Titre : Le Travailleur normand havrais : paraissant le dimanche
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Éditeur : [s.n.][s.n.] (Rouen)
Date d'édition : 1900-09-09
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32880313v
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 09 septembre 1900 09 septembre 1900
Description : 1900/09/09 (A10,N499). 1900/09/09 (A10,N499).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG14 Collection numérique : BIPFPIG14
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k6393001r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-90656, JO-90677
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 26/11/2012
Dixième Année K° 499 L. Le ftutnériS CINQ Cibles Dimanche 9 Septembre 11900
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Salue-Inférieure, Bure ?tï
départements ItuttroelLeo.
Autres Départemental.».*#!*» fr. j»
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flïTae-lnf&leure Eare| et
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Autres départements».8 fr* 71
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f Les Abonnementet 8e paient à
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LE TBAVULUDR HORIAHD
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DURBAUX AU HAVKI
ii, Rue de Paris, il
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( -
SEMAINE POLITIQUE
L'alliance franco-riisse. Lettre.
.du tzar au Président de la Ré-
publique. Mancouvreo
déjouées.
Le prince Ouroussoft, ambassadeur de
Rusie en France, a remis au Président
de la République les insignes de l'drdre
impérial de Saint-André, accompagnés
d'une lettre autographe de l'empereur
Nicolas U. Cette cérémonie, ou plutôt cet
acte politique, qui constitue une nouvelle
affirmation de l'alliance franco-russe, ne
devrait avoir pour nous rien 'd'inattendu,
quelque vif plaisir que nous devionk en
éprouver. Etant donné, en effet, les liens
qui unissent la France et la Russie, la
collation de l'Ordre de Saint-André à M.
Emile Loubet doit nous paraitre aussi na
turellé que lorsque ce fut M. Félix Fàure
qui reçut cette distinction, la plus haute
que l'empereur de "Russie puisse-confé-
ror, et qui comporte, par BuHe, la pos-
session de tous les autres Ordres russes.
Et, pourtant, l'opinion publique, aussi
bien en Russie qu'en France, car Vallian-
ce entre ces deux pays n'est ni moins
profitable ni moins chère à l'un qu'à l'au-
tre, attachera une importance spéciale
à la manifestation qui vient d'affirmer de
nouveau que les deux puissances sont
amies et alliées. La cause en est que des
efforts si persévérants avaient été faits,
de différents côtés, soit pour ébrahler
cette alliance, soit pour faire croire qu'elle
l'était, qu'on avait dû finir pàr se deman-
der, dans certains milieux, s'il n'y avait
pas un peu de feu derrière toute cette fu-
mée, D'où la satisfaction particulière
qu'on éprouvera à conslater qu'il n'en
est rien. -
En ce qui concerne l'origine et le bat
des manœuvres dont l'inefficacité vient
d'être ainsi démon tréexil importe de faire
une distinotion .Que, dans les pays étran-
gers dont l'alliance franco russe gêné la
politique, on ait tenté l'impossible pour
la naper, il n'y a là rien que de très natu-
rel ; aussi n'attachions-nous aucune im-
portance aux informations pessimistes
qui nous venaient de l'extérieur, nous
bornant à y voir l'expression d'un désir
qui ne nous surprenait pas.
Mais l'esprit public pouvait se laisser
plus facilement impressionner en lisant
oertaias journaux français, très répan-
dus et influents, dont les appréciations
ou les informations tendaient à faire
croire que, si le dés\r exprimé par nos
adversaires de l'étranger n'était pas en-
core réalisé, il n'était pourtant pas irréa-
lisable. En effet, quoiqu'il puisse nous en
coûter de le constater, une partie de no-
tre presse, par suite de cette fatale ha-
bitude qui consiste à ne pas vouloir sépa-
rer la politique extérieure delà politique
intérieure, a fait, inconsciemment le jeu
de nos adversaires. Nous disons « in-
consclemmént >, car nous sommes per-
suadés qu'elle n'aurait pas pris cette at-
titude si elle s'étiit doutée du mal qu'elle
pouvait faire.
Comme si l'action intérieure du gou-
vernement actuel, considérée au point
de vue de la politique de parti, ne lui
----- fournissait pas des - occasions d'exercer
sa critique, à tort ou à raison, elle a cru
devoir s'en prendre à %on action exté-
rieure, s'efforçant, en particulier, de
prouver qu'elle mettait en péril l'alliance
franco-russe qu'on sait être très popu-
laire dans le pays.
On est allé plus loin encore. Oubliant
que le Président de la République repré
sente la. France devant l'étranger, on
, iwen estpfis sans ménagement à sa per-
sonne, et l'on n'a pas hésité à insinuer
qu'elle Vêtait" pas étrangère au refroidis-
sement imaginaire auquel on voulait faire
: .À q
- croire.
CrJu lettre autographe de l'emperèur 1
de Russie et l'allocution qu'a prononcée
le prince Ouroussoff en la remettant au
Président de la République font justice
de toutes ces manœuvres peu loyales.
En conférant à M, Emile Loubetla plus
haute odisftnction de l'empire de Russie,
NlIs II, a dit le prince Ouroussoft, a
voulu lui damer tfune preuve de la hauto
- -,. - - -
estime giPïtéprouve .pour sa personne, »
en même tejîrps^rHl a tenu à témoigner
de « ses senlïrçratifs invariables pour la
grande nation aml. et alliée ».
Les termes de la lettre du tsar ne sont
p is moins explicites, à ce double point
de vue, que ceux dont s'est servi son
ambassadeur en la remettant au Prési-
dent de la République. Du reste, ces sen-
timents n'ont rien qui puise nous sur-
prendre, puisque H* Emile Loubet, com-
me il l'a fait remarquer en répondant au
prince Ouroussoff, a coopéré personnel-
lement, il y a plusieurs années, à l'union
qui existe aujourd'hui entre les deux
nations.
Sur la solidité de cette union, sur son
caractère également profitable aux deux
pays, sur l'intention des deux gouverne-
ments de la maintenir et de la resserrer
au besoin, Nicolas 11 est aussi affirmatif
dans sa lettre que l'a été le Président de
la République dans sa réponse au prince
Ouroussoff. «Il m'est particulièrement
agréable, dit le tsâr, de Vous offrir ce
témoignage de mon estime, à une époque
où l'accocd complet, si heureusement éta-
bli entre la France et la Russie, peut plus
que jamais exercer son influence bien-
faisante, non seulement sur leurs intérêts
directs, mais aussi pour le maintien de
la paix générale, qui nous tient égale-
ment à cœur. »
Quelques esprits chagrins regretteront
peut-être d'apprendre que Nicolas Il île
viendra pas à cause de l'Exposition. 11
exprime, en effet, dans sa lettre au Pré-
sident, le regret sincère que lui elrImpé-
ratrice éprouvent de ne pouvoir visiter
Paris en ce moment. Certes, nous eus-
sions été heureux d'avoir le couplo im-
périal parmi nous ; mais il serait indis-
cret de prétendre qu'il agisse contraire-
ment à ses convenances personnelles
pour entreprendre un voyage dont la né-
cessité, au point de vue de la politique
franco-russe, n'apparait on aucune façon.
Il y a quatre ans, l'empereur de Russie
avait une double raison pour venic en
France ? il avait voulu rendre visite après
son avènement, aux principaux chefs
d'Etat : à plus forte raison était-il naturel
qu'il vint dans le pays ami et allié. Mais
ce serait tirer de cette visite des consé-
quences bien imprévues que de préten
dre qu'elle doive se renouveler toutes les
fois que notre pays est en fête. Il n'y a
donc aucune analogie entre la situation
d'il y a quatre ans et celle d'aujourd'hui,
et il sorait puéril d'ihterpreter dans un
sens défavorable le fait que le tsar reste
en Russie cette année. Une alliance com-
me celle qui unit la France et la Russie
repose sur des intérêts trop sérieux pour
que de tels contingences aient une signi-
fication quelconque. Les deux pays alliés
ont mutuellement besoin l'un. de l'autre :
c'est une base suffisamment solide.
LES CHAUFFEURS
de la Compagnie Transatlantique
Le premier voyage de la Lorraine se
solde par-dès accidents et maladie survenus
à quatre chauffeurs, actuellement en trai-
tement à l'hospice.
Nous avions fait prévoir ce résultat, lors
du départ du steamer.
Eh bien, il est temps qu'vn pareil abus
prenne fin. Il y a des Inspecteurs du tra-
vail, une législation protectrice du travail
et il semble que la Compagnie Transatlan-
tique, protégée nous ne savons par quelle
puissance occulte, soit au-dessus des lois et
règlements !
Entendez plus tôt. les récits fait par les
matelots de l'Etat embarqués, lors de la
grève des chauffeurs,sur la « Bretagne »,de
façon à assurer le départ de ce steamer. Ils
ne se gênent pas pour se plaindre de la
nourriture, de l'impolitesse et de l'Incapa-
cité de certains grands chefs. Le mot bagne
vient sur les lèvres, pour caractériser le
service imposé aux chauffeurs de la Gojm-
pagnie Transatlantique ! ;
La Compagnie a cependant de luxueux
états majors, un nombreux personnel d'ins-
pecteurs de toute catégories. Mais de même
que tous ces grands chefs, grassement té-
trlbuès, n'avalent jamais songé A s'assuirer
que les pistolets Rupportant ls emba
lions de la « Bourgogne»,étalent en état, de
fonctionnor de même ils en sont encore à
assurer k leurs chauffeurs des conditions
d'existence véritablement humaines.
Quand donc au lieu de financier.%,untque»
ment préoccupés du cours des actions eu
Bourse, la Compagnie aura-1-elle à sa tête
un marin expérimenté, décidé à supprimer
les abus et d'assurer au nombreux person-
nel, placé sous ses ordres la justice et la
sécurité ?
Encore une fols pour les Compagnies de
navigation, les véritables batailles ne sont
poînl celles qui se livrent de midi à 4 heu-
res, dans le Palais de la Bourse, ce sont les
uYatCeb en mer, effectués- dans lss.meiiieu
res condiilons possibles pour les nmtelois
et hommes de rêqutpage, cumnro poar les
passassent
PRÉLIMINAIRES DE PAIX
Depuis quelques jours, il n'est question
que des négociations des puissances au
sujet de la paix avec la Chine. Chaque
matin, les journaux anglais publient des
documents officiels émanés des chancel-
leries les plus diverses et toute la presse
continentale les commente avec le plus
grand sérieux ; le soir, pourtant, il se
trouve, d'ordinaire, que des documents
sont inexacts et qu'ils proviennent d'une
officine assez analogue à celle qui, de
Changhai, télégraphiait au Daily Mail
les horribles détails que l'on sait sur les
massacres de Pékin. Il faut donc se gar-
der de toute confiance dans les nouvelles
qui nous arrivent et le plus absolu scep-
ticisme est de rigueur; néanmoins, il
semble que quelques faits soient désor
mais acquis, sans doute assez vogues
encore, sur lesquels toutefois on peut
peut fonder des raisonnements avec
quelque assurance.
Ainsi, il est certain qu'il y a eu, ces
jours-ci, des pourparlers entre la Russie
et les Etats-Unis. A la vérité, on s'était
mépris d'abord sur leur objet et ces deux
puissances n'avaient pas eu à protester
contre la décision des amiraux d'empê-
cher Li-Hong-Tchang, quand il arrive
rait à Takou, de se mettre en rapport
avec les autorités chinoises, jusqu'à ce
qu'il fût qualifié comme plénipotentiaire ;
il n'y a pas eu de protestation par la
bonne raison qu'une telle décision n'a-
vait jamais été prise et il semble que les
Duissances sont d'accord, ou à peu près,
pour admettre que le vieux diplomate
puisse être admis à négocier aussitôt
qu'il aura prouvé qu'il est véritablement
accrédité auprès des puissances et qu'il
l'est par un gouvernement régulièrement
consttttfé rc*ost là une précaution bien
nécessaire et qui était de rigueur après
les expériences faites en 18(30 où les
puissances avaient été indignement ber-
nées par des plénipotentiaires de rencon-
tro, pour s'être trop fiées à leur parole
et n'avoir pas suffisamment vérifié des
pleins pouvoirs qui, en réalité, se trou-
vaient illusoires. Sur ce point, on doit
croire que l'entente est facile et c'est sur
tout autre chose que portent les pourpar-
lers qui ont eu lieu entre Saint-Péters-
bourg et Washington.
Le gouvernement russe a fait savoir
au gouvernement américain qu'il était
d'avis que le meilleur moyen d'entrer en
relations avec la Chine était de permet-
tre à l'impératrice de revenir à Pékin et
de diriger de sa capitale même les
pourparlers en vue la paix, proposant
comme mesure première l'évacuation de
Pékin par les troupes alliées ; la Russie
fait observer que l'Europe n'a point eu
d'autre but, en marchant sur la capitale,
que de sauver le corps diplomatique et
que ce résultat étant atteint, elle ne voit
plus de raison de maintenir une occupa-
tion devenne sans raison.
La Russie a toujours été, dans le pré-
sent conflit, disposée à ne pas pousser
les choses trop loin et elle s'est adressée
naturellement à la puissance dont les
vues s'étaient le plus rapprochées des
siennes en cette matière, car on ne sau-
rait oublier que l'amiral américain n'a
pas pris part au bombardement des forts
de Takou et que ses instructions ont tou-
jours été d'une modération extrême. - Né-
anmoins, les Etats-Unis ne paraissent pas
s'être ralliés très-aisément, à l'idée de
l'évacuation de Pékin et leur réponse
marque quelque scrupule ; ils craignent
que le moyen ne soit pas très bon pour
amener la Chine à composition et, de
plus, qu'il sera difficile d'obtenir cette
évacuation de toutes les puissances, et,
pourtant, ils déclarent cette unanimité
nécessaire, ce qui ne les empêchent pas
de dire qu'ils s'en iront *i un seul des
alliés retirent ses troupes et d'accepter
aussi en principe les ouvertureà'de la
Russie. Ils ont fait plus et ce sont eux
qui ont communiqué, semble-t-il, la pro-
position russe à l'Europe, sous la fofme
d'une circulaire aux agents érÍcatns,
qui étaient chargés d'en donner connais-
sance aux Cabrae$B ,aup»rès« deSq\1el ils
étaient accrédités, - f 3
La Russie demande donc l'évacuation
de Pékin pour pouvoir négocier avec
Impératrice, et les Etats-Unis, tout en
jugeant cette évacuation peu désirable,
se rallient à la proposition et la présen-
tenl à l'Europe. Mais que va dire celle-
ci? Une seule réponse est arrivée à
Washington, mais celle-là n'était guère
douteuse ; c'est celle de la France : il
était évident que la Russie n'aurait pas
entrepris une démarche aussi grave sans
s'être assurée de l'adhésion de son alliée
et, en eflet, bien que nous n'ayons pas la
teneur de la note du gouvernement fran-
çais, on nous dit que les vues qui y sont
marquées sont « entièrement conformes
à celles de la Russie et des Etats-Unis.
Cela demanderait a être quelque peu pré-
cisé, puisque, on l'a vu, les vues de ces
deux puissances ne sont pas tout à fait
identiques, mais de ce côté, il n'y aura
pas de difficulté. Pour l'Angleterre, on
pouvait croire qu'elle se mettrait llifficile.
ment d'accord avec la Russie, les Etats
Unis et la France, car son ardeur a été
peu vive au cours de la campagne, et, si
les forces qu'elle a envoyées en Chine
sont peu considérables, sa diplomatie
s'est montrée très médiocrement endu-
rante, le premier sentiment des journaux
a, d'ailleurs, été tout à fait défavorable
à l'évacuation de Pékin. Au contraire, un
oommu niqué ,qui a toute l'allure d'un docu-
ment officieux, vient affirmer que l'An-
gleterre est d'accord, elle aussi, avec les
puissances modérées et qu'elle ne deman-
de pas mieux que de retirer ses troupes.
Cela est passablement inattendu. Mais
voici qui l'est davantage: le communiqué
déclare que la proposition russo-améri-
caine a reçu « un bon accueil » de tous
les gouvernements, et elle n'en excepte
pas l'Allemagne. Nous en voulons bien
awter L'augura. ,et la situation en se-
rait singulièrement simplifiée ; mais l'at-
titude de la presse allemande ne semble
pas permettre de le trop espérer. Elle
s'en tient, naturellement, aux considéra-
tions un peu générales, afllrme que les
Chinois ne manqueront pas de prendre
l'évacuation de Pékin comme une con-
cession et qu'on la fera immanquable-
ment passer aux yeu des populations
pour une reculade et même pour une
grande défaite des puissances ; et ces ar-
guments ne manquent pas de valeur;
mais il y a celui qu'on ne donne pas et
-.. A - -
qui est certainement au fond de tout : si
les puissances évacuent Pékin, qu'y va
donc faire le reId-maréchal de Walder-
see et était-ce bien la peine de faire un
si grand effort pour n'exercer qu'une
pression morale ? Il n'est pas certain que
le gouvernement allemand fera bande à
part, et, en effet, sa responsabilité se-
rait grande s'il s'y décidait; mais les ar-
ticles de la presse officieuse ne laissent
pas voir une extrême propension à se
joindre au concert qui se prépare.
- - a - - - -.
Quoi qu'il en soit, de tout cela un fait
ressort qui est assez rassurant, c'est que
la plupart des puissances sont disposées
à ne pas pousser à fond leurs avantages
et à faire la paix aussitôtqu'elles verront
l'occasion se présenter de la faire comme
elles le désiraient. Elles seraient bien
imprudentes de se presser et il est né-
cessaire qu'elles obtiennent,avec la large
réparation des pertes subies, des gae
sérieux pour l'avenir ; toutes les précatir
tions doivent être prises et elles ne sau-
raient être trop minutieuses ; car on sait
la duplicité de la diplomatie chinoise ;
mais, si le but que l'on s'est proposé peut
être atteint, nans plus tarder et sans plus
d'effusion desang,l'accord qui se dessine
est fort heureux et il faut souhaiter qu'il
se complète par l'adhésion des puissan-
ces qui hésiteraient encore.
A. E.
4 tort et à travers
1
.! --,..,.. - -
t 1
CmUstURS D'AUTREFOIS
Le mois de septembre nous ramène lies
•plaisirsde tachasse," qui sontaujoaraTiul
partagés par une foule de disciples île
Salnt-HUbert. Ce diroit mnur tout iCltayenv
non FCSWff de justictf résulte de tolre.
émancjÉttttn de .;17., fiais il est encore
.assuJ Il "ne tribdt al .profil de lEt. et
La «e rémrvte_ià la
La cfrSS^^ff autrefois réserv^eià la
nobiesw^pirerque, à Fcçriglne de la feoda-
aon avait en vue pour les nobles leur
eclKtttdans le maniement des armes.
dit aux marchands, artisans, bourgeois et
autres roturiers, ne possédant aucun fief
on seigneurie. Les anciennes ordonnances
des eaux et forêts constatent celle interdic-
tion. De plus ceux qui en avaient le droit
ne pouvaient le communiquer qu'à des per-
sonnes qui avalent le privilège du port
d'armes; les fermiers pouvaient donc s3.
plaindre si un seigneur faisait chasser sur
leurs terres des personnes sans qualité.
Nous connaissons nombre de fermiers
qui seraient heureux encore de voir dimi-
nuer les allants et venants sur leurs terres
grevées de servitude de chasse.
SI les fermiers et vassaux d'autrefois
étaient mieux partagés quand au nombre
des chasseurs pour lesquels ils devaient
conserver le gibier, ils avaient à se plain-
dre des infractions communes à l'exercice
de la chasse. Houard, le célèbre jurisc in-
sulte normand qui vivait au siècle dernier,
nous apprend qu'alors : « Les lois à l'égard
c de la chasse étaient très mal observées ;
c qu'il en étalent une cependant que les
c seigneurs devraient respecter plus que
c les autres, c'était celle qui déclarait en
c dêfefllstoutes terres cultivées jusqu'après
« la récolte. » (Article 81 de la Coutume de
Normandie).
Danssa vieille poésie du XIIIe siècle l'ancien
Coutumier Normand, en vers, réglemente
ainsi l'examen de la ebasse et de parcours.
En deffêiis sont terres aucuines
En au temps et aaltres communes
Toutes les terres cultivées
Sont en deffeos, de quoy les bleez
Ou les blés ont emplremeat
de bestes par leur hautement
Terres vuidez des le milieu
De mars jasques qui vient au lieu
De la feste en septembre prendre
De Saincte Croix, doit len deffendre
Euaultres temps communes sont
L'ouverture de la chasse n'était donc pas <
régkmentable comme aujourd'hui par un
arrêté particulier à chaque département ;
l'interdiction de chasser subsistait jusqu'à
la rentrée de la récolte ; quant aux près et
terres non cultivés on ne pouvait y chasser
depuis la moitié de mars jusqu'à la Sainte
Croix (4 septembre).
Les contraventions étalent gravement pu-
nies aux termes de l'Ordonnance du 19 no-
vembre 1S69 par une amende de 600 livres
indépendamment des dommages-intérêt"
aux propriétaires des récoltes. Les garen-
nes étalent prohibées lorsque aucun titre
n'autorisait le seigneur à les établir sur ses
terres.
Mais sur ces derniers privilèges encore
Ilouard en plaidant la cause de l'agricul-
ture nous révèle les plaintes que l'on for*
mutait contre les seigneurs :
«'- Rien de si commun que de voir dessel-
« gneurs en contravention sur ces points ;
les oraintes qu'un vassal ou un fermier
« a du ressentiment de son seigneur le for-
« cent à dissimuler ses excès : et celui-ci
« oseralt-11 se les permettre, s'il réfiéchls-
« sait de sanp-frola sur l'importance de la
« loi qu'il viole ? Cotte loi est faite pour
« conserver à l'Etat un gain qui lui est
« précieux ; l'utilité publique doit-elle
« donc être sacrifiée à ses plaisirs ? A quel
« respect peut-il prétendre de la part de ses
* vassaux s'il ne croit en devoir aucun, ni
c à l'humanité ni à son roi ?
11 est à supposer qu'en présence d'un
nombre aussi restreint de chasseurs, le
gibier devait se propager considérablement
surtout dans les domaines appartenant à de
grands propriétaires fonciers. Nous pour-
rions citer l'exemple d'un domaine situé à
proximité du Havre et possédé par un ma-
gistrat parisien, où en l73() depuis l'ouver-
ture de la chasse jusqu'au 26 octobre, le
garde avait tué 18 renards, 17 martres et
iurets, 7 émouchets et buses et 404 pièces
do gibier.
Aujourd'hui la situation dans cette région
est toute différente, les braconniers et les
chasseurs de toutes catégories et de toutes
conditions trouveraient difficilement une
si grande abondance de gibier dans un si
court espace de temps, c'esl-à-diro pondant
six semaines. u -.
Ajoutons un détail qui peut être unie aux
chasseurs de notre temps, dont les chiens
auraient été mordus par des animaux enra-
gés. Le garde du domaine, dont nous ve.
nons do parler, mentionne qu'en 1771 : « il
« avait acheté des huîtres et de la graisse
c de porc mâle pour faire une omelette pour
c ses chiens mordus par un chien enragé,
Les remèdes d'autrefois peuvent avoir
du bon encore aujourd'hui et nous signalons
celui-ci aux nemrods désireux de conserver
leurs fidèles compagnons de chasse.
A.. M.
Au Transvaal
En réponse à la proclamation de Lord
Roberts, le président Kriiger a télégraphié
à lord Salisbury et à tous les gouverne-
ments européens une protestation énergi-
que contre 1 annexion du Tranvaal.
Il est malheureusement probable que
cette protestation n'aura guère d'effet;
pourtant 11 faut noter qu'en Angleterre
même les adversaires de la guerre n'hési-
tent pas à blâmer énergiquement cette an-
nexion : Voici un article en autres du
Manchester Guardian :
« Le gouvernement anglais annonce sim-
plement son intention d'annexion, ce qu'il
veut dire qu'il réclame le droit de mettre
à mort ou de faire prisonniers tous les ha-
bitants mâles du Transvaal qui refusent
d'accepter un gouvernement qu'on leur
Impose par la force. Cela veut dire encore
qu'il réclame le droit de punir des actes de
soi-disant rebellion en brûlant les formes
de la région. Il est impossible de trouver
un piuabrutal déni de justice entre nations.
Et ce déni do droits nationaux entraine
inévitablement des souffrances pour les in-
dividus, hommes ou femmes, et cela en
proportion directe de leur patriotisme.
« L'avenir est gros de confiscations, de
pendaisons et de fermes brûlées. Evidém -
ment, aucun Anglais ne souhaite que telles
soient les conséquences de l'annexion. Il
n'en est pas moins vrai que ces choses sui-
vront la politique d'extermination d'un
peuple libre et vaillant, tout comme la nuit
suit le jour. Un gouvernement militaire,
cela veut dire, dans de teHes conditions,
l'exil ou la mort pour le peuple qu'il gou-
verne. Il transforme en crime es meilleurs
sentiments d'un peuple, et il encourage les
Missions les plus viles. - -
'l Voilà donq le genre gouvertienieiit
auquel l'Angleterre, oublieuse de ses an-
cienuessytapatmeRpour la (irèce et l'Italie
! Co MI* les Roera des deux
Républiques* - \J
Velli le résultat dpTa campagne menée
dans rAMquc du Sud, soi-disant, pour la
déferifee do la liberté et de l'égalité 1 poui, la
Quels bons apôt res,que nos-volalns dMu-
le-Manclie !
QUESTION DE CUISINE
Le combustible de l'avenir. Cui,
sine au gaz..-- Préjugés. - Pré-
parations et appareils di-
vers. Avantages.
C'est évidemment la plume d'un Brillat-
Savarin, d'un Berchoux, ou mieux encore
d'un Charles Monselet, qui devrait tracer
les présentes lignes touchant à l'art culi-
naire !
Que voulez-vous, amis lecteurs? Ces Il.
lustres gastronomes sont morts, et, le pro-
grès aidant, se trouvent déjà plus loin de
nous que les années ne semblent l'indiquer.
Aussi votre curiosité naturelle, qui s'est
révélée par mainte demande de renseigne-
ments, légitimée d'ailleurs par notre der-.
nier article sur le a charbon et le gaz » va-
t-elle devoir secontenterdes modestes tr ail s
du chroniqueur ordinaire?
On nous demande ce que vaut la cultine
au gaz? Nous sommes allés, consclense-
ment comme toujours, aux Informations,
et nous vous donnons Ici, sans parti pris, le
résultat de nos Investigations.
Eut**© nous, le gaz est le comlmstlble de
l'avenir.
SI l'on est uir tant soit peu observateur,
on fera cettefacile remarque que la science
trouve chaque jour une application nou-
velle de la grande loi de transformation
des diverses forces de la nature.
En suivant par exemple attentivement la
vie de nos grands ports, Rouen, le Hâvre,
etc., on s'apercevra aisément qu'à cette
heure l'importation compte plus d'un pro-
duit transformé en vertu de cette loi : on
reçoit de la farine au Heu de recevoir du
blo. de l'alcool au lieu de grains, des tissus
en place de balles de coton, etc. : le jour
n'est peut-être pas loin où la houille sera
transformée à son tour à la mine, même où
dans de vastes usines à proximité des vil-
les, avant d arriver à dostination.
Le combustible gazeux sera alors distri-
bué dans la plus modeste habitation et se
substituera à l'emploi direct du charbon.
Aussi bien, même en dehors de la ques-
tion d'hygiène, de propreté et de commo-
dité, ce sera une solution très pratique du
problême do la cuisine dans nos habitations
modernes.
L'application du gaz d'éclairage au ser-
vice culinaire se fait d'une manière géné-
rale en Amérique et en Angleterre ; ce mo-
de de cuisine a fait également beaucoup de
progrès en Belgique, ainsi qu'en France oû
cependant, le préjugé, môme en cette fin
d'un siècle éclairé, entrave encore sa vul-
garisation.
Et pourtant, que d'avantages ne présente
pas ce genre de chauffage et de caisson ?
Un des personnages 6XL Menteur, en par-
lant de celui-ci, ralllo agréablement
Uno collation survie à six services
Quatre concerts entiers, tant de plats, tant de feux.
font cela cependant prôt en une heure ou deux,
Comme si l'appar'oil d'uue toile cuisine
Fut descendu du Ciol dedans quelque machine 1
Sans doute, Corneille ne pensait pas en
écrivant ces vers qu'un siècle viendrait où
l'on ferait la cuisine non pas en une heure
ou ileticv, mais presque instantanément 1
Ne suffit-il pas aujourd'hui de la simple
manœuvre d'un robinet pour produire à
volonté et sur-le-champ l'intensité de cha-
leur désirée, et les opérations culinaires les
plus délicates ne sor l-elles pas conduites
rapidement avec une ré ^ularité parfaite ?
D'autre pari avec le gaz disparaît l'incon-
veulent des approvisionnements de char-
bon, de copeaux,ct'allumo-f eux et de petits-
loups, comme on dit à Rouen fi"
Avec le gaz plus de poussière, plus de
fumée ; mieux encore, plus de mauvaises
cheminées 1
té Les pertes de temps sont également évi-
tées ; à toute heure do jour et de nuit, le
gaz est là,à disposition, épargnant les mille
en Huis du feu (le bols ou de houille.
En été, la cuisine au rharbon devient un
veritable supplice, et la ménagere est con-
damnée à restor toute la journée dans la
fournaise à moins qu'elle tio s'astreigne à
des rallumagps fréquents, pénibles et oné-
reux i
Pour cuire un vulgaire oeuf à la coque ou
préparer une simple tisane, il lui faut allu-
mer le feu tout comme s'il s'agissait d'un
festin de Gargantua!
Dans de telles conditions la perte de com-
bustible et de temps est énorme et la com-
paraison fait ressortir incontestablement la
supériorité du gaz.
Facilité, célérité, propreté, économie, tels
sont les premiers avantages de l'emploi du
gaz pour la - cuisine. -
Mais, uira le cnœur aes soit disant gour-
mets, des vieux chefs d'hôtel ou des cor-
dons-bleus prétentieux, la cuisine au gaz
ne vaut pas celle au charbon et surtout au
bois ou au charbon de bois !
Et pourtant, il ne faut pas un grand effort
d'imagination pour se rendre compte qu'a-
vec un réchaud à gaz on cuisine à la perfec-
tion, puisqu'on peut régler la chaleur à vo-
lonté et la maintenir constante.
Prenez, par exemple, le pot au feu qui
demande d'abord et jusqu'à l'écumage, une
ébullltlon vive, puis à mijoter d'une façon
toujours égale. Quel autre appareil que le
réchaud à gaz peut répondre à ces condi-
tions ?
Le réchaud d ailleurs ne sert générale-
ment qu'à la préparation des aliments en
vanes clos ; pour griller ou pour rôtir la
viande, ou emploie des appareils .spcciaicœ.
Rôlir de la viande au gaz ? sans doute
frémissent à cette pensée les mânes anti-
ques de Vatel et consort; mais, en dépit du
préjugé, on la rôtit, et si bien^ue, théori-
qiiernent,il n'est pas téméraire de formuler
cet aphorisme : « La viande ne saurait ctre
bien rôtie qu'au gaz 1 »
La rôtissoire au gaz a porte à la perfec-
fection la broche au feu de bois de nos pères,
car aux avantages (le cette dernière, elle
joint celui d'éviter l'huprévu et les coups
de feu.
La chaleur que donne le gaz avec cet ap-
pareil est tou j jurs égale ; un peu humide,
elle cuit sans carboniser et dore sans des-
sécher. Enlin la vivo chaleur provoquée au
début a saisi la viande et forme de suite à
la surface Que pellicule imperméable qui
retient le jns. Ces résiliais auraient évi-
demment fait pùiiior 11'lge le bon Ragu*-
neau, le pooie-cutsinlcr do Cyrano deBer-
Q"ruc"' ,
Il existe niaiiilos «or los d'aï «pareils à gaz
soit pour rôlir. «oïl pour vriller, il y en a
encore pour Pll'I,;WfW' h ntes espèces d
meta : pâtisseries, pâtés en terrines, pois.
sons, et.c., oll séparément, soll simultané.
menl.
Il n'entre pas dans le cadre «le ces notes
de l décrire 11n â un el minu lit m cm
- 1.,
Salue-Inférieure, Bure ?tï
départements ItuttroelLeo.
Autres Départemental.».*#!*» fr. j»
1 SIX HOS
flïTae-lnf&leure Eare| et
Départements limitrophes 8 fr. 58
Autres départements».8 fr* 71
–ijj)
f Les Abonnementet 8e paient à
l'avance et se font 4 partir di
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1" et 16 di chaque mgnet
( -
SEMAINE POLITIQUE
L'alliance franco-riisse. Lettre.
.du tzar au Président de la Ré-
publique. Mancouvreo
déjouées.
Le prince Ouroussoft, ambassadeur de
Rusie en France, a remis au Président
de la République les insignes de l'drdre
impérial de Saint-André, accompagnés
d'une lettre autographe de l'empereur
Nicolas U. Cette cérémonie, ou plutôt cet
acte politique, qui constitue une nouvelle
affirmation de l'alliance franco-russe, ne
devrait avoir pour nous rien 'd'inattendu,
quelque vif plaisir que nous devionk en
éprouver. Etant donné, en effet, les liens
qui unissent la France et la Russie, la
collation de l'Ordre de Saint-André à M.
Emile Loubet doit nous paraitre aussi na
turellé que lorsque ce fut M. Félix Fàure
qui reçut cette distinction, la plus haute
que l'empereur de "Russie puisse-confé-
ror, et qui comporte, par BuHe, la pos-
session de tous les autres Ordres russes.
Et, pourtant, l'opinion publique, aussi
bien en Russie qu'en France, car Vallian-
ce entre ces deux pays n'est ni moins
profitable ni moins chère à l'un qu'à l'au-
tre, attachera une importance spéciale
à la manifestation qui vient d'affirmer de
nouveau que les deux puissances sont
amies et alliées. La cause en est que des
efforts si persévérants avaient été faits,
de différents côtés, soit pour ébrahler
cette alliance, soit pour faire croire qu'elle
l'était, qu'on avait dû finir pàr se deman-
der, dans certains milieux, s'il n'y avait
pas un peu de feu derrière toute cette fu-
mée, D'où la satisfaction particulière
qu'on éprouvera à conslater qu'il n'en
est rien. -
En ce qui concerne l'origine et le bat
des manœuvres dont l'inefficacité vient
d'être ainsi démon tréexil importe de faire
une distinotion .Que, dans les pays étran-
gers dont l'alliance franco russe gêné la
politique, on ait tenté l'impossible pour
la naper, il n'y a là rien que de très natu-
rel ; aussi n'attachions-nous aucune im-
portance aux informations pessimistes
qui nous venaient de l'extérieur, nous
bornant à y voir l'expression d'un désir
qui ne nous surprenait pas.
Mais l'esprit public pouvait se laisser
plus facilement impressionner en lisant
oertaias journaux français, très répan-
dus et influents, dont les appréciations
ou les informations tendaient à faire
croire que, si le dés\r exprimé par nos
adversaires de l'étranger n'était pas en-
core réalisé, il n'était pourtant pas irréa-
lisable. En effet, quoiqu'il puisse nous en
coûter de le constater, une partie de no-
tre presse, par suite de cette fatale ha-
bitude qui consiste à ne pas vouloir sépa-
rer la politique extérieure delà politique
intérieure, a fait, inconsciemment le jeu
de nos adversaires. Nous disons « in-
consclemmént >, car nous sommes per-
suadés qu'elle n'aurait pas pris cette at-
titude si elle s'étiit doutée du mal qu'elle
pouvait faire.
Comme si l'action intérieure du gou-
vernement actuel, considérée au point
de vue de la politique de parti, ne lui
----- fournissait pas des - occasions d'exercer
sa critique, à tort ou à raison, elle a cru
devoir s'en prendre à %on action exté-
rieure, s'efforçant, en particulier, de
prouver qu'elle mettait en péril l'alliance
franco-russe qu'on sait être très popu-
laire dans le pays.
On est allé plus loin encore. Oubliant
que le Président de la République repré
sente la. France devant l'étranger, on
, iwen estpfis sans ménagement à sa per-
sonne, et l'on n'a pas hésité à insinuer
qu'elle Vêtait" pas étrangère au refroidis-
sement imaginaire auquel on voulait faire
: .À q
- croire.
CrJu lettre autographe de l'emperèur 1
de Russie et l'allocution qu'a prononcée
le prince Ouroussoff en la remettant au
Président de la République font justice
de toutes ces manœuvres peu loyales.
En conférant à M, Emile Loubetla plus
haute odisftnction de l'empire de Russie,
NlIs II, a dit le prince Ouroussoft, a
voulu lui damer tfune preuve de la hauto
- -,. - - -
estime giPïtéprouve .pour sa personne, »
en même tejîrps^rHl a tenu à témoigner
de « ses senlïrçratifs invariables pour la
grande nation aml. et alliée ».
Les termes de la lettre du tsar ne sont
p is moins explicites, à ce double point
de vue, que ceux dont s'est servi son
ambassadeur en la remettant au Prési-
dent de la République. Du reste, ces sen-
timents n'ont rien qui puise nous sur-
prendre, puisque H* Emile Loubet, com-
me il l'a fait remarquer en répondant au
prince Ouroussoff, a coopéré personnel-
lement, il y a plusieurs années, à l'union
qui existe aujourd'hui entre les deux
nations.
Sur la solidité de cette union, sur son
caractère également profitable aux deux
pays, sur l'intention des deux gouverne-
ments de la maintenir et de la resserrer
au besoin, Nicolas 11 est aussi affirmatif
dans sa lettre que l'a été le Président de
la République dans sa réponse au prince
Ouroussoff. «Il m'est particulièrement
agréable, dit le tsâr, de Vous offrir ce
témoignage de mon estime, à une époque
où l'accocd complet, si heureusement éta-
bli entre la France et la Russie, peut plus
que jamais exercer son influence bien-
faisante, non seulement sur leurs intérêts
directs, mais aussi pour le maintien de
la paix générale, qui nous tient égale-
ment à cœur. »
Quelques esprits chagrins regretteront
peut-être d'apprendre que Nicolas Il île
viendra pas à cause de l'Exposition. 11
exprime, en effet, dans sa lettre au Pré-
sident, le regret sincère que lui elrImpé-
ratrice éprouvent de ne pouvoir visiter
Paris en ce moment. Certes, nous eus-
sions été heureux d'avoir le couplo im-
périal parmi nous ; mais il serait indis-
cret de prétendre qu'il agisse contraire-
ment à ses convenances personnelles
pour entreprendre un voyage dont la né-
cessité, au point de vue de la politique
franco-russe, n'apparait on aucune façon.
Il y a quatre ans, l'empereur de Russie
avait une double raison pour venic en
France ? il avait voulu rendre visite après
son avènement, aux principaux chefs
d'Etat : à plus forte raison était-il naturel
qu'il vint dans le pays ami et allié. Mais
ce serait tirer de cette visite des consé-
quences bien imprévues que de préten
dre qu'elle doive se renouveler toutes les
fois que notre pays est en fête. Il n'y a
donc aucune analogie entre la situation
d'il y a quatre ans et celle d'aujourd'hui,
et il sorait puéril d'ihterpreter dans un
sens défavorable le fait que le tsar reste
en Russie cette année. Une alliance com-
me celle qui unit la France et la Russie
repose sur des intérêts trop sérieux pour
que de tels contingences aient une signi-
fication quelconque. Les deux pays alliés
ont mutuellement besoin l'un. de l'autre :
c'est une base suffisamment solide.
LES CHAUFFEURS
de la Compagnie Transatlantique
Le premier voyage de la Lorraine se
solde par-dès accidents et maladie survenus
à quatre chauffeurs, actuellement en trai-
tement à l'hospice.
Nous avions fait prévoir ce résultat, lors
du départ du steamer.
Eh bien, il est temps qu'vn pareil abus
prenne fin. Il y a des Inspecteurs du tra-
vail, une législation protectrice du travail
et il semble que la Compagnie Transatlan-
tique, protégée nous ne savons par quelle
puissance occulte, soit au-dessus des lois et
règlements !
Entendez plus tôt. les récits fait par les
matelots de l'Etat embarqués, lors de la
grève des chauffeurs,sur la « Bretagne »,de
façon à assurer le départ de ce steamer. Ils
ne se gênent pas pour se plaindre de la
nourriture, de l'impolitesse et de l'Incapa-
cité de certains grands chefs. Le mot bagne
vient sur les lèvres, pour caractériser le
service imposé aux chauffeurs de la Gojm-
pagnie Transatlantique ! ;
La Compagnie a cependant de luxueux
états majors, un nombreux personnel d'ins-
pecteurs de toute catégories. Mais de même
que tous ces grands chefs, grassement té-
trlbuès, n'avalent jamais songé A s'assuirer
que les pistolets Rupportant ls emba
lions de la « Bourgogne»,étalent en état, de
fonctionnor de même ils en sont encore à
assurer k leurs chauffeurs des conditions
d'existence véritablement humaines.
Quand donc au lieu de financier.%,untque»
ment préoccupés du cours des actions eu
Bourse, la Compagnie aura-1-elle à sa tête
un marin expérimenté, décidé à supprimer
les abus et d'assurer au nombreux person-
nel, placé sous ses ordres la justice et la
sécurité ?
Encore une fols pour les Compagnies de
navigation, les véritables batailles ne sont
poînl celles qui se livrent de midi à 4 heu-
res, dans le Palais de la Bourse, ce sont les
uYatCeb en mer, effectués- dans lss.meiiieu
res condiilons possibles pour les nmtelois
et hommes de rêqutpage, cumnro poar les
passassent
PRÉLIMINAIRES DE PAIX
Depuis quelques jours, il n'est question
que des négociations des puissances au
sujet de la paix avec la Chine. Chaque
matin, les journaux anglais publient des
documents officiels émanés des chancel-
leries les plus diverses et toute la presse
continentale les commente avec le plus
grand sérieux ; le soir, pourtant, il se
trouve, d'ordinaire, que des documents
sont inexacts et qu'ils proviennent d'une
officine assez analogue à celle qui, de
Changhai, télégraphiait au Daily Mail
les horribles détails que l'on sait sur les
massacres de Pékin. Il faut donc se gar-
der de toute confiance dans les nouvelles
qui nous arrivent et le plus absolu scep-
ticisme est de rigueur; néanmoins, il
semble que quelques faits soient désor
mais acquis, sans doute assez vogues
encore, sur lesquels toutefois on peut
peut fonder des raisonnements avec
quelque assurance.
Ainsi, il est certain qu'il y a eu, ces
jours-ci, des pourparlers entre la Russie
et les Etats-Unis. A la vérité, on s'était
mépris d'abord sur leur objet et ces deux
puissances n'avaient pas eu à protester
contre la décision des amiraux d'empê-
cher Li-Hong-Tchang, quand il arrive
rait à Takou, de se mettre en rapport
avec les autorités chinoises, jusqu'à ce
qu'il fût qualifié comme plénipotentiaire ;
il n'y a pas eu de protestation par la
bonne raison qu'une telle décision n'a-
vait jamais été prise et il semble que les
Duissances sont d'accord, ou à peu près,
pour admettre que le vieux diplomate
puisse être admis à négocier aussitôt
qu'il aura prouvé qu'il est véritablement
accrédité auprès des puissances et qu'il
l'est par un gouvernement régulièrement
consttttfé rc*ost là une précaution bien
nécessaire et qui était de rigueur après
les expériences faites en 18(30 où les
puissances avaient été indignement ber-
nées par des plénipotentiaires de rencon-
tro, pour s'être trop fiées à leur parole
et n'avoir pas suffisamment vérifié des
pleins pouvoirs qui, en réalité, se trou-
vaient illusoires. Sur ce point, on doit
croire que l'entente est facile et c'est sur
tout autre chose que portent les pourpar-
lers qui ont eu lieu entre Saint-Péters-
bourg et Washington.
Le gouvernement russe a fait savoir
au gouvernement américain qu'il était
d'avis que le meilleur moyen d'entrer en
relations avec la Chine était de permet-
tre à l'impératrice de revenir à Pékin et
de diriger de sa capitale même les
pourparlers en vue la paix, proposant
comme mesure première l'évacuation de
Pékin par les troupes alliées ; la Russie
fait observer que l'Europe n'a point eu
d'autre but, en marchant sur la capitale,
que de sauver le corps diplomatique et
que ce résultat étant atteint, elle ne voit
plus de raison de maintenir une occupa-
tion devenne sans raison.
La Russie a toujours été, dans le pré-
sent conflit, disposée à ne pas pousser
les choses trop loin et elle s'est adressée
naturellement à la puissance dont les
vues s'étaient le plus rapprochées des
siennes en cette matière, car on ne sau-
rait oublier que l'amiral américain n'a
pas pris part au bombardement des forts
de Takou et que ses instructions ont tou-
jours été d'une modération extrême. - Né-
anmoins, les Etats-Unis ne paraissent pas
s'être ralliés très-aisément, à l'idée de
l'évacuation de Pékin et leur réponse
marque quelque scrupule ; ils craignent
que le moyen ne soit pas très bon pour
amener la Chine à composition et, de
plus, qu'il sera difficile d'obtenir cette
évacuation de toutes les puissances, et,
pourtant, ils déclarent cette unanimité
nécessaire, ce qui ne les empêchent pas
de dire qu'ils s'en iront *i un seul des
alliés retirent ses troupes et d'accepter
aussi en principe les ouvertureà'de la
Russie. Ils ont fait plus et ce sont eux
qui ont communiqué, semble-t-il, la pro-
position russe à l'Europe, sous la fofme
d'une circulaire aux agents érÍcatns,
qui étaient chargés d'en donner connais-
sance aux Cabrae$B ,aup»rès« deSq\1el ils
étaient accrédités, - f 3
La Russie demande donc l'évacuation
de Pékin pour pouvoir négocier avec
Impératrice, et les Etats-Unis, tout en
jugeant cette évacuation peu désirable,
se rallient à la proposition et la présen-
tenl à l'Europe. Mais que va dire celle-
ci? Une seule réponse est arrivée à
Washington, mais celle-là n'était guère
douteuse ; c'est celle de la France : il
était évident que la Russie n'aurait pas
entrepris une démarche aussi grave sans
s'être assurée de l'adhésion de son alliée
et, en eflet, bien que nous n'ayons pas la
teneur de la note du gouvernement fran-
çais, on nous dit que les vues qui y sont
marquées sont « entièrement conformes
à celles de la Russie et des Etats-Unis.
Cela demanderait a être quelque peu pré-
cisé, puisque, on l'a vu, les vues de ces
deux puissances ne sont pas tout à fait
identiques, mais de ce côté, il n'y aura
pas de difficulté. Pour l'Angleterre, on
pouvait croire qu'elle se mettrait llifficile.
ment d'accord avec la Russie, les Etats
Unis et la France, car son ardeur a été
peu vive au cours de la campagne, et, si
les forces qu'elle a envoyées en Chine
sont peu considérables, sa diplomatie
s'est montrée très médiocrement endu-
rante, le premier sentiment des journaux
a, d'ailleurs, été tout à fait défavorable
à l'évacuation de Pékin. Au contraire, un
oommu niqué ,qui a toute l'allure d'un docu-
ment officieux, vient affirmer que l'An-
gleterre est d'accord, elle aussi, avec les
puissances modérées et qu'elle ne deman-
de pas mieux que de retirer ses troupes.
Cela est passablement inattendu. Mais
voici qui l'est davantage: le communiqué
déclare que la proposition russo-améri-
caine a reçu « un bon accueil » de tous
les gouvernements, et elle n'en excepte
pas l'Allemagne. Nous en voulons bien
awter L'augura. ,et la situation en se-
rait singulièrement simplifiée ; mais l'at-
titude de la presse allemande ne semble
pas permettre de le trop espérer. Elle
s'en tient, naturellement, aux considéra-
tions un peu générales, afllrme que les
Chinois ne manqueront pas de prendre
l'évacuation de Pékin comme une con-
cession et qu'on la fera immanquable-
ment passer aux yeu des populations
pour une reculade et même pour une
grande défaite des puissances ; et ces ar-
guments ne manquent pas de valeur;
mais il y a celui qu'on ne donne pas et
-.. A - -
qui est certainement au fond de tout : si
les puissances évacuent Pékin, qu'y va
donc faire le reId-maréchal de Walder-
see et était-ce bien la peine de faire un
si grand effort pour n'exercer qu'une
pression morale ? Il n'est pas certain que
le gouvernement allemand fera bande à
part, et, en effet, sa responsabilité se-
rait grande s'il s'y décidait; mais les ar-
ticles de la presse officieuse ne laissent
pas voir une extrême propension à se
joindre au concert qui se prépare.
- - a - - - -.
Quoi qu'il en soit, de tout cela un fait
ressort qui est assez rassurant, c'est que
la plupart des puissances sont disposées
à ne pas pousser à fond leurs avantages
et à faire la paix aussitôtqu'elles verront
l'occasion se présenter de la faire comme
elles le désiraient. Elles seraient bien
imprudentes de se presser et il est né-
cessaire qu'elles obtiennent,avec la large
réparation des pertes subies, des gae
sérieux pour l'avenir ; toutes les précatir
tions doivent être prises et elles ne sau-
raient être trop minutieuses ; car on sait
la duplicité de la diplomatie chinoise ;
mais, si le but que l'on s'est proposé peut
être atteint, nans plus tarder et sans plus
d'effusion desang,l'accord qui se dessine
est fort heureux et il faut souhaiter qu'il
se complète par l'adhésion des puissan-
ces qui hésiteraient encore.
A. E.
4 tort et à travers
1
.! --,..,.. - -
t 1
CmUstURS D'AUTREFOIS
Le mois de septembre nous ramène lies
•plaisirsde tachasse," qui sontaujoaraTiul
partagés par une foule de disciples île
Salnt-HUbert. Ce diroit mnur tout iCltayenv
non FCSWff de justictf résulte de tolre.
émancjÉttttn de .;17., fiais il est encore
.assuJ Il "ne tribdt al .profil de lEt. et
La «e rémrvte_ià la
La cfrSS^^ff autrefois réserv^eià la
nobiesw^pirerque, à Fcçriglne de la feoda-
aon avait en vue pour les nobles leur
eclKtttdans le maniement des armes.
autres roturiers, ne possédant aucun fief
on seigneurie. Les anciennes ordonnances
des eaux et forêts constatent celle interdic-
tion. De plus ceux qui en avaient le droit
ne pouvaient le communiquer qu'à des per-
sonnes qui avalent le privilège du port
d'armes; les fermiers pouvaient donc s3.
plaindre si un seigneur faisait chasser sur
leurs terres des personnes sans qualité.
Nous connaissons nombre de fermiers
qui seraient heureux encore de voir dimi-
nuer les allants et venants sur leurs terres
grevées de servitude de chasse.
SI les fermiers et vassaux d'autrefois
étaient mieux partagés quand au nombre
des chasseurs pour lesquels ils devaient
conserver le gibier, ils avaient à se plain-
dre des infractions communes à l'exercice
de la chasse. Houard, le célèbre jurisc in-
sulte normand qui vivait au siècle dernier,
nous apprend qu'alors : « Les lois à l'égard
c de la chasse étaient très mal observées ;
c qu'il en étalent une cependant que les
c seigneurs devraient respecter plus que
c les autres, c'était celle qui déclarait en
c dêfefllstoutes terres cultivées jusqu'après
« la récolte. » (Article 81 de la Coutume de
Normandie).
Danssa vieille poésie du XIIIe siècle l'ancien
Coutumier Normand, en vers, réglemente
ainsi l'examen de la ebasse et de parcours.
En deffêiis sont terres aucuines
En au temps et aaltres communes
Toutes les terres cultivées
Sont en deffeos, de quoy les bleez
Ou les blés ont emplremeat
de bestes par leur hautement
Terres vuidez des le milieu
De mars jasques qui vient au lieu
De la feste en septembre prendre
De Saincte Croix, doit len deffendre
Euaultres temps communes sont
L'ouverture de la chasse n'était donc pas <
régkmentable comme aujourd'hui par un
arrêté particulier à chaque département ;
l'interdiction de chasser subsistait jusqu'à
la rentrée de la récolte ; quant aux près et
terres non cultivés on ne pouvait y chasser
depuis la moitié de mars jusqu'à la Sainte
Croix (4 septembre).
Les contraventions étalent gravement pu-
nies aux termes de l'Ordonnance du 19 no-
vembre 1S69 par une amende de 600 livres
indépendamment des dommages-intérêt"
aux propriétaires des récoltes. Les garen-
nes étalent prohibées lorsque aucun titre
n'autorisait le seigneur à les établir sur ses
terres.
Mais sur ces derniers privilèges encore
Ilouard en plaidant la cause de l'agricul-
ture nous révèle les plaintes que l'on for*
mutait contre les seigneurs :
«'- Rien de si commun que de voir dessel-
« gneurs en contravention sur ces points ;
les oraintes qu'un vassal ou un fermier
« a du ressentiment de son seigneur le for-
« cent à dissimuler ses excès : et celui-ci
« oseralt-11 se les permettre, s'il réfiéchls-
« sait de sanp-frola sur l'importance de la
« loi qu'il viole ? Cotte loi est faite pour
« conserver à l'Etat un gain qui lui est
« précieux ; l'utilité publique doit-elle
« donc être sacrifiée à ses plaisirs ? A quel
« respect peut-il prétendre de la part de ses
* vassaux s'il ne croit en devoir aucun, ni
c à l'humanité ni à son roi ?
11 est à supposer qu'en présence d'un
nombre aussi restreint de chasseurs, le
gibier devait se propager considérablement
surtout dans les domaines appartenant à de
grands propriétaires fonciers. Nous pour-
rions citer l'exemple d'un domaine situé à
proximité du Havre et possédé par un ma-
gistrat parisien, où en l73() depuis l'ouver-
ture de la chasse jusqu'au 26 octobre, le
garde avait tué 18 renards, 17 martres et
iurets, 7 émouchets et buses et 404 pièces
do gibier.
Aujourd'hui la situation dans cette région
est toute différente, les braconniers et les
chasseurs de toutes catégories et de toutes
conditions trouveraient difficilement une
si grande abondance de gibier dans un si
court espace de temps, c'esl-à-diro pondant
six semaines. u -.
Ajoutons un détail qui peut être unie aux
chasseurs de notre temps, dont les chiens
auraient été mordus par des animaux enra-
gés. Le garde du domaine, dont nous ve.
nons do parler, mentionne qu'en 1771 : « il
« avait acheté des huîtres et de la graisse
c de porc mâle pour faire une omelette pour
c ses chiens mordus par un chien enragé,
Les remèdes d'autrefois peuvent avoir
du bon encore aujourd'hui et nous signalons
celui-ci aux nemrods désireux de conserver
leurs fidèles compagnons de chasse.
A.. M.
Au Transvaal
En réponse à la proclamation de Lord
Roberts, le président Kriiger a télégraphié
à lord Salisbury et à tous les gouverne-
ments européens une protestation énergi-
que contre 1 annexion du Tranvaal.
Il est malheureusement probable que
cette protestation n'aura guère d'effet;
pourtant 11 faut noter qu'en Angleterre
même les adversaires de la guerre n'hési-
tent pas à blâmer énergiquement cette an-
nexion : Voici un article en autres du
Manchester Guardian :
« Le gouvernement anglais annonce sim-
plement son intention d'annexion, ce qu'il
veut dire qu'il réclame le droit de mettre
à mort ou de faire prisonniers tous les ha-
bitants mâles du Transvaal qui refusent
d'accepter un gouvernement qu'on leur
Impose par la force. Cela veut dire encore
qu'il réclame le droit de punir des actes de
soi-disant rebellion en brûlant les formes
de la région. Il est impossible de trouver
un piuabrutal déni de justice entre nations.
Et ce déni do droits nationaux entraine
inévitablement des souffrances pour les in-
dividus, hommes ou femmes, et cela en
proportion directe de leur patriotisme.
« L'avenir est gros de confiscations, de
pendaisons et de fermes brûlées. Evidém -
ment, aucun Anglais ne souhaite que telles
soient les conséquences de l'annexion. Il
n'en est pas moins vrai que ces choses sui-
vront la politique d'extermination d'un
peuple libre et vaillant, tout comme la nuit
suit le jour. Un gouvernement militaire,
cela veut dire, dans de teHes conditions,
l'exil ou la mort pour le peuple qu'il gou-
verne. Il transforme en crime es meilleurs
sentiments d'un peuple, et il encourage les
Missions les plus viles. - -
'l Voilà donq le genre gouvertienieiit
auquel l'Angleterre, oublieuse de ses an-
cienuessytapatmeRpour la (irèce et l'Italie
! Co MI* les Roera des deux
Républiques* - \J
Velli le résultat dpTa campagne menée
dans rAMquc du Sud, soi-disant, pour la
déferifee do la liberté et de l'égalité 1 poui, la
Quels bons apôt res,que nos-volalns dMu-
le-Manclie !
QUESTION DE CUISINE
Le combustible de l'avenir. Cui,
sine au gaz..-- Préjugés. - Pré-
parations et appareils di-
vers. Avantages.
C'est évidemment la plume d'un Brillat-
Savarin, d'un Berchoux, ou mieux encore
d'un Charles Monselet, qui devrait tracer
les présentes lignes touchant à l'art culi-
naire !
Que voulez-vous, amis lecteurs? Ces Il.
lustres gastronomes sont morts, et, le pro-
grès aidant, se trouvent déjà plus loin de
nous que les années ne semblent l'indiquer.
Aussi votre curiosité naturelle, qui s'est
révélée par mainte demande de renseigne-
ments, légitimée d'ailleurs par notre der-.
nier article sur le a charbon et le gaz » va-
t-elle devoir secontenterdes modestes tr ail s
du chroniqueur ordinaire?
On nous demande ce que vaut la cultine
au gaz? Nous sommes allés, consclense-
ment comme toujours, aux Informations,
et nous vous donnons Ici, sans parti pris, le
résultat de nos Investigations.
Eut**© nous, le gaz est le comlmstlble de
l'avenir.
SI l'on est uir tant soit peu observateur,
on fera cettefacile remarque que la science
trouve chaque jour une application nou-
velle de la grande loi de transformation
des diverses forces de la nature.
En suivant par exemple attentivement la
vie de nos grands ports, Rouen, le Hâvre,
etc., on s'apercevra aisément qu'à cette
heure l'importation compte plus d'un pro-
duit transformé en vertu de cette loi : on
reçoit de la farine au Heu de recevoir du
blo. de l'alcool au lieu de grains, des tissus
en place de balles de coton, etc. : le jour
n'est peut-être pas loin où la houille sera
transformée à son tour à la mine, même où
dans de vastes usines à proximité des vil-
les, avant d arriver à dostination.
Le combustible gazeux sera alors distri-
bué dans la plus modeste habitation et se
substituera à l'emploi direct du charbon.
Aussi bien, même en dehors de la ques-
tion d'hygiène, de propreté et de commo-
dité, ce sera une solution très pratique du
problême do la cuisine dans nos habitations
modernes.
L'application du gaz d'éclairage au ser-
vice culinaire se fait d'une manière géné-
rale en Amérique et en Angleterre ; ce mo-
de de cuisine a fait également beaucoup de
progrès en Belgique, ainsi qu'en France oû
cependant, le préjugé, môme en cette fin
d'un siècle éclairé, entrave encore sa vul-
garisation.
Et pourtant, que d'avantages ne présente
pas ce genre de chauffage et de caisson ?
Un des personnages 6XL Menteur, en par-
lant de celui-ci, ralllo agréablement
Uno collation survie à six services
Quatre concerts entiers, tant de plats, tant de feux.
font cela cependant prôt en une heure ou deux,
Comme si l'appar'oil d'uue toile cuisine
Fut descendu du Ciol dedans quelque machine 1
Sans doute, Corneille ne pensait pas en
écrivant ces vers qu'un siècle viendrait où
l'on ferait la cuisine non pas en une heure
ou ileticv, mais presque instantanément 1
Ne suffit-il pas aujourd'hui de la simple
manœuvre d'un robinet pour produire à
volonté et sur-le-champ l'intensité de cha-
leur désirée, et les opérations culinaires les
plus délicates ne sor l-elles pas conduites
rapidement avec une ré ^ularité parfaite ?
D'autre pari avec le gaz disparaît l'incon-
veulent des approvisionnements de char-
bon, de copeaux,ct'allumo-f eux et de petits-
loups, comme on dit à Rouen fi"
Avec le gaz plus de poussière, plus de
fumée ; mieux encore, plus de mauvaises
cheminées 1
té Les pertes de temps sont également évi-
tées ; à toute heure do jour et de nuit, le
gaz est là,à disposition, épargnant les mille
en Huis du feu (le bols ou de houille.
En été, la cuisine au rharbon devient un
veritable supplice, et la ménagere est con-
damnée à restor toute la journée dans la
fournaise à moins qu'elle tio s'astreigne à
des rallumagps fréquents, pénibles et oné-
reux i
Pour cuire un vulgaire oeuf à la coque ou
préparer une simple tisane, il lui faut allu-
mer le feu tout comme s'il s'agissait d'un
festin de Gargantua!
Dans de telles conditions la perte de com-
bustible et de temps est énorme et la com-
paraison fait ressortir incontestablement la
supériorité du gaz.
Facilité, célérité, propreté, économie, tels
sont les premiers avantages de l'emploi du
gaz pour la - cuisine. -
Mais, uira le cnœur aes soit disant gour-
mets, des vieux chefs d'hôtel ou des cor-
dons-bleus prétentieux, la cuisine au gaz
ne vaut pas celle au charbon et surtout au
bois ou au charbon de bois !
Et pourtant, il ne faut pas un grand effort
d'imagination pour se rendre compte qu'a-
vec un réchaud à gaz on cuisine à la perfec-
tion, puisqu'on peut régler la chaleur à vo-
lonté et la maintenir constante.
Prenez, par exemple, le pot au feu qui
demande d'abord et jusqu'à l'écumage, une
ébullltlon vive, puis à mijoter d'une façon
toujours égale. Quel autre appareil que le
réchaud à gaz peut répondre à ces condi-
tions ?
Le réchaud d ailleurs ne sert générale-
ment qu'à la préparation des aliments en
vanes clos ; pour griller ou pour rôtir la
viande, ou emploie des appareils .spcciaicœ.
Rôlir de la viande au gaz ? sans doute
frémissent à cette pensée les mânes anti-
ques de Vatel et consort; mais, en dépit du
préjugé, on la rôtit, et si bien^ue, théori-
qiiernent,il n'est pas téméraire de formuler
cet aphorisme : « La viande ne saurait ctre
bien rôtie qu'au gaz 1 »
La rôtissoire au gaz a porte à la perfec-
fection la broche au feu de bois de nos pères,
car aux avantages (le cette dernière, elle
joint celui d'éviter l'huprévu et les coups
de feu.
La chaleur que donne le gaz avec cet ap-
pareil est tou j jurs égale ; un peu humide,
elle cuit sans carboniser et dore sans des-
sécher. Enlin la vivo chaleur provoquée au
début a saisi la viande et forme de suite à
la surface Que pellicule imperméable qui
retient le jns. Ces résiliais auraient évi-
demment fait pùiiior 11'lge le bon Ragu*-
neau, le pooie-cutsinlcr do Cyrano deBer-
Q"ruc"' ,
Il existe niaiiilos «or los d'aï «pareils à gaz
soit pour rôlir. «oïl pour vriller, il y en a
encore pour Pll'I,;WfW' h ntes espèces d
meta : pâtisseries, pâtés en terrines, pois.
sons, et.c., oll séparément, soll simultané.
menl.
Il n'entre pas dans le cadre «le ces notes
de l décrire 11n â un el minu lit m cm
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