Titre : Revue du Havre et de la Seine-Inférieure : marine, commerce, agriculture, horticulture, histoire, sciences, littérature, beaux-arts, voyages, mémoires, mœurs, romans, nouvelles, feuilletons, tribunaux, théâtres, modes
Éditeur : [s.n.] (Havre)
Date d'édition : 1842-09-25
Contributeur : Morlent, Joseph (1793-1861). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32859149v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 25 septembre 1842 25 septembre 1842
Description : 1842/09/25. 1842/09/25.
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
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Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Source : Bibliothèque municipale du Havre, Y2-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/05/2014
I
Revue du Havre.
à SEMAINE DES ISRAÉMTES.
NUIS DE LA LOMBARDIE.
La docadonos^m em re se ni fêle toujours par la liccncedes mœurs et par l’i-
neflicacité des luis. La décadence d’une religion s'annonce par la discussion de scs
dogmes, par la non-observance de son culte extérieur, lin roi (pii sent son trône
chanceler n'a plus assez de force pour tenir les rênes do son gouvernement. Une reli
gion qui s'efface ne cède le lorrain que pied à pied. Voilà des faits positifs. Je n’en
tirea icuno conclusion, je me contente de les exposer. L’Israélite, plus occupé do son
commerce que du progrès, doit nécessairement rester fidèle à la religion de ses an
cêtres et en observer les rites avec exactitude. Cependant il est bon nombre de
.'jeunes esprits qui marchent avec leur siècle, qui l’étudient, et qui finiront par réa-
igir sur la masse de leurs coreligionnaires. C'est pourquoi nous croyons le moment
opportun pour donner une peinture détaillée desmœcrs israéliles de la Lombardie,
de ces mœurs rabbiniques qui existent encore en quelques parties de l’Italie, mais
qui ne tarderont pas à disparaître de l'Europe entière. Afin que notre esquisse soit
vraie et frappante, nous étudierons surtout les hommes qui ont été témoins des mer
veilles et des forfaits du commencement de notre siècle. Ceux-là ont la religion du
.passé, et sont restés à l’abri des atteintes de la civilisation.
Le septième jour de la semaine est consacré au repos par les Israélites. La ces
sation du travail commence le vendredi à la tombée de la nuit et linit le samedi à
la nuit close ; car, suivant la loi de Moïse, le jour est précédé cl non suivi par
la nuit. Celte manière du calculer les dates tire son origine des versets de lu Ge
nèse OÙ il est dit : VAI GNÉBUOlt, VAI IIOKL.lt. IOM EIICAT ( il lut le soir, il fut
l'aurore, un jour). Pour les Israélites, la Bible doit être traduite à la lettre. Ainsi
les psaumes et les prophètes leur ayant promis un sauveur puissant et riche, ils
ont. refusé de reconnaître le Messie attendu dans Jésus obscur et pauvre. Les tal-
inudisles tombent dans l’extrême opposé : ils veulent à toute force trouver prophé
ties et mystères à chaque ligne, à chaque lettre des saints livres.
Il existe une quantité de luis ( t défenses qui regardent spécialement le jour du
samedi et celui du Kipouk (grande expiation), considéré par les Israélites comme
le jour le plus sacré de toute l'année. Ici nous voulons seulement constater que
toutes les lois cl défenses applicables au samedi le sont aussi au Kicoim.
Le MÉYAGNAROU ÉCUF. JlÉUCOI. MOCIIÉVODÉIICÈM DÉ10M AC1IABATTE 1 ( VOUS
n’allumerez point de feu dans toutes vos habitations le jour du samedi 1 ) a dit Moïse
quand le peuple d’Israël habitait sous des tentes. Moïse avait certainement en vue de
ne pas exposer sans nécessité an danger de l'inceudio ce peuple apathique et sauva
ge, qui, une fois livré au repos légal du septième jour, se serait fort peu
soucié de la direction d'une étincelle. Les Israélites, entrés en possession de lu
terre do Clmnaan, n'ont pas discontinué d’obéir à cette défense relative, et les en-
fans et polis cn’ani ont, comme il arrive toujours, imité leurs ancêtres, car Moïse
n'était plus là pour rétracter sa prohibition. Les Juifs sont donc forcés, durant
l’hiver, d'avoir des domestiques ou des bonnes catholiques pour chauffer leurs ap
partenions; mais ils ne font pas faire de cuisine. Tous les mets qu’on doit man
ger le samedi sent préparés de la veille avant la nuit.
Moïse a en outre défendu à son peuple de travailler ou de faire travailler scs
esclaves ou ses bestiaux le septième jour de lu semaine. Les Israélitss ne taisant
aucune distinction outre le travail uiile et les distractions, se condamnent en ce
jour, suivant le code rabbinique, à une inaction complète, (le code, qui est bien
la chose la plus puérile du monde et qui a ch ingé la loi du Sinai en une tyrannie
insupportable (car on a eu la manie de le paiaphraser d’une manière étrange
de faire de chaque lettre alphabétique un article de loi, d'y appliquer la
science des nombres pour y trouver révélations et mystères), ce code, di
sens-nous, condamne les Israélites à rester prisonniers, pendant le jour con
sacré au repos, dans l’enceinte de la ville , oit ils résident . à moins cepen
dant qu’ils ne s’interdisent, comme équivalent, le passage d’une rue quelcon
que, qu’ils appellent alors gnirou (de geiii, ville, clou, ceci, cela, celui-ci,
celui-là c’e-t à dire, voilà la ville, la partie delà ville que nous ne devons pas
approcher) ; encore dans ce cas la I i rabbinique leur ordonne-t-elle, quand ils
ranchissent les portes de la ville ,de ne jamais perler sur eux lu moindre poids,
as mê ne un mo .choir de poche, ou du moins de s’en ceindre lu taille s’iis ne
peuvent s’en passer. Les observateurs fidèles de la loi de Moïse se garderaient
ien de voyager ou de se promener en voiture le samedi.Si les chevaux leur appar
tiennent, ainsi raisonnent-ils, il leur est dé fendu de les faire travailler : s ils u’onl
pas de piipage à eux, il faut en louer un, le payer, ce qui leur est aussi défendu ;
et comme une fois le prix de louage soldé, la propriété est transmise memenia-
nément à l’afertncur. ils croient retomber dans le premier cas : en conséquence
iis ne se promènent qu'à pied cl ne s’éloignent que fort peu de la ville, car une
course trop prolongée prendrait le caractère d'un voyage.
Le vendre li, une heur- avant la nuit, le grand rabbin, suivi du ciiamaciie de
caao (huissier ou sacristain de la communauté), fait sa tournée dans toute la
juiverie, en invitant les israéliles à fermer leurs boutiques, pendant qu'un autre
ciiamaciie crie dans les rues : Qui vient a Miniica ! (prière qui répond à nos
vêpres, et qui tient lieu du second sacrifice qu’on faisait dans le temple de Jéru
salem, car les trois sacrifices journaliers ont été convertis, depuis la destruction
du temple, en trois prières qu’on récite le malin, à midi ci à la nuit tombante.)
Personne ne répond à l’invitation du crieur, ou du moins les fidèles sont en fort
petit nombre, et. le iic.a-zan (chantre) récite la seconde prière du jour en tête à tête
avec quelques vieillards oisifs. La masse s’amuse alors à faire disparaître les mon
tres, les étalages, à fermer les magasins et les boutiques, à s’habiller pour se
rendre à 11 synagogue.
Le temple des Israéliles est une vaste salle, souvent surmenée d'un dôme, ou
toute image, toute peinture, est proscrite, et OÙ plusieurs rangs de bancs paral
lèles aux murs latéraux laissent un passage libre qui conduit à l'arche sainte, es
pèco d’armoire dorée, sculptée et ornée de eolonnetlcs do marbre, au fond de la
quelle on dépose l’interminable parchemin roulé sur deux cylindres de bois, sur
lequel est écrit l’Ancien-Testament,.par le soriiEiutu (écrivain), dont l’écriture
doit êlre plus belle et plus parfaite que l’imprimé (1). En face de l’arche se trouve,
soit adossé au mur, soit au milieu du temple, un autel, sur lequel on lit la Bible à
la prière du matin.
Aussitôt que les Israélites sont assis sur leurs bancs pour réciter leur magna-
iiéou (Iroisème prière .de la journée), le hcazan se rend devant un pupitre situé
en face de l’autel et entonne le BAiiouno ou (qu’il soit béni), commencement de
la prière du soir. Le hcazan allait jadis chanter devant l’nulel en habit de 'ille.
le tai.ed (espèce iLéeharpc de laine blanche) autour du cou, ou sur la rôt o dans
certains momens solennels. Aujourd'hui le hcazan porte une espèce d'uniforme,
une loge de couleur violette descendant jusqu'aux pieds, et un bonnet carié de la
même couleur.
Après avoir écouté la lecture de la prière du soir, l’Israélite se rend chez lui,
où le souper l'attend. En mettant le pied sur le seuil de sa maison, il portes» main
droite au montant de la porte, à hauteur d’hommo, à l’endroit où l’on voit reluire
un morceau de verre, et il baise ensuite les doigts qui l'ont touché. Ce verre est la
mizouza, qu’on place à toutes les portes peur écarter les mauvais esprits.C’est un
parchemin sur lequel on écrit les commundomens de la lui et aulres versets de la
Bible, ot «, u on roule étroitement pour le faire pénétrer dans un tuyau de verre
qui doit le conserver intact.
Entré dans la salle à manger, le descendant d’Abraham se promène de long en
large en chantant une longue prière, une espèce d'hymne et d’invocation adressée
en même temps aux anges et à la Divinité. Puis il s'assied à table en lêie de sa :a-
rnille, fait pisser inévitablement un coin de sa serviette dans sa cravate pour ga
rantir son gilet, et, prenant la bouteille de vin d'une main, il récite le kidouchu
(de K a dogue saint, sanctification du reps), et verse dans tous les verres un
doigt de vin qu’un boit en disant : Béni sois-tu, mon mailre notre Dieu, roi du
monde, qui fait naître le pain de la terre.
Au-dessus de la table au leur de laquelle la famille soupe, une lampe à huit ou
dix becs est suspendue au plafond. C’est la lampe du chah au te ; la maîtresse de
la maison l’allume avant la nuit en récitant des prières, et la laisse brûler jusqu'à
ce que toute l’huile qu'elle contient soit consumée ; car si la loi a dé endu d’allu
mer le leu, les rabbins ont délëndu aussi de l’eteindre, sauf pourtant le cas d’iu-
cendie.
Le repas achevé, toule la famille chante un psaume de David, puis la bérauca
(bénédiction.)
Le samedi do bonpe heure l'Israélite se rend à la synagogue pour dire la té-
phila (oraison ou prière du malin); alors il ouvre le tiroir de son banc et en lire
,c 'alet fit les TÉruiLYM (longues courroies de cuir qui servent à attacher sur le
, nl et sur le bras gauche, à I endroit où i 1 repaso sur le cœur, une sorte de petit
«•'«peau q t . cuir renfermant un parchemin sur lequel sont écrits les commande
ment; du la loi et autres versets de la Bible), s’élant adapté ces lanières , il récite
rnnriiÀn?T i ,ls( l"’»R moment où le ciiamaciie (sacrisla n) commence à mettre à
iininue tes mizxotte (bennes œuvres). C’est d’abord le droit de perler lu Bible
, i ,o ®i JllS( l"’à l’autel, puis le droit d êire appelé par le hcazan à suivre la
.. un, .0 . i'. ilp ,ro s'ir les marches de l’autel, ce qui se nomme êlre appelé à se-
m '.|5 :i1 toha, livre de la loi). On achète à tout prix ce droit quand
l-a semm-m m?'"" 1 ! 1 vient de perdre un patent, ou quand on a fait dans
om Mn LTfli, « I VI ' Dans ce dernier cas on dit qu’on fait ataayat uca-
îèved?0’m-tr mu de soin*’ ^ lm,ld la Bible ost placée sur le pupille, le hcazan
iis l -, ,) • ■ ' V uÀw l|lM lil recouvre, les bandes brodées qui l eminailloiient,
1 a déploie, I élève aii-q^^,, ga (6l0) el la montre au peuple eu disant !
(I) On ne saurait se faire u ne ija,. i., ,i;ir„.,,ii,t
à écrire un selcunit tou (livre, un j-, , • fl „
moindre , H0 loi). La moindre
y a pour un sopueiuie
rature lui est interdite, lu
.n; e auto entraîne nécessairememt le changement de a feuille de,arcbe-
ns i lmê m/d' 1 ’ : JanS j:i U n Kue üù de [X *'«"es remplacent les voyelles.
î5q U e Su hcTzInmZX1èS Ue 1,11 Perceptible, indiquent les notes de la
nffi f’avTmUura*do » i&« - tromper fort souvent. Il a ce-
moindre faute
min
dans
musique
FnSSEEif- *mots
bien souvent te soriiijiuii ne reçoit pou* cela qm» vingt
eent quarante francs.
quin environ deux
Voilà la loi que M fisc a mise devant les entons d'Israël; la loi de l’Elernel est par
faite. Alors il appelle celui qui a acheté le droit d’aller à sépiikh, lit un chapitre,
ainsi de suite jusqu’à ce qu’il ait achevé la barêcua (légende) fixée pour ce
jour-la. Le produit de la vente des mizvotte , qu’on voit monter quel
quefois à des prix énormes, sert à l’entretien du temple. On a si souvent
expulsé les Juifs de la Lombardie pendant le moyen Age, en ne leur laissant
qu’un écit par tête malgré les immenses capitaux qu’ils possédaient dans le pays,
qu’ils n’ont pu jusqu’à ee jour assigner aucune rente fixe à leurs temples, l.a lec
ture de lu Bible finie, le hcazan replace le livre saint dans l’arche, la ferme en
disant : « Béni soit l’Eternel qui nous a donné la loi ! » et les coanym (prêtres) (1)
dannent la bénédiction au peuple sur l'estrade de l’arche, le visage couvert du
talet, et tournés vers le levant.
La prière du malin est alors finie.
L’Israélite va déjeuner citez lui ou chez un parent, puis il rend visite à quel
ques amis jusqu'à l’heure de la seconde prière, pendant laquelle, le samedi seu
lement, on tire de nouveau la Bible de l’arche pour la lire et la remettre à sa
place avec es mêmes cérémonies ; il recommence ensuite ses visites pour attendre
l'heure du dîner. Le samedi est un jottrde gala peur les Israélites. Tout le inonde
reçoit, toutes lés maisons sout encombrées de visiteurs. La conversation ne roule
jamais que sur des choses extrêmement triviales. On cause cuisine, on
raconte les événements qui se sont passés à la synagogue , et on médit
impitoyablement de son semblable. — Un t I donne à diner; il y aura telle ou
telle chose. — Ceci est bon, cela est mauvais. — Je n'aiine pas l'oie, j’aime le
dindon. — Un tel a acheté telle mizva ( bonne œuvre ) et l’a payée tant. — Le
hcazan a manqué tomber avec le sepiieh tora (livre de la loi ) sur J’épaule. —
Adonai ! (mon Dieu !) quel malheur t — C'est un avertissement du ciel ! — Il y
a tant de gnayonotte (pèches) ! — Un tel se permet telle chose. — Un tel va en
voilure le chabatte... Quand ils en sont sur le chapitre de 1a médisance, ils n’en
finissent plus. J'entends toujours parler de mon type sexagénaire. J’ai déjà fait
observer que les mœurs que je peins n’existeront bientôt plus.
Vers la brune, l’Israélite se rend de nouveau au temple ; il chante en chœur un
psaume de David, récite en hôte la prière du seir et retourne ensuite à ses affai
res après avoir fait aouuai.a chez lui.
Voici ee que l’on nomme faire aouuai.a.
A peine le chef de 1a maison est-il entré au salon à son retour du temple , que
tous les membres de la famille s’empressent autour de lui. L’uu tient en main un
grand cierge allumé, l’autre un vase d’argent plein de Heurs, un troisième lui pré
sente sur un plut d’argent une fiole de vin. Le nouveau venu prend la torche
d’une main, la fiole de l'autre, et récite une prière en hébreu.
A certains mets, tous les assistons exposent leur poing droit à la clarté de la
torche et regardent d’abord leurs ongles sur lesquels la lumière tombe en plein,
puis le creux de leur main, où elle ne jiénètre pas, afin de se souvenir du paradis
el de l'enfer. A un autre passage le vase de Meurs circule dans toute l'assemblée
qui en respire l’odeur à plusieurs reprises. Enfin le célébrant bail une gorgée de
v in, épanche le reste du cenlemi de la fiole sur le carreau, en ayant soin de for
mer avec le liquide une chine (lettre initiale du nom de Dieu en hébreux), et
éteint ensuite le cierge en recommand int à sa famille do ne pas marcher sur le
vin, ce qui serait profaner le nom du Créateur.
Alors seulement le chabatte est fini.
Depuis la destruction du le.nple île Jérusalem, ou pour mieux dire depuis que
les catholiques se découvrent dans les églises, les Israélites se sont fait une loi de
se couvrir dans leurs temples. L'intention l'ait tout; ils témoignent à D:eu leur
respect en gardant leur chapeau comme nous en ôtant le nôtre. Or, les rabbins
ont alors raisonné ainsi : Dieu est partout, par conséquent on ne peut se découvrir
nulle part sans offenser le ciel; nous défendons donc à tout bon israélite de faire
plus de quatre pas la tôle découverte. Q te la chaleur soit étouffante, que la sueur
ruisselle sur le front d’un J :if, il est forcé de garder son chapeau sur sa tôle ou
d’encourir les malédictions fulminées par les saints livres centre tous ceux qui
transgressent la, loi, aiiouii! arouh ! (maudit! maudit!). Ces mots sont l'enfer
de la Bible. Les graves transgressions no saut punies quTci-bas par des chAtimens
emportent, presque toujours par la peine du talion ; les péchés véniels appollen
l'anathème sur le coupable. Le peuple d'Israël n’a jamais vu au-delà de l'hurizont
de la vie qu’une patrie, séjour do bonheur où il irait r.tjoi idre ses ancêtres. Le,
mot gui m n ah n’a signifié enfer qif après la rédaction du Talmud. Dans l'Egypte,
dans le désert, dms la Terre-Promise, les Israélites étaient trop peu civilisés
dour concevoir une justice au delà du tombeau. L t masse ne pouvait avoir aucune
notion du sens de lu parole nechama (Ame) ; toute abstraction est incompatible
avec l'extrême ignorance, et le peuple d'Israël était de tous les peuples de son épn-
que le moins civilisé. D'ailleurs Moisc tendait trop à faire de la vie une chose po
sitive pour que ses sujels pussent l’idéaliser. Aujourd'hui l’Israélite qui suit un
convoi funèbre, ainsi que la Juive qui le voit passer sous sa croisséo, murmure :
Que de lions malahcim (anges) le rencontrent ! Que de bons malaucim te reçoi
vent dans leurs bras. Aujourd'hui seulement ils souhaitent le gan-gneden (pa
radis) aux inourhns, et parlent de l'enfer coma e dans une vie à venir.
Quand le médecin prononce l'arrêt de mort d’un Israélite, le rabbin se rend au
près du malade et lut fait répéter avec lui le vioout (formule de confession dans
laquelle on s’avoue coupable de tous les crimes possibles, en implorant la miséri
corde du ciel). Puis, si le mourant a des ennemis, il lui conseille de !es appeler à
son chevet el de se réconcilier avec eux, ce que les Juifs ne refusent jamais do
faire. La mission du rabbin se borne là. Les personnes qui sc trouvent auprès du
malade récitent tout bas des psaumes jusqu’à ce qu’il ail rendu le dernier soupii
Si la famille du moribond est assez riche, elle paye des pauvres qui vont prier à
la synagegne pour sa guérison.
Les Israélites ont conservé des usages barbares touchant le deui et les cérémo
nies funèbres. Les fils sont obligés d’assister aux obsèques et à l'enterrement de
leurs purcns. Ils sont tenus de je,or la première pelletée de terre sur te cadavre, et
aussitôt que la fosse est comblée, on leur décime leurs vêletnens, qu'ils ne peu
vent plus quitter pendant une semaine.
Au retour du cimetière , ils trouvent une table dressée , autour de laquelle ils
doivent s’asseoir sur le carreau pour faire un repas funèbre en mémoire de celui
que lit David après la mort du fils qu'il avait tant jileuré pendant sa inaladiet
Cette triste collation achevée, les axklym (ceux qui portent le deuil) se rendent
dans la chambre même du défunt, où ours parons el amis les suivent et prient
avec eux |jour le trépassé. Pendant celle cérémonie, les avelym se tiennent assis
sur le carreau. Ils no se lèvent que [tour réciter eux-mêmes le eaijiche (prière
pour les morts). Celle réunion a lieu pendant sept jours consécutifs à la même
heure ; el, jusqu'à la fin de la semaine, les ax ei.yiu n'ont pas le droit do franchir
e se,til do la maison. Leurs journées se liassent dans un morne abattement, ils
n’ont pour toute distraction que les visites de condoléance qui viennent leur rap
peler Ici r malheur. On dirait que les Israélites s’étudient à jterpéluer les dëthire-
tnons causés par ces perles irréparables, qu’i!s cherchent à envenimer leurs bles
sures, qu'ils trouvent du plaisir dans les larmes. Il y a quelque i luise de sauvage
dans leur deuil, dans lentes leurs cérémonies l'ut.èb es. C est un reale de barbarie
que le préjugé tient debout, et que la civilisation doit tôt ou tard abolir. En géné
ral la douleur des Juifs est b: tiyanle comme les rites de leurs obsèques. L'esprit
de caste que développe en eux leur vie isolée se manifeste surtout devant un cer
cueil. Plus une communauté est restreinte , plus elle doit sentir vivement la perle
d’un de ses membres.
L’a\ el (singu.ior d'avelym) ne pont su raser pendant un mois, et doit porlcj
le deuil durant un an eu onze mois, selon le degré do parenté qui le liait au dé
lit t. Il lui est défendu de couper ses ongles pondant les premiers sept joues de
grande aflliclion. Les juifs de la Lombardie ont emprunté un inal à la langue al
lemande p ur désigner les anniversaires mortuaires, Jalirzeit. Le jour du Jalir-
zeit, les parens dit trépassé récitent un grandriombie de kaüicuym (prières pour
les morts), cl paient de nouveau, s'ils en ont les moyens, des pauvres afin qu’ils
prient pour lui.
Les Israélites prêtent une certaine créance aux songes. Salomon n dit quelque
pari ; hcalomotte ciiaou iedahéto (les songes ne vaille..t rien dire) ; mais il a
affirmé ailleurs quehcacomoit.; olécin ahcaii air ( es rêves enlrainenl une in
terprétalion). Les Juifs toril jouer ces deux ressorts a leur gré, de sorte q le quel
ques-uns se moquent des rêves, tandis que d'autres y attachent une grande impor
tance. Ainsi celui qui est partisan du second verset, et qui voit dans ses songes
un parent, fait immédiatement prier pour lui, considérant celte prétendue appari
tion comme une requête de cadicuym
Il existe encore chez les Jui s bon nombre de superstitions. Nous nous contente
rons de citer quelques exemples, car si nous voulions en énumérer la totalité, un
volume entier n’y suffirait pus. Lbgnayen akagn ( mauvais œil) est venu l'épou
vantail de ce peuple depuis le jour où BaLiuin, à qui Dieu avait défendu de mau
dire l’année israelile, se servit de l'admiration pour la perdre. Ma tauou oaluuca
iagnakauou, miciiekknoukiica ISRAËL (comme tes pavillons son beaux, ô Ja
cob I les lentes, ô Israëel !) s’écria le prophète païen, et lu victoire resta aux enne
mis des descendons Moise. Les Juifs ont imaginé un remède contre ce danger, et
cet andidote puissant n'est autre que lu rue. Quand un homme ou une femme sor
tent avec des vêlemens neufs, quand ils vont à une noce ou dans une réunion
quelconque, les grond’inè.es ont toujours soin de glisser une pfe.ile branche de
rose dans une de leurs poches.
Il est aussi un jour qui inspire autant d’effroi aux Israélites que le vendredi aux
marins. Ce jour, c'est le mercredi. Après leur diner. el avant lu bérauca (béné
diction du repas), ils récitent un psaume de Duv d , comme nous l’avons déjà fuit
observer ; chaque jour a son psaume particulier. Celui du mercredi commence par
ces mut» ’■ el nekawotte adonai (mon mai re est le Dieu des vengeances. Le
jour d el nekaiwotte , comme ils appellent le mercredi, ils ne commenceraient
aucun i chose importante, ne [lasseraient aucun marché et n'entreprendraient au
cun voyage sans une grande nécessité.
Les Israélites ont, eux aussi, des oraisons jaculatoires. Telles sont les bénédic
tions qu’ils adressent à Dieu toutes les fois qu’ils tout les ablutions qui précèJeul
ou suivent presque toutes les actions de leur vio. Ils aiment beaucoup à se ser
vir des expressions de la Bible. Si le tonnerre vient taire tressai.lir une
lemme, elle joint les mains, et, levant les yeux au ciel, elle s'écrie : baiiouauc
cubcuhco ouGOtiouiiADo ma lé GNOi.AJi (béni soit celui dont la force et la
puissance ont créé le inonde I ) Si l’éclair éblouit tes yeux d’un Juif, et que le
mot adonai (mon Dieu, mon maître ) échappe de scs lèvres, il ajoute immédia
tement : BABOUAHC CUÊM KÉVOTTE MALHCOUDO LÊ0NOLAM VAGNÈTTK ! (béni
soit le nom honorable qui révèle son empire éternel sur le monde t ) ; car pronon-
ver le nom de Dieu est un péché, et on espère obtenir son pardon en faisant sui-
crc de louanges ce nom redouté. Si un Juif rencontre un chien qu’il croit atteint
d’hydrophobie, il murmure tout bas :kèléou lo yagnanè iciik meisrafi ; ia-
Cc n’est pas seulement dans les synagogues que les Israéliles se rassemblent
pour prier. Ils ont des hc.ayouottk (confréries ) où ils vont écouter la traduction
que leur fait un rabbin de quelques passages, soit de l’ancien Testament, soit du
Talmud, et où ils récitent ensuite des prières.
Pour faire oraison en commun, les Juifs doivent se réunir au nombre de dix au
moins. Dix personnes rassemblées pour prier constituent ce qu’ils appellent un
MINIAN.
U existe encore parmi les Israélites des usages qui prouvent leur tendance à
l’idolAlrie ; telle est par exemple la béracha à la lévana (bénédiction à la lune).
Quand la nuit est claire, les Juifs se rassemblent au milieu d'une rue quelconque
do la juiverie, et adressent une série sans fin de bénédictions à la lune et à son
créateur. La formule de cette sorte d’hymne a peut-être été composée par les an
ciens rabbins dans le but d’éviter an peuple le pé"hé d'idolâtrie, tout en caressunl
sa propension à l'adoration des choses matérielles et merveilleuses.
Le même respect aveugle pour la tradition les porte encore à s'abstenir des mets
que l'ancien Testament n'avait défendus que dans un but tout hygiénique. La
lèjtre faisant des ravages terribles chez lo peuple hébreu au temps de Moise, le
grand législateur a prohibé la viande de porc ainsi que tous les alimens qui pou
vaient faire naître ou empirer cette affreuse mala lie. Aujourd'hui la lèpre ne me
nace jilus les Juifs, et ils observent toujours une loi qui ne tendait qu’à arrêter les
progrès de ce lléau. Urbino da MANTOVA.
Le pouvoir de la musique sacrée.
NOUVELLE RELIGIEUSE.
Dans une petite ville d’Allemagne, ville catholique, coin de terre béni
dit ciel, car le vent impie de la réforme orgueilleuse n’avait pas flétri son
sol fécond on bonnes œuvres, vivait ur.o famille retirée des affaires com
merciales et partageant son temps entre la prière, les saintes lectures el
l'exercice salutaire de la charité chrétienne. Quatre personnes formaient
la maison lîhim. Le chef do cotte famille, sa femme déjà sur le retour,
deux enfans : un (ils, Ludovic, âgé de 25 ans, et Amalia, plus jeunes de
six années.
Ludovic était un bon fils, remplissant ses devoirs dans une maison de
banque, avec intelligence et assiduité;maiscelte conduite, excellente sui
vant los hommes manquait do sanctification. Lo contact pernicieux de ses
comarades de collège avait presque attiédi la foi de Ludovic.
La table sainte, le jour de la communion pascale, n’avait été visitée
que par trois membres de la famille Bltirn ; Ludovic avait manqué à l’ap
pel annuel que l'Eglise fait doses enl'ans !... Cette absence plongea toute
la famille et surtout la bonne mère de Ludovic dans la plus profonde af
fliction... Mais ni les exhortations du curé, l’ami de la famille, ni les lar
mes d’une mère, ui le froid silence d’un père, ni enfin les douces paroles
d'une sœur hien-aimée, ne purent ébranler cette ame qui désertait le
giron de l’église pour se livrer aux spéculations mensongères de la phi
losophie.
A l'exemple de sainte Mot iquo, ce modèle des mères chrétiennes, ma
dame Bits m eut recours à la prière, espérant que Dieu voudrait bien faire
un miracle en faveur de cet autre Augustin.
Trois mois se passèrent ainsi sans qu’aucun changement se fît remar
quer dans la conduite de Ludovic ; — mais sa mère priait toujours ; et le
ciel, qui, parla voix du Rédempteur n dit aux hommes: Frappez, il
vaux sera ouvert, — Demandez, cl il vous sera accordé, — dirigea eniin
un rayon do sa grâce dans cette ame que les ombres épaisses du doute
avaient presque entièrement obscurcie.
Voici par quel concours do circonstances cette brebis égarée rentra dans
lo bercail. Le curé de la ville était un grand amateur de musique, mais
comprenant que cet art ne doit apporter dans le sanctuaire que les pré
mices los |tlus pures de son encens harmonieux, il avait organisé à ses
frais un chœur de voix choisies, et seul, sans aulro secours que ses pro
pres lumières et le don de ses économies personnelles, il avait trouvé le
moyen,dp n’avoir dans sa chapelle que des artistes purs de tout contact
avec le théâtre. Depuis les dernières fêtes do Pâques, l’installation de la
musique religieuse avait élé faite dans la paroisse et les fidèles voyaient
leur nombre augmenté par la foule des amateurs et des curieux.
C’était en 1778, Mozart brillait alors de l’éclat de son génie, et une der
nière composition religieuse de ce Raphaël de lu musique excitait surtout
l'admiration de tonte l'Allemagne catholique.
Cetto composition, c’est lo sublime Ave verum du maître do Salz-
bourg. Divine élévation de l’orne qui, après avoir été écrite par l’ar
tiste chrétien avec une plume dérobée à l’aile d’un archange, semble un
écho affaibli des chants qui retentissent aux pieds du trône du Saint des
santsl
Mozart était un fervent catliol qu i, et, il faut le proclamer à la gloire de
notre suinte religion, tous les n alites allemands qui se sont fait un nom
durable et vraiment grand dans leur art, ont eu le bonheur d’être catho-
iques comme lui et de bégayer les premiers sons de la langue musicale
si m s les vnfties d une basilique chrétienne. — Haydn, le précurseur de
Mozart, Beethoven, ainsi que C.arle-Maria de Weber, ces deux brillons
satellites de Mozart, étaient, ainsi que nous venons de le dire de ce der
nier, de purs et fervens enfans do l'Eglise catholique et romaine.
L’Are Verum fut donc étudié avec le plus grand soin par les chanteurs
du ciné; et le jour de la fêle du Très-Suini-Sacrement, on en fit la pre
mière exécution publique.
Blutn se rendit à l'église; et, celte fois, Amalia s’étant trouvée indispo
sée à l’heure des vêpres, ce fut Ludovic qui offrit sou bras à sa mère ma
lade (‘Ile-même, car son père était en voyage.
Ludovic écoula avec impatience l'allocution toute paternelle que le curé
adressa aux fidèles après les vêpres, et même il allait prétexter un rendez-
vous pour prendre congé de sa mere, lorsque l’orgue fit entendre la ri
tournelle du chef-d'œuvre de Mozart.
Le sor. de l'instrument sacré, ce son qui n’a rien d’humain, mais dont
le timbre varié rappelle toutes les émotions religieuses de son enfance au
chrétien le [tins endurci, arrêta Ludovic comme par la main ; et lorsque
les voix so mêlèrent aux voix multiples de l’orgue, Ludovic sentit son
cœur se gonfler, et bientôt, anéanti et succombant sous lo poids d’une
émotion qu il n’avait bien ressentie que le jour éloigné de su première
communion, le jeune homme fondit en larmes... Sa mère, en le voyant
dans celte sainte prédisposition, redoubla ses prières; et l'hymneauSaint-
Sacrement n'élait pas encore terminée, que déjà la grâce divine avait tou
ché le cœur du pécheur repentant.
Agenouillé et dans la plus profonde méditation, Ludovic no s’aperçut
pas que sa mère l'avait laissé tout entier au combat intérieur qui se livrait
dans son ame.... et même l'église devint bientôt déserte ... Ludovic,
qui voulait la quitter naguère avant tous les fidèles, y était demeuré lo
dernier!...
Lo curé en sortant do la sacristie pour se rendre au prosbylèro, aperçut
dans l’ombre une personne qu’il crut endormie. 11 s’approcha , reconnut
Ludovic cl lui dit :
— Que fuites-vous, mon fils, à cette place? l’heure du départ a.
sonné.
— Je vous attendais! répondit Ludovic en élevant sur le curé ses yeux
baignés de lurm «...—Veuillez m’entendre au saint tribunal.
Bientôt on vit sortir de l'église le curé et son nouveau pénitent; et ce
dernier accourant citez sa mère, se jeta à ses pieds en s’écriant :
— Pardonnez-moi tous les chagrins que j'ai causés à votre cœur reli
gieux! et...
—Bénissez l’enfant prodigue, ajouta le curé qui entrait dans ce moment
solennel....
Madame Blum, oppressée, ivre do joio, mêla ses larmes à celles de son
fils et du bon pasteur; dès ce moment et avec la grâce de D.eu un bon
heur inaltérable rentra dans celte pieuse famille.
Mozart, instruit de cette conversion, remercia Dieu du fond de son
cœur de l’en avoir rendu la cause indirecte ; ut il envoya au curé la col
lée,ion complète de ses œuvres sacrées, en le priant de continuer à lui pré
parer par elles une place dans le ciel, au milieu du chœur séraphique qui
chante sans cesse l'éternel et sublime /losunnu ! A. Riavabt.
i
Revue du Havre.
à SEMAINE DES ISRAÉMTES.
NUIS DE LA LOMBARDIE.
La docadonos^m em re se ni fêle toujours par la liccncedes mœurs et par l’i-
neflicacité des luis. La décadence d’une religion s'annonce par la discussion de scs
dogmes, par la non-observance de son culte extérieur, lin roi (pii sent son trône
chanceler n'a plus assez de force pour tenir les rênes do son gouvernement. Une reli
gion qui s'efface ne cède le lorrain que pied à pied. Voilà des faits positifs. Je n’en
tirea icuno conclusion, je me contente de les exposer. L’Israélite, plus occupé do son
commerce que du progrès, doit nécessairement rester fidèle à la religion de ses an
cêtres et en observer les rites avec exactitude. Cependant il est bon nombre de
.'jeunes esprits qui marchent avec leur siècle, qui l’étudient, et qui finiront par réa-
igir sur la masse de leurs coreligionnaires. C'est pourquoi nous croyons le moment
opportun pour donner une peinture détaillée desmœcrs israéliles de la Lombardie,
de ces mœurs rabbiniques qui existent encore en quelques parties de l’Italie, mais
qui ne tarderont pas à disparaître de l'Europe entière. Afin que notre esquisse soit
vraie et frappante, nous étudierons surtout les hommes qui ont été témoins des mer
veilles et des forfaits du commencement de notre siècle. Ceux-là ont la religion du
.passé, et sont restés à l’abri des atteintes de la civilisation.
Le septième jour de la semaine est consacré au repos par les Israélites. La ces
sation du travail commence le vendredi à la tombée de la nuit et linit le samedi à
la nuit close ; car, suivant la loi de Moïse, le jour est précédé cl non suivi par
la nuit. Celte manière du calculer les dates tire son origine des versets de lu Ge
nèse OÙ il est dit : VAI GNÉBUOlt, VAI IIOKL.lt. IOM EIICAT ( il lut le soir, il fut
l'aurore, un jour). Pour les Israélites, la Bible doit être traduite à la lettre. Ainsi
les psaumes et les prophètes leur ayant promis un sauveur puissant et riche, ils
ont. refusé de reconnaître le Messie attendu dans Jésus obscur et pauvre. Les tal-
inudisles tombent dans l’extrême opposé : ils veulent à toute force trouver prophé
ties et mystères à chaque ligne, à chaque lettre des saints livres.
Il existe une quantité de luis ( t défenses qui regardent spécialement le jour du
samedi et celui du Kipouk (grande expiation), considéré par les Israélites comme
le jour le plus sacré de toute l'année. Ici nous voulons seulement constater que
toutes les lois cl défenses applicables au samedi le sont aussi au Kicoim.
Le MÉYAGNAROU ÉCUF. JlÉUCOI. MOCIIÉVODÉIICÈM DÉ10M AC1IABATTE 1 ( VOUS
n’allumerez point de feu dans toutes vos habitations le jour du samedi 1 ) a dit Moïse
quand le peuple d’Israël habitait sous des tentes. Moïse avait certainement en vue de
ne pas exposer sans nécessité an danger de l'inceudio ce peuple apathique et sauva
ge, qui, une fois livré au repos légal du septième jour, se serait fort peu
soucié de la direction d'une étincelle. Les Israélites, entrés en possession de lu
terre do Clmnaan, n'ont pas discontinué d’obéir à cette défense relative, et les en-
fans et polis cn’ani ont, comme il arrive toujours, imité leurs ancêtres, car Moïse
n'était plus là pour rétracter sa prohibition. Les Juifs sont donc forcés, durant
l’hiver, d'avoir des domestiques ou des bonnes catholiques pour chauffer leurs ap
partenions; mais ils ne font pas faire de cuisine. Tous les mets qu’on doit man
ger le samedi sent préparés de la veille avant la nuit.
Moïse a en outre défendu à son peuple de travailler ou de faire travailler scs
esclaves ou ses bestiaux le septième jour de lu semaine. Les Israélitss ne taisant
aucune distinction outre le travail uiile et les distractions, se condamnent en ce
jour, suivant le code rabbinique, à une inaction complète, (le code, qui est bien
la chose la plus puérile du monde et qui a ch ingé la loi du Sinai en une tyrannie
insupportable (car on a eu la manie de le paiaphraser d’une manière étrange
de faire de chaque lettre alphabétique un article de loi, d'y appliquer la
science des nombres pour y trouver révélations et mystères), ce code, di
sens-nous, condamne les Israélites à rester prisonniers, pendant le jour con
sacré au repos, dans l’enceinte de la ville , oit ils résident . à moins cepen
dant qu’ils ne s’interdisent, comme équivalent, le passage d’une rue quelcon
que, qu’ils appellent alors gnirou (de geiii, ville, clou, ceci, cela, celui-ci,
celui-là c’e-t à dire, voilà la ville, la partie delà ville que nous ne devons pas
approcher) ; encore dans ce cas la I i rabbinique leur ordonne-t-elle, quand ils
ranchissent les portes de la ville ,de ne jamais perler sur eux lu moindre poids,
as mê ne un mo .choir de poche, ou du moins de s’en ceindre lu taille s’iis ne
peuvent s’en passer. Les observateurs fidèles de la loi de Moïse se garderaient
ien de voyager ou de se promener en voiture le samedi.Si les chevaux leur appar
tiennent, ainsi raisonnent-ils, il leur est dé fendu de les faire travailler : s ils u’onl
pas de piipage à eux, il faut en louer un, le payer, ce qui leur est aussi défendu ;
et comme une fois le prix de louage soldé, la propriété est transmise memenia-
nément à l’afertncur. ils croient retomber dans le premier cas : en conséquence
iis ne se promènent qu'à pied cl ne s’éloignent que fort peu de la ville, car une
course trop prolongée prendrait le caractère d'un voyage.
Le vendre li, une heur- avant la nuit, le grand rabbin, suivi du ciiamaciie de
caao (huissier ou sacristain de la communauté), fait sa tournée dans toute la
juiverie, en invitant les israéliles à fermer leurs boutiques, pendant qu'un autre
ciiamaciie crie dans les rues : Qui vient a Miniica ! (prière qui répond à nos
vêpres, et qui tient lieu du second sacrifice qu’on faisait dans le temple de Jéru
salem, car les trois sacrifices journaliers ont été convertis, depuis la destruction
du temple, en trois prières qu’on récite le malin, à midi ci à la nuit tombante.)
Personne ne répond à l’invitation du crieur, ou du moins les fidèles sont en fort
petit nombre, et. le iic.a-zan (chantre) récite la seconde prière du jour en tête à tête
avec quelques vieillards oisifs. La masse s’amuse alors à faire disparaître les mon
tres, les étalages, à fermer les magasins et les boutiques, à s’habiller pour se
rendre à 11 synagogue.
Le temple des Israéliles est une vaste salle, souvent surmenée d'un dôme, ou
toute image, toute peinture, est proscrite, et OÙ plusieurs rangs de bancs paral
lèles aux murs latéraux laissent un passage libre qui conduit à l'arche sainte, es
pèco d’armoire dorée, sculptée et ornée de eolonnetlcs do marbre, au fond de la
quelle on dépose l’interminable parchemin roulé sur deux cylindres de bois, sur
lequel est écrit l’Ancien-Testament,.par le soriiEiutu (écrivain), dont l’écriture
doit êlre plus belle et plus parfaite que l’imprimé (1). En face de l’arche se trouve,
soit adossé au mur, soit au milieu du temple, un autel, sur lequel on lit la Bible à
la prière du matin.
Aussitôt que les Israélites sont assis sur leurs bancs pour réciter leur magna-
iiéou (Iroisème prière .de la journée), le hcazan se rend devant un pupitre situé
en face de l’autel et entonne le BAiiouno ou (qu’il soit béni), commencement de
la prière du soir. Le hcazan allait jadis chanter devant l’nulel en habit de 'ille.
le tai.ed (espèce iLéeharpc de laine blanche) autour du cou, ou sur la rôt o dans
certains momens solennels. Aujourd'hui le hcazan porte une espèce d'uniforme,
une loge de couleur violette descendant jusqu'aux pieds, et un bonnet carié de la
même couleur.
Après avoir écouté la lecture de la prière du soir, l’Israélite se rend chez lui,
où le souper l'attend. En mettant le pied sur le seuil de sa maison, il portes» main
droite au montant de la porte, à hauteur d’hommo, à l’endroit où l’on voit reluire
un morceau de verre, et il baise ensuite les doigts qui l'ont touché. Ce verre est la
mizouza, qu’on place à toutes les portes peur écarter les mauvais esprits.C’est un
parchemin sur lequel on écrit les commundomens de la lui et aulres versets de la
Bible, ot «, u on roule étroitement pour le faire pénétrer dans un tuyau de verre
qui doit le conserver intact.
Entré dans la salle à manger, le descendant d’Abraham se promène de long en
large en chantant une longue prière, une espèce d'hymne et d’invocation adressée
en même temps aux anges et à la Divinité. Puis il s'assied à table en lêie de sa :a-
rnille, fait pisser inévitablement un coin de sa serviette dans sa cravate pour ga
rantir son gilet, et, prenant la bouteille de vin d'une main, il récite le kidouchu
(de K a dogue saint, sanctification du reps), et verse dans tous les verres un
doigt de vin qu’un boit en disant : Béni sois-tu, mon mailre notre Dieu, roi du
monde, qui fait naître le pain de la terre.
Au-dessus de la table au leur de laquelle la famille soupe, une lampe à huit ou
dix becs est suspendue au plafond. C’est la lampe du chah au te ; la maîtresse de
la maison l’allume avant la nuit en récitant des prières, et la laisse brûler jusqu'à
ce que toute l’huile qu'elle contient soit consumée ; car si la loi a dé endu d’allu
mer le leu, les rabbins ont délëndu aussi de l’eteindre, sauf pourtant le cas d’iu-
cendie.
Le repas achevé, toule la famille chante un psaume de David, puis la bérauca
(bénédiction.)
Le samedi do bonpe heure l'Israélite se rend à la synagogue pour dire la té-
phila (oraison ou prière du malin); alors il ouvre le tiroir de son banc et en lire
,c 'alet fit les TÉruiLYM (longues courroies de cuir qui servent à attacher sur le
, nl et sur le bras gauche, à I endroit où i 1 repaso sur le cœur, une sorte de petit
«•'«peau q t . cuir renfermant un parchemin sur lequel sont écrits les commande
ment; du la loi et autres versets de la Bible), s’élant adapté ces lanières , il récite
rnnriiÀn?T i ,ls( l"’»R moment où le ciiamaciie (sacrisla n) commence à mettre à
iininue tes mizxotte (bennes œuvres). C’est d’abord le droit de perler lu Bible
, i ,o ®i JllS( l"’à l’autel, puis le droit d êire appelé par le hcazan à suivre la
.. un, .0 . i'. ilp ,ro s'ir les marches de l’autel, ce qui se nomme êlre appelé à se-
m '.|5 :i1 toha, livre de la loi). On achète à tout prix ce droit quand
l-a semm-m m?'"" 1 ! 1 vient de perdre un patent, ou quand on a fait dans
om Mn LTfli, « I VI ' Dans ce dernier cas on dit qu’on fait ataayat uca-
îèved?0’m-tr mu de soin*’ ^ lm,ld la Bible ost placée sur le pupille, le hcazan
iis l -, ,) • ■ ' V uÀw l|lM lil recouvre, les bandes brodées qui l eminailloiient,
1 a déploie, I élève aii-q^^,, ga (6l0) el la montre au peuple eu disant !
(I) On ne saurait se faire u ne ija,. i., ,i;ir„.,,ii,t
à écrire un selcunit tou (livre, un j-, , • fl „
moindre , H0 loi). La moindre
y a pour un sopueiuie
rature lui est interdite, lu
.n; e auto entraîne nécessairememt le changement de a feuille de,arcbe-
ns i lmê m/d' 1 ’ : JanS j:i U n Kue üù de [X *'«"es remplacent les voyelles.
î5q U e Su hcTzInmZX1èS Ue 1,11 Perceptible, indiquent les notes de la
nffi f’avTmUura*do » i&« - tromper fort souvent. Il a ce-
moindre faute
min
dans
musique
FnSSEEif- *mots
bien souvent te soriiijiuii ne reçoit pou* cela qm» vingt
eent quarante francs.
quin environ deux
Voilà la loi que M fisc a mise devant les entons d'Israël; la loi de l’Elernel est par
faite. Alors il appelle celui qui a acheté le droit d’aller à sépiikh, lit un chapitre,
ainsi de suite jusqu’à ce qu’il ait achevé la barêcua (légende) fixée pour ce
jour-la. Le produit de la vente des mizvotte , qu’on voit monter quel
quefois à des prix énormes, sert à l’entretien du temple. On a si souvent
expulsé les Juifs de la Lombardie pendant le moyen Age, en ne leur laissant
qu’un écit par tête malgré les immenses capitaux qu’ils possédaient dans le pays,
qu’ils n’ont pu jusqu’à ee jour assigner aucune rente fixe à leurs temples, l.a lec
ture de lu Bible finie, le hcazan replace le livre saint dans l’arche, la ferme en
disant : « Béni soit l’Eternel qui nous a donné la loi ! » et les coanym (prêtres) (1)
dannent la bénédiction au peuple sur l'estrade de l’arche, le visage couvert du
talet, et tournés vers le levant.
La prière du malin est alors finie.
L’Israélite va déjeuner citez lui ou chez un parent, puis il rend visite à quel
ques amis jusqu'à l’heure de la seconde prière, pendant laquelle, le samedi seu
lement, on tire de nouveau la Bible de l’arche pour la lire et la remettre à sa
place avec es mêmes cérémonies ; il recommence ensuite ses visites pour attendre
l'heure du dîner. Le samedi est un jottrde gala peur les Israélites. Tout le inonde
reçoit, toutes lés maisons sout encombrées de visiteurs. La conversation ne roule
jamais que sur des choses extrêmement triviales. On cause cuisine, on
raconte les événements qui se sont passés à la synagogue , et on médit
impitoyablement de son semblable. — Un t I donne à diner; il y aura telle ou
telle chose. — Ceci est bon, cela est mauvais. — Je n'aiine pas l'oie, j’aime le
dindon. — Un tel a acheté telle mizva ( bonne œuvre ) et l’a payée tant. — Le
hcazan a manqué tomber avec le sepiieh tora (livre de la loi ) sur J’épaule. —
Adonai ! (mon Dieu !) quel malheur t — C'est un avertissement du ciel ! — Il y
a tant de gnayonotte (pèches) ! — Un tel se permet telle chose. — Un tel va en
voilure le chabatte... Quand ils en sont sur le chapitre de 1a médisance, ils n’en
finissent plus. J'entends toujours parler de mon type sexagénaire. J’ai déjà fait
observer que les mœurs que je peins n’existeront bientôt plus.
Vers la brune, l’Israélite se rend de nouveau au temple ; il chante en chœur un
psaume de David, récite en hôte la prière du seir et retourne ensuite à ses affai
res après avoir fait aouuai.a chez lui.
Voici ee que l’on nomme faire aouuai.a.
A peine le chef de 1a maison est-il entré au salon à son retour du temple , que
tous les membres de la famille s’empressent autour de lui. L’uu tient en main un
grand cierge allumé, l’autre un vase d’argent plein de Heurs, un troisième lui pré
sente sur un plut d’argent une fiole de vin. Le nouveau venu prend la torche
d’une main, la fiole de l'autre, et récite une prière en hébreu.
A certains mets, tous les assistons exposent leur poing droit à la clarté de la
torche et regardent d’abord leurs ongles sur lesquels la lumière tombe en plein,
puis le creux de leur main, où elle ne jiénètre pas, afin de se souvenir du paradis
el de l'enfer. A un autre passage le vase de Meurs circule dans toute l'assemblée
qui en respire l’odeur à plusieurs reprises. Enfin le célébrant bail une gorgée de
v in, épanche le reste du cenlemi de la fiole sur le carreau, en ayant soin de for
mer avec le liquide une chine (lettre initiale du nom de Dieu en hébreux), et
éteint ensuite le cierge en recommand int à sa famille do ne pas marcher sur le
vin, ce qui serait profaner le nom du Créateur.
Alors seulement le chabatte est fini.
Depuis la destruction du le.nple île Jérusalem, ou pour mieux dire depuis que
les catholiques se découvrent dans les églises, les Israélites se sont fait une loi de
se couvrir dans leurs temples. L'intention l'ait tout; ils témoignent à D:eu leur
respect en gardant leur chapeau comme nous en ôtant le nôtre. Or, les rabbins
ont alors raisonné ainsi : Dieu est partout, par conséquent on ne peut se découvrir
nulle part sans offenser le ciel; nous défendons donc à tout bon israélite de faire
plus de quatre pas la tôle découverte. Q te la chaleur soit étouffante, que la sueur
ruisselle sur le front d’un J :if, il est forcé de garder son chapeau sur sa tôle ou
d’encourir les malédictions fulminées par les saints livres centre tous ceux qui
transgressent la, loi, aiiouii! arouh ! (maudit! maudit!). Ces mots sont l'enfer
de la Bible. Les graves transgressions no saut punies quTci-bas par des chAtimens
emportent, presque toujours par la peine du talion ; les péchés véniels appollen
l'anathème sur le coupable. Le peuple d'Israël n’a jamais vu au-delà de l'hurizont
de la vie qu’une patrie, séjour do bonheur où il irait r.tjoi idre ses ancêtres. Le,
mot gui m n ah n’a signifié enfer qif après la rédaction du Talmud. Dans l'Egypte,
dans le désert, dms la Terre-Promise, les Israélites étaient trop peu civilisés
dour concevoir une justice au delà du tombeau. L t masse ne pouvait avoir aucune
notion du sens de lu parole nechama (Ame) ; toute abstraction est incompatible
avec l'extrême ignorance, et le peuple d'Israël était de tous les peuples de son épn-
que le moins civilisé. D'ailleurs Moisc tendait trop à faire de la vie une chose po
sitive pour que ses sujels pussent l’idéaliser. Aujourd'hui l’Israélite qui suit un
convoi funèbre, ainsi que la Juive qui le voit passer sous sa croisséo, murmure :
Que de lions malahcim (anges) le rencontrent ! Que de bons malaucim te reçoi
vent dans leurs bras. Aujourd'hui seulement ils souhaitent le gan-gneden (pa
radis) aux inourhns, et parlent de l'enfer coma e dans une vie à venir.
Quand le médecin prononce l'arrêt de mort d’un Israélite, le rabbin se rend au
près du malade et lut fait répéter avec lui le vioout (formule de confession dans
laquelle on s’avoue coupable de tous les crimes possibles, en implorant la miséri
corde du ciel). Puis, si le mourant a des ennemis, il lui conseille de !es appeler à
son chevet el de se réconcilier avec eux, ce que les Juifs ne refusent jamais do
faire. La mission du rabbin se borne là. Les personnes qui sc trouvent auprès du
malade récitent tout bas des psaumes jusqu’à ce qu’il ail rendu le dernier soupii
Si la famille du moribond est assez riche, elle paye des pauvres qui vont prier à
la synagegne pour sa guérison.
Les Israélites ont conservé des usages barbares touchant le deui et les cérémo
nies funèbres. Les fils sont obligés d’assister aux obsèques et à l'enterrement de
leurs purcns. Ils sont tenus de je,or la première pelletée de terre sur te cadavre, et
aussitôt que la fosse est comblée, on leur décime leurs vêletnens, qu'ils ne peu
vent plus quitter pendant une semaine.
Au retour du cimetière , ils trouvent une table dressée , autour de laquelle ils
doivent s’asseoir sur le carreau pour faire un repas funèbre en mémoire de celui
que lit David après la mort du fils qu'il avait tant jileuré pendant sa inaladiet
Cette triste collation achevée, les axklym (ceux qui portent le deuil) se rendent
dans la chambre même du défunt, où ours parons el amis les suivent et prient
avec eux |jour le trépassé. Pendant celle cérémonie, les avelym se tiennent assis
sur le carreau. Ils no se lèvent que [tour réciter eux-mêmes le eaijiche (prière
pour les morts). Celle réunion a lieu pendant sept jours consécutifs à la même
heure ; el, jusqu'à la fin de la semaine, les ax ei.yiu n'ont pas le droit do franchir
e se,til do la maison. Leurs journées se liassent dans un morne abattement, ils
n’ont pour toute distraction que les visites de condoléance qui viennent leur rap
peler Ici r malheur. On dirait que les Israélites s’étudient à jterpéluer les dëthire-
tnons causés par ces perles irréparables, qu’i!s cherchent à envenimer leurs bles
sures, qu'ils trouvent du plaisir dans les larmes. Il y a quelque i luise de sauvage
dans leur deuil, dans lentes leurs cérémonies l'ut.èb es. C est un reale de barbarie
que le préjugé tient debout, et que la civilisation doit tôt ou tard abolir. En géné
ral la douleur des Juifs est b: tiyanle comme les rites de leurs obsèques. L'esprit
de caste que développe en eux leur vie isolée se manifeste surtout devant un cer
cueil. Plus une communauté est restreinte , plus elle doit sentir vivement la perle
d’un de ses membres.
L’a\ el (singu.ior d'avelym) ne pont su raser pendant un mois, et doit porlcj
le deuil durant un an eu onze mois, selon le degré do parenté qui le liait au dé
lit t. Il lui est défendu de couper ses ongles pondant les premiers sept joues de
grande aflliclion. Les juifs de la Lombardie ont emprunté un inal à la langue al
lemande p ur désigner les anniversaires mortuaires, Jalirzeit. Le jour du Jalir-
zeit, les parens dit trépassé récitent un grandriombie de kaüicuym (prières pour
les morts), cl paient de nouveau, s'ils en ont les moyens, des pauvres afin qu’ils
prient pour lui.
Les Israélites prêtent une certaine créance aux songes. Salomon n dit quelque
pari ; hcalomotte ciiaou iedahéto (les songes ne vaille..t rien dire) ; mais il a
affirmé ailleurs quehcacomoit.; olécin ahcaii air ( es rêves enlrainenl une in
terprétalion). Les Juifs toril jouer ces deux ressorts a leur gré, de sorte q le quel
ques-uns se moquent des rêves, tandis que d'autres y attachent une grande impor
tance. Ainsi celui qui est partisan du second verset, et qui voit dans ses songes
un parent, fait immédiatement prier pour lui, considérant celte prétendue appari
tion comme une requête de cadicuym
Il existe encore chez les Jui s bon nombre de superstitions. Nous nous contente
rons de citer quelques exemples, car si nous voulions en énumérer la totalité, un
volume entier n’y suffirait pus. Lbgnayen akagn ( mauvais œil) est venu l'épou
vantail de ce peuple depuis le jour où BaLiuin, à qui Dieu avait défendu de mau
dire l’année israelile, se servit de l'admiration pour la perdre. Ma tauou oaluuca
iagnakauou, miciiekknoukiica ISRAËL (comme tes pavillons son beaux, ô Ja
cob I les lentes, ô Israëel !) s’écria le prophète païen, et lu victoire resta aux enne
mis des descendons Moise. Les Juifs ont imaginé un remède contre ce danger, et
cet andidote puissant n'est autre que lu rue. Quand un homme ou une femme sor
tent avec des vêlemens neufs, quand ils vont à une noce ou dans une réunion
quelconque, les grond’inè.es ont toujours soin de glisser une pfe.ile branche de
rose dans une de leurs poches.
Il est aussi un jour qui inspire autant d’effroi aux Israélites que le vendredi aux
marins. Ce jour, c'est le mercredi. Après leur diner. el avant lu bérauca (béné
diction du repas), ils récitent un psaume de Duv d , comme nous l’avons déjà fuit
observer ; chaque jour a son psaume particulier. Celui du mercredi commence par
ces mut» ’■ el nekawotte adonai (mon mai re est le Dieu des vengeances. Le
jour d el nekaiwotte , comme ils appellent le mercredi, ils ne commenceraient
aucun i chose importante, ne [lasseraient aucun marché et n'entreprendraient au
cun voyage sans une grande nécessité.
Les Israélites ont, eux aussi, des oraisons jaculatoires. Telles sont les bénédic
tions qu’ils adressent à Dieu toutes les fois qu’ils tout les ablutions qui précèJeul
ou suivent presque toutes les actions de leur vio. Ils aiment beaucoup à se ser
vir des expressions de la Bible. Si le tonnerre vient taire tressai.lir une
lemme, elle joint les mains, et, levant les yeux au ciel, elle s'écrie : baiiouauc
cubcuhco ouGOtiouiiADo ma lé GNOi.AJi (béni soit celui dont la force et la
puissance ont créé le inonde I ) Si l’éclair éblouit tes yeux d’un Juif, et que le
mot adonai (mon Dieu, mon maître ) échappe de scs lèvres, il ajoute immédia
tement : BABOUAHC CUÊM KÉVOTTE MALHCOUDO LÊ0NOLAM VAGNÈTTK ! (béni
soit le nom honorable qui révèle son empire éternel sur le monde t ) ; car pronon-
ver le nom de Dieu est un péché, et on espère obtenir son pardon en faisant sui-
crc de louanges ce nom redouté. Si un Juif rencontre un chien qu’il croit atteint
d’hydrophobie, il murmure tout bas :kèléou lo yagnanè iciik meisrafi ; ia-
Cc n’est pas seulement dans les synagogues que les Israéliles se rassemblent
pour prier. Ils ont des hc.ayouottk (confréries ) où ils vont écouter la traduction
que leur fait un rabbin de quelques passages, soit de l’ancien Testament, soit du
Talmud, et où ils récitent ensuite des prières.
Pour faire oraison en commun, les Juifs doivent se réunir au nombre de dix au
moins. Dix personnes rassemblées pour prier constituent ce qu’ils appellent un
MINIAN.
U existe encore parmi les Israélites des usages qui prouvent leur tendance à
l’idolAlrie ; telle est par exemple la béracha à la lévana (bénédiction à la lune).
Quand la nuit est claire, les Juifs se rassemblent au milieu d'une rue quelconque
do la juiverie, et adressent une série sans fin de bénédictions à la lune et à son
créateur. La formule de cette sorte d’hymne a peut-être été composée par les an
ciens rabbins dans le but d’éviter an peuple le pé"hé d'idolâtrie, tout en caressunl
sa propension à l'adoration des choses matérielles et merveilleuses.
Le même respect aveugle pour la tradition les porte encore à s'abstenir des mets
que l'ancien Testament n'avait défendus que dans un but tout hygiénique. La
lèjtre faisant des ravages terribles chez lo peuple hébreu au temps de Moise, le
grand législateur a prohibé la viande de porc ainsi que tous les alimens qui pou
vaient faire naître ou empirer cette affreuse mala lie. Aujourd'hui la lèpre ne me
nace jilus les Juifs, et ils observent toujours une loi qui ne tendait qu’à arrêter les
progrès de ce lléau. Urbino da MANTOVA.
Le pouvoir de la musique sacrée.
NOUVELLE RELIGIEUSE.
Dans une petite ville d’Allemagne, ville catholique, coin de terre béni
dit ciel, car le vent impie de la réforme orgueilleuse n’avait pas flétri son
sol fécond on bonnes œuvres, vivait ur.o famille retirée des affaires com
merciales et partageant son temps entre la prière, les saintes lectures el
l'exercice salutaire de la charité chrétienne. Quatre personnes formaient
la maison lîhim. Le chef do cotte famille, sa femme déjà sur le retour,
deux enfans : un (ils, Ludovic, âgé de 25 ans, et Amalia, plus jeunes de
six années.
Ludovic était un bon fils, remplissant ses devoirs dans une maison de
banque, avec intelligence et assiduité;maiscelte conduite, excellente sui
vant los hommes manquait do sanctification. Lo contact pernicieux de ses
comarades de collège avait presque attiédi la foi de Ludovic.
La table sainte, le jour de la communion pascale, n’avait été visitée
que par trois membres de la famille Bltirn ; Ludovic avait manqué à l’ap
pel annuel que l'Eglise fait doses enl'ans !... Cette absence plongea toute
la famille et surtout la bonne mère de Ludovic dans la plus profonde af
fliction... Mais ni les exhortations du curé, l’ami de la famille, ni les lar
mes d’une mère, ui le froid silence d’un père, ni enfin les douces paroles
d'une sœur hien-aimée, ne purent ébranler cette ame qui désertait le
giron de l’église pour se livrer aux spéculations mensongères de la phi
losophie.
A l'exemple de sainte Mot iquo, ce modèle des mères chrétiennes, ma
dame Bits m eut recours à la prière, espérant que Dieu voudrait bien faire
un miracle en faveur de cet autre Augustin.
Trois mois se passèrent ainsi sans qu’aucun changement se fît remar
quer dans la conduite de Ludovic ; — mais sa mère priait toujours ; et le
ciel, qui, parla voix du Rédempteur n dit aux hommes: Frappez, il
vaux sera ouvert, — Demandez, cl il vous sera accordé, — dirigea eniin
un rayon do sa grâce dans cette ame que les ombres épaisses du doute
avaient presque entièrement obscurcie.
Voici par quel concours do circonstances cette brebis égarée rentra dans
lo bercail. Le curé de la ville était un grand amateur de musique, mais
comprenant que cet art ne doit apporter dans le sanctuaire que les pré
mices los |tlus pures de son encens harmonieux, il avait organisé à ses
frais un chœur de voix choisies, et seul, sans aulro secours que ses pro
pres lumières et le don de ses économies personnelles, il avait trouvé le
moyen,dp n’avoir dans sa chapelle que des artistes purs de tout contact
avec le théâtre. Depuis les dernières fêtes do Pâques, l’installation de la
musique religieuse avait élé faite dans la paroisse et les fidèles voyaient
leur nombre augmenté par la foule des amateurs et des curieux.
C’était en 1778, Mozart brillait alors de l’éclat de son génie, et une der
nière composition religieuse de ce Raphaël de lu musique excitait surtout
l'admiration de tonte l'Allemagne catholique.
Cetto composition, c’est lo sublime Ave verum du maître do Salz-
bourg. Divine élévation de l’orne qui, après avoir été écrite par l’ar
tiste chrétien avec une plume dérobée à l’aile d’un archange, semble un
écho affaibli des chants qui retentissent aux pieds du trône du Saint des
santsl
Mozart était un fervent catliol qu i, et, il faut le proclamer à la gloire de
notre suinte religion, tous les n alites allemands qui se sont fait un nom
durable et vraiment grand dans leur art, ont eu le bonheur d’être catho-
iques comme lui et de bégayer les premiers sons de la langue musicale
si m s les vnfties d une basilique chrétienne. — Haydn, le précurseur de
Mozart, Beethoven, ainsi que C.arle-Maria de Weber, ces deux brillons
satellites de Mozart, étaient, ainsi que nous venons de le dire de ce der
nier, de purs et fervens enfans do l'Eglise catholique et romaine.
L’Are Verum fut donc étudié avec le plus grand soin par les chanteurs
du ciné; et le jour de la fêle du Très-Suini-Sacrement, on en fit la pre
mière exécution publique.
Blutn se rendit à l'église; et, celte fois, Amalia s’étant trouvée indispo
sée à l’heure des vêpres, ce fut Ludovic qui offrit sou bras à sa mère ma
lade (‘Ile-même, car son père était en voyage.
Ludovic écoula avec impatience l'allocution toute paternelle que le curé
adressa aux fidèles après les vêpres, et même il allait prétexter un rendez-
vous pour prendre congé de sa mere, lorsque l’orgue fit entendre la ri
tournelle du chef-d'œuvre de Mozart.
Le sor. de l'instrument sacré, ce son qui n’a rien d’humain, mais dont
le timbre varié rappelle toutes les émotions religieuses de son enfance au
chrétien le [tins endurci, arrêta Ludovic comme par la main ; et lorsque
les voix so mêlèrent aux voix multiples de l’orgue, Ludovic sentit son
cœur se gonfler, et bientôt, anéanti et succombant sous lo poids d’une
émotion qu il n’avait bien ressentie que le jour éloigné de su première
communion, le jeune homme fondit en larmes... Sa mère, en le voyant
dans celte sainte prédisposition, redoubla ses prières; et l'hymneauSaint-
Sacrement n'élait pas encore terminée, que déjà la grâce divine avait tou
ché le cœur du pécheur repentant.
Agenouillé et dans la plus profonde méditation, Ludovic no s’aperçut
pas que sa mère l'avait laissé tout entier au combat intérieur qui se livrait
dans son ame.... et même l'église devint bientôt déserte ... Ludovic,
qui voulait la quitter naguère avant tous les fidèles, y était demeuré lo
dernier!...
Lo curé en sortant do la sacristie pour se rendre au prosbylèro, aperçut
dans l’ombre une personne qu’il crut endormie. 11 s’approcha , reconnut
Ludovic cl lui dit :
— Que fuites-vous, mon fils, à cette place? l’heure du départ a.
sonné.
— Je vous attendais! répondit Ludovic en élevant sur le curé ses yeux
baignés de lurm «...—Veuillez m’entendre au saint tribunal.
Bientôt on vit sortir de l'église le curé et son nouveau pénitent; et ce
dernier accourant citez sa mère, se jeta à ses pieds en s’écriant :
— Pardonnez-moi tous les chagrins que j'ai causés à votre cœur reli
gieux! et...
—Bénissez l’enfant prodigue, ajouta le curé qui entrait dans ce moment
solennel....
Madame Blum, oppressée, ivre do joio, mêla ses larmes à celles de son
fils et du bon pasteur; dès ce moment et avec la grâce de D.eu un bon
heur inaltérable rentra dans celte pieuse famille.
Mozart, instruit de cette conversion, remercia Dieu du fond de son
cœur de l’en avoir rendu la cause indirecte ; ut il envoya au curé la col
lée,ion complète de ses œuvres sacrées, en le priant de continuer à lui pré
parer par elles une place dans le ciel, au milieu du chœur séraphique qui
chante sans cesse l'éternel et sublime /losunnu ! A. Riavabt.
i
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