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qu'il y aurait intérêt à moins interrompre la discussion, et à ne
prendre la parole qu'à la tribune.
M. LE Dr BRUNON. — Je n'aurai qu'un mot à dire pour répondre à
une question que vient de poser l'honorable orateur qui m'a précédé.
M. Lefèvre nous a demandé comment nous pourrions faire la preuve
qu'un grand nombre d'ouvriers pourraient entrer dans les Sociétés de
secours mutuels. J'ai eu l'occasion de faire une enquête assez sérieuse
dans un grand nombre d'établissements industriels de Rouen et des
environs. Voici ce qu'il en est résulté. Vous demandez combien il y
a de personnes employées dans un de ces établissements industriels.
Il y en a cent cinquante ou deux cents. Or, sur ces cent cinquante ou
deux cents, combien sont sobres ?,. Six, huit ou dix. Ce petit nombre
représente de bons ouvriers qui ne se plaignent pas, qui économisent
et qui font partie des Sociétés de secours mutuels. Tout le reste, c'est-
à-dire cent quarante, cent soixante ou cent quatre-vingt-dix sur deux
cents, sont des alcooliques, et alcooliques à un point que vous ne
soupçonnez certainement pas. Tout leur argent passe au cabaret.
Vous avez parlé des ouvriers des quais ; ce sont de braves gens assuré-
ment (tous les Normands sont de braves gens) (rires), mais cela n'em-
pêche pas qu'ils boivent plus que les autres. (Nouveaux rires). Ce
sont des charbonniers très robustes, remarquables par leur agilité, et
qui arrivent à gagner six francs et quelquefois plus par jour. Tout est
bu à la fin de la journée ; il ne reste rien pour la maison, rien pour la
femme et les enfants, rien pour les besoins du ménage. Chez eux, ils
dépensent, pour le strict nécessaire, pour leur entretien, de quinze à
vingt sous par jour, tout au plus. Vous m'accorderez bien que, dans
ces conditions, ils pourraient bien mettre quelque chose de côté. Je ne
vois pas, d'ailleurs, qu'ils chôment souvent à Rouen; raison de plus
pour économiser. Je les ai vus tout au plus chômer deux fois, depuis
neuf ans que je suis à Rouen.
D'ailleurs, cette question des économies faites par les ouvriers perd
un peu de fa valeur, puisque, pour la plupart, ils sont morts avant
soixante-dix ans : l'alcoolisme les a détruits.
Un second point sur lequel je tiens à répondre à M. Lefèvre. Il
nous a dit : si vous supprimez un grand nombre de cabaretiers, vous
allez mettre sur le pavé un grand nombre de gens inoccupés. C'est
une erreur. D'abord, l'agriculture manque de bras, et tous ces gens-la
pourraient utilement s'occuper aux travaux de la terre. Mais quand
même, la plupart des cabaretiers de nos jours vendent autre chose que
qu'il y aurait intérêt à moins interrompre la discussion, et à ne
prendre la parole qu'à la tribune.
M. LE Dr BRUNON. — Je n'aurai qu'un mot à dire pour répondre à
une question que vient de poser l'honorable orateur qui m'a précédé.
M. Lefèvre nous a demandé comment nous pourrions faire la preuve
qu'un grand nombre d'ouvriers pourraient entrer dans les Sociétés de
secours mutuels. J'ai eu l'occasion de faire une enquête assez sérieuse
dans un grand nombre d'établissements industriels de Rouen et des
environs. Voici ce qu'il en est résulté. Vous demandez combien il y
a de personnes employées dans un de ces établissements industriels.
Il y en a cent cinquante ou deux cents. Or, sur ces cent cinquante ou
deux cents, combien sont sobres ?,. Six, huit ou dix. Ce petit nombre
représente de bons ouvriers qui ne se plaignent pas, qui économisent
et qui font partie des Sociétés de secours mutuels. Tout le reste, c'est-
à-dire cent quarante, cent soixante ou cent quatre-vingt-dix sur deux
cents, sont des alcooliques, et alcooliques à un point que vous ne
soupçonnez certainement pas. Tout leur argent passe au cabaret.
Vous avez parlé des ouvriers des quais ; ce sont de braves gens assuré-
ment (tous les Normands sont de braves gens) (rires), mais cela n'em-
pêche pas qu'ils boivent plus que les autres. (Nouveaux rires). Ce
sont des charbonniers très robustes, remarquables par leur agilité, et
qui arrivent à gagner six francs et quelquefois plus par jour. Tout est
bu à la fin de la journée ; il ne reste rien pour la maison, rien pour la
femme et les enfants, rien pour les besoins du ménage. Chez eux, ils
dépensent, pour le strict nécessaire, pour leur entretien, de quinze à
vingt sous par jour, tout au plus. Vous m'accorderez bien que, dans
ces conditions, ils pourraient bien mettre quelque chose de côté. Je ne
vois pas, d'ailleurs, qu'ils chôment souvent à Rouen; raison de plus
pour économiser. Je les ai vus tout au plus chômer deux fois, depuis
neuf ans que je suis à Rouen.
D'ailleurs, cette question des économies faites par les ouvriers perd
un peu de fa valeur, puisque, pour la plupart, ils sont morts avant
soixante-dix ans : l'alcoolisme les a détruits.
Un second point sur lequel je tiens à répondre à M. Lefèvre. Il
nous a dit : si vous supprimez un grand nombre de cabaretiers, vous
allez mettre sur le pavé un grand nombre de gens inoccupés. C'est
une erreur. D'abord, l'agriculture manque de bras, et tous ces gens-la
pourraient utilement s'occuper aux travaux de la terre. Mais quand
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