mal. Il est vrai que parfois, vu le laconisme de leurs réponses, je ne comprenais que fort peu les renseignements demandés ; il est vrai encore que, pour obtenir ce que je voulais, il me fallait faire un siège en règle autour de leur personne ; mais aussi, pourquoi tant de questions? Comment ne pas deviner que cet édifice, en face, qui a l'air d'une église, est une gare ; que cette rue, à droite, est bien celle que je cherche ; que cette statue, à gauche, dénuée d'inscription, est élevée à la gloire d'un Dieu inconnu 1 Car si Londres est semé de colonnes, il est, on peut le dire, planté de statues.
Des statues à tout bout de champ, sur toutes les places, dans tous les carrefours. Pas un grand homme qui n'ait la sienne.
Le pire, c'est que nombre de petits ont aussi la leur. C'est comme pour les tombeaux à Westminster. Que l'on trouve sur ses pas une vingtaine d'éditions de Nelson ou de Wellington, c'est bien; mais que l'on rencontre tant de Jacques, tant de Georges, tant de Maries, etc., parce que ces Jacques, et ces Georges, et ces Maries ont été rois ou reines d'Angleterre, voilà qui est un peu trop fort. Au surplus, ce sont là statues royales, et on se rappelle l'amour des Anglais pour le mot : royal. Je ne puis donner de cette multitude de statues de princes d'autre raison. Quoiqu'il en soit, le policeman, statue vivante, se tient de garde, souvent, au pied de ces statues muettes et inanimées.
Exposé comme elles au soleil et à la pluie, il voit passer la foule devant lui sans s'émouvoir, presque sans bouger, et le len- demain retrouve l'homme et le bronze à la même place que la veille.
XXXII
� MISÈRES ET CIMETIÈRES
Où l'auteur, pour faire montre de son habileté dans l'élégie, plaint les vivants encore plus que les morts.
Je me souviens d'avoir vu dans un musée de Londres une toile de je ne sais trop quel maître anglais, laquelle produisit sur moi une vive impression. Elle portait pour légende dans le catalogue : Les malheureux à Londres, l'hiver. Et de fait, c'était
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