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Lors du bombardement de 1759, le chantier Beauvoisin subit
un dommage évalué à 580 livres
Les navires sortant de chez Beauvoisin étaient renommés
par leur solidité et leur finesse, qualités traditionnelles d'ail-
leurs dans la construction havraise. Tant sur ses plans que sur
ceux des constructeurs du roi qui ne dédaignaient pas de col-
laborer aux oeuvres de leurs collègues du commerce (1), les
armateurs lui confiaient l'exécution des navires pour lesquels
il fallait apporter un soin particulier. Nous voyons ainsi,
en 1756, Begouen-Demeaux lui faire mettre en chantier, sur
les plans de Ginoux, constructeur du roi au Havre, la frégate
Comte-d'Estrées, de 24 canons de 8 en batterie, 4 canons de 4 sur
les gaillards, de 105 pieds de quille, 114 de l'étrave à l'étambot
et 300 hommes d'équipage. Ce navire, destiné à la course,
était estimé, construction, armement, vivres, avances, etc.,
à 240,000 livres.
Le même armateur était en marché pour l'achat d'un vais-
seau de 56 canons, lancé au mois de juin, vraisemblablement
du même chantier, et dont le prix total devait s'élever à
560,000 livres. (2)
Le marquis de Courtanvaux, membre de l'Académie des
Sciences, fit construire chez Beauvoisin une petite corvette,
l'Aurore, de 6 canons, pour procéder à des expériences de régu-
lation. Sous son commandement, elle partit du Havre le
14 mai 1767, rentra le 16, ressortit le 21, relâcha de nouveau
le 22, pour prendre définitivement la mer le 25, ayant à son
bord le chanoine Pingré et l'astronome Messier, « chercheur
(1) Cette habitude était déjà ancienne. Nous trouvons, en 1722, une autorisation
accordée s Pierre Salicon, sous-constructeur du roi, de bâtir un vaisseau pour des
négociants, sous la réserve que ce travail ne le. dispenserait pas de remplir ses
fondions dans l'arsenal.
(2) Archives départementales. Fonds de l'Amirauté du Havre. En dehors de ces
armements en course faits directement par des négociants, l'Etat, surtout aux époques
de dépression maritime, leur accordait volontiers ses navires pour le même objet.
C'est ainsi que, en 1744, il concédait à Begouen-Demeaux et Ce, les frégates de
40 et de 28 canons, Etoile et Embuscade. Elles sortirent de concert en septembre
1744. La seconde, sous le commandement de M. de St-Allouarn (mort en 1759 sur
son vaisseau le Juste, à la bataille des Cardinaux), fit, dans sa croisière, 14 prises
dont 10 arrivèrent à bon port. Parmi ces dernières se trouvaient les corsaires
Godolfin, de 22 canons et 148 hommes d'équipage, et le Prince-de-Galles, de
10 canons.
