Titre : Recueil des publications de la Société havraise d'études diverses
Auteur : Société havraise d'études diverses. Auteur du texte
Éditeur : Impr. Lepelletier (Hâvre)
Éditeur : Société havraise d'études diversesSociété havraise d'études diverses (Le Havre)
Date d'édition : 1893-04-01
Contributeur : Michaud, Charles (secrétaire de la Société havraise d'études diverses). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32849663k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 37174 Nombre total de vues : 37174
Description : 01 avril 1893 01 avril 1893
Description : 1893/04/01 (A60)-1893/06/30. 1893/04/01 (A60)-1893/06/30.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6481835n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-157961
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/03/2014
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temps, une église avec son clocher pointu, sa grosse tour ronde
ou carrée; un bout de marche, un coin de halle, quelques
misérables échoppes, tel est le décor. Convenez qu'il y a là un
parfum de nouveauté. sans compter les autres. Sentez-vous?
- Non encore peut-être, mais attendez la fin.
*
Une course dans une telle rue, c'est une lutte continuelle
pour la vie. Serait-ce en passant par là que Darwin aurait
conçu l'idée de son fameux système du struggle for life? Pour
ma part, vingt fois je faillis être écrasé. Et pourtant, que de
précautions, que d'efforts en vue de franchir sans encombre
un de ces étranglements qui laissent à peine la place d'une
charrette. Je me collais à plat contre le mur en attendant que
la voie fût libre. Surtout, gare à ne pas mettre les pieds sous la
roue! D'autres fois je continuais quand même mon chemin,
en essuyant du dos toute la saleté du mur derrière moi. Dans
les moments critiques il me fallait enjamber juste à point
l'essieu des camions, ou bien encore je me faufilais délicate-
ment entre les pattes des chevaux, et je n'échappais que par la
volonté divine. Heureux quand je ne me heurtais pas contre un
Quidam usant de la même planche de salut! Et si à un moment
donné il n'y avait pas eu de place pour deux. Grand Dieu!
j'en frissonne encore rien que d'y penser.
Le fait est que pour parcourir pareille rue dans la matinée
il faut avoir la tête bien plantée sur les épaules, le cœur bien
Planté dans la poitrine, et les jambes bien plantées sur le pavé.
Ces trois honorables parties du corps : les jambes, le cœur et
la tête, sont exposées, chacune en ce qui la concerne, à des
hasards sans nombre. Gare! crie un charretier. Et sans que le
Pied me glisse dans le ruisseau, sans écraser le pied du voisin,
Je dois m'aplatir au plus vite contre la muraille d'en face. Tant
Pis pour mes pauvres jambes forcées à cette continuelle danse
de côté. Ce danger une fois paré, je fais quelques pas en
avant. Gare ! gare ! crie un porteur. Du coup, c'est ma tête qui
est en péril. Je n'ai pas le temps de la détourner. Crac ! je reçois
dessus un coup de panier. Ah! malheur! c'est la marée. Le
soubresaut fait qu'il me tombe deux ou trois poissons frais en
Pleine figure et sur le devant de mon habit. Grand merci de
temps, une église avec son clocher pointu, sa grosse tour ronde
ou carrée; un bout de marche, un coin de halle, quelques
misérables échoppes, tel est le décor. Convenez qu'il y a là un
parfum de nouveauté. sans compter les autres. Sentez-vous?
- Non encore peut-être, mais attendez la fin.
*
Une course dans une telle rue, c'est une lutte continuelle
pour la vie. Serait-ce en passant par là que Darwin aurait
conçu l'idée de son fameux système du struggle for life? Pour
ma part, vingt fois je faillis être écrasé. Et pourtant, que de
précautions, que d'efforts en vue de franchir sans encombre
un de ces étranglements qui laissent à peine la place d'une
charrette. Je me collais à plat contre le mur en attendant que
la voie fût libre. Surtout, gare à ne pas mettre les pieds sous la
roue! D'autres fois je continuais quand même mon chemin,
en essuyant du dos toute la saleté du mur derrière moi. Dans
les moments critiques il me fallait enjamber juste à point
l'essieu des camions, ou bien encore je me faufilais délicate-
ment entre les pattes des chevaux, et je n'échappais que par la
volonté divine. Heureux quand je ne me heurtais pas contre un
Quidam usant de la même planche de salut! Et si à un moment
donné il n'y avait pas eu de place pour deux. Grand Dieu!
j'en frissonne encore rien que d'y penser.
Le fait est que pour parcourir pareille rue dans la matinée
il faut avoir la tête bien plantée sur les épaules, le cœur bien
Planté dans la poitrine, et les jambes bien plantées sur le pavé.
Ces trois honorables parties du corps : les jambes, le cœur et
la tête, sont exposées, chacune en ce qui la concerne, à des
hasards sans nombre. Gare! crie un charretier. Et sans que le
Pied me glisse dans le ruisseau, sans écraser le pied du voisin,
Je dois m'aplatir au plus vite contre la muraille d'en face. Tant
Pis pour mes pauvres jambes forcées à cette continuelle danse
de côté. Ce danger une fois paré, je fais quelques pas en
avant. Gare ! gare ! crie un porteur. Du coup, c'est ma tête qui
est en péril. Je n'ai pas le temps de la détourner. Crac ! je reçois
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