Titre : Recueil des publications de la Société havraise d'études diverses
Auteur : Société havraise d'études diverses. Auteur du texte
Éditeur : Impr. Lepelletier (Hâvre)
Éditeur : Société havraise d'études diversesSociété havraise d'études diverses (Le Havre)
Date d'édition : 1898-04-01
Contributeur : Michaud, Charles (secrétaire de la Société havraise d'études diverses). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32849663k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 37174 Nombre total de vues : 37174
Description : 01 avril 1898 01 avril 1898
Description : 1898/04/01 (A65)-1898/06/30. 1898/04/01 (A65)-1898/06/30.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5750437g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-157961
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/12/2010
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et, en voyant passer de l'atrium dans la nef du temple les deux
amis, peu de temps auparavant l'ornement du palais, de Neus-
trie, il éclatait en joyeuses acclamations. L'assistante calme,
posée, solennelle de nos foules, prenant part de nos jours aux
grandes manifestations de la vie catholique, ne peuvent nous
donner qu'une idée bien affaiblie de ce que dut êtrell'élan du
peuple en ce grand jour du 14 mai 646 (H). La vive imagination
de ce peuple hier encore barbare, était saisie plus vivement
qu'on ne saurait dire, par le symbolisme profond des rites
sacrés. Du reste, tout parlait, alors, et mieux même que de nos
jours, à l'âme du peuple, moins blasée que celle de nos con-
temporains. Il lisait sur les tentures qui décoraient les murs; en
(1 ) Comment on essaie d'établir une date mérovingienne. — Pour ménager la clar-
té et l'intérêt, nous excluons de ces vues anciennes sur l'église de Rouen aux temps mé-
rovingiens,, tout ce.q.u.i sentirait de trop près l'appareil scientifique, et l'érudition. Il
nous semble pourtant utile de donner un échantillon dès discussions qui peuvent
s'élever sur quelques points de cette lointaine chronologie. Il serait difficile, croyons-
nous, d'en trouver un exemple plus curieux que celui de la fixation de la date du
sacre de saint Ouen. Nous la reproduisons pour l'agrémênl dès curieux d'histoire
qui pourront là-dessus faire nombre de réflexions intéressantes.
Nous'allons profiter des indications que nous donnent les Rollandistes dans le
Commenlarius proevius de saint Romain. On sait qu'avant de fournir les anciennes
vies des saints, ces savants jésuites en font la synthèse et la critique dans des sortes
de préfaces qu'ils appellent commentaire préalable. C'est une bonne fortune pour
nous de pouvoir, sur la foi de tels guides, offrir un exemple de discussion historique.
Toute la difficulé vient dans le cas présent d'un texte attribué à saint Ouen lui-même
dans lequel il fixé la date de son sacre et de celui de saint Eloi, le voici:
« Gonvenienves igjtur simul in civitatem Rothomagerisem quarto decimo mensis
terlii, tertio anno Clodovei juvenculi adhuc régis, die dominiea ante.Litanias, inter
catervas populi, inter agmina clericorum, inter choros psallentium, consecrati sumus
gratis ab episcopis pariter épiscopi, ego Rodomo, ille Noviomo ».
« Nous réunissant donc dans la cité de Rouen, le quatorzième jour du troisième
mois, la troisième année du jeune roi Clovis, le dimanche d'avant les litanies, au mi-
lieu des flots du peuple, des rangs pressés des clercs, au chant de la psalmodie sainte,
nous avons été par lès évêques consacrés gratuitement évêques, moi de Rouen, lui de
Noyôn ».
Ou bien ce texte est incomplet ou bien il a été interpolé, car il serait parfaite-
ment inutile de nous mettre l'esprit à la torture si nous avions la leçon exacte des
renseignements fournis par le saint, mais les textes de cette époque ont eu à passer
par tant dé transcriptions qu'il n'est pas étonnant que quelque copiste maladroit
ait voulu les enrichir de ses observations et les ait ainsi rendus inintelligibles.
Le sacre a donc eu lieu le dimanche avant les Rogations, le cinquième dimanche
après Pâques. Remarquons, en passant, l'admirable stabilité liturgique de l'Eglise.
Après bientôt 1300 ans écoulés, elle a encore les mêmes litanies, les mêmes rogations,
et chez nous encore, les événements que chaque jour voit se renouveler peuvent se
dater par les mêmes incidents ecclésiastiques •— c'était le ii du troisième mois —
c'est-à-dire du mois de mai, jusqu'alors l'année commençait au mois de mars— là
et, en voyant passer de l'atrium dans la nef du temple les deux
amis, peu de temps auparavant l'ornement du palais, de Neus-
trie, il éclatait en joyeuses acclamations. L'assistante calme,
posée, solennelle de nos foules, prenant part de nos jours aux
grandes manifestations de la vie catholique, ne peuvent nous
donner qu'une idée bien affaiblie de ce que dut êtrell'élan du
peuple en ce grand jour du 14 mai 646 (H). La vive imagination
de ce peuple hier encore barbare, était saisie plus vivement
qu'on ne saurait dire, par le symbolisme profond des rites
sacrés. Du reste, tout parlait, alors, et mieux même que de nos
jours, à l'âme du peuple, moins blasée que celle de nos con-
temporains. Il lisait sur les tentures qui décoraient les murs; en
(1 ) Comment on essaie d'établir une date mérovingienne. — Pour ménager la clar-
té et l'intérêt, nous excluons de ces vues anciennes sur l'église de Rouen aux temps mé-
rovingiens,, tout ce.q.u.i sentirait de trop près l'appareil scientifique, et l'érudition. Il
nous semble pourtant utile de donner un échantillon dès discussions qui peuvent
s'élever sur quelques points de cette lointaine chronologie. Il serait difficile, croyons-
nous, d'en trouver un exemple plus curieux que celui de la fixation de la date du
sacre de saint Ouen. Nous la reproduisons pour l'agrémênl dès curieux d'histoire
qui pourront là-dessus faire nombre de réflexions intéressantes.
Nous'allons profiter des indications que nous donnent les Rollandistes dans le
Commenlarius proevius de saint Romain. On sait qu'avant de fournir les anciennes
vies des saints, ces savants jésuites en font la synthèse et la critique dans des sortes
de préfaces qu'ils appellent commentaire préalable. C'est une bonne fortune pour
nous de pouvoir, sur la foi de tels guides, offrir un exemple de discussion historique.
Toute la difficulé vient dans le cas présent d'un texte attribué à saint Ouen lui-même
dans lequel il fixé la date de son sacre et de celui de saint Eloi, le voici:
« Gonvenienves igjtur simul in civitatem Rothomagerisem quarto decimo mensis
terlii, tertio anno Clodovei juvenculi adhuc régis, die dominiea ante.Litanias, inter
catervas populi, inter agmina clericorum, inter choros psallentium, consecrati sumus
gratis ab episcopis pariter épiscopi, ego Rodomo, ille Noviomo ».
« Nous réunissant donc dans la cité de Rouen, le quatorzième jour du troisième
mois, la troisième année du jeune roi Clovis, le dimanche d'avant les litanies, au mi-
lieu des flots du peuple, des rangs pressés des clercs, au chant de la psalmodie sainte,
nous avons été par lès évêques consacrés gratuitement évêques, moi de Rouen, lui de
Noyôn ».
Ou bien ce texte est incomplet ou bien il a été interpolé, car il serait parfaite-
ment inutile de nous mettre l'esprit à la torture si nous avions la leçon exacte des
renseignements fournis par le saint, mais les textes de cette époque ont eu à passer
par tant dé transcriptions qu'il n'est pas étonnant que quelque copiste maladroit
ait voulu les enrichir de ses observations et les ait ainsi rendus inintelligibles.
Le sacre a donc eu lieu le dimanche avant les Rogations, le cinquième dimanche
après Pâques. Remarquons, en passant, l'admirable stabilité liturgique de l'Eglise.
Après bientôt 1300 ans écoulés, elle a encore les mêmes litanies, les mêmes rogations,
et chez nous encore, les événements que chaque jour voit se renouveler peuvent se
dater par les mêmes incidents ecclésiastiques •— c'était le ii du troisième mois —
c'est-à-dire du mois de mai, jusqu'alors l'année commençait au mois de mars— là
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