Titre : L'Idée ouvrière : journal hebdomadaire paraissant le samedi
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1887-10-29
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327882527
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 158 Nombre total de vues : 158
Description : 29 octobre 1887 29 octobre 1887
Description : 1887/10/29 (A1,N8)-1887/11/05. 1887/10/29 (A1,N8)-1887/11/05.
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k55455099
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-85206
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
,V-V::;;;; ^riSiflÈRBANNÉB, N»8. CINQ CENTIMES- Du 290CT.AU 5 Nov. 1887.
Salle Hélène (rue Hélène) Dimanche
6 Novembre a 10 h. da matin
G H. A N D
MEETING
PUBLIC & CONTRADICTOIRE
Organisé par les groupes Révolution-
naires du llàvtc
Ordre du jour : La Crise Ouvrière.
Entrée : 25 Centimes
LE PAUPÉRISME
Aux démonstrations des socialis-
tes leur prouvant l'intensité et le
„_\ ^développement,..toujours grandis-
sant de là misère; les économistes
répondent en mettant en parallèle
l'homme du XlXme siècle et celui
des époques antérieures.
Ils nous disent qu'un homme d'au-
jourd'hui, esclave de mille petits be-
soins, ayant un logement plus con-
fortable, une nourriture moins ru-
dimentaire, des vêtements moins
grossiers, que la majorité de ses
ancêtres, est cent et mille fois Ï-ÏUS
riche qu'eux. Et ils ajoutent que
cette richesse est d'autant plus sen-
sible qu'on remonte plus loin dans
le passé. Par conséquent concluent-
ils, ne nous parlez plus de paupé-
risme à extirper de la société/ lais-
sez le progrès s'accomplir, et vous
verrez (bu nos arrière petits neveux
. verront) avec l'accumulation des
siècles, le nombre des malheureux
décroître.
Cette argumentation est spécieuse
et n'est que cela ; pour l'étayer ils
embrouillent la question et confon-
dent volontairement deux ordres de
Î)héhomènes absolument distincts :
& pauvreté et là misère.
Les besoins peuvent être rangés
en deux classes bien définies. D'un
côté les besoins primordiaux qui
concourent à la conservation de
l'individu et dont la suspension en-
traîne son dépérissement, et de
l'autre les besoins factices qui ne
sont que le résultat de l'habitude
acquise dans un milieu social plus
avancé, et que des êtres humains
d'une autre époque ou d'un autre
milieu auraient pu ou pourraient
considérer comme superflus.
Si les premiers no peuvent être
satisfaits ou ne le sont que d'une
manière insuffisante et grâce à un
surmenage de l'organisme, il y a
misère. La privation des seconds,
quoique cuisante, n'en traîne.pas de
trouble matériel, c'est la pauvreté.
La grande majorité est dans l'im-
puissance de satisfaire ces besoins
artificiels, qui de nos jours encore
ne sont que l'apanage d'une in-
fime minorité de privilégiés. Nous
souffrons de cette privation par la
comparaison que notre esprit, éta-
blit fatalement entre- les privilégiés
et nous, et cette -souffrance est aaû-f,,
tant plus sensible que lé luxé effré-
né qu'ils étalent est le fruit de notre
travail ; l'accumulation des, sueurs
du peuple, transformées par ses
maîtres en jouissances.
Mais le mal qui ronge le monde
moderne n'a pas sa source que
dans cette pauvreté relative. Des
millions d'êtres humains sont plon-
gés dans la misère la plus absolue,
manquent du plus strict nécessaire
n'ont même pas de guenilles pour
préserver leurs corps des intempé-
ries des saisons, de toit pours s'a-
briter, de nourriture pour calmer
les tiraillements de leurs estomacs.
C'est la misère dans sa plus épou-
vaiiiablé expression, sous ses traits
les plus hideux. Certes de tous temps
il a existé des guenilleux, des affa-
més, mais leur nombre était relati-
vement restreint et les bases socia-
les étant autres, n'entraînaient pas
toujours une recrudescence conti-
nuelle de misère. Dans la société
capitaliste et industrielle où nous
Vivons, loin de diminuer, le chiffre
des meurts d« faim ne fait que s'ac-
croître sur une ligne parallèle au
développement de cette société.
11 n'y a donc pas a attendre du
temps une atténuation delà maladie
organique qui nous ronge, les cau-
ses en sont trop profondes ; toutes
les réformes partielles sont impuis-
santes à l'enrayer, son extirpation
pie] peut provenir que de la destruc-
tion de la société qui lui a donné
naissance.
Tant que les peuples étaient res-
tés en contact sur la terre, la bonne
mère féconde et généreuse, la mi-î
sère était chose inconnue pour eux,
(à moins que de la condition de tra-
vailleurs libres ils n'eussent été ré-
duits à celle de serfs ou d'esclayes.)
Ce n'est que lorsque la division ,dù
travail s'accentua, que des populaV
tions. entières commencèrent à l'a-
bandonner, à s'entassôr dans des
centres urbains, à s'adonner spécia-
lement à la production industrielle,
que commença pour 1 l'humanité la >
possibilité dç la misfere, en rnêfiie
temps .que commentait pour une
minorité, rapace et < sanguinaire la "
'possibilité , richesses-en exploitant leurs sera?
blables. ' ' ! ., .
De ce jour l'esclavage put être a-
boli endroit sans qu'il le fut en fait.
L'esclavage direct et personnel était
mort, mais de ses cendres naissait
l'esclavage indirect et impersonnel,
plus terrible matériellement que son
prédécesseur, quoique moins dé
gradant moralement. Dès lors les
vampires purent se gorger sans scru-
pule m arrière pensée du sang du.
prolétariat.
Débarrasssés du- souci de nourrir
et de loger leurs esclaves, ils n'eu-
rent plus qu'à s'occuper de les faire
produire jusqu'à épuisement.
Auparavant il leur fallait ménager
la bête humaine qui représentait
une réelle valeur et était le plus
clair de leur fortune. A quoi bon
maintenant ces soins, la bête était
libre, n'était plus une chose, mais
une personne, à elle de se défendre
si elle le pouvait.
Que pouvait le prolétariat ? Pris
dans le terrible engrenage, n'ayant
pas, grâce à l'abêtissement où le te-
naient ses maîtres, la conscience de,
ses droits et de ses intérêts, il lui
fallut subir les conditions doulou-
reuses imposées. Ces conditions
il les subit encore ; nuis les ténè-
bres de son cerveau disparaissent,
l'esprit de révolte {[remplace chez lui
l'instinct de soumission, il se sait
Salle Hélène (rue Hélène) Dimanche
6 Novembre a 10 h. da matin
G H. A N D
MEETING
PUBLIC & CONTRADICTOIRE
Organisé par les groupes Révolution-
naires du llàvtc
Ordre du jour : La Crise Ouvrière.
Entrée : 25 Centimes
LE PAUPÉRISME
Aux démonstrations des socialis-
tes leur prouvant l'intensité et le
„_\ ^développement,..toujours grandis-
sant de là misère; les économistes
répondent en mettant en parallèle
l'homme du XlXme siècle et celui
des époques antérieures.
Ils nous disent qu'un homme d'au-
jourd'hui, esclave de mille petits be-
soins, ayant un logement plus con-
fortable, une nourriture moins ru-
dimentaire, des vêtements moins
grossiers, que la majorité de ses
ancêtres, est cent et mille fois Ï-ÏUS
riche qu'eux. Et ils ajoutent que
cette richesse est d'autant plus sen-
sible qu'on remonte plus loin dans
le passé. Par conséquent concluent-
ils, ne nous parlez plus de paupé-
risme à extirper de la société/ lais-
sez le progrès s'accomplir, et vous
verrez (bu nos arrière petits neveux
. verront) avec l'accumulation des
siècles, le nombre des malheureux
décroître.
Cette argumentation est spécieuse
et n'est que cela ; pour l'étayer ils
embrouillent la question et confon-
dent volontairement deux ordres de
Î)héhomènes absolument distincts :
& pauvreté et là misère.
Les besoins peuvent être rangés
en deux classes bien définies. D'un
côté les besoins primordiaux qui
concourent à la conservation de
l'individu et dont la suspension en-
traîne son dépérissement, et de
l'autre les besoins factices qui ne
sont que le résultat de l'habitude
acquise dans un milieu social plus
avancé, et que des êtres humains
d'une autre époque ou d'un autre
milieu auraient pu ou pourraient
considérer comme superflus.
Si les premiers no peuvent être
satisfaits ou ne le sont que d'une
manière insuffisante et grâce à un
surmenage de l'organisme, il y a
misère. La privation des seconds,
quoique cuisante, n'en traîne.pas de
trouble matériel, c'est la pauvreté.
La grande majorité est dans l'im-
puissance de satisfaire ces besoins
artificiels, qui de nos jours encore
ne sont que l'apanage d'une in-
fime minorité de privilégiés. Nous
souffrons de cette privation par la
comparaison que notre esprit, éta-
blit fatalement entre- les privilégiés
et nous, et cette -souffrance est aaû-f,,
tant plus sensible que lé luxé effré-
né qu'ils étalent est le fruit de notre
travail ; l'accumulation des, sueurs
du peuple, transformées par ses
maîtres en jouissances.
Mais le mal qui ronge le monde
moderne n'a pas sa source que
dans cette pauvreté relative. Des
millions d'êtres humains sont plon-
gés dans la misère la plus absolue,
manquent du plus strict nécessaire
n'ont même pas de guenilles pour
préserver leurs corps des intempé-
ries des saisons, de toit pours s'a-
briter, de nourriture pour calmer
les tiraillements de leurs estomacs.
C'est la misère dans sa plus épou-
vaiiiablé expression, sous ses traits
les plus hideux. Certes de tous temps
il a existé des guenilleux, des affa-
més, mais leur nombre était relati-
vement restreint et les bases socia-
les étant autres, n'entraînaient pas
toujours une recrudescence conti-
nuelle de misère. Dans la société
capitaliste et industrielle où nous
Vivons, loin de diminuer, le chiffre
des meurts d« faim ne fait que s'ac-
croître sur une ligne parallèle au
développement de cette société.
11 n'y a donc pas a attendre du
temps une atténuation delà maladie
organique qui nous ronge, les cau-
ses en sont trop profondes ; toutes
les réformes partielles sont impuis-
santes à l'enrayer, son extirpation
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tion de la société qui lui a donné
naissance.
Tant que les peuples étaient res-
tés en contact sur la terre, la bonne
mère féconde et généreuse, la mi-î
sère était chose inconnue pour eux,
(à moins que de la condition de tra-
vailleurs libres ils n'eussent été ré-
duits à celle de serfs ou d'esclayes.)
Ce n'est que lorsque la division ,dù
travail s'accentua, que des populaV
tions. entières commencèrent à l'a-
bandonner, à s'entassôr dans des
centres urbains, à s'adonner spécia-
lement à la production industrielle,
que commença pour 1 l'humanité la >
possibilité dç la misfere, en rnêfiie
temps .que commentait pour une
minorité, rapace et < sanguinaire la "
'possibilité ,
blables. ' ' ! ., .
De ce jour l'esclavage put être a-
boli endroit sans qu'il le fut en fait.
L'esclavage direct et personnel était
mort, mais de ses cendres naissait
l'esclavage indirect et impersonnel,
plus terrible matériellement que son
prédécesseur, quoique moins dé
gradant moralement. Dès lors les
vampires purent se gorger sans scru-
pule m arrière pensée du sang du.
prolétariat.
Débarrasssés du- souci de nourrir
et de loger leurs esclaves, ils n'eu-
rent plus qu'à s'occuper de les faire
produire jusqu'à épuisement.
Auparavant il leur fallait ménager
la bête humaine qui représentait
une réelle valeur et était le plus
clair de leur fortune. A quoi bon
maintenant ces soins, la bête était
libre, n'était plus une chose, mais
une personne, à elle de se défendre
si elle le pouvait.
Que pouvait le prolétariat ? Pris
dans le terrible engrenage, n'ayant
pas, grâce à l'abêtissement où le te-
naient ses maîtres, la conscience de,
ses droits et de ses intérêts, il lui
fallut subir les conditions doulou-
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