426
ESSAI D'ASSISTANCE MUTUELLE DANS UN CANTON
RURAL
Par M. PIERRE LE VERDIER, Avocat à la Cour d'appel de Rouen,
Président de la Société de Secours mutuels du canton de Longueville (S.-Inf.)
«
On a dit avec raison : « Dans les campagnes, l'assistance aux vieil-
lards est nulle ou peu s'en faut (1). » Leur sort est en effet lamen-
table.
Le nombre des ouvriers ruraux, qui ont leurs vieux jours plus ou
moins assurés, est infiniment petit. Ce n'est pas d'ailleurs que l'épar-
gne soit impossible à cette catégorie de travailleurs : j'ai connu nombre
de ménages d'ouvriers ruraux ayant élevé six, huit enfants, les ayant
tous établis et achevant leur vie à l'abri du besoin; tout leur secret
consistait dans leurs habitudes laborieuses, leur économie, leur con-
duite régulière. Malheureusement c'est là l'exception ; l'immense ma-
jorité a vécu dans l'imprévoyance, grassement quand il y avait de
l'argent, péniblement quand il n'y en avait plus, visitant d'ailleurs
avant tout, et sans y jamais manquer, le cabaret ou le débitant.
Les enfants sont à leur tour chargés de famille, et, à la campagne,
ne font rien ou presque rien pour leurs parents indigents; ceux même
qui le pourraient leur viennent difficilement en aide, et j'ai observé
d'ailleurs que le vieillard réclame rarement le secours de ses enfants,
il se borne à gémir de leur oubli.
Les bureaux de bienfaisance allouent, suivant leurs ressources,
quelques kilogrammes de pain, parfois un peu de viande, du bois
dans les froids exceptionnels. Mais c'est insuffisant, et je ne parle ni
du logement, ni du vêtement. Malade ou infirme, le vieillard est sou-
vent abandonné seul dans un réduit; valide, il s'en va mendier son
sou de porte en porte.
On peut dire qu'à la campagne, le plus souvent, c'est la charité
privée qui empêche le vieillard indigent de mourir de froid ou de
faim.
Contre la maladie ou la vieillesse, il y a deux systèmes de défense :
l'assistance publique ou l'initiative individuelle.
(1) Assistance aux vieillards ou infirmes privés de ressources, rapport par
M. Strauss (p. 4).
ESSAI D'ASSISTANCE MUTUELLE DANS UN CANTON
RURAL
Par M. PIERRE LE VERDIER, Avocat à la Cour d'appel de Rouen,
Président de la Société de Secours mutuels du canton de Longueville (S.-Inf.)
«
On a dit avec raison : « Dans les campagnes, l'assistance aux vieil-
lards est nulle ou peu s'en faut (1). » Leur sort est en effet lamen-
table.
Le nombre des ouvriers ruraux, qui ont leurs vieux jours plus ou
moins assurés, est infiniment petit. Ce n'est pas d'ailleurs que l'épar-
gne soit impossible à cette catégorie de travailleurs : j'ai connu nombre
de ménages d'ouvriers ruraux ayant élevé six, huit enfants, les ayant
tous établis et achevant leur vie à l'abri du besoin; tout leur secret
consistait dans leurs habitudes laborieuses, leur économie, leur con-
duite régulière. Malheureusement c'est là l'exception ; l'immense ma-
jorité a vécu dans l'imprévoyance, grassement quand il y avait de
l'argent, péniblement quand il n'y en avait plus, visitant d'ailleurs
avant tout, et sans y jamais manquer, le cabaret ou le débitant.
Les enfants sont à leur tour chargés de famille, et, à la campagne,
ne font rien ou presque rien pour leurs parents indigents; ceux même
qui le pourraient leur viennent difficilement en aide, et j'ai observé
d'ailleurs que le vieillard réclame rarement le secours de ses enfants,
il se borne à gémir de leur oubli.
Les bureaux de bienfaisance allouent, suivant leurs ressources,
quelques kilogrammes de pain, parfois un peu de viande, du bois
dans les froids exceptionnels. Mais c'est insuffisant, et je ne parle ni
du logement, ni du vêtement. Malade ou infirme, le vieillard est sou-
vent abandonné seul dans un réduit; valide, il s'en va mendier son
sou de porte en porte.
On peut dire qu'à la campagne, le plus souvent, c'est la charité
privée qui empêche le vieillard indigent de mourir de froid ou de
faim.
Contre la maladie ou la vieillesse, il y a deux systèmes de défense :
l'assistance publique ou l'initiative individuelle.
(1) Assistance aux vieillards ou infirmes privés de ressources, rapport par
M. Strauss (p. 4).
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.93%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.93%.
- Sujets similaires
- Collections numériques similaires Livres sur Le Havre Livres sur Le Havre /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BmLHav019"M. Félix Faure président de la République française /ark:/12148/bd6t542578099.highres Picturesque tour of the Seine from Paris to the sea, with particulars historical and descriptive, by M. Sauvan. Illustrated with twenty four highly finished and coloured engravings by A. Pugin and J. Gendall. Accompanied by a map /ark:/12148/bd6t54257803t.highres
- Auteurs similaires
-
-
Page
chiffre de pagination vue 464/500
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6581200m/f464.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6581200m/f464.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6581200m/f464.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6581200m
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6581200m