Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1912-01-28
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 28 janvier 1912 28 janvier 1912
Description : 1912/01/28 (A32,N11153). 1912/01/28 (A32,N11153).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
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Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t52639097r
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/04/2023
32" Année — N 19,153 (S Pages) 5 Centimes — EDTION DU MATIN — S Centimes (9 Pages, Dimanche 28 Janvier (919
2912=v=1=v=========1=v=11111=z=*=Tat*==r*===*=====*===a=t*nrna====an=r717============t*r=====*=1*===*====4================*================»===8*====================4==94==2=r==11=========1==422149i==n9n=42=nana2==n==s=9c====z=e==r==z=xexaz=zcnzeznaazamaanseanymneen
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c. PRECED
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9 55
Les incidents Franco-Ilaliens
M. Tittoni en congé
Le bruit court que le gouvernement ita-
lien accorderait prochainement à M. Tittoni,
ambassadeur à Paris, un congé. La santé de
de M. Tittoni laisse, paraît-il, à désirer de
puis quelque temps. Elle ne serait cepen
dant qu’un prétexte, car il faudrait voir dans
les incidents pénibles de ces jours-ci, heu
reusement terminés, la véritable raison de
ce congé.
M. Legrand rappelé à Paris
M. Poincaré a mandé à Paris M. Legrand»
hargé d’affaires de France à Rome pour lu!
demander des explications sur les motifs qu
font déterminé à autoriser le débarquemen'
des passagers turcs du Manouba,
Le départ des passagers turcs
CAGLIARI. — Le préfet a remis hier à quatre
heures, au consul ue France, les 29 passagers
turcs avec leurs bagages et leurs valeurs.
Les passagers doivent être transportés au
Frioul sur le Saint-Augustin qui touchera
Cette nuit à Cagliari.
Le a Saint-Augustin » fait route sur
Cagliari
TUNIS. — Le Saint-Augustin est parti hier
soir, à 8 heures 30 pour Cagliari, avec mis-
sion d abréger le plus possible la durée de
sa traversée.
Les Perquisitions à bord du « Tavignano»
TUMs.— On confirme que le commandant
du Tavignano ayant refusé énergiquement
de laisser visiter son navire, les officiers ita
liens opérèrent de force cette visite.
Celle-ci n’ayant donné aucun résultat, le
Tavignano fut conduit à Tripoli et subit une
seconde visite qui fut également infruc-
‘neuse.
Le vapeur allemand « Pera »
SFAX. — Le vapeur allemand Pera arrivé à
Sfax, venant des Bibans, a pu débarquer
quinze membres de la mission allemande de
la Croix Rouge.
Le Pera embarquera cinq cents tonnes
d'orge à destination de Tripoli.
Une Démarche de M. Thierry
M. Thierrv, député de Marseille, est allé
conférer avec M. Poincaré au sujet des der-
niers incidents franco “italiens.
Il a demandé au ministre des affaires étran
gères d'avertir l’Italie que des mesures très
sévères seraient prises par la France si l'Ita-
lie continuait à mettre en pratique des pro
cèdes aussi vexatoires pour la marine mar
chande française.
LA DIVISION FRANÇAISE QUITTE
MALTE
Malte. — Hier, à midi, l’amiral Boué de
Lapeyrère a donné à bord du Danton un
grand dîner d'adieux.
Toutes les autorités militaires étaient in-
gitées.
Une foule énorme a assisté ou départ de
la division française, qui a eu ileu à quatre
heures par un temos.sunerha.
MORT DE H. ALEXANDRE BISSON
On annonce la mort de Fauteur dramati
que Alexandre Bisson.
LEGION-D"HONNEUR
Les décorations de la Légion d’Honneur,
du ministère du commerce, comprennent
un commandeur, M. Peytel, président du
Conseil d’administration de la Raffinerie Say;
trois officiers et six chevaliers.
LES ÉLECTIONS SÉNATORIALES
DE LA GUADELOUPE
M. Adolphe Cicéron, avocat à la Cour d’ap-
pel de Paris, ancien sénateur, a déposé hier
entre les mains de M. Barat, doyen des juges
d’instruction, une plainte en corruption
électorale contre inconnu, au sujet des élec
tions sénatoriales de la Guadeloupe.
M. Cicéron expose dans sa plainte qu’une
dépêche chiffree. expédiée de Paris pour M
Legitimus, disait de verser cinq cent mille
francs à un personnage inlluent de la Gua
deloupe.
Conseil ’ des Ministres
Le Conseil des ministres s’est réuni hier
matin à l’Elysée, sous la présidence de
M. Fallières.
Le président du Conseil a entretenu le
conseil des négociations relatives à l’inciden
franco-italien et de la solution que ce der
nier avait reçue,
L’affaires des Poudras
Sur la proposition du ministre de la guer
re, le president de la République a signé un
décret plaçant en non-activité par refrai
d’emploi MM. Maissin et Louppe, ingénieurs
en chef des poudres et salpêtres.
La Fermeture de l’Ecole do Médecins
Le ministre de l'instruction publique a
entretenu le Conseil do la demande de réou
verture des cours de première et de deuxiè
me année à la faculté de médecine. Les en
gagements indispensables en ce qui concer
ne l’ordre et la discipline à la faculté n'ayani
pas été pris, le Conseil a décidé de mainte-
nir la fermeture des cours.
Le ministre de l'instruction publique a
été autorisé à créer la Commission supérieu
re des études médicales.
Mouvement administratif
Le ministre ne rntereur a fait signer un
mouvement préfectoral qui a pour point de
départ la vacance de la préfecture des Ar
dennes, résultant de la nomination de M
Cacaud à l’un des postes de directeur à la
préfecture de la Seine.
L’autre préfecture vacante, celle de Maine-
et-Loire, dont le titulaire, M. Reboul, a éte
nommé directeur du personnel au ministère
de l’intérieur,ne pourra recevoir de nouveau
titulaire que lorsque le Parlement aura voté,
au budget de l'intérieur, le crédit afférent au
poste de directeur du personnel qui vient
d’être rétabli.
Le mouvement comporte les nominations
suivantes :
Préfet
Des Ardennes, M. Gervais, sous-préfet de
Saintes.
Sons-préfets
De Saintes, M. Bonafous, sous-préfet de
Libourne.
De Libourne, M. Maunoury, secrétaire gé-
aérai de la Manche.
De Muret, M. F’agedet, conseiller de préfec
ture de l’Eure.
De Pamiers, M. Faussac, ancien secrétaire
général.
De Marvejols, M. Lafarge, sous-préfet de
Sartène.
De Sartène, M. Pintana, conseiller de pré
fecture de la Corse.
D’Apt, M. Barre, conseiller de préfecture
de Vaucluse.
Secrétaires général
De la Manche, M. Fauconnier, secrétaire
général d Eure-et-Loir.
D‘Eure-et-Lir, M. Brugère, secrétaire gé
nérai de la Marne.
De la Marne, M. Pizot, secrétaire général
de la Haute-Saôre.
De la Haute-Saône, M. Antoine, conseiller
de préfecture de la Haute-Saône.
De l’Oise, M Goyet, ancien chef de Cabi
net du sous-secrétaire d'État des beaux-arts.
s=zog=e = s
Nouvelles du Sénat
L’Election des Bouches-du-Rhône
Le quatrième bureau du Sénat s’est réuni
pour se prononcer sur les élections sénato
riales dans les Bouches-du-Rhône. Après
avoir validé les élections de MM. Peytral,
Flaissières et Camille Pelletan, il s’est oc
cupé du cas de M. Puges. Au second tour de
scrutin, M. Masele, directeur de la mutualité,
radical, obtenait 127 voix et M Puges, socia
liste indépendant, 426 voix, mais un bulle-
tin au nom de M. Puges ayant été transmis
au dernier moment au président de la sec
tion de vote, ce derme? crut devoir procéder
à un troisième tour de scrutin. M. Puges fut
élu au troisième tour.
M. Masele a formulé aussitôt une protesta
tion contre la validité du scrutin et demandé
‘annulation du troisième tour : le nom de
M. Puges semblait, en effet, avoir été sur
ajouté sur le bulletin qui portait, déplus,
des signes extérieurs et était barré d’une
croix de Saint-André. Une sous-commission
avait entendu contradictoirement les concur
rents. Après l’exposé des faits, M. Puges
avait demandé à la Commission d’invalider
l’élection si elle avait eu des doutes sur la
validité du scrutin. Les électeurs sénato
riaux des Bouches-du-Rhône auraient dû,
dans ce cas, procéder à une nouvelle élec
tion. .
Mais le quatrième bureau a estimé que M.
Mascle devait être proclamé élu par le Sénat,
conformément au droit qu’a la Haute-Assem-
bléede se prononcer définitivement sur les
élections qui sont soumises à sa ratification.
Ce sont ces conclusions que présentera 4 la
rséance de mardi prochain M. A. Bérard.
Les incidents
Franco-Italiens
Les incidents du Carthage et du Ma-
nottba ont enfin été réglés suivant les ter
mes de la note officiel e que nous avons
publiée hier, et concertée entre l’ambassa
deur de France et le ministre des affaires
étrangères dTtalie» Ainsi nos justes récla
mations sont pleinement admises, les vingt-
neuf passagers appartenant au Croissani
rouge seront ramenés à Marseille et c’est
par nos soins que leur identité sera véri-
âée.
La nouvelle de cet accord a été accueillie
favorablement par l'opinion publique. Elle
attendait en effet cette solution aveç une
certaine impatience, et ces incidents, dont
le dénouement tardait un peu, commen-
paient à susciter un certain malaise.
Or le règlement amiable et honorable de
ces deux premiers incidents était à peine
connu qu’une série de dépêches informait
l’opinion d'une nouvelle affaire plus irri
tante encore que les précédentes. Des tor
pilleurs italiens avaient saisi un bateau de
la Compagnie de navigation mixte de Mar
seille, qui fait le service hebdomadaire
entre Tunis et El-Biban, le dernier port de
la côte tunisienne, et l’avaient amené à
Tripoli sans qu’aucune présomption de con-
trebande de guerre put autoriser une sem
blable capture. Immédiatement les plus op
timistes eux-mêmes se sont demandé où en
voulait venir l’Italie et, dans toute la pres
se, hier matin, des protestations aussi fer-
mes que mesurées ont été exprimées.
Si, dit M. Henry Bérenger dans V Action, cha-
que déclaration cordiale de l’Italie doit être
suivie d’un exploit de ses torpilleurs,de telles
« démonstrations » détruisent l’effet des pr-
misses... La République française ne peut
plus admettre des q solutions » qui ne résol
vent rien, des « clôtures d’incidents » qu’un
nouvel incident rouvre au moment qu’on les
clôt, une désinvolture enfin des diplomaties
étrangères qui frise l’impertinence. Il faut en
finir délibérément avec un régime de laisser-
dler et de bonasserie plus dangereux pour la
ix que le régime du contrôlé et de la fer
meté.
Le Radical n’était pas moins catégori
que
Les ofeiers italiens vraiment exagérent.
Après ‘incident du Carthage, après celui
du Manaubu,, passe encore.
Mais à l’heure où des difficultés restaient
pendantes entre la France et l’Italie, à l’heure
ou notre pays s’énerve à juste titre des pro-
rédés et des lenteurs des autorités italiennes,
la saisie inopinée d’un nouveau bateau-poste
prend un caractère injustifiable pour l’opi-
niou nationale.
Il semble qu’une consigne maladroite ait
été donnée ou qu© certains politiques ilaliens
se fassent un malin plaisir de froisser les
sentiments du peuple français.
Que nos amis se méfient des brouilleurs de
cartes et de leurs conseils intéressés. Le
point d’honneur national n’est pas en jeu
pour l’Itahie, et il n’y a jamais eu d’humilia-
ion à reconnaître loyalement ses torts en
vers des amis.
Même note dans presque tous les jour
naux et notamment dans la Lanterne, qui
s’exprimait en ces termes :
Le bruit a couru qu'un navire français
faisant le service postal dans les eaux tuni
siennes aurait été capturé à son tour. Si le
fait est exact, le gouvernement italien devra
sans retard donner des ordres pour refréner
le zèle de ses agents. A moins d’avouer qu’il
a voulu jouer une indigne comédie, il n'osera
pas approuver aujourd’hui ce qu'il a dû re
gretter hier.
De fait, le gouvernement italien, aprè
avoir constate que le vapeur français Tavi
gnano ne transportait aucune contrebande
de guerre, La relâché. Mais on peut se de
mander si les torpilleurs italiens, pour
exercer leur droit de visite, étaient bien
dans l’obligation d’amener tout d’abord le
navire jusqu’à Tripoli, — et s’ils en avaient
le droit.
Comme le suppose le Radical, il est à
penser que l’incident du Tavignano a été
suscité par quelque consigne maladroite,
et nous ne croyons pas que le gouverne
ment italien ait voulu imaginer une dou
ble solution du conflit primitif, — une
a combinaziene », — en arrêtant un troi
sième navire français tandis qu’il nous
restituait les prisonniers turcs. Mais il
est à souhaiter que des instructions pré
cises et sages soient données afin d’éviter
désormais tout froissement à un pays qui,
depuis longtemps, n’a cessé de témoigner
toute sa bienveillance à l’Italie.
Si elle ne mettait bon ordre à un état de
choses dont nous nous plaignons à juste
titre, l'Italie perdrait en France les sym
pathies les plus sincères qu’elle comptait
jusqu’ici. Nous n’en voulons pour preuve
que les citations que nous avons faites de
journaux choisis à dessein.
Th. Vallée.
Commentant les incidents maritimes qui
viennent de se produire non loin des côtes
de Sardaigne et sur les côtes de Tunisie, le
Temps s'exprime en ces termes :
Il reste à faire le possible pour éviter dans
l’avenir le retour d’incidents semblables. Sans
aller jusqu’à croire qu’on puisse les éviter coin
plètement — car le droit de visite est une néces-
si é de la guerre, — on peut penser qu’entre amis
des mesures préventives sont de nature à les at
ténuer. Ges mesures doivent être étudiées de con
cert avec le souci de concilier les exigences mi
litaires de l'Italie et les intérêts tunisiens de la
France, les prérogatives des belligérants et les
commodités des neutres, l’interdiction de la con-
trebande et la liberté des communications. La
pratique internationale fournit à cet égard d’utles
indicutions. Rien ne serait plus simple que de les
compléter par un échange quotidien d’informa-
lions, par l'organisation d’une police navale ren-
mrcee confiée sur les côtes tunisiennes à des
croiseurs français. Le marquis de San Giuliano a
déjà suggéré a M. Legrand l’idée d’un tel accord.
Il est désirable que cette idée se traduise en
actes...
En moins de huit jours, dans la forme la plus
amicale pour l’Italie, avec une pleine harmonie
les paroles et des décisions, le gouvernement
français a tenu les promesses qu’il avait faite à la
Chambre. Cet heureux début d’une politique d’ex-
p&icalions franches et publiques est d’un excellent
augure. -
Le Journal des Débats examine, en dehors
le la question de fait, le point de droit très
rI soulevé par la capture du Tavi
gnano :
... lin belligérant peut-il saisir un bateau neu-
e allant en droiture d un port national à un au
tre port national ? Peut-il le saisir dans les eaux
erritoriales du pays de ce bateau ? Les conven
ions internationales sont muettes à ce sujet. A
propos du Carthage et du Manoubi, le Tim s fai-
sait remarquer l’autre jour le grand intérêt des
États ayant de nombreuses possessions au delà
les mers de faire trancher ce point de droit. Il
semble inadmissible que des belligérants, sous
prétexte d’exercer le droii de visite, soient auto
risés à troubler la navigation d’un pavs entre ses
ropres ports, à plus forte raison dans ses pro
pres eaux.
Le droit de visite et de capture n’a point été ins
titué pour de pareils cas et ne se légitime nuhe-
nent entre ports d’un même pays dans un voyage
en droiture. Son exercice constituerait une gêne
atold able. Si l’on acceptait la thèse que semble
s’app <-prier en ce moment l’Ilalie, les paquebots"
français pourraient être arrêtés entre Celle, Mar-
>61110, Toulon et Nice par les bateaux d’une puis-
ance en guerre avec l’Italie. L Italie a-t-elle inté-
êi à faire prévaloir une théorie exorbitante de
l’appticalion de laquelle elle pourrait être la pre-
miiere à souffrir en cas de guerre entre une puis
sance occidentale et une puissance orientale?
Nous ne pouvons croire qu’elle don ne à ses agents
les instructions en ce sens. En toute hypothése,
es incidents qui se multiplient depuis qu que
temps révèlent l’urgence pour tous les Etats in-
pressés d’élucider une question de droit de la
plus haute importance...
L’Impression à Londres
Le correspondant du Temps à Londres té
légraphie à la date d’hier samedi :
« La nouvelle que l’incident franco-italien
a enfin reçu une solution qui fait droit aux
légitimes protestations de la Franc© sans
froisser l’amour-propre de l’ttalie, a été re
çue ici avec un© vive satisfaction. Les liens
d'amitié qui unissent l’Angleterre aux deux
pays sont trop étroits pour qu’on ait pu re
garder avec indifférence cet incident.
» Les conclusions qu’on en peut tirer sont
de deux sortes : la première est qu’il faut
mettre le plus tôt possible un peu d’ordre
dans la législation maritime internationale.
Etant donné le chaos actuel ce n’est pas des
incidents qui se sont produits qu'il faut
s’étonner, mais bien plutôt qu’ils soient si
rares. On espère que tous ceux qui sont
opposés à la ratification de la déclaration de
bondres comprendront enfin que leur atti-
rre peut amener les plus graves complica
tions.
» La seconde est que la prolongation des
hostilités actuelles entre l’Italie et la Tur
quie est un danger non moins grave. »
Le Daily Telegrapk, sur l’ensemble de ces
incidents franco-italiens, formule les consi
dérations suivantes :
Si nous tenons compte de l’excitafion intense à
laquelle ces incidents ont donné lieu, dit le Daily
TeFgravh, nous voyons combien Tatmosphere est
chargé© d’électricité dans la Méditerranée et à
quels dangers nous exposent la tension et le ma
laise causés par la lenteur de la guerre italo-tur-
que. Les puissances neutres ont les plus grandes
difficultés à trouver la route qu’elles doivent sui
vre pour n’offenser personne et le moindre inci
dent qui se produit peut provoquer une étin
celle.
La question porte eu elle-même une morale
dont l’Europe doit prendre noie. Une petite étin
celle peut amener un grand incendie. Il est grand
temps d’écarter toutes les matières combustibles.
Les grandes puissances verront avec le plus
grand soulagement, nous en sommes sûrs, la ces
sation des hostilités entre l’Italie et la Turquie,
Le Daily Telegrapk regrette l’arrestation du
Tavignano, qui est, dit-il, un nouvel exemple
d’autorité oppressive.
Les Incidents Franco-Italiens
L’examen des Passagers Turcs
Marseille, 27 janvier.
Les membres de la mission turque atten
dus au Frioul y seront examinés par une
Commission de trois membres, savoir : un
membre de la Sûreté générale, un officier,
un médecin. Ces trois membres feront pas
ser un examen attentif à chacun des 29
Turcs. Si l'identité de ceux-ci comme mem
bres du Croissant-Rouge est établie, le gou
vernement français les laissera libres de
s’embarquer à nouveau pour la Tripoli-
taine.
La Saisie du « Tavignano »
Rome, 27 janvier.
On communique la note officieuse sui
vant© :
Le 25 janvier, à quatre heures de l’sprès-midi,
te destroyer italien Fulmine a atteint le vapeur
français Tavignano, qui était arrêté à neuf milles
à l’Est de Za.zir, près de la frontière tripolilame ;
son arbre de charge était prêt a foncuoner, et
pendant ce temps trois voiliers se dirigeaient au
Sud-Est, vers I-Biban, et d’autres voiliers ve-
naient du Nord-Ouest.
Le commandant du Fulmine, après avoir repéré
la position du Tavignano et constaté qu’il se trou
vait hors des eaux territoriales, sachant d’après
la rumeur publique que le Tavignano était habitué
à débarquer de la contrebande au large, est mon
té à bord et a constaté le manque de reçus de la
douane.
En conséquence, le Fulmine a escorté le Tavi
gnano jusqu'à Tripoli, où il est arrivé hier soir, à
neuf heures. Il a été immédiatement soumis à
une visite, et on a constaté que sa charge con
sistait en farine, sucre, huile, vin, viande, con
serves et toiles, sans aucune contrebande de
guerre spécifique.
Après cette constatation, le Tavignano a été
immédiatement remis en liberté» à onze heures
du soir.
Marseille, 27 janvier.
La direction de la Compagnie mixte à Mar
seille a remis ce matin, de M. Pedelupe,
agent de la Compagnie à Tunis, la dépêche
suivante :
La capture du Tavignano est tout à fait inexpli
cable ; le petit navire transportait au total quaran-
te-quatre tonnes de marchandises diverses 00
peuvent pas prêter à confusion et sont des mar
chandises habituelles que le cargo transporte. Il
y avait en plus la poste, mais aucun passager.
Il est confirmé que le Tavignano a été capturé
par les torpilleurs italiens au large de Baz-avla,
mais on ignore dans quel port il a été convoyé.
On suppose cependant qu’il est à Tripoli, sans
toutefois, avoir aucun rens oment orcCis sur
ce.point ------
GEB9JJIUE E&UB&J8E
LES ÉPAVES
39
Photo et Clic 5 é reiti Ecwe
6 Sio transit »
Si
nous nous attachons aussi profondé
ment aux choses qui nous entourent, si
nous leur faisons dans notre existence une
place si infime, c’est sans doute parce
qu’une communauté de sort nous rapproche
d’elles et que leur vie latente a plus d’un
point de ressemblance avec la nôtre.
Gomme nous, elles vieillissent et se trans
forment. Comme nous, elles sont soumises
aux lois formelles de l'évolution. Elles pas
sent tour à tour choyées ou méconnues,
prônées par les uns, dédaignées par les au
tres, soignées et parées ou jetées au rebut.
Et des anciennes splendeurs s'en vont dou
cement mourir à la brocante.
Les choses, elles aussi, connaissent la vie
cahotée, aux destins injustes. Emportées
dans le flot de nos caprices, au hasard de la
mode et du gout, elles sont les innocentes
victimes de la même fantaisie qui semble
faire mouvoir les marionnettes perfection
nées que sont les hommes.
Les choses se sont créées des classes so
ciales ; elles ont une aristocratie qui se dé
tend et se maintient ; une classe triste et mi
sérable : celle des pauvres choses qui ne
vivent plus que par le souvenir de leurs res
tes et qui étalent leur détresse aux yeux des
passants, avec l’espoir qu’un cœur chari
table aura pitié de tant de vieillesse.
Ne nous y trompons point. Il y a dans ces
déchus amers des gradations, des rangs, des
catégories relatives. Le fauteuil boiteux dé
posé devant la porte du brocanteur marque
déjà une évidente supériorité, rien que la
dignité de sa tapisserie fatiguée, sur la pau
vre chaise dépaillee, dont la décrépitude lui
fait escorte.
Il y a des débris qui paraissent se draper
encore dans un manteau rapiécé qui dut ja
dis habiller la fortune. Tout à l’heure, j’ai
vu aux vitrines du boutiquier un noble por
trait de famille, encore fleuri des grâces d’un
autre siècle. Il protestait avec un© indigna
tion muette, par le pli dédaigneux des lèvres
et la hauteur du regard contre la main in
grat© et sacrilege qui l’avait fait échouer là,
à côté d’un masque japonais et d’un amas
de vieilles chaussures.
Ges epaves ont leur éloquence et je m'at
tarde parfois en leur pittoresque compagnie.
Notre imagination leur prête une petite
âme discrète et confuse, une âme qui
s’éveille insensiblementdans le silence pous
siéreux des magasins où le commerce les re
cueille. Les épaves y parlent un langage
mystérieux, s‘y font des confidences, s’y
content leurs histoires et leurs peines. Dans
la pénombre des coins, lorsque les hommes
sont partis qui les poussèrent là avec des
bourrades, des heurts et des chocs, lorsque
les choses se sont pou à peu retrouvées, ro-
saisies, lorsqu’elles ont fait connaissance
après s’être réalisés du grand effroi du dé-
ménagement, quand leurs timidités effarou
chées se sont calmées, qu’elles n’ont plus
senti s’abattre sur elles les lourdes mains
caleuses des porteurs, je me figure qu’elles
jacassent comme de petites vieilles, et que les
fabricantes de toile de l’endroit, les araignées
nichées dans les angles, doivent parfois en
entendre de drôles.
«
* $
Dans les Coulisses
La porte avait chanté sur ses charnières.
Le guide venait de m’introduire, avec des
gravités de géolier, dans la demeure des
épaves en instance d’enchères.
Elles sont amusantes à voir, ces coulisses
de notre salle des ventes. Les pièces précieu
ses ont naturellement leur abri particulier ;
des coffres abritent la valeur plus ou moins
grande des ecrins et de leur contenu. Mais
c’est ici le rendez-vous des meubles, une
tour de Babel du mobilier où se confondent
les styles, les genres et les bois.
Une touchante fraternité a réuni ces objets
disparates, venus on ne sait d’où, destines à
s’éparpiller on ne sait où, quand le coup de
marteau du commissaire-priseur leur aura
donné des ailes. Les chaises y coudoient les
armoires, le buffet y voisine avec le casier a
musique, l’horloge avec la batterie de cuisi
ne. Là-haut, suspendus au plafond, des lus
tres planent dans l’éclat un peu éteint de
leurs dorures et l’étalage prétentieux de
leurs branches, mais solennels encore par
habitude, par tradition, en vertu du passé de
luxe que leur apparition évoque.
Et puis, autour de cela, des choses baro
ques, une couronne d’oranger sous son
globe, pauvre souvenir balayé dans la rafale
des revers familiaux, un piston qui se vert-
de-grise, des bicyclettes aux pneus avachis
et flasques, des lampes, des tapis, des livres,
des tables, des peintures, un capharnaum
mêlant aux objets du salon les accessoiresde
a cuisine.
r Des hommes étaient venus. Ils Sempres-
saient maintenant autow de ce bric-a-brac
.. .Où les plus belles choses
©ni le pire destin.
(MALHEREE).
indéfinissable. On enlevait les «pièces »pour
les transporter à côté, dans la grande salle
sous l’œil de l’aéropage, devant le jury sé
vère des acheteurs habituels qui remplissent
toujours les premiers bancs. Par la porta
restée ouverte, l’appel du commissaire-pri-
seur m’arrivait, paraphrasé par la voix du
crieur.
— Trois francs, la table de nuit, trois
francs 5... Trois francs, la table...
Les hommes puisaient toujours parmi la
collection hétéroclite, emportaient des buf-
tels avec des a Heuh ! Heuh ! » qui disaient
l’effort, ou poussaient devant eux des fau
teuils grinçants.
— Tiens, il a perdu sa roulette !
Et le bon vieux type de fauteuil, aux res
sorts las, aux jambes cagneuses, n’en partait
pas moins avec les autres, livré à de nou
veaux espoirs, à de nouvelles destinées, tout
comme nous-mêmes, que le courant de la
vie emporte, en dépit des cheveux et des
dents qui tombent L..
:
* »
Les 4 Historiques »
Depuis des ans, ces au 1res épaves dor.
maient tranquillement dans la solitude des
greniers de ‘Hotel de Ville, où, morceau par
morceau, l’oubli des hommes les avaient re
léguées, Les araignées avaient pris posses
sion de toutes ces choses en exil. Elles se
servaient de leurs pointes et de leurs angles
poury accrocher des toiles. Elles se nichaient
a l’aise au fond des narines de l’impératrice
Eugénie, après avoir tendu leurs fines den
telles entre le cimier d’un casque de pom
pier de Nanterre et la barbiche de N poléon
III. Et les jours passaient, qui étaient presque
des nuits tant la lumière tombée des lucar
nes arrivait là atténuée et sale.
Parfois, la porte s’entr’ouvrait. Une vague
main poussait là-dedans une vague chose.
Dans la pénombre, les anciens en stuc ou
en bois, les têtes célèbres, les grands pre
miers rôles déchus de l’histoire devaient in
terroger curieusement le nouveau venu, se
renseigner, distiller l’amertume de leurs dé
sillusions, pendant que l’horloge, de son tic-
tac obsédant, berçait doucement leur capti
vité.
Un matin vint et ce fut le signal du mou
vement. Des hommes entrèrent bravement
dans ce cimetière. Le balai municipal ras
sembla des tas de morceaux, les miettes
éparses du passé. Bien qu’elles fussent mor
tes depuis longtemps, les vieilleries avaient
encore à franchir une dernière étape du cal
vaire.
Le chantier municipal les recueillit.
Le zinc doré y fraternise avec le marbre.
Voici une panoplie d’armes, des coupe-
choux dessinant les brandies d’une étoile.
Ici, un véritable magasin d’accessoires de
théâtre : des cuirasses en fer-blanc rouillé,
des fusils sans chien, une selle. des coupes,
des épées, un casque de pompier veuf de sa
chenille. Là-bas, sur l’amas des urnes en
stuc, des vases étrusques en plâtre peint,
des chandeliers en carton. Non loin d’uze
horloge qui n’a jamais marqué l’heure et
d’un poignard en bois qui a dû tuer plu
sieurs générations de sinistres héros de mé
lodrames, une couronne royale, une cou
ronne dorée, enrichie de cabochons — siâ
transit gloria mundi — une couronne qui sur
monta peut-être, jadis, la flamboyante per
ruque de Pluton.
— Venez voir les bustes, je les ai mis à
l’abri.
On m’entraîna à l’autre bout du chantier,
une serrure grinça. Sur les tablettes d’un ré
duit, s’alignaient des objets de rebut.
Il y avait là un peu de tout, des appareils
d’éclairage, des lampadaires, des globes en
verre peinturluré, tout un matériel démodé,
détrôné par l’électricité.
— Tenez, là, dans ce coin, baissez-vous un
peu 1
Couchés côte à côte, les « historiques ».
dormaient, la tête contre le mur. La pous
sière qui s’etait collée au fond des plis du
masque soulignait les traits, donnait a la
physionomie un air sombre et .rébarsut-
Le a historiques » semblaient furieux
Louis XIV et Napoléon Ier n’avaient reçu
que les honneurs relatifs du plâtre. Plus
heureux, Jérôme-Napoléon et l’Impératrice
Eugénie étalaient sur la même planche Fa*
ristocratio d’un marbre jauni...
Et le hasard avait bien malicieusement ar
rangé les choses en plaçant la galerie des
grandeurs dépréciées à côté des flambeaux
éteints et des vieux lustres.
« «
Un sou la Clef!
Il pleut. Sous le ciel bas couleur de cen-
dre, dans la tristesse de la grande voie
transformée en marécage, la brocante indé-
finissabie que chaque dimanche ramène,
semble plus lamentable encore.
2912=v=1=v=========1=v=11111=z=*=Tat*==r*===*=====*===a=t*nrna====an=r717============t*r=====*=1*===*====4================*================»===8*====================4==94==2=r==11=========1==422149i==n9n=42=nana2==n==s=9c====z=e==r==z=xexaz=zcnzeznaazamaanseanymneen
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c. PRECED
401 7 8
95 5 8
67 1 2
67 1 8
9 40
9 55
Les incidents Franco-Ilaliens
M. Tittoni en congé
Le bruit court que le gouvernement ita-
lien accorderait prochainement à M. Tittoni,
ambassadeur à Paris, un congé. La santé de
de M. Tittoni laisse, paraît-il, à désirer de
puis quelque temps. Elle ne serait cepen
dant qu’un prétexte, car il faudrait voir dans
les incidents pénibles de ces jours-ci, heu
reusement terminés, la véritable raison de
ce congé.
M. Legrand rappelé à Paris
M. Poincaré a mandé à Paris M. Legrand»
hargé d’affaires de France à Rome pour lu!
demander des explications sur les motifs qu
font déterminé à autoriser le débarquemen'
des passagers turcs du Manouba,
Le départ des passagers turcs
CAGLIARI. — Le préfet a remis hier à quatre
heures, au consul ue France, les 29 passagers
turcs avec leurs bagages et leurs valeurs.
Les passagers doivent être transportés au
Frioul sur le Saint-Augustin qui touchera
Cette nuit à Cagliari.
Le a Saint-Augustin » fait route sur
Cagliari
TUNIS. — Le Saint-Augustin est parti hier
soir, à 8 heures 30 pour Cagliari, avec mis-
sion d abréger le plus possible la durée de
sa traversée.
Les Perquisitions à bord du « Tavignano»
TUMs.— On confirme que le commandant
du Tavignano ayant refusé énergiquement
de laisser visiter son navire, les officiers ita
liens opérèrent de force cette visite.
Celle-ci n’ayant donné aucun résultat, le
Tavignano fut conduit à Tripoli et subit une
seconde visite qui fut également infruc-
‘neuse.
Le vapeur allemand « Pera »
SFAX. — Le vapeur allemand Pera arrivé à
Sfax, venant des Bibans, a pu débarquer
quinze membres de la mission allemande de
la Croix Rouge.
Le Pera embarquera cinq cents tonnes
d'orge à destination de Tripoli.
Une Démarche de M. Thierry
M. Thierrv, député de Marseille, est allé
conférer avec M. Poincaré au sujet des der-
niers incidents franco “italiens.
Il a demandé au ministre des affaires étran
gères d'avertir l’Italie que des mesures très
sévères seraient prises par la France si l'Ita-
lie continuait à mettre en pratique des pro
cèdes aussi vexatoires pour la marine mar
chande française.
LA DIVISION FRANÇAISE QUITTE
MALTE
Malte. — Hier, à midi, l’amiral Boué de
Lapeyrère a donné à bord du Danton un
grand dîner d'adieux.
Toutes les autorités militaires étaient in-
gitées.
Une foule énorme a assisté ou départ de
la division française, qui a eu ileu à quatre
heures par un temos.sunerha.
MORT DE H. ALEXANDRE BISSON
On annonce la mort de Fauteur dramati
que Alexandre Bisson.
LEGION-D"HONNEUR
Les décorations de la Légion d’Honneur,
du ministère du commerce, comprennent
un commandeur, M. Peytel, président du
Conseil d’administration de la Raffinerie Say;
trois officiers et six chevaliers.
LES ÉLECTIONS SÉNATORIALES
DE LA GUADELOUPE
M. Adolphe Cicéron, avocat à la Cour d’ap-
pel de Paris, ancien sénateur, a déposé hier
entre les mains de M. Barat, doyen des juges
d’instruction, une plainte en corruption
électorale contre inconnu, au sujet des élec
tions sénatoriales de la Guadeloupe.
M. Cicéron expose dans sa plainte qu’une
dépêche chiffree. expédiée de Paris pour M
Legitimus, disait de verser cinq cent mille
francs à un personnage inlluent de la Gua
deloupe.
Conseil ’ des Ministres
Le Conseil des ministres s’est réuni hier
matin à l’Elysée, sous la présidence de
M. Fallières.
Le président du Conseil a entretenu le
conseil des négociations relatives à l’inciden
franco-italien et de la solution que ce der
nier avait reçue,
L’affaires des Poudras
Sur la proposition du ministre de la guer
re, le president de la République a signé un
décret plaçant en non-activité par refrai
d’emploi MM. Maissin et Louppe, ingénieurs
en chef des poudres et salpêtres.
La Fermeture de l’Ecole do Médecins
Le ministre de l'instruction publique a
entretenu le Conseil do la demande de réou
verture des cours de première et de deuxiè
me année à la faculté de médecine. Les en
gagements indispensables en ce qui concer
ne l’ordre et la discipline à la faculté n'ayani
pas été pris, le Conseil a décidé de mainte-
nir la fermeture des cours.
Le ministre de l'instruction publique a
été autorisé à créer la Commission supérieu
re des études médicales.
Mouvement administratif
Le ministre ne rntereur a fait signer un
mouvement préfectoral qui a pour point de
départ la vacance de la préfecture des Ar
dennes, résultant de la nomination de M
Cacaud à l’un des postes de directeur à la
préfecture de la Seine.
L’autre préfecture vacante, celle de Maine-
et-Loire, dont le titulaire, M. Reboul, a éte
nommé directeur du personnel au ministère
de l’intérieur,ne pourra recevoir de nouveau
titulaire que lorsque le Parlement aura voté,
au budget de l'intérieur, le crédit afférent au
poste de directeur du personnel qui vient
d’être rétabli.
Le mouvement comporte les nominations
suivantes :
Préfet
Des Ardennes, M. Gervais, sous-préfet de
Saintes.
Sons-préfets
De Saintes, M. Bonafous, sous-préfet de
Libourne.
De Libourne, M. Maunoury, secrétaire gé-
aérai de la Manche.
De Muret, M. F’agedet, conseiller de préfec
ture de l’Eure.
De Pamiers, M. Faussac, ancien secrétaire
général.
De Marvejols, M. Lafarge, sous-préfet de
Sartène.
De Sartène, M. Pintana, conseiller de pré
fecture de la Corse.
D’Apt, M. Barre, conseiller de préfecture
de Vaucluse.
Secrétaires général
De la Manche, M. Fauconnier, secrétaire
général d Eure-et-Loir.
D‘Eure-et-Lir, M. Brugère, secrétaire gé
nérai de la Marne.
De la Marne, M. Pizot, secrétaire général
de la Haute-Saôre.
De la Haute-Saône, M. Antoine, conseiller
de préfecture de la Haute-Saône.
De l’Oise, M Goyet, ancien chef de Cabi
net du sous-secrétaire d'État des beaux-arts.
s=zog=e = s
Nouvelles du Sénat
L’Election des Bouches-du-Rhône
Le quatrième bureau du Sénat s’est réuni
pour se prononcer sur les élections sénato
riales dans les Bouches-du-Rhône. Après
avoir validé les élections de MM. Peytral,
Flaissières et Camille Pelletan, il s’est oc
cupé du cas de M. Puges. Au second tour de
scrutin, M. Masele, directeur de la mutualité,
radical, obtenait 127 voix et M Puges, socia
liste indépendant, 426 voix, mais un bulle-
tin au nom de M. Puges ayant été transmis
au dernier moment au président de la sec
tion de vote, ce derme? crut devoir procéder
à un troisième tour de scrutin. M. Puges fut
élu au troisième tour.
M. Masele a formulé aussitôt une protesta
tion contre la validité du scrutin et demandé
‘annulation du troisième tour : le nom de
M. Puges semblait, en effet, avoir été sur
ajouté sur le bulletin qui portait, déplus,
des signes extérieurs et était barré d’une
croix de Saint-André. Une sous-commission
avait entendu contradictoirement les concur
rents. Après l’exposé des faits, M. Puges
avait demandé à la Commission d’invalider
l’élection si elle avait eu des doutes sur la
validité du scrutin. Les électeurs sénato
riaux des Bouches-du-Rhône auraient dû,
dans ce cas, procéder à une nouvelle élec
tion. .
Mais le quatrième bureau a estimé que M.
Mascle devait être proclamé élu par le Sénat,
conformément au droit qu’a la Haute-Assem-
bléede se prononcer définitivement sur les
élections qui sont soumises à sa ratification.
Ce sont ces conclusions que présentera 4 la
rséance de mardi prochain M. A. Bérard.
Les incidents
Franco-Italiens
Les incidents du Carthage et du Ma-
nottba ont enfin été réglés suivant les ter
mes de la note officiel e que nous avons
publiée hier, et concertée entre l’ambassa
deur de France et le ministre des affaires
étrangères dTtalie» Ainsi nos justes récla
mations sont pleinement admises, les vingt-
neuf passagers appartenant au Croissani
rouge seront ramenés à Marseille et c’est
par nos soins que leur identité sera véri-
âée.
La nouvelle de cet accord a été accueillie
favorablement par l'opinion publique. Elle
attendait en effet cette solution aveç une
certaine impatience, et ces incidents, dont
le dénouement tardait un peu, commen-
paient à susciter un certain malaise.
Or le règlement amiable et honorable de
ces deux premiers incidents était à peine
connu qu’une série de dépêches informait
l’opinion d'une nouvelle affaire plus irri
tante encore que les précédentes. Des tor
pilleurs italiens avaient saisi un bateau de
la Compagnie de navigation mixte de Mar
seille, qui fait le service hebdomadaire
entre Tunis et El-Biban, le dernier port de
la côte tunisienne, et l’avaient amené à
Tripoli sans qu’aucune présomption de con-
trebande de guerre put autoriser une sem
blable capture. Immédiatement les plus op
timistes eux-mêmes se sont demandé où en
voulait venir l’Italie et, dans toute la pres
se, hier matin, des protestations aussi fer-
mes que mesurées ont été exprimées.
Si, dit M. Henry Bérenger dans V Action, cha-
que déclaration cordiale de l’Italie doit être
suivie d’un exploit de ses torpilleurs,de telles
« démonstrations » détruisent l’effet des pr-
misses... La République française ne peut
plus admettre des q solutions » qui ne résol
vent rien, des « clôtures d’incidents » qu’un
nouvel incident rouvre au moment qu’on les
clôt, une désinvolture enfin des diplomaties
étrangères qui frise l’impertinence. Il faut en
finir délibérément avec un régime de laisser-
dler et de bonasserie plus dangereux pour la
ix que le régime du contrôlé et de la fer
meté.
Le Radical n’était pas moins catégori
que
Les ofeiers italiens vraiment exagérent.
Après ‘incident du Carthage, après celui
du Manaubu,, passe encore.
Mais à l’heure où des difficultés restaient
pendantes entre la France et l’Italie, à l’heure
ou notre pays s’énerve à juste titre des pro-
rédés et des lenteurs des autorités italiennes,
la saisie inopinée d’un nouveau bateau-poste
prend un caractère injustifiable pour l’opi-
niou nationale.
Il semble qu’une consigne maladroite ait
été donnée ou qu© certains politiques ilaliens
se fassent un malin plaisir de froisser les
sentiments du peuple français.
Que nos amis se méfient des brouilleurs de
cartes et de leurs conseils intéressés. Le
point d’honneur national n’est pas en jeu
pour l’Itahie, et il n’y a jamais eu d’humilia-
ion à reconnaître loyalement ses torts en
vers des amis.
Même note dans presque tous les jour
naux et notamment dans la Lanterne, qui
s’exprimait en ces termes :
Le bruit a couru qu'un navire français
faisant le service postal dans les eaux tuni
siennes aurait été capturé à son tour. Si le
fait est exact, le gouvernement italien devra
sans retard donner des ordres pour refréner
le zèle de ses agents. A moins d’avouer qu’il
a voulu jouer une indigne comédie, il n'osera
pas approuver aujourd’hui ce qu'il a dû re
gretter hier.
De fait, le gouvernement italien, aprè
avoir constate que le vapeur français Tavi
gnano ne transportait aucune contrebande
de guerre, La relâché. Mais on peut se de
mander si les torpilleurs italiens, pour
exercer leur droit de visite, étaient bien
dans l’obligation d’amener tout d’abord le
navire jusqu’à Tripoli, — et s’ils en avaient
le droit.
Comme le suppose le Radical, il est à
penser que l’incident du Tavignano a été
suscité par quelque consigne maladroite,
et nous ne croyons pas que le gouverne
ment italien ait voulu imaginer une dou
ble solution du conflit primitif, — une
a combinaziene », — en arrêtant un troi
sième navire français tandis qu’il nous
restituait les prisonniers turcs. Mais il
est à souhaiter que des instructions pré
cises et sages soient données afin d’éviter
désormais tout froissement à un pays qui,
depuis longtemps, n’a cessé de témoigner
toute sa bienveillance à l’Italie.
Si elle ne mettait bon ordre à un état de
choses dont nous nous plaignons à juste
titre, l'Italie perdrait en France les sym
pathies les plus sincères qu’elle comptait
jusqu’ici. Nous n’en voulons pour preuve
que les citations que nous avons faites de
journaux choisis à dessein.
Th. Vallée.
Commentant les incidents maritimes qui
viennent de se produire non loin des côtes
de Sardaigne et sur les côtes de Tunisie, le
Temps s'exprime en ces termes :
Il reste à faire le possible pour éviter dans
l’avenir le retour d’incidents semblables. Sans
aller jusqu’à croire qu’on puisse les éviter coin
plètement — car le droit de visite est une néces-
si é de la guerre, — on peut penser qu’entre amis
des mesures préventives sont de nature à les at
ténuer. Ges mesures doivent être étudiées de con
cert avec le souci de concilier les exigences mi
litaires de l'Italie et les intérêts tunisiens de la
France, les prérogatives des belligérants et les
commodités des neutres, l’interdiction de la con-
trebande et la liberté des communications. La
pratique internationale fournit à cet égard d’utles
indicutions. Rien ne serait plus simple que de les
compléter par un échange quotidien d’informa-
lions, par l'organisation d’une police navale ren-
mrcee confiée sur les côtes tunisiennes à des
croiseurs français. Le marquis de San Giuliano a
déjà suggéré a M. Legrand l’idée d’un tel accord.
Il est désirable que cette idée se traduise en
actes...
En moins de huit jours, dans la forme la plus
amicale pour l’Italie, avec une pleine harmonie
les paroles et des décisions, le gouvernement
français a tenu les promesses qu’il avait faite à la
Chambre. Cet heureux début d’une politique d’ex-
p&icalions franches et publiques est d’un excellent
augure. -
Le Journal des Débats examine, en dehors
le la question de fait, le point de droit très
rI soulevé par la capture du Tavi
gnano :
... lin belligérant peut-il saisir un bateau neu-
e allant en droiture d un port national à un au
tre port national ? Peut-il le saisir dans les eaux
erritoriales du pays de ce bateau ? Les conven
ions internationales sont muettes à ce sujet. A
propos du Carthage et du Manoubi, le Tim s fai-
sait remarquer l’autre jour le grand intérêt des
États ayant de nombreuses possessions au delà
les mers de faire trancher ce point de droit. Il
semble inadmissible que des belligérants, sous
prétexte d’exercer le droii de visite, soient auto
risés à troubler la navigation d’un pavs entre ses
ropres ports, à plus forte raison dans ses pro
pres eaux.
Le droit de visite et de capture n’a point été ins
titué pour de pareils cas et ne se légitime nuhe-
nent entre ports d’un même pays dans un voyage
en droiture. Son exercice constituerait une gêne
atold able. Si l’on acceptait la thèse que semble
s’app <-prier en ce moment l’Ilalie, les paquebots"
français pourraient être arrêtés entre Celle, Mar-
>61110, Toulon et Nice par les bateaux d’une puis-
ance en guerre avec l’Italie. L Italie a-t-elle inté-
êi à faire prévaloir une théorie exorbitante de
l’appticalion de laquelle elle pourrait être la pre-
miiere à souffrir en cas de guerre entre une puis
sance occidentale et une puissance orientale?
Nous ne pouvons croire qu’elle don ne à ses agents
les instructions en ce sens. En toute hypothése,
es incidents qui se multiplient depuis qu que
temps révèlent l’urgence pour tous les Etats in-
pressés d’élucider une question de droit de la
plus haute importance...
L’Impression à Londres
Le correspondant du Temps à Londres té
légraphie à la date d’hier samedi :
« La nouvelle que l’incident franco-italien
a enfin reçu une solution qui fait droit aux
légitimes protestations de la Franc© sans
froisser l’amour-propre de l’ttalie, a été re
çue ici avec un© vive satisfaction. Les liens
d'amitié qui unissent l’Angleterre aux deux
pays sont trop étroits pour qu’on ait pu re
garder avec indifférence cet incident.
» Les conclusions qu’on en peut tirer sont
de deux sortes : la première est qu’il faut
mettre le plus tôt possible un peu d’ordre
dans la législation maritime internationale.
Etant donné le chaos actuel ce n’est pas des
incidents qui se sont produits qu'il faut
s’étonner, mais bien plutôt qu’ils soient si
rares. On espère que tous ceux qui sont
opposés à la ratification de la déclaration de
bondres comprendront enfin que leur atti-
rre peut amener les plus graves complica
tions.
» La seconde est que la prolongation des
hostilités actuelles entre l’Italie et la Tur
quie est un danger non moins grave. »
Le Daily Telegrapk, sur l’ensemble de ces
incidents franco-italiens, formule les consi
dérations suivantes :
Si nous tenons compte de l’excitafion intense à
laquelle ces incidents ont donné lieu, dit le Daily
TeFgravh, nous voyons combien Tatmosphere est
chargé© d’électricité dans la Méditerranée et à
quels dangers nous exposent la tension et le ma
laise causés par la lenteur de la guerre italo-tur-
que. Les puissances neutres ont les plus grandes
difficultés à trouver la route qu’elles doivent sui
vre pour n’offenser personne et le moindre inci
dent qui se produit peut provoquer une étin
celle.
La question porte eu elle-même une morale
dont l’Europe doit prendre noie. Une petite étin
celle peut amener un grand incendie. Il est grand
temps d’écarter toutes les matières combustibles.
Les grandes puissances verront avec le plus
grand soulagement, nous en sommes sûrs, la ces
sation des hostilités entre l’Italie et la Turquie,
Le Daily Telegrapk regrette l’arrestation du
Tavignano, qui est, dit-il, un nouvel exemple
d’autorité oppressive.
Les Incidents Franco-Italiens
L’examen des Passagers Turcs
Marseille, 27 janvier.
Les membres de la mission turque atten
dus au Frioul y seront examinés par une
Commission de trois membres, savoir : un
membre de la Sûreté générale, un officier,
un médecin. Ces trois membres feront pas
ser un examen attentif à chacun des 29
Turcs. Si l'identité de ceux-ci comme mem
bres du Croissant-Rouge est établie, le gou
vernement français les laissera libres de
s’embarquer à nouveau pour la Tripoli-
taine.
La Saisie du « Tavignano »
Rome, 27 janvier.
On communique la note officieuse sui
vant© :
Le 25 janvier, à quatre heures de l’sprès-midi,
te destroyer italien Fulmine a atteint le vapeur
français Tavignano, qui était arrêté à neuf milles
à l’Est de Za.zir, près de la frontière tripolilame ;
son arbre de charge était prêt a foncuoner, et
pendant ce temps trois voiliers se dirigeaient au
Sud-Est, vers I-Biban, et d’autres voiliers ve-
naient du Nord-Ouest.
Le commandant du Fulmine, après avoir repéré
la position du Tavignano et constaté qu’il se trou
vait hors des eaux territoriales, sachant d’après
la rumeur publique que le Tavignano était habitué
à débarquer de la contrebande au large, est mon
té à bord et a constaté le manque de reçus de la
douane.
En conséquence, le Fulmine a escorté le Tavi
gnano jusqu'à Tripoli, où il est arrivé hier soir, à
neuf heures. Il a été immédiatement soumis à
une visite, et on a constaté que sa charge con
sistait en farine, sucre, huile, vin, viande, con
serves et toiles, sans aucune contrebande de
guerre spécifique.
Après cette constatation, le Tavignano a été
immédiatement remis en liberté» à onze heures
du soir.
Marseille, 27 janvier.
La direction de la Compagnie mixte à Mar
seille a remis ce matin, de M. Pedelupe,
agent de la Compagnie à Tunis, la dépêche
suivante :
La capture du Tavignano est tout à fait inexpli
cable ; le petit navire transportait au total quaran-
te-quatre tonnes de marchandises diverses 00
peuvent pas prêter à confusion et sont des mar
chandises habituelles que le cargo transporte. Il
y avait en plus la poste, mais aucun passager.
Il est confirmé que le Tavignano a été capturé
par les torpilleurs italiens au large de Baz-avla,
mais on ignore dans quel port il a été convoyé.
On suppose cependant qu’il est à Tripoli, sans
toutefois, avoir aucun rens oment orcCis sur
ce.point ------
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LES ÉPAVES
39
Photo et Clic 5 é reiti Ecwe
6 Sio transit »
Si
nous nous attachons aussi profondé
ment aux choses qui nous entourent, si
nous leur faisons dans notre existence une
place si infime, c’est sans doute parce
qu’une communauté de sort nous rapproche
d’elles et que leur vie latente a plus d’un
point de ressemblance avec la nôtre.
Gomme nous, elles vieillissent et se trans
forment. Comme nous, elles sont soumises
aux lois formelles de l'évolution. Elles pas
sent tour à tour choyées ou méconnues,
prônées par les uns, dédaignées par les au
tres, soignées et parées ou jetées au rebut.
Et des anciennes splendeurs s'en vont dou
cement mourir à la brocante.
Les choses, elles aussi, connaissent la vie
cahotée, aux destins injustes. Emportées
dans le flot de nos caprices, au hasard de la
mode et du gout, elles sont les innocentes
victimes de la même fantaisie qui semble
faire mouvoir les marionnettes perfection
nées que sont les hommes.
Les choses se sont créées des classes so
ciales ; elles ont une aristocratie qui se dé
tend et se maintient ; une classe triste et mi
sérable : celle des pauvres choses qui ne
vivent plus que par le souvenir de leurs res
tes et qui étalent leur détresse aux yeux des
passants, avec l’espoir qu’un cœur chari
table aura pitié de tant de vieillesse.
Ne nous y trompons point. Il y a dans ces
déchus amers des gradations, des rangs, des
catégories relatives. Le fauteuil boiteux dé
posé devant la porte du brocanteur marque
déjà une évidente supériorité, rien que la
dignité de sa tapisserie fatiguée, sur la pau
vre chaise dépaillee, dont la décrépitude lui
fait escorte.
Il y a des débris qui paraissent se draper
encore dans un manteau rapiécé qui dut ja
dis habiller la fortune. Tout à l’heure, j’ai
vu aux vitrines du boutiquier un noble por
trait de famille, encore fleuri des grâces d’un
autre siècle. Il protestait avec un© indigna
tion muette, par le pli dédaigneux des lèvres
et la hauteur du regard contre la main in
grat© et sacrilege qui l’avait fait échouer là,
à côté d’un masque japonais et d’un amas
de vieilles chaussures.
Ges epaves ont leur éloquence et je m'at
tarde parfois en leur pittoresque compagnie.
Notre imagination leur prête une petite
âme discrète et confuse, une âme qui
s’éveille insensiblementdans le silence pous
siéreux des magasins où le commerce les re
cueille. Les épaves y parlent un langage
mystérieux, s‘y font des confidences, s’y
content leurs histoires et leurs peines. Dans
la pénombre des coins, lorsque les hommes
sont partis qui les poussèrent là avec des
bourrades, des heurts et des chocs, lorsque
les choses se sont pou à peu retrouvées, ro-
saisies, lorsqu’elles ont fait connaissance
après s’être réalisés du grand effroi du dé-
ménagement, quand leurs timidités effarou
chées se sont calmées, qu’elles n’ont plus
senti s’abattre sur elles les lourdes mains
caleuses des porteurs, je me figure qu’elles
jacassent comme de petites vieilles, et que les
fabricantes de toile de l’endroit, les araignées
nichées dans les angles, doivent parfois en
entendre de drôles.
«
* $
Dans les Coulisses
La porte avait chanté sur ses charnières.
Le guide venait de m’introduire, avec des
gravités de géolier, dans la demeure des
épaves en instance d’enchères.
Elles sont amusantes à voir, ces coulisses
de notre salle des ventes. Les pièces précieu
ses ont naturellement leur abri particulier ;
des coffres abritent la valeur plus ou moins
grande des ecrins et de leur contenu. Mais
c’est ici le rendez-vous des meubles, une
tour de Babel du mobilier où se confondent
les styles, les genres et les bois.
Une touchante fraternité a réuni ces objets
disparates, venus on ne sait d’où, destines à
s’éparpiller on ne sait où, quand le coup de
marteau du commissaire-priseur leur aura
donné des ailes. Les chaises y coudoient les
armoires, le buffet y voisine avec le casier a
musique, l’horloge avec la batterie de cuisi
ne. Là-haut, suspendus au plafond, des lus
tres planent dans l’éclat un peu éteint de
leurs dorures et l’étalage prétentieux de
leurs branches, mais solennels encore par
habitude, par tradition, en vertu du passé de
luxe que leur apparition évoque.
Et puis, autour de cela, des choses baro
ques, une couronne d’oranger sous son
globe, pauvre souvenir balayé dans la rafale
des revers familiaux, un piston qui se vert-
de-grise, des bicyclettes aux pneus avachis
et flasques, des lampes, des tapis, des livres,
des tables, des peintures, un capharnaum
mêlant aux objets du salon les accessoiresde
a cuisine.
r Des hommes étaient venus. Ils Sempres-
saient maintenant autow de ce bric-a-brac
.. .Où les plus belles choses
©ni le pire destin.
(MALHEREE).
indéfinissable. On enlevait les «pièces »pour
les transporter à côté, dans la grande salle
sous l’œil de l’aéropage, devant le jury sé
vère des acheteurs habituels qui remplissent
toujours les premiers bancs. Par la porta
restée ouverte, l’appel du commissaire-pri-
seur m’arrivait, paraphrasé par la voix du
crieur.
— Trois francs, la table de nuit, trois
francs 5... Trois francs, la table...
Les hommes puisaient toujours parmi la
collection hétéroclite, emportaient des buf-
tels avec des a Heuh ! Heuh ! » qui disaient
l’effort, ou poussaient devant eux des fau
teuils grinçants.
— Tiens, il a perdu sa roulette !
Et le bon vieux type de fauteuil, aux res
sorts las, aux jambes cagneuses, n’en partait
pas moins avec les autres, livré à de nou
veaux espoirs, à de nouvelles destinées, tout
comme nous-mêmes, que le courant de la
vie emporte, en dépit des cheveux et des
dents qui tombent L..
:
* »
Les 4 Historiques »
Depuis des ans, ces au 1res épaves dor.
maient tranquillement dans la solitude des
greniers de ‘Hotel de Ville, où, morceau par
morceau, l’oubli des hommes les avaient re
léguées, Les araignées avaient pris posses
sion de toutes ces choses en exil. Elles se
servaient de leurs pointes et de leurs angles
poury accrocher des toiles. Elles se nichaient
a l’aise au fond des narines de l’impératrice
Eugénie, après avoir tendu leurs fines den
telles entre le cimier d’un casque de pom
pier de Nanterre et la barbiche de N poléon
III. Et les jours passaient, qui étaient presque
des nuits tant la lumière tombée des lucar
nes arrivait là atténuée et sale.
Parfois, la porte s’entr’ouvrait. Une vague
main poussait là-dedans une vague chose.
Dans la pénombre, les anciens en stuc ou
en bois, les têtes célèbres, les grands pre
miers rôles déchus de l’histoire devaient in
terroger curieusement le nouveau venu, se
renseigner, distiller l’amertume de leurs dé
sillusions, pendant que l’horloge, de son tic-
tac obsédant, berçait doucement leur capti
vité.
Un matin vint et ce fut le signal du mou
vement. Des hommes entrèrent bravement
dans ce cimetière. Le balai municipal ras
sembla des tas de morceaux, les miettes
éparses du passé. Bien qu’elles fussent mor
tes depuis longtemps, les vieilleries avaient
encore à franchir une dernière étape du cal
vaire.
Le chantier municipal les recueillit.
Le zinc doré y fraternise avec le marbre.
Voici une panoplie d’armes, des coupe-
choux dessinant les brandies d’une étoile.
Ici, un véritable magasin d’accessoires de
théâtre : des cuirasses en fer-blanc rouillé,
des fusils sans chien, une selle. des coupes,
des épées, un casque de pompier veuf de sa
chenille. Là-bas, sur l’amas des urnes en
stuc, des vases étrusques en plâtre peint,
des chandeliers en carton. Non loin d’uze
horloge qui n’a jamais marqué l’heure et
d’un poignard en bois qui a dû tuer plu
sieurs générations de sinistres héros de mé
lodrames, une couronne royale, une cou
ronne dorée, enrichie de cabochons — siâ
transit gloria mundi — une couronne qui sur
monta peut-être, jadis, la flamboyante per
ruque de Pluton.
— Venez voir les bustes, je les ai mis à
l’abri.
On m’entraîna à l’autre bout du chantier,
une serrure grinça. Sur les tablettes d’un ré
duit, s’alignaient des objets de rebut.
Il y avait là un peu de tout, des appareils
d’éclairage, des lampadaires, des globes en
verre peinturluré, tout un matériel démodé,
détrôné par l’électricité.
— Tenez, là, dans ce coin, baissez-vous un
peu 1
Couchés côte à côte, les « historiques ».
dormaient, la tête contre le mur. La pous
sière qui s’etait collée au fond des plis du
masque soulignait les traits, donnait a la
physionomie un air sombre et .rébarsut-
Le a historiques » semblaient furieux
Louis XIV et Napoléon Ier n’avaient reçu
que les honneurs relatifs du plâtre. Plus
heureux, Jérôme-Napoléon et l’Impératrice
Eugénie étalaient sur la même planche Fa*
ristocratio d’un marbre jauni...
Et le hasard avait bien malicieusement ar
rangé les choses en plaçant la galerie des
grandeurs dépréciées à côté des flambeaux
éteints et des vieux lustres.
« «
Un sou la Clef!
Il pleut. Sous le ciel bas couleur de cen-
dre, dans la tristesse de la grande voie
transformée en marécage, la brocante indé-
finissabie que chaque dimanche ramène,
semble plus lamentable encore.
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