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que ces gensqui se débattent constamment contre le chômage et contre
la misère, puissent économiser quoi que ce soit ?
J'ajoute qu'il ne serait pas difficile de démontrer qu'en général les
salaires sont équilibrés de telle manière que les ouvriers ne puissent
pas épargner, et qu'ils sont toujours — sauf de rares exceptions -
réduits au strict minimum. C'est ce que Lassalle et Karl Marx ont
appelé la loi d'airain.
Messieurs, regardez comme il est difficile d'aborder de semblables
questions, toujours extrêmement complexes et peu susceptibles de so-
lutions simples. On a depuis deux jours — et on a eu bien raison —
beaucoup médit de l'alcoolisme, que certains membres de cette assem-
blée paraissent considérer comme la source de tous le5t maux. Je ne
suis pas un défenseur de l'intempérance, j'en suis même un adver-
saire résolu, et j'arriverais peut-être à préconiser, pour y porter re-
mède, une mesure qui aurait à vos yeux l'inconvénient d'augmenter
le pouvoir de l'Etat.
Mais, comme il est difficile de se mouvoir en pareilles matières! On
nous disait : l'alcoolisme est, avec le chômage, une des causes de la
misère. Donc, supprimons l'alcoolisme, et pour le supprimer, rédui-
sons tout au moins le nombre des cabarets. Cela paraît, en effet, extrê-
mement simple au premier abord, mais si vous examinez d'un peu
plus près, vous verrez que le jour où vous aurez diminué le nombre
des cabaretiers de France, vous obligerez ces cabaretiers à rechercher
un autre métier. Ils apporteront à leur tour leurs bras sur le marché
du travail. (Murmures). Messieurs, (Nouveaux murmures et
bruyantes protestations.)
M. LE PRÉSIDRNT. — Laissez l'orateur s'expliquer.
M. André LEFÈVRE. — Messieurs, entendez-moi bien; je ne m'op-
pose nullement à la mesure que vous voulez prendre, je ne discute
pas en ce moment l'influence que la diminution du nombre des ca-
barets pourrait avoir sur l'alcoolisme, je vous ai dit que j'étais tout
disposé à entreprendre contre lui la lutte la plus vive, et que j'irais
probablement plus loin que beaucoup d'entre vous dans cette voie.
Mais je fais cette constatation, et je suis surpris qu'elle étonne certains
d'entre vous, que le jour où vous aurez supprimé à des gens un métier
dont ils vivent, ces gens seront obligés de prendre un autre métier.
(Murmures,)
M, VERMONT. — Ils reprendront leur ancien métier.
que ces gensqui se débattent constamment contre le chômage et contre
la misère, puissent économiser quoi que ce soit ?
J'ajoute qu'il ne serait pas difficile de démontrer qu'en général les
salaires sont équilibrés de telle manière que les ouvriers ne puissent
pas épargner, et qu'ils sont toujours — sauf de rares exceptions -
réduits au strict minimum. C'est ce que Lassalle et Karl Marx ont
appelé la loi d'airain.
Messieurs, regardez comme il est difficile d'aborder de semblables
questions, toujours extrêmement complexes et peu susceptibles de so-
lutions simples. On a depuis deux jours — et on a eu bien raison —
beaucoup médit de l'alcoolisme, que certains membres de cette assem-
blée paraissent considérer comme la source de tous le5t maux. Je ne
suis pas un défenseur de l'intempérance, j'en suis même un adver-
saire résolu, et j'arriverais peut-être à préconiser, pour y porter re-
mède, une mesure qui aurait à vos yeux l'inconvénient d'augmenter
le pouvoir de l'Etat.
Mais, comme il est difficile de se mouvoir en pareilles matières! On
nous disait : l'alcoolisme est, avec le chômage, une des causes de la
misère. Donc, supprimons l'alcoolisme, et pour le supprimer, rédui-
sons tout au moins le nombre des cabarets. Cela paraît, en effet, extrê-
mement simple au premier abord, mais si vous examinez d'un peu
plus près, vous verrez que le jour où vous aurez diminué le nombre
des cabaretiers de France, vous obligerez ces cabaretiers à rechercher
un autre métier. Ils apporteront à leur tour leurs bras sur le marché
du travail. (Murmures). Messieurs, (Nouveaux murmures et
bruyantes protestations.)
M. LE PRÉSIDRNT. — Laissez l'orateur s'expliquer.
M. André LEFÈVRE. — Messieurs, entendez-moi bien; je ne m'op-
pose nullement à la mesure que vous voulez prendre, je ne discute
pas en ce moment l'influence que la diminution du nombre des ca-
barets pourrait avoir sur l'alcoolisme, je vous ai dit que j'étais tout
disposé à entreprendre contre lui la lutte la plus vive, et que j'irais
probablement plus loin que beaucoup d'entre vous dans cette voie.
Mais je fais cette constatation, et je suis surpris qu'elle étonne certains
d'entre vous, que le jour où vous aurez supprimé à des gens un métier
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