toujours croissante, mais pour constater les trésors psycholo- giques que nous offrent les 125 millions d'âmes éparpillées sur son sol. De plus, l'heureuse alliance qui existe, actuellement avec la France, et qui a pour but d'assurer la paix en favorisant le progrès de l'humanité, nous entraîne à toutes les investi- gations qui peuvent éclairer le caractère du paysan russe et dévoiler l'esprit slave. C'est dans ce but que j'ai ramassé tant bien que mal une centaine de proverbes moscovites, parmi lesquels je me suis permis de choisir comme devise un des plus charmants :
La parole n'est pas une flèche, mais elle perce davantage.
L'idée-contenUe dans cette phrase et qui s'applique surtout aux proverbes, est à la fois l'opposé et l'analogue de l'épithète bien connue- d'Homère, Ike-a Ttxepdevxa, les paroles ailées.
La conversation assaisonnée de plaisanteries, dit, le grand écrivain Nicolas Gogol, dans un de ses délicieux romans, était aussi indispensable au Russe d'autrefois, que le verre de vodka qui fortifiait son estomac. Il nous raconte avec beaucoup de verve l'histoire d'un amphitryon campagnard qui entretenait ses convives ainsi qu'il suit : —
« Remarquant un seul morceau de viande dans l'assiette de quelqu'un de ses amis qui entouraient la table, il en ajouta un second, en s'écriant :
Ni l'homme ni l'oiseau ne peuvent vivre sur la terre qu'en couples.
A celui qui,en avait deux il dit :
Qu'est-ce que le numéro deux? C'est la Trinité qu'aime le bon Dieu.
Pour l'invité qui se trouvait en face de trois morceaux il émit cette opinion :
Qui a jamais vu une voiture à trois roues, ou une chaumière à trois coins ?
A chaque numéro il avait toujours un adage. Pour y mettre le comble, quand le malheureux avait sa bouche tellement remplie qu'elle n'admettait pas un seul morceau de plus, il lui en offrait encore un, prétendant que c'était comme le sergent de ville. Lorsque la foule se porte en si grand nombre à l'église
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