Cet empressement ne devait pas éviter à la ville une attribu- tion qu'il est malaisé d'expliquer, et qui ne fut connue que 128 ans plus tard. Malgré le dépôt du blason à Montivilliers, les commissaires généraux lui donnaient d'office, le 22 avril 1701 , les armoiries suivantes : d'azur, à un navire d'or sur des ondes d'argent et attaché par un câble d'argent à une ancre d'or qui trempe dans les ondes.
De semblables armoiries auraient été tout-à-fait de circons- tance pour un port qui en aurait été dépourvu. Elles n'avaient aucune valeur dans l'espèce et on ne peut les imputer qu'à l'ignorance où étaient les commissaires généraux des armoi- ries traditionnelles de la ville et de l'enregistrement fait l'an- née précédente par d'Hozier .
Ce blason d'ailleurs resta ignoré des échevins qui, s'ils l'eus- sent connu, se fussent empressés de s'inscrire en faux. Ils continuèrent à employer les armes déjà presque deux fois séculaires accordées au Havre. Pourtant on le voit reproduit avec le plan de la ville dans des atlas du XVIIIe siècle (1).
En 1702, à l'occasion de la guerre imminente avec l'Angle- terre, la Hollande et l'Empire, les compagnies de la garde bourgeoise furent réorganisées. Chaque quartier devait fournir une compagnie ayant chacune son drapeau particulier. Celui du premier quartier, de l'Hôtel de Ville, était blanc, celui du Grand-Quai , rouge, de l'Hôpital (2), jaune, et de St-François, vert. Ils portaient tous une croix blanche (3) avec une salaman- dre au naturel dans le milieu, et des fleurs de lys d'or aux coins (4).
(1) Arch. comm.. III) 1. Plans de la ville.
(2) Cette désignation de l'Hôpital était a celte époque déjà ancienne, puisque cet établissement avait été transféré à Ingouville en 1009 et qu'à sa place avait été construit le magasin général de l'Arsenal.
(3) On ne voit pas très bien une croix blanche sur fond blanc.
Cetle croix est peut-être un souvenir de l'ancien pavillon marchand français, bleu traversé d'une croix blanche. L'ordonnance sur la marine de 1089 rendit ce pavillon obligatoire. Il était chargé des armes de France entourées des colliers de St-Michel et du St-Espril. A la fin du XVIIe siècle il n'était plus usité; le drapeau blanc fleurdelysé l'avait partout remplacé.
(4) Ceci est de Mademoiselle Lemasson Le Golft . La délibération du 4 juillet 1702 dit simplement « une salamandre, qui sont les armes de la ville, avec des fleurs de lis aux quatre coins desd. drapeaux » (Arch. comm. BB 24). Dans le compte des
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