Lors de la capitulation de Noirmoutiers, le 4 janvier 1704, d'Elbée, prisonnier de Turreau, dira'à ce dernier :
« Talmont voulait passer la Loire pour s'établir dans ses états de Laval et devenir chef de parti. Ce projet était extra- vagant. Son ambition a causé tous nos désastres ».
S'appuyant sur ce dire, l'histoire devait Calomnier le prince.
C'est à tort que l'on impute au prince de Talmont d'avoir pré- paré le passage de la Loire dans l'unique but de satisfaire sa pure ambition. La situation critique de l'armée royale dans la soirée du 15 Octobre et la certitude d'un désastre imminent, fut ce qui décida de Talmont à porter, de Beauprèau à St-Florent, la réserve d'artillerie et à s'y rendre lui-même pour hâter l'attaque sur Varades, qui devait avoir lieu dans la nuit du lendemain.
Et du reste, n'y avait-il pas, dans l'armée, plusieurs partisans de l'émigration en masse? Us n'étaient guidés ceux-là par aucun intérêt, et, cependant, ils la désiraient ardemment.
Nous lisons dans les Mémoires de la Marquise de la Bouôre :
« La proposition du passage de la Loire, en totalité ou en partie, fut délibérée; la dernière proposition fut adoptée à une très grande majorité.
» Les opposants laissèrent partir tous les officiers d'une opi- nion contraire et reformèrent un autre Conseil où la question fut de nouveau agitée. M. de Talmont, etc., firent décider le passage en masse; les dispositions furent prises en secret. Aussi, lorsque Saint-Florent et Chalonnes furent attaqués, le parti opposé croyait que c'était pour faciliter seulement le passage du corps d'armée qui devait opérer le soulèvement de la Bretagne. »
Le prince de Talmont ne fut donc pas le seul instigateur de ce projet ; mais s'il n'y eut pas plus de sentiment intéressé chez lui que chez les autres partisans de ce nouveau plan de cam- pagne, il n'en commit pas moins cependant une grave faute.
Enlever la réserve d'artillerie lorsqu'on la réclamait à Cholet, mettait l'armée dans une situation fort désavantageuse et ne pouvait que contribuer a un désastre. Qui sait si le secours de cette artillerie n'eût pas donné la victoire aux Vendéens.
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