Titre : Recueil des publications de la Société havraise d'études diverses
Auteur : Société havraise d'études diverses. Auteur du texte
Éditeur : Impr. Lepelletier (Hâvre)
Éditeur : Société havraise d'études diversesSociété havraise d'études diverses (Le Havre)
Date d'édition : 1915-07-01
Contributeur : Michaud, Charles (secrétaire de la Société havraise d'études diverses). Rédacteur
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32849663k
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 37174 Nombre total de vues : 37174
Description : 01 juillet 1915 01 juillet 1915
Description : 1915/07/01 (A82)-1915/09/30. 1915/07/01 (A82)-1915/09/30.
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5569871g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-157961
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 27/12/2010
— 231 —
plus libre et le plus curieux de son siècle, et sa personne est
d'autant plus attachante qu'on n'a sur elle qu'un très petit
nombre de renseignements directs et positifs, et qu'on la
devine plus qu'on ne la connaît, aux hardiesses de toutes
sortes atténuées par des restrictions, par de certains tours
énigmatiques dont son livre abonde. En réalité, par suite
même de ses fonctions de précepteur dans la famille de Condé,
La Bruyère a la haine des grands. Il sait combien peu ils
pèsent, comment ils vivent, et aux dépens de qui; et le voilà
qui écrit sur eux, de son style serré, d'inexorables réflexions
qu'un tribun ferait plus furieuses, mais non plus dures. Il
revient souvent sur l'humilité de la condition des gens de
lettres de son temps, et sur le mépris où on les tenait encore ;
ce n'est pas son moindre grief contre les puissants. Il a une
grande liberté d'esprit, mais nous avertit que, comme chrétien
et comme Français, « les grands sujets lui sont défendus, »
c'est-à-dire qu'il ne peut parler ni de politique ni de religion.
La Bruyère avait les livres pour se consoler de la vie; il les
juge souvent librement et à sa façon. Il a pratiqué les écrivains
du XVIe siècle plus qu'on ne le faisait autour de lui. Très bien-
veillant pour Marot, il n'est pas trop sévère pour Ronsard,
apprécie bien Rabelais, admire Montaigne, rend justice à
Molière, et son parallèle de Corneille et de Racine condense en
formules précises tout ce qu'un contemporain pouvait dire des
deux rivaux. Le sentiment de la nature perce en quelques
endroits de son livre, et le conférencier y étudie lès chapitres
particuliers à la société du XVIIe siècle : Des Femmes, de la Société
et de la conversation, dès Biens de fortune, de la Ville, des Grands, de
l'Homme, des Jugements, de la Mode, etc. Ses portraits ne sont pas
des personnages de théâtre, mais des personnages de romans
réalistes. Son style est nouveau dans notre littérature; c'est un
style à surprises. Les autres écrivains disent les choses le
plus clairement possible; La Bruyère cherche à les dire d'une
façon imprévue et détournée. Ses Caractères sont la Comédie
humaine de la fin de son siècle, racontée par un témoin dont
l'esprit, le coeur et l'art étaient en avance sur son temps,.
Vauvenargues est un héros obscur; pauvre, malade, aucune
épreuve n'altère, sa sérénité, et il meurt à trente ans, plein
d'optimisme. Enfin Joubert est un être immatériel ; épicurien
angélique, il voit tout en beau et raffine sur l'esthétique,
plus libre et le plus curieux de son siècle, et sa personne est
d'autant plus attachante qu'on n'a sur elle qu'un très petit
nombre de renseignements directs et positifs, et qu'on la
devine plus qu'on ne la connaît, aux hardiesses de toutes
sortes atténuées par des restrictions, par de certains tours
énigmatiques dont son livre abonde. En réalité, par suite
même de ses fonctions de précepteur dans la famille de Condé,
La Bruyère a la haine des grands. Il sait combien peu ils
pèsent, comment ils vivent, et aux dépens de qui; et le voilà
qui écrit sur eux, de son style serré, d'inexorables réflexions
qu'un tribun ferait plus furieuses, mais non plus dures. Il
revient souvent sur l'humilité de la condition des gens de
lettres de son temps, et sur le mépris où on les tenait encore ;
ce n'est pas son moindre grief contre les puissants. Il a une
grande liberté d'esprit, mais nous avertit que, comme chrétien
et comme Français, « les grands sujets lui sont défendus, »
c'est-à-dire qu'il ne peut parler ni de politique ni de religion.
La Bruyère avait les livres pour se consoler de la vie; il les
juge souvent librement et à sa façon. Il a pratiqué les écrivains
du XVIe siècle plus qu'on ne le faisait autour de lui. Très bien-
veillant pour Marot, il n'est pas trop sévère pour Ronsard,
apprécie bien Rabelais, admire Montaigne, rend justice à
Molière, et son parallèle de Corneille et de Racine condense en
formules précises tout ce qu'un contemporain pouvait dire des
deux rivaux. Le sentiment de la nature perce en quelques
endroits de son livre, et le conférencier y étudie lès chapitres
particuliers à la société du XVIIe siècle : Des Femmes, de la Société
et de la conversation, dès Biens de fortune, de la Ville, des Grands, de
l'Homme, des Jugements, de la Mode, etc. Ses portraits ne sont pas
des personnages de théâtre, mais des personnages de romans
réalistes. Son style est nouveau dans notre littérature; c'est un
style à surprises. Les autres écrivains disent les choses le
plus clairement possible; La Bruyère cherche à les dire d'une
façon imprévue et détournée. Ses Caractères sont la Comédie
humaine de la fin de son siècle, racontée par un témoin dont
l'esprit, le coeur et l'art étaient en avance sur son temps,.
Vauvenargues est un héros obscur; pauvre, malade, aucune
épreuve n'altère, sa sérénité, et il meurt à trente ans, plein
d'optimisme. Enfin Joubert est un être immatériel ; épicurien
angélique, il voit tout en beau et raffine sur l'esthétique,
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