Titre : Recueil des publications de la Société havraise d'études diverses
Auteur : Société havraise d'études diverses. Auteur du texte
Éditeur : Impr. Lepelletier (Hâvre)
Éditeur : Société havraise d'études diversesSociété havraise d'études diverses (Le Havre)
Date d'édition : 1893-04-01
Contributeur : Michaud, Charles (secrétaire de la Société havraise d'études diverses). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32849663k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 37174 Nombre total de vues : 37174
Description : 01 avril 1893 01 avril 1893
Description : 1893/04/01 (A60)-1893/06/30. 1893/04/01 (A60)-1893/06/30.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6481835n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-157961
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/03/2014
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des poêles à frire. Il se mêle à tout cela un léger parfum des
boissons du tavernier, et-vos yeux se reposent doucement sur
la tourbe qui grouille autour de ces établissements culinaires
comme un essaim de mouches attirées par une charogne.
Rien qu'à voir dîner Hounds Ditch, vous avez dîné vous-
même pour huit jours. C'est une économie; mais les gens de
l'endroit ne sont pas dégoûtés pour si peu. En un clin d'oeil, les
marmites au ventre rebondi, les profondes casseroles, les poêles
énormes, les plats à la vaste entournure ont vidé leur contenu
entre les mains des acheteurs affamés — entre les mains est la
seule expression qui convienne. Les doigts graisseux coupent,
tirent, divisent, arrachent ; les bouches s'ouvrent toute larges
et engloutissent à grand bruit les légumes mêlés à de petits
morceaux de gras de lard. Quelques frugales gorgées d'eau,
une chope de ce fameux porter dont j'ai chanté les louanges
sans le connaître, parfois un coup de gin ou d'absinthe, et
tout est dit. Les estomacs sont pleins, les faims sont rassasiées,
les soifs sont étanchées, les conduits sont lavés. La cérémonie
ne recommence dans tout son éclat qu'au bout de quelques
heures.
Mais que fait là cette triste engeance? A quel commerce
s'adonne-t-elle ? C'est une foire permanente, la foire aux chiffes.
Vieux habits, vieux souliers, vieux chapeaux, vieux chiffons,
vieux restes de n'importe qui et de n'importe quoi, les gue-
nilles les plus désespérées, les loques les plus invraisembla-
bles, les haillons les plus inattendus se voient là, étalés sur le
sol, dans la boue, dans le ruisseau, à la première place venue.
Il y a des boutiques de propre, mais il n'y en a pas de neuf. Ce
sont de vieilles robes rapiécées, des chemises déchirées, des
bas sans bout ou sans talon, des redingotes usées aux coudes,
des pantalons percés, des gilets râpés, des chapeaux d'hommes
ou de femmes (car toute femme porte chapeau à Londres) dé-
fraîchis, fanés, flétris, sans forme, sans couleur, sans fond
souvent; des défroques dépareillées, criblées de trous, souil-
lées de boue, couvertes de taches de graisse ou d'autre chose,
les dépouilles les plus carnavalesques, les oripeaux les plus
bizarres, les costumes les plus éhontés, les loques les plus aven-
turées, un hideux mélange auprès duquel n'est rien celui de
RaCine dans son Athalie, et que des chiens dévorants, fut-il
des poêles à frire. Il se mêle à tout cela un léger parfum des
boissons du tavernier, et-vos yeux se reposent doucement sur
la tourbe qui grouille autour de ces établissements culinaires
comme un essaim de mouches attirées par une charogne.
Rien qu'à voir dîner Hounds Ditch, vous avez dîné vous-
même pour huit jours. C'est une économie; mais les gens de
l'endroit ne sont pas dégoûtés pour si peu. En un clin d'oeil, les
marmites au ventre rebondi, les profondes casseroles, les poêles
énormes, les plats à la vaste entournure ont vidé leur contenu
entre les mains des acheteurs affamés — entre les mains est la
seule expression qui convienne. Les doigts graisseux coupent,
tirent, divisent, arrachent ; les bouches s'ouvrent toute larges
et engloutissent à grand bruit les légumes mêlés à de petits
morceaux de gras de lard. Quelques frugales gorgées d'eau,
une chope de ce fameux porter dont j'ai chanté les louanges
sans le connaître, parfois un coup de gin ou d'absinthe, et
tout est dit. Les estomacs sont pleins, les faims sont rassasiées,
les soifs sont étanchées, les conduits sont lavés. La cérémonie
ne recommence dans tout son éclat qu'au bout de quelques
heures.
Mais que fait là cette triste engeance? A quel commerce
s'adonne-t-elle ? C'est une foire permanente, la foire aux chiffes.
Vieux habits, vieux souliers, vieux chapeaux, vieux chiffons,
vieux restes de n'importe qui et de n'importe quoi, les gue-
nilles les plus désespérées, les loques les plus invraisembla-
bles, les haillons les plus inattendus se voient là, étalés sur le
sol, dans la boue, dans le ruisseau, à la première place venue.
Il y a des boutiques de propre, mais il n'y en a pas de neuf. Ce
sont de vieilles robes rapiécées, des chemises déchirées, des
bas sans bout ou sans talon, des redingotes usées aux coudes,
des pantalons percés, des gilets râpés, des chapeaux d'hommes
ou de femmes (car toute femme porte chapeau à Londres) dé-
fraîchis, fanés, flétris, sans forme, sans couleur, sans fond
souvent; des défroques dépareillées, criblées de trous, souil-
lées de boue, couvertes de taches de graisse ou d'autre chose,
les dépouilles les plus carnavalesques, les oripeaux les plus
bizarres, les costumes les plus éhontés, les loques les plus aven-
turées, un hideux mélange auprès duquel n'est rien celui de
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