nelle d'un de ses membres demandant qu'en faveur de certain charme élégiaque qui se dégage de ces petits poèmes on n'appuyât pas trop sur leurs multiples imperfections, je vais, messieurs, vous en lire quelques vers, et. abstraction faite des verrues disgracieuses qui gâtent le visage de cette Muse, peut-être serez-vous de l'avis de notre collègue :
(Ici le rapporteur lit le poème intitulé : Apparition dans l'aurore).
« J'aime les vers comme à vingt ans », nous dit, dans un sonnet, l'auteur des Insomnies. Il est fâcheux qu'il.ne les soigne pas autant qu'il les aime, cela nous eût épargné l'obli- gation toujours pénible d'une critique trop facile, et procuré la joie toujours bien douce de décerner à un rêveur plus harmonieux, non pas cette [bâtarde couronne de rriyrthe et d'absinthe, mais, grâce à notre bon Folloppe, un noble laurier lustré d'or au courant du Pactole !
Richelieu donna pour deux mauvais vers qu'il trouva bons cinquante pistoles : cinq cents livres pour deux alexandrins de bas aloi, c'est un luxe que notre Compagnie ne pourrait se permettre; mais elle en donnerait volontiers le double pour le poème incontestablement méritoire qu'elle n'a que trop rarement l'occasion de couronner.
Il y a certainement, en France, maints jeunes poètes de talent : sont-ils donc tellement riches qu'ils puissent dédai- gner ce que nous leur offrons de bien bon coeur?
Certes, notre Société n'a point la sportule du cardinal- ministre, cependant
Elle a d'assez beaux prix pour des prix de province.
Et ses jugements littéraires ne sont pas toujours d'aussi mauvais goût que ceux du fondateur de l'Académie française.
Messieurs, lorsque en débutant je vous parlai de Philoxène, j'ai omis de vous dire qu'après qu'il eut été mis en prison pour avoir déclaré mauvais les vers de Denys le Tyran, on l'en tira quelques jours plus tard afin qu'il donnât son avis sur une nouvelle production littéraire de son redoutable maî-
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