Titre : Recueil des publications de la Société havraise d'études diverses
Auteur : Société havraise d'études diverses. Auteur du texte
Éditeur : Impr. Lepelletier (Hâvre)
Éditeur : Société havraise d'études diversesSociété havraise d'études diverses (Le Havre)
Date d'édition : 1920-07-01
Contributeur : Michaud, Charles (secrétaire de la Société havraise d'études diverses). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32849663k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 37174 Nombre total de vues : 37174
Description : 01 juillet 1920 01 juillet 1920
Description : 1920/07/01 (A87)-1920/09/30. 1920/07/01 (A87)-1920/09/30.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5783461w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-157961
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/12/2010
— 202 —
Si la technique de cet apprenti poète est on ne peut plus
lâchée, son oreille, en revanche, est bien dure :
Dans Ballerine : « La danseuse en un pas aérien s'élance ».
Voilà qui n'est guère aérien! Dans Automne, on se heurte à
ce bloc de plomb : « La vitre où je m'en viens coller mon
front ardent»! Et, deux pas plus loin, on bronche à ce
vers (?) amorphe et démesuré : « Des arbres montent aux
cieux de sinistres concerts. »
Et ce ne sont là que quelques ronces parmi beaucoup d'au-
tres. Il y a, néanmoins, par ci par là, une églantine à
sauver dans ces buissonnets voisins du Bois sacré ; et si
l'auteur peut encore se permettre le luxe de vieillir, peut être
arrivera-t-il à mieux déchiffrer ses sensations et à ne plus
ânonner la langue des dieux.
Le N° 12 est intitulé Les Insomnies. Rien ou presque rien
que des quatrains dans ces poèmes. Et si, encore, cette qua-
ternité tyrannique offrait, par la diversité des mètres, quelque
variété; mais, sur quinze pièces que contient ce manuscrit,
onze sont en octosyllabiques !
Seul un bon artisan peut enchâsser, dans une strophe aussi
restreinte que le quatrain, et en ne faisant usage que du vers
de huit pieds, des phrases et des images assez habilement
développées pour qu'on n'ysouifre point de cette sorte de halè-
tement que produisent des rimes nécessairement très rappro-
chées. Or, chez notre auteur, l'image et la période sont
impuissantes à s'épanouir : il s'essouffle à versifier. Bien
qu'il ne soit pas dénué de sentiment poétique, pourquoi ses
images, parfois jolies, sont-elles toujours embryonnaires et si
péniblement animées? C'est que, malgré son amour des mots,
il lui manque une éducation d'écrivain; c'est que, malgré son
coeur de poète, il lui manque une oreille et une plume artistes;
c'est que, pour tout dire, le goût lui fait complètement défaut.
Il conçoit mieux qu'il n'écrit. Il rêve mieux qu'il ne chante.
Ses vers sont prosaïques en dépit de la rime. — Car la rime
n'est pas toute la Poésie, comme le voulait Banville.
Dans son Petit traité de Poésie qui, à notre avis, est bien
le plus naïf, le plus fanatique et le plus vide des arts poétiques,
l'auteur des Odes funambulesques dit que l'outil qu'il préco-
nise est si bon « qu'un imbécile même, à qui on a appris à s'en
Si la technique de cet apprenti poète est on ne peut plus
lâchée, son oreille, en revanche, est bien dure :
Dans Ballerine : « La danseuse en un pas aérien s'élance ».
Voilà qui n'est guère aérien! Dans Automne, on se heurte à
ce bloc de plomb : « La vitre où je m'en viens coller mon
front ardent»! Et, deux pas plus loin, on bronche à ce
vers (?) amorphe et démesuré : « Des arbres montent aux
cieux de sinistres concerts. »
Et ce ne sont là que quelques ronces parmi beaucoup d'au-
tres. Il y a, néanmoins, par ci par là, une églantine à
sauver dans ces buissonnets voisins du Bois sacré ; et si
l'auteur peut encore se permettre le luxe de vieillir, peut être
arrivera-t-il à mieux déchiffrer ses sensations et à ne plus
ânonner la langue des dieux.
Le N° 12 est intitulé Les Insomnies. Rien ou presque rien
que des quatrains dans ces poèmes. Et si, encore, cette qua-
ternité tyrannique offrait, par la diversité des mètres, quelque
variété; mais, sur quinze pièces que contient ce manuscrit,
onze sont en octosyllabiques !
Seul un bon artisan peut enchâsser, dans une strophe aussi
restreinte que le quatrain, et en ne faisant usage que du vers
de huit pieds, des phrases et des images assez habilement
développées pour qu'on n'ysouifre point de cette sorte de halè-
tement que produisent des rimes nécessairement très rappro-
chées. Or, chez notre auteur, l'image et la période sont
impuissantes à s'épanouir : il s'essouffle à versifier. Bien
qu'il ne soit pas dénué de sentiment poétique, pourquoi ses
images, parfois jolies, sont-elles toujours embryonnaires et si
péniblement animées? C'est que, malgré son amour des mots,
il lui manque une éducation d'écrivain; c'est que, malgré son
coeur de poète, il lui manque une oreille et une plume artistes;
c'est que, pour tout dire, le goût lui fait complètement défaut.
Il conçoit mieux qu'il n'écrit. Il rêve mieux qu'il ne chante.
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n'est pas toute la Poésie, comme le voulait Banville.
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le plus naïf, le plus fanatique et le plus vide des arts poétiques,
l'auteur des Odes funambulesques dit que l'outil qu'il préco-
nise est si bon « qu'un imbécile même, à qui on a appris à s'en
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