il voulut le procurer à de saintes âmes dont il enviait le sort. Comme Eligius, avec lequel il rivalisait d'ardeur dans le service de Dieu, il voulut, lui aussi, fonder son monastère'. A mesure que se déroulera sous notre plume cette merveilleuse histoire, nous verrons que l'édification des monastères deyaifc être et était par excellence L'oeuvre pie de ces; temps lointains. Aux âmes affamées de mortification et de silence, ils offraient un port assuré au milieu même de la mêlée des passions humaines, et aux populations hier encore barbares, où l'idéal chrétien pénétrait sL difficilement, ils donnaient le modèle de la vie chrétienne parfaite, de là vie de l'âme dominant les appétits grossiers du corps, lé modèle du travail Jibre et des misères d'une vie de labeurs acceptées pour l'amour de Dieu et en vue d'une éternelle récompense.
Dans la grande plaine de Brie, au diocèse de Meaux, au Nord- Est du département actuel de Seine-et-Marne, entre le petit Morin qui arrose Montmiraii et le grand Morin qui coule à la Ferte-Gaucher, il fonda, sur son patrimoine (ce qui laisse à penser qu'il perdit de bonne heure Authaire et Ega, ses parents selon la nature, ses initiateurs à la vie de la. grâce), le monas- tère de Rebais (Resbacense), 11 le munit de tout "ce que son expérience personnelle, déjà grande, lui montrait comme utile aux serviteurs de Dieu dont il se constituait le père et il leur donna surtout un abbé selon son coeur, le bienheureux Agile. C'est le malheur d'une oeuvre comme celle que nous nous sommes imposée, d'être obligés de passer rapidement auprès de ces grandes figures de saints, hélas 1 si peu connues et que nous désirerions au moins esquisser d'un crayon léger. Qu'il nous suffise de dire que, sous l'oeil vigilant du fondateur, le saint abbé appliqua les prescriptions, pourtant si rigoureuses, de la règle de saint Columban, et établit un centre de vie chré- tienne qui devait pendant des siècles faire sentir son heureuse influence.
Fidèles au plan que nous nous sommes tracé de procéder par tableaux dans la vie de saint Ouen, nous ne ferons que men- tionner la part que saint Ouen prit avec saint Eloi, aux luttes dogmatiques qui, après avoir divisé l'Orient, menaçaient de ruiner la paix religieuse de l'Occident. Nous ne ferons que constater le fait, qui par ailleurs pourrait sembler étrange, de l'hégémonie religieuse du pays des Francs exercée, par deux
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