques. Point n’est besoin de faire appel à
l’effort d’imagination pour se figurer l’an
goisse de certains réveils, l’effroi du cauche
mar qui fait se dresser le condamné sur son
lit avec la terrible vision de la « veuve «dres
sant ses bras rouges sous le ciel gris. Peu à
peu les esprits se ressaisissent, se reprennent
à vivre avec la notion précise des choses;
les tempes perlées de sueur froide battent
gnandacmmiessnna0gI‘IInnape‘r irnnesi. les tempes periees us sueur ironie vaueiu
Erondesppissanc eqaeudRaras Œ, plus régulièrement a mesure que la peur
Nord et Est, toile qu’elle a été arrêtée par la
conférence de Londres.
Le gouvernement serbe estime notamment
qu’il lui est impossible de se passer du dis
trict de Liuma et qu’il a besoin d’obtenir les
vallées des deux Drins, afin de construire la
voie ferrée Danube-Adriatique, sur laquelle
tout le monde est d’accord.
Le gouvernement serbe s’inquiète qu’il ne
soit plus question depuis quelques semai
nes des garanties à donner à la Serbie
en ce qui concerne son débouché sur l’Adria
tique.
Il rappelle qu’un engagement positif a été
pris et demande que les stipulations qui
doivent traduire en actes cet engagement
soient indiquées de la façon la plus nette
dans les protocoles internationaux.
La Bulgarie et l’Indemnité
Sofia, 19 avril.
Le gouvernement bulgare demandera dans
la réponse qu’il adressera à la note des
puissances des précisions positives au sujet
de l’indemnité.
—-9-- - —--—.——
Obsèques des Victimes de
l’Accident de Villiers-sur-Marne
Les obsèques des cinq victimes de la dou
loureuse tragédie aérienne de Villiers-sur-
Marne ont été célébrées hier.
Dans la chapelle de l’hôpital militaire Bé
gin, à Vincennes, où les corps avaient été
transportés au lendemain de l’accident, les
cinq cercueils contenant les dépouilles mor
telles des capitaines Clavenad et de Noue, du
lieutenant Vasselot de Régné, du sergent
Richy et de M. Jacques Aumont-Thiéville,
étaient alignés devant l’autel.
Le président de la République s’était fait
représenter par le lieutenant-colonel Péne-
Ion, et le président du Conseil des ministres
par M. Pierre Marcel, chef adjoint de son
cabinet.
La messe fut dite par l’abbé Bruneau, au
mônier de l’hôpital militaire Bégin ; l’abbé
Revel, vicaire à l’église de Saint-Mandé,
donna l’absoute.
Quand la cérémonie religieuse prit fin, un
détachement du 26e bataillon de chasseurs
à pied forma dans la cour de l’hôpital, de
vant la chapelle, un carré à l’intérieur du
quel furent transportés à bras les cercueils
tandis que la fanfare du régiment exécutait
une marche funèbre.
Des discours furent prononcés par MM.
Deutsch de la Meurthe, et Etienne, ministre
de la guerre.
Quand le ministre de la guerre eut termi
né son discours, le bataillon du 26e chas
seurs défila, aux accents de la marche le Té
méraire, devant les cercueils. Deux esca
drons du 23e régiment de dragons suivaient
à pied, la carabine à l’épaule.
Le cercueil du capitaine Clavenad fut en
suite porté sur un char funèbre, orné aux
quatre angles de trophées de drapeaux. Le
corps du malheureux officier fut conduit au
cimetière de Montparnasse, où le comman
dant Richard salua une dernière fois sa dé
pouille au nom du colonel Bouttieaux, com
mandant le centre d’aviation de Vincennes,
actuellement en Algérie.
Le capitaine de No üe sera inhumé à Dam-
marie-les-Lys, le lieutenant Vasselot de Ré
gné à Melle (Sarthe), et le sergent Richy à
Pourru-au-Bois (Ardennes).
ON TROUVE
LE PETIT HAVRE à Paris
à la HBMIHIE IMTERIATIOHALE
108, rue Saint-Lazare, 108
(immeuble de l'HOTEL TERMINUS)
décroît, l’oreilie doute encore ' cependant,
épiant les bruits du dehors.
Ne dirait-on pas de rumeurs, comme le
grondement d’une mer humaine dont les
flots viennent battre les murs de la geôle,
des bruits vagues ? On dirait l’écho assourdi
de coups de marteau à l’heure où le jour
point et glisse des traînées indécises et pâles,
à l’heure où, peut-être, les autres achèvent
sur la petite place le sinistre montage...
Mais non !... La peur affolle. Elle enfante
inutilement d’atroces images, elle rend blê
me et serre la gorge comme dans un étau.
Illusion stupide. La clameur de tout à l’heure
n’était que le claquement d’une porte ; un
maigre bruit de pas s’est graduellement
éteint dans le couloir. Le gardien fait sa
ronde, comme de coutume. Il s’est arrêté un
moment devant la cage, il a jeté un coup
d’œil par le judas, puis les gros souliers fer
rés ont repris leur marche rythmée comme
un balancier de pendule. Le jour est venu.
Les lampes s’éteignent. Il y a dans le rayon
rose qui se faufile entre les barreaux de
la fenêtre le bel espoir d’une journée de
vie... Allons, ce ne sera pas encore pour au
jourd’hui !... La soupe est bonne.
#
* *
Avez-vous songé à l’effarant combat de
l’homme aux écoutes contre l’épouvante
qui l’accable et l’anéantit un peu plus cha
que jour en des soubres auts d’espérance
vaine et de désespoir impuissant ?
La peine de mort, mais elle commence
son effet de la seconde même où le verdict
est prononcé. Elle s’installe dès l’instant
dans les âmes frappées, avec tout son cor
tège d’appréhensions et d’horreurs. Elle les
subjugue et les broie.
Le châtiment final n’est plus qu’un pas
à franchir, la suprême secousse qui libère
les angoisses et les envoie dans le néant. La
peine à déjà fait la plus grande partie de son
œuvre en mettant la conscience et la sensi
bilité devant le tableau de la fin tragique.
Combien de condamnés qui affectèrent au
cours des débats le cynisme révoltant de leur
rôle, l’ignoble indifférence de la mort qu’ils
avaient reniée, pauvres attitudes de caboti
nage, n'ont pu maîtriser le petit tremble
ment nerveux qui fait serrer les dents et
plier l’échine lorsqu’ils ont entendu tomber
sur leur cou, avec la froideur du couperet,
la sentence qui les livrait à l’exécuteur...
Murs de prisons, que de drames muets,
intimes et poignants vous avez pu voir ! Et
que de confidences ultimes vous avez re
çues de toutes ces déchéances humaines, de
tout l’horrible troupeau d'ignominie et de
douleur, de fatalité et de misère, qui vient
s’échouer là, au jour le jour 1
85
* *
Une fleur a cependant poussé sur ce fu-
mier. L’espérance en la pitié demeure vi
vace aux cœurs les plus fermés. Dans la
lutte permanente que les reclus livrent aux
visions funèbres, l’espérance vient toujours
prêter son réconfort. Elle surgit d’instinct.
La cellule n’a point encore la dureté im
placable de l’enter du Dante. Des âmes in
quiètes se réfugient dans les derniers re
tranchements d’un espoir problématique,
petite lueur vague, vacillante et faible,
qu’une brise matinale peut souffler, mais
petite lueur tout de même, derrière laquelle
le criminel trouvera peut-être un salut re
latif.
Et l’espérance, de temps en temps, vient
bercer des effrois, endormir des craintes,
offrir aux réflexions des images reposantes
et calmes.
L’homme s’ingénie à oublier le lourd poids
des heurs qui passent. Il lit. Il demande à
la bibliothèque de la prison de lui donner
l’illusion du narcotique en lui glissant dans
l’esprit des choses nouvelles qui déroulent
un instant le cours habituel de ses pen-
secs. *
Ou bien encore il écrit. Le papier reçoit
sa contession in extremis »
Un scrupule invraisemblable amène le
fauve à mettre de l’ordre dans ses affaires
de sentiment. Ce criminel farouche se dé
couvre, dans la solitude de la détention, des
réserves de douceur, d’émotion, de sensi
bilité. Il songe aux siens, à la peine qu’il
leur cause ; il s’en excuse.
Lorsque le cœur s’amollit ainsi, l’aveu du
repentir est proche, et l’heure n’est plus ans
dissimulations.
se
* * —
L’étrange et suggestive collection que l’on
ferait de ces « littératures » d’assassins ! Et
comme elle permettrait de plonger dans la
mystère de ces psychologies déconcertantes
qui associent, suivant l’occasion, tant de
cruauté et de mal aux délicatesses naïves
d’une conscience tardivement repliée sur
elle-même.
Parfois aussi, ils dessinent,ces condamnés.
Les mains plus ou moins habiles s’exercent
à fixer des souvenirs. Presque tous les ca
chots ont conservé des dessins de prison
niers.
Tropmann dessinait dans sa cellule en at
tendant la venue du bourreau. La science
s’est emparée de ces chiffons de papier et a
tenté de découvrir derrière le coup de plume
l’exacte mentalité de celui qui le traça.
Dans l’admirable plaidoirie qu’il prononça
en faveur de son trop célèbre client, Me Char
les Lachaud s’était demandé qui il était, en
présence de quel être la justice mettait les
jurés. Et sa voix éloquente, au service d’un
talent resté fameux dans le prétoire, avait
posé la troublante question :
« Ce qu’est Tropmann ? Voilà deux for
que je le cherche et je ne l’ai pas trouvé,
est sa nature? Est-ce un homme ?
Quelle
Est-ce
un tigre ? A-t il conscience de ses
actes ? Est-il insensé ? C’est là le problème
et, j'en demande pardon à l’accusation, il
est là tout entier, Les émotions que soulève
cette affaire, je les ressens comme M. le pro
cureur général. Quel est l’homme qui n’a
pas peiné devant ces cadavres, au souvenir
des scènes de carnage ?...
» Tropmann n’a jamais eu d'enfance, ja
mais de jeunesse. On se rappelle la fixité de
ses idées ; le propos qu’il tenait à l’un de
ses camarades n'est-il pas significatif?
» A dix-sept ou dix-huit ans, il est obsédé
par des idées fixes ! Il a lu un livre qui l’a
exalté et qui a perdu sa raison chancelante.
Il a lu le JuifEnant, un roman d’Eugène
Sue. Ce livre est sa lecture favorite, ordi
naire; on y voit que la fortune de Renne-
pont, 212 millions, est convoitée par Rodin,
qui, pour s’en emparer, fera disparaître la
famille entière ! Six personnes meurent
d’une mort violente ! Voilà les héros de ses
jours et de ses nuits. Son cerveau est atteint
par ses lectures, il devient malade, et Tropp-
mann dit à un camarade : « Quand on lit
beaucoup de romans on s’endort avec,
quand on n’en lit qu’un seul, ou en rêve, on
a une idée fixe ». L’idée fixe, chez Tropp-
marin, est devenue l’idée horrible, le massa-
cre de huit personnes. Les hommes de
science pourront vous le dire, vous avez de
vant vous un être particulier ; voyez-le ; étu-
diez-le ; détournez vos yeux des victimes et
jugez l’accusé. Voyez-lebizarre dans sa struc
ture ; voyez ses bras, voyez ses mains ; quel
qu’un hier me disait : voyez-le, voyez son
attitude, il y a du fauve dans cet homme.
Eh bien ! si vous avez affaire à une bête fé
roce, il faut la muscler et non la tuer. »
Et comme des murmures s’élevaient parmi
l’auditoire, Lachaud, drapé dans sa toge, les
faisait faire par une de ces apostrophes que
sa foi professionnelle enflammait :
« C’est ma conscience qui parie, et quand
j’ai l’honneur d’accomplir un devoir, je plains
ceux qui ne comprennent pas le respect
qu’on doit à mon ministère.
» Oui cette idée fixe n’est-elle pas la folie,
la folie criminelle ? »
Artifice d’avocat, subtilité de la défense?
Peut-être.
Le talent oratoire de Lachaud était digne
d’un combat aussi difficile,où d’ailleurs il n’a
point triomphé.
Mais les hommes de science sont venus
après lui, qui partagèrent sa manière de
comprendre et de voir. Un Lombroso s’est
attaché à souligner les tares mentales trahies
par un dessin. L’ignorance de la perspective,
les fautes grossières qu'elle tait commettre,
sont à ses veux des indices. Dans le naïf cro-
quis où l’assassin retrace son crime, il sa
représente deux fois plus grand que ses vic
times, et ce détail caractéristique accuse un
paralytique général.
Théorie troublante, théorie périlleuse, qui
tend à faire voir un malade dans tout crimi
nel et réduit au minimum la part des res
ponsabilités.
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AU HAVRE.
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Paris, trois heures matin
DÉPÊCHES COMMERCIALES
NEW-YORK, 19 AVRIL
Cotons : mai, baisse 11 points ; juillet,
baisse 11 points ; octobre, baisse 6 points ;
décembre, baisse 7 points.
Calés : hausse 6 à 7 points.
L’AFFAIRE LAMARRE
Versailles. — La Cour dassises entend
plusieurs témoins qui viennent se porter ga
rants de l’innocence de Lamarre, le secrétai
re du Syndicat des machinistes, renvoyé de
vant elle par la Cour de cassation.
Les débats sont terminés.
Le procureur Perrussel ne demande ni
l’acquittement, ni la condamnation ; les ju
rés seuls décideront, dit-il.
Le défenseur, Me Chesné, dit que La
marre est victime d’une odieuse machina
tion et d’une vengeance ; il demande Pac-
quittement.
Le jury, après dix minutes, prononce l’ac
quittement.
I’NCIDMN DI NANCY
NEW-YORK, 19 AVRIL
c. su ion
Cuivre Standard disp. — —
— juin
Amalgamat. Cop... 75 7/8
Ter
c. PRECZDEXT
15 37
15 37
76 3/8
17 25
— -9- - -=
MARSEILLE-ALGER EN HYDRAVION
Marseille. — L’aviateur Seguin compte par
tir ce matin, à 5 heures, avec son passager,
pour tenter le raid Marseille-Alger en hydra
vion.
L’aviateur espère atterrir aux Baléares, à
9 heures du matin.
CHICAGO, 19 AVRIL
Blé sur
Maïs sur
Saindoux sur.
Mai
Juillet....
Mai
Juillet....
Mai ......
Juillet....
C. DU JOUR
92 1/8
91 3 8
56 1/4
56 1 8
11 22
11 12
C. PRECED
91 5/8
90 3/8
55 7 8
56 1,8
11 17
11 12
L’INCIDENT DE NANCY
EST CMS
M. de Schœn, ambassadeur d’Allemagne à
Paris, a tait hier après-midi une communi
cation à M. Pichon, ministre des affaires
étrangères.
Il en résulte qu’au point de vue politique,
l’incident est clos pour les deux gouverne
ments. (Havas).
Une Opinion Allemande
Berlin, 19 avril. — La Gazette de l’Allema
gne du Nord écrit au sujet de la façon dont
le gouvernement français a traité l’incident
de Nancy :
« Après les mesures prises, il faudra re
connaître que le gouvernement français est
intervenu sans retard.
» Le côté politique de l’affaire nous paraît
ainsi réglé de façon satisfaisante, sous ré
serves, bien entendu, des réclamations for
mulées par les intéressés. »
• =====
LA GUERRE D’ORIENT
Le Monténégro adhérerait aux conditions
des puissances
Sofia. — Le bruit court que le Monténégro
adhère sous conditions aux propositions des
grandes puissances.
On pense que de ce fait la réponse des
alliés sera remise aujourd’hui ou demain.
Le Bombardement de Soutari
VIENNE. — Les journaux du soir préten-
dent que le bombardement de Scutari par
les Monténégrins aurait repris le 17 avril.
La réponse des alliés
BELGRADE, 19 avril. — On assure que la ré
ponse des alliés à la note des grandes puis-
sances sera remise demain ou après-demain.
La Serbie aurait consenti en principe à la
médiation.
Une Mission albanaise à Londres
ZONSTANTINOPLE. — Les Albanais ont décidé
d’envoyer à Londres une mission de six
membres en vue de faire de la propagande
pour donner le trône d’Albanie à un prince
de la famille impériale turque.
UNE AUTOMOBILE DANS LA SEINE
Une automobile filait à toute vitesse sur
le quai de la Seine, du côté de Levallois-
Perret, lorsqu’on face de l'île de la Grande-
Jatte, par suite d’un dérapage ou d’un coup
de volant donné à faux, la voiture descen
dit la berge et plongea dans la Seine.
Le chauffeur put se dégager et gagner le
bord, mais les trois personnes qui se trou
vaient dans l’automobile, deux enfants et
leur nourrice, ne reparurent pas à la sur
face.
Quelques personnes avaient été témoins
de l’accident. Ils essayèrent vainement de
porter secours aux noyés.
Des coups de téléphone prévinrent la
préfecture de police et les pompiers. Le
préfet de police, accompagné d’un scaphan
drier, s’est rendu sur les lieux de l’acci
dent.
Voici, d’après les renseignements recueil
lis par un de nos confrères, comment se se
rait produit cet accident :
La voiture était arrêtée en face de la mai
son d’une artiste qui habite près du pont de
la Grande-Jatte. La nourrice et les deux en
fants y avaient pris place.
Le chauffeur voulut mettre en mouvement
la manivelle. La machine qui était en pre
mière vitesse partit vivement, descendit la
berge et piqua dans le fleuve.
Le chauffeur était resté sur la route.
Des mariniers, témoins de l’accident, se
précipitèrent dans la Seine.
Les glaces de l’automobile étant fermées,
leurs efforts demeurèrent vains. Ce n’est
qu’après une heure et demie de travail que
les pompiers de Paris, accourus avec leurs
appareils de sauvetage, purent rem ci Ivo
trois personnes, qui respiraient encore fai
blement.
On pratiqua sur elles la respiration artifi
cielle et les tractions rythmées de la langue,
mais à six heures, les médecins cessèrent
leurs soins : la gouvernante et les deux en
fants étaient morts.
Le chauffeur Paul Morverand, âgé de 40
ans, a été interrogé par le commissaire de
Neuilly et comme il paraît avoir une part de
responsabilité dans l’accident, le magistrat
l'a consigné à sa disposition.
Morverand affirme avoir placé son levier
de mise en marche à l’arrêt avant d’action
ner la manivelle de départ.
Cette question qui engage gravement sa
responsabilité sera tranchée après que la
voilure qui git toujours dans le petit bras
de la Seine aura été enlevée et examinée par
des experts.
GRAVE ACCIDENT D’AVIATION
Turin. — Hier soir, à 6 heures, au champ
d’aviation de Miriafiori, l’appareil de l’avia
teur Slavorosoff ayant heurté violemment le
sol, le réservoir à essence creva et l’appareil
prit feu.
Le passager fut retiré carbonisé.
L’aviateur a eu la jambe gauche brisée.
I. ETIENNE VISITE LES PLACES
FORTES DE L’EST
M. Etienne, ministre de la guerre et le gé-
néral Joffre sont partis hier soir pour visiter
les places fortes de i’Est.
W. THIERRY RENTRE EN FRANCE
MARSEILLE. — Le paquebot Carihaje, ayant P
à boru M. Thierry, ministre des travaux pu
blics, est arrivé à 5 heures du soir.
me=cer==c=-=======9
m. PIERRE BAUDIN A LORIENT
Lorient. — M. Pierre Baudin, ministre de
la marine, est arrivé à Lorient hier soir, à
6 heures 30.
Il a été reçu à la gare par les autorités ci
viles et militaires.
Le maire lui a souhaité la bienvenue.
Le ministre de la marine a offert un dîner
intime à la préfecture maritime.
La Grève générale en Belgique
LA SANTÉ DU PAPE
Rome. — Les médecins ont fait hier une
courte visite au Saint-Père, ils ont-constaté
que l’amélioration continue.
La température accusait 3607.
Aucun bulletin n’a été publié.
teweo==========-=====%
MORT DE L’AVIATEUR BRODIE
Chicago. — L’aviateur Brodie s’est tué hier
en essayant un nouvel appareil à l’aéro
drome.
DERNIÈRE HEURE SPORTIVE
Boxe
Dans la rencontre entre les deux boxeurs
Willie Lewis (Américain) et Bernard (Fran
çais), la victoire a été accordée aux points à
Bernard par les juges.
Bruxelles. — Un conseil de cabinet a été
tenu hier au cours duquel on a examiné la
situation actuelle.
Suivant le Patriote, une statistique officielle
dit qu’à Bruxelles, il y a 15,870 grévistes sur
6′1 343 ouvriers.
Suivant des rensignements recueillis à la
Maison du Peuple, il y avait hier après-
midi 28,000 grévistes.
Liège. — On comptait hier dans les char
bonnages 31,561 chômeurs.
MONS, — Il n’y a presque plus de circula
tion de marchandises et de voyageurs en
route.
GAND. — Si la grève persiste, à cause de
l’arrêt dans la préparation des matières pre
mières, plusieurs usines se verront obligées
de chômer.
LE MAIRE DE GENTILLY AUX ASSISES
Le jury rapporte un verdict affirmatif sur
toutes les questions, mais il admet les cir-
constances atténuantes.
Pirou est condamné à quinze ans de tra
vaux forcés.
Conseil des Ministres
Les ministres et sous-secrétaires d’Etat se
sont réunis hier matin, à l’Elysée, sous la
présidence de M. Poincaré.
L’Incident de Nancy
Le président du Conseil a rendu compte
de l’incident de Nancy et des sanctions qu’a
prises le ministre de l’intérieur et qui met
tent fin à cet incident.
Le nouveau Préfet de Meurte-et Moselle
Le ministre de l’intérieur a soumis à la
signature du président de la République un
decret par lequel M. Reboul, ancien préfet,
directeur honoraire au ministère de l’inté
rieur, est nommé pretet de Meurthe-et-Mo
selle en remplacement de M. Bonnet qui a
été nommé trésorier-payeur général de
l’Aisne.
L’assurance contre la gelée et la grêle
Le Conseil a décidé de faire étudier par
une Commission interministérielle compre
nant d.S représentants des ministères de
l’agriculture, des finances, de l’intérieur et
du travail les conditions dans lesquelles
pourrait être organisée l’assurance contre la
gelée et la grêle.
Le prochain Conseil aura lieu mardi ma
tin.
Le ministère de l’intérieur a institué une
enquête au sujet de l'incident de Nancy.
Elle est terminée, et des conclusions du
rapport de M. Ogier, délégué par le gouver
nement, il ressort que les faits regrettables
qui se sont produits, il y a huit jours, en
cette ville, sont attribuables non pas à des
étudiants, mais à des individus apparte
nant à cette population « hétérogène et
douteuse » dont on avait plusieurs fois si
gnalé la présence.
Aucun militaire n’a pris part aux mani
festations ; les agents de la Compagnie de
l’Est ont fait tout le possible pour apaiser
le désordre. En outre, l’incident avait été
extraordinairement grossi par certains jour
naux allemands. Il demeure cependant qu’il
reste blâmable et c’est pourquoi le gouver
nement a estimé qu'il était de son devoir
de sévir.
Les agents qui auraient dû réprimer les
scènes scandaleuses de la gare sont révo
qués, les chefs de la police de Nancy seront
remplacés par des fonctionnaires plus vigi
lants, et le préfet, qui n’avait pas eu soin
d’informer spontanément et immédiatement
le ministre de l’intérieur et qui avait pour
devoir d'ouvrir aussitôt une enquête, est
relevé de ses fonctions.
Le cabinet Barthou a décidé ces mesures,
en dehors de toute préoccupation extérieu
re. Le gouvernement allemand n’avait point
formulé de réclamation ; il s’était borné à
demander des éclaircissements. Vendredi
soir, M. Pichon a fourni à M. Schœn les
éclaircissements désirés et lui a communi
qué les décisions prises. L’ambassadeur
d’Allemagne à Paris n’a pu que rendre
compte de cet entretien à M. de Jagow. Il
n’avait point qualité pour déclarer de son
propre chef l’incident clos. Mais, ainsi que
le dit le Journal des Débats, on peut consi
dérer l’incident comme clos « par le fait
. même de la communication officielle de
renseignements faite par M. Pichon, puis
que celte communication formait l’unique
objet de la démarche de mardi de M. de
Schœn ».
Et notre confrère ajoute :
Il n’en eût été autrement que si les résul
tats de l’enquête française avaient assez peu
concordé avec ceux de l'enquête allemande
pour que le gouvernement allemand crût
devoir réclamer un supplément d’enquête.
Iais, quoiquo ses ICsulata do H’onuôto ollo
mande ne soient point encore divulgués, les
sanctions édictées par le gouvernement
français montrent assez que ce n’est point le
cas. Leur étendue et leur sévérité prouvent
qu’il y a eu, dans la nuit de dimanche der
nier, de la part des services de police de
Nancy, des négligences assez graves, pour
que le Cabinet Barthou jugeât nécessaire de
sévir rigoureusement contre les divers
agents dont la responsabilité était engagée.
M. Klotz n’avait point à examiner si les per
sonnes victimes des sévices signalés étaient
françaises ou étrangères ; il lui suffisait,
pour qu’il se trouvât dans ‘obligation de
punir les agents fautifs et d’aviser aux
moyens de prévenir le retour de désordres,
que l’ordre eût été troublé sans que les
agents chargés d’en assurer le maintien fus
sent intervenus en temps opportun.
En l’espèce, la démarche de l’ambassade
d’Allemagne, très courtoise, d’ailleurs, n’a
eu lieu que parce que M. Klotz n’avait point
été avisé directement de l’incident de Nancy
par le préfet de Meurthe-et-Moselle. Si celui-
ci, mieux informé ou plus diligent, avait si
gnalé au ministère de l’intérieur les faits
qu’ont annoncés les journaux, M. Klotz eût
été en mesure d’ordonner une enquête et M.
Pichon eût été suffisamment édifié avant que
M. de Schœn vint demander des éclaircisse
ments au quai d’Orsay. Mais le retard dans
la transmission des renseignements ne chan
ge rien au fond de l’affaire.
Administrativement, l'affaire est définitive
ment réglée par les sanctions prises par M.
Klo'z. Judiciairement, elle n'est pas ouverte,
puisque les parties lésées n’ont pas porté
plainte. Politiquement, elle tombe d'elle-
même.
Il est donc à penser que nos voisins trou
veront, dans les décisions prises, une preu
ve évidente que nous voulons éviter toute
allure de provocation et que notre désir est
de demeurer fidèles à notre bon renom
d'hospitalité envers tous les étrangers.
Mais si l'incident semble réglé, la cam
pagne gallophobe allemande se poursuit.
Elle forme un singulier contraste avec la
tenue de l’opinion française qui, d'un bout
à l’autre de cette affaire, a été parfaite.
Dès qu’elle a connu l’incident dit Le
Temps, cette opinion a déclaré avec une sai-
sissante unanimité que si des étrangers
avaient été molestés, il convenait de leur
assurer les réparations légitimes... Elle ne
s’est pas d’autre part laissé impressionner
par l’inconvenante campagne de la presse
allemande. Nous nous sommes entendu
traiter de «canailles», de «lâches». La
France a été dénoncée comme « le ruisseau
de l’Europe », mise « au-dessous des peu
plades de l’Afrique centrale ». Un ministre
allemand s’est permis de fâcheuses allusions
à notre « chauvinisme ». Ce chauvinisme
n’a pas diminué chez nous le sang-froid
dont, en face de nous, on apparaissait tota
lement dépourvu.
Cela suffira-t-il à nous assurer le repos?
On en doute, à lire la presse allemande de
ce matin. Ce n’est pas assez d’après elle, que
les fonctionnaires français coupables à des
dégrés divers de négligence soient frappés.
La Deutsche Tageszeitung, la Taegliche Runds
chau, la Post, le Lokal-Anzeiger réclament en
core autre chose. Quoi ? Des regrets’, des sa
tisfactions supplémentaires. On nous an
nonce que « l’incident n’est pas clos ». A
cette renaissance de fureur, nous nous bor
nerons à répondre très simplement que
pour nous, au contraire, il est clos.
De cet incident, nous avons peut-être
une leçon à tirer. Une gare frontière de
premier ordre sans commissaire, de sept
heures du soir à neuf heures du matin et
transformée ainsi en lieu d’asile nocturne,
voilà l’état de choses qui existait à Nancy
et auquel on va mettre un terme. Il impor
tera aussi de reviser la situation sur tous
les autres points où il serait nécessaire.
Pour ce oui est de la nervosité manifestée
par une partie de la presse allemande, elle
sera taxée, ailleurs encore que chez nous,
d'exagération singulière.
Il n’est pas vrai que les Allemands aient
jamais été exposés à des molestations en
France. Non seulement ils y jouissent des
mêmes avantages que tous les autres étran
gers, mais, au nombre de 150,000, ils y oc
cupent des situations commerciales fort en
viables, — et souvent, ils y font fortune.
Et lorsque, ces jours-ci, leur Zeppelin a
franchi la frontière, dans les conditions que
l’on n’a point oubliées, les officiers qui for
maient son équipage ont été l’objet de la
bienveillance des autorités françaises. La
presse allemande n’a pu s’empêcher de ren
dre hommage à cette courtoisie.
Dès lors, les excitations de la presse
pangermaniste, si elles continuaient après
les sanctions intervenues, seraient l’aveu
d’intentions manifestement hostiles et in
justes.
Cette presse a invité le gouvernement de
Berlin à réclamer à Paris l’expression de
regrets. Mais le cabinet de Berlin ne la sui
vra pas dans cette voie, et pour cette excel
lente raison — qu’il n’ignore pas et que pré
cise notre confrère ;
« ... Il n’y a lieu d’exprimer officielle
ment des regrets que lorsque des fonction
naires dans l’exercice de leurs fonctions ;
sont en cause. Or, les Allemands de passag e |
à Nancy dimanche dernier n’étaient revêtus •
d’aucun caractère officiel et les occupations
auxquelles ils s’y sont livrés n’avaient rien
de gouvernemental. Il ne peut donc être
question entre les deux gouvernements
d’expression de regrets. »
IL F.
U GUERRE D’ORIENT
Le Monténégro et l'Autriche
Gettigné, 19 avril.
On signale l’exaspération croissante qui
anime le roi Nicolas. Certaines personnes se
demandent si, par dépit à l’égard des puis
sances de la Triple-Entente, le roi ne va pas
dessiner une brusque conversion vers l’Au
triche.
On croit toutefois qu’une semblable atti-
tute répond, ait peu aux sentiments du peu
ple monténégrin.
La Sorbie et l'Albanie
Belgrade, 19 avril.
Le gouvernement serbe a fait savoir aux
22 w-IaASPne e-9%] 3r—s wincir SwmAara
CEUX QUI ATTENDENT
Cliché Pelit
UN DESSIN DE TROPPMANN
Dans l’angle, écrite par l’assassin, cette mention ?
« C’est comme c’est arivé que Kinke le père misérabls
qui m’a perdu il a tué toute sa famille »,
Entre les murs nus de leur cellule,livrés à
leurs dernières pensées, hantés par l’appro
che de l’aube sanglante qui les verra payer
leur dette, ils sont quatre hommes qui guet
tent la venue de la mort.
Il y a de l’épouvante dans ces veillées tra
giques. Point n’est besoin de faire appel à
l’effort d’imagination pour se figurer l’an
goisse de certains réveils, l’effroi du cauche
mar qui fait se dresser le condamné sur son
lit avec la terrible vision de la « veuve «dres
sant ses bras rouges sous le ciel gris. Peu à
peu les esprits se ressaisissent, se reprennent
à vivre avec la notion précise des choses;
les tempes perlées de sueur froide battent
gnandacmmiessnna0gI‘IInnape‘r irnnesi. les tempes periees us sueur ironie vaueiu
Erondesppissanc eqaeudRaras Œ, plus régulièrement a mesure que la peur
Nord et Est, toile qu’elle a été arrêtée par la
conférence de Londres.
Le gouvernement serbe estime notamment
qu’il lui est impossible de se passer du dis
trict de Liuma et qu’il a besoin d’obtenir les
vallées des deux Drins, afin de construire la
voie ferrée Danube-Adriatique, sur laquelle
tout le monde est d’accord.
Le gouvernement serbe s’inquiète qu’il ne
soit plus question depuis quelques semai
nes des garanties à donner à la Serbie
en ce qui concerne son débouché sur l’Adria
tique.
Il rappelle qu’un engagement positif a été
pris et demande que les stipulations qui
doivent traduire en actes cet engagement
soient indiquées de la façon la plus nette
dans les protocoles internationaux.
La Bulgarie et l’Indemnité
Sofia, 19 avril.
Le gouvernement bulgare demandera dans
la réponse qu’il adressera à la note des
puissances des précisions positives au sujet
de l’indemnité.
—-9-- - —--—.——
Obsèques des Victimes de
l’Accident de Villiers-sur-Marne
Les obsèques des cinq victimes de la dou
loureuse tragédie aérienne de Villiers-sur-
Marne ont été célébrées hier.
Dans la chapelle de l’hôpital militaire Bé
gin, à Vincennes, où les corps avaient été
transportés au lendemain de l’accident, les
cinq cercueils contenant les dépouilles mor
telles des capitaines Clavenad et de Noue, du
lieutenant Vasselot de Régné, du sergent
Richy et de M. Jacques Aumont-Thiéville,
étaient alignés devant l’autel.
Le président de la République s’était fait
représenter par le lieutenant-colonel Péne-
Ion, et le président du Conseil des ministres
par M. Pierre Marcel, chef adjoint de son
cabinet.
La messe fut dite par l’abbé Bruneau, au
mônier de l’hôpital militaire Bégin ; l’abbé
Revel, vicaire à l’église de Saint-Mandé,
donna l’absoute.
Quand la cérémonie religieuse prit fin, un
détachement du 26e bataillon de chasseurs
à pied forma dans la cour de l’hôpital, de
vant la chapelle, un carré à l’intérieur du
quel furent transportés à bras les cercueils
tandis que la fanfare du régiment exécutait
une marche funèbre.
Des discours furent prononcés par MM.
Deutsch de la Meurthe, et Etienne, ministre
de la guerre.
Quand le ministre de la guerre eut termi
né son discours, le bataillon du 26e chas
seurs défila, aux accents de la marche le Té
méraire, devant les cercueils. Deux esca
drons du 23e régiment de dragons suivaient
à pied, la carabine à l’épaule.
Le cercueil du capitaine Clavenad fut en
suite porté sur un char funèbre, orné aux
quatre angles de trophées de drapeaux. Le
corps du malheureux officier fut conduit au
cimetière de Montparnasse, où le comman
dant Richard salua une dernière fois sa dé
pouille au nom du colonel Bouttieaux, com
mandant le centre d’aviation de Vincennes,
actuellement en Algérie.
Le capitaine de No üe sera inhumé à Dam-
marie-les-Lys, le lieutenant Vasselot de Ré
gné à Melle (Sarthe), et le sergent Richy à
Pourru-au-Bois (Ardennes).
ON TROUVE
LE PETIT HAVRE à Paris
à la HBMIHIE IMTERIATIOHALE
108, rue Saint-Lazare, 108
(immeuble de l'HOTEL TERMINUS)
décroît, l’oreilie doute encore ' cependant,
épiant les bruits du dehors.
Ne dirait-on pas de rumeurs, comme le
grondement d’une mer humaine dont les
flots viennent battre les murs de la geôle,
des bruits vagues ? On dirait l’écho assourdi
de coups de marteau à l’heure où le jour
point et glisse des traînées indécises et pâles,
à l’heure où, peut-être, les autres achèvent
sur la petite place le sinistre montage...
Mais non !... La peur affolle. Elle enfante
inutilement d’atroces images, elle rend blê
me et serre la gorge comme dans un étau.
Illusion stupide. La clameur de tout à l’heure
n’était que le claquement d’une porte ; un
maigre bruit de pas s’est graduellement
éteint dans le couloir. Le gardien fait sa
ronde, comme de coutume. Il s’est arrêté un
moment devant la cage, il a jeté un coup
d’œil par le judas, puis les gros souliers fer
rés ont repris leur marche rythmée comme
un balancier de pendule. Le jour est venu.
Les lampes s’éteignent. Il y a dans le rayon
rose qui se faufile entre les barreaux de
la fenêtre le bel espoir d’une journée de
vie... Allons, ce ne sera pas encore pour au
jourd’hui !... La soupe est bonne.
#
* *
Avez-vous songé à l’effarant combat de
l’homme aux écoutes contre l’épouvante
qui l’accable et l’anéantit un peu plus cha
que jour en des soubres auts d’espérance
vaine et de désespoir impuissant ?
La peine de mort, mais elle commence
son effet de la seconde même où le verdict
est prononcé. Elle s’installe dès l’instant
dans les âmes frappées, avec tout son cor
tège d’appréhensions et d’horreurs. Elle les
subjugue et les broie.
Le châtiment final n’est plus qu’un pas
à franchir, la suprême secousse qui libère
les angoisses et les envoie dans le néant. La
peine à déjà fait la plus grande partie de son
œuvre en mettant la conscience et la sensi
bilité devant le tableau de la fin tragique.
Combien de condamnés qui affectèrent au
cours des débats le cynisme révoltant de leur
rôle, l’ignoble indifférence de la mort qu’ils
avaient reniée, pauvres attitudes de caboti
nage, n'ont pu maîtriser le petit tremble
ment nerveux qui fait serrer les dents et
plier l’échine lorsqu’ils ont entendu tomber
sur leur cou, avec la froideur du couperet,
la sentence qui les livrait à l’exécuteur...
Murs de prisons, que de drames muets,
intimes et poignants vous avez pu voir ! Et
que de confidences ultimes vous avez re
çues de toutes ces déchéances humaines, de
tout l’horrible troupeau d'ignominie et de
douleur, de fatalité et de misère, qui vient
s’échouer là, au jour le jour 1
85
* *
Une fleur a cependant poussé sur ce fu-
mier. L’espérance en la pitié demeure vi
vace aux cœurs les plus fermés. Dans la
lutte permanente que les reclus livrent aux
visions funèbres, l’espérance vient toujours
prêter son réconfort. Elle surgit d’instinct.
La cellule n’a point encore la dureté im
placable de l’enter du Dante. Des âmes in
quiètes se réfugient dans les derniers re
tranchements d’un espoir problématique,
petite lueur vague, vacillante et faible,
qu’une brise matinale peut souffler, mais
petite lueur tout de même, derrière laquelle
le criminel trouvera peut-être un salut re
latif.
Et l’espérance, de temps en temps, vient
bercer des effrois, endormir des craintes,
offrir aux réflexions des images reposantes
et calmes.
L’homme s’ingénie à oublier le lourd poids
des heurs qui passent. Il lit. Il demande à
la bibliothèque de la prison de lui donner
l’illusion du narcotique en lui glissant dans
l’esprit des choses nouvelles qui déroulent
un instant le cours habituel de ses pen-
secs. *
Ou bien encore il écrit. Le papier reçoit
sa contession in extremis »
Un scrupule invraisemblable amène le
fauve à mettre de l’ordre dans ses affaires
de sentiment. Ce criminel farouche se dé
couvre, dans la solitude de la détention, des
réserves de douceur, d’émotion, de sensi
bilité. Il songe aux siens, à la peine qu’il
leur cause ; il s’en excuse.
Lorsque le cœur s’amollit ainsi, l’aveu du
repentir est proche, et l’heure n’est plus ans
dissimulations.
se
* * —
L’étrange et suggestive collection que l’on
ferait de ces « littératures » d’assassins ! Et
comme elle permettrait de plonger dans la
mystère de ces psychologies déconcertantes
qui associent, suivant l’occasion, tant de
cruauté et de mal aux délicatesses naïves
d’une conscience tardivement repliée sur
elle-même.
Parfois aussi, ils dessinent,ces condamnés.
Les mains plus ou moins habiles s’exercent
à fixer des souvenirs. Presque tous les ca
chots ont conservé des dessins de prison
niers.
Tropmann dessinait dans sa cellule en at
tendant la venue du bourreau. La science
s’est emparée de ces chiffons de papier et a
tenté de découvrir derrière le coup de plume
l’exacte mentalité de celui qui le traça.
Dans l’admirable plaidoirie qu’il prononça
en faveur de son trop célèbre client, Me Char
les Lachaud s’était demandé qui il était, en
présence de quel être la justice mettait les
jurés. Et sa voix éloquente, au service d’un
talent resté fameux dans le prétoire, avait
posé la troublante question :
« Ce qu’est Tropmann ? Voilà deux for
que je le cherche et je ne l’ai pas trouvé,
est sa nature? Est-ce un homme ?
Quelle
Est-ce
un tigre ? A-t il conscience de ses
actes ? Est-il insensé ? C’est là le problème
et, j'en demande pardon à l’accusation, il
est là tout entier, Les émotions que soulève
cette affaire, je les ressens comme M. le pro
cureur général. Quel est l’homme qui n’a
pas peiné devant ces cadavres, au souvenir
des scènes de carnage ?...
» Tropmann n’a jamais eu d'enfance, ja
mais de jeunesse. On se rappelle la fixité de
ses idées ; le propos qu’il tenait à l’un de
ses camarades n'est-il pas significatif?
» A dix-sept ou dix-huit ans, il est obsédé
par des idées fixes ! Il a lu un livre qui l’a
exalté et qui a perdu sa raison chancelante.
Il a lu le JuifEnant, un roman d’Eugène
Sue. Ce livre est sa lecture favorite, ordi
naire; on y voit que la fortune de Renne-
pont, 212 millions, est convoitée par Rodin,
qui, pour s’en emparer, fera disparaître la
famille entière ! Six personnes meurent
d’une mort violente ! Voilà les héros de ses
jours et de ses nuits. Son cerveau est atteint
par ses lectures, il devient malade, et Tropp-
mann dit à un camarade : « Quand on lit
beaucoup de romans on s’endort avec,
quand on n’en lit qu’un seul, ou en rêve, on
a une idée fixe ». L’idée fixe, chez Tropp-
marin, est devenue l’idée horrible, le massa-
cre de huit personnes. Les hommes de
science pourront vous le dire, vous avez de
vant vous un être particulier ; voyez-le ; étu-
diez-le ; détournez vos yeux des victimes et
jugez l’accusé. Voyez-lebizarre dans sa struc
ture ; voyez ses bras, voyez ses mains ; quel
qu’un hier me disait : voyez-le, voyez son
attitude, il y a du fauve dans cet homme.
Eh bien ! si vous avez affaire à une bête fé
roce, il faut la muscler et non la tuer. »
Et comme des murmures s’élevaient parmi
l’auditoire, Lachaud, drapé dans sa toge, les
faisait faire par une de ces apostrophes que
sa foi professionnelle enflammait :
« C’est ma conscience qui parie, et quand
j’ai l’honneur d’accomplir un devoir, je plains
ceux qui ne comprennent pas le respect
qu’on doit à mon ministère.
» Oui cette idée fixe n’est-elle pas la folie,
la folie criminelle ? »
Artifice d’avocat, subtilité de la défense?
Peut-être.
Le talent oratoire de Lachaud était digne
d’un combat aussi difficile,où d’ailleurs il n’a
point triomphé.
Mais les hommes de science sont venus
après lui, qui partagèrent sa manière de
comprendre et de voir. Un Lombroso s’est
attaché à souligner les tares mentales trahies
par un dessin. L’ignorance de la perspective,
les fautes grossières qu'elle tait commettre,
sont à ses veux des indices. Dans le naïf cro-
quis où l’assassin retrace son crime, il sa
représente deux fois plus grand que ses vic
times, et ce détail caractéristique accuse un
paralytique général.
Théorie troublante, théorie périlleuse, qui
tend à faire voir un malade dans tout crimi
nel et réduit au minimum la part des res
ponsabilités.
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