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Pour le Havre seulement, il y avait 50,412 Français qui y étaient
nés. On comptait en outre 1,967 étrangers nés hors de France.
Ce chiffre de 10,514 Bretons ne donne pas, bien entendu, le
nombre d'individus de race bretonne, mais uniquement ceux
qui ont vu le jour en Bretagne. La natalité armoricaine est,
chacun le sait, considérable, et c'est incontestablement à son
action que le Havre doit d'avoir chaque année un excédent de
naissances.
Notre ville, en effet, presque seule entre toutes les grandes
villes de France, voit sa population augmenter par le simple
jeu de l'écart entre ses naissances et ses décès. De 1891 à 1900,
il est né au Havre 37,711 enfants et il est mort 35,219 individus,
d'où un excès de naissances de 2,492. L'augmentation de
population pour cette période ayant été de 13,827, il en résulte
que 11,335 est dû à l'immigration. (Je note en passant que de
1872 à 1900 l'on compte 100,477 naissances contre 93,926 décès.)
Ce calcul, appliqué à Rouen, révèle une curieuse particularité
à laquelle d'ailleurs je ne m'attendais pas quand je fis la com-
paraison. Pendant ces 10 années, les naissances ont été de
28,916 (8.795 de moins qu'au Havre) et les décès de 35,526, d'où
un excès de 6,610, alors que la population augmentait de 4,648
(117,000, chiffre approximatif de 1901). Il en résulte donc que
l'immigration nécessaire pour combler l'excédent de décès et
satisfaire à l'augmentation a été de 6,610 + 4,648, soit 11,258,
chiffre à peu près égal à celui du Havre.
La natalité havraise, pour les 5 dernières années, atteint
près de 32 0/00, en appliquant un coefficient d'augmentation
de 1897 à 1900. En la calculant sur le chiffre de population de
1896, soit 119,470, on obtient une proportion de 32,3 0/00,
contre 25,5 0/00 à Rouen. Ce sont naturellement les cantons
ouvriers où la natalité est la plus forte ; ils atteignent certaines
années presque 40 0/00. Les 5° et 6° oscillent entre 26 et 28 0/00.
Cette natalité de 32 0/00 est inférieure cependant à celle que
j'ai calculée pour quelques années de la première moitié du
xix° siècle. Par exemple, en 1815, 537 naissances donnent une
proportion de 33 0/00; en 1836, 934 naissances une autre de
36 0/00. Mais cette natalité si satisfaisante encore et due en
bonne partie, je le répète, à l'élément breton, n'est pas parfois
