247
M. André LEFÈVRE. — Ils reprendront leur ancien métier, dites-
vous. Eh bien! nous allons tomber pleinement d'accord, mais il faut
bien reconnaître qu'alors il y aura la même quantité d'ouvriers
qu'aujourd'hui, plus ceux qui reprendront leur métier d'autrefois, et
que, par conséquent, dans chaque branche d'industrie le nombre total
des ouvriers sera plus grand. Alors interviendra la loi générale que
vous connaissez tous et qui veut que, l'offre augmentant, le prix di-
minue. Les salaires baisseront encore et les travailleurs pourront éco-
nomiser encore moins qu'aujourd'hui. Vous le voyez, Messieurs, la
question est beaucoup plus complexe que certains paraissent le croire,
et ce n'est pas ici que nous l'éluciderons d'une manière complète.
Quant à moi, en attendant les solutions que je crois inévitables, je
suis et reste partisan absolument convaincu de l'intervention de l'Etat
en pareille matière. Je crois qu'il n'a pas, comme on l'a prétendu,
une faculté de pratiquer la vertu, mais un devoir étroit de pratiquer
l'assistance. Je sais bien qu'on vient dire : de quel droit prendrait-on
les fonds de la collectivité pour faire de l'assistance?. Tout simple-
ment parce que les vieillards, en faveur desquels nous demandons
l'intervention de la société, ont, pendant leur existence, contribué peu
ou prou à la prospérité du pays, parce qu'ils ont contribué peu ou
prou à enrichir la nation. Dans ces conditions, je ne vois pas ce qu'il
y a d'étonnant à vouloir que la société assure l'existence à ceux qui,
par leur âge ou par leurs infirmités, sont incapables de travailler. Je
me demande même quelle différence on peut faire entre un homme
incapable de travailler par suite de l'âge et celui qui ne peut plus sub-
venir à ses besoins à cause de ses infirmités. ,
C'est pour cette raison que, contrairement à ce que laissait entendre
l'honorable M. Sabran, je vous demanderai de mettre sur un même
pied d'égalité les deux propositions qui vous sont faites, de ne pas ac-
cepter ou ajourner l'une sans accepter ou ajourner l'autre, de traiter
également les vieillards et les infirmes.
Il y a des devoirs à remplir; il y a, pour la collectivité, une obli-
gation urgente à laquelle vous n'avez pas le droit de vous soustraire,
et je vous demande de le manifester en votant le principe qui est con-
tenu dans le rapport de M. Paul Strauss.
M. LE PRÉSIDENT. — Avant de donner la parole à M. le Dr Brunon,
qui vient de me la demander, je tiens à faire une très courte obser-
vation. L'émotion que provoque cette discussion nous montre tout
l'intérêt qu'on attache à cette importante question. Je crois,
M. André LEFÈVRE. — Ils reprendront leur ancien métier, dites-
vous. Eh bien! nous allons tomber pleinement d'accord, mais il faut
bien reconnaître qu'alors il y aura la même quantité d'ouvriers
qu'aujourd'hui, plus ceux qui reprendront leur métier d'autrefois, et
que, par conséquent, dans chaque branche d'industrie le nombre total
des ouvriers sera plus grand. Alors interviendra la loi générale que
vous connaissez tous et qui veut que, l'offre augmentant, le prix di-
minue. Les salaires baisseront encore et les travailleurs pourront éco-
nomiser encore moins qu'aujourd'hui. Vous le voyez, Messieurs, la
question est beaucoup plus complexe que certains paraissent le croire,
et ce n'est pas ici que nous l'éluciderons d'une manière complète.
Quant à moi, en attendant les solutions que je crois inévitables, je
suis et reste partisan absolument convaincu de l'intervention de l'Etat
en pareille matière. Je crois qu'il n'a pas, comme on l'a prétendu,
une faculté de pratiquer la vertu, mais un devoir étroit de pratiquer
l'assistance. Je sais bien qu'on vient dire : de quel droit prendrait-on
les fonds de la collectivité pour faire de l'assistance?. Tout simple-
ment parce que les vieillards, en faveur desquels nous demandons
l'intervention de la société, ont, pendant leur existence, contribué peu
ou prou à la prospérité du pays, parce qu'ils ont contribué peu ou
prou à enrichir la nation. Dans ces conditions, je ne vois pas ce qu'il
y a d'étonnant à vouloir que la société assure l'existence à ceux qui,
par leur âge ou par leurs infirmités, sont incapables de travailler. Je
me demande même quelle différence on peut faire entre un homme
incapable de travailler par suite de l'âge et celui qui ne peut plus sub-
venir à ses besoins à cause de ses infirmités. ,
C'est pour cette raison que, contrairement à ce que laissait entendre
l'honorable M. Sabran, je vous demanderai de mettre sur un même
pied d'égalité les deux propositions qui vous sont faites, de ne pas ac-
cepter ou ajourner l'une sans accepter ou ajourner l'autre, de traiter
également les vieillards et les infirmes.
Il y a des devoirs à remplir; il y a, pour la collectivité, une obli-
gation urgente à laquelle vous n'avez pas le droit de vous soustraire,
et je vous demande de le manifester en votant le principe qui est con-
tenu dans le rapport de M. Paul Strauss.
M. LE PRÉSIDENT. — Avant de donner la parole à M. le Dr Brunon,
qui vient de me la demander, je tiens à faire une très courte obser-
vation. L'émotion que provoque cette discussion nous montre tout
l'intérêt qu'on attache à cette importante question. Je crois,
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.93%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.93%.
- Sujets similaires
- Collections numériques similaires Livres sur Le Havre Livres sur Le Havre /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=colnum adj "BmLHav019"M. Félix Faure président de la République française /ark:/12148/bd6t542578099.highres Picturesque tour of the Seine from Paris to the sea, with particulars historical and descriptive, by M. Sauvan. Illustrated with twenty four highly finished and coloured engravings by A. Pugin and J. Gendall. Accompanied by a map /ark:/12148/bd6t54257803t.highres
- Auteurs similaires
-
-
Page
chiffre de pagination vue 285/500
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k6581200m/f285.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k6581200m/f285.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k6581200m/f285.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k6581200m
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k6581200m