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et abondamment des terres. Peu à peu, cependant, par
suite de cette générosité bonne dans le principe, mais qui
fut faite inconsidérément, celles qui étaient disponibles
devinrent plus rares, et comme il répugnait d'abord d'en
faire un objet de spéculation, on les concéda à des con-
ditions de plus en plus onéreuses pour l'acquéreur et de
plus en plus difficiles à exécuter, lesquelles cependant,
non remplies, entraînaient légalement la déchéance de la
propriété. A ces causes qui arrêtèrent graduellement
l'élan de l'émigration, se joignirent les lenteurs adminis-
tratives : le malheureux émigrant attendit souvent un an
et plus avant d'obtenir d'être dirigé sur la concession
qu'on ne lui accordait enfin que lorsqu'il avait dépensé
le modeste pécule qu'il avait réservé pour son installation.
Aussi arrivait-il sans ressources et dans l'impossibilité
absolue de satisfaire de longtemps aux conditions qui lui
étaient imposées par le cahier des charges, telles que de
se livrer exclusivement à telle ou telle culture, de
construire sa ferme d'une façon déterminée, etc. Le ré-
sultat prévu de toutes ces tracasseries, de ces ennuis
étudiés, fut l'arrêt presque complet de la colonisation.
Sur ces entrefaits, 1848 arriva : on fit en faveur de
l'Algérie une propagande aussi vive qu'inintelligente, et
des milliers d'ouvriers parisiens, ciseleurs, ébénistes et
autres, partirent,en chantant la Marseillaise, à la conquête
de ces campagnes qu'ils devaient transformer en jardin
des Hespérides. Presqu'aucun de ces infortunés, dont on se
débarrassait ainsi, ne connaissait le travail des champs,
et beaucoup d'entre eux, sans doute, avaient bien plutôt
pratiqué le cabaret que leurs outils. Le résultat d'une si
folle équipée était tout prévu : à cet enthousiasme irréflé-
chi succéda rapidement un profond découragement, et
beaucoup moururent de misère sur ce sol qui aurait dû
les enrichir. Ceux qui ne succombèrent pas revinrent
aigris, plus pauvres et plus misérables qu'avant leur départ,
et à cette mésaventure à laquelle cependant il aurait fallu
s'attendre, succéda un long cri de malédiction : on ne vou-
et abondamment des terres. Peu à peu, cependant, par
suite de cette générosité bonne dans le principe, mais qui
fut faite inconsidérément, celles qui étaient disponibles
devinrent plus rares, et comme il répugnait d'abord d'en
faire un objet de spéculation, on les concéda à des con-
ditions de plus en plus onéreuses pour l'acquéreur et de
plus en plus difficiles à exécuter, lesquelles cependant,
non remplies, entraînaient légalement la déchéance de la
propriété. A ces causes qui arrêtèrent graduellement
l'élan de l'émigration, se joignirent les lenteurs adminis-
tratives : le malheureux émigrant attendit souvent un an
et plus avant d'obtenir d'être dirigé sur la concession
qu'on ne lui accordait enfin que lorsqu'il avait dépensé
le modeste pécule qu'il avait réservé pour son installation.
Aussi arrivait-il sans ressources et dans l'impossibilité
absolue de satisfaire de longtemps aux conditions qui lui
étaient imposées par le cahier des charges, telles que de
se livrer exclusivement à telle ou telle culture, de
construire sa ferme d'une façon déterminée, etc. Le ré-
sultat prévu de toutes ces tracasseries, de ces ennuis
étudiés, fut l'arrêt presque complet de la colonisation.
Sur ces entrefaits, 1848 arriva : on fit en faveur de
l'Algérie une propagande aussi vive qu'inintelligente, et
des milliers d'ouvriers parisiens, ciseleurs, ébénistes et
autres, partirent,en chantant la Marseillaise, à la conquête
de ces campagnes qu'ils devaient transformer en jardin
des Hespérides. Presqu'aucun de ces infortunés, dont on se
débarrassait ainsi, ne connaissait le travail des champs,
et beaucoup d'entre eux, sans doute, avaient bien plutôt
pratiqué le cabaret que leurs outils. Le résultat d'une si
folle équipée était tout prévu : à cet enthousiasme irréflé-
chi succéda rapidement un profond découragement, et
beaucoup moururent de misère sur ce sol qui aurait dû
les enrichir. Ceux qui ne succombèrent pas revinrent
aigris, plus pauvres et plus misérables qu'avant leur départ,
et à cette mésaventure à laquelle cependant il aurait fallu
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