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- TABLE ANALYTIQUE DE L'ANNEE 1893
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— 49 —
verdure au milieu des boues ou de la poussière de Londres,
alors que vous contournez leur fraîche enceinte sans pouvoir
y pénétrer. Pauvres Tantales, vous avez tout près de votre
bouche de quoi satisfaire votre faim et votre soif:.'.' Que vous
sert-il, si vous ne pouvez y toucher ?
Ennuyé de mes vaines tentatives pour découvrir l'entrée de
quelques-uns de ces paradis londoniens, je m'informai auprès
d'un gentleman à l'air obligeant : « Excusez-moi, me répondit-
il, je ne suis pas du quartier. » A cela, je n'avais rien h dire. Je
pensai qu'un policeman serait peut-être plus explicite. Juste-
ment j'en avisai un qui faisait, sa ronde dans le voisinage:
« Ici, Monsieur, » et d'un signe de sa main il me l'indique. :—
« Mais c'est fermé ?» — « Oui, Monsieur. « Et il se garde bien
de rien ajouter, d'après ce sage principe que oui et non suffisent
à tous les éclaircissements imaginables. Enfin, à forcé de
questions, j'apprends que lés squares sont des jardins essen-
tiellement privés, à l'usage exclusif des habitants de la place ;
que les susdits habitants ont la clef duns leur poche, et que je
n'ai aucun droit de pénétrer à l'intérieur de cette douce verdure
qui m'attire. C'est déjà trop qu'on m'en permette la jouissance
extérieure. Furieux, je secoue la poussière de mes souliers, sui-
vant le précepte de l'Evangile, et je me dispose à porter ailleurs
les investigations de ma curiosité trompée. Mais avant de vider
les lieux, je veux me faire une légère idée de ces jnystères
qu'on dérobe à la vue des passants. Par une pietite éclaircie de
la haie, derrière la grille, je regarde avidement. :Est-ce dépit'
de ma part? est-ce réalité? Toujours est-il que ce square si bien
clos me paraît fort mal entretenu. Et ce n'est pas le seul. Dans
la plupart, on ne doit remuer la terre qu'une fois par an. Peu
de gazon, encore moins de fleurs, le sol foulé partout jusqu'à
rendre les allée indistinctes, quelques bosquets poussant à
peu près où ils veulent, quand ils veulent, comme ils veulent,
et voilà tout!
Est-ce bien la peine d'enfermer sous triple verrou ces pré-
tendues merveilles? Il n'y a là ni jardins des Hespérides, ni
pommes d'or, ni aucun de ces enchantements rêvés par les
poètes. Quelques pauvres arbres, dont le feuillage pousse tout
rabougri au milieu de cette atmosphère de Londres chargée
verdure au milieu des boues ou de la poussière de Londres,
alors que vous contournez leur fraîche enceinte sans pouvoir
y pénétrer. Pauvres Tantales, vous avez tout près de votre
bouche de quoi satisfaire votre faim et votre soif:.'.' Que vous
sert-il, si vous ne pouvez y toucher ?
Ennuyé de mes vaines tentatives pour découvrir l'entrée de
quelques-uns de ces paradis londoniens, je m'informai auprès
d'un gentleman à l'air obligeant : « Excusez-moi, me répondit-
il, je ne suis pas du quartier. » A cela, je n'avais rien h dire. Je
pensai qu'un policeman serait peut-être plus explicite. Juste-
ment j'en avisai un qui faisait, sa ronde dans le voisinage:
« Mais c'est fermé ?» — « Oui, Monsieur. « Et il se garde bien
de rien ajouter, d'après ce sage principe que oui et non suffisent
à tous les éclaircissements imaginables. Enfin, à forcé de
questions, j'apprends que lés squares sont des jardins essen-
tiellement privés, à l'usage exclusif des habitants de la place ;
que les susdits habitants ont la clef duns leur poche, et que je
n'ai aucun droit de pénétrer à l'intérieur de cette douce verdure
qui m'attire. C'est déjà trop qu'on m'en permette la jouissance
extérieure. Furieux, je secoue la poussière de mes souliers, sui-
vant le précepte de l'Evangile, et je me dispose à porter ailleurs
les investigations de ma curiosité trompée. Mais avant de vider
les lieux, je veux me faire une légère idée de ces jnystères
qu'on dérobe à la vue des passants. Par une pietite éclaircie de
la haie, derrière la grille, je regarde avidement. :Est-ce dépit'
de ma part? est-ce réalité? Toujours est-il que ce square si bien
clos me paraît fort mal entretenu. Et ce n'est pas le seul. Dans
la plupart, on ne doit remuer la terre qu'une fois par an. Peu
de gazon, encore moins de fleurs, le sol foulé partout jusqu'à
rendre les allée indistinctes, quelques bosquets poussant à
peu près où ils veulent, quand ils veulent, comme ils veulent,
et voilà tout!
Est-ce bien la peine d'enfermer sous triple verrou ces pré-
tendues merveilles? Il n'y a là ni jardins des Hespérides, ni
pommes d'or, ni aucun de ces enchantements rêvés par les
poètes. Quelques pauvres arbres, dont le feuillage pousse tout
rabougri au milieu de cette atmosphère de Londres chargée
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