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la meilleure manière de composer les Etats. A ces traits, on recon-
noît un Roi juste et sage, un père tendre et bienfaisant ; mais à ces
traits on remarque aussi que S. M. a vu qu'il n'y avoit aucun prin-
cipe déterminant à cet égard.
Dans un siècle où la saine philosophie a fait autant de progrès,
on devait naturellement s'attendre que chaque corps s'empresseroit
à demander que le Tiers-Etat balançât les deux premiers ordres
réunis ; mais il parait malheureusement que les opinions se con-
trarient.
Dans de pareilles circonstances ce seroit une apathie honteuse,
se seroit s'avilir à ses propres yeux, ce seroit même trahir les inté-
rêts de l'Etat que de ne pas réclamer contre la prétention contraire.
Si on parcourt nos annales, si on consulte les écrivains qui ont
traité de cette matière, on reconnoistra qu'il n'y a aucune loi, soit
émanée directement du prince, soit délibérée par la Nation, qui ait
fixé, déterminé d'une manière positive invariable, uniforme, la
manière dont les Etats-Généraux doivent être composés.
La forme des élections, le nombre des représentans a toujours
■varié ; le travail dans les délibérations, la manière de les prendre,
de les arrêter, n'a pas été plus uniforme. Ces vérités sont écrites
dans les cahiers des Etats tenus en 1335, 1356, 1560, 1576 et 1614. Il
n'y a jamais-rien eu de constitutionnel à cet égard.
Mais, eut-on adopté tel usage plutôt quj tel autre, seroit-ce une
raison absolument décisive pour le perpétuer ? Ce qui est bon et
utile dans un temps devient nuisible et dangereux dans un autre.
Quand on veut opérer le bien, il paroît plus sûr de reposer sur l'état
actuel des choses, de considérer l'homme tel qu'il est, que tel qu'il
a, été.
Anciennement, l'homme asservi sous le joug du gouvernement
féodal avoit peu ou n'avoit point d'énergie ; son génie rétréci par
des distinctions de mépris et d'oubli, ne pouvoit prendre l'essor ;
aujourd'hui, quelle différence ! «
Délivré de ses chaînes, le Tiers-Etat produit des grands hommes
dans tous les genres ; ce n'est pas assez pour le faire mouvoir vers
-une cause commune que de lui présenter l'appât des richesses ; elles
-le rassasient et laissent toujours un vide au fond de son cœur ; il
faut encore intéresser son amour-propre ; sans cela, point d'éner-
gie, point de patriotisme.
Les trois ordres ne forment qu'une seule famille (1). Pour se sou-
tenir avec éclat, ils ont besoin d'être réunis ; tous ont ou doivent
avoir les mêmes vues, le même but.
Le ministre des autels répand les semences de la vertu, édifiée par
ses exemples ; il prépare le vrai bonheur. La noblesse court avec
intrépidité à l'ennemi, verse son sang pour l'Etat, maintient sa
- (1) Ce sera le mot de Bailly, huit mois plus tard, à l'Assemblée nationale, le
26 juin 1789.
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la meilleure manière de composer les Etats. A ces traits, on recon-
noît un Roi juste et sage, un père tendre et bienfaisant ; mais à ces
traits on remarque aussi que S. M. a vu qu'il n'y avoit aucun prin-
cipe déterminant à cet égard.
Dans un siècle où la saine philosophie a fait autant de progrès,
on devait naturellement s'attendre que chaque corps s'empresseroit
à demander que le Tiers-Etat balançât les deux premiers ordres
réunis ; mais il parait malheureusement que les opinions se con-
trarient.
Dans de pareilles circonstances ce seroit une apathie honteuse,
se seroit s'avilir à ses propres yeux, ce seroit même trahir les inté-
rêts de l'Etat que de ne pas réclamer contre la prétention contraire.
Si on parcourt nos annales, si on consulte les écrivains qui ont
traité de cette matière, on reconnoistra qu'il n'y a aucune loi, soit
émanée directement du prince, soit délibérée par la Nation, qui ait
fixé, déterminé d'une manière positive invariable, uniforme, la
manière dont les Etats-Généraux doivent être composés.
La forme des élections, le nombre des représentans a toujours
■varié ; le travail dans les délibérations, la manière de les prendre,
de les arrêter, n'a pas été plus uniforme. Ces vérités sont écrites
dans les cahiers des Etats tenus en 1335, 1356, 1560, 1576 et 1614. Il
n'y a jamais-rien eu de constitutionnel à cet égard.
Mais, eut-on adopté tel usage plutôt quj tel autre, seroit-ce une
raison absolument décisive pour le perpétuer ? Ce qui est bon et
utile dans un temps devient nuisible et dangereux dans un autre.
Quand on veut opérer le bien, il paroît plus sûr de reposer sur l'état
actuel des choses, de considérer l'homme tel qu'il est, que tel qu'il
a, été.
Anciennement, l'homme asservi sous le joug du gouvernement
féodal avoit peu ou n'avoit point d'énergie ; son génie rétréci par
des distinctions de mépris et d'oubli, ne pouvoit prendre l'essor ;
aujourd'hui, quelle différence ! «
Délivré de ses chaînes, le Tiers-Etat produit des grands hommes
dans tous les genres ; ce n'est pas assez pour le faire mouvoir vers
-une cause commune que de lui présenter l'appât des richesses ; elles
-le rassasient et laissent toujours un vide au fond de son cœur ; il
faut encore intéresser son amour-propre ; sans cela, point d'éner-
gie, point de patriotisme.
Les trois ordres ne forment qu'une seule famille (1). Pour se sou-
tenir avec éclat, ils ont besoin d'être réunis ; tous ont ou doivent
avoir les mêmes vues, le même but.
Le ministre des autels répand les semences de la vertu, édifiée par
ses exemples ; il prépare le vrai bonheur. La noblesse court avec
intrépidité à l'ennemi, verse son sang pour l'Etat, maintient sa
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