Titre : Le Travailleur normand havrais : paraissant le dimanche
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Rouen)
Date d'édition : 1900-12-16
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32880313v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 16 décembre 1900 16 décembre 1900
Description : 1900/12/16 (A10,N513). 1900/12/16 (A10,N513).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG14 Collection numérique : BIPFPIG14
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Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6393015s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-90656, JO-90677
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
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ROUEN
Quai de Paris, 23
BUREAUX AU BA va.
fi, Rue de Paris, Il
Les abonnements se paient à
l'avance et se tont à partir du 1" et
16 de chaque mois.
SEMAINE POLITIQUE
Krüger en Europe. - L'apaisement
Projet d'amnistie. - Ostracis-
du parti progressiste. -
Suppression de la
messe rouge.
La semaine qui vient de s'écouler n'a
point été très fertile en incidents. Seul,
cette grande victime, KrUger, absorbe
toujours l'attention. Quel exode triom-
phal et lamentable à la fois ! Alors que
le cœur des peuples vole vers lui, parce-
qu'il représente la justice outragée et le
droit violé, les souverains, que l'ine-
xorable politique enchaîne, sont con-
traints de détourner la tête sur son pas-
sage. Seule la République Française a
eu le courage de l'accueillir officielle
ment. Et là, nos bons nationalistes, aussi
bêtes qu'arrogants, D'ont point manqué
de s'écrier : « Bravo Loubet ! » parce-
qu'ils feignent de croire que le Présidsnt
a rompu en visière avec le cabinet Wal-
deck-Rouasoau et qu'il a reçu son col-
lègue duTransvaal malgré le ministère.
Comme si M. Delcassé n'assistait point
à la réception 1 Comme si le Président
de la République pouvait faire acte de
puissance personnelle 1
Seulement une remarque est à tirer de
cette attitude des nationalistes. Le Pré-
sident n'est donc plus pour eux a Pa-
nama 1" »? Où sont-elles les émeutes qui
suivirent le vote du congrès î Que sont
devenues ces foules qui, sous prétexte
de patriotisme, insultaient la France en
la personne de son premier magistrat ?
Où se sont terrés ces nobles seigneurs
qui applaudissaient au coup do canne
d'un imbécile? C'est de l'histoire an-
cienne, tout cela. C'est pourquoi nous
crions nous autres : « Vive Waldeck
Rousseau ! »
Et cependant, à grands renforts de
bras, s'agitent au delà des frontières,
comme deux ombres chinoises, ces
deux fantoches : Déroulède et Marcel
liabert. Qui donc les connait encore ?
De temps on temps, à la vérité, quel-
que député de lieurs amis soumet au
gouvernement ou au Parlement une de-
mande d'amnistie. Déroulède et Marcel
Habert sont aux écoutes ; ils attendent
tout anxieux soit la reponse du gouver-
nement, soit le vote du Sénat et de la
Chambre. La demande est-elle repous-
sée ? Immédiatement nos deux fanfarons
se relèvent et injurient à nouveau.
Cris impuissants, fureurs bizarres,
eftt dit le poôte. Il est certain que le parti
nationaliste, ce boulangisme sans Bou-
langer, est aujourd'hui en pleine déroute.
Seul en France, Paris a fait œuvre de
réaction. Le premier vent qui passera
nettoiera l'Hôtel-de-Ville..
Aussi pouvons-nous laisser de côté le
nationalisme et les nationalistes. Paix
aux morts.
Le gros événement de la semaine, ce-
lui qui est destiné à rester dans l'his-
toire, c'est l'ostracisme dont le parti Ré-
publicain a frappé le groupe progressis-
te (t) de la Chambre. Ce groupe, qu'ins-
pire M. Méline, s'avisa de demander aux
députés de la majorité, de l'admettre à
délibérer avec eux sur l'attitude qu'il
conviendrait d'adopter lors de la discus-
sion prochaine de là loi des associations.
Les groupes républicains répondirent
qu'ils ne connaissaient nullement le
groupe progressiste pour un des leurs.
J'imagine que la réponse parut cruelle
à plusieurs de ces messisurs. Et de fait,
elle l'était. Je connais, pour ma part,
quelques uns des progressistes, et rien
ne m'empêchera de les considérer com-
me des républicains. Or voilà qu'on leur
dénie cette qualité.
J'estime néanmoins que la majorité
républicaine a sagement agi. Dans l'es-
pèce, la loi des associations se présente
comme la suprême mesure de combat
contre le cléricalisme, cet éternel ennemi
de la Révolution Française, d'où la so-
ciété moderne est issue. Il s'agit de rom-
pre cette digue de l'esprit de croyance
aveugle, qui s'oppose au cours de l'es-
prit le libre discussion. Il le faut. C'est
une nécessité absolue. Sans quoi s'amon-
celleront peu à peu derrière l'obstacle
toutes les tempêtes, et tout à coup, l'ou-
vrage emporté, se précipiteront à la fois
sur la société moderne, les flots des .re-
vendications populaires. Tout serait sub.
mergé.
Que l'obstacle soit sagement rompu,
pendant qu'il en est temps encore. Que
soit canalisé par des lois sages et pru-
dentes, *ce torrent qui menace de tout
envahir. Et nous nous trouverons trans-
portés sans secousses par de là les dif-
férents points de l'Evolution dont la masse
paraît si redoutable. Or, pour cela, il
importe que la société soit arrachée aux
influences cléricales; que l'Etat devienne
exclusivement laïque. Les religions, ren-
fermées dans leurs temples, n'en seront
ni moins respectables ni moins respec-
tées.
C,ost ce que n'a point compris le grou-
pe Méline. Il a fermé les yeux aux dan-
gers que le cléricalisme fait courir à l'i-
dée républicaine. Placé pour un temps
eu sentinelle devant les Remparts de nos
institutions, il s'est endormi, et pendant
son coupable sommeil, l'ennemi s'est ap-
proché du camp qui ne s'en méfiait point.
Et puis, l'alarme donnée, lorsque l'atta-
que eût été repoussée, le groupe, non-
seulement n'accepta point la critique,
mais voulut encore s'énorgueillir de son
inaction.11 persista dans ses déclarations
d'autrefois, « il n'y a pas d'aftaire Drey-
fus ». « Il n'y a pas de péril clérical.»
–Et il se sépara d'une façon éclatante de
ceux qui, par suite de sa défection,avaient
été contraiats d'assumer la tâche de diri-
ger le combat.
Il paie sa faute aujourd'hui. Lorsque
tout sera terminé nous sommes convain-
cus qu'il viendra àrepeatir, et que nous
pourrons fêter, au milieu de toute la fa-
mille réunie, le triomphe de la Républi-
que.
Parlerons-nous de la suppression que
la Chambro a faite de la messe noge.1l
ne nous déplaît pas de voir l'Etat afllr-
mer qu'il s'abstrait do toute religion.Car
les religions sont affaire de conscience
et non do gouvernement. Mais hâtons
nous de dire que nous attendons des
Chambres et du Gouvernement d'autrea
réformes autrement utiles dans le do-
maine quelque pou suranné de la justice
française.
Spartacus.
L'AUGMENTATION DE LA FLOTTE
Le St* nat a adopté lo projet présenté par
lo gouvernement. 11 faut, en somme, s'en
réjouir, d'abord parce qu'on parc ainsi aux
plus urgentes nécessités, ensuite parce que
sauf un point, ce projet avait rallié l'una-
nimité de tous les suffrages parlementaires
et professionnels.
En revanche, l'adoption des cuirassés de
15.000 tonnes avait soulevé les plus vives
controverses, et, à notre avis, il est regret-
table qu'elle ait triomphé. Voici pourquoi :
Notre budget pour la marine ne pouvant
entrer en comparaison avec celui de l'An-
gleterre, nous ne pouvons construire un
nombre de ces cuirassés suffisant pour nous
permettre la guerre d'escadre. Leur vitesse
considérable, 10 nœuds, nous parait su jet t e
à caut ion, parce que leurs machines, pous-
sées au maximum de puissance, dans l'es-
pace le plus petit passible, seront délicates
a manier, sujettes forcément aux avaries
et demanderont un personnel d'élite si on
veut en tirer tout le parti possible.
Ce qui augmente encore pour nous la va.
leur des principales réserves que nous ve-
nons de formuler, c'est que nous ne croyons
pas ces énormes vaisseaux absolument né-
cessaires.
Les coups décisifs des guerres maritimes
de l'avenir se porteront, à coup sur, dans
les mers d'Europe, parce que toutes les
grandes nations ont là les centres de leurs
puissances militaires et commerciales. Il
n'y a pour nous que deux cas à envisager
en cas de conflit. Serons-nous en guerre
avec l'Angleterre : alors ces cuirassés étant
en nombre inférieur, ne pourront sortir de
nos ports sans subir forcément, même après
des succès possibles, une destruction com-
plète à cause du nombre toujours renou-
velé de leurs adversaires.
Si c'est à d'autres adversaires nue l'An-
gleterre que nous avons à faire. alors leur
ravitaillement en charbon n'offrira pas de
difficultés et il est inutile de l'assurer d'a-
vance à un prix aussi exagéré.
Deux passages nous ont frappé dans le
discours métnodiuue prononcé jeudi au
Sénat par le ministre de la marine :
Le premier est celui où il parle de la né-
cessité absolue de donner à ces nouveaux
et puissants bât iments un personne! exercé
de mécaniciens et de chauffeurs ci du soin
particulier qu'il mettra à assurer ce recru-
tement. Nous espérons que des mesures
prochaines réaliseront, cette promesse.
Le second, celui où il fait allusion au cas
où, sous la pression de l'opinion publique,
nos cuirassés seraient obligés de sortir de
nos ports pour engager un combat dispro-
portionné, n'ofrrant aucune chance de suc-
cès. • -
, De longtemps, nous l'espérons, ceux qui
dirigent les destinées du pays ne se trou-
veront pas dans de pareilles extrémit/s ;
mais, si le jour venait des résolutions déci-
sives, nous sommes persuadés que le sou-
o venir de Lissa et de Santiago de Cuba évi-
terait à nos flottes des désastres sembla-
bles, sans qu'il soit besoin do remonter
jusqu'à la Hougue et Trafalgar.
CES MM. DES PONTS & CHAUSSEES
_n -- - --
L'X est leur miître, leur dieu; il a se 8
amples et ses écoles; ils sont ses ponti*
fes infaillibles et irresponsables.
Ils sont une caste dans l'Etat; ils nous
tiennent soumis à leurs dogmes, à leurs
lois; d'une essence supérieure, ils nous
dominent, nous simples mortels; ils sont
hors de notre atteinte.
Eu congé ou en exercice, ils sévissent
sur la France avec la même intensité;
ils sont inaccessibles au découragement,
ils sont sourds aux avertissements du
dehors; les dignes peuvent crever, les
pouts s'écrouler et les trains dérailler
sur des voies ferrées mal construites,
eux, semblables au juste d'Horace, res-
tent debout, impassibles sur les rui-
nes.
La digue de Bouzey présentait des
fissures,oll les en informa,ils ne s'en sou-
cièrent pas; on vit qu'elle allait craquor
de toutes parts, ou les pressa d'interve-
nir, ils se garderont de bouger; elle fo
rompit, le pays fut inondé, les habitants
engloutis; croyez-vous qu'ils reconnu-
rent leur faute ? oh non ! c'était la faute
do l'eau, la faute des matériaux, la faute
des intempéries des saisons, la leur?
allons donc, puisqu'ils sont infailli-
bles. i
Quand il fallut construire un pont, ici à
Saint-Sever, au-dessus de la rue Amiral-
Cécile et des voies de la ligne du chemin
de fer de Rouen à Orléans, ce furent ces
grands ingénieurs qui opérèrent,naturel-
lement. Le travail fut fait, suivant les for-
mules cotait un bel ouvrage;mais comme
il ne se tenait pas tout seul,il fallut mettre
des traverses dessous; l'enfant aurait
été beau, mais il avait des béquilles.
M. l'Ingénieur, auteur de ce grand
oeuvre, fut décoré et obtint do l'avancer
ment.
Ce n'est pas une charge, mais do l'his-
toire.
Quand ils firent le bassin Bèrigny, à
D eppo, inutile de dire que leurs calculs
furent savants et qu'ils furent justes;
sèulement la veille de l'inauguration un
dos quais s'écroula dans le haRsin; on on
fut quitto pour retarder l'inaugura.
tion.
L'autre jour lo Sud-Express a déraillé;
c'était un train qui faisait, par endroits,
120 kilomètres à l'heure; la ligne n'a-
vait pas été construite pour supporter de
grandes vitesses; c'étaient des ingé-
nieurs des Ponts et Chaussées, en congé
qui l'avaient faite; une enquête techniquo
est ouverte; qui en est chargé ? un ingé-
nieur en chef des Ponts et Chaussées;
ce cher camarade. !
Il y a quelques années, dans le midi,
un pont s'écroula dans la rivière; il ré-
sulta des recherches que l'a cident était
dû à cette circonstance que la dilatation
de la partie métallique par la chaleur du
jour n'avait pas été prévue; c'était la
faute du soleil, vous voyez bien que les
ingénieurs n'y étaient pour rien.
Il y deux ans, lors du vote du budget,
une question fut posée au ministre de la
marine sur le fait suivant : la Chambre
avait décidé l'année précédente que des
vaisseaux d'un type trop démodé de-
vraient disparaître ; douze mois s'étaient
passés et dans l'un des bassins d'un port
de la Méditerranée un vieux bateau
était resté amarré au quai ; le ministre
répondit : « Nous n'avon. pu retirer le
navire parce qu'il soutient le quai ! 1 »
Vous vous êtes laissé dire cela, ô Ponts
et Chaussées !
A Rouen, nous sommes tout-à-fait fa-
vorisés. Nous avions déjà le pont à bé-
quilles ; nous avons maintenaut le pont
qui se décolle ; c'est le pont Boeldieu ; le
fait a été signalé au conseil municipal ;
vous vous rappelez combien il y a de
temps que ce pont est livré au public; vous
savez ce qu'il a coûté; vous avez encore
dans l'esprit les articles officieux dans
lesquels on démontrait les splendenrs de
ce merveilleux ouvrage.
Vous n'allez pas encore accuser les
ingénieurs, j'espère.
La supériorité do ces messieurs no se
manifeste pas seulement dans les tra-
vaux de leur art ; ils ont encore d'autres
attributions où ils excellent également,
car ils sont universels et leur science est
l tnfusé.
A leurs moments pordus, ils soutien-
nent eux-mêmes des procès que des
profanes ont l'audace d'intenter contre
l'administration sacro-sainte. Leurs pro-
cédures valent leurs ponts ; si vous lisiez
les mémoires de M. Belleville c'est so-
lide et galant à la fois et d'une cour-
toisie vis-à-vis des adversaires.
Soyons justes. Des gens sortis des
plus aristocratiques collèges et des écoles
supérieures les plus en renom ne peu-
vent être que parfaitement bien élevés,
mais la stricte observation de l'urbanité,
bonne pour le vulgaire, ne saurait être
exigée d'hommes tout à fait transcen-
dants.
Ces êtres privilégiés ne peuvent être
astreints aux lois communes ; vous n'al-
lez pas, je suppose, les comparer à de
simples ingénieurs civils ou à de mo-
destes architectes.
Ceux-là sont responsables de leurs
actes. Une maison présente-t elle des
vices de construction, un recours est ré-
sorvé par la loi contre celui qui l'a cons-
truite ; qu'un accident vienne à se pro-
duire dans un établissement industriel,
par un défaut d'aménagement ou d'orga-
nisation, si l'ingénieur civil est en faute,
il faut qu'il paye.
Pour Messieurs les Ingénieurs des
Ponts et Chaussées, c'estnousqui payons.
Et s'il fallait juger de la perfection
d'un travail par le prix qu'il nous coûte,
les travaux de ces savants devraient
être proclamés parfaits.
Pour l'énormité du prix de revient, ils
défient toute concurrence, c'est encore
une supériorité.
Ils étaient autrefois chargé de l'entre-
tien des routes départementales; leur
.interYeDtion coûtait fort oher ; le travail
est maintenant confié au service vicinal,
donc le personnel n'a pas été augmenté
pour cela; la besogne est aussi bien faite
mais coûte bien moins cher aux contri-
buables; les Ponts et Chaussées trou-
vent certainement que c'est beaucoup
moins bien.
Voyons, pourquoi ces Messieurs ne
deviendraient ils pas responsables ? Est-
ce parce qu'ils savent se défendre les uns
les autres, forment un monôme dans la
vie, comme dit Gyp et de ce fait devien-
nent intangibles.
Mais, après tout, ils sont citoyens sou-
mis au droit commun ; ils sont mêmes
inférieurs à beaucoup do libres citoyens,
car ils sont fonctionnaires.
Est-il donc contraire à notre droit pu-
blic que les fonctionnaires répondent de
leurs fautes, de leurs négligences, do
leurs imprudences.
Les conservateurs des hypothèques,
s'ils oublient une inscription, les rece-
veurs dos finances s'ils laissent se pro-
duire un déficit ne doivent-ils pas répa-
rer, de leurs deniers personnels, le pré-
j udice qui résulte de cette situation pour
l'Etat ou pour les particuliers T
Alors pourquoi cette exception en fa-
veur des ingénieurs qui nous obligent à
refaire ou à réparer à grands frais leurs
travaux, incomplets, imparfaits ou sans
solidité ?
Ils sauraient alors, sans doute, des-
cendre des hauteurs du dotaaine spécula-
tif et purement scientifique où ils se
tiennent, non sans dédain, et s'inspirer
d'un sens plus pratique et des conseils
de l'expérience.
Je vous fais juges de la question, Mes-
sieurs les Ingénieurs des Ponts et Chaus-
sées ; que vous importe qu'on vous dé-
clare responsables de vos fautes, de vos
négligences, de vos imprudences, puis-
que vous n'en commettez point, n'est-ce
pas ?
Civis..
1 A tort et à travers 1
CORDON, S. V. P.
Si c'est une histoire, elle est savoureuse,
el. si c'est une farce, elle est amusante.
Les journaux raeonlenl que le Conseil mu-
nicipal d'une ville de province es! en train
de traverser uneerife 1 le. déménagement.
Plusieurs conseillers municipaux se sont
faits concierges, à la queue leu leu. Ces
messieurs aiment mieux entrer en logo
qu'on séance ; c'est parfaitement leur droit,
Ou me permettra d'ajouter que le les
tiens pour des philosophes très pratiques.
l Le mandat de conseiller municipal. même
l jorsqu'il n'est pas impératif, peut être oné-
*
reux et il est aléatoire. Désabusés, après
expérience et réflexion, des grandeurs mu-
nicipales, ces édiles convertis ont préféré,
comme dit l'autre, l'utile revenu du cordon
aux vains honneurs de l'ècharpe: menacés
d'être mis à la porte un jour ou l'autre par
le suffrage universel, qui est changeant, ils
ont cherché une porte de sortie : un proprié-
taire leur a offert de garder la sienne. : ils
ont accepté.
Etre l'adjoint d'un propriétaire qui logo,
éclaire, chauffe et peut-être nourrit son
concierge, cela leur a semblé plus avanta-
geux que de gérer les finances d'une ville
ingrate qui ne donne rien à ses gérants.
L'édilité, sans doute, rehausse un homme ;
mais quand elle ne le nourrit pas et qu'il ne
peut vivre de ses rentes puisqu'il n'en a
point, c'est insuffisant. Un decesmessieurs,
le plus subtil ou le plus favorisé, tou-
jours à en croire les informations, a été
nommé concierge de l'Ecole des Beaux-
\1'18 ou de n'cole des Arlscl Métiers (je ne
sais pas au juste) de la ville de ***. Le voilà
fonctionnaire de la ville ou de l'Etal; il
sera logé, il aura un polit traitement, puis
plus tard une petite retraite et pas grand
chose à faire ; ce n'est pas lo Pérou, mais
c'est une bonne petite situation, avec des
goûts simples.
-1 Les plaisanteries de vaudeville sur les
concierges sont un peu usées. 11 faut sans
doute d'autres qualités pour être conseiller
lIlunicipéll, dans une ville, que pour être
concierge, mais un bon concierge, et
je crois volontiers qu'il y en a beaucoup,
est un homme utile. Quand il garde bien
l'immeuhle à la surveillance duquel son
propriétaire l'a préposé; quand il classe,
respecte et distribue honnêtement la cor-
respondance de ses locataires, fait diligem-
ment leurs commissions et leur escalier,
leur ouvre la perte au premier coup de son-
nette, et même au socond, après minuit.
défcnd, pendant la journée. los murs, les
portes et les volets do sa maison contre les
attentats de toute sorte qui les menacent,
même on province, il rend service, sinon à
i la collectivité toute entière, du moins à un
groupe de citoyens; il est précieux, aima-
ble el considéré.
- a ,.
La profession doit avoir bien des petits
ennuis, do petites charges: mais quelle est
celle qui n'en à pointa Le métier de proprié-
taire lui-même est très tracassé, par le
temps liai court, sans parler des temps de
révolution où les propriétaires ont tout de
même plus de chance d'être envoyés à la
Gonciergerio que leurs concierges. Un con-
seiller municipal est toujours un peu huir
mentô, jo ue veux pas dire agacé par t-es
électeurs, un propriétaire par ses locatai-
res; le concierge, surtout dans un imrrhm-
ble de rKtat. est, en somme, un personnage
plus indépendant. Il n'est pas toujours at-
taché à son cordon, puisque sa femme peut
le tirer nour lui: s'il s'absente, il nrctexto
d'un ordre reçu, d'une course a faire, ( et
tout est dit; sa place ne l'emp vv. de
so déplacer, pour l'établissement ou pour
autre chose: 11 a bien des loisirs.
- - -. - -
El puis rien ne dit,– car mes informa- )
lions ne sont pas précises sur ce point,– i
qu'on ait défendu de cumuler à ceux îles
conseillers muni'ipaux delà ville do ••• qui
sont devenus concierges en ces derniers
temps, .le n'y vois d'inconvénient et je |
n'y trouve aucune incompatibilité. On peut
être à la fois, sans que l'en ni personne en
souffre beaucoup, un très non conseiller
municipal et un excellent concierge, à la
condition, bien entendu, que l'on ne profile
pas de son influence de conseiller pour
accroîlre sa situation de concierge, en fai-
sant. «tonner, par exemple, à l'immeuble que
l'on jjêreune plus-value, ni. ill"(,I'l'IlIlIl. de
sa situation de concierge pour influencer,
par différents moyens les opinions polili-
ques de ses locataires. Un homme juste et
paisible, de conscience et même d'intelli-
gence moycnne, peut très bien remplir à la
l'ois ces deux fond Ions, en apportant acha-
cune l'esprit qu'elle réclame et le zélé qu'elle
exige.
Je n'y entrevois qu'un petit danger : c'est
que, si t'exempte se répandait, si dans les
conseils municipaux il entrait à la longue
Irop de concierges, leur pel ilojcorporal ion ne
devint trop prépondérante au sein de l'as-
semblée dont ils feraient, partie. Trois ou
(tc, (le
les maîtres de l'Hôtel de Ville dans bien des
endroits ; il y aurait, là quoique chose d'ex-
cessif (pii m'inquiète, sans, d'ailleurs, m'é-
pouvanter. Al tendons en paix les événe-
ments. L'avenir r.ousdirasi le. nonihro est
plus grand, des conseillers municipaux qui
deviennent concierges ou des concierges
qui deviennent conseillers municipaux. Ce
sera une statistique intéressante.
S.
»
L'AVANCEMENT DES INSTITUTEURS
La Chambre a voté le projet de résolu-
tion à l'avancement des instituteurs. L'a-
vancement est subordonné aux vacances
qui se prcdutSfnt nonnatement ou acciden"
tellement dans les classes supérieures. Si
los retraites, démissions,décès se raréfient,
l'avancement se ralentit nécessairement. Il
est toujours troplént, bien entendu, pour
ceux qui at tendent. 'Toutefois, les doléances
des instituteurs avaient quelque chose de
fondé, puisque satisfaction leur a a été ac-
cordée à deux reprises et, par deux procé-
dés différents. D'abord, il y a deux ans, le
crédit, des retraites a été accru de 1.200.000
fr., de manieje à désencombrer le tableau
d'avallcenwnt par ladisparil ion de ceux qui
étaient maintenus, bien malgré eux le plus
souvent,dans les cadres du personnelensei
gnant, au-delà de l'âge et. des services exi-
gibles. %,
Cet appel d'air n'ayant pas paru suffisant, 1
on a vote, l'an dernier, un nouxeau supplé-
ment de crédit de :i,SU,iHiO fr. pour permet -
tre au ministre de faire une large fournée
de promotions. Aujourd'hui, M. Carnaud
trouve encore que ce n'est pas assez. Il ré-
clame pour les instituteurs un avancement
automatique, en vertu duquel tout Institu-
teur serait promu de droit A une classe su-
périeure, à l'ancienneté, après un certain
temps de service, en réalité tous les cinq
ans. .¡. - ̃
Il y a quelques jours, le'Sénat sanctions,
nall une proposition adoptée par 11 Ghaiu^'
bre, en vertu de laquelle les instltutears
pourront (tJ'é.(tIpml"-d'un des deux j)-
Sels auxquels sont assujettis les réservistes
de l'armée active.
Partout on a fait appui à leur concours,
il était que trop juste de voter, pour eux,
un projet de résolution 1
DÉPOPULATION
Le projet de M. Piot. - Impôt sur
les célibataires. Natalité
antique. Célibat ecclé-
siastique. Familles
égoïstes. ,
La Hible, ce livre dont le vieux el. héroï-
que Kniger médite une pagechaque malin
raconte en son premier chapitre qu'aussitôt
l Homme et la Femme ci-ces. Jéhovah leur
ordonna de croîlre, de multiplier et fie rem-
plir la ferre.
A quelques siècles do là, A la suite du Dé-
luge, le même llicu bénit Noé el sa com-
pagne. en leur disant encore : c Cresclte et
* multiplicamlnf et rep/rte lervam »
Cette loi, inscrite au frontispice de la
Olenèse, indique combien niieieimoest l'idée
du développement des peuples, et de leur
grandeur par l'accroissement du nombre de
leurs enfants.
Or, il se trouve précisément que H dimi-
nution de. la natalité est un des maux qui
pèsent actuellement sur la nation française,
et que la dépopulation menace à cet te heure
notre vitalité peul-élie autant que l'alcoo-
lisme.
Un brave sénateur de la C;ltt-ll'nl', M.
Piot. s'est ému de cette situation et a. cher-
ché à y apporler remède à l'aide d'un projet
d'impôt sur les célibataires.
Sans vouloir étudier le projet de l'hono-
rable l'ère conscrit, il est curieux de revoir,
a travers l'histoire, comment se consti-
tuèrent les races nombreuses, el comment
fut considère, chez les différents peuples,
le célibat (pie le réformateur du Luxem-
bourg regarde à celte heure comme le prin-
cipal facteur de l'oMivre de dépopulation.
Aussi bien une région comme, la nôtre,
active. ,q. industrielle, maritime el agricole
a la fois, doit s'intéresser à la question pri-
mordiale de la population : ou a assez «lit
et répété que l'agriculture manquait de
bras, il faut voir si cela est vrai, et dans
1 affirmative, chercher les causes et, en
même temps, chercher les remedes à cet
état de choses.
»
« «
Chez ( les peuples «le l'antiquité, qu'ils
aieid vécu en théocratie comme les Ill).
breux, en monarchie comme les Assyriens
e' b s Ivvptiens, ou en démocratie comme
!t H"';:I!I(' et les Komains, l'enfant fut
toujours considéré comme une portion «le.
Ug' aiide fam'lle populaire, bans bien des
c-S mène-, il appartenait à l'Etat qui se.
cb.irgead de son éducation et de son ins-
truction : c'est .-i qui se passail, par exem-
ple. chez ies Mi des et chez les Spartiates.
L.vas cos conditions, l'eufant n'étant pas
une charge familiale, ou tout au moins ne
c 'i; "111liai!I qu'une charge minime, aucune
considération u'armiwil s* procréation, et
les générations succédaient, aisément plus
durées ies unes quo les autres.
.lolgnez à cela l habitude de la polygnmio,
répandue chez Ions les peuples anciens, à
l'exception des Homainn, et vous concilierez
facilement quelle propagation rapide s'en
suivait.
Les exodes de tribus, les invasions de
hordes barbares qui se produisirent, eu tous
sens, dans ces temps reculés, et même au
moyen-âge, n'eurent pas, en gouéral. pour
cause, les besoins du lucre el du commerce,
mais plutôt la nécessité, pour ces races de-
venues de plus en plus fécondes et nom-
breuses, de s'étendre au-delà des territoires
primitifs et de trouver leur io ailleurs et
plus loin.
L'expansion coloniale moderne, au con-
traire, a pour base, la recherche des déhuu-
chés commerciaux, l'extension du négoce
el l'urgeiKo d'écouler les produits de l'in-
dustrie métropolitaine.
Depuis le commencement de ce mx9" siè-
cle, qui louche à cette heure à son terme
glorieux, en France particulièrement, la
dépopulation, comme je le disais eu débu-
tant a fait (le Irès rapides progrés d la di-
minution de la natalité s'accentue d'une l'a-
I;.I)!J, redoutable pour l'avenir du pays.
Dans notre département, seulement, que
l'on examine la plupart de nos bonnes com-
munes rurales, et l'ull sera frappé de la
décroissance de la population, (\)lIdqu('
chiffres pris au hasard en donneront une
facile idée; Quineampoix, dans l'arrondis-
sement de Houen, comptait, il SIS habitants, ii n'y en a plus que sio: llé-
nouville, canton de Duclair, est tombé dl
171 à fil; au pays de Caux, Sainl-.louin
est descendu de l.N'w à. l,*jtV.1., et cirainville-
la-Teinturièrc de 1.1 ôi) à * K »? ; (irèges, au-
près de Dieppe, est passé de jso à I;(;, pen-
dant que Bradianeourl, au pays de Krav,
qui comptait lxq habitants en ts'.d n'en a
plus que 1?:$aujourd'hui, etc. - -
Ces exemples pourraient cire mull ipliés à
foison ! Oh! J'entends bien que l'on me
«lira «pie. l'émigration des campagnes vers
les grandes villes donne l'explication na-
turelle de ces diminutions «U>s effectifs ru-
raux, «|ue je n'ai «pi'à regarder la popula-
tion de nos chefs lieux d'arrondissement et.
des gros bourgs de nos vallées industrielles
pour nio reiuire compte il»* ce. phén«Mnène,
et tous autres arguments ejasdem /al'lnll',
je répondrai qm; ces augmentations des
importantes lie
un trompe-l'«eil, les chiffres «pie l'on accuse,
sonl produits par l'émigration deshorsaùis
et non pas par la natalité.
Consultez les registres de l'état civil soif.
à Houen, soit au llavre, et. vous constate-
rez sans peine «pie, depuis «inolques années,
le uouibiv des naissances est égalé, sinon
i surpafS> par celui d«;s décès.
En résumé nous perd» lis nos foives, el la
descente de l'échelle d«* la natalité est ef-
frayante à t'IIIISidél't'l', surloul si l'on rétlé-
cliil qu'elle peut coiitinuer longtemps, et si
l'on ne voit poindre aucun remède pour en-
rayer ce, déplorable mouvement accéléré
vers le bas,
*
* *
M. Piot, déjà nommé, croit que l'une des
causes «le la dépopulation, réside dans l'ac-
croissement du nombre «les célibataires, et,
il projette logiquement d'imposer le célihal.
ï,e célibat morne, désori or nnlo
N'ost plus la hhnrte, m.iis bien la solitude,
écri\ail Emile Augier. l.e bonlmmni" hu-
cis axait dit avant lui :
Pc t'aiTieux < goiétne est né lo q
Aussi' bleu, dans l'antiquité, malgré snii
*. é, 'log&'pï»r linéiques rhéteurs et sophiste--, ie
céljpat ne lut pas considéré. Il semble ail
eoillnrire bien ressortir des écrits de Pla-
ton, «le PIutarqne et de circonstances rap-
p«)rtiVs p.fl' fes historiens qu'il était puni
connue un délit, l.yeurgui' notait les eéli-
halaire.s «l'infamie : fous les ansl«'s femmes
de La«,éiléniouo allaient, los prendre choA
t
1 H
1 #
nuiAmw AnnA. M" M$ Ce Numéro t CINQ Centimes , Dftbanche 16 Décembre 1900
v .4
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lo«n nU h tulr-'Mil*•< <1 t'r. }»
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fi, Rue de Paris, Il
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16 de chaque mois.
SEMAINE POLITIQUE
Krüger en Europe. - L'apaisement
Projet d'amnistie. - Ostracis-
du parti progressiste. -
Suppression de la
messe rouge.
La semaine qui vient de s'écouler n'a
point été très fertile en incidents. Seul,
cette grande victime, KrUger, absorbe
toujours l'attention. Quel exode triom-
phal et lamentable à la fois ! Alors que
le cœur des peuples vole vers lui, parce-
qu'il représente la justice outragée et le
droit violé, les souverains, que l'ine-
xorable politique enchaîne, sont con-
traints de détourner la tête sur son pas-
sage. Seule la République Française a
eu le courage de l'accueillir officielle
ment. Et là, nos bons nationalistes, aussi
bêtes qu'arrogants, D'ont point manqué
de s'écrier : « Bravo Loubet ! » parce-
qu'ils feignent de croire que le Présidsnt
a rompu en visière avec le cabinet Wal-
deck-Rouasoau et qu'il a reçu son col-
lègue duTransvaal malgré le ministère.
Comme si M. Delcassé n'assistait point
à la réception 1 Comme si le Président
de la République pouvait faire acte de
puissance personnelle 1
Seulement une remarque est à tirer de
cette attitude des nationalistes. Le Pré-
sident n'est donc plus pour eux a Pa-
nama 1" »? Où sont-elles les émeutes qui
suivirent le vote du congrès î Que sont
devenues ces foules qui, sous prétexte
de patriotisme, insultaient la France en
la personne de son premier magistrat ?
Où se sont terrés ces nobles seigneurs
qui applaudissaient au coup do canne
d'un imbécile? C'est de l'histoire an-
cienne, tout cela. C'est pourquoi nous
crions nous autres : « Vive Waldeck
Rousseau ! »
Et cependant, à grands renforts de
bras, s'agitent au delà des frontières,
comme deux ombres chinoises, ces
deux fantoches : Déroulède et Marcel
liabert. Qui donc les connait encore ?
De temps on temps, à la vérité, quel-
que député de lieurs amis soumet au
gouvernement ou au Parlement une de-
mande d'amnistie. Déroulède et Marcel
Habert sont aux écoutes ; ils attendent
tout anxieux soit la reponse du gouver-
nement, soit le vote du Sénat et de la
Chambre. La demande est-elle repous-
sée ? Immédiatement nos deux fanfarons
se relèvent et injurient à nouveau.
Cris impuissants, fureurs bizarres,
eftt dit le poôte. Il est certain que le parti
nationaliste, ce boulangisme sans Bou-
langer, est aujourd'hui en pleine déroute.
Seul en France, Paris a fait œuvre de
réaction. Le premier vent qui passera
nettoiera l'Hôtel-de-Ville..
Aussi pouvons-nous laisser de côté le
nationalisme et les nationalistes. Paix
aux morts.
Le gros événement de la semaine, ce-
lui qui est destiné à rester dans l'his-
toire, c'est l'ostracisme dont le parti Ré-
publicain a frappé le groupe progressis-
te (t) de la Chambre. Ce groupe, qu'ins-
pire M. Méline, s'avisa de demander aux
députés de la majorité, de l'admettre à
délibérer avec eux sur l'attitude qu'il
conviendrait d'adopter lors de la discus-
sion prochaine de là loi des associations.
Les groupes républicains répondirent
qu'ils ne connaissaient nullement le
groupe progressiste pour un des leurs.
J'imagine que la réponse parut cruelle
à plusieurs de ces messisurs. Et de fait,
elle l'était. Je connais, pour ma part,
quelques uns des progressistes, et rien
ne m'empêchera de les considérer com-
me des républicains. Or voilà qu'on leur
dénie cette qualité.
J'estime néanmoins que la majorité
républicaine a sagement agi. Dans l'es-
pèce, la loi des associations se présente
comme la suprême mesure de combat
contre le cléricalisme, cet éternel ennemi
de la Révolution Française, d'où la so-
ciété moderne est issue. Il s'agit de rom-
pre cette digue de l'esprit de croyance
aveugle, qui s'oppose au cours de l'es-
prit le libre discussion. Il le faut. C'est
une nécessité absolue. Sans quoi s'amon-
celleront peu à peu derrière l'obstacle
toutes les tempêtes, et tout à coup, l'ou-
vrage emporté, se précipiteront à la fois
sur la société moderne, les flots des .re-
vendications populaires. Tout serait sub.
mergé.
Que l'obstacle soit sagement rompu,
pendant qu'il en est temps encore. Que
soit canalisé par des lois sages et pru-
dentes, *ce torrent qui menace de tout
envahir. Et nous nous trouverons trans-
portés sans secousses par de là les dif-
férents points de l'Evolution dont la masse
paraît si redoutable. Or, pour cela, il
importe que la société soit arrachée aux
influences cléricales; que l'Etat devienne
exclusivement laïque. Les religions, ren-
fermées dans leurs temples, n'en seront
ni moins respectables ni moins respec-
tées.
C,ost ce que n'a point compris le grou-
pe Méline. Il a fermé les yeux aux dan-
gers que le cléricalisme fait courir à l'i-
dée républicaine. Placé pour un temps
eu sentinelle devant les Remparts de nos
institutions, il s'est endormi, et pendant
son coupable sommeil, l'ennemi s'est ap-
proché du camp qui ne s'en méfiait point.
Et puis, l'alarme donnée, lorsque l'atta-
que eût été repoussée, le groupe, non-
seulement n'accepta point la critique,
mais voulut encore s'énorgueillir de son
inaction.11 persista dans ses déclarations
d'autrefois, « il n'y a pas d'aftaire Drey-
fus ». « Il n'y a pas de péril clérical.»
–Et il se sépara d'une façon éclatante de
ceux qui, par suite de sa défection,avaient
été contraiats d'assumer la tâche de diri-
ger le combat.
Il paie sa faute aujourd'hui. Lorsque
tout sera terminé nous sommes convain-
cus qu'il viendra àrepeatir, et que nous
pourrons fêter, au milieu de toute la fa-
mille réunie, le triomphe de la Républi-
que.
Parlerons-nous de la suppression que
la Chambro a faite de la messe noge.1l
ne nous déplaît pas de voir l'Etat afllr-
mer qu'il s'abstrait do toute religion.Car
les religions sont affaire de conscience
et non do gouvernement. Mais hâtons
nous de dire que nous attendons des
Chambres et du Gouvernement d'autrea
réformes autrement utiles dans le do-
maine quelque pou suranné de la justice
française.
Spartacus.
L'AUGMENTATION DE LA FLOTTE
Le St* nat a adopté lo projet présenté par
lo gouvernement. 11 faut, en somme, s'en
réjouir, d'abord parce qu'on parc ainsi aux
plus urgentes nécessités, ensuite parce que
sauf un point, ce projet avait rallié l'una-
nimité de tous les suffrages parlementaires
et professionnels.
En revanche, l'adoption des cuirassés de
15.000 tonnes avait soulevé les plus vives
controverses, et, à notre avis, il est regret-
table qu'elle ait triomphé. Voici pourquoi :
Notre budget pour la marine ne pouvant
entrer en comparaison avec celui de l'An-
gleterre, nous ne pouvons construire un
nombre de ces cuirassés suffisant pour nous
permettre la guerre d'escadre. Leur vitesse
considérable, 10 nœuds, nous parait su jet t e
à caut ion, parce que leurs machines, pous-
sées au maximum de puissance, dans l'es-
pace le plus petit passible, seront délicates
a manier, sujettes forcément aux avaries
et demanderont un personnel d'élite si on
veut en tirer tout le parti possible.
Ce qui augmente encore pour nous la va.
leur des principales réserves que nous ve-
nons de formuler, c'est que nous ne croyons
pas ces énormes vaisseaux absolument né-
cessaires.
Les coups décisifs des guerres maritimes
de l'avenir se porteront, à coup sur, dans
les mers d'Europe, parce que toutes les
grandes nations ont là les centres de leurs
puissances militaires et commerciales. Il
n'y a pour nous que deux cas à envisager
en cas de conflit. Serons-nous en guerre
avec l'Angleterre : alors ces cuirassés étant
en nombre inférieur, ne pourront sortir de
nos ports sans subir forcément, même après
des succès possibles, une destruction com-
plète à cause du nombre toujours renou-
velé de leurs adversaires.
Si c'est à d'autres adversaires nue l'An-
gleterre que nous avons à faire. alors leur
ravitaillement en charbon n'offrira pas de
difficultés et il est inutile de l'assurer d'a-
vance à un prix aussi exagéré.
Deux passages nous ont frappé dans le
discours métnodiuue prononcé jeudi au
Sénat par le ministre de la marine :
Le premier est celui où il parle de la né-
cessité absolue de donner à ces nouveaux
et puissants bât iments un personne! exercé
de mécaniciens et de chauffeurs ci du soin
particulier qu'il mettra à assurer ce recru-
tement. Nous espérons que des mesures
prochaines réaliseront, cette promesse.
Le second, celui où il fait allusion au cas
où, sous la pression de l'opinion publique,
nos cuirassés seraient obligés de sortir de
nos ports pour engager un combat dispro-
portionné, n'ofrrant aucune chance de suc-
cès. • -
, De longtemps, nous l'espérons, ceux qui
dirigent les destinées du pays ne se trou-
veront pas dans de pareilles extrémit/s ;
mais, si le jour venait des résolutions déci-
sives, nous sommes persuadés que le sou-
o venir de Lissa et de Santiago de Cuba évi-
terait à nos flottes des désastres sembla-
bles, sans qu'il soit besoin do remonter
jusqu'à la Hougue et Trafalgar.
CES MM. DES PONTS & CHAUSSEES
_n -- - --
L'X est leur miître, leur dieu; il a se 8
amples et ses écoles; ils sont ses ponti*
fes infaillibles et irresponsables.
Ils sont une caste dans l'Etat; ils nous
tiennent soumis à leurs dogmes, à leurs
lois; d'une essence supérieure, ils nous
dominent, nous simples mortels; ils sont
hors de notre atteinte.
Eu congé ou en exercice, ils sévissent
sur la France avec la même intensité;
ils sont inaccessibles au découragement,
ils sont sourds aux avertissements du
dehors; les dignes peuvent crever, les
pouts s'écrouler et les trains dérailler
sur des voies ferrées mal construites,
eux, semblables au juste d'Horace, res-
tent debout, impassibles sur les rui-
nes.
La digue de Bouzey présentait des
fissures,oll les en informa,ils ne s'en sou-
cièrent pas; on vit qu'elle allait craquor
de toutes parts, ou les pressa d'interve-
nir, ils se garderont de bouger; elle fo
rompit, le pays fut inondé, les habitants
engloutis; croyez-vous qu'ils reconnu-
rent leur faute ? oh non ! c'était la faute
do l'eau, la faute des matériaux, la faute
des intempéries des saisons, la leur?
allons donc, puisqu'ils sont infailli-
bles. i
Quand il fallut construire un pont, ici à
Saint-Sever, au-dessus de la rue Amiral-
Cécile et des voies de la ligne du chemin
de fer de Rouen à Orléans, ce furent ces
grands ingénieurs qui opérèrent,naturel-
lement. Le travail fut fait, suivant les for-
mules cotait un bel ouvrage;mais comme
il ne se tenait pas tout seul,il fallut mettre
des traverses dessous; l'enfant aurait
été beau, mais il avait des béquilles.
M. l'Ingénieur, auteur de ce grand
oeuvre, fut décoré et obtint do l'avancer
ment.
Ce n'est pas une charge, mais do l'his-
toire.
Quand ils firent le bassin Bèrigny, à
D eppo, inutile de dire que leurs calculs
furent savants et qu'ils furent justes;
sèulement la veille de l'inauguration un
dos quais s'écroula dans le haRsin; on on
fut quitto pour retarder l'inaugura.
tion.
L'autre jour lo Sud-Express a déraillé;
c'était un train qui faisait, par endroits,
120 kilomètres à l'heure; la ligne n'a-
vait pas été construite pour supporter de
grandes vitesses; c'étaient des ingé-
nieurs des Ponts et Chaussées, en congé
qui l'avaient faite; une enquête techniquo
est ouverte; qui en est chargé ? un ingé-
nieur en chef des Ponts et Chaussées;
ce cher camarade. !
Il y a quelques années, dans le midi,
un pont s'écroula dans la rivière; il ré-
sulta des recherches que l'a cident était
dû à cette circonstance que la dilatation
de la partie métallique par la chaleur du
jour n'avait pas été prévue; c'était la
faute du soleil, vous voyez bien que les
ingénieurs n'y étaient pour rien.
Il y deux ans, lors du vote du budget,
une question fut posée au ministre de la
marine sur le fait suivant : la Chambre
avait décidé l'année précédente que des
vaisseaux d'un type trop démodé de-
vraient disparaître ; douze mois s'étaient
passés et dans l'un des bassins d'un port
de la Méditerranée un vieux bateau
était resté amarré au quai ; le ministre
répondit : « Nous n'avon. pu retirer le
navire parce qu'il soutient le quai ! 1 »
Vous vous êtes laissé dire cela, ô Ponts
et Chaussées !
A Rouen, nous sommes tout-à-fait fa-
vorisés. Nous avions déjà le pont à bé-
quilles ; nous avons maintenaut le pont
qui se décolle ; c'est le pont Boeldieu ; le
fait a été signalé au conseil municipal ;
vous vous rappelez combien il y a de
temps que ce pont est livré au public; vous
savez ce qu'il a coûté; vous avez encore
dans l'esprit les articles officieux dans
lesquels on démontrait les splendenrs de
ce merveilleux ouvrage.
Vous n'allez pas encore accuser les
ingénieurs, j'espère.
La supériorité do ces messieurs no se
manifeste pas seulement dans les tra-
vaux de leur art ; ils ont encore d'autres
attributions où ils excellent également,
car ils sont universels et leur science est
l tnfusé.
A leurs moments pordus, ils soutien-
nent eux-mêmes des procès que des
profanes ont l'audace d'intenter contre
l'administration sacro-sainte. Leurs pro-
cédures valent leurs ponts ; si vous lisiez
les mémoires de M. Belleville c'est so-
lide et galant à la fois et d'une cour-
toisie vis-à-vis des adversaires.
Soyons justes. Des gens sortis des
plus aristocratiques collèges et des écoles
supérieures les plus en renom ne peu-
vent être que parfaitement bien élevés,
mais la stricte observation de l'urbanité,
bonne pour le vulgaire, ne saurait être
exigée d'hommes tout à fait transcen-
dants.
Ces êtres privilégiés ne peuvent être
astreints aux lois communes ; vous n'al-
lez pas, je suppose, les comparer à de
simples ingénieurs civils ou à de mo-
destes architectes.
Ceux-là sont responsables de leurs
actes. Une maison présente-t elle des
vices de construction, un recours est ré-
sorvé par la loi contre celui qui l'a cons-
truite ; qu'un accident vienne à se pro-
duire dans un établissement industriel,
par un défaut d'aménagement ou d'orga-
nisation, si l'ingénieur civil est en faute,
il faut qu'il paye.
Pour Messieurs les Ingénieurs des
Ponts et Chaussées, c'estnousqui payons.
Et s'il fallait juger de la perfection
d'un travail par le prix qu'il nous coûte,
les travaux de ces savants devraient
être proclamés parfaits.
Pour l'énormité du prix de revient, ils
défient toute concurrence, c'est encore
une supériorité.
Ils étaient autrefois chargé de l'entre-
tien des routes départementales; leur
.interYeDtion coûtait fort oher ; le travail
est maintenant confié au service vicinal,
donc le personnel n'a pas été augmenté
pour cela; la besogne est aussi bien faite
mais coûte bien moins cher aux contri-
buables; les Ponts et Chaussées trou-
vent certainement que c'est beaucoup
moins bien.
Voyons, pourquoi ces Messieurs ne
deviendraient ils pas responsables ? Est-
ce parce qu'ils savent se défendre les uns
les autres, forment un monôme dans la
vie, comme dit Gyp et de ce fait devien-
nent intangibles.
Mais, après tout, ils sont citoyens sou-
mis au droit commun ; ils sont mêmes
inférieurs à beaucoup do libres citoyens,
car ils sont fonctionnaires.
Est-il donc contraire à notre droit pu-
blic que les fonctionnaires répondent de
leurs fautes, de leurs négligences, do
leurs imprudences.
Les conservateurs des hypothèques,
s'ils oublient une inscription, les rece-
veurs dos finances s'ils laissent se pro-
duire un déficit ne doivent-ils pas répa-
rer, de leurs deniers personnels, le pré-
j udice qui résulte de cette situation pour
l'Etat ou pour les particuliers T
Alors pourquoi cette exception en fa-
veur des ingénieurs qui nous obligent à
refaire ou à réparer à grands frais leurs
travaux, incomplets, imparfaits ou sans
solidité ?
Ils sauraient alors, sans doute, des-
cendre des hauteurs du dotaaine spécula-
tif et purement scientifique où ils se
tiennent, non sans dédain, et s'inspirer
d'un sens plus pratique et des conseils
de l'expérience.
Je vous fais juges de la question, Mes-
sieurs les Ingénieurs des Ponts et Chaus-
sées ; que vous importe qu'on vous dé-
clare responsables de vos fautes, de vos
négligences, de vos imprudences, puis-
que vous n'en commettez point, n'est-ce
pas ?
Civis..
1 A tort et à travers 1
CORDON, S. V. P.
Si c'est une histoire, elle est savoureuse,
el. si c'est une farce, elle est amusante.
Les journaux raeonlenl que le Conseil mu-
nicipal d'une ville de province es! en train
de traverser uneerife 1 le. déménagement.
Plusieurs conseillers municipaux se sont
faits concierges, à la queue leu leu. Ces
messieurs aiment mieux entrer en logo
qu'on séance ; c'est parfaitement leur droit,
Ou me permettra d'ajouter que le les
tiens pour des philosophes très pratiques.
l Le mandat de conseiller municipal. même
l jorsqu'il n'est pas impératif, peut être oné-
*
reux et il est aléatoire. Désabusés, après
expérience et réflexion, des grandeurs mu-
nicipales, ces édiles convertis ont préféré,
comme dit l'autre, l'utile revenu du cordon
aux vains honneurs de l'ècharpe: menacés
d'être mis à la porte un jour ou l'autre par
le suffrage universel, qui est changeant, ils
ont cherché une porte de sortie : un proprié-
taire leur a offert de garder la sienne. : ils
ont accepté.
Etre l'adjoint d'un propriétaire qui logo,
éclaire, chauffe et peut-être nourrit son
concierge, cela leur a semblé plus avanta-
geux que de gérer les finances d'une ville
ingrate qui ne donne rien à ses gérants.
L'édilité, sans doute, rehausse un homme ;
mais quand elle ne le nourrit pas et qu'il ne
peut vivre de ses rentes puisqu'il n'en a
point, c'est insuffisant. Un decesmessieurs,
le plus subtil ou le plus favorisé, tou-
jours à en croire les informations, a été
nommé concierge de l'Ecole des Beaux-
\1'18 ou de n'cole des Arlscl Métiers (je ne
sais pas au juste) de la ville de ***. Le voilà
fonctionnaire de la ville ou de l'Etal; il
sera logé, il aura un polit traitement, puis
plus tard une petite retraite et pas grand
chose à faire ; ce n'est pas lo Pérou, mais
c'est une bonne petite situation, avec des
goûts simples.
-1 Les plaisanteries de vaudeville sur les
concierges sont un peu usées. 11 faut sans
doute d'autres qualités pour être conseiller
lIlunicipéll, dans une ville, que pour être
concierge, mais un bon concierge, et
je crois volontiers qu'il y en a beaucoup,
est un homme utile. Quand il garde bien
l'immeuhle à la surveillance duquel son
propriétaire l'a préposé; quand il classe,
respecte et distribue honnêtement la cor-
respondance de ses locataires, fait diligem-
ment leurs commissions et leur escalier,
leur ouvre la perte au premier coup de son-
nette, et même au socond, après minuit.
défcnd, pendant la journée. los murs, les
portes et les volets do sa maison contre les
attentats de toute sorte qui les menacent,
même on province, il rend service, sinon à
i la collectivité toute entière, du moins à un
groupe de citoyens; il est précieux, aima-
ble el considéré.
- a ,.
La profession doit avoir bien des petits
ennuis, do petites charges: mais quelle est
celle qui n'en à pointa Le métier de proprié-
taire lui-même est très tracassé, par le
temps liai court, sans parler des temps de
révolution où les propriétaires ont tout de
même plus de chance d'être envoyés à la
Gonciergerio que leurs concierges. Un con-
seiller municipal est toujours un peu huir
mentô, jo ue veux pas dire agacé par t-es
électeurs, un propriétaire par ses locatai-
res; le concierge, surtout dans un imrrhm-
ble de rKtat. est, en somme, un personnage
plus indépendant. Il n'est pas toujours at-
taché à son cordon, puisque sa femme peut
le tirer nour lui: s'il s'absente, il nrctexto
d'un ordre reçu, d'une course a faire, ( et
tout est dit; sa place ne l'emp vv. de
so déplacer, pour l'établissement ou pour
autre chose: 11 a bien des loisirs.
- - -. - -
El puis rien ne dit,– car mes informa- )
lions ne sont pas précises sur ce point,– i
qu'on ait défendu de cumuler à ceux îles
conseillers muni'ipaux delà ville do ••• qui
sont devenus concierges en ces derniers
temps, .le n'y vois d'inconvénient et je |
n'y trouve aucune incompatibilité. On peut
être à la fois, sans que l'en ni personne en
souffre beaucoup, un très non conseiller
municipal et un excellent concierge, à la
condition, bien entendu, que l'on ne profile
pas de son influence de conseiller pour
accroîlre sa situation de concierge, en fai-
sant. «tonner, par exemple, à l'immeuble que
l'on jjêreune plus-value, ni. ill"(,I'l'IlIlIl. de
sa situation de concierge pour influencer,
par différents moyens les opinions polili-
ques de ses locataires. Un homme juste et
paisible, de conscience et même d'intelli-
gence moycnne, peut très bien remplir à la
l'ois ces deux fond Ions, en apportant acha-
cune l'esprit qu'elle réclame et le zélé qu'elle
exige.
Je n'y entrevois qu'un petit danger : c'est
que, si t'exempte se répandait, si dans les
conseils municipaux il entrait à la longue
Irop de concierges, leur pel ilojcorporal ion ne
devint trop prépondérante au sein de l'as-
semblée dont ils feraient, partie. Trois ou
(tc, (le
les maîtres de l'Hôtel de Ville dans bien des
endroits ; il y aurait, là quoique chose d'ex-
cessif (pii m'inquiète, sans, d'ailleurs, m'é-
pouvanter. Al tendons en paix les événe-
ments. L'avenir r.ousdirasi le. nonihro est
plus grand, des conseillers municipaux qui
deviennent concierges ou des concierges
qui deviennent conseillers municipaux. Ce
sera une statistique intéressante.
S.
»
L'AVANCEMENT DES INSTITUTEURS
La Chambre a voté le projet de résolu-
tion à l'avancement des instituteurs. L'a-
vancement est subordonné aux vacances
qui se prcdutSfnt nonnatement ou acciden"
tellement dans les classes supérieures. Si
los retraites, démissions,décès se raréfient,
l'avancement se ralentit nécessairement. Il
est toujours troplént, bien entendu, pour
ceux qui at tendent. 'Toutefois, les doléances
des instituteurs avaient quelque chose de
fondé, puisque satisfaction leur a a été ac-
cordée à deux reprises et, par deux procé-
dés différents. D'abord, il y a deux ans, le
crédit, des retraites a été accru de 1.200.000
fr., de manieje à désencombrer le tableau
d'avallcenwnt par ladisparil ion de ceux qui
étaient maintenus, bien malgré eux le plus
souvent,dans les cadres du personnelensei
gnant, au-delà de l'âge et. des services exi-
gibles. %,
Cet appel d'air n'ayant pas paru suffisant, 1
on a vote, l'an dernier, un nouxeau supplé-
ment de crédit de :i,SU,iHiO fr. pour permet -
tre au ministre de faire une large fournée
de promotions. Aujourd'hui, M. Carnaud
trouve encore que ce n'est pas assez. Il ré-
clame pour les instituteurs un avancement
automatique, en vertu duquel tout Institu-
teur serait promu de droit A une classe su-
périeure, à l'ancienneté, après un certain
temps de service, en réalité tous les cinq
ans. .¡. - ̃
Il y a quelques jours, le'Sénat sanctions,
nall une proposition adoptée par 11 Ghaiu^'
bre, en vertu de laquelle les instltutears
pourront (tJ'é.(tIpml"-d'un des deux j)-
Sels auxquels sont assujettis les réservistes
de l'armée active.
Partout on a fait appui à leur concours,
il était que trop juste de voter, pour eux,
un projet de résolution 1
DÉPOPULATION
Le projet de M. Piot. - Impôt sur
les célibataires. Natalité
antique. Célibat ecclé-
siastique. Familles
égoïstes. ,
La Hible, ce livre dont le vieux el. héroï-
que Kniger médite une pagechaque malin
raconte en son premier chapitre qu'aussitôt
l Homme et la Femme ci-ces. Jéhovah leur
ordonna de croîlre, de multiplier et fie rem-
plir la ferre.
A quelques siècles do là, A la suite du Dé-
luge, le même llicu bénit Noé el sa com-
pagne. en leur disant encore : c Cresclte et
* multiplicamlnf et rep/rte lervam »
Cette loi, inscrite au frontispice de la
Olenèse, indique combien niieieimoest l'idée
du développement des peuples, et de leur
grandeur par l'accroissement du nombre de
leurs enfants.
Or, il se trouve précisément que H dimi-
nution de. la natalité est un des maux qui
pèsent actuellement sur la nation française,
et que la dépopulation menace à cet te heure
notre vitalité peul-élie autant que l'alcoo-
lisme.
Un brave sénateur de la C;ltt-ll'nl', M.
Piot. s'est ému de cette situation et a. cher-
ché à y apporler remède à l'aide d'un projet
d'impôt sur les célibataires.
Sans vouloir étudier le projet de l'hono-
rable l'ère conscrit, il est curieux de revoir,
a travers l'histoire, comment se consti-
tuèrent les races nombreuses, el comment
fut considère, chez les différents peuples,
le célibat (pie le réformateur du Luxem-
bourg regarde à celte heure comme le prin-
cipal facteur de l'oMivre de dépopulation.
Aussi bien une région comme, la nôtre,
active. ,q. industrielle, maritime el agricole
a la fois, doit s'intéresser à la question pri-
mordiale de la population : ou a assez «lit
et répété que l'agriculture manquait de
bras, il faut voir si cela est vrai, et dans
1 affirmative, chercher les causes et, en
même temps, chercher les remedes à cet
état de choses.
»
« «
Chez ( les peuples «le l'antiquité, qu'ils
aieid vécu en théocratie comme les Ill).
breux, en monarchie comme les Assyriens
e' b s Ivvptiens, ou en démocratie comme
!t H"';:I!I(' et les Komains, l'enfant fut
toujours considéré comme une portion «le.
Ug' aiide fam'lle populaire, bans bien des
c-S mène-, il appartenait à l'Etat qui se.
cb.irgead de son éducation et de son ins-
truction : c'est .-i qui se passail, par exem-
ple. chez ies Mi des et chez les Spartiates.
L.vas cos conditions, l'eufant n'étant pas
une charge familiale, ou tout au moins ne
c 'i; "111liai!I qu'une charge minime, aucune
considération u'armiwil s* procréation, et
les générations succédaient, aisément plus
durées ies unes quo les autres.
.lolgnez à cela l habitude de la polygnmio,
répandue chez Ions les peuples anciens, à
l'exception des Homainn, et vous concilierez
facilement quelle propagation rapide s'en
suivait.
Les exodes de tribus, les invasions de
hordes barbares qui se produisirent, eu tous
sens, dans ces temps reculés, et même au
moyen-âge, n'eurent pas, en gouéral. pour
cause, les besoins du lucre el du commerce,
mais plutôt la nécessité, pour ces races de-
venues de plus en plus fécondes et nom-
breuses, de s'étendre au-delà des territoires
primitifs et de trouver leur io ailleurs et
plus loin.
L'expansion coloniale moderne, au con-
traire, a pour base, la recherche des déhuu-
chés commerciaux, l'extension du négoce
el l'urgeiKo d'écouler les produits de l'in-
dustrie métropolitaine.
Depuis le commencement de ce mx9" siè-
cle, qui louche à cette heure à son terme
glorieux, en France particulièrement, la
dépopulation, comme je le disais eu débu-
tant a fait (le Irès rapides progrés d la di-
minution de la natalité s'accentue d'une l'a-
I;.I)!J, redoutable pour l'avenir du pays.
Dans notre département, seulement, que
l'on examine la plupart de nos bonnes com-
munes rurales, et l'ull sera frappé de la
décroissance de la population, (\)lIdqu('
chiffres pris au hasard en donneront une
facile idée; Quineampoix, dans l'arrondis-
sement de Houen, comptait, il SIS habitants, ii n'y en a plus que sio: llé-
nouville, canton de Duclair, est tombé dl
171 à fil; au pays de Caux, Sainl-.louin
est descendu de l.N'w à. l,*jtV.1., et cirainville-
la-Teinturièrc de 1.1 ôi) à * K »? ; (irèges, au-
près de Dieppe, est passé de jso à I;(;, pen-
dant que Bradianeourl, au pays de Krav,
qui comptait lxq habitants en ts'.d n'en a
plus que 1?:$aujourd'hui, etc. - -
Ces exemples pourraient cire mull ipliés à
foison ! Oh! J'entends bien que l'on me
«lira «pie. l'émigration des campagnes vers
les grandes villes donne l'explication na-
turelle de ces diminutions «U>s effectifs ru-
raux, «|ue je n'ai «pi'à regarder la popula-
tion de nos chefs lieux d'arrondissement et.
des gros bourgs de nos vallées industrielles
pour nio reiuire compte il»* ce. phén«Mnène,
et tous autres arguments ejasdem /al'lnll',
je répondrai qm; ces augmentations des
importantes lie
un trompe-l'«eil, les chiffres «pie l'on accuse,
sonl produits par l'émigration deshorsaùis
et non pas par la natalité.
Consultez les registres de l'état civil soif.
à Houen, soit au llavre, et. vous constate-
rez sans peine «pie, depuis «inolques années,
le uouibiv des naissances est égalé, sinon
i surpafS> par celui d«;s décès.
En résumé nous perd» lis nos foives, el la
descente de l'échelle d«* la natalité est ef-
frayante à t'IIIISidél't'l', surloul si l'on rétlé-
cliil qu'elle peut coiitinuer longtemps, et si
l'on ne voit poindre aucun remède pour en-
rayer ce, déplorable mouvement accéléré
vers le bas,
*
* *
M. Piot, déjà nommé, croit que l'une des
causes «le la dépopulation, réside dans l'ac-
croissement du nombre «les célibataires, et,
il projette logiquement d'imposer le célihal.
ï,e célibat morne, désori or nnlo
N'ost plus la hhnrte, m.iis bien la solitude,
écri\ail Emile Augier. l.e bonlmmni" hu-
cis axait dit avant lui :
Pc t'aiTieux < goiétne est né lo q
Aussi' bleu, dans l'antiquité, malgré snii
*. é, 'log&'pï»r linéiques rhéteurs et sophiste--, ie
céljpat ne lut pas considéré. Il semble ail
eoillnrire bien ressortir des écrits de Pla-
ton, «le PIutarqne et de circonstances rap-
p«)rtiVs p.fl' fes historiens qu'il était puni
connue un délit, l.yeurgui' notait les eéli-
halaire.s «l'infamie : fous les ansl«'s femmes
de La«,éiléniouo allaient, los prendre choA
t
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