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- TABLE ANALYTIQUE DE L'ANNEE 1908
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D'Aquin s'y opposa formellement et par des paroles amères se
fit de cruels ennemis.
D'autre part, l'opinion de Fagon, constamment répétée au
roi par Mme de Maintenon, la haute réputation dont il jouissait
auprès de tous les courtisans, sa présence auprès de Louis XIV
dans l'intervalle des visites de d'Aquin et la lassitude qu'éprou-
vait le roi des airs de hauteur de ce dernier causèrent enfin sa'
chute. Le 2 novembre 1693, M. de Pontchartrain lui porta l'ordre
de se retirer à Moulins, le roi étant mécontent de sa conduite,
et défense lui fut faite de se présenter devant le roi ni de lui
écrire ; la disgrâce était complète. Le roi lui accorda 6,000 livres
de pension; son frère, le médecin ordinaire, reçut aussi l'ordre
de quitter la cour, et 3,000 livres.
Sa disgrâce inattendue porta un coup fatal à d'Aquin ; sa
santé s'altéra et il mourut en 1696 à Vichy.
On rapporte ce trait assez piquant : « Le roi fit appeler
d'Aquin et Fagon que le roi aimait aussi à consulter. La con-
sultation faite, ils se retirèrent; d'Aquin s'en retourna chez
lui ; Fagon resta dans l'antichambre, résolu de passer la nuit
dans un fauteuil; quelques instants après, le roi se trouvant
souffrant, appela son valet de chambre; ah! fit le roi, si
d'Aquin était. là , mais le valet de chambre répondit:
M. Fagon est dans l'antichambre, faut-il le mander? Oui,
dit le roi, qu'il entre. Fagon s'empresse, donne un peu de
tisane au roi, l'aide à se replacer dans son lit, dit quelques
paroles réconfortantes, et trois mois après il succédait à
d'Aquin. »
Voici ce que dit Saint-Simon au sujet de la disgrâce de
d'Aquin : « D'Aquin, premier médecin du roi, créature de
Mme de Montespan, n'avoit rien perdu de son crédit par l'éloi-
gnement final de la maîtresse, mais il n'avoit jamais pu prendre
avec Mme de Maintenon, à qui tout ce qui sentoit cet autre côté
fut toujours plus que suspect. D'Aquin étoit grand courtisan,
mais riche,avare, avide, et qui vouloit établir sa famille en
toutes façons; son frère, médecin ordinaire, étoit moins que
rien, et le fils du premier médecin qu'il poussait par le Conseil
et les intendances, valoit encore moins. Le roy, peu à peu, se
lassoit de ses demandes et de ses importunités ; d'Aquin avoit
un fils abbé, de très bonnes moeurs, de beaucoup d'esprit et de
D'Aquin s'y opposa formellement et par des paroles amères se
fit de cruels ennemis.
D'autre part, l'opinion de Fagon, constamment répétée au
roi par Mme de Maintenon, la haute réputation dont il jouissait
auprès de tous les courtisans, sa présence auprès de Louis XIV
dans l'intervalle des visites de d'Aquin et la lassitude qu'éprou-
vait le roi des airs de hauteur de ce dernier causèrent enfin sa'
chute. Le 2 novembre 1693, M. de Pontchartrain lui porta l'ordre
de se retirer à Moulins, le roi étant mécontent de sa conduite,
et défense lui fut faite de se présenter devant le roi ni de lui
écrire ; la disgrâce était complète. Le roi lui accorda 6,000 livres
de pension; son frère, le médecin ordinaire, reçut aussi l'ordre
de quitter la cour, et 3,000 livres.
Sa disgrâce inattendue porta un coup fatal à d'Aquin ; sa
santé s'altéra et il mourut en 1696 à Vichy.
On rapporte ce trait assez piquant : « Le roi fit appeler
d'Aquin et Fagon que le roi aimait aussi à consulter. La con-
sultation faite, ils se retirèrent; d'Aquin s'en retourna chez
lui ; Fagon resta dans l'antichambre, résolu de passer la nuit
dans un fauteuil; quelques instants après, le roi se trouvant
souffrant, appela son valet de chambre; ah! fit le roi, si
d'Aquin était. là , mais le valet de chambre répondit:
M. Fagon est dans l'antichambre, faut-il le mander? Oui,
dit le roi, qu'il entre. Fagon s'empresse, donne un peu de
tisane au roi, l'aide à se replacer dans son lit, dit quelques
paroles réconfortantes, et trois mois après il succédait à
d'Aquin. »
Voici ce que dit Saint-Simon au sujet de la disgrâce de
d'Aquin : « D'Aquin, premier médecin du roi, créature de
Mme de Montespan, n'avoit rien perdu de son crédit par l'éloi-
gnement final de la maîtresse, mais il n'avoit jamais pu prendre
avec Mme de Maintenon, à qui tout ce qui sentoit cet autre côté
fut toujours plus que suspect. D'Aquin étoit grand courtisan,
mais riche,avare, avide, et qui vouloit établir sa famille en
toutes façons; son frère, médecin ordinaire, étoit moins que
rien, et le fils du premier médecin qu'il poussait par le Conseil
et les intendances, valoit encore moins. Le roy, peu à peu, se
lassoit de ses demandes et de ses importunités ; d'Aquin avoit
un fils abbé, de très bonnes moeurs, de beaucoup d'esprit et de
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