La commune de Saint-Laurent eut d'abord son administra- tion particulière, puis fut rattachée, par la Constitution de l'an III, à l'administration cantonale-d'Harffeur. Son nom rappelait trop le « fanatisme » pour trouver grâce devant les novateurs de l'an II, et Saint-Laurent devint la commune des Côtes-et- Fontaines. Les municipaux ;ne purent jamais faire prévaloir cette appellation, si poétique fût-elle, et se contentèrent d'exécuter le saint qui les offusquait en proposant Laurent- de-Brèvedent." Le vieux style tint bon et le calendrier répu- blicain n'eut pas un meilleur sort.
Retenu loin des camps par son tempérament maladif, le marquis Charles d'Houdetot ne suivit pas à l'étranger'les chefs de l'armée monarchique ; il se tint caché aux environs de son château, y travaillant même, dit-on, sous l'habit d'un simple bûcheron.. Reconnu ou dénoncé, il fut arrêté et condamné par le tribunal révolutionnaire; l'avant-veille de la chute de Robespierre, il montait aTéchafaud.
L'abbé Toublan resta dans sa paroisse. La tradition prétend qu'il se fit une retraite souterraine et y recevait par une trappe sa nourriture quotidienne. Nous croirions plutôt qu'il adhéra franchement au gouvernement nouveau ou démissionna; en l'an III, il est secrétaire-greffier de la municipalité.
Quant au clerc-instituteur Jacques Bellanger, il fut investi des fonctions d'officier municipal et de rédacteur de l'état civil. Il ne cessa d'enseigner, mais comme instituteur libre. On a dit combien la Révolution avait fermé d'écoles, on a oublié de compter celles qui sortirent de la destruction même. Privé de ses appointements de sacristain, du maigre traitement qu'il touchait du Trésor paroissial comme magister, nullement ébloui des traitements mirobolants promis par la Convention, l'ancien clerc sauvait son casuel du naufrage en ouvrant une école libre. Malgré la surveillance incessante de l'autorité locale, son école cessait d'être l'école officielle et cela suffisait à son recrutement.
Jacques-Pierre Bellanger, « instituteur des petites écoles libres », mourut à Saint-Laurent le 23 floréal an III. Il fut
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