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- TABLE ANALYTIQUE DE L'ANNEE 1923
- TABLE
LA MEDECINE ET LES MÉDECINS
DANS L'OEUVRE DE PAUL BOURGET
par le Docteur E. TULASNE
Membre actif
En 1873, un soir de printemps, M. Paul Bourget — il avait
alors vingt et un ans — traversait le jardin du Luxembourg
si délicieux à cette époque de l'année. Il y rencontre un cama-
rade de collège perdu de vue depuis longtemps : Eugène Cor-
bières; ce jeune homme, qui étudie la médecine, lui expose
lès raisons qui l'ont déterminé au choix de cette profession :
elles sont d'ordre moral.
Eugène Corbières qui, plus tard, finira sa vie dans les
Ordres, chez les Frères de Saint-Jean-de-Dieu, n'a pas encore
trouvé son chemin de Damas qui bien souvent n'est que la
voie douloureuse. Renonçant à la métaphysique dont les con-
clusions lui paraissent instables, il a cherché une certitude
dans les sciences naturelles, et parmi celles-ci, la médecine
est la seule qui satisfasse toutes les opinions. « Suppose, dit-il
à Paul Bourget, suppose démontrée la théorie spiritualiste, où
est le devoir? Soulager ceux qui souffrent. Suppose démon-
trées toutes les théories contraires, à quoi se réduit la morale?
A un instinct d'altruisme qu'il faut constater et satisfaire
comme tous les instincts et qui consiste dans un besoin de
nous associer à nos semblables, de les aider, d'en être aidé en
face d'une nature hostile.
» Qui accomplit cette tâche mieux que le médecin ? Il est
l'altruiste par excellence. Le médecin est dans le vrai, quel
que soit le postulat métaphysique auquel nous nous ran-
gions ».
Paul Bourget, séduit par cette haute conception de la
médecine, fréquenta quelque temps l'hôpital de la Pitié, mais
DANS L'OEUVRE DE PAUL BOURGET
par le Docteur E. TULASNE
Membre actif
En 1873, un soir de printemps, M. Paul Bourget — il avait
alors vingt et un ans — traversait le jardin du Luxembourg
si délicieux à cette époque de l'année. Il y rencontre un cama-
rade de collège perdu de vue depuis longtemps : Eugène Cor-
bières; ce jeune homme, qui étudie la médecine, lui expose
lès raisons qui l'ont déterminé au choix de cette profession :
elles sont d'ordre moral.
Eugène Corbières qui, plus tard, finira sa vie dans les
Ordres, chez les Frères de Saint-Jean-de-Dieu, n'a pas encore
trouvé son chemin de Damas qui bien souvent n'est que la
voie douloureuse. Renonçant à la métaphysique dont les con-
clusions lui paraissent instables, il a cherché une certitude
dans les sciences naturelles, et parmi celles-ci, la médecine
est la seule qui satisfasse toutes les opinions. « Suppose, dit-il
à Paul Bourget, suppose démontrée la théorie spiritualiste, où
est le devoir? Soulager ceux qui souffrent. Suppose démon-
trées toutes les théories contraires, à quoi se réduit la morale?
A un instinct d'altruisme qu'il faut constater et satisfaire
comme tous les instincts et qui consiste dans un besoin de
nous associer à nos semblables, de les aider, d'en être aidé en
face d'une nature hostile.
» Qui accomplit cette tâche mieux que le médecin ? Il est
l'altruiste par excellence. Le médecin est dans le vrai, quel
que soit le postulat métaphysique auquel nous nous ran-
gions ».
Paul Bourget, séduit par cette haute conception de la
médecine, fréquenta quelque temps l'hôpital de la Pitié, mais
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