Titre : Le Travailleur normand havrais : paraissant le dimanche
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Rouen)
Date d'édition : 1900-09-23
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32880313v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 23 septembre 1900 23 septembre 1900
Description : 1900/09/23 (A10,N501). 1900/09/23 (A10,N501).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG14 Collection numérique : BIPFPIG14
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Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6393003k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-90656, JO-90677
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
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Dixîèing Aun6t Net 801 Le Numéro j 'l'Q ttntirow Dimanche 23 Septembre 1900
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Rédaction A Adttini
ROUEN
Quai de Paris, 23
BUREAUX AU BAVRa
il, Rue de Paris, il
Les Abonnements se paient à
l'avance et 88 font à partir de
la àt 1 t5 de choqua mois.
SEMAINE POLITIQUE
Les concessionnaires da l'Exposi-
tion Demande d'arbitrage
Réponsê ambiguë du minis-
tre du commerce.
M. le ministre du commerce vient d'a-
dresser une lettre aux concessionnaires
de l'Exposition eu réponse à leur daman
de d'arbitrage. M. Millerand consent à ce
que les griefs des concessionnaires
soient soumis à deux arbitres, dont l'un
sera nommé par l'Etat, l'autre par les
réclamants, et qui, d'accord entre eux,en
désigneront un troisième. Mais il n'ad-
met pas que les arbitres ainsi désignés
prennent une décision définitive. Ils
émettront un simple avis, que le gouver-
nement sera libre de suivre ou de ne pas
suivre. M. Millerand promet seulement
de faciliter autant que possible la tâche
du « jury arbitrai », d'examiner, c avec
la plus grande bienveillance, et spéciale-
ment au point de vue de l'équité, le dos-
sier des réclamations et la décision inter-
venue, et d'arrêter, en conséquence sa
règle de conduite. » Les concessionnai-
res ont pris aote de ces déclarations : les
arbitres vont se mettre immédiatement à
réouvre : il n'y aura pas de grève des
« attractions ».
En refusant de reconnaître un carac-
tère définitif à l'avis qui sera donné par
les délégués des deux parties en litige.
M. le ministre du commerce repousse,
en réalité, la demande d'arbitrage. Il est
évident qu'on ne peut parler ni d'arbi-
tres, ni de sentence, ni de jury arbitral,
quand les personnes désignées n'ont
pour mission que d'émettre une opinion
consultative, et quand l'un des plaideurs
garde la faculté de ne pas se conformer
à cette opinion. Pour écarter la demande
d'arbitrage dont il était saisi, M. le mi-
nistre du commerce s'est appuyé sur
deux raisons, l'une tirée du cahier des
charges aoceplê par lea concessîonnai*
res, l'autre empruntée aux principes gé-
néraux de notre droit administratif.
D'après l'article 33 du cahier des char-
ges de 1807, les contestations entre l'ad-
ministration de l'Exposition et les con-
cessionnaires doivent, « avant d'être dé-
férées à la juridiction compétente, ôtre
soumises à un jury composé de trois
membres, dont l'un désigné par le com-
missaire général, un autre désigné par le
concessionnaire, et le troistème choisi
par les deux premiers. La décision- de ce
jury n'est obligatoire que si les deux par-
ties l'acceptent. » Ce texte est formel. On
a évité, en le rédigeant, de prononcer le
nom d'arbitrage, et on a bien fait, puis-
que le rôle attribué aux membres du
« jury » ne ressemble en rien à celui d'un
tribunal. Mais, après tout, le cahier des
charges de 1897 n'est pas une loi, ni
même un décret. Il a fait l'objet d'un sim-
ple arrêté minialériel et un autre arrê-
té pourrait y'déroger s'il n'existait pas,
dans notre droit public, des règles supé-
rieures dont le gouvernement est obligé
de tenir compte. L'article 33 n'est qu'une
application spéciale do ces règles, et c'est
sur elles surtout que s'appuie la lettre de
M. Millerand.
« Un ministre, dit elle, ne peut faire à
deux arbitres une valable délégation de
ses pouvoirs en leur donnant le droit de
rendre une décision souveraine, et il a
été jugé à diverses reprises que le com-
promis de même que la sentence inter-
venue dans ces conditions étaient viciés
d'une nullité pure et simple. » Cette allé-
gation est exacte. Il existe, en effet, un
certain nombre de décisions du Conseil
d'Etat, d'après lesquelles les procès inté-
ressant l'Etat ne peuvent être déférés à
des arbitres. Ils doivent suivre, néces-
sairement, la filière du contentieux ad-
ministratif, c'est-à-dire être portés, sui-
vant les cas, devant les Conseils de pré-
fecture, devant le ministre, et, devant le
Conseil d'Etat. C'est ce qui a été jugé,
notamment, en 1887, dans une affaire
concernant la fixation de l'indemnité due
à l'évêché. de Moulins pour la reprise de
l'immeuble du petit .séminaire d'Yzeure.
L ministre de -- Ilnatmetion publique
avait consenti au règlement de cette in-
demnitë par voie d'arbitrage. Mais la
sentante arbitrale a été annulée parce
que, 'dil* îe Conseil d'Etat, le ministre
« pn le -droit de déléguer 1188
« por^oirS à dei arbitres et de remettre
« ainsi lê soin de décider à une juridic-
« tion autre que coites légalement nis-
« tituées. > Il est vrai que ce principe
n'est pas inscrit dans un texte de loi;mais
comme on sait, notre droit administratif
est régi en très grande partie par des
usages; c'est un véritable droit coutu-
mier, et on comprend que le ministre du
Commerce n'ait pas cru pouvoir déroger
à une jurisprudence aussi solidement
établie.
Nous ne voulons pas engager une con-
troverse légale sur la valeur de cette ju-
risprudence. Mais il est permis de faire
remarquer, avec quelque regret, combien
notre législation, prise dans son ensem-
ble, est peu favorable à l'arbitrage. Elle
devrait, semble-t-il, rendre aussi facile
que possible une procédure qui permet
aux parties d'éviter les lenteurs,les frais
les complications d'un recours aux tribu-
naux. Mais elle fait exactement le con-
traire.Lorsque deux personnes concluent
un contrat et quelles y insèrentune clau-
se par laquelle elles s'engagent à déférer
à des arbitres toute -contestation future
qui pourra surgir entre elles, la justice,
interprétant d'une façon quelque peu ar-
bitraire un article du Code de procédure-
déclare que cette clause est nulle, et que
la partie de mauvaise foi qui ne voudra
pas se prêter à l'arbitrage aura la facul-
té de s'y refuser. Pour que le compromis
d'arbitrage soit valable, il faut, en droit
civil, que la contestation existe : on ne
peut pas le conclure .d'avance. Si l'Etat
est Tune des parties en causes,on va bien
plus loin encore : tout arbitrage est illé-
gal, même quand la contestation est déjà
née : il faut absolument aller devant les
tribunaux, sauf à attendre pendant des
mois, et souvent pendant des années,
qu'ils aient fini par statuer en dernier
ressort. Ce sont, on en conviendra, des
règles assez bizarres, et J'autant plus
singulières qu'aucun texte formol ne les
consacre. Mais elles existent et on sait
que, dans notre pays, il est beaucoup
plus tacite dé renverser un gouverne
ment qu'un vieil abus.
La libertêde l'Enseignement
La mode étant aux Congrès, les ltbros-
penseurs ont estimé qu ils en devaient tenir
un international, comme de juste. Ge Con-
gres a naturellement voté, avant de se sé-
parer, -- la série traditionnelle des vœux.
Qerlaina de coux-cl sont a une banalité
prévue : par exemple, l'initiative adressée
aux pouvoirs Imbhos, d'interdire le port
d'habits ecclésiastiques en dehors des lieux
de culte.
D'autres, par contre, sont vraiment di
gnes de remarque : c'est ainsi que, après
une discussion animée, le Congrès a fini
par se déclarer favorable à la liberté de
l'enseiguement.Le vote a été,parai Ml, émis
par nation alliés et l'opinion qui a prévalu
,,"atl été combattue par les délégués fran-
çais. A cela rien de surprenant.
- Nous savons de longue date comment nos
libres penseurs militants conçoivent la
liberté de penser : leur absence de doctrine
devient pour euxun dogme Intangible qu'ils
prétendent Imposer par tous les moyens.
Leur plus cher désir est donc de monopoli-
ser l'enseignement.
Les esprits vraiment libéraux qui ne cesse
rie s'ébver contre cette prétention pourront
invoquer, dorénavant, un argument do
plus. Impossible de nier maintenant que
les campagnes menées chez nous procèdent
uniquement de rancunes sectaires et d'ar-
rières pensées politiques. Un Congrès de
libres-penseurs vient de déclarer solennel-
lement que la libre pensée devrait admet-
tre la liberté d'enseignement.
L'Exposition
Il y a quelques jours nous disions que
comme suite à une lettre de M. Paschal
Grousset, député, demandant que l'Exposi-
tion fût prolongée à l'année prochaine, et
qu'on prit des mesures pour conserver pen-
dant l'hiver les palais provisoires M. Mil-
lerand avait prescrit une enquête sur la
question..
Il ne semble pas que l'idée ait rencontré
parmi les exposants, les premiers intéres-
sés, une grande faveur, ni surtout parmi
les collectionneurs d oeuvres d'art ou de
bibelots qui ont déjà fait un sacrifice a notre
point de vue extrêmement méritoire, en
consentant a se séparer pour près d'un an
de leurs toiles, de leurs statues ou de leurs
objets précieux. De plus il paraît indiscret
de demander 4 l'Angleterre, à l'Allemagne
ou à la Hongrie, par exempte, de nous
lalsseT un an de plus les trésors qui sont
entasses comme a plaisir dPns leurs pavil-
Ions du quai d'Orsay, el DOUS croyons pas
nu'on nulese, mémo un instant, espérer
obtenir leur consentement.
Mais les industriels eux-mêmes ne sem-
blent nullement enthousiaste. Un de nos
confrères en a Inteiwlevé quelquer-uns,
notamment des présidents de chambres
ivudioales. La plupart des exposants sont
fermement résolus 11 commencer l'enlève-
ment de leurs produits le lendemain même
Je la fei'ûïeiure -, les uns ont vendu en fi
xant comme date de livraison, précisément
1 com - te- d - -
les premiers jours ae novemnre ; les aUITes,
pour certaines denrées, notammeut redou
"teùt l'actinn du froid, sensible dans ces
iralerles mal closes et pas chauffées.
Ht pots. Il faut voir dans quel état se-
raient au printemps prochain, ees murail-
les de staff, que tachent déjà, en maint
f udroit, d'abominables lèpres produites par
X'tnuntdUô.
UN FOUR!
Tandis que le gouvernement préparait
en l'honneur des maires les fêtel!! que
l'on sait et dont on peut prévoir l'immen..
se succès,le Conseil municipal de Paris
organisait, de son côté, on le sait aussi,
des fêtes parallèles.
La chose n'avait, en soi, rien de criti-
quable. Que la municipalité parisienne
voulût, selon ses propres expressions,
« convier les municipalités françaises et
étrangères à visiter notre capitale » ot
« compléter » ainsi les fêtes données par
le gouvernement, rien de plus naturel,
on somme, et l'idée pouvait même sem-
bler bonne à plus d'un égard.
Las vingt deux mille invités du Gou-
vernement auraient eu meilleur mesure,
et voilà tout l
Malheureusement, et par suite de cir-
constances diverses, les fêtes municipa-
les prirent bientôt les allures d'une ma-
nifestation et, loin de t compléter » les
solennités gouvernementales, se révé-
lèrent destinées, au contraire, à s'oppo-
ser à elles.
La majorité nationali Ite du Conseil
parisien est plus batailleuse que réflé-
chie et les membres du bureau qui la
représentent oublient volontiers qu'il
convient toujours, dans la vie publique,
de se plier aux circonstances et de res-
pecter les usages respectacles. La pre-
mière personne qu'il fallait convier à
rilotel-de-Ville était le chef de l'Etat. On
négligoa d'y penser, au moins quand on
aurait dû ; la présence du chef de l'Etat
entraîne fatalement celle de ses minis-
tres; mais M. Grébauval se souvint qu'il
lui était impossible de se trouver en pré-
sence de M. Waldeck-llousseau.
Los invitations une fois lancées. les
maires répondirent, comme de juste. La
plupart refusèrent, quelques-uns seule-
ment acceptèrent. Uno seule lettre d'ac-
ceptation fut publiéeft colle de M. Max
Régis. Par contre, nous connaissons les
termes d'un bon nombre de refus, Bref,
la lecture des refus, comme celle do l'ac-
ceptation unique, tout donnait bien l'im-
pression que la soirée municipale serait
considérée comme uno manifestation di-
rigée contre le gouvernement.
Devant l'abstention quasi-générale des
invités, le Conseil municipal de Paris,
qui tout d'abord n'avait convié que les
maires de chef-lieux de canton, élargit
le cercle de ses invitations ot s'adressa,
ainsi que l'avait fait le gouvernement, à
tous les chefs de municipalités.
Ce fut encore en pure perte.
On songea alors mais alors seule-
ment que la République Française
possédait un Président et qu'il était d'u-
sage, en pareille occurrence, de lui
adresser une invitation.
« Rien ne sert de courir, il faut partir à
point» dit un proverbe. Fautre d'être
« partie à points l'invitation ne fut pas
acceptée par M. Loubet et les «amphy-
trions où l'on ne dine pas » ainsi que
M. Camille Pelletan qualifie les conseil-
lors municipaux de Paris en furent
pour leur courte honte. Pas de Président
de la République, pas de fonctionnaires,
pas de maires, les dix-huit cents couverts
commandés devenaient bien gênants 1
Les édiles parisiens pour, enfin, trou-
ver des convives, engagèrent alors les
quelques maires qui n'avaient pas décli-
né l'invitation à se faire accompagner de
leurs épouses. ou de dames quelcon-
ques. De la sorte, pensaient-ils, nous
n'aurons pas l'air de banqueter entre co-
pains t
La ruse ne réussit pas davantage et
les conseillers nationalistes, en fin de
compte, restèrent seuls avec leur. ves-
tel Ils n'avaient plus qu'une ressource :
décommander le gueuleton : c'est ce
qu'ils firent.
Naturellement ce n'est pas de bon cœur
qu'ils ont empoché ce camouflet ; aussi
il faut entendre les imprécations qu'ils
profèrent, les malédictions qu'ils formu-
lent à l'adresse du Gouvernement, d'a-
près eux, cause de leur déconvenue !.
Eu effet, suivant ces bons apôtres et
les journaux à leur dévotion, si les mair
res républicains n'ont pas voulu venir
casser une crante en leur compagnie,
c'est parce que le ministère le leur a or-
l donné ; si de tous les coins de la France
des refus leur sont parvenus, c'est à
cause des prescriptions du président du
conseil; si, enfin, l'absence dos convi-
ves les oblige à remiser leur batterie de
cuisine c'est «parce que M. Waldeck-
Rousseau a eu peur que ce banquet fut
imposant et qu'il trouvait trop forts les
conseillers municipaux de Paris. »
On avouera que pour estimer «impo-
sant» ce qui n'est qu'un lamentable four
et pour trouver trop forts» ceux. dont
l'entreprise a piteusement avorté il faut,
comme dit l'autre, en avoir une santé !
Or cette santé nos bons nationalistes la
possèdent et M. Dausset se charge de le
prouver.
Ecoutons-le ; « En réalité, dit-il, le gou-
vernement « a voulu opposer la province à
« Paris ot l'affront qu'il fait au conseil
« va droit au peuple de Paris. Nous som-
a mes les plus forts, laissons à ses der-
« nières convulsions un gouvernement
« qui s'en va sous le mépris. »
Et allez donc, c'est pas ton père 1
Cette manière d'écrire l'histoire n'est
pas pour nous surprendre. L'autre jour
ne signalions-nous pasici-mêmerétrange
état d'esprit qui permettait au Nouvel-
liste de Rouen de rendre le gouverne-
ment responsable et du naufrage de la
F ramée t et do la mort par la fièvre jau-
ne du capitaine Pallier, et de l'impossibi-
lité dans laquelle le czar se trouvait »do
venir en Franco.
Comment après avoir lu de pareilles
incohérences s'ôtonuer que los nationa-
listes attribuent au ministère de la « ta-
pe p colossale que leur maladresse et
leur manque de correction seuls ont
provoquée ?
- Kl cela est si vrai que la responsabilité
de la déroute incombe aux conseillers
parisieus, i'jue le Journal des Léúnis'--
qui pourtant n'est pas leur ennemi le
constate et déclare « que ceux-ci se sont
laissés aller dans cettoattaire à de petites
incorrections et à do grossos maladres-
ses, »
Constatons on passant que cette aflir-
mation non suspecte n'ernpêehe- pas le
Journal de-Rouen de trouver que si le
banquet nationaliste n'a pas lieu « c'est
que le cabinetavait une revanche à pren-
dre contre le Bureau du Conseil et qu'il
devait profllor de la promière occasion
pour se l'offrir. »
Notre bon confrère de la rue Saint Lô
qui, certainement a été républicain
mais qui, non moins certainement ne
l'est plus ne peut naturellement hési-
ter dans le choix de ses sympathies et
pour lui mieux vaut marcher avec des
chefs de file comme Dubuc et consorts
que d'approuver l'attitude de M. Loubet
et du ministère qu'il a formé. Périsse la
République plutôt que de faire de la pei-
ne à ce bon M. Méline 1
Bref les fêtes municipales n'auront pas
lieu.
Ma foi puisque le banquet de l'Hôtel-de-
Ville, du fait des nationalistes, prenait le
caractère d'une manifestation politique
contre le Président de la République
et le gouvernement, c'est ce qui pouvait
arriver de mieux.
Aussi à part quelques forcenés ne se
plaisant que dans le désordre personne,
croyons-nous, ne le regrettera.
Qui sait si les organisateurs eux-mê-
mes ne protestent pas que pour la for-
me ?
Les lettres qu'ils écrivent on ce mo-
ment pourraient le faire croire, tant
l'esprit évangélique semble les inspirer
Jean Mesnil.
A tort et à travers
CARTES POSTALES
Au n* 31 de la rue Bonaparte, danr la salle
de la Plume, vient de s'ouvrir une exposi-
tion d'un genre tout nouveau, la première
« exposition internationale de cartes posta-
les illustrées ».
Le docleur Hembo, qui l'a organisée, n'a
pas réuni moins de 150,COO types, venus de
tous les coius de l'univers. Faute de place,
11 a dû renoncer à montrer d'un seul coup
pensemble de sa collection ; on ne volt, en
ne moment, accrochées sur les mnrs du
bail, que les 35,000 cartes relatives A l'Eu-
rope ; cette exposition partielle sera Ijlenlôl
suIvie de quatre autres ayant trait chacune
à une partie du globe; ce : cra le tour du
monde par la carte postale.
Mais on peut, dès à présent, en visitant le
l petit musée de la me Bonaparte, so faire
[ une idée de l'extraordinaire développement
au a pris, en ces dernières années, cette In-
dustrie nouvelle, en même temps que de
ses progrès eL do ses ambitions. M Hembo
nous montre, perdue dans ce fouillis d'ima-
ges multicolores, une carte touto, modeste,
un fJlmplc dessein au trait, que la plupart
des visiteurs n-apercevront même pas. Les
plU.8 enragés collectionneurs passeront in-
diiTérents, sans 80 douter que cette humble
gravure est, de toutes, la plus précieuse ;
car c'est la p'us ancienne, le proto'ypo au-
jourd'hui introuvablo, la première carte
postale vendue à Bille en 1805 et qui s'est
d'autant mieux perdue qu'elle n'eut aucun
sucrés.
C'est seulement depuis uiao vingtaine
d'années que le public a pris goût aux car-
tes illustrées ; encore cette mode demeura
l-elle longtemps limitée à certains pays, à
la Suisse qui la créa, à l'Allemagne qui l'ex-
ploita et sut en faire l'objet d'une immense
iudustrle. Il n'est, pour ainsi dire, pas de
ville allemande qui n'ait une ou plusieurs
malsons d'édition exclusivement occupées
d'imprimer des cartes postales et de ien
répandre dans le monde entier ; il y a de
ces maisons à Munich, à Slutlgard, a
Carlsruhe, à Hanau. surtout à Dresde qui
reste la capitale do la carte illustrée.
C'est cette ville qui fournit aux librairies
d'Allemagne,-d'Italie, de Suisse, de France,
d'Egypte et de Syrie la plupart des vues de
paysages, de monuments et de rues que
l'on vend aux touristes.
«
* il
On a établi, à l'occasion do cette Exposi-
tion, une statistique de la production dans
différents pays d'Europe. L'Allemagne y
devance, de beaucoup, toutes les autres
nations.
devance, Elle produit chaque année, 84 mil-
lions de cartes lllustréès qui rapportent aux
éditeurs 1.080,000 marcks, 6 100.000 aux in-
termédiaires et 6 millions de marcks à
l'Etat. La Suisse vient ensuite avec une
production de 18 millions de caries dont
l'Etat tire un bénéfice de 2 millions do
francs.
La France est presque au dernier rang,
bien après l'Autriche, l'Italie, l'Angleterre,
la Russie, la llelglqne. les Pays-Bas et
môme la Suèdo: elle ne dépasse que l'Èspa-
guo et la Turquie. Sa production est seu-
lement de 4 militons do cartes; sea éditeurs
ne gagueut quo 120.00U francs, ses inter-
médiaires 500.000.
Lie plus gros lJénOnce, on FrRUCo, appar-
tient à l'Etat, qui gague do ce chef, 8*,U.U00
francs par an. Cotte disproportion rosultc
du prix do l'a t, plus élevé
chez nous quo daus loa autres paya.L'avan-
tage de l'Etat français n'ost d'ailleurs qu'-
apparent; l'amateur, obligé d'employer un
timbre do dix centtmos, alors quo partout
ailleurs cinq centimes RUfftsont, achète et
envoie peu do cartes; les ôdttours sont
rares; ils ne produisant fluère; ratât, par
excès do gourmandiso, tue la poule aux
œufs d'or.
* *
Go quo cotte Exposition révélera aux
visiteurs qui no sont point des spécialistes,
c'est l'oxlraordinalre richesse et l'iufinio
varlôté du rôportotro des éditeurs de cartes
postales. Tout, lo momie connaît ces vues
do villes, eITel de jour, cll'et do nuit,
Imprimées noir sur blanc, qu'on trouve en
tout pays et qu'on fait surtout, à Dresde;
c'est la classique do genre; mais ce n'est
qu'une faible partie de ce qu'ou peut trou-
ver.
La llulsse fabrique des caries légèrement
colorlees, ou le sujet s'encadre de guirlan-
des, d'arabosques, d'entrelacés JtlOlé de
personnages en costumes natlounaux.
Munich s'efforce d'atteindre à la puissance
d'etfet des pelair^s impressionnistes et
s'applique à traduire, dans de lourdes ima-
ges intitulées Vegetatiombltd ou Seebad
zn Riva, tantôt les nuances diaprées de la
llore alpestre, tantôt les éclatantes ravures
des caleçons des baigneurs. -
Sluttgart. a le monor oie do la GemuUûl-
chheit ; voici, tendrement enlacés,un jouno
homme à moustache mousseuse, en veston
gri.s en souliers jaunes, et une blonde goret-
chen, vô tue d'un e roberoc;e'est une illustra.
lion de Schumann, Im wundtrschœmn
Monat Mal : plus loin, entre une halo fleu-
rie et un arrosoir peint en vert, un couple
souriant partage un parapluie et patauge
sous l'averso :
Uchaut' auszi, l.cle's ret/net ;
Schauf aaszL, trte's gleszt.
Chaque pays est marqué du trait qui lui
est propre.
Dans ses cartes postales aussi bien que
dans sa littérature, l'Allemagne se plaît
toujours à dépeindre Paris comme la erran-
de Babylone et ce sont surtout des scènes
du Moulin Rouge qui symbolisent la capi-
tale du plaisir.
Monaco est représenté par une série de
figures, les Etoiles de la Roulette, qui, en
dépit de leur léger coptume, ne seraient
autre chose, si l'on en croit la légende im-
primée, que les u portraits des plus ravis-
santes femmes connues dans les salles de
jeu de Monte-Carlo, planant comme des fées
modernes sur la roulette volante ».
Mais ces sujets frivoles sont plutôt l'ex-
ception. Voyez plutôt ces cartes familiales.
préjarées au gélatino-bromure, qui permet-
tent d'envoyer aux aïeules, en mcmo temps
que de timides essais d'écriluro enfantine,
la photographie de Marie-Anne ou celle du
peut Jean.
Voyez encore l'économique et instructive
série de cartes Illustrées où sont reproduits
avec quelque ressemblance, tous les chefs-
d'œuvre des grands musées d'Europe.
Admirez enfin co Panthéon de grands
hommes dont chaque portrait, tracè en ca-
ractères d'imprimerie, est formé d'un dis-
cours du héros, on en suit, lo texte dans
ses cheveux, dans sa moustache, sur son
vêlement. et sa cravate. Il y a des discours
de Léon III. de la reine Victoria, de M.Lou-
bet, de tous les souvera'ns d'Europe et. '!I
de M. Stcnktewickz. 1
", M. D..
-1" ,
NOUVELLE A LA MAIN !
-_.-. i
Enleudu aux. rolies-Bercèr^, meriTeJI
soir: jt !
- Quello est dope dame qui vie t
d'entrer dans la log© 3
- C'ct. Mlle E.cdllc qui vient (w
manger cent mille francs au Jeune L. 1
- Bt quel ost ce jeune homme pàlc qui
It accompagne'?
C'est son curo-dent 1
LE VAGABONDAGE
Sa répression. La proposition
Cruppi. - Le vagabondage et
le Ce d seil G énéral. Régle-
mentation nécessaire.
La Chambra, il e.; son outrée, devra s'oc-
cuper d'une proposition de lui relative à la
réprcs*ion du vagabondage. M. Cruppi,
qui a quitté su»i fauteuil d'avocat général à
la Cour d'appel de Paris pour un siège au
Palais-liourbon, en c i le promoteur et a,
depuis longtemps, déposa non rapport, le-
quel esi maintenant, parail-U, luscrltà l'or-
dre du jour sous le numéro dix-tiult.
11 y a donc chance de voir discuter cette
propo.UHon do loi avant las calendes grec-
ques et, comme ollo ; est pas roeuvre d'un
sous-vôtérinalre iit mal de législation, il est
probable qu'elle est née vJable.
« Ce n'est pas trop tôt ! » diront les bra-
ves gens des campagnes auxquels, depuis
tant d'années, on promet quelque chose
dans ce genre-là.
Le sujet n'est pas précisément neuf, en
effet, cl. rien que devant le conseil général
de la SeInc-Inférleure, cette décevante
question du vagabondage rendratt des
poinis au mythologique tonneau des Da-
nHfdc.3 : on l'agite sans cesse, mais on ne la
résout jamais.
Pourtant, de la session du mois dernier
il semblait devoir sortir quelque chose. On
le disait du moins. Uu cultivateur de la ré-
gion, M. Ernest Déalleaux, do Roumare,
avait même proposé une chose très simple,
tellement simple et peu coûteuse qu'à cause
de cela, peut-etre, nos conseillers généraux
lie lui oui prêté qu'une attention distraite
p.l n'en ont pas voulu. Il demandait que les
vagabonds qui so fur^t héberger "à l'uni »
dans les fermes lalssa?s2iit au moins quel-
que irac-': de leur pahsago dans la commune,
en ro faisant hu-crirc a la mairie, comme
les voyagours qui paient sout inscrits sur
le* re<-ri-îircs de police de leur logeur.
Lt Conseil Général a répondu qu'on no
pouvait adopter semblable mesure parco
qu'aucune sanction no saurait cire exercée
contre les vagabonds qui ne rempliraient
pas cette formalité. Ali 1 le bon billetl Com-
me si, Ifu'dqu'uu voyagour n'a pas été ré.
gulièrement Inscrit par son logeur, ce n'é-
tait pas co dernier qui payait l'amonde !
DUlie, no pouvyit-ou pas émettre le vœu
qu'une amende semblable fut inlligée à
lout cultivateur ayant ilonué asilo dans sa
ferme :\ dos passants sans un visa de la
Ululrlo Non, Je vous le dis, c'était trop
simple 1
Alors, nos conseillers généraux se sont
rejotés sur rolornello question du « dépôt
de meudlcité ft, Mais, sans doute pour no
pas embêter la galerie a voe loujours co
même « numéro », on lui a donné cette fois
une appellation nouvelle.
L'honorable rapporteur de la Commission
do répression du vagabondage qui no pa-
rait pas facilement disposa à descendre de
sou dada, lorsqu'il ui a enfourché un n'i-
gnorant pas que l'art, 'j.s du projet Crupni
supprime l'existence légale des dépôts do
mendicité rtue voulant pourtant pas perdre
le crédil destiné à celui que l'on 50 réser-
vait d3 créer daus la Sol ne-Inférieure, lo
ban lise inalutouîuii « Etablissaient de tra-
vail départemental». Mais, qu'il le veuille
titi non, son Jath rst fourbu et no saurait
lo mener loin, cvir le rapport de M. Cruppl
condamne aussi ces « établissements »
comme faisant concurrence aux travailleurs
lit-rcs
En outiv, M. le rapporteur ignore-t il les
difficultés contre lesquelles on se heurte
lorsqu'il ?'Hgil de faire travailler et produi-
re de pareils gens' Cela a été tenté déjà
sans :-uc(;è it il n'y a pas témérité à pré-
sumer qu'une nouvelle entreprise de ce
genre subira le sort no ses devancières, car
je suppose bleu quo l'on ne mettra ni ne
tiendra les vagabonds on chaîne comme on
le faisait autrefois à Hùuan. en vertu d'un
arrêt du Parlement de Normandie do 1H51 ?
SI j'en crois, un mémoire sur la répression
du vagabondage, public en !S()?, par M.
rlolIher:, < onseilh !' à la Cour de Rouen, la
chaussée eur laquelle e : construite une
grande partie, du village de Hapeaume el
qui s'étend de l'aucienno barrière dite du
Mont-Riboudet au h's de l'ancienne côte de
Gant clou a été cependant faite d' cet te ma-
nière par le-z, lerrips,
autres moeurs ! Les vatrjbonds seuls n'ont
pas changé, malheureusement 1
Mais, pour revenir au Conseil général, le
plus amusant C'f':>t qu'à la séance de la ses-
sion dernière où il a été parlé, pour la pre-
mière fols, « Etablissentent. de travail
départemental », on a répondu « Dépôt de
mendi'Htô n. Aussi je n'affirmerais pas qu'à
ce moment là tout Immonde se comprit bien
dans la salle, conseillers et rapporteur.
Néanmoins les conclusions du rapport out
été adoptées !
Allons, messieurs les vagabonds, vous
aviez déjà la ressource de pouvoir passer
la mauvaise saisou à l'abri, en prisou, peut-
être allez-vous pouvoir maintenant passer
l'été dans unepropriété d'agrément. On est
en train de vous en chercher une dans un
site suffisamment coquet. Un vous donnera
un directeur charmant, un cconomc pas
trop regardant ei des surveillants pas trop
féroces.
Bons contribualdo'., vius paierez la rote,
laquelle ne manquer:» pas d'être salée, et
vous, aimables vagabonds, vous ferez
comme le fameux nègre do Saint-Cyr,
vous continuerez 1
M. Cruppi, dans sa proposition, ne s'ar-
rête pas lUX bagatelles de la porte. Il met
les vagabonds ni cdemoiselles qui, ayant jeté leur bonnet par
dessus tous los moulins, :'onl soumises.
à une rètxlcmen talion.
La prosliluliou a ojla de commun avec
le vagabondage, c'est qu'aucune loi, si sc-
vère soll-ello, ne la fera dtspaT'lHre. Aussi
n'at on que la ressource de la réglemen-
ter.
P3 même l'art. 17 du prt-jet assujettit les
agabonds à une c-arlo d'i ienMté, qui leur
sera délivrée gratuitement dans les préfel"
tures ou les M>US-pré fer turcs, et l'art. IÎS
ajoute que tout vagabond rencontré sans
ce viatique sera immédiatement ondutt
dovsnl le nrorur ",ur do bi république.
Qu'on U"o iu .1 i de I » relO^'ilion cette
lerreur ton - b"- lit les,
récidivistes endun :s tv. viîi-s ;a"\ f Dis i;u'lk
seront pour
valoir lo transport c<' .f':\¡'n tou jours Mitant
d>nle\ ** à iiiis-.-îiupa^nC'1.
Je suis bien r«vwatuni >'«u rt;"-le ipie,
e verront i«;:iu j ,,t ts
lors-que 1*> va:?«bonds se verront assujettis
a cet te carlc d'identité et, comme cOlllplé.
ment, à l'inscription obligatoire .dans les
Dixîèing Aun6t Net 801 Le Numéro j 'l'Q ttntirow Dimanche 23 Septembre 1900
r Ibnmnunti
Stind-IttWritiP®» la", eti
Départements lliitropliWi i
Autres Départageât* mr,Y
* M MOIS;
Balne-Iutérleure Elire et
Départements UuitrophéiYtT. Iii
Autres départements »«•! 2fr. 71
L" Aho'viwfln'ft* saîpa^ai1 A
l'avance et et font àpvWr 'de
V 4< 1" de chants® mois <
LETUVULUDS MllAHl
., TT A T74p A TOI
XI « £ X V ICrv A. JL O
P-russikt ILK DIMANCHE
Inlierti "na 1
A 'JQonces. la lignfoJbt Ii
A vis d'inhumation Ijl fir.,
Réclames jj&fr.»
-:- t
Rédaction A Adttini
ROUEN
Quai de Paris, 23
BUREAUX AU BAVRa
il, Rue de Paris, il
Les Abonnements se paient à
l'avance et 88 font à partir de
la àt 1 t5 de choqua mois.
SEMAINE POLITIQUE
Les concessionnaires da l'Exposi-
tion Demande d'arbitrage
Réponsê ambiguë du minis-
tre du commerce.
M. le ministre du commerce vient d'a-
dresser une lettre aux concessionnaires
de l'Exposition eu réponse à leur daman
de d'arbitrage. M. Millerand consent à ce
que les griefs des concessionnaires
soient soumis à deux arbitres, dont l'un
sera nommé par l'Etat, l'autre par les
réclamants, et qui, d'accord entre eux,en
désigneront un troisième. Mais il n'ad-
met pas que les arbitres ainsi désignés
prennent une décision définitive. Ils
émettront un simple avis, que le gouver-
nement sera libre de suivre ou de ne pas
suivre. M. Millerand promet seulement
de faciliter autant que possible la tâche
du « jury arbitrai », d'examiner, c avec
la plus grande bienveillance, et spéciale-
ment au point de vue de l'équité, le dos-
sier des réclamations et la décision inter-
venue, et d'arrêter, en conséquence sa
règle de conduite. » Les concessionnai-
res ont pris aote de ces déclarations : les
arbitres vont se mettre immédiatement à
réouvre : il n'y aura pas de grève des
« attractions ».
En refusant de reconnaître un carac-
tère définitif à l'avis qui sera donné par
les délégués des deux parties en litige.
M. le ministre du commerce repousse,
en réalité, la demande d'arbitrage. Il est
évident qu'on ne peut parler ni d'arbi-
tres, ni de sentence, ni de jury arbitral,
quand les personnes désignées n'ont
pour mission que d'émettre une opinion
consultative, et quand l'un des plaideurs
garde la faculté de ne pas se conformer
à cette opinion. Pour écarter la demande
d'arbitrage dont il était saisi, M. le mi-
nistre du commerce s'est appuyé sur
deux raisons, l'une tirée du cahier des
charges aoceplê par lea concessîonnai*
res, l'autre empruntée aux principes gé-
néraux de notre droit administratif.
D'après l'article 33 du cahier des char-
ges de 1807, les contestations entre l'ad-
ministration de l'Exposition et les con-
cessionnaires doivent, « avant d'être dé-
férées à la juridiction compétente, ôtre
soumises à un jury composé de trois
membres, dont l'un désigné par le com-
missaire général, un autre désigné par le
concessionnaire, et le troistème choisi
par les deux premiers. La décision- de ce
jury n'est obligatoire que si les deux par-
ties l'acceptent. » Ce texte est formel. On
a évité, en le rédigeant, de prononcer le
nom d'arbitrage, et on a bien fait, puis-
que le rôle attribué aux membres du
« jury » ne ressemble en rien à celui d'un
tribunal. Mais, après tout, le cahier des
charges de 1897 n'est pas une loi, ni
même un décret. Il a fait l'objet d'un sim-
ple arrêté minialériel et un autre arrê-
té pourrait y'déroger s'il n'existait pas,
dans notre droit public, des règles supé-
rieures dont le gouvernement est obligé
de tenir compte. L'article 33 n'est qu'une
application spéciale do ces règles, et c'est
sur elles surtout que s'appuie la lettre de
M. Millerand.
« Un ministre, dit elle, ne peut faire à
deux arbitres une valable délégation de
ses pouvoirs en leur donnant le droit de
rendre une décision souveraine, et il a
été jugé à diverses reprises que le com-
promis de même que la sentence inter-
venue dans ces conditions étaient viciés
d'une nullité pure et simple. » Cette allé-
gation est exacte. Il existe, en effet, un
certain nombre de décisions du Conseil
d'Etat, d'après lesquelles les procès inté-
ressant l'Etat ne peuvent être déférés à
des arbitres. Ils doivent suivre, néces-
sairement, la filière du contentieux ad-
ministratif, c'est-à-dire être portés, sui-
vant les cas, devant les Conseils de pré-
fecture, devant le ministre, et, devant le
Conseil d'Etat. C'est ce qui a été jugé,
notamment, en 1887, dans une affaire
concernant la fixation de l'indemnité due
à l'évêché. de Moulins pour la reprise de
l'immeuble du petit .séminaire d'Yzeure.
L ministre de -- Ilnatmetion publique
avait consenti au règlement de cette in-
demnitë par voie d'arbitrage. Mais la
sentante arbitrale a été annulée parce
que, 'dil* îe Conseil d'Etat, le ministre
« pn le -droit de déléguer 1188
« por^oirS à dei arbitres et de remettre
« ainsi lê soin de décider à une juridic-
« tion autre que coites légalement nis-
« tituées. > Il est vrai que ce principe
n'est pas inscrit dans un texte de loi;mais
comme on sait, notre droit administratif
est régi en très grande partie par des
usages; c'est un véritable droit coutu-
mier, et on comprend que le ministre du
Commerce n'ait pas cru pouvoir déroger
à une jurisprudence aussi solidement
établie.
Nous ne voulons pas engager une con-
troverse légale sur la valeur de cette ju-
risprudence. Mais il est permis de faire
remarquer, avec quelque regret, combien
notre législation, prise dans son ensem-
ble, est peu favorable à l'arbitrage. Elle
devrait, semble-t-il, rendre aussi facile
que possible une procédure qui permet
aux parties d'éviter les lenteurs,les frais
les complications d'un recours aux tribu-
naux. Mais elle fait exactement le con-
traire.Lorsque deux personnes concluent
un contrat et quelles y insèrentune clau-
se par laquelle elles s'engagent à déférer
à des arbitres toute -contestation future
qui pourra surgir entre elles, la justice,
interprétant d'une façon quelque peu ar-
bitraire un article du Code de procédure-
déclare que cette clause est nulle, et que
la partie de mauvaise foi qui ne voudra
pas se prêter à l'arbitrage aura la facul-
té de s'y refuser. Pour que le compromis
d'arbitrage soit valable, il faut, en droit
civil, que la contestation existe : on ne
peut pas le conclure .d'avance. Si l'Etat
est Tune des parties en causes,on va bien
plus loin encore : tout arbitrage est illé-
gal, même quand la contestation est déjà
née : il faut absolument aller devant les
tribunaux, sauf à attendre pendant des
mois, et souvent pendant des années,
qu'ils aient fini par statuer en dernier
ressort. Ce sont, on en conviendra, des
règles assez bizarres, et J'autant plus
singulières qu'aucun texte formol ne les
consacre. Mais elles existent et on sait
que, dans notre pays, il est beaucoup
plus tacite dé renverser un gouverne
ment qu'un vieil abus.
La libertêde l'Enseignement
La mode étant aux Congrès, les ltbros-
penseurs ont estimé qu ils en devaient tenir
un international, comme de juste. Ge Con-
gres a naturellement voté, avant de se sé-
parer, -- la série traditionnelle des vœux.
Qerlaina de coux-cl sont a une banalité
prévue : par exemple, l'initiative adressée
aux pouvoirs Imbhos, d'interdire le port
d'habits ecclésiastiques en dehors des lieux
de culte.
D'autres, par contre, sont vraiment di
gnes de remarque : c'est ainsi que, après
une discussion animée, le Congrès a fini
par se déclarer favorable à la liberté de
l'enseiguement.Le vote a été,parai Ml, émis
par nation alliés et l'opinion qui a prévalu
,,"atl été combattue par les délégués fran-
çais. A cela rien de surprenant.
- Nous savons de longue date comment nos
libres penseurs militants conçoivent la
liberté de penser : leur absence de doctrine
devient pour euxun dogme Intangible qu'ils
prétendent Imposer par tous les moyens.
Leur plus cher désir est donc de monopoli-
ser l'enseignement.
Les esprits vraiment libéraux qui ne cesse
rie s'ébver contre cette prétention pourront
invoquer, dorénavant, un argument do
plus. Impossible de nier maintenant que
les campagnes menées chez nous procèdent
uniquement de rancunes sectaires et d'ar-
rières pensées politiques. Un Congrès de
libres-penseurs vient de déclarer solennel-
lement que la libre pensée devrait admet-
tre la liberté d'enseignement.
L'Exposition
Il y a quelques jours nous disions que
comme suite à une lettre de M. Paschal
Grousset, député, demandant que l'Exposi-
tion fût prolongée à l'année prochaine, et
qu'on prit des mesures pour conserver pen-
dant l'hiver les palais provisoires M. Mil-
lerand avait prescrit une enquête sur la
question..
Il ne semble pas que l'idée ait rencontré
parmi les exposants, les premiers intéres-
sés, une grande faveur, ni surtout parmi
les collectionneurs d oeuvres d'art ou de
bibelots qui ont déjà fait un sacrifice a notre
point de vue extrêmement méritoire, en
consentant a se séparer pour près d'un an
de leurs toiles, de leurs statues ou de leurs
objets précieux. De plus il paraît indiscret
de demander 4 l'Angleterre, à l'Allemagne
ou à la Hongrie, par exempte, de nous
lalsseT un an de plus les trésors qui sont
entasses comme a plaisir dPns leurs pavil-
Ions du quai d'Orsay, el DOUS croyons pas
nu'on nulese, mémo un instant, espérer
obtenir leur consentement.
Mais les industriels eux-mêmes ne sem-
blent nullement enthousiaste. Un de nos
confrères en a Inteiwlevé quelquer-uns,
notamment des présidents de chambres
ivudioales. La plupart des exposants sont
fermement résolus 11 commencer l'enlève-
ment de leurs produits le lendemain même
Je la fei'ûïeiure -, les uns ont vendu en fi
xant comme date de livraison, précisément
1 com - te- d - -
les premiers jours ae novemnre ; les aUITes,
pour certaines denrées, notammeut redou
"teùt l'actinn du froid, sensible dans ces
iralerles mal closes et pas chauffées.
Ht pots. Il faut voir dans quel état se-
raient au printemps prochain, ees murail-
les de staff, que tachent déjà, en maint
f udroit, d'abominables lèpres produites par
X'tnuntdUô.
UN FOUR!
Tandis que le gouvernement préparait
en l'honneur des maires les fêtel!! que
l'on sait et dont on peut prévoir l'immen..
se succès,le Conseil municipal de Paris
organisait, de son côté, on le sait aussi,
des fêtes parallèles.
La chose n'avait, en soi, rien de criti-
quable. Que la municipalité parisienne
voulût, selon ses propres expressions,
« convier les municipalités françaises et
étrangères à visiter notre capitale » ot
« compléter » ainsi les fêtes données par
le gouvernement, rien de plus naturel,
on somme, et l'idée pouvait même sem-
bler bonne à plus d'un égard.
Las vingt deux mille invités du Gou-
vernement auraient eu meilleur mesure,
et voilà tout l
Malheureusement, et par suite de cir-
constances diverses, les fêtes municipa-
les prirent bientôt les allures d'une ma-
nifestation et, loin de t compléter » les
solennités gouvernementales, se révé-
lèrent destinées, au contraire, à s'oppo-
ser à elles.
La majorité nationali Ite du Conseil
parisien est plus batailleuse que réflé-
chie et les membres du bureau qui la
représentent oublient volontiers qu'il
convient toujours, dans la vie publique,
de se plier aux circonstances et de res-
pecter les usages respectacles. La pre-
mière personne qu'il fallait convier à
rilotel-de-Ville était le chef de l'Etat. On
négligoa d'y penser, au moins quand on
aurait dû ; la présence du chef de l'Etat
entraîne fatalement celle de ses minis-
tres; mais M. Grébauval se souvint qu'il
lui était impossible de se trouver en pré-
sence de M. Waldeck-llousseau.
Los invitations une fois lancées. les
maires répondirent, comme de juste. La
plupart refusèrent, quelques-uns seule-
ment acceptèrent. Uno seule lettre d'ac-
ceptation fut publiéeft colle de M. Max
Régis. Par contre, nous connaissons les
termes d'un bon nombre de refus, Bref,
la lecture des refus, comme celle do l'ac-
ceptation unique, tout donnait bien l'im-
pression que la soirée municipale serait
considérée comme uno manifestation di-
rigée contre le gouvernement.
Devant l'abstention quasi-générale des
invités, le Conseil municipal de Paris,
qui tout d'abord n'avait convié que les
maires de chef-lieux de canton, élargit
le cercle de ses invitations ot s'adressa,
ainsi que l'avait fait le gouvernement, à
tous les chefs de municipalités.
Ce fut encore en pure perte.
On songea alors mais alors seule-
ment que la République Française
possédait un Président et qu'il était d'u-
sage, en pareille occurrence, de lui
adresser une invitation.
« Rien ne sert de courir, il faut partir à
point» dit un proverbe. Fautre d'être
« partie à points l'invitation ne fut pas
acceptée par M. Loubet et les «amphy-
trions où l'on ne dine pas » ainsi que
M. Camille Pelletan qualifie les conseil-
lors municipaux de Paris en furent
pour leur courte honte. Pas de Président
de la République, pas de fonctionnaires,
pas de maires, les dix-huit cents couverts
commandés devenaient bien gênants 1
Les édiles parisiens pour, enfin, trou-
ver des convives, engagèrent alors les
quelques maires qui n'avaient pas décli-
né l'invitation à se faire accompagner de
leurs épouses. ou de dames quelcon-
ques. De la sorte, pensaient-ils, nous
n'aurons pas l'air de banqueter entre co-
pains t
La ruse ne réussit pas davantage et
les conseillers nationalistes, en fin de
compte, restèrent seuls avec leur. ves-
tel Ils n'avaient plus qu'une ressource :
décommander le gueuleton : c'est ce
qu'ils firent.
Naturellement ce n'est pas de bon cœur
qu'ils ont empoché ce camouflet ; aussi
il faut entendre les imprécations qu'ils
profèrent, les malédictions qu'ils formu-
lent à l'adresse du Gouvernement, d'a-
près eux, cause de leur déconvenue !.
Eu effet, suivant ces bons apôtres et
les journaux à leur dévotion, si les mair
res républicains n'ont pas voulu venir
casser une crante en leur compagnie,
c'est parce que le ministère le leur a or-
l donné ; si de tous les coins de la France
des refus leur sont parvenus, c'est à
cause des prescriptions du président du
conseil; si, enfin, l'absence dos convi-
ves les oblige à remiser leur batterie de
cuisine c'est «parce que M. Waldeck-
Rousseau a eu peur que ce banquet fut
imposant et qu'il trouvait trop forts les
conseillers municipaux de Paris. »
On avouera que pour estimer «impo-
sant» ce qui n'est qu'un lamentable four
et pour trouver trop forts» ceux. dont
l'entreprise a piteusement avorté il faut,
comme dit l'autre, en avoir une santé !
Or cette santé nos bons nationalistes la
possèdent et M. Dausset se charge de le
prouver.
Ecoutons-le ; « En réalité, dit-il, le gou-
vernement « a voulu opposer la province à
« Paris ot l'affront qu'il fait au conseil
« va droit au peuple de Paris. Nous som-
a mes les plus forts, laissons à ses der-
« nières convulsions un gouvernement
« qui s'en va sous le mépris. »
Et allez donc, c'est pas ton père 1
Cette manière d'écrire l'histoire n'est
pas pour nous surprendre. L'autre jour
ne signalions-nous pasici-mêmerétrange
état d'esprit qui permettait au Nouvel-
liste de Rouen de rendre le gouverne-
ment responsable et du naufrage de la
F ramée t et do la mort par la fièvre jau-
ne du capitaine Pallier, et de l'impossibi-
lité dans laquelle le czar se trouvait »do
venir en Franco.
Comment après avoir lu de pareilles
incohérences s'ôtonuer que los nationa-
listes attribuent au ministère de la « ta-
pe p colossale que leur maladresse et
leur manque de correction seuls ont
provoquée ?
- Kl cela est si vrai que la responsabilité
de la déroute incombe aux conseillers
parisieus, i'jue le Journal des Léúnis'--
qui pourtant n'est pas leur ennemi le
constate et déclare « que ceux-ci se sont
laissés aller dans cettoattaire à de petites
incorrections et à do grossos maladres-
ses, »
Constatons on passant que cette aflir-
mation non suspecte n'ernpêehe- pas le
Journal de-Rouen de trouver que si le
banquet nationaliste n'a pas lieu « c'est
que le cabinetavait une revanche à pren-
dre contre le Bureau du Conseil et qu'il
devait profllor de la promière occasion
pour se l'offrir. »
Notre bon confrère de la rue Saint Lô
qui, certainement a été républicain
mais qui, non moins certainement ne
l'est plus ne peut naturellement hési-
ter dans le choix de ses sympathies et
pour lui mieux vaut marcher avec des
chefs de file comme Dubuc et consorts
que d'approuver l'attitude de M. Loubet
et du ministère qu'il a formé. Périsse la
République plutôt que de faire de la pei-
ne à ce bon M. Méline 1
Bref les fêtes municipales n'auront pas
lieu.
Ma foi puisque le banquet de l'Hôtel-de-
Ville, du fait des nationalistes, prenait le
caractère d'une manifestation politique
contre le Président de la République
et le gouvernement, c'est ce qui pouvait
arriver de mieux.
Aussi à part quelques forcenés ne se
plaisant que dans le désordre personne,
croyons-nous, ne le regrettera.
Qui sait si les organisateurs eux-mê-
mes ne protestent pas que pour la for-
me ?
Les lettres qu'ils écrivent on ce mo-
ment pourraient le faire croire, tant
l'esprit évangélique semble les inspirer
Jean Mesnil.
A tort et à travers
CARTES POSTALES
Au n* 31 de la rue Bonaparte, danr la salle
de la Plume, vient de s'ouvrir une exposi-
tion d'un genre tout nouveau, la première
« exposition internationale de cartes posta-
les illustrées ».
Le docleur Hembo, qui l'a organisée, n'a
pas réuni moins de 150,COO types, venus de
tous les coius de l'univers. Faute de place,
11 a dû renoncer à montrer d'un seul coup
pensemble de sa collection ; on ne volt, en
ne moment, accrochées sur les mnrs du
bail, que les 35,000 cartes relatives A l'Eu-
rope ; cette exposition partielle sera Ijlenlôl
suIvie de quatre autres ayant trait chacune
à une partie du globe; ce : cra le tour du
monde par la carte postale.
Mais on peut, dès à présent, en visitant le
l petit musée de la me Bonaparte, so faire
[ une idée de l'extraordinaire développement
au a pris, en ces dernières années, cette In-
dustrie nouvelle, en même temps que de
ses progrès eL do ses ambitions. M Hembo
nous montre, perdue dans ce fouillis d'ima-
ges multicolores, une carte touto, modeste,
un fJlmplc dessein au trait, que la plupart
des visiteurs n-apercevront même pas. Les
plU.8 enragés collectionneurs passeront in-
diiTérents, sans 80 douter que cette humble
gravure est, de toutes, la plus précieuse ;
car c'est la p'us ancienne, le proto'ypo au-
jourd'hui introuvablo, la première carte
postale vendue à Bille en 1805 et qui s'est
d'autant mieux perdue qu'elle n'eut aucun
sucrés.
C'est seulement depuis uiao vingtaine
d'années que le public a pris goût aux car-
tes illustrées ; encore cette mode demeura
l-elle longtemps limitée à certains pays, à
la Suisse qui la créa, à l'Allemagne qui l'ex-
ploita et sut en faire l'objet d'une immense
iudustrle. Il n'est, pour ainsi dire, pas de
ville allemande qui n'ait une ou plusieurs
malsons d'édition exclusivement occupées
d'imprimer des cartes postales et de ien
répandre dans le monde entier ; il y a de
ces maisons à Munich, à Slutlgard, a
Carlsruhe, à Hanau. surtout à Dresde qui
reste la capitale do la carte illustrée.
C'est cette ville qui fournit aux librairies
d'Allemagne,-d'Italie, de Suisse, de France,
d'Egypte et de Syrie la plupart des vues de
paysages, de monuments et de rues que
l'on vend aux touristes.
«
* il
On a établi, à l'occasion do cette Exposi-
tion, une statistique de la production dans
différents pays d'Europe. L'Allemagne y
devance, de beaucoup, toutes les autres
nations.
devance, Elle produit chaque année, 84 mil-
lions de cartes lllustréès qui rapportent aux
éditeurs 1.080,000 marcks, 6 100.000 aux in-
termédiaires et 6 millions de marcks à
l'Etat. La Suisse vient ensuite avec une
production de 18 millions de caries dont
l'Etat tire un bénéfice de 2 millions do
francs.
La France est presque au dernier rang,
bien après l'Autriche, l'Italie, l'Angleterre,
la Russie, la llelglqne. les Pays-Bas et
môme la Suèdo: elle ne dépasse que l'Èspa-
guo et la Turquie. Sa production est seu-
lement de 4 militons do cartes; sea éditeurs
ne gagueut quo 120.00U francs, ses inter-
médiaires 500.000.
Lie plus gros lJénOnce, on FrRUCo, appar-
tient à l'Etat, qui gague do ce chef, 8*,U.U00
francs par an. Cotte disproportion rosultc
du prix do l'a t, plus élevé
chez nous quo daus loa autres paya.L'avan-
tage de l'Etat français n'ost d'ailleurs qu'-
apparent; l'amateur, obligé d'employer un
timbre do dix centtmos, alors quo partout
ailleurs cinq centimes RUfftsont, achète et
envoie peu do cartes; les ôdttours sont
rares; ils ne produisant fluère; ratât, par
excès do gourmandiso, tue la poule aux
œufs d'or.
* *
Go quo cotte Exposition révélera aux
visiteurs qui no sont point des spécialistes,
c'est l'oxlraordinalre richesse et l'iufinio
varlôté du rôportotro des éditeurs de cartes
postales. Tout, lo momie connaît ces vues
do villes, eITel de jour, cll'et do nuit,
Imprimées noir sur blanc, qu'on trouve en
tout pays et qu'on fait surtout, à Dresde;
c'est la classique do genre; mais ce n'est
qu'une faible partie de ce qu'ou peut trou-
ver.
La llulsse fabrique des caries légèrement
colorlees, ou le sujet s'encadre de guirlan-
des, d'arabosques, d'entrelacés JtlOlé de
personnages en costumes natlounaux.
Munich s'efforce d'atteindre à la puissance
d'etfet des pelair^s impressionnistes et
s'applique à traduire, dans de lourdes ima-
ges intitulées Vegetatiombltd ou Seebad
zn Riva, tantôt les nuances diaprées de la
llore alpestre, tantôt les éclatantes ravures
des caleçons des baigneurs. -
Sluttgart. a le monor oie do la GemuUûl-
chheit ; voici, tendrement enlacés,un jouno
homme à moustache mousseuse, en veston
gri.s en souliers jaunes, et une blonde goret-
chen, vô tue d'un e roberoc;e'est une illustra.
lion de Schumann, Im wundtrschœmn
Monat Mal : plus loin, entre une halo fleu-
rie et un arrosoir peint en vert, un couple
souriant partage un parapluie et patauge
sous l'averso :
Uchaut' auszi, l.cle's ret/net ;
Schauf aaszL, trte's gleszt.
Chaque pays est marqué du trait qui lui
est propre.
Dans ses cartes postales aussi bien que
dans sa littérature, l'Allemagne se plaît
toujours à dépeindre Paris comme la erran-
de Babylone et ce sont surtout des scènes
du Moulin Rouge qui symbolisent la capi-
tale du plaisir.
Monaco est représenté par une série de
figures, les Etoiles de la Roulette, qui, en
dépit de leur léger coptume, ne seraient
autre chose, si l'on en croit la légende im-
primée, que les u portraits des plus ravis-
santes femmes connues dans les salles de
jeu de Monte-Carlo, planant comme des fées
modernes sur la roulette volante ».
Mais ces sujets frivoles sont plutôt l'ex-
ception. Voyez plutôt ces cartes familiales.
préjarées au gélatino-bromure, qui permet-
tent d'envoyer aux aïeules, en mcmo temps
que de timides essais d'écriluro enfantine,
la photographie de Marie-Anne ou celle du
peut Jean.
Voyez encore l'économique et instructive
série de cartes Illustrées où sont reproduits
avec quelque ressemblance, tous les chefs-
d'œuvre des grands musées d'Europe.
Admirez enfin co Panthéon de grands
hommes dont chaque portrait, tracè en ca-
ractères d'imprimerie, est formé d'un dis-
cours du héros, on en suit, lo texte dans
ses cheveux, dans sa moustache, sur son
vêlement. et sa cravate. Il y a des discours
de Léon III. de la reine Victoria, de M.Lou-
bet, de tous les souvera'ns d'Europe et. '!I
de M. Stcnktewickz. 1
", M. D..
-1" ,
NOUVELLE A LA MAIN !
-_.-. i
Enleudu aux. rolies-Bercèr^, meriTeJI
soir: jt !
- Quello est dope dame qui vie t
d'entrer dans la log© 3
- C'ct. Mlle E.cdllc qui vient (w
manger cent mille francs au Jeune L. 1
- Bt quel ost ce jeune homme pàlc qui
It accompagne'?
C'est son curo-dent 1
LE VAGABONDAGE
Sa répression. La proposition
Cruppi. - Le vagabondage et
le Ce d seil G énéral. Régle-
mentation nécessaire.
La Chambra, il e.; son outrée, devra s'oc-
cuper d'une proposition de lui relative à la
réprcs*ion du vagabondage. M. Cruppi,
qui a quitté su»i fauteuil d'avocat général à
la Cour d'appel de Paris pour un siège au
Palais-liourbon, en c i le promoteur et a,
depuis longtemps, déposa non rapport, le-
quel esi maintenant, parail-U, luscrltà l'or-
dre du jour sous le numéro dix-tiult.
11 y a donc chance de voir discuter cette
propo.UHon do loi avant las calendes grec-
ques et, comme ollo ; est pas roeuvre d'un
sous-vôtérinalre iit mal de législation, il est
probable qu'elle est née vJable.
« Ce n'est pas trop tôt ! » diront les bra-
ves gens des campagnes auxquels, depuis
tant d'années, on promet quelque chose
dans ce genre-là.
Le sujet n'est pas précisément neuf, en
effet, cl. rien que devant le conseil général
de la SeInc-Inférleure, cette décevante
question du vagabondage rendratt des
poinis au mythologique tonneau des Da-
nHfdc.3 : on l'agite sans cesse, mais on ne la
résout jamais.
Pourtant, de la session du mois dernier
il semblait devoir sortir quelque chose. On
le disait du moins. Uu cultivateur de la ré-
gion, M. Ernest Déalleaux, do Roumare,
avait même proposé une chose très simple,
tellement simple et peu coûteuse qu'à cause
de cela, peut-etre, nos conseillers généraux
lie lui oui prêté qu'une attention distraite
p.l n'en ont pas voulu. Il demandait que les
vagabonds qui so fur^t héberger "à l'uni »
dans les fermes lalssa?s2iit au moins quel-
que irac-': de leur pahsago dans la commune,
en ro faisant hu-crirc a la mairie, comme
les voyagours qui paient sout inscrits sur
le* re<-ri-îircs de police de leur logeur.
Lt Conseil Général a répondu qu'on no
pouvait adopter semblable mesure parco
qu'aucune sanction no saurait cire exercée
contre les vagabonds qui ne rempliraient
pas cette formalité. Ali 1 le bon billetl Com-
me si, Ifu'dqu'uu voyagour n'a pas été ré.
gulièrement Inscrit par son logeur, ce n'é-
tait pas co dernier qui payait l'amonde !
DUlie, no pouvyit-ou pas émettre le vœu
qu'une amende semblable fut inlligée à
lout cultivateur ayant ilonué asilo dans sa
ferme :\ dos passants sans un visa de la
Ululrlo Non, Je vous le dis, c'était trop
simple 1
Alors, nos conseillers généraux se sont
rejotés sur rolornello question du « dépôt
de meudlcité ft, Mais, sans doute pour no
pas embêter la galerie a voe loujours co
même « numéro », on lui a donné cette fois
une appellation nouvelle.
L'honorable rapporteur de la Commission
do répression du vagabondage qui no pa-
rait pas facilement disposa à descendre de
sou dada, lorsqu'il ui a enfourché un n'i-
gnorant pas que l'art, 'j.s du projet Crupni
supprime l'existence légale des dépôts do
mendicité rtue voulant pourtant pas perdre
le crédil destiné à celui que l'on 50 réser-
vait d3 créer daus la Sol ne-Inférieure, lo
ban lise inalutouîuii « Etablissaient de tra-
vail départemental». Mais, qu'il le veuille
titi non, son Jath rst fourbu et no saurait
lo mener loin, cvir le rapport de M. Cruppl
condamne aussi ces « établissements »
comme faisant concurrence aux travailleurs
lit-rcs
En outiv, M. le rapporteur ignore-t il les
difficultés contre lesquelles on se heurte
lorsqu'il ?'Hgil de faire travailler et produi-
re de pareils gens' Cela a été tenté déjà
sans :-uc(;è it il n'y a pas témérité à pré-
sumer qu'une nouvelle entreprise de ce
genre subira le sort no ses devancières, car
je suppose bleu quo l'on ne mettra ni ne
tiendra les vagabonds on chaîne comme on
le faisait autrefois à Hùuan. en vertu d'un
arrêt du Parlement de Normandie do 1H51 ?
SI j'en crois, un mémoire sur la répression
du vagabondage, public en !S()?, par M.
rlolIher:, < onseilh !' à la Cour de Rouen, la
chaussée eur laquelle e : construite une
grande partie, du village de Hapeaume el
qui s'étend de l'aucienno barrière dite du
Mont-Riboudet au h's de l'ancienne côte de
Gant clou a été cependant faite d' cet te ma-
nière par le-z, lerrips,
autres moeurs ! Les vatrjbonds seuls n'ont
pas changé, malheureusement 1
Mais, pour revenir au Conseil général, le
plus amusant C'f':>t qu'à la séance de la ses-
sion dernière où il a été parlé, pour la pre-
mière fols, « Etablissentent. de travail
départemental », on a répondu « Dépôt de
mendi'Htô n. Aussi je n'affirmerais pas qu'à
ce moment là tout Immonde se comprit bien
dans la salle, conseillers et rapporteur.
Néanmoins les conclusions du rapport out
été adoptées !
Allons, messieurs les vagabonds, vous
aviez déjà la ressource de pouvoir passer
la mauvaise saisou à l'abri, en prisou, peut-
être allez-vous pouvoir maintenant passer
l'été dans unepropriété d'agrément. On est
en train de vous en chercher une dans un
site suffisamment coquet. Un vous donnera
un directeur charmant, un cconomc pas
trop regardant ei des surveillants pas trop
féroces.
Bons contribualdo'., vius paierez la rote,
laquelle ne manquer:» pas d'être salée, et
vous, aimables vagabonds, vous ferez
comme le fameux nègre do Saint-Cyr,
vous continuerez 1
M. Cruppi, dans sa proposition, ne s'ar-
rête pas lUX bagatelles de la porte. Il met
les vagabonds ni c
dessus tous los moulins, :'onl soumises.
à une rètxlcmen talion.
La prosliluliou a ojla de commun avec
le vagabondage, c'est qu'aucune loi, si sc-
vère soll-ello, ne la fera dtspaT'lHre. Aussi
n'at on que la ressource de la réglemen-
ter.
P3 même l'art. 17 du prt-jet assujettit les
agabonds à une c-arlo d'i ienMté, qui leur
sera délivrée gratuitement dans les préfel"
tures ou les M>US-pré fer turcs, et l'art. IÎS
ajoute que tout vagabond rencontré sans
ce viatique sera immédiatement ondutt
dovsnl le nrorur ",ur do bi république.
Qu'on U"o iu .1 i de I » relO^'ilion cette
lerreur ton - b"- lit les,
récidivistes endun :s tv. viîi-s ;a"\ f Dis i;u'lk
seront pour
valoir lo transport c<' .f':\¡'n tou jours Mitant
d>nle\ ** à iiiis-.-îiupa^nC'1.
Je suis bien r«vwatuni >'«u rt;"-le ipie,
e verront i«;:iu j ,,t ts
lors-que 1*> va:?«bonds se verront assujettis
a cet te carlc d'identité et, comme cOlllplé.
ment, à l'inscription obligatoire .dans les
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