Titre : "Les Petites A" : organe de la Fédération régionale havraise des amicales laïques : journal mensuel / rédaction M. M. Pimon
Auteur : Fédération régionale havraise des amicales laïques. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1934-09-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328381105
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 septembre 1934 01 septembre 1934
Description : 1934/09/01 (N95)-1934/09/30. 1934/09/01 (N95)-1934/09/30.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k982733n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-46425
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 08/06/2015
Huitième Année.— N° 95
LIGUE FRANÇAISE DE L’ENSEIGNEMENT
CONFÉDÉRATION GÉNÉRALE DES ŒUVRES LAÏQUES (reconnue d’utilité publique)
^ëeptembre 1934
Faites vos Achats chez
Le Bijoutier de la Place Thiers
(è côté du Printemps)
>
Le mieux assorti
en MONTRES ET BIJOUX
Remise 10 % à nos Sociétaires.
H
99
agi. A. G. X» 3762
Organe de la Fédération Régionale llavraise des Œuvres Laïques
Publicité: NI. CANDELLIER
5, Rue des Etoupières - LE HAVRE
JOTJRN
MENSUEL
Rédaction: M. PIMONT
119, rue de Tourneville — LE HAVRE
Président actif :
Secrétaire Général de la Fédération :
Trésorier Général de la Fédération :
Secrétariat admin istratif:
M. ARNAUDTIZON
M. CANDELLIER, Ecole des Etoupières - LE HAVRE
M. ROUSSEL, 46, rue Sadi-Carnot, SANVIC - Tél 76-80
Ecole de Filles
19, Bd Foch, LE HAVRE Tél. 66-51
Téléphone 4=6.38
Chèques Postaux Rouen 6 34
Rue Dauphine - LE HAVRE
L’Ecole Frimaire est démembrée
ou profit de l'Ecole Congréganiste
Une succession de décrets-lois, dont la liste,
dit-on, n’est pas close, vient de réduire, de
l’enseignement primaire à l’enseignement su
périeur, le nombre des classes ou des chaires,
le nombre des maîtres.
Quelles seront les répercussions de ces me
sures sur le personnel, sur les élèves ?
*
* *
D’abord l’enseignement primaiee : sont mis
a la retraite d’office : i° tous les instituteurs
( i l institutrices âgées de plus de 55 ans au 3o
septembre ; 2° toutes les institutrices âgées
de plus de 53 ans à la même date et dont le
mari est fonctionnaire.
Ainsi les femmes sont plus particulièrement
frappées, mais de la manière la plus inégale,
puisqu'une institutrice femme de commerçant
ou de rentier demeure à son poste jusqu'à 55
ans et que seules 'doivent déloger celles qui
ont épousé, 'modestement, un fonctionnaire
<]iii est bien souvent leur collègue.
Le décret est applicable à partir du i cr
Août, c’est-à-dire que les intéressés perdent
le bénéfice de leurs vacances, et qu’on les
« met à pied » sans a\is préalable, alors qu’ils
avaient déjà pris, pour l’été, des disposilions
sur lesquelles il leur a fallu revenir.
En outre, la plupart d’entre eux sont des
directeurs ou directrices, logés par l’admi
nistration et qui ont dû, comme repos après
une année de labeur, se mettre en quête, au
plus vite, d’un logis et déménager. Ceci peut,
à la rigueur, être assez simple pour des cita
dins décidés à demeurer dans la ville où ils
ont exercé. Mais nombre d’instituteurs doivent
modifier entièrement leur vie et il eût été
convenable de leur laisser le temps de s’y
préparer.
Répétons ici, pour mémoire, ce que nous
avons dit il y a quelques temps à propos des
retraites. Elles sont sensiblement réduites et
bien souvent ne concordent plus avec les pro
jets que les intéressés avaient cru pouvoir
faire sous la garantie de l’Etat. A des enga
gements pécuniaires, à l’éducation de grands
enfants ayant commencé de hautes études,
certains ne pourront pas faire face.
On compte, sur les listes du personnel,
5.ooo instituteurs touchés par les nouveaux
décrets-lois. La moitié sont des directeurs.
C’est le quart des effectifs d.e direction qui
va être redouvelé.
lit pour donner une idée de la proportion
des départs, sur 9.000 instituteurs que comp
te le département de la Seine, 65o sont mis
à la retraite.
Tout ce qui précède se rapporte aux titu
laires. Mais à côté d’eux, il y a les intéri
maires : instituteurs non fonctionnaires, qui
11c sortent pas des écoles normales, mais qui
ont débuté comme suppléants, et qui, depuis
trois, quatre, cinq ans, occupaient un poste
fixe, et se croyaient à l’abri du chômage. Ils
sont à peu près tous jetés sur le pavé. Quel
autre emploi trouveront-ils P Certes, l’admi-
nîstration n’avait pris envers eux aucun en
gagement, ils ne versaient pas pour la retrai
te, ils travaillaient, si je ne me trompe, à la
journée. Il y a cependant des responsabilités
morales dont l’Etat*— et il reçoit ici l’exem
ple de plus- d’une administration privée —
11e devrait pas faire fi.
Si les intérimaires sont sacrifiés, c’est qu'il
s’agit de faire place aux 4-ooo normaliens qui
viennent d’achever leurs années d’études.
Mais ces normaliens, eux aussi, sont traités
avec désinvolture. Le ministre affirme que
tous seront placés. Admettons que ce soit
exact. Mais ces jeunes gens qui ont signé
Rengagement décennal, s’ils sont liés à l’ad-
TRAVAUX & PRODUITS
pour
AMATEURS PHOTOGRAPHES
M. MBLLBT
112 et 11U, rue Maréehal-Joffre
Développement du Film. lfr.
0/9
8 poses
minislration ne voient point celle-ci, paraît-il
liée envers eux, puisqu’elle leur donne des
emplois d'intérimaires, sans aucune garantie,
sans congés de maladie payés, par exemple.
Ils gagneront 1.000 francs de moins que s’ils
étaient titulaires, io.5oo au lieu de n.5oo.
Et avec 6 % de retenue, il leur restera bien
peu. L’Etat fera, sur eux, quatre millions
d’économies. Piètre bénéfice, pour quatre
mille trahisons.
En outre, chaque normalien a été préparé
à exercer dans son département, il s'est initié
aux cultures, aux industries que ses élèves
sont appelés à pratiquer. On va l’expédier ail
leurs, n'importe où, dans une région à la
quelle il ne sera pas adapté.
Comment va s’effectuer le remaniement P
Il est bien certain que ce ne sont - pas les
postes occupés par les instituteurs mis à la
retraite qui seront supprimés, mais des pos
tes choisis comme moins « achalandés » que
d'autres.
Une classe sur plusieurs dans les bourgs ou
les villes, et, dans les petits villages, l’école
des filles quand elle ne réunit pas 35 élèves ;
parfois le groupe entier, quand l’effectif total
n’atteint pus ce nombre ; les enfants devant
en principe se rendre au village voisin, qui
doit être distant de moins de 2 kilomètres ;
5oo écoles de hameaux sont ainsi supprimées.
Citons les départements les plus atteints :
Aveyron 77 postes supprimés, Lot 58, Loire-
Inférieure 43, Maine-et-Loire 3C. Pour la Bre
tagne et la Vendée ensemble 5oo postes dis
paraissent.
Avant d’envisager les conséquences, poul
ies enfants, de ce remaniement, considérons
quel désarroi sera causé ainsi dans le person
nel. Très souvent, 1 '-instituteur et l’institu
trice sont mari et femme. L’école des filles
fermée, la femme est nommée ailleurs. Le
ménage est dissocié.
El maintenant, examinons la situation de
l’école primaire en France, avant le remanie
ment.
Dans les grandes villes, des classes plétho
riques : 80, 100 élèves par classe, assis sur
l’estrade, installés sur des planches, entre les
tables ; des classes installées dans le préau,
des salles de classe servant de cantine et d’où,
chaque jour, on enlève les tables à écrire
pour les remplacer par des tables de réfectoi
re ; on évaluait, pour Paris, à 35o, 4oo au
moins le nombre des postes à créer. Il n’en
sera créé aucun...
...A la campagne, il y a des écoles peu peu
plées. Mais cela parce que la concurrence con
gréganiste est active. Il importait donc de
conserver ces écoles, malgré tout, afin que
dans nul village un enfant 110 fût contraint
soit d’aller « chez les soeurs », soit de ne pas
apprendre à lire.
Il est clair qu’en bien des cas, plutôt que
d’envoyer les enfants, par tous les temps, au
village voisin, les parents se risqueront à les
confier aux écoles libres.
11 est clair aussi que le fait de réunir dans
la même classe garçons et filles (pour normal
que cela paraisse aux esprits sains) effraiera
bien des familles, et ce sont autant de fillet
tes qui échapperont à l’instituteur.
Tous ceux, et ils sont nombreux, qui ont
lutté pendant des années, dans leur village,
pour le triomphe de l’école laïque, sont dé
sespérés, ils voient le résultat de leurs efforts
anéanti, la lutte désormais impossible.
Au total, l’économie sera de ij millions
sur un budget de plus de 2 milliards. Il sem
ble, en vérité, qu’on ait voulu surtout bri
mer les instituteurs coupables d’avoir mani
festé leurs opinions de gauche, et livrer l’é
cole à la réaction.
On a sapé sans consulter les conseils dépar
tementaux, alors qu’aucune suppression ne
doit se faire sans leur avis.
Dès maintenant, en signe de protestation,
des conseils municipaux entiers ont démis
sionné.
Le Syndicat des Instituteurs proteste contre
la mesure prise envers les institutrices ma
riées.
Et il annonce, un inextricable désordre et
l’obligation immédiate, pour le gouverne
ment, de remanier les décrets-lois.
Denise Moban.
« La Lumière ».
« Ayons l'esprit large, car le propre d'un
esprit libre est de choisir ses opinions, de les
aimer, de les défendre, mais de rendre hom
mage à toutes les grandes idées entre lesquel
les il a choisi. »
- Edouard IIerriot.
LA VIE CONFEDERALE
Réunion du Conseil Général
k la Ligne Française de l'Enseignement
(25 et 26 Juillet 193i)
M. Brenier préside ; 29 membres sont pré
sents.
1. M. le Président salue la mémoire de M.
le Docteur Michot, président du Comité de
l’U.F.O.L.E.P. de la Loire, puis souhaite la
bien v enue aux membres élus au Congrès de
Reims.
2. Congrès de Reims : A) Les vœux
adoptés au Congrès (voir « Action Laïque »)
ont été communiqués par le bureau aux mi
nistères intéressés, aux Commissions de la
Chambre et du Sénat.
B) Les comptes rendus du Congrès donnés
j.ar la presse réactionnaire et plus particuliè
rement par (( Lti France Catholique » mon
trent que l’effort de la Ligue est redouté des
adversaires.
3. Suites à donner à l’élude sur les Colo
nies de vacances.
La Section nouvelle, soit de l’U.F.O.L.E.P.,
de l’U.F.O.L.E.A., de l’U.F.Ü.C.E.L., est vir
tuellement constituée. Une statistique des Œu
vres de vacances existantes sera demandée aux
Fédérations départementales. De nouvelles œu-
vies seront créées car 5 % seulement de la
population scolaire bénéficie d’un change
ment d’air.
La Section nouvelle n'adhérera pas à un
Comité national projeté par la Fédération des
Colonies de Vacances car elle ne veut pas le
contact avec les organisations confessionnelles.
La Section nouvelle s’efforcera de ramener
à elles les Œuvres laïques adhérant à cette
Fédération.
L’exonération de la taxe de séjour pour les
Œuvres de vacances sera demandée immédia
tement et avec insistance.
4- Exposition de 1937 : M. Labbé, ancien
Directeur de l’Enseignement technique, en
est nommé Commissaire général. Les Fédéra
tions départementales seront appelées à parti
ciper à cette exposition.
Il est décidé en principe que le Congrès
national de 1937 aura lieu à Versailles.
5. Congrès National de 1935 : A) Jac
ques Ancelle insiste pour que le Congrès de
iq35 ait lieu à Tunis.
En raison des atteintes portées à l’Ecole
laïque, M. Ducos, député, demande au con
traire que le Congrès ait lieu en France. Il
regrette la progression inquiétante des effec
tifs des écoles privées (io3.ooo enfants de plus
en 1934). Il signale que de très nombreux
prêtres passent l’examen du brevet élémen
taire pour être prêts à exercer les fonctions
enseignantes quand la loi de i865 sera abro
gée. Il regrette que la prolongation de la
scolarité, passée en fait dans les mœurs, n’ait
pas encore été votée. Il regrette les nombreux
mouvements anti-laïques encouragés par les
suppressions de postes dans tous les ordres
d’enseignement. Il demande le concours de
tous les laïcs.
M. Belliot demande en échange à M. Ducos
le concours sans réserve des parlementaires
républicains.
Puis l’Assemblée décide que le Congrès se
tiendra à Lille ou à Paris.
B) Les prérapports seront envoyés au dé
but d’octobre. M. Gaston Martin rapportera
la première question : La femme et la laï
cité.
M. Belliot est désigné comme rapporteur
de la deuxième question : la formation des
maîtres du second degré. Mlle Angles fera la
communication sur les enfants déficients.
VÊTEMENTS
C) Commission de Presse : La Fédéra
tion de la Loire a demandé par un vœu la
création d’une Commission de Presse à la
Ligue. Le vœu concorde avec le mandat don
né au délégué du Rhône par le dernier Co
mité directeur. Au nom du Comité il expose
le vif désir que nous avons de voir la Ligue
faire de la publicité autour de tous ses tra
vaux. La Commission est créée et elle étudiera
les moyens à employer au prochain Congrès.
6. Situation financière : M. Gus expose
Ja situation financière et regrette le peu d’em
pressement mis par une dizaine de Fédéra
tions à augmenter le nombre des cartes con
fédérales.
M. le Président signale qu’il a pu consta
ter que dans certains départements où existe
une Fédération départementale les militants
ignorent totalement la Confédération.
Il y a dans cette constatation la justifica
tion de la création du Comité de presse. Afin
de réveiller toutefois l’activité confédérale
d’un certain, nombre de Fédérations, le Con
seil autorise le Bureau de la Ligue à prospec
ter dans quelques départements.
7. Gopain-Gop : Le nombre d’abonne
ments, très insuffisant, ne permet pas à ce
journal de vivre régulièrement. M. Belliot
adresse au Conseil un vibrant appel. Il assis
tera au Congrès du Syndicat national des Ins
tituteurs à Nice et s’efforcera de trouver les
3.000 abonnements qui manquent.
8. Alsace-Lorraine : La délégation de la
Ligue chargée de demander des éclaircisse
ments sur l’application de la circulaire Guy
La Chambre n’a pas été reçue par le Minis
tre, ni par le Directeur des services d’Alsace-
Lorraine. Malgré les difficultés rencontrées
l’action est poursuivie régulièrement en ac
cord avec les Fédérations des départements
d’Alsace-Lorraine.
Des situations invraisemblables continuent
à émouvoir les populations laïques : Un ins
tituteur divorcé, puis remarié, a été révoqué
— la religion restant absolue. — Des pro
fesseurs de l’enseignement public président
la distribution des prix dans les écoles libres;
les congrégations enseignantes sont toutes
rentrées.
9. U.F.O.L.E.A, : Le projet de contrat
avec la Société des Auteurs et. Compositeurs
de musique préparé par le Groupement dé
partemental du Rhône sera soumis à toutes
les Fédérations départementales.
10. Statuts et règlement intérieur : Des
modifications suggérées par le Bureau et par
le Congrès de Reims seront soumises aux Fé
dérations départementales.
La liberté de l’Enseignement
A propos de la Loi Falloux
.4u moment où la Loi Falloux est en droit
abrogée, sans l’être en fait, puisque l’ensei
gnement congréganiste est plus florissant que
jem iis, nos lecteurs seront heureux de relire
cl de méditer le magnifique discours pronon
cé par I ictor Hugo au moment de la discus
sion de cette loi néfaste. Ce sont là des pages
qui méritent d’être conservées (1). Puisse leur
lecture amener tous nos amis à la conviction
(pie, seule, la nationalisation de l’enseigne
ment, en mettant fin, une fois pour toutes,
à l'éducation cléricale, permettra à la France
de reprendre, avec son évolution politique
normale, le cours glorieux de ses destinées
dans le monde.
La discussion sur le principe général de la
Loi Falloux s'ouvrit le là Janvier 1850. —
Toute la première séance et la moitié de lu
seconde journée du débat furent occupées par
un très habile discours de M. Barthélémy
Saint-Hilaire.
Après lui, M. Parisis, évêque de Langres,
vint à la tribune donner son assentiment à la
Loi proposée, sous quelques réserves toutefois,
et avec certaines restrictions.
Victor Hugo, dans cette même séance, ré
pondit cÿu représentant du parti catholique.
C'est dans ce discours que le mot droit de
l’enfant a été prononcé pour la première fois.
(i)t Peut-être toutes les idées exprimées ne
seront-elles pas intégralement celles de cer
tains de nos amis. Us se souviendront que ce
discours fut prononcé en i85o, et ils n’en
retiendront que les magistrales et indéniables
vérités qui y furent émises (N. D. L. R.).
*
* *
« Messieurs, quand une discussion est ou
verte qui touche à ce qu’il y a de plus sé
rieux dans les destinées du pays, il faut aller
tout de suite, et sans hésiter, au fond de la
question.
Je commence par dire ce que je voudrais,
je dirai tout à l’heure ce que je ne veux pas.
Messieurs, à mon sens, le but, difficile à
atteindre et lointain sans doute, mais auquel*
il faut tendre, dans cette grave question de
l’enseignement, le voici. (Plus halut ! plus
haut !)
Messieurs, toute question a son idéal. Pour
moi, l’idéal de cette question de l’enseigne
ment, le voici : L’instruction gratuite et obli
gatoire. Obligatoire au premier degré seule
ment, gratuite à tous les degrés. (Murmures
à droite. — Applaudissements à gauche).
L’instruction primaire obligatoire, c’est le
droit de l’enfant (mouvement), qui, ne vous
y trompez pas, est plus sacré que le droit du
[-'ère et qui se confond avec le droit de l’Etal.
Je reprends. Voici donc, selon moi, l’idéal
de la question. L’instruction gratuite et obli
gatoire dans la mesure que je viens de mar
quer. Un grandiose enseignement public, don-
né et réglé par l’Etal, partant de l’école de
village et montant, de degré en degré jus
qu’au collège de France, plus haut encore,
jusqu’à l’Institut de France. Les portes de la
science grandes ouvertes à toutes les intelli
gences. Partout où il y a un champ, partout
où il y a un esprit, qu’il y ait un livre. Pas
une commune sans une faculté. Un vaste en
semble ou, pour mieux dire, un vaste réseau
d’ateliers intellectuels, lycées, gymnases, col
lèges, chaires, bibliothèques, mêlant leur
rayonnement sur la surface du pays, éveillant
partout les aptitudes et échauffant partout lès
vocations, lin un mot, l’échelle de la con
naissance humaine dressée fermement par la
main de l’Etat, posée dans l’ombre des mas
ses les plus profondes et les plus obscures et
aboutissant à la lumière. Aucune solution de
continuité. Le cœur du peuple mis en com
munication avec le cerveau de la France.
(Longs applaudissements).
Voilà comment je comprendrais l’éducation
publique nationale. Messieurs, à côté de cette
magnifique instruction gratuite, sollicitant
les esprits de tout ordre, offerte par l’Etat,
donnant à tous, pour lien, les meilleurs maî
tres et les meilleures méthodes, modèles de
science et de discipline normale, française,
chrétienne, libérale, qui élèverait, sans nul
doute, Je génie national à sa plus haute som
me d’intensité, je placerais sans hésiter la li
berté d’enseignement pour les corporations
religieuses, la liberté d’enseignement pleine,
entière, absolue, soumise aux lois générales
comme toutes les autres libertés, et je n’au
rais pas besoin de lui donner le pouvoir in
quiet de l’Etat pour surveillant, parce que
je lui donnerais l’enseignement gratuit de
FEtal pour contre-poids. (Bravo ! à gauche.
— Murmures à droite).
Ceci, messieurs, je le répète, est l’idéal de
la question. Ne vous troublez pas, nous ne
sommes pas près d’y atteindre, car la solu
tion du problème contient une question fi
nancière considérable, comme tous les pro-
Messieurs, cet idéal, il était necessaire de
l’indiquer, car il faut toujours dire où i’on
tend, il offre d’innombrables points de vue,
mais l'heure n’est pas venue de le développer.
Je ménage les instants de l’assemblée, et j’a-
bcîrde immédiatement la question dans sa
réalité positive actuelle. Je la prends où elle
en est aujourd’hui, au point relatif de ma
tin ilé où les évènements d’une part, et d’au
tre part la raison publique l’ont amenée.
A ce point de vue restreint, mais pratique,
de la situation actuelle, je veux, je le déclare,
la liberté de l’enseignement, mais je veux la
surveillance de l’Etat, et comme je veux cette
surveillance effective, je veux l’Etat laïque,
purement laïque, exclusivement laïque. L’ho-
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Une succession de décrets-lois, dont la liste,
dit-on, n’est pas close, vient de réduire, de
l’enseignement primaire à l’enseignement su
périeur, le nombre des classes ou des chaires,
le nombre des maîtres.
Quelles seront les répercussions de ces me
sures sur le personnel, sur les élèves ?
*
* *
D’abord l’enseignement primaiee : sont mis
a la retraite d’office : i° tous les instituteurs
( i l institutrices âgées de plus de 55 ans au 3o
septembre ; 2° toutes les institutrices âgées
de plus de 53 ans à la même date et dont le
mari est fonctionnaire.
Ainsi les femmes sont plus particulièrement
frappées, mais de la manière la plus inégale,
puisqu'une institutrice femme de commerçant
ou de rentier demeure à son poste jusqu'à 55
ans et que seules 'doivent déloger celles qui
ont épousé, 'modestement, un fonctionnaire
<]iii est bien souvent leur collègue.
Le décret est applicable à partir du i cr
Août, c’est-à-dire que les intéressés perdent
le bénéfice de leurs vacances, et qu’on les
« met à pied » sans a\is préalable, alors qu’ils
avaient déjà pris, pour l’été, des disposilions
sur lesquelles il leur a fallu revenir.
En outre, la plupart d’entre eux sont des
directeurs ou directrices, logés par l’admi
nistration et qui ont dû, comme repos après
une année de labeur, se mettre en quête, au
plus vite, d’un logis et déménager. Ceci peut,
à la rigueur, être assez simple pour des cita
dins décidés à demeurer dans la ville où ils
ont exercé. Mais nombre d’instituteurs doivent
modifier entièrement leur vie et il eût été
convenable de leur laisser le temps de s’y
préparer.
Répétons ici, pour mémoire, ce que nous
avons dit il y a quelques temps à propos des
retraites. Elles sont sensiblement réduites et
bien souvent ne concordent plus avec les pro
jets que les intéressés avaient cru pouvoir
faire sous la garantie de l’Etat. A des enga
gements pécuniaires, à l’éducation de grands
enfants ayant commencé de hautes études,
certains ne pourront pas faire face.
On compte, sur les listes du personnel,
5.ooo instituteurs touchés par les nouveaux
décrets-lois. La moitié sont des directeurs.
C’est le quart des effectifs d.e direction qui
va être redouvelé.
lit pour donner une idée de la proportion
des départs, sur 9.000 instituteurs que comp
te le département de la Seine, 65o sont mis
à la retraite.
Tout ce qui précède se rapporte aux titu
laires. Mais à côté d’eux, il y a les intéri
maires : instituteurs non fonctionnaires, qui
11c sortent pas des écoles normales, mais qui
ont débuté comme suppléants, et qui, depuis
trois, quatre, cinq ans, occupaient un poste
fixe, et se croyaient à l’abri du chômage. Ils
sont à peu près tous jetés sur le pavé. Quel
autre emploi trouveront-ils P Certes, l’admi-
nîstration n’avait pris envers eux aucun en
gagement, ils ne versaient pas pour la retrai
te, ils travaillaient, si je ne me trompe, à la
journée. Il y a cependant des responsabilités
morales dont l’Etat*— et il reçoit ici l’exem
ple de plus- d’une administration privée —
11e devrait pas faire fi.
Si les intérimaires sont sacrifiés, c’est qu'il
s’agit de faire place aux 4-ooo normaliens qui
viennent d’achever leurs années d’études.
Mais ces normaliens, eux aussi, sont traités
avec désinvolture. Le ministre affirme que
tous seront placés. Admettons que ce soit
exact. Mais ces jeunes gens qui ont signé
Rengagement décennal, s’ils sont liés à l’ad-
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minislration ne voient point celle-ci, paraît-il
liée envers eux, puisqu’elle leur donne des
emplois d'intérimaires, sans aucune garantie,
sans congés de maladie payés, par exemple.
Ils gagneront 1.000 francs de moins que s’ils
étaient titulaires, io.5oo au lieu de n.5oo.
Et avec 6 % de retenue, il leur restera bien
peu. L’Etat fera, sur eux, quatre millions
d’économies. Piètre bénéfice, pour quatre
mille trahisons.
En outre, chaque normalien a été préparé
à exercer dans son département, il s'est initié
aux cultures, aux industries que ses élèves
sont appelés à pratiquer. On va l’expédier ail
leurs, n'importe où, dans une région à la
quelle il ne sera pas adapté.
Comment va s’effectuer le remaniement P
Il est bien certain que ce ne sont - pas les
postes occupés par les instituteurs mis à la
retraite qui seront supprimés, mais des pos
tes choisis comme moins « achalandés » que
d'autres.
Une classe sur plusieurs dans les bourgs ou
les villes, et, dans les petits villages, l’école
des filles quand elle ne réunit pas 35 élèves ;
parfois le groupe entier, quand l’effectif total
n’atteint pus ce nombre ; les enfants devant
en principe se rendre au village voisin, qui
doit être distant de moins de 2 kilomètres ;
5oo écoles de hameaux sont ainsi supprimées.
Citons les départements les plus atteints :
Aveyron 77 postes supprimés, Lot 58, Loire-
Inférieure 43, Maine-et-Loire 3C. Pour la Bre
tagne et la Vendée ensemble 5oo postes dis
paraissent.
Avant d’envisager les conséquences, poul
ies enfants, de ce remaniement, considérons
quel désarroi sera causé ainsi dans le person
nel. Très souvent, 1 '-instituteur et l’institu
trice sont mari et femme. L’école des filles
fermée, la femme est nommée ailleurs. Le
ménage est dissocié.
El maintenant, examinons la situation de
l’école primaire en France, avant le remanie
ment.
Dans les grandes villes, des classes plétho
riques : 80, 100 élèves par classe, assis sur
l’estrade, installés sur des planches, entre les
tables ; des classes installées dans le préau,
des salles de classe servant de cantine et d’où,
chaque jour, on enlève les tables à écrire
pour les remplacer par des tables de réfectoi
re ; on évaluait, pour Paris, à 35o, 4oo au
moins le nombre des postes à créer. Il n’en
sera créé aucun...
...A la campagne, il y a des écoles peu peu
plées. Mais cela parce que la concurrence con
gréganiste est active. Il importait donc de
conserver ces écoles, malgré tout, afin que
dans nul village un enfant 110 fût contraint
soit d’aller « chez les soeurs », soit de ne pas
apprendre à lire.
Il est clair qu’en bien des cas, plutôt que
d’envoyer les enfants, par tous les temps, au
village voisin, les parents se risqueront à les
confier aux écoles libres.
11 est clair aussi que le fait de réunir dans
la même classe garçons et filles (pour normal
que cela paraisse aux esprits sains) effraiera
bien des familles, et ce sont autant de fillet
tes qui échapperont à l’instituteur.
Tous ceux, et ils sont nombreux, qui ont
lutté pendant des années, dans leur village,
pour le triomphe de l’école laïque, sont dé
sespérés, ils voient le résultat de leurs efforts
anéanti, la lutte désormais impossible.
Au total, l’économie sera de ij millions
sur un budget de plus de 2 milliards. Il sem
ble, en vérité, qu’on ait voulu surtout bri
mer les instituteurs coupables d’avoir mani
festé leurs opinions de gauche, et livrer l’é
cole à la réaction.
On a sapé sans consulter les conseils dépar
tementaux, alors qu’aucune suppression ne
doit se faire sans leur avis.
Dès maintenant, en signe de protestation,
des conseils municipaux entiers ont démis
sionné.
Le Syndicat des Instituteurs proteste contre
la mesure prise envers les institutrices ma
riées.
Et il annonce, un inextricable désordre et
l’obligation immédiate, pour le gouverne
ment, de remanier les décrets-lois.
Denise Moban.
« La Lumière ».
« Ayons l'esprit large, car le propre d'un
esprit libre est de choisir ses opinions, de les
aimer, de les défendre, mais de rendre hom
mage à toutes les grandes idées entre lesquel
les il a choisi. »
- Edouard IIerriot.
LA VIE CONFEDERALE
Réunion du Conseil Général
k la Ligne Française de l'Enseignement
(25 et 26 Juillet 193i)
M. Brenier préside ; 29 membres sont pré
sents.
1. M. le Président salue la mémoire de M.
le Docteur Michot, président du Comité de
l’U.F.O.L.E.P. de la Loire, puis souhaite la
bien v enue aux membres élus au Congrès de
Reims.
2. Congrès de Reims : A) Les vœux
adoptés au Congrès (voir « Action Laïque »)
ont été communiqués par le bureau aux mi
nistères intéressés, aux Commissions de la
Chambre et du Sénat.
B) Les comptes rendus du Congrès donnés
j.ar la presse réactionnaire et plus particuliè
rement par (( Lti France Catholique » mon
trent que l’effort de la Ligue est redouté des
adversaires.
3. Suites à donner à l’élude sur les Colo
nies de vacances.
La Section nouvelle, soit de l’U.F.O.L.E.P.,
de l’U.F.O.L.E.A., de l’U.F.Ü.C.E.L., est vir
tuellement constituée. Une statistique des Œu
vres de vacances existantes sera demandée aux
Fédérations départementales. De nouvelles œu-
vies seront créées car 5 % seulement de la
population scolaire bénéficie d’un change
ment d’air.
La Section nouvelle n'adhérera pas à un
Comité national projeté par la Fédération des
Colonies de Vacances car elle ne veut pas le
contact avec les organisations confessionnelles.
La Section nouvelle s’efforcera de ramener
à elles les Œuvres laïques adhérant à cette
Fédération.
L’exonération de la taxe de séjour pour les
Œuvres de vacances sera demandée immédia
tement et avec insistance.
4- Exposition de 1937 : M. Labbé, ancien
Directeur de l’Enseignement technique, en
est nommé Commissaire général. Les Fédéra
tions départementales seront appelées à parti
ciper à cette exposition.
Il est décidé en principe que le Congrès
national de 1937 aura lieu à Versailles.
5. Congrès National de 1935 : A) Jac
ques Ancelle insiste pour que le Congrès de
iq35 ait lieu à Tunis.
En raison des atteintes portées à l’Ecole
laïque, M. Ducos, député, demande au con
traire que le Congrès ait lieu en France. Il
regrette la progression inquiétante des effec
tifs des écoles privées (io3.ooo enfants de plus
en 1934). Il signale que de très nombreux
prêtres passent l’examen du brevet élémen
taire pour être prêts à exercer les fonctions
enseignantes quand la loi de i865 sera abro
gée. Il regrette que la prolongation de la
scolarité, passée en fait dans les mœurs, n’ait
pas encore été votée. Il regrette les nombreux
mouvements anti-laïques encouragés par les
suppressions de postes dans tous les ordres
d’enseignement. Il demande le concours de
tous les laïcs.
M. Belliot demande en échange à M. Ducos
le concours sans réserve des parlementaires
républicains.
Puis l’Assemblée décide que le Congrès se
tiendra à Lille ou à Paris.
B) Les prérapports seront envoyés au dé
but d’octobre. M. Gaston Martin rapportera
la première question : La femme et la laï
cité.
M. Belliot est désigné comme rapporteur
de la deuxième question : la formation des
maîtres du second degré. Mlle Angles fera la
communication sur les enfants déficients.
VÊTEMENTS
C) Commission de Presse : La Fédéra
tion de la Loire a demandé par un vœu la
création d’une Commission de Presse à la
Ligue. Le vœu concorde avec le mandat don
né au délégué du Rhône par le dernier Co
mité directeur. Au nom du Comité il expose
le vif désir que nous avons de voir la Ligue
faire de la publicité autour de tous ses tra
vaux. La Commission est créée et elle étudiera
les moyens à employer au prochain Congrès.
6. Situation financière : M. Gus expose
Ja situation financière et regrette le peu d’em
pressement mis par une dizaine de Fédéra
tions à augmenter le nombre des cartes con
fédérales.
M. le Président signale qu’il a pu consta
ter que dans certains départements où existe
une Fédération départementale les militants
ignorent totalement la Confédération.
Il y a dans cette constatation la justifica
tion de la création du Comité de presse. Afin
de réveiller toutefois l’activité confédérale
d’un certain, nombre de Fédérations, le Con
seil autorise le Bureau de la Ligue à prospec
ter dans quelques départements.
7. Gopain-Gop : Le nombre d’abonne
ments, très insuffisant, ne permet pas à ce
journal de vivre régulièrement. M. Belliot
adresse au Conseil un vibrant appel. Il assis
tera au Congrès du Syndicat national des Ins
tituteurs à Nice et s’efforcera de trouver les
3.000 abonnements qui manquent.
8. Alsace-Lorraine : La délégation de la
Ligue chargée de demander des éclaircisse
ments sur l’application de la circulaire Guy
La Chambre n’a pas été reçue par le Minis
tre, ni par le Directeur des services d’Alsace-
Lorraine. Malgré les difficultés rencontrées
l’action est poursuivie régulièrement en ac
cord avec les Fédérations des départements
d’Alsace-Lorraine.
Des situations invraisemblables continuent
à émouvoir les populations laïques : Un ins
tituteur divorcé, puis remarié, a été révoqué
— la religion restant absolue. — Des pro
fesseurs de l’enseignement public président
la distribution des prix dans les écoles libres;
les congrégations enseignantes sont toutes
rentrées.
9. U.F.O.L.E.A, : Le projet de contrat
avec la Société des Auteurs et. Compositeurs
de musique préparé par le Groupement dé
partemental du Rhône sera soumis à toutes
les Fédérations départementales.
10. Statuts et règlement intérieur : Des
modifications suggérées par le Bureau et par
le Congrès de Reims seront soumises aux Fé
dérations départementales.
La liberté de l’Enseignement
A propos de la Loi Falloux
.4u moment où la Loi Falloux est en droit
abrogée, sans l’être en fait, puisque l’ensei
gnement congréganiste est plus florissant que
jem iis, nos lecteurs seront heureux de relire
cl de méditer le magnifique discours pronon
cé par I ictor Hugo au moment de la discus
sion de cette loi néfaste. Ce sont là des pages
qui méritent d’être conservées (1). Puisse leur
lecture amener tous nos amis à la conviction
(pie, seule, la nationalisation de l’enseigne
ment, en mettant fin, une fois pour toutes,
à l'éducation cléricale, permettra à la France
de reprendre, avec son évolution politique
normale, le cours glorieux de ses destinées
dans le monde.
La discussion sur le principe général de la
Loi Falloux s'ouvrit le là Janvier 1850. —
Toute la première séance et la moitié de lu
seconde journée du débat furent occupées par
un très habile discours de M. Barthélémy
Saint-Hilaire.
Après lui, M. Parisis, évêque de Langres,
vint à la tribune donner son assentiment à la
Loi proposée, sous quelques réserves toutefois,
et avec certaines restrictions.
Victor Hugo, dans cette même séance, ré
pondit cÿu représentant du parti catholique.
C'est dans ce discours que le mot droit de
l’enfant a été prononcé pour la première fois.
(i)t Peut-être toutes les idées exprimées ne
seront-elles pas intégralement celles de cer
tains de nos amis. Us se souviendront que ce
discours fut prononcé en i85o, et ils n’en
retiendront que les magistrales et indéniables
vérités qui y furent émises (N. D. L. R.).
*
* *
« Messieurs, quand une discussion est ou
verte qui touche à ce qu’il y a de plus sé
rieux dans les destinées du pays, il faut aller
tout de suite, et sans hésiter, au fond de la
question.
Je commence par dire ce que je voudrais,
je dirai tout à l’heure ce que je ne veux pas.
Messieurs, à mon sens, le but, difficile à
atteindre et lointain sans doute, mais auquel*
il faut tendre, dans cette grave question de
l’enseignement, le voici. (Plus halut ! plus
haut !)
Messieurs, toute question a son idéal. Pour
moi, l’idéal de cette question de l’enseigne
ment, le voici : L’instruction gratuite et obli
gatoire. Obligatoire au premier degré seule
ment, gratuite à tous les degrés. (Murmures
à droite. — Applaudissements à gauche).
L’instruction primaire obligatoire, c’est le
droit de l’enfant (mouvement), qui, ne vous
y trompez pas, est plus sacré que le droit du
[-'ère et qui se confond avec le droit de l’Etal.
Je reprends. Voici donc, selon moi, l’idéal
de la question. L’instruction gratuite et obli
gatoire dans la mesure que je viens de mar
quer. Un grandiose enseignement public, don-
né et réglé par l’Etal, partant de l’école de
village et montant, de degré en degré jus
qu’au collège de France, plus haut encore,
jusqu’à l’Institut de France. Les portes de la
science grandes ouvertes à toutes les intelli
gences. Partout où il y a un champ, partout
où il y a un esprit, qu’il y ait un livre. Pas
une commune sans une faculté. Un vaste en
semble ou, pour mieux dire, un vaste réseau
d’ateliers intellectuels, lycées, gymnases, col
lèges, chaires, bibliothèques, mêlant leur
rayonnement sur la surface du pays, éveillant
partout les aptitudes et échauffant partout lès
vocations, lin un mot, l’échelle de la con
naissance humaine dressée fermement par la
main de l’Etat, posée dans l’ombre des mas
ses les plus profondes et les plus obscures et
aboutissant à la lumière. Aucune solution de
continuité. Le cœur du peuple mis en com
munication avec le cerveau de la France.
(Longs applaudissements).
Voilà comment je comprendrais l’éducation
publique nationale. Messieurs, à côté de cette
magnifique instruction gratuite, sollicitant
les esprits de tout ordre, offerte par l’Etat,
donnant à tous, pour lien, les meilleurs maî
tres et les meilleures méthodes, modèles de
science et de discipline normale, française,
chrétienne, libérale, qui élèverait, sans nul
doute, Je génie national à sa plus haute som
me d’intensité, je placerais sans hésiter la li
berté d’enseignement pour les corporations
religieuses, la liberté d’enseignement pleine,
entière, absolue, soumise aux lois générales
comme toutes les autres libertés, et je n’au
rais pas besoin de lui donner le pouvoir in
quiet de l’Etat pour surveillant, parce que
je lui donnerais l’enseignement gratuit de
FEtal pour contre-poids. (Bravo ! à gauche.
— Murmures à droite).
Ceci, messieurs, je le répète, est l’idéal de
la question. Ne vous troublez pas, nous ne
sommes pas près d’y atteindre, car la solu
tion du problème contient une question fi
nancière considérable, comme tous les pro-
Messieurs, cet idéal, il était necessaire de
l’indiquer, car il faut toujours dire où i’on
tend, il offre d’innombrables points de vue,
mais l'heure n’est pas venue de le développer.
Je ménage les instants de l’assemblée, et j’a-
bcîrde immédiatement la question dans sa
réalité positive actuelle. Je la prends où elle
en est aujourd’hui, au point relatif de ma
tin ilé où les évènements d’une part, et d’au
tre part la raison publique l’ont amenée.
A ce point de vue restreint, mais pratique,
de la situation actuelle, je veux, je le déclare,
la liberté de l’enseignement, mais je veux la
surveillance de l’Etat, et comme je veux cette
surveillance effective, je veux l’Etat laïque,
purement laïque, exclusivement laïque. L’ho-
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