Titre : "Les Petites A" : organe de la Fédération régionale havraise des amicales laïques : journal mensuel / rédaction M. M. Pimon
Auteur : Fédération régionale havraise des amicales laïques. Auteur du texte
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1931-08-01
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb328381105
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 août 1931 01 août 1931
Description : 1931/08/01 (N57)-1931/08/31. 1931/08/01 (N57)-1931/08/31.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k9826955
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-46425
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 08/06/2015
* ;•
Cinquième Année. — N° 57
Ce Journal ne doit pas être vendu
Le réclamer au Siège de chaque Amicale
Août 1931.
M
99
A. G. N» 3702
Organe de la Fédération Régionale Havrai.se des Amicales et des Œuvres Laïques
Publicité : M. A. CANDELLIER
Ecole Rue des Etoupières - LE HAVRE
MENSUEL
liédaction : M. M. PIMONT
i C9, rue Massillon - LE HAVRE - Tél. 96.91
Adresse du Secrétaire Général d< la Fédération ;
M. CANDELLIER, École des Etoupières — LE HAVRE
' Téléphone 46.38 ..
^ Adresse du Trésoriet - Adjoint, suppléant provisoirement le Trésorier général :
1 M. ROUSSEL, 5o, Rue Jules- Lecef ne — LE HAVRE — Téléphoné 6018
: ■ ■■ ' ClièQ.'ues Postaux Rouen 6234 —
(suite et fin)
L'INDÉPENDANCE DES INSTITUTEURS
Parlant aux Sociétés Savantes, le a Avril
1880, devant les Directeurs et Directrices d’E
cole Normale et des Inspecteurs Primaires, il
exposait les rapports du Ministre avec son
personnel, et il disait :
« La bureaucratie peut beaucoup, on ce pays
« de France, mais elle m- peut pas faire la
« réforme de l’espiit. Le véritable organe île
ce celte réforme, celui qui peut seul la secon-
« der, la fair e vivre, c’est le Maître même, et
« c’est à lui qu’il faut faire appel, parce que
« c’est lui seul qui donnera le concours effi-
« cace : la force morale et le bon vouloir. De
(( même que la pédagogie nouvelle est fondée
« sur celte pensée qu’il importe bien plus de
« faiie trouver à l’enfant Je principe ou la
« règle que dç les lui donner tout faits, do
« même, Messieurs, l’administration de l’ins-
« tmotion Publique, telle que je la comprends
« doit s’occuper essentiellement de susciter
« l'énergie des Maîtres et de mettre partout
« en jeu leur initiative et leur responsabili-
« té. Voilà pourquoi nous faisons appel aux
« Maîtres et nous voulons les consulte!. C’est
« une espèce de self-Government de l’ensei-
« gnement public ».
Ainsi le self-Government appliqué à l’en
semble du personnel primaire qui fait frémir
encore aujourd’hui plus d’un administrateur
est de Jules Ferry.
Dans le même esprit il a traité les rappbits
entre les instituteurs et la politique et il a dit :
<( Il est un terrain sur lequel je vous auto-
« rise, Messieurs, que dis-je, je vous rc-com-
« mande, de vous tenir fermes dans votre
« droit, de vous barricader dans votre indé-
« pendançe ; c’est le terrain de la politique
« militante et quotidienne. Ne souffrez pas
« qu’on fasse de vous des agents politiques...
« Messieurs, s’il se rencontrait des adminis-
« trateurs indiscrets trop pressants, vous leur
« répondriez : Notre Ministre ne le veut pas ».
LA FIN, 1)E LA VIE DE JULES FERRY
Telle est brièvement résumée l’œuvre sco
laire de Jules Ferry. Nous n’avons pas à péné
trer dans, le domaine purement politique de
ce grand homme d’Etat, cependant, connue
on pourrait discuter sa conception coloniale,
qu’on nous permette de rappeler cette lettre
du 11 Octobre 1880 adressée au Gouverneur
général d’Algérie. 11 indiquait, avec raison, la
grande Kabvlie comme la région où devait
d’abord se porter notre principal effort :
« De toutes les paities de l’Algérie, elle est
« la mieux préparée à l’assimilation par le
« caractère, les mœurs et les coutumes de ses
« habitants. v II n’y a pas une contrée dans
« la colonie, où nos instituteurs soient plus
« empressés à nous faciliter les moyens d’ou-
« vrir des écoles. J| est temps que l’Universiié
« répondre à cet appel. Je n’ai pas à rappeler
« que le Chef Kabyle Si Nouis, qui s’est fait
« l’interprète de ses coreligionnaires en vous
« demandant, à une de scs réceptions, de Veau
« et des écoles... C’est par les écoles que nous
« avec le plus d’économie, les améliorations
« désirables ».
L'Adkar félicita Jules Ferry de cette in'tia-
tive.
« Cette mesure va démontrer .aux Kabyles,
« si disposés à envoyer leurs enfants dans nos
« écoles pourvu que l’on ne fasse aucun effoil
« pour les détourner de leur foi religieuse,
« que la France est désormais décidée à exer-
« ccr sa domination dans un autre but que
« celui de percevoir des impôts ».
Chacun connaît les durs moments qui pré
cédèrent la chute de Ferry à l’occasion des
affaires du Tonkin. Passons aussi sur l’altitu
de Courageuse de Ferry contre Boulanger « pé-
B. plELLET
Photographe des Dames
et des Enfants
110 DIS à 114, rue de Normandie
Remise de 5 o/o aux Membres de
l'Enseignement et aux Amicalistes.
ril pour la sécurité nationale », disait-il, am-
bit eux effroné d’un « Saint-Arnaud de café
concert », qui faillit exposer la République à
d’extrêmes périls. On le traita de Prussien et
parmi toutes les têtes qui déliraient il s’en
trouva une “plus violente ou plus faible que
les autres où toute cette frénésie néfaste se
concentra en une idée fix e : celle du meuilre.
Une semaine après l’élection présidentielle
où Ferry avait été battu, le io Décembre, au
Palais-Bourbon, un certain Aubert in fit appe
ler Jubs Ferry dans la salle des Pas-Perdus.
A bout portant il lui tira plusieurs coups de
revolver ; une balle contourna le flanc droit
sans causer de dommage ; une autre, sans
pourtant pénétrer, frappa Jules Ferry au côté
gauche, entre le quatrième et le cinquième es
pace intercostal, à la hauteur du cœur. Celle
balle amortie par l’épaisseur des vêtements,
n’en causa pas, moins de graves désordres in
térieurs ; elle provoqua une lésion qui com
promit pour l’avenir le bon fonctionnement
du cœur. La vie de Jules Ferry fut dès, lors
à la merci d'une émotion et d’un mouvement
un peu trop vif.
Le meurtrier fut enfermé dans une Maison
tle Santé d’oit il s’évada obscurément. Il ve
nait des ténèbres. Il y est rentré.
La décadence du Boulangisme, les histoires
scandaleuses du Panama et de l’affaire Wilson,
firent émerger Jules Ferry, dont la probité et
l’honnêteté s’imposèrent à nouveau. Battu à
la Chambre cependant par une campagne d’u
ne violence extrême, au milieu même de sa
• • •
TTr' - onsorpti«n cK.torâlô 'où "par 102 voix seu
lement (6.385 contre 6.223) son adversaire le
Commandant Picot, boulangiste, avait élé élu,
Jules Ferry connut un retour de popularité aux
élections du Sénat où il arriva le 4 Février
1891 par 733 voix sur 992 votants des Vosges.
Son premier discours qu’il prononça le C Mars
1891 et qui marquait sa rentrée dans la vie
politique, aboutit au vote d’une résolution por
tant qu’une Commission de 18 membres aurait
à « rechercher,- de concert avec Je Gouverne
ment et à proposer' les. modifications qu’il y
aurait lieu d’introduire dans la législation et
dans l’organisation des services de l’Algérie ».
La Commissiog des 18 aussitôt réunie, s’em
pressa de nommer Jules Ferry pour Président ;
il séjourna alors trois mois en Algérie, ses
amis redoutaient, pour lui les fatigues. Il leur
répondait : Que voulez-vous ? Je fais ce que
je dois. S'il n’y a pas moyen d’y échapper.
Tant pis ! »
Un peu plus tard, le 20 Février 1893, il fut
désigné par les groupes de gauche, comme
candidat a la présidence du Sénat, puis Je 24
Février il était élu par 148 voix pour 210 vo
tants.
Le discours par lequel, le 27 Février 1893,
Fer, y prit possession de la présidence du Sé
nat, eut un grand retentissement dans tout le
pays. Après une phrase émue sur « l’ostracis
me, eut enfant irrité de la Cite antique », il
cxp.lmail toute sa reconnaissance an Sénat :
« Vous avez pensé que l’adversité ne porta
« pas les mêmes fruits dans toutes les âmes ;
« que si les unes en sortent aigries et révol
te tées d'autres s'v retrempent et s’y instrui-
« sent à ta clarté des joùrs d'épreuves. L’cx-
« périencc des hommes et des choses est une
« grande école d’équité ».
Passant au rôle qu’avait pris le Sénat et
qu il devait garder il lui rappela que : « L'har
monie cesse où l’effacement commence ».
Enfin, il affirma de nouveau un programme
de réconciliation républicaine « Grand mou
vement de lailiement qui s’opère dans leq
ma-scs profondes et qui, en dépit des inci-
d ni - et-des accidents poursuit sa marche iiu-
pertu bible, parce qu’il est conduit par la for
ce dos choses et par les intérêts les plus élevés
de la Patrie ».
Quinze jours plus tard, le 16 Mai i8g3, après
avoir présidé le Sénat, il rentra chez lui au
1, de la rue Bayard (car il n’avait pas voulu
s’installer au Petit Luxembourg) et il se plai
gnit d'une grande fatigue. Pourtant il se mit
à table ; causant, travaillant, atteignant onze
heures du soir, heure où il se coucha pour la
dernière fois. A une heure et demie, il était
pris d'une violente crise cardiaque avec de
vives dont urs et une grande difficulté à res
pirer. Sa femme, la douce et bonn e Madame
Ferry, et son frère accoururent. On appela le
médecin, mais toute la nuit il souffrit. Comme
il ne pouvait respirer étant couché, il essaya
dp se lever. Sa femme et son frère, pour lui
faciliter la respiration lui tenaient la tête, mais
il leur dit : « Vous aurez bien du mal à me
sauver. Je suis perdu I »
A cinq heures du matin, Jules Ferry, d’une
voix faible, entrecoupée de sifflements, fit en
tendre ees mots : Cela va mal... Jusqu’au
grand repos !... Il passa encore la journée et
le Vendredi 17 Mai 1893, à six heures et quart
du soir. Jules Ferry expirait..
Ses obsèques furent simples, ce qui ne di
minuait pas leur grandeur. Un cortège im
mense accompagna le corps à travers une fou
le respectueuse jusqu’à la gare de l’Est d’où
il devait être transporté au Cimetière de Saint-
Dié.
Cette attitude nouvelle du public parisien
s’expliquait par les qualités maîtresses de
]’homm 0 de Gouvernement. Dans l’esprit de
la tonie après les tristes affaires de Panama,
on sentait que celui qui disparaissait avait eu
un but désintéressé, une volonté pour le bien
du pays ; par tempérament il était l’ennemi
de cette habileté politique qui consiste en une
certaine souplesse que nous ne connaissons
que trop pour l’avoir vue pratiquer si souvent.,
mémo de nos jours.
Son nom n’avait été mêlé ni do près ni de
loin aux scandales qui attirent des soupçons
sur tant d’hommes politiques. Il s’était tou
jours élevé au-dessus des mesquineries et des
contingences de la politique quotidienne, il
avait toujours eu présents à la pensée les inté
rêts supérieurs de la France avec ceux de l’hu
manité ; il était toujours resté insoucieux de
la popularité.ou de l’impopularité d’un jour;
il avait vécu et agi sous l’œil de la postérité
et c’est à elle qu’il en appelait du jugement
sommaire des partis.
Il est resté fidèle à celle pensée dont il s’est'
noblement expliqué dans sa préface pour l’ou
vrage de Léon Sentupéry « Le Tonkin et lu
Mère-Patrie ».
« Quelque jour on écrira l’histoire militaire
« du Tonk’n ! Cet historien, que j’attends
« avec confiance, fera la part des responsa-
« bilités- , idanl, il ne me ren
ie dra j'espère, responsable que de ce que j’ai
« fait... Je demande à eel historien impartial,
« à ce juge inconnu, qui me lit peut-être à
« celte heure, de relever avec soin foutes mes
« fautes, ma s de ne-pas porter à mon comp
te te, celles que d’autres ont commises ».
Il appartient à notre grand Pays, qui a sou
vent des retours de justice, et qui sait recon
naître jusqu’à ses erreurs, d’accorder au noble
Vosgicn l’hommage qui lui est dû. Les fêtes
du Cinquantenaire sont une occasion de
siluer très haut dans le Panthéon National de
nos idées le Fondateur de notre Enseignement
populaire ; nous le placerons parmi ceux qui,
sous quelque régime que ce soit, voulurent la
l’rance puissante et humaine et qui, sûrs d’eux
quand il le faut, s’immolent à sa grandeur.
E. Glay.
Souscriptions volontaires
en faveur du Journal
Amicale de Saint-Mail in-du-Bec 20 fr.
DANS LES AMICALES
UNIVERSITE POPULAIRE
CONFÉRENCE*
sur la “ Guerre future
55
Le Samedi 21 Mars, devant un publie que
nous aurions souhaité voir plus nombreux, M.
/ M:annay nous parla des méthodes de guerre
moderne : « Guerre chimique, guerre bacté
riologique ».
En homme averti, M. Miannay examina les
possibilités chimiques de chaque nation parti
culièrement de l’Allemagne, qui par le fait de
son équipement industriel, de ses méthodes
commerciales, est depuis longtemps à la tête
de l’Industrie chimique.
Il nous lit visiter l’Arsenal où la Chimie de
Guerre puisera ses armes et nous .v.outra com
bien rapidement la Chimie de Paix peut être
transformée en Chimie de Guerre Tous les
établissements industriels, chez nous comme
chez nos voisins, à l’heure actuelle, ont 1 ne
section chimique, mais particulièrement ceux
qui se livrent à la fabrication de l’indigo, de
certaines couleurs et teintures, de produits
pharmaceutiques, etc...
M. Miannay montra combien nombreux et
variés sont les toxiques actuellement connus,
combien terribles sont leurs effets et combien
fragiles sont les moyens non seulement de les
neutraliser, mais de dépister leur présence.
A rets iiir particulièrement la description
qu'il fil des effets des bombes « Elektron »
pesant chacune 2 kilogs brûlant à 3.000 degrés
puis des viol, nts incendies qu’elles pourraient
allumer dans les villes el des explosions diver
ses qui suivraient ees incendies.
Par ces paroles M. Miannay veut éclairer les
populations longtemps indifférentes (sauf
pourtant celles, des Etats-Unis d’Amérique)
sur la gravité et l’ampleur de la menace de
la Guerre chimique.
Il ne croit pas à la possibilité e. protéger
d’une façon sûre eonlre les avions nocturnes
une grande ville ou un coin restreint, mais
important du territoire. D’ailleurs les diri
geants eux-mêmes n’envisagent que la contre-
attaque, Vexpédition punitive.
Le conférencier croît à l’existence de dan
gers de guerre, malgré les traités internatio
naux déjà s'gnés ; les nerfs des peuples peu
vent être mis à vif, les armements faits en
principe pour garantir la paix sont, en même
temps une menace do guerre... des points de
friction sont nombreux entre deux catégories
d’Etats: ceux qui ont perdu une partie de leur
territo’re et ceux qui ont été grandis ou qui
'sent nçs de la guerre.
Ancie n Combattant, dans la a der », M.
Miannay prouva par maints faits typiques que
non ‘ seulement la Guerre des Gaz, mais même
la Cnr-rre des Microbes avait été réalisée en
1914-1918.
Le tableau des frais énormes en vies humai
nes et en richesses matérielles qu’entraînerait
celte guerre moderne doit nous inciter à exa-
ïniner avec une attention de plus en plus vive
les moyens d’éviter une nouvelle guerre qui
; ait un suicide.
C’est ce que recherchèrent, dans une discus-
>ion tout am cale qui clôtura cette conférence
< (■ M. Miannây, plusieurs auditeurs 01 a nis de
I L, P. aussi courageux que convaincus.
Nous adressons à M. Miannay nos félicita
t-' our son Brillant exposé et nous parf.v
g os, comme le lui montra l’auditoire, ses
sec! iments généreux.
* O.ii- finir qu il nous soit permis de décla
rer que les « absents » une fois de plus eu
rent tort.
-»o«-
CERCLE SANVICAIS
DE LA
LIGUE DE L'ENSEIGNEMENT
Cinquantenaire de l’Ecole Laïque
éur 1 initiative du Cercle Sanvicais de la Li
gue de I Enseignémènf, la Municipalité, la
Laisse des Ecoles, les Amicales d'Anciens Êlè-
ves °nt dignement célébré le Cinquantenaire
de 1 Ecole laïque.
Le Samedi 11 Juillet, à 20 h. 3o, la Salle
des Fêtes de la rue Sadi-Cainot, restaurée et
agréablement ornée, accueillait une foule con
sidérable qui venait entendre M. Hubert, ins
pecteur honoraire de l’Enseignement primaire,
( hevalrer de la Légion d’hcnneür. A .ses côtés,
prenaient place: MM. DeliPe, conseiller d’ar-
1-, ndissen dit, \avusseur, maire, Legrand, Des-
cnump's, Bedanger, Soûlais et de nombreux
Ç; nseill rs municipaux, membres du Comité
d honneur; Viltecoq, président, Lücfc, Dubri-
s '>'^ Mme Se r , Merrand, Anglade, vice-pré-
s.dentés, Cauchois, Le Sergent, secrétaire, Sau-
Ireu I et Mme Le Sidanei, du Comité actif.
Devant un auditoire attentif, le distingué
c nférencier qui, pendant près de 4o ans, eut,
m qualité d'inspecte! r primaire, à appliquer
les lois scolaires, retraça h vie et l’œuvre de
.Lié s-Ferry; i] rappela les conditions dans les
quelles s’est élaborée l’une des œuvres maî
tresses de la 3 e République: gratuité, obliga
tion, laïcité de l’Enseignement primaire pu
blic. Dans une ferme aisée, qui 11e le cédait
en rien au fond si riche d’idées, il montra
Faction de l’Ecole dans le Pays; il fil un ta
bleau succinct de l’enseignement primaire ac
tuel et demanda cp;c se continue, l’œuvre des
ïendateufs de P Ecole nationale.
Après les remerciements chaleureux adressés
par M. Miltecoq à l’orateur, la scène fut occu
pée aux artistes qui, tour à tour, émurent,
charmèrent, fin nt rire l’assistance, Mlles Né
et Merrand ; MM. Carpentier et Luc’Arnc,
Ilolstaine et les jeunes gens de l’Amicale A.-
Leblond qui, sous la diic'ction de M. Gœdorp,
interprétèrent « Pierre Dupont », pièce de I..
Descaves.
Une quête fructueuse fut fa’te au profit de
la Caisse des Ecoies et de l’œuvre des Colonies
scolaires de vacances par Mmes Vavasseur et
Dclille, qu’accompagnaient MM. Delillc et Va
vasseur.
Le lendemain, Dimanche 12, plus de 1.200
enfants se pressaient, à i4 heures, dans les
coins de récréai i. 11 du groupe scolaire Jean-
Macé. Après un défilé n mu iquo, qui obtint
le plus vif suce's auprès de la population, tous
se groupèrent à lT.ec.le J ulcs-Feny, où les per
sonnalités de ia veille se trouvaient de nou
veau réunies, n compagn e de MM. René Cc-
t y, député, conseiller général et Delmotte,
inspecteur de i’Knseignement pvimaire du Ha
vre. Deux chœurs, dirigés par M. Le Sergent,
furent parfaitement exécutés par 3oo enfants.
M. Vavasseur, maire, on un discours substan
tiel et de forme élégante, exalta le grand pa
triote el l’ardent républicain que fut Jules Fer
ry qui donna à notre France, d’une part, de
riches colonies, la Tun sie, le Tonkin, biens
d’ordre mat ri I, d a; Ire pa t, l’instruction
gratuite, obligatoire d I ïque, bien d’ordre in
tellectuel cl moral, cipit.I mmense, condition
première de toute prosp '.lté, quelle qu’elle
soit.
E s 1.200 élèves furent ensuite conduits dans
le préau de l’Ecole où un goûter leur fut servi
sur une table couverte de fleurs, par d’aima
bles commissaires.
La partie enfantine de la fête terminée, il
restait au Comité à remercier les personnali
tés qui avaient répondu à son appel. On se di
rigea vers la Salle Jlombreux, rue' Victor-Hugo
où l'on sabla le champagne. M. Vittecoq se
félicita de la complète réussite de la Fête du
Cinquantenaire. Il remercia, en termes sim
ples et eloqiu nts, les membres du Comité
d'honneur de leur présence cl les Membres du
Comité actif de leur benne collaboration. Il
salua M. Lambert, robuste vieillard de 84 ans,
ancien instituteur du Doubs, qui appliqua,
dans leur période difficile, les lois Ferry.
Après lui, M. René Coty, dans une délicate
improvisation, exprima sa vive satisfaction
d'avoir assisté aux b Iles manifestations du 12,
et regretta dt n’avoir pu être présent à la
conférence et au concert de la veille.
Il rond | hommage à l’activité du Comité
d’organisil en t en particulier à M. Vittecoq.
Ces 5o dernières annéo.s, dit-il, nous per
mettent de juger I' Iécole fondée par Jules
Ferry, cl ce jugement est un hommage écla
tant à ce grand homme d’Etat. On neuf dire
qu'aujourd’hui l’Ecole et le Pays ne font
qu’un, l’une préparant les citoyens qui cons
titueront I Etat. Et c’est une légitime fierté
qui ressort de la comparaison entre la France
et les pays vois'ns ; alors que certains d’entre
eux recherchent vainement l’équilibre néces
saire à leur vie normale, alors que d’autres
ont cru trouver l’ordre et la prospérité dans
une dictature déprimante, appelée tôt ou tard
à disparaître, la France marche, ordonnée et
réfléchie, dans la clarté d’une juste liberté.
Noter ce résultat heureux, c’est rendre hom
mage à l’Ecole nationale.
M. René Coty, en terminant, unit dans ses
remerciements la Municipalité, le Comité d’or
ganisation et le corps enseignant primaire.
A 21 heures, par un temps qu’un orage vio
lent et court avait rafraîchi, la foule des San-
v cais se retrouvait dans le parc de l’Hôtel de
Ville où avait pris place la musique du i29 nic
Régiment d Infanterie. On passa, dans ce ca
dre agréable, une heure délicieuse. Harmonie !
Jamais le mot ne fut plus justement attribué
qu’à celle du 129 e , que dirige avec une maî
trise bien connue, M. Manière. C’est d’un
geste sobre et ferme qu’il conduit cette pha
lange admirablement unie.
L'exécution du programme parut trop cour
te à tous ; c’est qu’on trouvait là tous les élé
ments qui attirent, qui charment et qui élè
vent : la féeri des sons qui., tour à tour, s'é
panchait et jaillissait du groupe bleu disposé
.nu centre du vert foncé de la grande pelouse;
le cadre, forme par les bosquets et les grands
arbres, plus sombres, où se détachait, à une
extrémité, la claire statue du Soldat Victo
rieux ; enfin, les illuminations dont les cou
leurs variées s’irisaient su,- la blanche façade
de l’Hôtel de Ville.
Aussi, est-ce au milieu d’une ovation que
M. Vittecoq s’avança vers M. Manière et lui
démit une magnifique gerbe.
Il n y eut qu une voix pour proclamer que
ce concert terminait magnifiquement des fêles
rcmarquablement réussies.
VÊTEMENTS
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Cinquième Année. — N° 57
Ce Journal ne doit pas être vendu
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Août 1931.
M
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A. G. N» 3702
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Publicité : M. A. CANDELLIER
Ecole Rue des Etoupières - LE HAVRE
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Adresse du Secrétaire Général d< la Fédération ;
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1 M. ROUSSEL, 5o, Rue Jules- Lecef ne — LE HAVRE — Téléphoné 6018
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(suite et fin)
L'INDÉPENDANCE DES INSTITUTEURS
Parlant aux Sociétés Savantes, le a Avril
1880, devant les Directeurs et Directrices d’E
cole Normale et des Inspecteurs Primaires, il
exposait les rapports du Ministre avec son
personnel, et il disait :
« La bureaucratie peut beaucoup, on ce pays
« de France, mais elle m- peut pas faire la
« réforme de l’espiit. Le véritable organe île
ce celte réforme, celui qui peut seul la secon-
« der, la fair e vivre, c’est le Maître même, et
« c’est à lui qu’il faut faire appel, parce que
« c’est lui seul qui donnera le concours effi-
« cace : la force morale et le bon vouloir. De
(( même que la pédagogie nouvelle est fondée
« sur celte pensée qu’il importe bien plus de
« faiie trouver à l’enfant Je principe ou la
« règle que dç les lui donner tout faits, do
« même, Messieurs, l’administration de l’ins-
« tmotion Publique, telle que je la comprends
« doit s’occuper essentiellement de susciter
« l'énergie des Maîtres et de mettre partout
« en jeu leur initiative et leur responsabili-
« té. Voilà pourquoi nous faisons appel aux
« Maîtres et nous voulons les consulte!. C’est
« une espèce de self-Government de l’ensei-
« gnement public ».
Ainsi le self-Government appliqué à l’en
semble du personnel primaire qui fait frémir
encore aujourd’hui plus d’un administrateur
est de Jules Ferry.
Dans le même esprit il a traité les rappbits
entre les instituteurs et la politique et il a dit :
<( Il est un terrain sur lequel je vous auto-
« rise, Messieurs, que dis-je, je vous rc-com-
« mande, de vous tenir fermes dans votre
« droit, de vous barricader dans votre indé-
« pendançe ; c’est le terrain de la politique
« militante et quotidienne. Ne souffrez pas
« qu’on fasse de vous des agents politiques...
« Messieurs, s’il se rencontrait des adminis-
« trateurs indiscrets trop pressants, vous leur
« répondriez : Notre Ministre ne le veut pas ».
LA FIN, 1)E LA VIE DE JULES FERRY
Telle est brièvement résumée l’œuvre sco
laire de Jules Ferry. Nous n’avons pas à péné
trer dans, le domaine purement politique de
ce grand homme d’Etat, cependant, connue
on pourrait discuter sa conception coloniale,
qu’on nous permette de rappeler cette lettre
du 11 Octobre 1880 adressée au Gouverneur
général d’Algérie. 11 indiquait, avec raison, la
grande Kabvlie comme la région où devait
d’abord se porter notre principal effort :
« De toutes les paities de l’Algérie, elle est
« la mieux préparée à l’assimilation par le
« caractère, les mœurs et les coutumes de ses
« habitants. v II n’y a pas une contrée dans
« la colonie, où nos instituteurs soient plus
« empressés à nous faciliter les moyens d’ou-
« vrir des écoles. J| est temps que l’Universiié
« répondre à cet appel. Je n’ai pas à rappeler
« que le Chef Kabyle Si Nouis, qui s’est fait
« l’interprète de ses coreligionnaires en vous
« demandant, à une de scs réceptions, de Veau
« et des écoles... C’est par les écoles que nous
« désirables ».
L'Adkar félicita Jules Ferry de cette in'tia-
tive.
« Cette mesure va démontrer .aux Kabyles,
« si disposés à envoyer leurs enfants dans nos
« écoles pourvu que l’on ne fasse aucun effoil
« pour les détourner de leur foi religieuse,
« que la France est désormais décidée à exer-
« ccr sa domination dans un autre but que
« celui de percevoir des impôts ».
Chacun connaît les durs moments qui pré
cédèrent la chute de Ferry à l’occasion des
affaires du Tonkin. Passons aussi sur l’altitu
de Courageuse de Ferry contre Boulanger « pé-
B. plELLET
Photographe des Dames
et des Enfants
110 DIS à 114, rue de Normandie
Remise de 5 o/o aux Membres de
l'Enseignement et aux Amicalistes.
ril pour la sécurité nationale », disait-il, am-
bit eux effroné d’un « Saint-Arnaud de café
concert », qui faillit exposer la République à
d’extrêmes périls. On le traita de Prussien et
parmi toutes les têtes qui déliraient il s’en
trouva une “plus violente ou plus faible que
les autres où toute cette frénésie néfaste se
concentra en une idée fix e : celle du meuilre.
Une semaine après l’élection présidentielle
où Ferry avait été battu, le io Décembre, au
Palais-Bourbon, un certain Aubert in fit appe
ler Jubs Ferry dans la salle des Pas-Perdus.
A bout portant il lui tira plusieurs coups de
revolver ; une balle contourna le flanc droit
sans causer de dommage ; une autre, sans
pourtant pénétrer, frappa Jules Ferry au côté
gauche, entre le quatrième et le cinquième es
pace intercostal, à la hauteur du cœur. Celle
balle amortie par l’épaisseur des vêtements,
n’en causa pas, moins de graves désordres in
térieurs ; elle provoqua une lésion qui com
promit pour l’avenir le bon fonctionnement
du cœur. La vie de Jules Ferry fut dès, lors
à la merci d'une émotion et d’un mouvement
un peu trop vif.
Le meurtrier fut enfermé dans une Maison
tle Santé d’oit il s’évada obscurément. Il ve
nait des ténèbres. Il y est rentré.
La décadence du Boulangisme, les histoires
scandaleuses du Panama et de l’affaire Wilson,
firent émerger Jules Ferry, dont la probité et
l’honnêteté s’imposèrent à nouveau. Battu à
la Chambre cependant par une campagne d’u
ne violence extrême, au milieu même de sa
• • •
TTr' - onsorpti«n cK.torâlô 'où "par 102 voix seu
lement (6.385 contre 6.223) son adversaire le
Commandant Picot, boulangiste, avait élé élu,
Jules Ferry connut un retour de popularité aux
élections du Sénat où il arriva le 4 Février
1891 par 733 voix sur 992 votants des Vosges.
Son premier discours qu’il prononça le C Mars
1891 et qui marquait sa rentrée dans la vie
politique, aboutit au vote d’une résolution por
tant qu’une Commission de 18 membres aurait
à « rechercher,- de concert avec Je Gouverne
ment et à proposer' les. modifications qu’il y
aurait lieu d’introduire dans la législation et
dans l’organisation des services de l’Algérie ».
La Commissiog des 18 aussitôt réunie, s’em
pressa de nommer Jules Ferry pour Président ;
il séjourna alors trois mois en Algérie, ses
amis redoutaient, pour lui les fatigues. Il leur
répondait : Que voulez-vous ? Je fais ce que
je dois. S'il n’y a pas moyen d’y échapper.
Tant pis ! »
Un peu plus tard, le 20 Février 1893, il fut
désigné par les groupes de gauche, comme
candidat a la présidence du Sénat, puis Je 24
Février il était élu par 148 voix pour 210 vo
tants.
Le discours par lequel, le 27 Février 1893,
Fer, y prit possession de la présidence du Sé
nat, eut un grand retentissement dans tout le
pays. Après une phrase émue sur « l’ostracis
me, eut enfant irrité de la Cite antique », il
cxp.lmail toute sa reconnaissance an Sénat :
« Vous avez pensé que l’adversité ne porta
« pas les mêmes fruits dans toutes les âmes ;
« que si les unes en sortent aigries et révol
te tées d'autres s'v retrempent et s’y instrui-
« sent à ta clarté des joùrs d'épreuves. L’cx-
« périencc des hommes et des choses est une
« grande école d’équité ».
Passant au rôle qu’avait pris le Sénat et
qu il devait garder il lui rappela que : « L'har
monie cesse où l’effacement commence ».
Enfin, il affirma de nouveau un programme
de réconciliation républicaine « Grand mou
vement de lailiement qui s’opère dans leq
ma-scs profondes et qui, en dépit des inci-
d ni - et-des accidents poursuit sa marche iiu-
pertu bible, parce qu’il est conduit par la for
ce dos choses et par les intérêts les plus élevés
de la Patrie ».
Quinze jours plus tard, le 16 Mai i8g3, après
avoir présidé le Sénat, il rentra chez lui au
1, de la rue Bayard (car il n’avait pas voulu
s’installer au Petit Luxembourg) et il se plai
gnit d'une grande fatigue. Pourtant il se mit
à table ; causant, travaillant, atteignant onze
heures du soir, heure où il se coucha pour la
dernière fois. A une heure et demie, il était
pris d'une violente crise cardiaque avec de
vives dont urs et une grande difficulté à res
pirer. Sa femme, la douce et bonn e Madame
Ferry, et son frère accoururent. On appela le
médecin, mais toute la nuit il souffrit. Comme
il ne pouvait respirer étant couché, il essaya
dp se lever. Sa femme et son frère, pour lui
faciliter la respiration lui tenaient la tête, mais
il leur dit : « Vous aurez bien du mal à me
sauver. Je suis perdu I »
A cinq heures du matin, Jules Ferry, d’une
voix faible, entrecoupée de sifflements, fit en
tendre ees mots : Cela va mal... Jusqu’au
grand repos !... Il passa encore la journée et
le Vendredi 17 Mai 1893, à six heures et quart
du soir. Jules Ferry expirait..
Ses obsèques furent simples, ce qui ne di
minuait pas leur grandeur. Un cortège im
mense accompagna le corps à travers une fou
le respectueuse jusqu’à la gare de l’Est d’où
il devait être transporté au Cimetière de Saint-
Dié.
Cette attitude nouvelle du public parisien
s’expliquait par les qualités maîtresses de
]’homm 0 de Gouvernement. Dans l’esprit de
la tonie après les tristes affaires de Panama,
on sentait que celui qui disparaissait avait eu
un but désintéressé, une volonté pour le bien
du pays ; par tempérament il était l’ennemi
de cette habileté politique qui consiste en une
certaine souplesse que nous ne connaissons
que trop pour l’avoir vue pratiquer si souvent.,
mémo de nos jours.
Son nom n’avait été mêlé ni do près ni de
loin aux scandales qui attirent des soupçons
sur tant d’hommes politiques. Il s’était tou
jours élevé au-dessus des mesquineries et des
contingences de la politique quotidienne, il
avait toujours eu présents à la pensée les inté
rêts supérieurs de la France avec ceux de l’hu
manité ; il était toujours resté insoucieux de
la popularité.ou de l’impopularité d’un jour;
il avait vécu et agi sous l’œil de la postérité
et c’est à elle qu’il en appelait du jugement
sommaire des partis.
Il est resté fidèle à celle pensée dont il s’est'
noblement expliqué dans sa préface pour l’ou
vrage de Léon Sentupéry « Le Tonkin et lu
Mère-Patrie ».
« Quelque jour on écrira l’histoire militaire
« du Tonk’n ! Cet historien, que j’attends
« avec confiance, fera la part des responsa-
« bilités- , idanl, il ne me ren
ie dra j'espère, responsable que de ce que j’ai
« fait... Je demande à eel historien impartial,
« à ce juge inconnu, qui me lit peut-être à
« celte heure, de relever avec soin foutes mes
« fautes, ma s de ne-pas porter à mon comp
te te, celles que d’autres ont commises ».
Il appartient à notre grand Pays, qui a sou
vent des retours de justice, et qui sait recon
naître jusqu’à ses erreurs, d’accorder au noble
Vosgicn l’hommage qui lui est dû. Les fêtes
du Cinquantenaire sont une occasion de
siluer très haut dans le Panthéon National de
nos idées le Fondateur de notre Enseignement
populaire ; nous le placerons parmi ceux qui,
sous quelque régime que ce soit, voulurent la
l’rance puissante et humaine et qui, sûrs d’eux
quand il le faut, s’immolent à sa grandeur.
E. Glay.
Souscriptions volontaires
en faveur du Journal
Amicale de Saint-Mail in-du-Bec 20 fr.
DANS LES AMICALES
UNIVERSITE POPULAIRE
CONFÉRENCE*
sur la “ Guerre future
55
Le Samedi 21 Mars, devant un publie que
nous aurions souhaité voir plus nombreux, M.
/ M:annay nous parla des méthodes de guerre
moderne : « Guerre chimique, guerre bacté
riologique ».
En homme averti, M. Miannay examina les
possibilités chimiques de chaque nation parti
culièrement de l’Allemagne, qui par le fait de
son équipement industriel, de ses méthodes
commerciales, est depuis longtemps à la tête
de l’Industrie chimique.
Il nous lit visiter l’Arsenal où la Chimie de
Guerre puisera ses armes et nous .v.outra com
bien rapidement la Chimie de Paix peut être
transformée en Chimie de Guerre Tous les
établissements industriels, chez nous comme
chez nos voisins, à l’heure actuelle, ont 1 ne
section chimique, mais particulièrement ceux
qui se livrent à la fabrication de l’indigo, de
certaines couleurs et teintures, de produits
pharmaceutiques, etc...
M. Miannay montra combien nombreux et
variés sont les toxiques actuellement connus,
combien terribles sont leurs effets et combien
fragiles sont les moyens non seulement de les
neutraliser, mais de dépister leur présence.
A rets iiir particulièrement la description
qu'il fil des effets des bombes « Elektron »
pesant chacune 2 kilogs brûlant à 3.000 degrés
puis des viol, nts incendies qu’elles pourraient
allumer dans les villes el des explosions diver
ses qui suivraient ees incendies.
Par ces paroles M. Miannay veut éclairer les
populations longtemps indifférentes (sauf
pourtant celles, des Etats-Unis d’Amérique)
sur la gravité et l’ampleur de la menace de
la Guerre chimique.
Il ne croit pas à la possibilité e. protéger
d’une façon sûre eonlre les avions nocturnes
une grande ville ou un coin restreint, mais
important du territoire. D’ailleurs les diri
geants eux-mêmes n’envisagent que la contre-
attaque, Vexpédition punitive.
Le conférencier croît à l’existence de dan
gers de guerre, malgré les traités internatio
naux déjà s'gnés ; les nerfs des peuples peu
vent être mis à vif, les armements faits en
principe pour garantir la paix sont, en même
temps une menace do guerre... des points de
friction sont nombreux entre deux catégories
d’Etats: ceux qui ont perdu une partie de leur
territo’re et ceux qui ont été grandis ou qui
'sent nçs de la guerre.
Ancie n Combattant, dans la a der », M.
Miannay prouva par maints faits typiques que
non ‘ seulement la Guerre des Gaz, mais même
la Cnr-rre des Microbes avait été réalisée en
1914-1918.
Le tableau des frais énormes en vies humai
nes et en richesses matérielles qu’entraînerait
celte guerre moderne doit nous inciter à exa-
ïniner avec une attention de plus en plus vive
les moyens d’éviter une nouvelle guerre qui
; ait un suicide.
C’est ce que recherchèrent, dans une discus-
>ion tout am cale qui clôtura cette conférence
< (■ M. Miannây, plusieurs auditeurs 01 a nis de
I L, P. aussi courageux que convaincus.
Nous adressons à M. Miannay nos félicita
t-' our son Brillant exposé et nous parf.v
g os, comme le lui montra l’auditoire, ses
sec! iments généreux.
* O.ii- finir qu il nous soit permis de décla
rer que les « absents » une fois de plus eu
rent tort.
-»o«-
CERCLE SANVICAIS
DE LA
LIGUE DE L'ENSEIGNEMENT
Cinquantenaire de l’Ecole Laïque
éur 1 initiative du Cercle Sanvicais de la Li
gue de I Enseignémènf, la Municipalité, la
Laisse des Ecoles, les Amicales d'Anciens Êlè-
ves °nt dignement célébré le Cinquantenaire
de 1 Ecole laïque.
Le Samedi 11 Juillet, à 20 h. 3o, la Salle
des Fêtes de la rue Sadi-Cainot, restaurée et
agréablement ornée, accueillait une foule con
sidérable qui venait entendre M. Hubert, ins
pecteur honoraire de l’Enseignement primaire,
( hevalrer de la Légion d’hcnneür. A .ses côtés,
prenaient place: MM. DeliPe, conseiller d’ar-
1-, ndissen dit, \avusseur, maire, Legrand, Des-
cnump's, Bedanger, Soûlais et de nombreux
Ç; nseill rs municipaux, membres du Comité
d honneur; Viltecoq, président, Lücfc, Dubri-
s '>'^ Mme Se r , Merrand, Anglade, vice-pré-
s.dentés, Cauchois, Le Sergent, secrétaire, Sau-
Ireu I et Mme Le Sidanei, du Comité actif.
Devant un auditoire attentif, le distingué
c nférencier qui, pendant près de 4o ans, eut,
m qualité d'inspecte! r primaire, à appliquer
les lois scolaires, retraça h vie et l’œuvre de
.Lié s-Ferry; i] rappela les conditions dans les
quelles s’est élaborée l’une des œuvres maî
tresses de la 3 e République: gratuité, obliga
tion, laïcité de l’Enseignement primaire pu
blic. Dans une ferme aisée, qui 11e le cédait
en rien au fond si riche d’idées, il montra
Faction de l’Ecole dans le Pays; il fil un ta
bleau succinct de l’enseignement primaire ac
tuel et demanda cp;c se continue, l’œuvre des
ïendateufs de P Ecole nationale.
Après les remerciements chaleureux adressés
par M. Miltecoq à l’orateur, la scène fut occu
pée aux artistes qui, tour à tour, émurent,
charmèrent, fin nt rire l’assistance, Mlles Né
et Merrand ; MM. Carpentier et Luc’Arnc,
Ilolstaine et les jeunes gens de l’Amicale A.-
Leblond qui, sous la diic'ction de M. Gœdorp,
interprétèrent « Pierre Dupont », pièce de I..
Descaves.
Une quête fructueuse fut fa’te au profit de
la Caisse des Ecoies et de l’œuvre des Colonies
scolaires de vacances par Mmes Vavasseur et
Dclille, qu’accompagnaient MM. Delillc et Va
vasseur.
Le lendemain, Dimanche 12, plus de 1.200
enfants se pressaient, à i4 heures, dans les
coins de récréai i. 11 du groupe scolaire Jean-
Macé. Après un défilé n mu iquo, qui obtint
le plus vif suce's auprès de la population, tous
se groupèrent à lT.ec.le J ulcs-Feny, où les per
sonnalités de ia veille se trouvaient de nou
veau réunies, n compagn e de MM. René Cc-
t y, député, conseiller général et Delmotte,
inspecteur de i’Knseignement pvimaire du Ha
vre. Deux chœurs, dirigés par M. Le Sergent,
furent parfaitement exécutés par 3oo enfants.
M. Vavasseur, maire, on un discours substan
tiel et de forme élégante, exalta le grand pa
triote el l’ardent républicain que fut Jules Fer
ry qui donna à notre France, d’une part, de
riches colonies, la Tun sie, le Tonkin, biens
d’ordre mat ri I, d a; Ire pa t, l’instruction
gratuite, obligatoire d I ïque, bien d’ordre in
tellectuel cl moral, cipit.I mmense, condition
première de toute prosp '.lté, quelle qu’elle
soit.
E s 1.200 élèves furent ensuite conduits dans
le préau de l’Ecole où un goûter leur fut servi
sur une table couverte de fleurs, par d’aima
bles commissaires.
La partie enfantine de la fête terminée, il
restait au Comité à remercier les personnali
tés qui avaient répondu à son appel. On se di
rigea vers la Salle Jlombreux, rue' Victor-Hugo
où l'on sabla le champagne. M. Vittecoq se
félicita de la complète réussite de la Fête du
Cinquantenaire. Il remercia, en termes sim
ples et eloqiu nts, les membres du Comité
d'honneur de leur présence cl les Membres du
Comité actif de leur benne collaboration. Il
salua M. Lambert, robuste vieillard de 84 ans,
ancien instituteur du Doubs, qui appliqua,
dans leur période difficile, les lois Ferry.
Après lui, M. René Coty, dans une délicate
improvisation, exprima sa vive satisfaction
d'avoir assisté aux b Iles manifestations du 12,
et regretta dt n’avoir pu être présent à la
conférence et au concert de la veille.
Il rond | hommage à l’activité du Comité
d’organisil en t en particulier à M. Vittecoq.
Ces 5o dernières annéo.s, dit-il, nous per
mettent de juger I' Iécole fondée par Jules
Ferry, cl ce jugement est un hommage écla
tant à ce grand homme d’Etat. On neuf dire
qu'aujourd’hui l’Ecole et le Pays ne font
qu’un, l’une préparant les citoyens qui cons
titueront I Etat. Et c’est une légitime fierté
qui ressort de la comparaison entre la France
et les pays vois'ns ; alors que certains d’entre
eux recherchent vainement l’équilibre néces
saire à leur vie normale, alors que d’autres
ont cru trouver l’ordre et la prospérité dans
une dictature déprimante, appelée tôt ou tard
à disparaître, la France marche, ordonnée et
réfléchie, dans la clarté d’une juste liberté.
Noter ce résultat heureux, c’est rendre hom
mage à l’Ecole nationale.
M. René Coty, en terminant, unit dans ses
remerciements la Municipalité, le Comité d’or
ganisation et le corps enseignant primaire.
A 21 heures, par un temps qu’un orage vio
lent et court avait rafraîchi, la foule des San-
v cais se retrouvait dans le parc de l’Hôtel de
Ville où avait pris place la musique du i29 nic
Régiment d Infanterie. On passa, dans ce ca
dre agréable, une heure délicieuse. Harmonie !
Jamais le mot ne fut plus justement attribué
qu’à celle du 129 e , que dirige avec une maî
trise bien connue, M. Manière. C’est d’un
geste sobre et ferme qu’il conduit cette pha
lange admirablement unie.
L'exécution du programme parut trop cour
te à tous ; c’est qu’on trouvait là tous les élé
ments qui attirent, qui charment et qui élè
vent : la féeri des sons qui., tour à tour, s'é
panchait et jaillissait du groupe bleu disposé
.nu centre du vert foncé de la grande pelouse;
le cadre, forme par les bosquets et les grands
arbres, plus sombres, où se détachait, à une
extrémité, la claire statue du Soldat Victo
rieux ; enfin, les illuminations dont les cou
leurs variées s’irisaient su,- la blanche façade
de l’Hôtel de Ville.
Aussi, est-ce au milieu d’une ovation que
M. Vittecoq s’avança vers M. Manière et lui
démit une magnifique gerbe.
Il n y eut qu une voix pour proclamer que
ce concert terminait magnifiquement des fêles
rcmarquablement réussies.
VÊTEMENTS
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* LE HAVRE
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