Titre : Recueil des publications de la Société havraise d'études diverses
Auteur : Société havraise d'études diverses. Auteur du texte
Éditeur : Impr. Lepelletier (Hâvre)
Éditeur : Société havraise d'études diversesSociété havraise d'études diverses (Le Havre)
Date d'édition : 1921-07-01
Contributeur : Michaud, Charles (secrétaire de la Société havraise d'études diverses). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32849663k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 37174 Nombre total de vues : 37174
Description : 01 juillet 1921 01 juillet 1921
Description : 1921/07/01 (A88)-1921/09/30. 1921/07/01 (A88)-1921/09/30.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5574910v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-157961
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/12/2010
— 219 —
Tanît
Dans les vastes jardins d'Hamilcar et en son absence, se
trouvaient réunis, par ordre du Sénat de Carthage, des milliers
de mercenaires: Gaulois, Ibériens, Numides, Lybiens, Egyp-
tiens, Grecs et Lusitaniens mêmes, aux moeurs équivoques,
auxquels on offrait un grand festin pour les amadouer et com-
penser les retards dans le payement de leur solde. L'effet du festin
avait été bientôt contraire à ce qu'on en avait attendu, car à
mesure qu'avait augmenté l'ivresse des convives, ils s'étaient
rappelés de plus en plus les promesses solennelles qui leur
avaient été faites et que Carthage n'avait point tenues. Ils
avaient même plus ou moins saccagé tout ce qui se trouvait à
leur portée, ouvert un ergastule où se trouvaient des esclaves
de provenance romaine et par contre maltraité et même massa-
cré, sous de futiles prétextes, quelques-uns des esclaves puni-
ques qui les servaient. Tout cela évidemment n'était rien, en
comparaison du sacrilège qui allait terminer la ripaille : le
meurtre de poissons sacrés de Salammbô, consacrés à Tanît.
Des frondeurs des îles Baléares, brisant les clôtures, avaient
pénétrédans l'endroit réservé où se trouvaient ces gros poissons,
portant à la gueule des pierreries étincelantes et si familiers
qu'ils apparaissaient à la surface des eaux. Tous descendaient
des lottes primordiales qui avaient fait éclore l'oeuf mystique, où
s'était cachée Tanît, la déesse lunaire descendue sur la terre! Les
soldats les ayant facilement cueillis, s'étaient ensuite esbaudis
à les voir se débattre dans des bassines d'eau bouillante.
La nouvelle d'un pareil attentat avait été vite connue au pa-
lais d'Hamilcar, où résidait Salammbô, sa fille, soeur d'Annibal;
elle y avait tout naturellement causé une émotion profonde,
surtout parmi les prêtres de Tanît. Salammbô, accompagnée
de ces prêtres, eunuques volontaires avant de pouvoir aspirer
à leur dignité, s'était rendue en hâte auprès des chefs merce-
naires et on l'avait entendue psalmodier en cananéen, incompris
des mercenaires: «Morts, tous morts..., le mystère roulait au
fond de vos yeux, plus limpides que le cristal des fontaines.
Ah ! Carthage, lamentable ville, malheureuse Carthage ! ».
Et puis, en vraie fille d'Hamilcar, comprenant que ses doléan-
ces n'avaient aucune chance d'émouvoir les Barbares, elle
Tanît
Dans les vastes jardins d'Hamilcar et en son absence, se
trouvaient réunis, par ordre du Sénat de Carthage, des milliers
de mercenaires: Gaulois, Ibériens, Numides, Lybiens, Egyp-
tiens, Grecs et Lusitaniens mêmes, aux moeurs équivoques,
auxquels on offrait un grand festin pour les amadouer et com-
penser les retards dans le payement de leur solde. L'effet du festin
avait été bientôt contraire à ce qu'on en avait attendu, car à
mesure qu'avait augmenté l'ivresse des convives, ils s'étaient
rappelés de plus en plus les promesses solennelles qui leur
avaient été faites et que Carthage n'avait point tenues. Ils
avaient même plus ou moins saccagé tout ce qui se trouvait à
leur portée, ouvert un ergastule où se trouvaient des esclaves
de provenance romaine et par contre maltraité et même massa-
cré, sous de futiles prétextes, quelques-uns des esclaves puni-
ques qui les servaient. Tout cela évidemment n'était rien, en
comparaison du sacrilège qui allait terminer la ripaille : le
meurtre de poissons sacrés de Salammbô, consacrés à Tanît.
Des frondeurs des îles Baléares, brisant les clôtures, avaient
pénétrédans l'endroit réservé où se trouvaient ces gros poissons,
portant à la gueule des pierreries étincelantes et si familiers
qu'ils apparaissaient à la surface des eaux. Tous descendaient
des lottes primordiales qui avaient fait éclore l'oeuf mystique, où
s'était cachée Tanît, la déesse lunaire descendue sur la terre! Les
soldats les ayant facilement cueillis, s'étaient ensuite esbaudis
à les voir se débattre dans des bassines d'eau bouillante.
La nouvelle d'un pareil attentat avait été vite connue au pa-
lais d'Hamilcar, où résidait Salammbô, sa fille, soeur d'Annibal;
elle y avait tout naturellement causé une émotion profonde,
surtout parmi les prêtres de Tanît. Salammbô, accompagnée
de ces prêtres, eunuques volontaires avant de pouvoir aspirer
à leur dignité, s'était rendue en hâte auprès des chefs merce-
naires et on l'avait entendue psalmodier en cananéen, incompris
des mercenaires: «Morts, tous morts..., le mystère roulait au
fond de vos yeux, plus limpides que le cristal des fontaines.
Ah ! Carthage, lamentable ville, malheureuse Carthage ! ».
Et puis, en vraie fille d'Hamilcar, comprenant que ses doléan-
ces n'avaient aucune chance d'émouvoir les Barbares, elle
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