mer, et lorsqu'il se trouve enfin, au détour de la route, devant sa magnificence austère et vénérable, une émotion sin- gulière s'empare de son âme ; irrésistiblement il y sent descen- dre le recueillement profond des siècles.
Ainsi m'est apparue la célèbre église abbatiale de Saint- Benoît-sur-Loire, au milieu des ruines de son vaste monastère, comme un solitaire chargé d'ans et des souvenirs de ce Val-d'Or de Fleury, jadis rempli de vie, du tintement des cloches et du chant des religieux.
Nous ignorons tant de choses parmi les merveilles de notre sol natal. Les jours de loisir et de voyage sont si parcimonieu- sement comptés pour la plupart d'entre nous !
J'avais visité certaines des grandes Abbayes Bénédictines dont les fondateurs ont toujours si bien su choisir les sites : Melck sur un roc du Danube, Jumièges et Saint-Wandrille aux bords verdoyants de la Seine, Saint-Honorat-de-Lérins en son île charmante toute proche de cette côte d'azur, aux gra- dins de fleurs et de forêts sombres couronnés par la chaîne blanche des crêtes alpestres; celle-ci pour la première fois surgissait soudain devant moi, dans ce cadre rustique et large, digne de ceux de ses soeurs lointaines...
Elle a été l'une des premières en France de cet ordre célèbre. Construite après le VIIe siècle sur l'emplacement de l'église pa- roissiale de Saint-Sébastien, elle porte visiblement les traces d'époques diverses.
Par la simplicité de ses lignes, la sobriété de son ornemen- tation extérieure, malgré l'absence de la flèche élancée de son clocher central et de son ancien campanile, malgré l'abaisse- ment de la tour de son porche et les modifications qui lui ont enlevé une partie de la grâce qu'avait sa gravité majestueuse, elle offre bien les principaux caractères des constructions mo- nastiques des XIe et XIIe siècles et de l'architecture romane à son apogée. C'est sans contredit l'un de leurs plus beaux spé- cimens.
C'en est aussi peut-être le plus original car nulle part en France, en avant de la porte principale, ne se rencontre un péristyle comparable à celui de Saint-Benoît-sur-Loire.
L'effet de ses cinquantes colonnes adossées à seize fortes piles quadrangulaires, disposées en quinconce et soutenant
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