Titre : L'Idée ouvrière : journal hebdomadaire paraissant le samedi
Éditeur : [s.n.] (Le Havre)
Date d'édition : 1887-10-15
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327882527
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 158 Nombre total de vues : 158
Description : 15 octobre 1887 15 octobre 1887
Description : 1887/10/15 (A1,N6)-1887/10/22. 1887/10/15 (A1,N6)-1887/10/22.
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : BIPFPIG76 Collection numérique : BIPFPIG76
Description : Collection numérique : Fonds régional :... Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie
Description : Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque... Collection numérique : Nutrisco, bibliothèque numérique du Havre
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k55454823
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JO-85206
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/02/2011
PREMIÈRE ANNÉE, No 6. C I N :4§ ;■- -L G JE N ■$ |fÈS Du 15ltfMt)GTOBRË1887:
Par suite d'abondance de copie, nous
noué voyons danal'obïigationderepor
ter au prochain numéro la publication
d'un article d'Honfleur.
SEPT
MARTYRS
Encore trois semaines et l'auréole
que conservaient pour quelques
naïfs les États-Unis, ne sera plus
Su'un odieux mensonge. La Grande
épubliquc n'aura rien à envier aux
plus, atroces des gouvernements du
vieux monde, elle sera descendue
aussi bas qu'eux dans l'ignominie.
C'est à Chicago que se prépare ce
~ crime, et c'est le 11 Novembre qu'il 1
sera commis ; à moins que d'ici là
le peuple Américain et les prolé-
taires d'Europe ne donnent à leur
indignation une forme assez puis-
sante pour intimider les bourgeois
d'au delà de l'océan.
Les potences sont dressées au
nombre de sept, et les sept pion-
niers de l'humanité y seront accro-
chés pour avoir voulu faire usage
des libertés'que tolèrent les lois a-
méricaines. Mais les lois là-bas
comme ici ne sont qu'Un trompe
l'oeil ; on proclame bien haut que
leur rôle est de protéger les cito-
yens, en réalité elles n'existent que
pour les opprimer.
Et si les lois ne suffisent pas on
y supplée en achetant témoins et
jurés. Mais résumons les faits qui
ont amené nos amis de Chicago au
pied du gibet.
A la suite de la grève générale qui
eut lieu en Mai 1886 à Chicago, di-
verses manifestations eurent lieu.
En flagrante violation à toutes les
lois américaines, à différentes repri-
ses, les policiers attaquèrent la foule
qui répondit par des pierres et des
coups de revolver. Indigné YArbeiter
Zeitung publiait un énergique appel,
invitant pour le lendemain 5 Mai,
les travailleurs à un grand meeting;
15.000 compagnons répondirent àcet
appel. Le meeting eut lieu ; à la
nuit tombante une bande de poli-
ciers essaya de disperser les travail-
leurs.
A ce moment une bombe lancée
adroitement éclata au milieu des
policiers en renveisant 24 et en
tuant 8. Ces souteneurs d'un infâme
régime en attaquant des travailleurs
réunis sur une place portaient at-
teinte au droit de réunion qui est
imprescriptible aux États-Unis. Un
moment apeurés, ils revinrent à la
charge; h'avaient-ils pasîpour eux
la supériorité des armes,! de très
bons fusils à répétition ! La foule
se retira en laissant plus de 80
morts sur la place 1
De suite commencèrent perqui-
sitions et arrestations. Tous les ré-
volutionnaires un peu actifs furent
arrêtés ; un habile triage fut fait et,
douze -furent jr^in ternis et passè-
rent en jugement danff des condi-
tions d'iniquité invraisemblables.
Trois semaines pour trouver un
jury prêt à toutes les besognes ;
ces douze scélérats furent triés entre
600 personnes et payés chacun la
miniir.e somme de 100:000 francs.
Les Américains ne sont pas juifs,
le sang d'un homme se paie plus de
trente deniers.
Le procès dura soixante jours ;
quelles tortures pour les accusés,
quelles angoisses pour leurs famil-
les et leurs amis ! Et quel tripotage
pour arriver à convaincre douze
messieurs, qui avalent déjà reçu le
prix du sang, et qui étaient si bien
disposés à se laisser convaincre,
Mais les bourgeois de Chicago sen-
taient qu'ils avaient à convaincre
Qutre les jurés, l'opinion publique
moins facile à tromper.
Mais hélas ! en Amérique comme
en Europe, le journalisme se vautre
aux pieds des puissants du jour, et
les vaincus n'ont pas à attendre
justice de la presse. Aussi grâce à
cette complicité unanime des jour-
naux bourgeois la lumière quoique
plus d'un an se soit écoulé, n'a-t-
elle pas encore été totalement faite,
malgré les efforts des amis des con-
damnés)
Et quelle turpitude : ce sont des
témoins raccolés parmi les plus
ignobles des individus, qui à l'au-
dience avouent avoir été payés par
la police ! !
C'est un juré qui tranche la ques-
tion de culpabilité à sa façon : « On
les pendra quand même, dit-il ; ce
sont des gens trop dévoués, trop in-
telligents, trop dangereux pour nos
privilèges. »
Celui-là seul, nous devons l'avouer
était férocement logique. Tous les,
révolutionnaires en niant la légiti-
mité des privilèges bourgeois et apf
pelant le peuple à rémâncipationV
commettent le crime de lèse-bour-
geoisie. Mais alors pourquoi ces
formes hypocrites d'un prétendu
débat contradictoire ? Pourquoi
faire parade d'une légalité qu'en
viole si imprudemment ?
C'est pour porter le trouble au
ica>ur des masse» encore à demi-in?
conscientes et leur faire urbirë que
ces vaincus sont des coupables ;
qu'ils ont été frappés en vertu de
la loi, émanation concrète de l'abs-
traite justice I ! Dérision !
Et 6 douleur, il arrive que le peu-
ple se laisse tromper, que. ses yeux
ne voient pas le crime dont il se rend
compliôe par sa passivité et que
ses bras le laissent s'accomplir !
Mais un jour, tôt ou tard, la lumiè-
re se fait, le bandeau tombe des yeux
du peuple et les bourreaux seront ju-
gés à leur tour.
Mais le sang généreux qu'ils ont
versé, n'est pas rachetable ; ces grands
coeurs qui ont donné leur existence
pour l'humanité, pouvez-vous leur
rendre la vie ?
C'est le 11 novembre 1887, que se
balanceront au bout de la fatidique
corde de chanvre les cadavres de
ceux qui furent : Auguste Sptes,
Schawb, Fischer, Linng, Fngels, Ful-
den et Parsons.
Depuis plus d'un an ils sont con-
damnés, pour l'exécution il fallait
que le jugement fut confirmé par la
cour suprême deTlllinois. Cela a eu
lieu ; tout est fait et sera fait légale-
ment.
Reste à savoir si le peuple améri-
cain restera impassible.
Que les bourgeois d'Amériqne y
prennent garde, ils jouent un jeu
dangereux ; le drapeau étoile qu'ils
ne craignent pas de tremper dans le
Par suite d'abondance de copie, nous
noué voyons danal'obïigationderepor
ter au prochain numéro la publication
d'un article d'Honfleur.
SEPT
MARTYRS
Encore trois semaines et l'auréole
que conservaient pour quelques
naïfs les États-Unis, ne sera plus
Su'un odieux mensonge. La Grande
épubliquc n'aura rien à envier aux
plus, atroces des gouvernements du
vieux monde, elle sera descendue
aussi bas qu'eux dans l'ignominie.
C'est à Chicago que se prépare ce
~ crime, et c'est le 11 Novembre qu'il 1
sera commis ; à moins que d'ici là
le peuple Américain et les prolé-
taires d'Europe ne donnent à leur
indignation une forme assez puis-
sante pour intimider les bourgeois
d'au delà de l'océan.
Les potences sont dressées au
nombre de sept, et les sept pion-
niers de l'humanité y seront accro-
chés pour avoir voulu faire usage
des libertés'que tolèrent les lois a-
méricaines. Mais les lois là-bas
comme ici ne sont qu'Un trompe
l'oeil ; on proclame bien haut que
leur rôle est de protéger les cito-
yens, en réalité elles n'existent que
pour les opprimer.
Et si les lois ne suffisent pas on
y supplée en achetant témoins et
jurés. Mais résumons les faits qui
ont amené nos amis de Chicago au
pied du gibet.
A la suite de la grève générale qui
eut lieu en Mai 1886 à Chicago, di-
verses manifestations eurent lieu.
En flagrante violation à toutes les
lois américaines, à différentes repri-
ses, les policiers attaquèrent la foule
qui répondit par des pierres et des
coups de revolver. Indigné YArbeiter
Zeitung publiait un énergique appel,
invitant pour le lendemain 5 Mai,
les travailleurs à un grand meeting;
15.000 compagnons répondirent àcet
appel. Le meeting eut lieu ; à la
nuit tombante une bande de poli-
ciers essaya de disperser les travail-
leurs.
A ce moment une bombe lancée
adroitement éclata au milieu des
policiers en renveisant 24 et en
tuant 8. Ces souteneurs d'un infâme
régime en attaquant des travailleurs
réunis sur une place portaient at-
teinte au droit de réunion qui est
imprescriptible aux États-Unis. Un
moment apeurés, ils revinrent à la
charge; h'avaient-ils pasîpour eux
la supériorité des armes,! de très
bons fusils à répétition ! La foule
se retira en laissant plus de 80
morts sur la place 1
De suite commencèrent perqui-
sitions et arrestations. Tous les ré-
volutionnaires un peu actifs furent
arrêtés ; un habile triage fut fait et,
douze -furent jr^in ternis et passè-
rent en jugement danff des condi-
tions d'iniquité invraisemblables.
Trois semaines pour trouver un
jury prêt à toutes les besognes ;
ces douze scélérats furent triés entre
600 personnes et payés chacun la
miniir.e somme de 100:000 francs.
Les Américains ne sont pas juifs,
le sang d'un homme se paie plus de
trente deniers.
Le procès dura soixante jours ;
quelles tortures pour les accusés,
quelles angoisses pour leurs famil-
les et leurs amis ! Et quel tripotage
pour arriver à convaincre douze
messieurs, qui avalent déjà reçu le
prix du sang, et qui étaient si bien
disposés à se laisser convaincre,
Mais les bourgeois de Chicago sen-
taient qu'ils avaient à convaincre
Qutre les jurés, l'opinion publique
moins facile à tromper.
Mais hélas ! en Amérique comme
en Europe, le journalisme se vautre
aux pieds des puissants du jour, et
les vaincus n'ont pas à attendre
justice de la presse. Aussi grâce à
cette complicité unanime des jour-
naux bourgeois la lumière quoique
plus d'un an se soit écoulé, n'a-t-
elle pas encore été totalement faite,
malgré les efforts des amis des con-
damnés)
Et quelle turpitude : ce sont des
témoins raccolés parmi les plus
ignobles des individus, qui à l'au-
dience avouent avoir été payés par
la police ! !
C'est un juré qui tranche la ques-
tion de culpabilité à sa façon : « On
les pendra quand même, dit-il ; ce
sont des gens trop dévoués, trop in-
telligents, trop dangereux pour nos
privilèges. »
Celui-là seul, nous devons l'avouer
était férocement logique. Tous les,
révolutionnaires en niant la légiti-
mité des privilèges bourgeois et apf
pelant le peuple à rémâncipationV
commettent le crime de lèse-bour-
geoisie. Mais alors pourquoi ces
formes hypocrites d'un prétendu
débat contradictoire ? Pourquoi
faire parade d'une légalité qu'en
viole si imprudemment ?
C'est pour porter le trouble au
ica>ur des masse» encore à demi-in?
conscientes et leur faire urbirë que
ces vaincus sont des coupables ;
qu'ils ont été frappés en vertu de
la loi, émanation concrète de l'abs-
traite justice I ! Dérision !
Et 6 douleur, il arrive que le peu-
ple se laisse tromper, que. ses yeux
ne voient pas le crime dont il se rend
compliôe par sa passivité et que
ses bras le laissent s'accomplir !
Mais un jour, tôt ou tard, la lumiè-
re se fait, le bandeau tombe des yeux
du peuple et les bourreaux seront ju-
gés à leur tour.
Mais le sang généreux qu'ils ont
versé, n'est pas rachetable ; ces grands
coeurs qui ont donné leur existence
pour l'humanité, pouvez-vous leur
rendre la vie ?
C'est le 11 novembre 1887, que se
balanceront au bout de la fatidique
corde de chanvre les cadavres de
ceux qui furent : Auguste Sptes,
Schawb, Fischer, Linng, Fngels, Ful-
den et Parsons.
Depuis plus d'un an ils sont con-
damnés, pour l'exécution il fallait
que le jugement fut confirmé par la
cour suprême deTlllinois. Cela a eu
lieu ; tout est fait et sera fait légale-
ment.
Reste à savoir si le peuple améri-
cain restera impassible.
Que les bourgeois d'Amériqne y
prennent garde, ils jouent un jeu
dangereux ; le drapeau étoile qu'ils
ne craignent pas de tremper dans le
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 93.0%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 93.0%.
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k55454823/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k55454823/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k55454823/f1.image
- Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k55454823
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://nutrisco-patrimoine.lehavre.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k55454823
Facebook
Twitter