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suivant qu'on s'adresse ici ou là, on voit le prix des soupes varier de
quatre à treize centimes !
En outre, Messieurs, vous allez voir qu'il serait urgent de régle-
menter le fonctionnement des soupes populaires, ce que vous ne pou-
vez faire qu'à la condition de les transformer en services publics.
Aujourd'hui, comme elles fonctionnent à leur convenance, chacune
d'elles commence sa distribution à une heure différente, de sorte qu'il
se produit ce fait blâmable que certaines gens, très habiles, après être
allés dans un endroit à six heures du matin, vont dans un autre à
sept heures, et ainsi de suite. Il n'y aurait encore que demi-mal, si
vous n'aidiez à les transformer en mendiants professionnels par le fait
même de l'heure à laquelle vous distribuez ces soupes populaires.
Vous reconnaîtrez volontiers qu'on ne peut guère im poser une heure
fixe à ces administrateurs d'œuvres privées, ils prennent celle qui
leur est la plus commode, ils choisissent le matin. Et qui donc pour-
rait les en blâmer? Eh bien ! savez-vous ce qu'il en résulte ?. C'est
que l'heure à laquelle vous conviez ces affamés à prendre quelque
nourriture est précisément celle de l'ouverture des ateliers. Et c'est
précisément alors qu'il pourrait trouver de l'ouvrage que l'ouvrier est
amené par la faim à la porte de ces établissements. Mais si l'œuvre
était officielle, vous pourriez réglementer l'heure d'ouverture de vos
soupes. Vous ne pouvez songer à obliger les administrateurs des
œuvres privées à distribuer leurs soupes à trois ou quatre heures
d'après-midi, ainsi que vous pourriez le faire faire par des employés
salariés.
Je m'arrête, Messieurs, en m'excusant de cette digression un peu
longue peut-être sur un exemple qui montre suivant moi la supério-
rité des œuvres administratives.
Pour me résumer, je proteste absolument — et je suis sûr d'être
l'interprète de tous mes collègues — contre cette tendance que je
suis surpris de rencontrer ici et qui n'aboutirait à rien moins qu'à
décharger l'État, les Départements et les communes des devoirs qui
leur incombent, à supprimer l'assistance publique et à la remplacer
par des Sociétés plus ou moins bien dirigées et organisées qui, fon-
dées, suivant l'expression de l'honorable M. Gibert, par l'entente
des diverses Églises confessionnelles, feraient de la charité un moyen
de propagande pour leurs théories et leurs doctrines. (Applaudisse-
ments prolongés.)
M. GAUFRÈS. — Il me semble que ce qui fait la difficulté en ce
moment, c'est que les uns considèrent ce qu'il faudrait faire idéale-
suivant qu'on s'adresse ici ou là, on voit le prix des soupes varier de
quatre à treize centimes !
En outre, Messieurs, vous allez voir qu'il serait urgent de régle-
menter le fonctionnement des soupes populaires, ce que vous ne pou-
vez faire qu'à la condition de les transformer en services publics.
Aujourd'hui, comme elles fonctionnent à leur convenance, chacune
d'elles commence sa distribution à une heure différente, de sorte qu'il
se produit ce fait blâmable que certaines gens, très habiles, après être
allés dans un endroit à six heures du matin, vont dans un autre à
sept heures, et ainsi de suite. Il n'y aurait encore que demi-mal, si
vous n'aidiez à les transformer en mendiants professionnels par le fait
même de l'heure à laquelle vous distribuez ces soupes populaires.
Vous reconnaîtrez volontiers qu'on ne peut guère im poser une heure
fixe à ces administrateurs d'œuvres privées, ils prennent celle qui
leur est la plus commode, ils choisissent le matin. Et qui donc pour-
rait les en blâmer? Eh bien ! savez-vous ce qu'il en résulte ?. C'est
que l'heure à laquelle vous conviez ces affamés à prendre quelque
nourriture est précisément celle de l'ouverture des ateliers. Et c'est
précisément alors qu'il pourrait trouver de l'ouvrage que l'ouvrier est
amené par la faim à la porte de ces établissements. Mais si l'œuvre
était officielle, vous pourriez réglementer l'heure d'ouverture de vos
soupes. Vous ne pouvez songer à obliger les administrateurs des
œuvres privées à distribuer leurs soupes à trois ou quatre heures
d'après-midi, ainsi que vous pourriez le faire faire par des employés
salariés.
Je m'arrête, Messieurs, en m'excusant de cette digression un peu
longue peut-être sur un exemple qui montre suivant moi la supério-
rité des œuvres administratives.
Pour me résumer, je proteste absolument — et je suis sûr d'être
l'interprète de tous mes collègues — contre cette tendance que je
suis surpris de rencontrer ici et qui n'aboutirait à rien moins qu'à
décharger l'État, les Départements et les communes des devoirs qui
leur incombent, à supprimer l'assistance publique et à la remplacer
par des Sociétés plus ou moins bien dirigées et organisées qui, fon-
dées, suivant l'expression de l'honorable M. Gibert, par l'entente
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