Tu ne vas pas encore en ton ivrognerie Nous créer d'autres maux plus cruels?
GAUDEMAIN
Moi que mord Le regret de penser que je causais leur mort (Trop certaine, aux couleurs dont tu me les as peintes!) Et pourquoi? pour chanter, vider pintes sur pintes Et perdre ma raison et ma solidité? Non, non, je veux leur bien. Liberté! liberté! Ces belles filles-là ne sont pas du tout faites Pour les tristes métiers qu'on ne chôme qu'aux fêtes Et qui, pleins de misère et de pleurs et d'ennuis, Après les jours trop longs prennent encor les nuits. Il leur faudrait trop tôt faire des sépultures. Ce serait péché. Non! Ce sont des créatures D'amour et que l'amour réclame, et que demain Des essaims de baisers suivront sur le chemin Où sa voix les aura dans l'aurore appelées, Car il les veut en joie, amplement cajolées. Eh bien!...
LA GAUDEMAINE, courant à lui, suppliante,
Oh, par Jésus miséricordieux, Plus un mot! Ce que tu vas faire est odieux!
GAUDEMAIN, qui la repousse,
Eh bien ! pour les galants rôdant par les venelles, Pour moi,
A sa femme :
Pour m'épargner tes craintes maternelles, Tes reproches, tes cris, tes larmes, tes sermons, Quand j'en devrais être emporté par les démons! —
LA GAUDEMAINE, qui ne l'a pas quitté, s'est attachée à lui, a essayé de lui fermer la bouche et maintenant se traîne à ses genoux,
Par pitié ! par pitié ! songe aux peines futures !
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