Titre : Le Petit Havre : organe républicain, démocratique, socialiste ["puis" organe républicain démocratique "puis" bulletin d'informations locales]
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1909-06-30
Contributeur : Fénoux, Hippolyte (1842-1913). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32836500g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 30 juin 1909 30 juin 1909
Description : 1909/06/30 (A29,N10243). 1909/06/30 (A29,N10243).
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
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Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bd6t52638589m
Source : Bibliothèque municipale du Havre, PJ5
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 02/04/2023
2yme Année — N 10,213
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O. RANDOLET
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à M. O. RANDOLET
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(6 Pages) S Centimes— EDTON DU MATIN — 5 Centimes (G Pages)
Le Petit Havre
Mercredi 30 Juin 1909
Rédacteur en Chef, Gérant
HIPPOLYTE FENOUX
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à M. HIPPOLYTE FÉNOUX
35, Rue Fontenelle, 35
TLLAPHOXE • Rédaction, Ho 7.60 ; Administration, Ho 10.17
AU HAVRE.
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ORGANE REPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
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Le Havre, la Seine-Inférieure, l'Eure,) * ...
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1 8 Fr.
~~ »
40 »
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Dernière Heure B
PARIS, TROIS HEURES MÂTIN
DÉPÊCHES COMMERCIALES
Le Concours de Gymnastique du 129me
-2-0 A.
LONDRES, 29 JUIN
Cuivre s Comptant, £ 58.17/6 ; trois mois,
£ 59.12/6.
Etain : Comptant, £ 132.2/6; trois mois,
£133.17/6.
Fer : Comptant, 48/3 -/- ; trois mois,
49/-
NEW-YORK, 29 JUIN
Cotons s juillet, baisse 1 points ;
décembre, baisse 11 points.
Calés : închangés à baisse 10 points.
La Grève des inscrits à Marseille
Une Bagarre sur les Quais
Marseille. — Vers midi, une bagarre a
éclaté sur les quais, entre les partisans de la
continuation de la grève et ceux qui dési
rent la reprise du travail.
Les deux camps en vinrent aux mains,
et de nombreux coups de couteau furent
échangés.
Il y a eu cinq blessés grièvement.
Plusieurs arrestations ont été opérées.
Encore une Entrevue des Armateurs et
des Inscrits
Marseille.— A la suite des incidents qui se
sont produits dans la matinée, M. Pottier,
administrateur de la marine, a convoqué les
administrateurs des diverses Compagnies et
les délégués des inscrits maritimes.
Les représentants des deux parties sont
tombés d’accord sur l’interprétation généra
le du compromis du 26juin. Quelques points
secondaires faisant l’objet du nouveau diffé
rend ont été ajournés.
Plusieurs paquebots sont partis dans
l'après-midi avec des marins de l’État.
Nouveaux Incidents
Marseille. — Pendant toute la journée
d’hier, la plus vive agitation n’a cessé de ré-
gner sur les quais où un important service
d'ordre avait été organisé, ainsi qu’aux bu
reaux de l’Inscription maritime.
Les Compagnies de navigation éprouvent
de grandes difficultés pour la reconstitution
des équipages de leurs paquebots, à la suite
de l’antagonisme existant entre les inscrits
grévistes et les inscrits qui ont assuré les
voyages des navires pendant la grève.
Quelques incidents se sont produits à ce
sujet.
On signale qu’un matelot du Gand ayant
.voyagé pendant la grève, a été assailli et
(blessé par un groupe d’inscrits.
J. Ditte est avisé qu’il est choisi comme
arbitre
M. Ditte, président du Tribunal civil de la
Seine, a reçu hier soir l’avis du ministre de
la marine le choisissant comme arbitre à la
suite de l’accord intervenu le 26 juin, entre
les armateurs et les inscrits maritimes.
On pense que le résultat de l’arbitrage sera
connu dans trois ou quatre jours.
-=- I -@-===-
FRANCE ET AUTRICHE
M. Fallières reçoit la Grand-Croix de
l’Ordre de Saint-Etienne
Vienne. — Suivant une note officieuse,
l'empereur d’Autriche a conféré au président
Fallières la grand-croix de l’ordre de Saint-
Etienne.
On peut voir en cela l’estime que François-
Joseph éprouve pour le chef de l’Etat fran
çais, ainsi que sa reconnaissance pour l’acti
vité médiatrice de la France visant le main
tien de la paix.
ARRESTATION D'UN OFFICIER DE
MARINE
Brest.— Un officier de première classe de
‘Administration de la marine, a été arrêté
ces jours derniers à la porte de l’Arsenal au
moment où il emportait en ville un cadre
de bois de teck fabriqué dans le port.
Le préfet maritime a adressé un rapport
au ministre qui statuera sur le cas de cet
.officier.
LES INCIDENTS D'AUTEUIL
Le tribunal correctionnel a condamné à
un mois de prison le nommé Montannier,
représentant de commerce, qui fut arrêté
aux courses d'Auteuil.
Montannier est condamné pour destruction
de clôtures par le leu et pour outrages à un
garde républicain.
L'AFFAIRE LEMOINE
A la dixième chambre correctionnelle de
la Seine, présidée par M. Dreyfus, Me de
Saint-Auban a commencé, à trois heures, à
répliquer à M. le substitut Régnault, qui, on
s’en souvient, a demandé au tribunal de re
fuser au Syndicat de la bijouterie et de la
joaillerie de Paris, le droit de se porter partie
civile.
Lemoine a fourni ensuite quelques expli
cations complémentaires et la suite des dé
bats a été renvoyée à aujourd’hui pour la
plaidoirie de Me Labori.
R» 3s -=»
AU MAROC
Moulaï-Hafd et les Caïds du Sud
Tanger. — Les nouvelles arrivées de Fez
signalent que le dissentiment qui existe en
tre Moulaï-Hafid et les grands caïds du Sud,
le Glaoui et Si-Aïssa, est dû à ce que le sultan
reproche à ceux-ci de n’avoir tenu aucun
compte de ses avis alors qu’ils étaient char
gés de l’administration du Haouz et de ne
pas l’avoir consulté au sujet des mesures
qu’ils prenaient en son nom.
NEW-YORK,
29 JUIN
Cuivre ...
G. DU JOUR
13 43
G. PRECEDENT
13 43
Amalganat. Cop. ..
82 3/4
80 7/8
Fer
16 25
16 25
. CHICAGO, 29 JUIN
Blé sur
Juillet....
C. DU JOUR
116 »/»
C. PRÉCÉD.
115 »/»
— .....
Septembre
lil 5/8
110 1/8
Mais sur
Juillet ...
70 3/4
70 1/4
—
Septembre
67 5/8
67 1/2
Saindoux sur.
Juillet....
11 70
11 60
—
Septembre
' 11 75
11 67
Les caïds qui, en somme, ont fait Hafid
sultan, de leur côté, reprochent à celui-ci de
ne pas les avoir consultés alors que la posi
tion qu’ils occupaient dans le maghzen obli
geait le sultan à leur demander avis et à
écouter leurs conseils.
Mais il n’y a entre Moulaï-Hafid et les
grands caïds qu’un dissentiment qu’on es
père passager et il est probable que d’ici peu
ils finiront par se réconcilier.
NICOLAS 11 EN SUÈDE
Tullgarn. — L’empereur et l’impératrice
de Russie se sont rendus, en compagnie du
roi et de la reine, à bord du Standart.
Le roi et la reine ont quitté le Standart un
peu avant dix heures : nuis l’escadre russe a
levé l’ancre et est partie dans la direction
des fjords de Galoe.
LA RÉVOLUTION EH PERSE
Saint-Pétersbourg. — Les chargés d’affai
res de Russie et d’Angleterre en Perse, vien
nent de signifier un ultimatum au chef des
révolutionnaires.
Ils exigent qu’il suspende sa marche sur
Tch' "). sous menace de représailles.
L à Mesched, un nouveau combat a
eu ] re ies révolutionnaires et les par-
tisan, hah.
Il y a cu cent cinquante tués.
LE CHOLÉRA A SAINT-PÉTERSBOURG
Saint-Pétersbourg. — Depuis vingt-quatre
heures, on a enregistré soixante-dix-huit cas
de choléra et vingt décès.
Conseil des Ministres
Les ministres se sont réunis, hier matin,
en Conseil, à l’Elysée, sous la présidence de
M. Fallières.
Les ministres se sont d’abord occupés de
la reprise de la grève qui vient de se mani
fester à Marseille parmi les inscrits mariti
mes. Le préfet des Bouches-du-Rhône a été
invité à s’entremettre pour tâcher de rétablir
l’accord.
M. Pichon, ministre des affaires étrangères,
a entretenu le Conseil des petites difficultés
qui ont surgi dans la Châouïa à l’occasion
de la perception des impôts, les indigènes
ne voulant payer ces impôts qu’en nature,
et le gouvernement français, qui agit au nom
de Moulaï-Hafid, désirant que ces impôts
soient payés en argent.
M. Régnault, ministre de France à Tanger,
a été chargé d’étudier la question.
Le ministre de l’agriculture a fait connaî
tre l’entretien qu’il a eu avec les grandes
sociétés de courses et des éleveurs, en vue
de l’amélioration du sort des lads et des gar
çons d’écurie. Il y. a lieu d’espérer que les
efforts tentés dans ce but aboutiront.
M. Ruau répondra sur ce sujet, au Sénat,
aux lieu et place du président du Conseil, à la
question que M. Audiffred a annoncé l’inten
tion de poser.
M. Milliès-Lacroix a informé le Conseil qu’il
se proposait de consacrer ses prochaines va
cances parlementaires à un voyage d’études
en Indo-Chine. Il partira peu après la clôtu
re de la cession des Chambres.
Les Ediles italiens à l’Elysée
Le président de la République a reçu à la
fin de l’après-midi d’hier, le comte Gallina,
ambassadeur d’Italie, qui lui a présenté les
maires de Rome, de Coni, de Milan, de Pé
rouse, et le premier adjoint de Turin, venus
à Paris pour les fêtes franco-italiennes.
Plus de Recommandations dans les
Finances
Désireux de voir cesser les interventions
qui se produisent en matière de concours
ou d’examen dans les finances, le ministre
des finances communique la note suivante :
L’attention du ministre des finances a été appe
lée sur les interventions qui se produisent, soit
auprès des chefs de service, soit auprès du mi
nistre lui-même, en faveur d’agents de l’adminis
tration des finances appelés à subir les épreuves
d’un concours ou d’un examen d’aptitude.
Pour réprimer ces errements, M. Caillaux vient
C décer que tout agent qui se ferait recomman
der en vue d’un concours ou d’un examen serait
passible de peines disciplinaires.
Las Impôts Nouveaux et la Muni
cipalité de Lyon
Le Conseil municipal de Lyon a adopté un
vœu protestant contre les impôts nouveaux
proposés dans le budget de 1910 par le mi
nistre des finances en ce qui concerne :
1° Le timbre sur les petites factures au-
dessous de 10 francs ;
20 La taxe annuelle de 2 francs sur les dé
taillants;
30 Le droit de 1 fr. 50 par an au profit de
l’Etat, sur les chiens de garde. « La loi de
1855, a dit le maire de Lyon, a fait de la taxe
sur les chiens un impôt communal. L’impôt
d’Etat risquerait de faire baisser le produit
des taxes commuueles. »
A la Chambre
mm assa an unamnoee ===============
La Révision ù Tarif des Douanes
DISCOURS DE M. JULES SIEGFRIED
Nous avons donné un résumé rapide du
très remarquable discours prononcé par M.
Jules Siegfried, dans la séance de lundi, à
la Chambre des députés, sur la révision du
tarif des douanes.
Nous reproduisons aujourd’hui ce dis
cours d’après le compte-rendu analytique.
M. Jules Siegfried : Messieurs, au cours
de cette discussion générale nous avons suc
cessivement entendu soutenir la doctrine du
libre-échangisme complet par M. Beauregard,
celle de la protection complète par MM.
Plichon et Néron, et celle de l’échangisme,
c’est-à-dire des traités de commerce, par MM.
Thierry, Gérald et Paul-Boncour.
La doctrine de M. Beauregard est sédui
sante, mais elle est d’une application diffi
cile. Si tous les pays avaient les mêmes idées
et pratiquaient le libre-échange, nous pour
rions, nous aussi, supprimer les droits de
douane. Mais qu’arrive-t-il ? Loin de suppri
mer leurs droits de douane, les pays voisins
les augmentent ! Nous ne pouvons donc en
trer dans la voie du libre-échange.
M. Paul Beauregard : Je n’ai pas soutenu
le libre-échangisme complet.
M. Jules Siegfried : Devons-nous, d’autre
part, accepter l’ultra-protectionnisme de M.
Plichon ? Non, puisqu’il aurait pour consé
quences de renchérir le prix des marchan
dises et le prix de la vie, et d’augmenter
aussi le prix de revient de nos produits.
Restent les idées émises par MM. Thierry,
Gérald et Paul Boncour qui sont simplement
échangistes.
Ces idées se rapprochent le plus de ce qui
me paraît être la vérité.
Avec les théories de M. Plichon, nous fini
rions par n’avoir pour consommateurs que
nos propres concitoyens. Or, une nation in
telligente, active et laborieuse, ne peut se
borner ainsi à son marché intérieur, et pour
donner suffisamment de travail à tous ses
ouvriers, elle doit tendre au contraire à dé
velopper ses affaires avec l’étranger.
Je ne saurais donc admettre les idées exa
gérées de M. Plichon. Il propose notamment
d’élever considérablement les droits sur la
métallurgie.
Or, dans beaucoup de cas, ces produits
sont des matières premières qui devraient
être au contraire exemptes de tout droit
pour que notre industrie puisse fabriquer à
des prix de revient satisfaisants et lutter
avec la concurrence étrangère.
Dernièrement, une compagnie de chemins
de fer provoqua une soumission pour vingt
locomotives. Les maisons françaises deman
dèrent 1 fr. 70 par kilo et les maisons alle
mandes, 1 fr. 50 seulement par kilo, malgré
le droit de 15 centimes par kilo.
Il y avait donc entre les propositions fran
çaises . et les propositions allemandes une
différence de 35 centimes. Pourquoi ? Parce
que les droits sur le fer et l’acier à leur en
trée en France sont de 6 fr. par 100 kilos et
représentent environ 50 0/0 de leur valeur,
puisque les aciers valent 13 fr. les 100 kilos
en France. Ils ne valent que 9 fr. à l’étranger.
La lutte est également difficile pour nos
constructeurs de navires à cause du droit
sur les tôles qui est de 7 francs.
La tôle coûte ainsi 20 fr.en France et 13 fr.
seulement en Angleterre.
On voit par ces exemples, et j’en pourrais
citer beaucoup d’autres, que pour le déve
loppement de notre industrie il faudrait que
les matières premières fussent exemptes
de tous droits ; les matières secondaires
ne devraient être frappées que de droits peu
élevés, 10 0/0 au plus, et enfin les marchan
dises plus travaillées pourraient être frap
pées de droits plus élevés ne dépassant pas
toutefois de 20 à 30 0/0 de leur valeur.
Tels devraient être les principes directeurs
de notre politique douanière.
se
* #
Je désirerais maintenant faire ressortir que
dans cette grande question économique, il
ne suffit pas de s’occuper des droits de
douane. Certains économistes pensent que
ces droits sont un moyen souverain pour
augmenter la prospérité industrielle, com
merciale et agricole d’un pays. C’est une er
reur que je voudrais démontrer au moyen
de quelques chiffres.
Voici le tableau de notre mouvement com
mercial à des époques particulièrement inté
ressantes :
En 1838, notre mouvement commercial a
été de 1 milliard 315 millions ; en 1862, de
4 milliards 433 millions ; en 1892, de 7 mil
liards 649 millions ; en 1908, de 11 milliards
330 millions.
Cette augmentation considérable est inté-
ressante à constater, mais, pour se rendre
compte de l’influence du régime douanier
sur ces chiffres, il faut distinguer les expor
tations de la France à l’étranger et aux colo
nies.
En 1862, la France a exporté 2 milliards
34 millions à l’étranger et 220 millions en
Algérie et aux colonies.
En 1892, 3 milliards 160 millions à l’étran
ger et 300 millions aux colonies.
En 1908, 4 milliards 586 millions à l’étran
ger, 686 millions aux colonies.
Ainsi de 1862 à 1892, sous un régime de
demi-liberté, l'augmentation annuelle de nos
exportations a été de 2 0/0 et depuis le ré
gime douanier de 1892 elle est de 2 1/2 0/0 ;
mais il faut noter que nos exportations en
Algérie et aux colonies sont passées de 300
millions à 686 millions, soit une augmenta
tion annuelle de 8 0/0.
Il ressort de cette comparaison que le ré
gime de 1892 n’a pas eu une influence consi
dérable sur notre situation industrielle,puis
que l’augmentation annuelle de nos exporta
tions n’a été que de 1/2 0/0,en tenantcompte
de l’accroissement considérable de nos affai
res avec l’Algérie et les colonies, accroisse
ment, soit dit en passant, qui est un argu
ment extrêmement fort en faveur de notre
politique coloniale.
Comparons maintenant les exportations
des pays étrangers pendant la même pé
riode.
Nous trouvons de 1892 à 1908 pour l’An •
gleterre une augmentation d’exportation de
66 0/0, pour les Etats-Unis de 90 0/0, pour
l’Italie de 94 0/0,pour l’Allemagne de 134 0/0,
tandis que pendant la même période notre
augmentation n’a été que de 52 0/0, et que,
sans notre trafic avec l'Algérie et les colo
nies, elle n’aurait été que de 45 0/0.
Cette situation est-elle satisfaisante? Cer
tes, notre commerce a augmenté, mais ce
lui des autres puissances egalement et dans
une proportion infiniment plus grande. Si
ce mouvement devait continuer, où en se
rions-nous dans vingt ou trente ans?
Quelles sont les causes de cet état de cho
ses, car nous avons vu que la question doua
nière n’a qu’un effet relativement faible sur
la situation. Et pourquoi la plupart des pays
étrangers augmentent-ils leur production et
leur exportation plus rapidement que nous?
Parce que, d’une part, ils produisent meil
leur marché que nous, et, d’autre part, ils
sont mieux organisés que nous en ce qui con
cerne la vente.
Mais pourquoi produisons-nous plus cher?
Parce que les matières premières nous re
viennent à des prix plus élevés,en raison des
droits de douane. C’est là une première cau
se d’infériorité. En second lieu nos méthodes
de travail ont une influence très grande sur
ces prix de vente.
Enfin, les étrangers s’efforcent d’envoyer
des voyageurs dans tous les pays et ils arri
vent ainsi à augmenter leur clientèle ; nous,
au contraire, nous attendons que le client
vienne chez nous chercher notre marchandi
se. Les Allemands en particulier ont parfai
tement su utiliser cet avantage.
Los nations étrangères emploient d’autres
moyens encore pour développer leur chiffre
d'affaires. Et ici se présente la question des
cartels. En Allemagne, le cartel est organi
sé de la façon suivante : les principaux pro
ducteurs d’une même marchandise s’as
socient et décident qu’ils ne produiront
pas au-dessous d’un prix déterminé, fixé
en tenant compte des droits de douane. Ce
système leur permet de vendre à des prix
extrêmement bas, grâce aux bénéfices pro
duits par les cartels. Il y a là un danger très
surieuz pour nous.
A côté du cartel, il y a aussi le dumping.
La Commission des douanes avait prévu
dans son premier rapport un article 4 qui
devait agir contre le dumping. Le gouverne
ment a pensé qu’il ne fallait pas introduire
une question semblable dans un projet de
révision douanière, mais il me semble, pour
ma part, qu’il y aurait cependant lieu de
s’en préoccuper.
Il y a quelques années, le gouvernement a
signé une convention relative aux sucres,
qui a donné satisfaction à tous ; il me paraît
qu’il pourrait agir de même en ce qui con
cerne les cartels et le dumping.
Il y a également les trusts, Les Etats-Unis
ont reconnu les inconvénients d’une concur
rence illimitée et ont eu l’idée d’organiser
des trusts. La plupart des établissements
d’une même industrie sont accaparés par une
société spéciale qui en a la direction au point
de vue de l’achat des marchandises et de la
vente des produits manufacturés en fixant
les prix d’achat, de vente et l’importance de
la producton.
Certes, les trusts présentent des dangers,
mais ils offrent aussi de grands avantages.
Ils règlent notamment la production suivant
l’importance de la consommation, d’où une
régularisation des prix et un obstacle aux
crises dues à la surproduction. C’est là un
bienfait qu’il conviendrait peut-être de ne
pas négliger.
*
* «
Enfin, une des causes de notre situation
actuelle, c’est l’éducation donnée à notre
jeunesse. Si l’Allemagne a développé son
commerce dans de si grandes proportions,
c’est grâce à l’enseignement technique par
lequel elle forme les jeunes gens et les arme
pour la lutte pratique.
Chez nous, l’enseignement est plus litté
raire, nous développons les spéculations de
l’esprit au détriment de celles de la matière,
et nos affaires industrielles en souffrent.
Quels sont les moyens propres à remédier
à cet état de choses ? Sans doute, il convient
de développer nos affaires à l’intérieur, et à
ce point de vue il est nécessaire que les droits
de douane protègent dans une mesure suffi
sante notre agriculture et notre industrie.
Mais toute la question est de ne pas dépasser
une juste limite et de nous éloigner autant
de la liberté sans limite que de la protection
absolue, de façon que notre industrie puisse
lutter, mais sans endormir les initiatives in
dividuelles.
Cela dit, il nous faut à la fois le concours
de l’Etat et celui de l’initiative individuelle.
L’Etat doit s’occuper de la question doua
nière et rechercher le plus possible la con
clusion. des conventions commerciales.
Certains pays n’ont pas avec nous, à cet
égard, l’importance d’affaires qu’ils devraient
avoir.
La Russie, par exemple, ne fait pas avec
nous le chiffre d'affaires qu’elle devrait faire.
Il appartiendrait à notre gouvernement de
s’efforcer de conclure avec elle des conven
tions pour rendre plus étroites nos relations
commerciales. Il faudrait nous assurer ce
marché considérable, notamment pour les
vins. (Très bien, très bien !)
Les Etats-Unis, avec leurs 85 millions d’ha
bitants, constituent également un consom
mateur de premier ordre. Il faudrait que M.
le ministre des affaires étrangères agisse près
de ce pays d’une façon aussi énergique que
possible pour obtenir de lui par des conces
sions réciproques l’abaissement des droits
très élevés qui frappent nos produits. (Très
bien, très bien !)
Nos agents diplomatiques et consulaires
ont également un rôle très important à jouer.
En toute occasion, les consuls allemands
appuient leurs nationaux lorsqu’il s’agit
d’obtenir la concession de grands travaux
ou d’importantes affaires. Notre corps con
sulaire est entré dans cette voie depuis quel
ques années ; il faut qu’il y persévère. Je
suis persuadé, d’ailleurs, que la nouvelle
institution des attachés commerciaux nous
-
Photo Petit Havre
Cliché Petit Havre
C’est une très heureuse idée que celle de
ce concours de gymnastique qui s’est tenu
hier dans la cour de la caserne Kléber et aux
différentes épreuves duquel ont participé
toutes les compagnies du 129 e .
L’initiative en revient à M. le colonel Feu-
chère qui a créé de la sorte, au sein de son
beau régiment, un sentiment d’émulation
dont ne peut que bénéficier l’éducation mili
taire de nos soldats.
Cette émulation n’a pas été seulement sus
citée par l’espoir du succès, par les prix qui
allaient être distribués, mais aussi par l'im-
portance et l’éclat donnés à cette manifesta
tion gymnique.
Tout le régiment, disons-nous, a pris part
à ce concours. M. le colonel Feuchère a
tenu à faire venir de Caen, tout spécialement
à Cette occasion, les sections des compagnies
qui y sont casernées, afin qu’elles fussent
examinées et classées par le même jury.
Voici dans quelles conditions ce tournois
a été organisé :
Dans chaque compagnie du régiment, une
section a été tirée au sort. C’est à elle que
revenait le soin de défendre l’honneur de la
compagnie.
Chacune de ces sections était soumise à
deux sortes d’épreuves. Elle devait exécuter
d'abord un mouvement quelconque du rè
glement, exercices à mains libres ou aux
a res, imposé par le jury ; puis se produire
dans un mouvement de choix.
L’intérêt de ce concours résidait surtout en
ce fait qu’il présentait vraiment le régiment
tel qu’il est, et qu’il ne s’agissait pas là d’un
exercice effectué par une sélection d’hommes
particulièrement entraînés en vue de cette
journée.Le tirage ausortlaissaitcompiets,à ce
sujet, tous les aléas de l’exécution et fournis
sait un moyen vraiment pratique de se ren
dre compte de la valeur de l'ensemble de
l’enseignement.
Le jury était composé de M. le capitaine
Tisserand et de tous les lieutenants du 129®.
Fidèles à des traditions de délicate cour
toisie, MM. les officiers du 129 e avaient associé
à leur fête leurs familles et leurs camarades.
De nombreux officiers de la garnison, artille
rie et gendarmerie, officiers de la réserve et
de l’armée territoriale, assistaient au con-
cours d'hier où les dames mettaient le charme
de leur grâce.
Entouré de M. le lieutenant-colonel Gau-
demard et de ses officiers, M. le colonel Feu-
chère avait réservé à ses invités l’accueil le
plus empressé.
Dès une heure et demie, le concours com
mençait, dans la partie Ouest de la cour de
rendra les plus grands services. ( Très bien !
très bien !).-
Les trusts présentent des avantages dont
nous pourrions tirer profit. Mais il faudrait
pour cela modifier l’article 419 du code pé
nal, rédigé il y a un siècle pour punir des
accaparements devenus aujourd’hui impos
sibles. (Très bien ! très bien ! ).
Je voudrais aussi que l’enseignement pro
fessionnel reçût chez nous un plus grand
développement. Sans doute, depuis quelques
années on a créé des écoles professionnelles
pour les jeunes gens et même pour les jeu
nes filles, mais elles sont beaucoup trop peu
nombreuses.
Il faudrait consacrer à cette œuvre des
millions, au lieu des quelques milliers de
francs que nous y affectons chaque année,
car nous avons à faire un effort considérable
si nous voulons rattrapper nos voisins. (Très
bien ! très bien !).
M. Cruppi, ministre du commerce et de l'in
dustrie : Je reconnais que l’effort budgétaire
n’est pas considérable, mais nous assistons à
un véritable essor de l’enseignement profes
sionnel dans les villes et dans les départe
ments. Partout on crée des écoles qui réus
sissent à merveille et donnent les plus beaux
espoirs. (Très bien ! très bien !)
M. Jules Siegfried : Je sais les efforts ten
tés par les municipalités, mais le gouverne
ment cherche trop souvent à mettre à leur
charge des dépenses qui incombent à l'Etat.
M. le Ministre du Commerça : On fait de
la très bonne décentralisation quand on
arrive à grouper dans une même collabora
tion l’Etat les villes et même les initiatives
de certains syndicats.
M. Jules Siegfried : Il faut, en effet, faire
dans ce sens des efforts de plus en plus éner
giques. Malheureusement, M. le ministre,
vous avez peur de votre collègue des fi
nances.
M. le Ministre du Commerce : Mon col
lègue des finances et moi nous avons peur
surtout du budget des dépenses. (On rit).
M. Jules Siegfried : Quand il s’agit de dé
penses qui doivent produire 100 0/0 et plus,
il faut que le gouvernement ait le courage
de les faire. (Très bien ! très bien !)
Je reconnais d’ailleurs que l’Etat ne peut
pas tout faire et qu’on doit recourir à l’ini
tiative individuelle. C’est ce qui existe dans
les autres pays.
*
* *
Pour que le développement industriel d’un
pays se poursuive régulièrement, il faut que
patrons et ouvriers soient d’accord, que le
capital et le travail, au lieu de lutter l’un
la caserne. Le drapeau du régiment avait ét6
sorti de la salle d'honneur et placé sur le ter
rain d’exercices encadré de panoplies d’armes
et d’étamines tricolores qui formaient un en
semble décoratif très réussi. Il surmontait
l’exposition des prix-challenges à décerner,
une jolie coupe et deux bronzes d’art, l’un
réservé à l’épreuve de Cross country, l’autre
à celle de la gymnastique.
Les différents exercices de gymnastique
présentés par les sections ont été, pour la
plupart, remarquables. Ils ont été enlevés
avec un entrain, une agilité et un ensemble
qui, à maintes reprises, ont soulevé les bra
vos de l’assistance.
C’est surtout dans les mouvements laissés
au choix des sections que l'initiative des
groupes s’est révélée avec la perfection de
l’exécution.
On a particulièrement applaudi les hui
tième et sixième compagnies qui se sont dis
tinguées, en effet, par le brio et l’adresse. Le
saut delà haie par une troupe armée, le pas
sage de la rivière sur une poutre, l’escalade
du mur, l’escrime à la baïonnette, ont sou
levé, par l'impeccabilité, la sûreté et la rapi
dité des mouvements, des bravos unanimes.
Grand succès également pour les pyrami
des humaines, exécutées avec une crânerie
superbe. Et pas de sandales de gymnasiar-
que ! Aux pieds les gros souliers ferrés ré- .
glementaires, dont les épaules, sans bron
cher, recevaient la rude étreinte !
Nos petits troupiers furent tout simple
ment merveilleux de force, de souplesse,
d’entrain, d’endurance. Et nous saurons gré
à M. le colonel Feuchère de nous avoir pro
curé l’avantage et le plaisir de faire cette
constatation en des circonstances aussi pro
bantes.
Le matin, à sept heures et demie, dans la
Forêt de Montgeon avait eu lieu le Cross
Country. Il mit en évidence le bel entraî
nement de l'équipe de football. Les 3,500
mètres, en terrain accidenté, rendu défec
tueux par les pluies abondantes de la nuit,
ont été couverts en 13 minutes par la section
des vainqueurs.
A dix heures, le régiment rentrait au quar
tier, précédé de la musique.
Les triomphateurs avaient l’honneur de
suivre immédiatement celle-ci. En guise de
palmes, nos soldats agitaient des fougères.
Et, par le bois, dans la fraîcheur du matin,
au milieu d’une belle et jeune gaîté large
ment déployée d’un bout à l’autre des rangs,
c’était là un tableau charmant, plein de mou
vement et de coloris pittoresque.
A. H.
contre l’autre, soient associés dans une œu
vre commune.
Malheureusement, chez nous, on ne sait
pourquoi un antagonisme existe entre le ca
pital et le travail. Un certain nombre de nos
collègues, dans un intérêt politique et j'en
suis sûr avec les meilleures intentions, con
sidèrent comme nécessaire de dresser les ou
vriers contre les patrons et les patrons con
tre les ouvriers.
C’est une erreur de croire qu’en combat
tant le capital on améliore le sort de l’ou
vrier. La vérité est tout autre ; le capital est
nécessaire et il faut au contraire l’encourager
dans l’intérêt même de l’ouvrier. (Très bien !
très bien !)
L’exemple des pays étrangers montre que
l’ouvrier est payé d’autant plus cher que le
capital est plus abondant.
En Angleterre, un ouvrier mécanicien ga
gne en moyenne 7 à 8 fr. ; aux États-Unis,
son salaire varie de 15 à 17 fr. ; chez nous, il
est de 6 fr. ; en Espagne de 2 à 3 fr.
En Angleterre, la somme des capitaux peut
être évaluée à 400 milliards, aux Etats-Unis à
600 milliards, chez nous à 200 milliards, et
beaucoup moins en Espagne. La relation en
tre le salaire et le capital est donc directe et
si nous voulons améliorer la situation des
ouvriers, loin de combattre le capital, il faut
l’encourager. (Très bien ! très bien !)
M. Vaillant : Les socialistes combattent la
capitalisme et non le capital. Le capital, c’est
le travail mort, le travail passé qui peut être
utilisé d’une façon ou d’une autre, devenir
ou la propriété des capitalistes ou la proprié
té sociale.
M. Jules Siegfried : Et le capital présent?
M. Vaillant : C’est la mise en œuvre de
ce capital qui constitue le travail vivant.
M. Jules Siegfried : Une très grande par
tie du capital, vous le savez, a été produite
par le travail de nos ancêtres et de nos pa
rents, une autre partie est produite aujour
d’hui par le travail de tous les ouvriers et
employés vivants, c’est ce capital-là, c’est ce
travail-là qu’il ne faut pas décourager. En ef
frayant le capital, vous faites tort au pays,
puisque vous chassez de France les capitaux
et qu'ainsi vous ne permettez pas la création
de nouveaux établissements industriels, ce
qui revient à dire que vous nuisez aux ou
vriers. (Très bien ! très bien !)
De même, M. le ministre des finances, en
attaquant le capital par un impôt exagéré
sur le revenu risque de faire tort à la pros
périté générale de notre pays. (Très bien t
très bien ! sur divers bancs.) Personne ne
ferait opposition à un impôt sur le revenu
régulier, comme il en existe dans d'autres
pays, mais les moyens vexatoires et inquisi-
l toriaux que préconise le projet ministériel
Administrateur « Délégué
O. RANDOLET
Adresser tout ce qui concerne l’Administration
à M. O. RANDOLET
35, Rue Fontenelle, 35
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(6 Pages) S Centimes— EDTON DU MATIN — 5 Centimes (G Pages)
Le Petit Havre
Mercredi 30 Juin 1909
Rédacteur en Chef, Gérant
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TLLAPHOXE • Rédaction, Ho 7.60 ; Administration, Ho 10.17
AU HAVRE.
A PARIS
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L’AGENCE HAVAS, 8, place de la Bourse, est
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ORGANE REPUBLICAIN DÉMOCRATIQUE
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Le plus fort Tirage des Journaux de la Région
Le Havre, la Seine-Inférieure, l'Eure,) * ...
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Dernière Heure B
PARIS, TROIS HEURES MÂTIN
DÉPÊCHES COMMERCIALES
Le Concours de Gymnastique du 129me
-2-0 A.
LONDRES, 29 JUIN
Cuivre s Comptant, £ 58.17/6 ; trois mois,
£ 59.12/6.
Etain : Comptant, £ 132.2/6; trois mois,
£133.17/6.
Fer : Comptant, 48/3 -/- ; trois mois,
49/-
NEW-YORK, 29 JUIN
Cotons s juillet, baisse 1 points ;
décembre, baisse 11 points.
Calés : închangés à baisse 10 points.
La Grève des inscrits à Marseille
Une Bagarre sur les Quais
Marseille. — Vers midi, une bagarre a
éclaté sur les quais, entre les partisans de la
continuation de la grève et ceux qui dési
rent la reprise du travail.
Les deux camps en vinrent aux mains,
et de nombreux coups de couteau furent
échangés.
Il y a eu cinq blessés grièvement.
Plusieurs arrestations ont été opérées.
Encore une Entrevue des Armateurs et
des Inscrits
Marseille.— A la suite des incidents qui se
sont produits dans la matinée, M. Pottier,
administrateur de la marine, a convoqué les
administrateurs des diverses Compagnies et
les délégués des inscrits maritimes.
Les représentants des deux parties sont
tombés d’accord sur l’interprétation généra
le du compromis du 26juin. Quelques points
secondaires faisant l’objet du nouveau diffé
rend ont été ajournés.
Plusieurs paquebots sont partis dans
l'après-midi avec des marins de l’État.
Nouveaux Incidents
Marseille. — Pendant toute la journée
d’hier, la plus vive agitation n’a cessé de ré-
gner sur les quais où un important service
d'ordre avait été organisé, ainsi qu’aux bu
reaux de l’Inscription maritime.
Les Compagnies de navigation éprouvent
de grandes difficultés pour la reconstitution
des équipages de leurs paquebots, à la suite
de l’antagonisme existant entre les inscrits
grévistes et les inscrits qui ont assuré les
voyages des navires pendant la grève.
Quelques incidents se sont produits à ce
sujet.
On signale qu’un matelot du Gand ayant
.voyagé pendant la grève, a été assailli et
(blessé par un groupe d’inscrits.
J. Ditte est avisé qu’il est choisi comme
arbitre
M. Ditte, président du Tribunal civil de la
Seine, a reçu hier soir l’avis du ministre de
la marine le choisissant comme arbitre à la
suite de l’accord intervenu le 26 juin, entre
les armateurs et les inscrits maritimes.
On pense que le résultat de l’arbitrage sera
connu dans trois ou quatre jours.
-=- I -@-===-
FRANCE ET AUTRICHE
M. Fallières reçoit la Grand-Croix de
l’Ordre de Saint-Etienne
Vienne. — Suivant une note officieuse,
l'empereur d’Autriche a conféré au président
Fallières la grand-croix de l’ordre de Saint-
Etienne.
On peut voir en cela l’estime que François-
Joseph éprouve pour le chef de l’Etat fran
çais, ainsi que sa reconnaissance pour l’acti
vité médiatrice de la France visant le main
tien de la paix.
ARRESTATION D'UN OFFICIER DE
MARINE
Brest.— Un officier de première classe de
‘Administration de la marine, a été arrêté
ces jours derniers à la porte de l’Arsenal au
moment où il emportait en ville un cadre
de bois de teck fabriqué dans le port.
Le préfet maritime a adressé un rapport
au ministre qui statuera sur le cas de cet
.officier.
LES INCIDENTS D'AUTEUIL
Le tribunal correctionnel a condamné à
un mois de prison le nommé Montannier,
représentant de commerce, qui fut arrêté
aux courses d'Auteuil.
Montannier est condamné pour destruction
de clôtures par le leu et pour outrages à un
garde républicain.
L'AFFAIRE LEMOINE
A la dixième chambre correctionnelle de
la Seine, présidée par M. Dreyfus, Me de
Saint-Auban a commencé, à trois heures, à
répliquer à M. le substitut Régnault, qui, on
s’en souvient, a demandé au tribunal de re
fuser au Syndicat de la bijouterie et de la
joaillerie de Paris, le droit de se porter partie
civile.
Lemoine a fourni ensuite quelques expli
cations complémentaires et la suite des dé
bats a été renvoyée à aujourd’hui pour la
plaidoirie de Me Labori.
R» 3s -=»
AU MAROC
Moulaï-Hafd et les Caïds du Sud
Tanger. — Les nouvelles arrivées de Fez
signalent que le dissentiment qui existe en
tre Moulaï-Hafid et les grands caïds du Sud,
le Glaoui et Si-Aïssa, est dû à ce que le sultan
reproche à ceux-ci de n’avoir tenu aucun
compte de ses avis alors qu’ils étaient char
gés de l’administration du Haouz et de ne
pas l’avoir consulté au sujet des mesures
qu’ils prenaient en son nom.
NEW-YORK,
29 JUIN
Cuivre ...
G. DU JOUR
13 43
G. PRECEDENT
13 43
Amalganat. Cop. ..
82 3/4
80 7/8
Fer
16 25
16 25
. CHICAGO, 29 JUIN
Blé sur
Juillet....
C. DU JOUR
116 »/»
C. PRÉCÉD.
115 »/»
— .....
Septembre
lil 5/8
110 1/8
Mais sur
Juillet ...
70 3/4
70 1/4
—
Septembre
67 5/8
67 1/2
Saindoux sur.
Juillet....
11 70
11 60
—
Septembre
' 11 75
11 67
Les caïds qui, en somme, ont fait Hafid
sultan, de leur côté, reprochent à celui-ci de
ne pas les avoir consultés alors que la posi
tion qu’ils occupaient dans le maghzen obli
geait le sultan à leur demander avis et à
écouter leurs conseils.
Mais il n’y a entre Moulaï-Hafid et les
grands caïds qu’un dissentiment qu’on es
père passager et il est probable que d’ici peu
ils finiront par se réconcilier.
NICOLAS 11 EN SUÈDE
Tullgarn. — L’empereur et l’impératrice
de Russie se sont rendus, en compagnie du
roi et de la reine, à bord du Standart.
Le roi et la reine ont quitté le Standart un
peu avant dix heures : nuis l’escadre russe a
levé l’ancre et est partie dans la direction
des fjords de Galoe.
LA RÉVOLUTION EH PERSE
Saint-Pétersbourg. — Les chargés d’affai
res de Russie et d’Angleterre en Perse, vien
nent de signifier un ultimatum au chef des
révolutionnaires.
Ils exigent qu’il suspende sa marche sur
Tch' "). sous menace de représailles.
L à Mesched, un nouveau combat a
eu ] re ies révolutionnaires et les par-
tisan, hah.
Il y a cu cent cinquante tués.
LE CHOLÉRA A SAINT-PÉTERSBOURG
Saint-Pétersbourg. — Depuis vingt-quatre
heures, on a enregistré soixante-dix-huit cas
de choléra et vingt décès.
Conseil des Ministres
Les ministres se sont réunis, hier matin,
en Conseil, à l’Elysée, sous la présidence de
M. Fallières.
Les ministres se sont d’abord occupés de
la reprise de la grève qui vient de se mani
fester à Marseille parmi les inscrits mariti
mes. Le préfet des Bouches-du-Rhône a été
invité à s’entremettre pour tâcher de rétablir
l’accord.
M. Pichon, ministre des affaires étrangères,
a entretenu le Conseil des petites difficultés
qui ont surgi dans la Châouïa à l’occasion
de la perception des impôts, les indigènes
ne voulant payer ces impôts qu’en nature,
et le gouvernement français, qui agit au nom
de Moulaï-Hafid, désirant que ces impôts
soient payés en argent.
M. Régnault, ministre de France à Tanger,
a été chargé d’étudier la question.
Le ministre de l’agriculture a fait connaî
tre l’entretien qu’il a eu avec les grandes
sociétés de courses et des éleveurs, en vue
de l’amélioration du sort des lads et des gar
çons d’écurie. Il y. a lieu d’espérer que les
efforts tentés dans ce but aboutiront.
M. Ruau répondra sur ce sujet, au Sénat,
aux lieu et place du président du Conseil, à la
question que M. Audiffred a annoncé l’inten
tion de poser.
M. Milliès-Lacroix a informé le Conseil qu’il
se proposait de consacrer ses prochaines va
cances parlementaires à un voyage d’études
en Indo-Chine. Il partira peu après la clôtu
re de la cession des Chambres.
Les Ediles italiens à l’Elysée
Le président de la République a reçu à la
fin de l’après-midi d’hier, le comte Gallina,
ambassadeur d’Italie, qui lui a présenté les
maires de Rome, de Coni, de Milan, de Pé
rouse, et le premier adjoint de Turin, venus
à Paris pour les fêtes franco-italiennes.
Plus de Recommandations dans les
Finances
Désireux de voir cesser les interventions
qui se produisent en matière de concours
ou d’examen dans les finances, le ministre
des finances communique la note suivante :
L’attention du ministre des finances a été appe
lée sur les interventions qui se produisent, soit
auprès des chefs de service, soit auprès du mi
nistre lui-même, en faveur d’agents de l’adminis
tration des finances appelés à subir les épreuves
d’un concours ou d’un examen d’aptitude.
Pour réprimer ces errements, M. Caillaux vient
C décer que tout agent qui se ferait recomman
der en vue d’un concours ou d’un examen serait
passible de peines disciplinaires.
Las Impôts Nouveaux et la Muni
cipalité de Lyon
Le Conseil municipal de Lyon a adopté un
vœu protestant contre les impôts nouveaux
proposés dans le budget de 1910 par le mi
nistre des finances en ce qui concerne :
1° Le timbre sur les petites factures au-
dessous de 10 francs ;
20 La taxe annuelle de 2 francs sur les dé
taillants;
30 Le droit de 1 fr. 50 par an au profit de
l’Etat, sur les chiens de garde. « La loi de
1855, a dit le maire de Lyon, a fait de la taxe
sur les chiens un impôt communal. L’impôt
d’Etat risquerait de faire baisser le produit
des taxes commuueles. »
A la Chambre
mm assa an unamnoee ===============
La Révision ù Tarif des Douanes
DISCOURS DE M. JULES SIEGFRIED
Nous avons donné un résumé rapide du
très remarquable discours prononcé par M.
Jules Siegfried, dans la séance de lundi, à
la Chambre des députés, sur la révision du
tarif des douanes.
Nous reproduisons aujourd’hui ce dis
cours d’après le compte-rendu analytique.
M. Jules Siegfried : Messieurs, au cours
de cette discussion générale nous avons suc
cessivement entendu soutenir la doctrine du
libre-échangisme complet par M. Beauregard,
celle de la protection complète par MM.
Plichon et Néron, et celle de l’échangisme,
c’est-à-dire des traités de commerce, par MM.
Thierry, Gérald et Paul-Boncour.
La doctrine de M. Beauregard est sédui
sante, mais elle est d’une application diffi
cile. Si tous les pays avaient les mêmes idées
et pratiquaient le libre-échange, nous pour
rions, nous aussi, supprimer les droits de
douane. Mais qu’arrive-t-il ? Loin de suppri
mer leurs droits de douane, les pays voisins
les augmentent ! Nous ne pouvons donc en
trer dans la voie du libre-échange.
M. Paul Beauregard : Je n’ai pas soutenu
le libre-échangisme complet.
M. Jules Siegfried : Devons-nous, d’autre
part, accepter l’ultra-protectionnisme de M.
Plichon ? Non, puisqu’il aurait pour consé
quences de renchérir le prix des marchan
dises et le prix de la vie, et d’augmenter
aussi le prix de revient de nos produits.
Restent les idées émises par MM. Thierry,
Gérald et Paul Boncour qui sont simplement
échangistes.
Ces idées se rapprochent le plus de ce qui
me paraît être la vérité.
Avec les théories de M. Plichon, nous fini
rions par n’avoir pour consommateurs que
nos propres concitoyens. Or, une nation in
telligente, active et laborieuse, ne peut se
borner ainsi à son marché intérieur, et pour
donner suffisamment de travail à tous ses
ouvriers, elle doit tendre au contraire à dé
velopper ses affaires avec l’étranger.
Je ne saurais donc admettre les idées exa
gérées de M. Plichon. Il propose notamment
d’élever considérablement les droits sur la
métallurgie.
Or, dans beaucoup de cas, ces produits
sont des matières premières qui devraient
être au contraire exemptes de tout droit
pour que notre industrie puisse fabriquer à
des prix de revient satisfaisants et lutter
avec la concurrence étrangère.
Dernièrement, une compagnie de chemins
de fer provoqua une soumission pour vingt
locomotives. Les maisons françaises deman
dèrent 1 fr. 70 par kilo et les maisons alle
mandes, 1 fr. 50 seulement par kilo, malgré
le droit de 15 centimes par kilo.
Il y avait donc entre les propositions fran
çaises . et les propositions allemandes une
différence de 35 centimes. Pourquoi ? Parce
que les droits sur le fer et l’acier à leur en
trée en France sont de 6 fr. par 100 kilos et
représentent environ 50 0/0 de leur valeur,
puisque les aciers valent 13 fr. les 100 kilos
en France. Ils ne valent que 9 fr. à l’étranger.
La lutte est également difficile pour nos
constructeurs de navires à cause du droit
sur les tôles qui est de 7 francs.
La tôle coûte ainsi 20 fr.en France et 13 fr.
seulement en Angleterre.
On voit par ces exemples, et j’en pourrais
citer beaucoup d’autres, que pour le déve
loppement de notre industrie il faudrait que
les matières premières fussent exemptes
de tous droits ; les matières secondaires
ne devraient être frappées que de droits peu
élevés, 10 0/0 au plus, et enfin les marchan
dises plus travaillées pourraient être frap
pées de droits plus élevés ne dépassant pas
toutefois de 20 à 30 0/0 de leur valeur.
Tels devraient être les principes directeurs
de notre politique douanière.
se
* #
Je désirerais maintenant faire ressortir que
dans cette grande question économique, il
ne suffit pas de s’occuper des droits de
douane. Certains économistes pensent que
ces droits sont un moyen souverain pour
augmenter la prospérité industrielle, com
merciale et agricole d’un pays. C’est une er
reur que je voudrais démontrer au moyen
de quelques chiffres.
Voici le tableau de notre mouvement com
mercial à des époques particulièrement inté
ressantes :
En 1838, notre mouvement commercial a
été de 1 milliard 315 millions ; en 1862, de
4 milliards 433 millions ; en 1892, de 7 mil
liards 649 millions ; en 1908, de 11 milliards
330 millions.
Cette augmentation considérable est inté-
ressante à constater, mais, pour se rendre
compte de l’influence du régime douanier
sur ces chiffres, il faut distinguer les expor
tations de la France à l’étranger et aux colo
nies.
En 1862, la France a exporté 2 milliards
34 millions à l’étranger et 220 millions en
Algérie et aux colonies.
En 1892, 3 milliards 160 millions à l’étran
ger et 300 millions aux colonies.
En 1908, 4 milliards 586 millions à l’étran
ger, 686 millions aux colonies.
Ainsi de 1862 à 1892, sous un régime de
demi-liberté, l'augmentation annuelle de nos
exportations a été de 2 0/0 et depuis le ré
gime douanier de 1892 elle est de 2 1/2 0/0 ;
mais il faut noter que nos exportations en
Algérie et aux colonies sont passées de 300
millions à 686 millions, soit une augmenta
tion annuelle de 8 0/0.
Il ressort de cette comparaison que le ré
gime de 1892 n’a pas eu une influence consi
dérable sur notre situation industrielle,puis
que l’augmentation annuelle de nos exporta
tions n’a été que de 1/2 0/0,en tenantcompte
de l’accroissement considérable de nos affai
res avec l’Algérie et les colonies, accroisse
ment, soit dit en passant, qui est un argu
ment extrêmement fort en faveur de notre
politique coloniale.
Comparons maintenant les exportations
des pays étrangers pendant la même pé
riode.
Nous trouvons de 1892 à 1908 pour l’An •
gleterre une augmentation d’exportation de
66 0/0, pour les Etats-Unis de 90 0/0, pour
l’Italie de 94 0/0,pour l’Allemagne de 134 0/0,
tandis que pendant la même période notre
augmentation n’a été que de 52 0/0, et que,
sans notre trafic avec l'Algérie et les colo
nies, elle n’aurait été que de 45 0/0.
Cette situation est-elle satisfaisante? Cer
tes, notre commerce a augmenté, mais ce
lui des autres puissances egalement et dans
une proportion infiniment plus grande. Si
ce mouvement devait continuer, où en se
rions-nous dans vingt ou trente ans?
Quelles sont les causes de cet état de cho
ses, car nous avons vu que la question doua
nière n’a qu’un effet relativement faible sur
la situation. Et pourquoi la plupart des pays
étrangers augmentent-ils leur production et
leur exportation plus rapidement que nous?
Parce que, d’une part, ils produisent meil
leur marché que nous, et, d’autre part, ils
sont mieux organisés que nous en ce qui con
cerne la vente.
Mais pourquoi produisons-nous plus cher?
Parce que les matières premières nous re
viennent à des prix plus élevés,en raison des
droits de douane. C’est là une première cau
se d’infériorité. En second lieu nos méthodes
de travail ont une influence très grande sur
ces prix de vente.
Enfin, les étrangers s’efforcent d’envoyer
des voyageurs dans tous les pays et ils arri
vent ainsi à augmenter leur clientèle ; nous,
au contraire, nous attendons que le client
vienne chez nous chercher notre marchandi
se. Les Allemands en particulier ont parfai
tement su utiliser cet avantage.
Los nations étrangères emploient d’autres
moyens encore pour développer leur chiffre
d'affaires. Et ici se présente la question des
cartels. En Allemagne, le cartel est organi
sé de la façon suivante : les principaux pro
ducteurs d’une même marchandise s’as
socient et décident qu’ils ne produiront
pas au-dessous d’un prix déterminé, fixé
en tenant compte des droits de douane. Ce
système leur permet de vendre à des prix
extrêmement bas, grâce aux bénéfices pro
duits par les cartels. Il y a là un danger très
surieuz pour nous.
A côté du cartel, il y a aussi le dumping.
La Commission des douanes avait prévu
dans son premier rapport un article 4 qui
devait agir contre le dumping. Le gouverne
ment a pensé qu’il ne fallait pas introduire
une question semblable dans un projet de
révision douanière, mais il me semble, pour
ma part, qu’il y aurait cependant lieu de
s’en préoccuper.
Il y a quelques années, le gouvernement a
signé une convention relative aux sucres,
qui a donné satisfaction à tous ; il me paraît
qu’il pourrait agir de même en ce qui con
cerne les cartels et le dumping.
Il y a également les trusts, Les Etats-Unis
ont reconnu les inconvénients d’une concur
rence illimitée et ont eu l’idée d’organiser
des trusts. La plupart des établissements
d’une même industrie sont accaparés par une
société spéciale qui en a la direction au point
de vue de l’achat des marchandises et de la
vente des produits manufacturés en fixant
les prix d’achat, de vente et l’importance de
la producton.
Certes, les trusts présentent des dangers,
mais ils offrent aussi de grands avantages.
Ils règlent notamment la production suivant
l’importance de la consommation, d’où une
régularisation des prix et un obstacle aux
crises dues à la surproduction. C’est là un
bienfait qu’il conviendrait peut-être de ne
pas négliger.
*
* «
Enfin, une des causes de notre situation
actuelle, c’est l’éducation donnée à notre
jeunesse. Si l’Allemagne a développé son
commerce dans de si grandes proportions,
c’est grâce à l’enseignement technique par
lequel elle forme les jeunes gens et les arme
pour la lutte pratique.
Chez nous, l’enseignement est plus litté
raire, nous développons les spéculations de
l’esprit au détriment de celles de la matière,
et nos affaires industrielles en souffrent.
Quels sont les moyens propres à remédier
à cet état de choses ? Sans doute, il convient
de développer nos affaires à l’intérieur, et à
ce point de vue il est nécessaire que les droits
de douane protègent dans une mesure suffi
sante notre agriculture et notre industrie.
Mais toute la question est de ne pas dépasser
une juste limite et de nous éloigner autant
de la liberté sans limite que de la protection
absolue, de façon que notre industrie puisse
lutter, mais sans endormir les initiatives in
dividuelles.
Cela dit, il nous faut à la fois le concours
de l’Etat et celui de l’initiative individuelle.
L’Etat doit s’occuper de la question doua
nière et rechercher le plus possible la con
clusion. des conventions commerciales.
Certains pays n’ont pas avec nous, à cet
égard, l’importance d’affaires qu’ils devraient
avoir.
La Russie, par exemple, ne fait pas avec
nous le chiffre d'affaires qu’elle devrait faire.
Il appartiendrait à notre gouvernement de
s’efforcer de conclure avec elle des conven
tions pour rendre plus étroites nos relations
commerciales. Il faudrait nous assurer ce
marché considérable, notamment pour les
vins. (Très bien, très bien !)
Les Etats-Unis, avec leurs 85 millions d’ha
bitants, constituent également un consom
mateur de premier ordre. Il faudrait que M.
le ministre des affaires étrangères agisse près
de ce pays d’une façon aussi énergique que
possible pour obtenir de lui par des conces
sions réciproques l’abaissement des droits
très élevés qui frappent nos produits. (Très
bien, très bien !)
Nos agents diplomatiques et consulaires
ont également un rôle très important à jouer.
En toute occasion, les consuls allemands
appuient leurs nationaux lorsqu’il s’agit
d’obtenir la concession de grands travaux
ou d’importantes affaires. Notre corps con
sulaire est entré dans cette voie depuis quel
ques années ; il faut qu’il y persévère. Je
suis persuadé, d’ailleurs, que la nouvelle
institution des attachés commerciaux nous
-
Photo Petit Havre
Cliché Petit Havre
C’est une très heureuse idée que celle de
ce concours de gymnastique qui s’est tenu
hier dans la cour de la caserne Kléber et aux
différentes épreuves duquel ont participé
toutes les compagnies du 129 e .
L’initiative en revient à M. le colonel Feu-
chère qui a créé de la sorte, au sein de son
beau régiment, un sentiment d’émulation
dont ne peut que bénéficier l’éducation mili
taire de nos soldats.
Cette émulation n’a pas été seulement sus
citée par l’espoir du succès, par les prix qui
allaient être distribués, mais aussi par l'im-
portance et l’éclat donnés à cette manifesta
tion gymnique.
Tout le régiment, disons-nous, a pris part
à ce concours. M. le colonel Feuchère a
tenu à faire venir de Caen, tout spécialement
à Cette occasion, les sections des compagnies
qui y sont casernées, afin qu’elles fussent
examinées et classées par le même jury.
Voici dans quelles conditions ce tournois
a été organisé :
Dans chaque compagnie du régiment, une
section a été tirée au sort. C’est à elle que
revenait le soin de défendre l’honneur de la
compagnie.
Chacune de ces sections était soumise à
deux sortes d’épreuves. Elle devait exécuter
d'abord un mouvement quelconque du rè
glement, exercices à mains libres ou aux
a res, imposé par le jury ; puis se produire
dans un mouvement de choix.
L’intérêt de ce concours résidait surtout en
ce fait qu’il présentait vraiment le régiment
tel qu’il est, et qu’il ne s’agissait pas là d’un
exercice effectué par une sélection d’hommes
particulièrement entraînés en vue de cette
journée.Le tirage ausortlaissaitcompiets,à ce
sujet, tous les aléas de l’exécution et fournis
sait un moyen vraiment pratique de se ren
dre compte de la valeur de l'ensemble de
l’enseignement.
Le jury était composé de M. le capitaine
Tisserand et de tous les lieutenants du 129®.
Fidèles à des traditions de délicate cour
toisie, MM. les officiers du 129 e avaient associé
à leur fête leurs familles et leurs camarades.
De nombreux officiers de la garnison, artille
rie et gendarmerie, officiers de la réserve et
de l’armée territoriale, assistaient au con-
cours d'hier où les dames mettaient le charme
de leur grâce.
Entouré de M. le lieutenant-colonel Gau-
demard et de ses officiers, M. le colonel Feu-
chère avait réservé à ses invités l’accueil le
plus empressé.
Dès une heure et demie, le concours com
mençait, dans la partie Ouest de la cour de
rendra les plus grands services. ( Très bien !
très bien !).-
Les trusts présentent des avantages dont
nous pourrions tirer profit. Mais il faudrait
pour cela modifier l’article 419 du code pé
nal, rédigé il y a un siècle pour punir des
accaparements devenus aujourd’hui impos
sibles. (Très bien ! très bien ! ).
Je voudrais aussi que l’enseignement pro
fessionnel reçût chez nous un plus grand
développement. Sans doute, depuis quelques
années on a créé des écoles professionnelles
pour les jeunes gens et même pour les jeu
nes filles, mais elles sont beaucoup trop peu
nombreuses.
Il faudrait consacrer à cette œuvre des
millions, au lieu des quelques milliers de
francs que nous y affectons chaque année,
car nous avons à faire un effort considérable
si nous voulons rattrapper nos voisins. (Très
bien ! très bien !).
M. Cruppi, ministre du commerce et de l'in
dustrie : Je reconnais que l’effort budgétaire
n’est pas considérable, mais nous assistons à
un véritable essor de l’enseignement profes
sionnel dans les villes et dans les départe
ments. Partout on crée des écoles qui réus
sissent à merveille et donnent les plus beaux
espoirs. (Très bien ! très bien !)
M. Jules Siegfried : Je sais les efforts ten
tés par les municipalités, mais le gouverne
ment cherche trop souvent à mettre à leur
charge des dépenses qui incombent à l'Etat.
M. le Ministre du Commerça : On fait de
la très bonne décentralisation quand on
arrive à grouper dans une même collabora
tion l’Etat les villes et même les initiatives
de certains syndicats.
M. Jules Siegfried : Il faut, en effet, faire
dans ce sens des efforts de plus en plus éner
giques. Malheureusement, M. le ministre,
vous avez peur de votre collègue des fi
nances.
M. le Ministre du Commerce : Mon col
lègue des finances et moi nous avons peur
surtout du budget des dépenses. (On rit).
M. Jules Siegfried : Quand il s’agit de dé
penses qui doivent produire 100 0/0 et plus,
il faut que le gouvernement ait le courage
de les faire. (Très bien ! très bien !)
Je reconnais d’ailleurs que l’Etat ne peut
pas tout faire et qu’on doit recourir à l’ini
tiative individuelle. C’est ce qui existe dans
les autres pays.
*
* *
Pour que le développement industriel d’un
pays se poursuive régulièrement, il faut que
patrons et ouvriers soient d’accord, que le
capital et le travail, au lieu de lutter l’un
la caserne. Le drapeau du régiment avait ét6
sorti de la salle d'honneur et placé sur le ter
rain d’exercices encadré de panoplies d’armes
et d’étamines tricolores qui formaient un en
semble décoratif très réussi. Il surmontait
l’exposition des prix-challenges à décerner,
une jolie coupe et deux bronzes d’art, l’un
réservé à l’épreuve de Cross country, l’autre
à celle de la gymnastique.
Les différents exercices de gymnastique
présentés par les sections ont été, pour la
plupart, remarquables. Ils ont été enlevés
avec un entrain, une agilité et un ensemble
qui, à maintes reprises, ont soulevé les bra
vos de l’assistance.
C’est surtout dans les mouvements laissés
au choix des sections que l'initiative des
groupes s’est révélée avec la perfection de
l’exécution.
On a particulièrement applaudi les hui
tième et sixième compagnies qui se sont dis
tinguées, en effet, par le brio et l’adresse. Le
saut delà haie par une troupe armée, le pas
sage de la rivière sur une poutre, l’escalade
du mur, l’escrime à la baïonnette, ont sou
levé, par l'impeccabilité, la sûreté et la rapi
dité des mouvements, des bravos unanimes.
Grand succès également pour les pyrami
des humaines, exécutées avec une crânerie
superbe. Et pas de sandales de gymnasiar-
que ! Aux pieds les gros souliers ferrés ré- .
glementaires, dont les épaules, sans bron
cher, recevaient la rude étreinte !
Nos petits troupiers furent tout simple
ment merveilleux de force, de souplesse,
d’entrain, d’endurance. Et nous saurons gré
à M. le colonel Feuchère de nous avoir pro
curé l’avantage et le plaisir de faire cette
constatation en des circonstances aussi pro
bantes.
Le matin, à sept heures et demie, dans la
Forêt de Montgeon avait eu lieu le Cross
Country. Il mit en évidence le bel entraî
nement de l'équipe de football. Les 3,500
mètres, en terrain accidenté, rendu défec
tueux par les pluies abondantes de la nuit,
ont été couverts en 13 minutes par la section
des vainqueurs.
A dix heures, le régiment rentrait au quar
tier, précédé de la musique.
Les triomphateurs avaient l’honneur de
suivre immédiatement celle-ci. En guise de
palmes, nos soldats agitaient des fougères.
Et, par le bois, dans la fraîcheur du matin,
au milieu d’une belle et jeune gaîté large
ment déployée d’un bout à l’autre des rangs,
c’était là un tableau charmant, plein de mou
vement et de coloris pittoresque.
A. H.
contre l’autre, soient associés dans une œu
vre commune.
Malheureusement, chez nous, on ne sait
pourquoi un antagonisme existe entre le ca
pital et le travail. Un certain nombre de nos
collègues, dans un intérêt politique et j'en
suis sûr avec les meilleures intentions, con
sidèrent comme nécessaire de dresser les ou
vriers contre les patrons et les patrons con
tre les ouvriers.
C’est une erreur de croire qu’en combat
tant le capital on améliore le sort de l’ou
vrier. La vérité est tout autre ; le capital est
nécessaire et il faut au contraire l’encourager
dans l’intérêt même de l’ouvrier. (Très bien !
très bien !)
L’exemple des pays étrangers montre que
l’ouvrier est payé d’autant plus cher que le
capital est plus abondant.
En Angleterre, un ouvrier mécanicien ga
gne en moyenne 7 à 8 fr. ; aux États-Unis,
son salaire varie de 15 à 17 fr. ; chez nous, il
est de 6 fr. ; en Espagne de 2 à 3 fr.
En Angleterre, la somme des capitaux peut
être évaluée à 400 milliards, aux Etats-Unis à
600 milliards, chez nous à 200 milliards, et
beaucoup moins en Espagne. La relation en
tre le salaire et le capital est donc directe et
si nous voulons améliorer la situation des
ouvriers, loin de combattre le capital, il faut
l’encourager. (Très bien ! très bien !)
M. Vaillant : Les socialistes combattent la
capitalisme et non le capital. Le capital, c’est
le travail mort, le travail passé qui peut être
utilisé d’une façon ou d’une autre, devenir
ou la propriété des capitalistes ou la proprié
té sociale.
M. Jules Siegfried : Et le capital présent?
M. Vaillant : C’est la mise en œuvre de
ce capital qui constitue le travail vivant.
M. Jules Siegfried : Une très grande par
tie du capital, vous le savez, a été produite
par le travail de nos ancêtres et de nos pa
rents, une autre partie est produite aujour
d’hui par le travail de tous les ouvriers et
employés vivants, c’est ce capital-là, c’est ce
travail-là qu’il ne faut pas décourager. En ef
frayant le capital, vous faites tort au pays,
puisque vous chassez de France les capitaux
et qu'ainsi vous ne permettez pas la création
de nouveaux établissements industriels, ce
qui revient à dire que vous nuisez aux ou
vriers. (Très bien ! très bien !)
De même, M. le ministre des finances, en
attaquant le capital par un impôt exagéré
sur le revenu risque de faire tort à la pros
périté générale de notre pays. (Très bien t
très bien ! sur divers bancs.) Personne ne
ferait opposition à un impôt sur le revenu
régulier, comme il en existe dans d'autres
pays, mais les moyens vexatoires et inquisi-
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