On sait qu'Anatole France, quand il a écrit la Vie de Jeanne d'Arc, a eu souci de « rattacher la Pucelle à un groupe de » visionnaires auquel elle appartenait réellement (t. I, p. 86). » Il a fait sortir de l'ombre quelques personnages du XVe, du XVIIe ou du XIXe siècle qui, en France, s'étaient donné pour mis- sion de parler au Roi de la part de Dieu. Sans discuter les conclusions que dans ce cas particulier l'écrivain a tirées de sa méthode, on peut juger cette méthode intéressante. Il est toujours instructif de grouper sous une même rubrique des manifestations qui, alors même qu'elles diffèrent immensé- ment dans leur valeur esthétique ou morale, restent néanmoins apparentées par leur mécanisme psychologique. C'est la raison qui m'amène à parler d'un personnage fort mince et dont les bizarreries se sont déployées dans un milieu qui n'est guère familier aux imaginations françaises.
En lisant, dans Anatole France, l'histoire de ce maréchal- ferrant de Provence qui reçoit, en 1697, l'ordre d'un spectre d'aller conférer avec Louis XIV, qui fait le voyage de Versailles et est, en effet, reçu par le Roi, je m'étais demandé si l'on ne trouverait pas, vers cette époque, un personnage semblable parmi les Protestants du royaume. Les Réformés, en effet, sous la persécution, restaient en majorité loyalistes, et considéraient comme l' « Oint du Seigneur » celui qui lançait contre eux de foudroyantes ordonnances. Sans doute, la piété calviniste était
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